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L'Islam et les fondements du pouvoir dans l'Egypte des années 1920

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par Sophia El Horri
Ecole normale supérieure de Lyon - Master 1 d'histoire des idées 2011
  

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d. La modernité introduite par les tanzimat

L'Egypte, en particulier, s'est déjà dégagée un siècle auparavant de l'emprise ottomane et affirmée comme entité nationale à la personnalité distincte.

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Même si elle est rapidement tombée sous domination occidentale (occupation anglaise depuis 1882), elle avait déjà connu le contact direct avec l'occident et surtout, dès le XIXème siècle une entreprise de modernisation à pas forcés, sans précédents dans le sud de la Méditerranée, sous la direction de Muhammad `Ali. Ce dernier, d'abord pacha, puis vice-roi héréditaire d'Egypte et fondateur de la dynastie khédiviale de ce pays, était un Albanais ottoman qui s'était engagé dans l'armée comme simple soldat avant de s'élever dans la hiérarchie jusqu'au grade de commandant. Ce sont les campagnes napoléoniennes qui l'amenèrent en Egypte. Jusqu'à la fin de sa vie, il demeura illettré mais une fois qu'il eût arraché le contrôle de l'Egypte aux turcs, il modernisa à la fois son armée et son gouvernement en suivant les modèles européens. Il fut à l'origine d'un certain nombre de campagnes militaires couronnées de succès couplées d'adroites manoeuvres diplomatiques louvoyant entre les puissances européennes et la Sublime Porte.

Son fils Ibrahim Pacha, et lui-même ont réussi à faire reconnaître le caractère héréditaire et dynastique de sa domination sur l'Egypte. Ses descendants, khédives, puis rois d'Egypte, régnèrent sur la vallée du Nil jusqu'au renversement du Roi Farûq en 1952.

Dans le face à face avec la puissance colonisatrice, elle semblait avoir arraché au début des années 20 de ce siècle, après plusieurs révoltes et maints remous politiques, la reconnaissance de son indépendance et, en même temps, le droit de se doter d'une organisation politique similaire à celle des puissances occidentales elles-mêmes. La constitution de 1923 paraissait être l'aboutissement heureux de longues luttes, le dénouement d'une crise majeure. Devenue une monarchie constitutionnelle, l'Egypte entamait une vie politique caractérisée par la mise en place d'institutions libérales : élections, Parlement, presse etc.É

Le retour de la question du califat dans ce contexte devait perturber une évolution qui paraissait bien engagée. La vacance du poste de calife aiguisa mainte convoitise et nourrit beaucoup d'appréhension parmi les détenteurs du pouvoir dans les pays islamiques. Une compétition secrète s'engagea entre divers régimes, dont la monarchie égyptienne, qui crut tenir là une opportunité de se tenir un titre plus prestigieux, de bénéficier d'une reconnaissance à l'échelle du monde islamique, et de s'octroyer ainsi une légitimité d'un tout autre ordre que celle qu'elle avait déjà.

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Face aux ingérences toujours plus profondes de l'Europe, l'empire ottoman ne reste pas inactif. Il connaît tout à la fois un mouvement de résistance, qui se renforce au fur et à mesure que la présence occidentale se fait plus forte, et une fascination qui le conduit à s'inspirer de cet occident tant honni pour entreprendre toute une série de réformes regroupées sous le terme de tanzimat (employé comme un singulier dans les écrits du XIXe siècle en français même s'il s'agit d'un pluriel).

Très tôt, se trouvent dénoncés les privilèges dont jouissent les étrangers dans l'empire. Une résistance passive s'organise telle la contrebande des tabacs plus ou moins encouragée par le pouvoir pour contourner la régie contrôlée par les Puissances. Des grèves éclatent dans les entreprises étrangères et plusieurs boycotts de marchandises sont organisés. L'entrée en guerre de l'empire ottoman aux côtés de l'Allemagne en 1914 pourra elle-même être interprétée comme une forme de lutte contre la présence impériale des Puissances alliées.

Face aux défis intérieurs et extérieurs et à la lente désagrégation de l'empire sous les coups de l'occident, le pouvoir se tourne aussi vers ce même occident pour chercher remède à ses maux. Pour le sultan et ses sujets, le système ottoman demeure le meilleur au monde mais la négligence des techniques et formes d'organisations modernes répandues en Occident est à l'origine de la décadence de l'empire. Il convient donc de se les approprier, de les mettre au service de l'unité et de la puissance de l'empire.

Dès la fin du XVIIIe siècle, sous l'impulsion du sultan Selim III (1789-1807) un premier mouvement de modernisation est entrepris dans une tentative de restructuration de l'appareil militaire, sous la direction d'experts venus de France, d'Angleterre et d'Allemagne. Dans le même esprit, Selim fonde les premières écoles techniques, notamment l'école navale d'ingénieurs et l'école de génie militaire. Se sentant menacé face à toute forme de pénétration occidentale, le peuple se laisse emmener par les Janissaires, les ulémas et les softas. Selim est déposé et toutes les réformes sont annulées.

Mahmut II (1808-1839) entreprend la seconde vague de réformes, suspendue à la suppression du corps des Janissaires, qui sont tous massacrés en 1826. Il modernise la bureaucratie et crée des écoles de type moderne, libérées de l'emprise du "clergé" pour donner une base solide à cette nouvelle armée.

Une seconde idée héritée de la révolution française, celle de liberté, va susciter une certaine opposition au sultan, auprès de jeunes intellectuels. Membres de la bureaucratie

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ottomane pour beaucoup, ils habitent plutôt la capitale et ont été formés à l'occidentale (à la française principalement). Soucieux de réformes libérales des structures du pouvoir, ce ne sont pas des nationalistes. Jusqu'à la 2e moitié du XIXe siècle, "la classe dirigeante turque ottomane de l'empire ne manifestait aucune conscience nationale, alors même que les effets du nationalisme parmi les nationalités sujettes s'étaient déjà fait sentir avec l'indépendance de la Grèce et l'autonomie de la Serbie"

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry