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Les déterminants du mauvais état de santé auto- déclaré au Cameroun: une analyse à  partir des données d'ECAM 3

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par Nino Alfredo NDJONDO SANDJO
Université de Ouagadougou Institut supérieur des sciences de la population - Master en population et santé 2012
  

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IV.2 Discussion et suggestions

Il s'agit à cette étape de poursuivre l'analyse critique des résultats, d'en tirer les principales conclusions et de ressortir les différentes suggestions issues des résultats obtenus.

IV.2.1. Discussion des résultats

Le principal objectif de cette partie est de contribuer à l'explication des facteurs associés à l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé selon le niveau de vie et le sexe au Cameroun. La présente discussion s'articulera autour des principaux résultats obtenus.

a) Age

Plusieurs études portant sur les déterminants socioéconomiques de la santé perçue ont montré que les personnes âgées sont les plus nombreux à se déclarées en mauvais état de santé (Shields et Shooshtari, 2001 ; Bacher, 2010 ; Geitona, 2009). Les résultats présentés dans cette étude, relatifs à la relation entre l'âge et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, corroborent ce constat. En effet, quel que soit son niveau de vie et son sexe, l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé pour un individu est une fonction croissante de son âge. Les personnes plus âgées, indépendamment du niveau de vie et du sexe, se déclarent plus en mauvais état de santé que les personnes moins âgées au Cameroun. L'association entre l'âge et la perception de la santé est attribuée à certains facteurs tels que le départ à la retraite et la solitude (Shields et Shooshtari, 2001). Aussi, les problèmes physiques et la survenance des maladies ont tendance à augmenter avec l'âge.

b) Statut matrimonial

Indépendamment du niveau de vie, les femmes veuves s'auto-déclarent les plus en mauvais état de santé. Les femmes mariées et celles qui sont célibataires ayant chacun la même chance de s'auto-déclarer en mauvais état de santé. Toutefois, chez les hommes, la relation entre statut matrimonial et santé perçue disparaît pour les pauvres. Chez les non pauvres par contre, ce sont les hommes mariés qui s'auto-déclarent les moins en mauvais état de santé. Ce résultat se justifie entre autre par le fait que le divorce affecte plus les femmes que les hommes. En effet, les femmes divorcées et séparées souffrent d'un manque de soutien social et de la perte de leur statut social (Serrano-Gallardo et al, 2009). Egalement, le mariage est un facteur plus intégrateur pour les hommes dans la mesure où il leur confère davantage une structure sociale et leur permet de plus se contrôler. De plus, le bonheur dans un mariage pourrait entraîner moins de stress et de dépression (Baider, 2001 cité par Serrano-Gallardo et al, 2009).

Ces résultats concordent non seulement avec ceux de Serrano-Gallardo et al (2009) en Espagne où ils mettent en exergue le lien entre le statut matrimonial et la santé perçue, mais également avec ceux de Bacher (2010) au Danemark qui n'a pas pu établir le lien entre la santé perçue et le statut matrimonial.

c) Lien de parenté avec le chef de ménage

Les comportements des individus dans un ménage, et le soutien que l'on peut espérer bénéficier dans un ménage sont généralement fonction du lien de parenté de tout un chacun avec le Chef de ménage ou son conjoint. C'est certainement pour cela que le lien de parenté avec le chef de ménage ou son conjoint s'est révélé comme un facteur influençant la perception qu'a un individu de son état de santé. En effet, chez les non pauvres et indépendamment du sexe, l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé est fonction décroissante du lien de parenté avec le chef de chef de ménage. Toutefois, les chefs de ménages et les personnes sans lien de parenté avec les chefs de ménage ont la même chance de s'auto-déclarer en mauvais état de santé. Pa contre, chez les pauvres et quel que soit le sexe, il n'existe pas de relation entre le lien de parenté avec le chef de ménage/conjoint et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé.

La différence observée selon le niveau de vie se justifierait entre autre par le comportement différentiel de chaque groupe considéré en matière de soutien aux membres du ménage. La solidarité intra-ménage est plus forte chez les pauvres.

d) Statut migratoire

L'auto-déclaration d'un mauvais état de santé est-elle fonction du fait qu'on soit natif ou non de sa localité de résidence ? D'après les résultats de cette étude, les individus non natifs de leur localité de résidence, indépendamment du niveau de vie et du sexe, se déclarent plus en mauvais état de santé que les natifs de leur localité de résidence. En effet, l'acculturation peut conduire à des changements de comportement qui augmentent les risques spécifiques pour la santé (Ompad et al, 2008). Aussi, les non natifs vivent en général dans des mauvaises conditions économiques et psychologiques qui affecteraient leur état de santé. Ces résultats sont proches de ceux obtenus par Lindström et al (2001) en Suède.

e) Situation d'activité

Globalement, et quel que soit le sexe, le risque de se déclarer en mauvais état de santé augmente quand on passe du statut de actif occupé à celui de chômeur, puis de chômeur à inactif pour ce qui concerne les pauvres. En revanche, chez les non pauvres et indépendamment du sexe, force est de constater qu'en général, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé augmente quand on passe du statut de actif occupé ou d'inactif à celui de chômeur. L'exercice d'une activité économique permet d'avoir un soutien social et la reconnaissance des autres qui se traduisent directement et indirectement dans une meilleure santé auto-déclarée. Ce qui n'est pas le cas si on n'exerce pas une activité économique (Kanjanapan, 2003).

f) Niveau d'éducation

L'auto-déclaration d'un mauvais état de santé est-elle une fonction décroissante du niveau d'éducation ? Dans cette étude, indépendamment du niveau de vie et du sexe, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé augmente avec le niveau d'éducation. Par contre, la plupart des travaux ont plutôt montré que les mauvais états de santé auto-déclarés sont plus observés chez les individus ayant des niveaux d'éducation bas. Ce résultat plutôt contradictoire obtenu au Cameroun, pourrait se justifier par le niveau très élevé du sous-emploi et du chômage relativement élevé chez les individus ayant des niveaux d'éducation élevés dans ce pays.

g) Milieu de résidence

De nombreux travaux se sont intéressés au lien entre le milieu de résidence et la santé auto-déclarée, et leurs résultats confirment une meilleure santé auto-déclarée en milieu rural par rapport au milieu urbain (Alexopoulos et Geitona, 2009). Dans cette étude, nous avons pu établir également qu'au Cameroun, indépendamment du niveau de vie et du sexe, les individus vivant en milieu rural sont ceux qui présentent des meilleurs états de santé auto-déclarée. Grigoriev et Grigorieva (2011) aboutissent eux aussi à un résultat similaire en Biélorussie. En effet, ils montrent qu'après ajustement les hommes et les femmes vivant en milieu rural sont proportionnellement moins nombreux à se déclarer en mauvais état de santé que ceux de en milieu urbain. Cet état de santé différentiel entre les deux groupes de la population (urbain et rural) pourrait être influencé par un certain nombre de facteurs, dont les circonstances sociales (Bobak et al. 2000).

h) Appartenance à au moins une association

Ne pas appartenir à une association quelconque augmente t-il la probabilité pour un individu de se déclarer en mauvais santé ? Au regard de nos résultats, on constate que c'est uniquement dans le groupe des hommes pauvres que faire partir d'une association améliore l'auto-déclaration de l'état de santé. C'est dire que chez les hommes non pauvres, les femmes pauvres et non pauvres, il n'existe pas de lien entre l'appartenance à au moins une association et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Plusieurs études ont permis de montrer que le réseau social permet de résoudre les problèmes, de faire face avec adversité et contrôle aux différentes circonstances de la vie (Bacher, 2010). Cela explique entre autre les résultats obtenus chez les pauvres au Cameroun. En effet, faire partie d'une association pour cette tranche de la population, leur permet en général de mieux faire face aux multiples problèmes économiques dont ils (généralement les hommes) ont la charge. En revanche chez les non pauvres, on pourrait penser entre autre que faire partir d'une association ne leur fourniraient pas d'effet sensibles et directement bénéfiques eu égard de leur situation économique déjà avantageuse par rapport une bonne franche de la population.

i) Consommation d'alcool

Les individus qui consomment l'alcool, indépendamment du niveau de vie et du sexe, se déclarent plus en mauvais état de santé que ceux qui n'en consomment pas. En effet, L'impact de l'alcool est généralement néfaste. Ainsi, la consommation d'alcool peut s'accompagner de nombreuses conséquences dommageables sur le plan de la santé et sur le plan social, comme l'ébriété et la dépendance à l'alcool. (Gaumé, 2007 ; Room et Babor, 2005). Ces résultats concordent avec ceux de Hou et Chen (2003) au Canada.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore