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Associations ethniques en milieu estudiantin de l'Université de Kinshasa (RD Congo) : Neo-fraternité, lutte hégémonique et citoyenneté segmentée

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par Jean Pierre Mpiana Tshitenge
Université de Kinshasa -  DES en Sociologie 2006
  

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2.1.1. Renforcer la solidarité et l'entraide entre étudiants (membres).

Les ajustements structurels initiés par la BM et le FMI, ont sommé l'Etat congolais de se désengager des secteurs sociaux, notamment de l'enseignement supérieur et universitaire. La communauté estudiantine est la plus affectée par cette politique de désengagement de l'Etat. Avec la suppression de tous les avantages matériels qui en a résulté (restauration, transport, bourse, frais de professionnalisation, etc.), la survie des étudiants sur le campus universitaire relève depuis lors de la seule responsabilité des parents pour la plupart laminés par la crise socio-économique prolongée qui sévit au pays. Pour compenser l'incapacité de leurs parents à subvenir à toutes les exigences liées à la vie estudiantine et assurer leur propre survie sur le campus, les étudiants sont-ils obligés d'imaginer tant d'initiatives au nombre desquelles figurent les associations ethniques.

Ces associations, pour reprendre la formule de Théodore Trefon, sont de nouvelles formes d'organisations sociales mises en place par les étudiants pour pallier à la situation sinistrée leur léguée par l'Etat-nation post coloniale12(*). Elles se créent dans ce contexte où les initiateurs, pour la plupart soustraits de la parentèle, se sentent engloutis et désarmés dans un microcosme (université) lui même dominé dans un vaste espace économico-politique (la ville de Kinshasa) et dans lequel ils n'ont aucune emprise sur les instruments de production. A travers elles, les étudiants polémiquent avec l'ordre social qui leur inspire inquiétude tant cet ordre témoigne de la décrépitude de ses instruments d'intégration et étale ses limites à satisfaire leurs besoins existentiels. Dans ces conditions, les associations ethniques constituent pour les étudiants, une nouvelle modalité de réappropriation collective du champ universitaire et des instruments de domination et d'appropriation matérielles et symboliques qui y ont cours. Elles leur permettent, par conséquent, d'agir, selon les cas, sur le champ universitaire en tant qu'acteur individuel et collectif.

La néo-fraternité aborigène  forgée dans ces associations garantit aux membres une sécurité sociale et matérielle dans un univers inconnu et plein d'incertitudes. Les contacts qu'elles permettent brisent l'anonymat et l'isolement et replacent les membres dans des réseaux de relations de type primaire. Ce capital social à l'investissement duquel travaille chaque membre produit ses profits, surtout à des moments d'adversité.

En outre, ces associations se posent comme des espaces de prise en charge collective des problèmes communs qui affectent leurs membres et qui ne peuvent être aisément résolus au niveau individuel : inscription et logement des nouveaux venus, hospitalisation des malades, inhumation en cas de décès, etc. Avec les cotisations consenties par les membres, elles fonctionnent comme des caisses de crédits (d'assistance sociale). Aussi, apportent-elles un appui logistique et financier aux membres finalistes en soutenant la réalisation de leurs travaux de fin d'études. A l'honneur des finalistes, elles organisent des réceptions pour célébrer la fin de leurs études universitaires.

Dans cette quête collective des solutions aux problèmes collectifs, elles ne peuvent compter seulement sur les cotisations de leurs membres effectifs que sont les étudiants déjà paupérisés par la crise en cours au pays, elles jouent le rôle de lobby auprès des notabilités de l'ethnie (souvent élevées au rang de membres d'honneur ou sympathisants) en les sensibilisant sur les situations qui les préoccupent. C'est grâce à ce lobbying qu'elles mobilisent l'essentiel des fonds qui alimentent leur caisse d'assistance.

* 12 TREFON T., Ordre et désordre. Réponses populaires à la faillite de l'Etat, L'Harmattan, Paris, 2004.

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