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Projets culturels transnationaux : enjeux et perspectives

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par Roxane Garo
Université de Cergy Pontoise - Master Développement Culturel 2013
  

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2. La coopération culturelle comme tentative de réconciliation

La coopération qui s'est mise en place au lendemain des indépendances a été rendue possible par l'évolution des rapports internationaux. Elle est le produit de la mutation des rapports entre la France et son ancienne colonie. Après l'indépendance, le Maroc a mené une politique extérieure ambigüe, recherchant un équilibre entre un positionnement en faveur de l'Occident et un engagement plus revendicatif. Partisan de la double culture (bilinguisme), l'ambition du Maroc était de se situer en l'Occident et l'Orient. Soucieux de parfaire son indépendance politique par une élimination des contraintes et de dépendances économiques, le Maroc a accepté la politique de coopération technique et culturelle. La pauvreté a été un champ de lutte prioritaire pour les pouvoirs car celle-ci était considérée comme la plus grave des humiliations parce qu'elle place les nations en position de faiblesse. Il a donc été question d'accepter une forme de dépendance pour en résorber une autre ce qui fut et est toujours une source de tensions que Mongo Beti dénonce dans son travail de recherche. « C'est-à-dire que l'Afrique n'a pas plus choisi la coopération franco africaine, fondée sur de prétendus liens spéciaux, qu'elle n'avait choisi la colonisation jadis ; elle lui a été imposé dans l'environnement schizophrénique de la guerre froide.11 » Un paradoxe semble effectivement être soulevé puisque le mot « coopération », dérivé du latin « co-operare » signifiant oeuvrer, travailler ensemble, est censé renvoyer à un rapport au sein duquel les individus conduisent leurs relations et leurs échanges d'une manière non conflictuelle ou non concurrentielle. Si les objectifs du Maroc étaient de combattre la pauvreté et de mettre l'accent sur le système scolaire, perçu comme l'instrument clé de transformation des sociétés, l'enjeu final restait le même que durant la colonisation, la quête de l'indépendance.

Du côté français, toute la sphère politique était mobilisée afin d'atteindre les objectifs de développement des « pays du champ » (c'est-à-dire les pays ayant acquis leur indépendance dans le cadre de la décolonisation) lancés par le général De Gaulle qui créa en 1959 le ministère de Coopération (fusionné avec le ministère des Affaires Etrangères en 1999). Quatre cercles interviennent dans le processus d'élaboration de la politique publique de coopération. Celui par lequel tous les décisionnaires transitent, le Président de la République, son cabinet, le ministère des Finances ; l'ensemble des administrations

11 Mongo Beti, La France contre l'Afrique. Ed. La Découverte, 2006, p.151

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sectorielles qui interviennent lorsque leur secteur est concerné ; les partenaires extérieurs de l' État : syndicats, organisations professionnelles, associations, entreprises publiques et privées ; et l'ensemble des organes politiques (Parlement), juridictionnel (Conseil Constitutionnel, Conseil d'Etat, Cour des Comptes) qui peuvent intervenir dans la décision.

La coopération entre collectivités territoriales marocaines (communes, communautés urbaines, provinces et régions) et collectivités françaises (villes, départements, régions et structures intercommunales) est également mise en place via le Service de Coopération et d'Action Culturelle (SCAC) de l'ambassade de France qui élabore et conduit la politique de coopération culturelle et d'aide au développement. Le SCAC a pour mission de soutenir la conception, l'étude et la réalisation de projets de coopération entre la France et le Maroc. Ses domaines d'intervention sont la culture et la langue, l'université et la recherche, la technique et la gouvernance et l'enseignement français. Cette coopération est également entachée du sentiment amer exprimé entre autre par Mongo Béti, d'être politiquement intéressée. Dans son livre, il remet en cause le fait que l'Afrique ait véritablement eu besoin d'être aidée et dénonce les politiques françaises qui créeraient des actions dites de développement sans se soucier des valeurs humaines mais en souhaitant s'imposer sur l'échiquier politique international, ayant perdu le statut de colonisateur. « Au commencement était le politique, non le développement. Le développement a fort peu mobilisé les esprits de la coopération francophone institutionnelle jusqu'à ce que, vers la fin des années quatre-vingt, la protestation contre la misère des africains, scandaleuse dans un monde où l'enrichissement des peuples semble un phénomène normal, commence à gronder de partout à travers la planète, obligeant enfin Paris à inventer à la hâte une doctrine qu'il n'avait jamais eu »12.

Comment unifier le monde moderne lorsque les pays entretiennent entre eux un tel rapport dominé/dominant ? Le poids du passé peut-il se voir alléger par de nouvelles politiques d'aides ou sera-t-il définitivement au coeur de toutes les actions, les rendant ainsi inutiles ? La France semble avoir choisi le parti pris des tentatives de réconciliation politique en tentant de mettre en place des coopérations décentralisées basées non plus sur une aide unilatérale mais sur des échanges de savoir-faire, comme le jumelage.

12 Mongo Beti, La France contre l'Afrique. Ed. La Découverte, 2006, p.171

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway