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La multipropriété des joueurs de football professionnel

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par Marco RENNELLA
Amos Sport Business School - Master Business in Sport 2015
  

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1.2. L'augmentation du nombre et du montant des transferts de joueurs

Nous allons voir ici en détail l'évolution du nombre et du montant des transferts de joueurs. Celle-ci a induit d'importantes répercussions économiques et sportives. En particulier, l'arrêt Bosman1 a remodelé en profondeur l'équilibre des pouvoirs au sein du football européen.

Lors des premières décennies du football professionnel, les joueurs sont liés à leurs clubs par des « contrats à vie ». En France, les joueurs doivent s'engager avec un club jusqu'à leur 35 ans, âge proche de la fin de carrière. C'est pour cela que les transferts sont très peu nombreux. Ainsi Raymond Kopa, alors vice-président de l'UNFP, déclare en 1963 que « les footballeurs sont des esclaves ». A la suite des événements de Mai 68, les joueurs réclament plus de libertés et obtiennent en 1969 l'institution pour une durée probatoire de trois ans du « contrat à temps ». La France devient le premier pays dans le monde à instaurer des contrats à durée déterminée pour des footballeurs professionnels. Peu à peu, ce type de contrats se répand partout en Europe, et c'est en 1978 que l'Angleterre adopte la « liberté de contrat ». Celle-ci que, au terme d'un contrat, le club peut soit proposer au joueur un contrat au moins aussi avantageux que le précédent, soit le laisser partir librement, soit vendre le joueur contre une indemnité de transfert.

A partir des années 1970 et jusqu`en 1995, les règles relatives aux transferts sont restées quasiment les mêmes en Europe. Lorsque le contrat d'un joueur arrivait à échéance, un club désireux de l'enrôler pouvait se voir réclamer une indemnité de transfert par le club quitté. Par ailleurs, le nombre d'étrangers sur le terrain était limité à trois par club, plus deux « assimilés », c'est à dire résidents du pays depuis plus de 5 ans, dont deux passés dans les équipes jeunes.

Un véritable bouleversement est intervenu avec l'arrêt Bosman qui a marqué le début de la libéralisation du marché des joueurs. En 1995, la Cour de justice des Communautés européennes a statué que ces règles de transferts étaient en contradiction avec l'article 48 du traité de Rome portant sur la concurrence et la libre circulation des travailleurs, et que la profession de footballeurs ne devait pas être considérée différemment des autres, notamment en ce qui concernait la mobilité des travailleurs entre les États européens.

Le règlement en vigueur jusqu'alors, ainsi que les quotas de joueurs étrangers ont alors été abandonnés en faveur de la libre circulation des joueurs sur le marché européen. L'indemnité de transfert pour les joueurs en fin de contrat a été progressivement abandonnée.

Actuellement, les joueurs sont liés à leurs employeurs par des contrats à durée déterminée ne pouvant excéder cinq ans. Lorsqu'un club désire recruter un joueur déjà engagé contractuellement, le club « acheteur » doit racheter au club « vendeur » le contrat de travail en lui versant des indemnités de transfert. Le versement d'indemnités pour recruter un employé d'une entreprise concurrente illustre que les contrats de travail constituent dans le milieu sportif, bien plus que dans d'autres secteurs d'activité, des actifs à part entière. Les joueurs qui ne sont pas liés contractuellement sont, eux libres d'accepter ou non les contrats de travail qui leur sont proposés.

1 L'arrêt Bosman est une décision de la Cour de Justice des Communautés Européennes (CJCE), rendu le 15 décembre 1995 relative au sport professionnel.

Cet arrêt rend alors impossible la limitation du nombre de nationalités dans une équipe ou une compétition professionnelle.

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L'arrêt Bosman en 1995 a induit un essor extrêmement fort des transferts de joueurs au niveau aussi bien national qu'international. Leur fréquence a fortement augmenté, notamment avec la présence de plus en plus importants d'agents de joueurs dont le rôle est de multiplier les transferts pour toucher des commissions.

De plus, l'arrêt Bosman a également alimenté la hausse des salaires des joueurs, car ils ont la possibilité de faire jouer la concurrence entre les différents clubs acheteurs potentiels.

La libéralisation du marché du travail après l'arrêt Bosman (1995) et l'augmentation observée des recettes courantes des clubs de football professionnel ont conduit à une forte augmentation des opérations de transferts, créant un véritable marché des transferts. Le nombre de transferts a ainsi été multiplié par 3,2 entre 1995 et 2011, tandis que la valeur totale des transferts a été multipliée par 7,4. Depuis 2010, les montants des transferts atteignent ainsi près de 3 milliards d'euros chaque année. Les investisseurs privés ont très bien compris que de plus en plus de clubs avaient besoin de financements externes afin d'être davantage compétitifs.

Avec la forte mobilité des joueurs professionnels, les championnats les plus faibles n'ont plus les moyens de retenir leurs joueurs les plus talentueux. L'arrêt Bosman a favorisé les cinq grands championnats (Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie et France) par rapport aux autres championnats européens et a progressivement fait disparaître de l'élite européenne des clubs tels que le Celtic Glasgow, le RSC Anderlecht, l'Ajax Amsterdam. La mobilité des joueurs à l'échelle internationale renforce le déséquilibre compétitif entre championnats. En Europe, l'arrêt Bosman couplé à la réforme de la Champions League a renforcé les clubs des cinq grands championnats qui peuvent acheter les meilleurs joueurs du monde grâce à leurs revenus largement supérieurs.

On s'aperçoit que quatre championnats sont très nettement importateurs de joueurs, c'est à dire avec une balance des transferts très négative : l'Angleterre, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie. Quasiment tous les autres championnats professionnels, à l'exception de la Russie, sont exportateurs nets de joueurs, c'est à dire avec une balance des transferts positive.

Les ligues brésilienne et argentine sont les principales ligues exportatrices de joueurs parce qu'elles produisent un nombre important de joueurs d'excellent niveau qu'elles peuvent

Source : KPMG

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revendre relativement cher aux équipes de championnats européens importants. Ces deux pays d'Amérique du sud font partis des pays où la tierce propriété des joueurs de football est la plus répandue.

Les investisseurs ont en fait très vite compris qu'avec l'arrêt Bosman les transferts des joueurs allaient se développés considérablement, que les très bons jeunes joueurs se trouvent souvent en Amérique du Sud avec des clubs endettés et qui ne peuvent pas faire autrement que d'utiliser ce moyen de financement.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard