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L'identité et le spectacle vivant à La Réunion

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par Virginie Verbaere
Université Aix-Marseille III - Administration des Institutions Culturelles 2004
  

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(d) Les évolutions contemporaines :
Le maloya : messager de l'identité

A partir de 1960, le maloya est de plus en plus reconnu et devient porteur des revendications sociales. Il se transforme alors véritablement en élément de représentativité d'une identité réunionnaise d'autant plus que la politique commence à l'utiliser. Son origine historique dans le chant des esclaves, son rejet par ceux qui voulaient s'aligner culturellement sur la métropole, son caractère spontané et collectif peut avoir un impact sur les électeurs. Dans les années 60, le Parti communiste réunionnais en profite pour relancer le maloya sur une grande échelle. Ainsi, en 1962, relatant un spectacle avec un orchestre de bobres et de caïambes à l'occasion d'un grand bal de l'Union Générale des étudiants créoles de La Réunion, Paul Hoarau écrit : « C'est donc une expression de l'âme réunionnaise, aussi valable que d'autres et que pourtant l'on ne connaît pas et que l'on voudrait ne pas faire connaître aussi. La démonstration de samedi soir a provoqué un choc, certainement, et fait découvrir à certains Réunionnais l'existence d'autres Réunionnais, frères mais combien différents. »92(*)

Après cette période de reconnaissance on va jusqu'à introduire dans les paroles du maloya des thèmes politiques et des problèmes d'actualité: revendications sociales, autonomie, émigration, etc.

Le « séga réunionnais » en revanche a connu un autre sort. Après la départementalisation, la composition des orchestres est modifiée avec l'introduction massive de phénomènes musicaux extérieurs. Les paroles sont de plus en plus francisées. Les ségas deviennent alors de véritables chansons acceptables partout tout en évoquant les aspects typiques de la vie réunionnaise.

Le Maloya d'aujourd'hui

Le changement le plus important se situe au niveau de la représentation d'une identité réunionnaise. Si le séga primitif était par définition « l'apanage des Noirs », on considère le maloya comme « musique de classe » en postulant que la forme d'expression des seuls prolétaires noirs de jadis peut exprimer les revendications de tous les prolétaires d'aujourd'hui.

On assiste à diverses réactions. Des troupes folkloriques redécouvrent le maloya et portent leurs efforts sur la recherche de paroles sans connotations politiques. Elles vont en faire un spectacle à vocation touristique.

Dès la fin des années 70, des troupes de jeunes issues du milieu associatif et urbain remplacent progressivement les groupes ruraux, à caractère familial, généralement constitués autour d'un ancien, détenteur de la tradition (par exemple la famille Viry, Daniel Waro, Gramoune Lélé). Le maloya trouve alors pour un temps une diffusion très large sous une forme encore traditionnelle. Cependant après cette période de redécouverte, le phénomène s'essouffle car les artistes et leur public deviennent plus sensibles aux musiques extérieures.

De nouveaux métissages s'opèrent: on allie les guitares électriques et la batterie de la musique « pop » tout en conservant le rythme de base. Les paroles ne sont plus improvisées mais véhiculent une quête d'identité culturelle des jeunes générations. Les thèmes expriment les problèmes de la société et les lieux d'expression changent. On conserve cependant le mot kabar pour ce type de spectacle. L'aspect dansé n'est plus du tout fixé par la tradition et on bouge sur ce maloya électrifié comme sur les autres rythmes.

Le pionnier du genre est le groupe «Ziskakan » aux opinions politiques engagés. Il a d'abord été freiné par l'indifférence des médias et par l'hostilité des autorités. Pourtant, son travail opiniâtre de militantisme culturel portera finalement ses fruits.

A partir de ce moment, il est évident que l'on ne peut plus parler de musique traditionnelle mais plutôt de nouvelle musique réunionnaise à bases traditionnelles.

* 92 HOARAU P., Article séga-maloya, Le Progrès 4 sept. 1962, cité par LA SELVE J-P., 1995 : Musiques traditionnelles de la Réunion, Azalées Ed, 271p.

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