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La conception d'un projet d'établissement: Entre politique, ingénierie et pragmatisme

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par Simon MAMORY
Université de Nantes - Master Pro Direction d'Etablissement ou Organisme de Formation (DEOF) 2002
  

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POUR UNE ÉPISTÉMOLOGIE DE RELIANCE

Nombre d'auteurs affirment une opposition définitive entre deux postures scientifiques : d'un côté le cartésianisme qui a longtemps dominé et fait avancer les sciences occidentales telles que nous les observons et dont nous profitons encore des retombées ; de l'autre, la perspective systémique plus en mesure de comprendre les problématiques complexes. L'attitude observée s'incline souvent du côté de la dénonciation tous azimuts en apportant des jugements fermes au cartésianisme. À notre niveau, nous nous contenterons d'effectuer un petit tour d'horizon sur ces deux grands paradigmes qui s'offrent pour appréhender les phénomènes

qui nous entourent. De là se dégageront logiquement les motivations de notre choix. Il s'agit de

la voie qui correspond le mieux à une meilleure construction de notre modèle de connaissance quant à la question des stratégies susceptibles d'être activées par le manager censé fédérer une équipe autour de la conception d'un projet, et concevoir un projet qui fédère.

I. La logique disjonctive à dépasser

A. Le paradoxe de nos sciences

Pratiquer une science revient à modéliser et interpréter dans l'objectif de rendre intelligible un phénomène. Or, de par ses façons de concevoir ses modélisations et interprétations, le développement scientifique, de ces trois derniers siècles, suscite deux constats incontournables et paradoxaux :

- d'abord, la vitesse à laquelle croissent les progrès scientifiques et technologiques tend à montrer combien ces sciences sont fertiles, et combien le poids des moyens alloués à leur service (de manière générale) prouve l'importance accordée par les sociétés à leur égard ;

- parallèlement, ces sciences et leurs résultats corollaires, les différentes technologies d'une part, les différents modes d'interventions sociales d'autre part, suscitent des

interrogations de plus en plus criantes quant à leur pertinence en matière de résolution des problèmes qui leur sont confiés. Cela est d'autant plus flagrant quand il s'agit de problème touchant directement l'humain et son environnement.

Alors, d'où ressort cette réelle contradiction entre l'évolution scientifique qui court à très grande vitesse et l'inadéquation des solutions qu'elle apporte aux problèmes humains ? Le problème est-il nouveau ? À cette dernière, il semblerait que l'on puisse répondre non, on n'a pas affaire à une découverte. Mais le problème devient de plus en plus aigu. Quant à l'origine de ce décalage, il y a des siècles déjà que des savants ingénieux tels que L. de Vinci, G. Vico, entre autres, ont fait le même constat critique tout en proposant une autre manière de concevoir les problèmes scientifiques. En continuant la litanie des penseurs de même orientation, nous avons plus près de nous G. Bachelard ainsi que tant d'autres que nous aurons l'occasion d'évoquer.

La faiblesse de nos sciences, en particulier celles dites dures ou celles qui s'en inspirent, réside dans leur méthode ; la manière dont l'Occident s'y est pris pour considérer et résoudre ses problèmes. Celle-ci trouve en R. Descartes l'emblème avec une position fondamentale qui consiste à considérer le problème comme existant en soi, donné tel quel par la nature ; puis à le résoudre par découpage en plusieurs éléments disjoints, c'est-à-dire de manière complètement désagrégée. R. Descartes (1637) propose, dans le deuxième précepte de sa Méthode, de "diviser chacune des difficultés que j'examinerais en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre" (réductionnisme). Celui-ci donnerait alors "des longues chaînes de raisons toutes simples" (déterminisme). C'est ce qui s'appelle Modélisation analytique. Cette science se veut objective. En quoi cela constitue-t-il un handicap ? Ainsi considéré, un problème finit par se disloquer et se démembrer en portions élémentaires prises injustement comme autonomes. Il en résulte une illusion de facilité de traitement pour chaque élément. Mais facilité ne signifie en rien pertinence ni qualité puisqu'il

n'y a plus de vue d'ensemble.

En effet, prenons l'exemple du corps humain dont nous avons tous un minimum commun de savoirs partageables. L'application du deuxième précepte de la Méthode cartésienne pourrait impliquer l'apprentissage de l'anatomie uniquement sur un corps inanimé. Seulement avant même d'être disséqué, le corps inanimé engendre l'impossibilité d'observer chaque élément et chaque membre se mouvoir. Le rôle du cerveau en tant que système de commande, la place de la volonté, des schèmes biologiques tels que les réflexes, la concordance

des mouvements, etc. demeurent autant d'aspects anéantis. Il en résulte une vision statique du

corps humain qui n'a pas grand-chose à voir avec le vivant. Rien n'empêche par la suite de

donner vie à ces membres disséqués de façon théorique mais le résultat sera une vision hautement hypothétique et très éloignée d'une observation directe du vivant. Néanmoins, afin d'en apprendre davantage sur le vivant, la dissection assure aussi une importante complémentarité à l'observation pour mieux, par exemple, étudier les mécanismes internes de nos membres.

Un problème humain ou sociétal appréhendé de manière cartésienne a produit tous les modes d'interventions sociales, remplis de grandes volontés politiques dont l'honnêteté

ne peut pas constamment être mise en doute, que l'on connaît en France depuis les années quarante (à la sortie de la Deuxième Guerre Mondiale). Aujourd'hui les politiques de tous bords comme les professionnels de l'intervention sociale ainsi que la société toute entière reconnaissent l'échec des solutions mises en oeuvres. Pire encore, les problèmes s'aggravent. Mais ailleurs en Europe ou en Amérique, la situation n'est guère meilleure.

Un autre exemple relatif au système éducatif français mérite que l'on s'y attarde pour poser juste un élément de réflexion. Face à l'impossibilité d'apporter des réformes

en profondeur à l'Éducation Nationale, quelle que soit la couleur politique de l'équipe gouvernementale à l'origine de l'initiative, chaque protagoniste se trouve entraîné dans des polémiques consistant toujours à mettre en accusation ses contradicteurs pour identifier les causes du mal. Quelque fois pire encore, les débats des initiés peuvent avoir l'air des joutes oratoires entre différentes chapelles philosophiques ou idéologiques totalement déconnectées de

la réalité vécue sur le terrain par les professionnels. Pourtant, cela ne mène à rien si ce n'est à exacerber le corporatisme qui frôle l'extrémisme pour certains, comme la tentation dictatoriale et démagogique croissante des autres78. D'autant que le mythe semble avoir pris place à la dimension politico-historique réelle de la fondation de notre école. Raisonner sur de telles bases

ne peut que nuire à l'objet de sa préoccupation. Et si le problème remontait aux origines même de cette construction de la Troisième République avec le poids des positivistes tels que Rabeau Saint-Etienne bien inspiré par l'emblématique Auguste Comte, pour n'évoquer qu'eux ? Si l'oeuvre de Jules Ferry (le Tonkinois... !) qui a servi à unifier la Nation et à rependre de force -

au nom de l'universalisme - sa supériorité culturelle chez "les peuples inférieurs" était devenu trop obsolète79 pour une société européenne qui encourage l'épanouissement de ses cultures régionales ? Et que dire du système éducatif d'un pays dont l'économie est imbriquée dans une

énorme toile d'araignée nommée mondialisation ou globalisation ? L'histoire de l'Éducation

78 Plus soucieux de laisser des traces dans l'histoire à travers les réformes qui porteraient leurs noms.

79 En dépit des "ré-formes" successives qui ressemblent plus au lifting, aux changements des formes qu'aux redéfinitions

de fond.

Nationale est pourtant émaillée des ré-formes qui ressemblent plus aux modifications successives

des formes qu'à de véritables redéfinitions en profondeur de l'institution. Nous ne prétendons certainement pas posséder les réponses à toutes ces questions, néanmoins, elles valent la peine d'être posées afin que tous, collectivement, l'on s'en saisisse comme pistes possibles à explorer.

Heureusement, après tant de siècles de domination positiviste, des consciences s'éveillent grâce, entre autres paramètres, à nos aînés.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon