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Etude linguistique et sociolinguistique de l'argot contenu dans les textes de rap au Sénégal, l' Exemple Du DAar J


par Mamadou Dramé
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - DEA 2000
  

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FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE LETTRES MODERNES

MEMOIRE DE D.E.A.

SUJET:

ANALYSE SOCIOLINGUISTIQUE DE L'ARGOT

CONTENU DANS LES TEXTES DE RAP : L'EXEMPLE DU DAARA J

Présenté par:

Mamadou DRAME

Sous la direction de:

Papa Alioune Ndao

Maître-assistant

Docteur d'Etat-es-Lettres

Année universitaire 1999-2000

INTRODUCTION GENERALE

Faisant du fait linguistique son objet d'étude, la sociolinguistique s'est intéressée à tout ce qui contribue à expliquer les différences entre les hommes selon leur manière de communiquer. Ces dernières années, elle a investi les paroles urbaines qui sont foncièrement et fondamentalement influencées par la vague du hip-hop, ce mouvement venu d'Amérique et qui ne cesse de conquérir le monde.

Apparu très tôt, dès les années 1950, le mouvement hip-hop n'aura pris son essor qu'à partir des années 1970 lorsque les jeunes issus des ghettos de Harlem voudront crier leur ras-le-bol à la face de l'Amérique qui n'a pas accordé les mêmes chances de réussite aux Américains de couleur et aux Américains Blancs. Alors ceux-ci voudront montrer qu'eux aussi sont des citoyens comme les autres et qu'ils ont droit au respect. Depuis le mouvement n'a pas cessé de grandir et après l'Europe et particulièrement la France, il a débarqué au Sénégal où il est devenu un des moyens de communication dont les jeunes se sentent le plus proche. Cette situation se note particulièrement au niveau culturel où le jeune Sénégalais se trouve ballotté entre la culture africaine qui est sienne, la culture française qui est celle du colonisateur, la culture arabe en rapport avec la religion, etc. A partir de ce moment, ce mouvement qui intègre une expression corporelle (danse), comportementale (gestes quotidiens), picturale (graffitis et tags), musicale (beat et textes) peut être révélateur des aspirations, des revendications et des positionnements à la fois identitaires, culturels, idéologiques et même politiques.

Il est ainsi un objet d'étude intéressant, au vu de l'importance de la population qu'il mobilise et des enjeux à la fois politiques, culturels, sociaux et économiques qu'il engage. Dans cette contribution qui se veut un prélude à des études ultérieures plus poussées sur le phénomène hip-hop, nous nous intéresserons uniquement dans un premier temps au rap qui est la dimension musicale et particulièrement aux textes en faisant fi de la mélodie. Ce sera l'occasion de tenter une analyse du langage argotique utilisé par les rappeurs dans la création artistique pour y voir quels aspects identitaires de la jeunesse peuvent y être véhiculés.

Dans cette perspective, nous travaillerons avec les textes du Daara J tout en nous permettant de jeter des regards sur les productions des autres groupes de rap pour y déceler des constantes propres à tous les groupes.

Ce travail va s'articuler autour de trois points fondamentaux. D'abord nous essaierons d'expliquer les raisons du choix du sujet, les hypothèses et la problématique autour desquelles va tourner ce travail et la méthodologie engagée. Dans un second temps, nous tenterons de donner un aperçu historique du mouvement hip-hop, de son évolution des Etats-Unis au Sénégal. Enfin nous analyserons l'argot contenu dans notre corpus avant d'essayer de donner les significations véhiculées par le rap à travers les textes.

Ce travail n'a pas la prétention d'être exhaustif, mais cherche juste à baliser des terrains qu'il sera possible d'exploiter ultérieurement.

PREMIERE PARTIE

I. LES RAISONS D'UN CHOIX

Le sujet de cette présente étude porte sur l'analyse sociolinguistique du rap urbain. Cette étude sera essentiellement centrée autour des productions musicales du groupe de rap dakarois le « Daara J ». Le choix du thème et des informateurs répond à plusieurs facteurs qui se combinent.

D'une part, on peut partir d'un constat fait par la plupart des chercheurs qui se sont intéressés à l'épineuse question de la communication dans les anciennes colonies des grandes puissances européennes. Il en ressort que ces pays devenus indépendants voient leurs populations user d'au moins deux langues: d'abord il y a la langue maternelle ou vernaculaire et d'autre part la langue du colonisateur qui est devenue langue officielle, celle de l'école et de l'administration. Ainsi Gumperz1(*) pour l'Inde et Ndao2(*) pour le Sénégal, de même que Pierre Dumont3(*) l'ont bien démontré. Dans le cadre du Sénégal, c'est le français qui est en conflit avec les autres langues.

Cette situation se traduit par un peuple partagé entre plusieurs langues. Ces individus se trouvent ainsi en situation de diglossie ou de bilinguisme. La diglossie pouvant être entendue comme le fait que le locuteur qui se trouve en possession de deux langues ou de deux variétés de langue utilise une des langues ou l'autre langue en fonction des situations et en leur assignant des fonction bien définies et en leur donnant des valeurs bien déterminées. René Appel et Peter Muysken l'expliquent en reprenant la définition proposée par Fergusson. Ainsi, écrivent-ils: « When speakers use two languages, they will obviously not use both in all circumstances : in certains situations, they will use one, and in others, the other »4(*). Ils explicitent cette citation en précisant :

« Diglossia insolved two varieties of a linguistic system used in a speech communauty : a formal variety termed H (high), a vernacular or popular form termed L (low). Each variety has his functions in the speech communauty, ranging from political speechees in H to informal conversations with friends in L varity ». 5(*)

Dans le cadre du bilinguisme, on peut considérer que le locuteur est en possession de deux langues et est en mesure de les utiliser comme il l'entend et indistinctement, quelles que soient les situations auxquelles il peut être confronté.

Dans cette perspective, on peut prédire que les langues qui sont en présence seront nécessairement en conflit. Ce conflit peut être perceptible plus particulièrement chez les jeunes et lisible dans les mouvements qui les concernent essentiellement. Et nous nous intéresserons au mouvement hip-hop et surtout à sa manifestation musicale, le rap.

Ce mouvement est devenu une réalité incontournable dans le paysage musical et social, comme on peut le constater dans le monde en général et au Sénégal en particulier. Comme nous l'avons précisé, il intéresse surtout les jeunes adultes et les adolescents. Il fait d'ailleurs partie de leur quotidien. A ce propos, Hugues Bazin dans sa préface à l'étude de Manuel Boucher sur le rap français affirme que :

« La base d'un rap (rythme, temps, ligne musicale en boucle, etc.) reste la même que l'on rappe (sic) en allemand, en français ou en japonais. Nous comprenons que la structure d'une forme est identique. Mais la façon dont cette forme est travaillée par les individus pour gérer leur rapport au monde dépend de l'environnement social et culturel. Aussi, peut-on distinguer un hip-hop brésilien, sénégalais, français, belge, allemand ou américain ».6(*)

Cela veut dire que par delà l'aspect unificateur de tous les mouvements rap du monde, on peut noter des spécificités propres à chacun et qui reflètent le mode d'expression dans la communauté considérée.Ainsi peut-on voir apparaître le fait évident que, au delà de l'aspect musical qui le sous-tend, le rap englobe toute une réalité culturelle appelée « hip-hop ».

Le mouvement « hip-hop » est proche des jeunes et exprime les jeunes. Il permet de véhiculer des messages d'angoisse, d'attente et d'espoirs. Pour mémoire, on peut retenir avec Philippe Pierre-Adolphe et José-Louis Bocquet que ce mouvement a été à son origine un moyen pour les jeunes de se détourner de la drogue, de la délinquance et de la prison qui constituaient le lot quotidien des jeunes Noirs qui habitaient les quartiers déshérités des Etats-Unis et particulièrement de Harlem. Aussi cherchait-on à dire la jeunesse telle qu'elle était et telle qu'elle ressentait le monde.

Continuant sur cette lancée, Bocquet et Pierre-Adolphe précisent que, à la fin des années 1970, pour échapper à la « défonce »  (sic), à la prison ou au cimetière, les « Bad Boys » de Broklin et du Bronx préféraient la résistance artistique à la violence. Dans la rue, les règlements de compte ne se font plus à l'arme blanche , mais à travers le graphisme et les joutes verbales. Cette nouvelle forme a pour nom « hip-hop », deux mots issus du « slang » signifiant « se défier par la parole, le geste et la peinture ». 7(*)

On voit ainsi comment en France, (cf. Boucher et Jacqueline Billiez8(*))- même si leurs travaux portent essentiellement sur le phénomène lié à l'immigration - tout comme au Sénégal, le mouvement hip-hop peut exprimer la jeunesse dans ses idéaux et ses manières de sentir le monde et de se comporter. D'ailleurs c'est pourquoi Manuel Boucher renchérit en précisant que : « par delà ses conditions d'émergence, le hip-hop présente un creuset dans lequel les personnes forgent des manières de vivre en réponse parfois au contexte difficile ou hostile ».9(*) Pierre-Adolphe Philippe et José Bocquet renchérissent en écrivant : « Mettant un nom au désespoir, le rap donne une voie (sic) aux proscrits, leur permet de revendiquer, de communiquer, d'avoir une place sur terre ».10(*) Ces appréciations, si elles sont mises en relation avec le contexte d'apparition du rap dans notre pays marqué surtout par la le désespoir causé par l'année blanche de 1988 et ses conséquences, montrent qu'ici, ce mouvement peut être porteur des aspirations et des revendications de cette jeunesse et leur permet de dire toute leur amertume.

Ainsi le Sénégal ne saurait être épargné par cette vague qui s'est emparée du monde. La culture hip-hop est véhiculée par une manière toute particulière de se vêtir, de se comporter, une peinture, une danse toutes aussi particulières, mais aussi et surtout la musique qui est l'aspect le plus perceptible puisqu'elle est véhiculée par les médias et surtout la télévision. Cette musique repose sur un fond musical appelé « sample » (l'instrumental sur lequel on débite le flot des paroles) et sur des paroles qui permettent au rappeur de dire le message contenu dans sa chanson. Ce sont justement ces flots de paroles que nous nous proposons d'étudier. C'est un aspect qui peut être révélateur des aspirations des jeunes dans la mesure où le message qui s'adresse aux jeunes doit être exprimé dans la langue des jeunes. Ainsi toute la problématique du rap tourne autour de la problématique du langage.

Le langage doit refléter la manière de ces jeunes de parler (ceci pris sous un angle synchronique). A ce propos Manuel Boucher peut se permettre de souligner que :

« le rap véhicule un message : ce message couvre plusieurs strates. Nous pouvons le lire sous plusieurs manières :

-Sur le plan social, le message, tel un miroir, renvoie aux réalités quotidiennes. C'est l'écriture directe du chroniqueur social, l'écriture visuelle du cinéaste de la vie ;

-Sur le plan culturel, le message actualise les codes qui confirment la cohésion d'un groupe. Nous sommes dans la vérification des signes d'appartenance à une famille dans la manière de parler une phrase, le répertoire lexical, etc.

-Sur le plan artistique, le message couvre une relation esthétique. C'est le rapport au rythme, la déconstruction-reconstruction en boucle, les références musicales ;

-Sur un plan symbolique, le message dresse le paysage imaginaire, découvre l'envers du décor, d'autres liens. C'est le rapport au mythe, la forme cyclique du temps, le thème récurrent de la terre-mère. Le hip-hop a la faculté de nous faire vivre avec des légendes entretenues par tous ses membres »11(*).

Il demeure évident que nous nous intéresserons exclusivement à la question linguistique. Les réponses qui seront apportées nous permettront de rendre compte des diverses relations qui peuvent exister entre ces différentes langues, surtout qu'on se trouve dans un pays fortement marqué par le plurilinguisme.

D'autre part, d'un point de vue purement documentaire, nous cherchons à apporter une petite contribution à la recherche consacrée à ce mouvement émergent. Ce souci se justifie d'autant plus que les études consacrées à l'aspect linguistique et sociolinguistique sont rares. Elles sont plutôt orientées vers uns aspect sociologique ou pédagogique. Ce dernier volet se justifie du fait qu'il est possible d'introduire les textes de rap dans les programmes d'enseignement du français dans les collèges et lycées du Sénégal. Mais seuls sont concernés les textes écrits en français.12(*)Seulement, malgré la rareté des productions scientifiques sur le phénomène rap en matière linguistique ou sociolinguistique, il existe d'autre études qui sont en cours.

Elles sont effectuées par des groupes de recherche pluridisciplinaires tels que le GRAFEC (Groupe de Recherches Appliquées sur les Formes d'Expression Contemporaines) rattaché à l'UFR de linguistique appliquée de l'université René Descartes de Paris V et à la Faculté de Lettres et Sciences Humaines de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il s'agit d'essayer de combler une lacune dans ce domaine.

On peut aussi souligner que le rap au Sénégal est une véritable machine industrielle et économique qui fait courir bon nombre de producteurs nationaux comme étrangers. En outre , c'est un domaine qui permet de créer des emplois. Cet aspect de la question a été longuement développé par le journaliste Alpha Dia dans une série d'articles disponibles sur les sites Internet.13(*)

Il apparaît ainsi que le rap mérite qu'on y jette un coup d'oeil ; ce qui nous permettra de voir les rapports qui existent entre la musique et les jeunes du pays ; d'autant plus que l'élaboration des textes qui focalisent notre attention obéit à certaines règles linguistiques qui reflètent les manières toutes sénégalaises et adolescentes de parler et de communiquer.

II LES HYPOTHESES DE L'ETUDE

Un bref aperçu de l'architecture des textes laisse transparaître une multitude de langues qui se côtoient, se mélangent et se combattent les unes les autres pour prendre la place de choix. Déjà, reprenant une séquence textuelle des Fabulous Troubadours (groupe de rap français), Jacqueline Billiez remarquait la présence de plusieurs langues. Pour ce chercheur, ceci se justifie par le fait que les rappeurs ont tendance à développer certaines « stratégies langagières ».14(*)

A l'image du langage de la rue, on peut remarquer -concernant le Sénégal bien entendu- que, à première vue (ce que nous allons du reste essayer de prouver), les langues nationales sont d'abord en concurrence entre elles, ensuite elles sont en concurrence avec les langues étrangères et plus particulièrement les langues occidentales. Ici le ratio dans la fréquence de l'utilisation des codes peut ne pas être le même que dans le cas général. Est-ce dû au fait que ces dernières langues citées n'ont plus la notoriété qu'elles avaient ? Nous verrons ainsi si le français garde toujours sa fonction d'antan qui en faisait un instrument de promotion sociale. Puis à quelles fins sont utilisées les langues qui sont venues se greffer au code switching utilisé au Sénégal et qui touche essentiellement le français et le wolof comme l'a déjà montré Ndao (1996) .

Nous nous intéresserons également à l'alternance codique pour ce qui concerne toutes les langues en présence en nous appesantissant sur l'identification du type de structure concerné et aux facteurs à la fois linguistiques et extra-linguistiques qui les déclenchent. Ceci permettra de voir si effectivement l'alternance codique est en corrélation avec une idéologie politique ou culturelle en relation avec l'Afrique ou la peau noire ; ou si dans ce cadre très précis du rap, elle n'est pas révélatrice d'une convention de communication typique des situations de réseau fermé15(*) composé de rappeurs.

Ensuite, reconnaissant avec Pierre Cadiot que « l'alternance codique fluidifie la parole, (...), (qu)' elle a un effet de démultiplication, d'intensification des plaisirs, de parler »16(*), nous essaierons de montrer qu'il s'agit également de l'expression de l'identité d'un groupe comme l'ont affirmé Dabène et Billiez.17(*)

En outre, les rappeurs ne se limitent pas à l'utilisation des langues communément parlées à grande échelle au Sénégal, quand ils le jugent nécessaire, ils utilisent d'autres langues africaines ou des expressions tirées de ces langues. A quelles fins ? Qui plus est, ce sont les langues étrangères (occidentales) acquises le plus souvent grâce à l'école et elles ne sont même pas utilisées dans leur forme dite standard. Ainsi il leur est possible de faire des innovations (sur les plans grammatical et morphologique et quelquefois des glissements sémantiques sont opérés). Ainsi on peut prédire que la manière de parler des jeunes des années antérieures n'est pas la même que celle des jeunes de la nouvelle génération.

En fait, dans Parlures Argotiques (1990), il était précisé que les groupes homogènes avaient tendance à créer leur propre manière de parler et de se faire comprendre d'eux en utilisant un lexique qui leur est propre. 18(*) Ainsi, Denise François-Geiger affirme que : « L'argot est généralement engendré -et cela relève d'une étude sociolinguistique- au sein des groupes relativement homogènes, généralement assez restreints et souvent ambulants »19(*) .Si cette affirmation est justifiée, il devient possible de s'interroger sur la nature de la langue qui doit être spécifique aux Dakarois et qui est véhiculée par les textes de rap. A partir de ce moment, on pourrait parler de l'émergence d'un argot dakarois et par extension d'un argot sénégalais. (mais qui concerne uniquement les jeunes).

Cette investigation tient son importance du fait que, comme nous l'avons souligné plus haut, l'impact que peut avoir le mouvement hip-hop et surtout le rap provient de sa vulgarisation qui s'effectue au moyen des instruments de communication de masse avec notamment les cassettes , les émissions radio et télé, les clips, etc. Et chaque langue et variété de langue est utilisée dans une situation de communication bien déterminée et obéit à des motivations toutes aussi particulières. Donc, il est important de s'interroger sur la valeur déléguée à chaque langue.

III LE CORPUS

L'étude que nous envisageons de mener prendra essentiellement appui sur des textes écrits et chantés par les rappeurs du groupe Daara J. C'est un groupe dakarois composé de trois membres : il s'agit de Fadda Freddy (chant), de Ndongo Daara (rap) et de Aladji Man (ragga). Ce groupe existe depuis 1992 et a déjà mis sur le marché quatre cassettes (diffusées sur le plan national) : Daara J (1995), Daara J Album (1997), Xalima-la-plume (1999) et Exodus (2000). Ils ont aussi sorti sur le marché international deux Compact-Disc (CD) qui sont Daara J et Xalima. Ils travaillent sous la bannière de la maison de production française « Déclic communication » rattachée à BMG.

Dans cette masse de production, nous nous intéresserons uniquement au dernier album international (Xalima-la-plume) qui contient quatorze chansons. Cette restriction du corpus s'explique par le fait que la transcription des textes a laissé apparaître une nette représentativité des langues et de leur organisation sur les plans morphologique, sémantique et syntaxique. En outre ce choix peut être judicieux puisque les textes constituent un corpus disponible, acceptable et connu ; et puis ils sont déclarés et protégés au niveau du Bureau Sénégalais des Droits d'Auteur (BSDA). Cette dernière remarque est importante car le corpus en entier pourrait être joint au document final sous forme d'annexe.

De plus le groupe jouit d'une assez bonne réputation de sérieux et de discipline aussi bien dans le cadre du travail que dans le comportement. Alors nombreux sont les jeunes qui veulent en faire des modèles vivants. Bien que jouant une musique à la frontière du « hardcore » et du « rap cool », ce groupe est parvenu à s'affirmer aussi bien sur le plan national qu'international. A partir de ce moment, le groupe Daara J propose une bonne lisibilité qui permet, en utilisant comme corpus ses textes, de faire une étude assez objective et assez représentative des mécanismes de fonctionnement des moyens de communication verbale chez les adolescents Sénégalais et plus particulièrement chez les Dakarois. Nous ne nous priverons pas d'ouvrir des fenêtres sur les autres productions du groupe ou des autres groupes du pays.

* 1 Gumperz John J (1989) : Sociolinguistique interactionnelle :une approche interprétative, Paris, L'Harmattan.

* 2 Ndao Papa Alioune (1996) : Contacts de langues au Sénégal : étude du code switching wolof-français en milieu urbain ; approche linguistique, sociolinguistique et pragmatique, Dakar, UCAD, Thèse de Doctorat d'Etat.

* 3 Dumont Pierre (1983) : Le français et les langues africaines, Paris, Khartalla

* 4. Appel René & Muysken Peter (1990) :Languages contact and bilinguism, Amsterdam, Institute of General Language, University of Amsterdam, p.23.

* 5 Idem : p.24.

* 6 Boucher Manuel (1998) :Rap : Expression des lascars ; significations et enjeux du rap dans la société française, Paris, L'Harmattan, p.10.

* 7 Bocquet José-Louis & Pierre-Adolphe Philippe (1997): Les petits libres n°14, Rapologie, Paris, Editions des mille et une nuits, p. 71-72.

* 8 Billiez Jacqueline  (1998): « Poésie musicale urbaine : langues et identités entrelacées » in Ecritures et textes d'aujourd'hui ; cahiers du français contemporain n° 4 Paris ENS Editions, p.136.

* 9 Boucher Manuel : op.cit p.10-11.

* 10 Bocquet José-Louis & Pierre-Adolphe Philippe (1997):op.cit.p.72.

* 11 Boucher Manuel :op.cit. p.13-14.

* 12 Commission Nationale de Français (CNF) (1997): (sous la direction de Abou El Caba Touré) :Nouveau programme de français, Dakar, Ministère de l'éducation Nationale.

* 13 Dia Alpha : Sénérap ; les producteurs locaux ;177p (http/www.africa/server n/rumba-kali/fr sene/htm.

* 14 Billiez Jacqueline  (1998): op.cit. p. 61.

* 15 Gumperz John J (1989) :op.cit. p. 61.

* 16 Cadiot Pierre (1998) : « les mélanges de langues » in France pays multilingue ; Tome 2 ; Pratiques des langues en France Paris, p.53.

* 17 Dabène Louise & Billiez Jacqueline (1998) : « Le parler des jeunes issus de l'immigration »

* in France pays multilingue ; Tome 2 ; Pratiques des langues en France ,op.cit.

18 François-Geiger Denise & Goudailler Jean Pierre (1991) : Langue Française n°90 ; Parlures Argotiques ; Paris, Larousse éditions.

* 19 idem p 11

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote