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La multipropriété des joueurs de football professionnel

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par Marco RENNELLA
Amos Sport Business School - Master Business in Sport 2015
  

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INTRODUCTION

Le monde du football professionnel est devenu incontestablement depuis quelques années le nouveau terrain de jeu des investisseurs. Alors que certains, à la recherche de pouvoir et de reconnaissance mondiale, ont choisi d'investir dans des clubs (PSG, Monaco, Manchester City, Chelsea) d'autres, plus discrets, ont décidé de miser sur les joueurs directement. Et cela, grâce au mécanisme de la tierce propriété (ou « third party ownership » TPO). Une pratique née en Amérique du Sud à la fin des années 80, qui s'est développée après les années 2000 et qui a fait du football un nouvel instrument financier pour les investisseurs privés.

Pour être toujours plus compétitifs les clubs de football sont prêts à tout, comme louer des joueurs qui appartiennent à des sociétés d'investissement.

Si les entreprises traditionnelles évoluent à l'heure actuelle dans un environnement économique difficile, les clubs de football eux ne connaissent pas vraiment la crise et tout est mis en place pour que ces derniers soient toujours les plus compétitifs possible. Au sein d'un système où les sources de revenus des clubs reposent sur 4 rentrées d'argent : les droits TV, la billetterie, les sponsors et le merchandising, l'heure est aujourd'hui à la recherche d'argent par des tiers.

En effet ces 4 sources de revenues suffisent à peine à payer les salaires des joueurs donc il ne reste plus grand chose pour pouvoir s'offrir de nouveaux joueurs.

C'est ainsi que de plus en plus de clubs choisissent de faire appel à la tierce propriété pour acquérir de nouveaux joueurs. En faisant appel aux TPO, les clubs n'ont plus besoin de dépenser leur argent pour acheter des joueurs, c'est une société d'investissement qui achète le joueur qui est ensuite « loué » au club en question.

Cette étude a pour objet de s'intéresser à une nouvelle pratique concernant les transferts de joueurs de football professionnels (TPO), notamment de mettre en en avant les bienfaits et les dérives de cette dernière.

Cette pratique peu connue en France, du fait de son interdiction tout comme en Angleterre est très présente en Amérique du Sud et tend à se répandre dans certains pays européens comme au Portugal ou l'Espagne.

Comment cela fonctionne ?

Le postulat de départ est le suivant : un joueur professionnel est une valeur économique, dont les droits peuvent être cédés. Une tierce personne, en général un fonds d'investissement, décide alors d'acquérir tout ou une partie des droits économiques du joueur, et donc d'en devenir propriétaire. C'est une société privée et indépendante du joueur et du club auquel celui-ci appartient. Son objectif est ainsi de réaliser à court ou moyen terme une plus-value lors de la vente du joueur, c'est-à-dire en cas de transfert. En effet, étant propriétaire d'une partie des droits, il est normal qu'une part de l'indemnité de transfert lui revienne. Par conséquent, la tierce propriété n'a de sens que si les droits économiques du joueur viennent à prendre de la valeur.

Les risques sont élevés car dans le sport on n'est jamais à l'abri d'une blessure ou d'un problème extérieur influent sur le rendement du joueur, mais les gains le sont également.

En 2007 le transfert de Carlos Tevez dans le club anglais de West Ham avait fait polémique. Avant 2008 la règle qui s'appliquait pour la Premier League stipulait qu'aucun club n'était autorisé à conclure un contrat qui permettrait à un tiers «d'acquérir la capacité d'influer sur

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ses politiques ou la performance de ses équipes».

Sur cette base West Ham avait transgressé la règle et était condamné à une pénalité de £5.5 million par la Premier League.

En effet le contrat de Tevez contenait une clause cédant aux tiers MSI et Just Sports le droit exclusif de négocier le transfert du joueur, sans que West Ham possède un droit de véto. Mais à partir de la saison 2008/2009 la Premier League décide de mettre en place une interdiction totale, jugeant que la TPO : « Soulevait trop de questions sur l'intégrité de la compétition, le développement de jeunes joueurs et pouvait altérer la structure pyramidale du football. Ó

Les administrateurs du football anglais ont adapté une position radicale : personne ne peut avoir un intérêt économique pour tout joueur enregistré en Angleterre pour lequel des investisseurs détiennent des droits. Sous une législation étrangère, la propriété des droits économiques du joueur doit changer de statut, c'est à dire liquider les droits économiques détenus en cas de transfert vers l'Angleterre.

Ce fut le premier cas de TPO connu du grand public, mais cette pratique ne date pas de 2007. En effet, fin des années 1980, début des années 1990, le club français du Brest Armorique avait utilisé cette pratique pour l'achat de plusieurs joueurs dont l'argentin Daniel Tapia et le colombien Roberto Cabanas. Le transfert de Daniel Tapia vers le Brest Armorique fut pris en charge par une société qui n'avait rien à voir avec le football. La formule à l'époque était simple : fédérer les chefs d'entreprise locaux dans une même société créée pour réunir les fonds indispensables à financer les transferts des joueurs mis à la disposition du club. Certains chefs d'entreprises étaient hésitants car ils se demandaient si c'était de l'argent perdu. Non, puisque le club garantissait le remboursement et même une plus-value éventuelle sur les futurs transferts des joueurs concernés. La moitié des investisseurs étaient des amoureux du football, l'autre moitié était appâtée par les substantiels bénéfices qu'on leur faisait miroiter.

Quelques années plus tard, le club dépose le bilan et le Brest Armorique n'existe plus, en partie notamment à cause de ce système qui peut mettre en péril l'économie d'un club si les dirigeants ne savent pas bien gérer.

En Europe, le FC Porto est le champion incontesté de la tierce propriété, ce club vend et achète des parts de joueurs comme des actifs financiers.

Mais ce n'est pas le seul, de plus en plus de clubs s'emparent de ce mode de financement pour faire vivre le club. Pour autant cette pratique n'est pas connue par tout le monde et très peu de recherches ou d'études ont été réalisées sur ce sujet.

Ce qui nous intéresse sur ce sujet est de savoir si ce type de financement est un financement viable et durable pour les clubs de football. Le mémoire portera sur ce nouveau mode de financement dans le football avec l'achat et la vente de « morceaux de joueurs ».

La première interrogation est de penser que ce financement par des tiers est le financement de demain car il s'agit d'acheter des jeunes joueurs plutôt talentueux sans pour autant risquer l'argent du club si jamais le joueur ne progresse pas comme prévu.

En effet, le club pourra bénéficier de bons joueurs pendant quelques années et donc sera plutôt compétitif sur la scène européenne sans avoir dépensé la moindre somme.

La deuxième interrogation principale de ce travail s'interroge sur la dangerosité de cette pratique dans le monde du football professionnel. En effet, on peut penser que le joueur

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n'est plus libre de son destin et que ce sont les dirigeants des sociétés d'investissement qui décident où le joueur doit jouer dans l'unique but de faire une plus grande plus-value. Ainsi le fait que les clubs ne possèdent plus les joueurs met en péril sa situation financière sur le long terme car en cas de besoin d'argent les clubs traditionnels vendent leurs joueurs et gardent la liquidité mais dans le cas des TPO si le club vend un joueur détenu par une tierce partie, l'argent ne reviendra pas au club ou pas totalement.

Est-ce un mode de financement viable et durable pour les clubs ? En quoi les TPO peuvent-ils être un financement alternatif pour ces clubs ? Faut-il interdire cette pratique ? Quelles sont les dérives ?

Autant de questions qui demandent une réflexion sur ce sujet et que nous allons essayer de répondre tout au long de ce mémoire.

La première partie de ce travail apportera un cadrage théorique sur trois sujets relatifs à cette étude. Tout d'abord quelques notions sur les TPO en général, la montée de ce système de tierce propriété au cours de ces dernières années suivie d'un éclairage global sur cette pratique dans le monde pour finir par un cas d'étude sur le joueur de football Éliaquim Mangala, international français transféré du Standard de liège à Manchester City en passant par le FC Porto. Suite à cela, les trois hypothèses principales seront exposées ainsi que la méthodologie employée.

Dans la deuxième partie, une présentation des meilleures ventes et achats des deux clubs professionnels étudiés sera réalisée ainsi qu'un retour sur chacune des trois hypothèses avec comme objectif la validation ou non de chacune d'entre elles. Les dérives que cela entraîne seront mises en évidence tandis que la législation autour de cette pratique qui fait énormément parler sera humblement exposée. Suite à cela, des aménagements seront faites autour des hypothèses principales.

PARTIE 1

:

Les TPO, un nouveau système de

financement pour les clubs

professionnels

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1. Cadrage théorique

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote