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Le sound design musical des lieux publics haut de gamme

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par Benoit REBUS
Institut International de l'Image et du Son - Master of arts, spécialité SON 2007
  

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3. Application actuelle en situation (constatations et propositions) 3.2 Georges, Hilton, Maison Blanche...

Ici, je vais exposer une partie plus personnelle dans le sens oü ces lignes racontent mon expérience grandissante en tant que Dj dans divers lieux parisiens. Mon activité de dj est à mettre en étroite corrélation avec le sound design. En effet, le fait de se produire en direct devant un public, dans un endroit et un contexte précis induit une notion de sound design.

Tout d'abord, je désirerai expliquer les «différents mondes» du djing. Normalement, la tâche d'un Dj renommé qui mixe à travers les clubs du monde entier est la suivante : faire venir du monde avec son nom et satisfaire l'attente des «fans». A partir de là, le Dj se rend dans l'endroit dans lequel il est booké, puis il joue la musique pour laquelle il est reconnu sans réellement se soucier de l'environnement qui l'entoure. D'ailleurs ce n'est, à priori pas ce que l'on lui demande puisque si on le fait se déplacer c'est pour avoir ici ce qu'il fait ailleurs. On est alors dans une logique assez fermée. Maintenant si vous prenez un Dj de restaurants et bars dit «lounge», sa démarche est tout à fait différente. Il sait que l'on fait appel à lui parce qu'il a fait plus ou moins ses preuves ailleurs, et qu'il sait aussi que ses preuves sont basées sur d'autres critéres que d'attirer du monde uniquement avec son nom et de les faire danser.

Le fait est que dans ce milieu, aucun Dj n'a véritablement de «nom». Seuls peut-être, Stéphane Pompougnac, Dj à l'origine de la renommée mondiale des compilations COSTES, vendues à des millions exemplaires aujourd'hui (9 volumes sortis) et Michael Canitrot, Dj de la «Mezzanine de l'Alcazar» qui a lui aussi vendu des centaines de milliers de compilations (5 volumes sortis). A l'heure actuelle, ces «noms» ne se produisent quasiment plus dans les lieux qui ont fait leur réputation, un comble ! Ils sont trop occupés à voyager pour répondre aux demandes de bookings extérieurs, déclenchés par la vente de leur CD.

Revenons donc aux autres Dj, ceux qui attendent encore - ou pas -, leur heure de gloire. Que font-ils pour être invités à mixer toutes les semaines, voir tous les jours, si ils ne font pas danser les gens ?? Et bien, leur art repose justement sur cette notion d'adaptation qu'est le sound design. Cette situation est la mienne. J'ai eu la grande opportunité de jouer dans l'un des trois meilleurs restaurants Costes, à savoir le «Georges». Il est intéressant de comprendre ce que cet endroit à déclencher en moi. A la base je n'étais pas plus penché que ca sur le sound design, j'aspirai même plus à me produire en «club», là oü les gens dansent. Il a alors bel et bien fallut une rencontre forte pour que je prenne conscience du travail à fournir dans ce type d'endroits.

Cette rencontre c'est le «Georges». J'ai faconné ma programmation musicale au fur et à mesure de mes dates, et aujourd'hui encore. Un lieu pareil ne s'appréhende pas en une visite, il faut le regarder de prés, le vivre, comprendre son rhythme, ses acteurs.

Si l'on commence à parler de musique, nous entrons dans un territoire vierge qu'il s'agit d'appréhender délicatement et de maniére plus ou moins raisonnée. La notion de programmation musicale, de «mix» ou encore de «set» fait intervenir à la fois des qualités d'écoute, de concentration, de culture et bien sur, de temps. Evidemment plus les jours passent et plus ces facteurs deviennent complexes. Je ne me suis pas amusé à compter le nombre d'heures passées les oreilles rivées sur un casque à découvrir, déchiffrer, triturer la musique, mais tout ce temps commence à devenir assez important et d'ailleurs il paye puisque je me produis maintenant presque toutes les semaines.

Je me retrouve ainsi dans un espéce de cercle vicieux du plaisir de la musique qui me pousse à plus forte raison d'écouter encore et toujours plus de choses, car un DJ doit aussi se renouveler pour rester dans la course.

Pour décrire un peu ce mode de vie, je pourrais vous faire part de mon angoisse avant chaque date qui frole parfois la parano
·a, en me demandant si j'ai assez de disques, assez de musique fraichement débusquée avec moi ? Si je vous laissais jeter un oeil dans mon sac, je pense que vous me feriez immédiatement interner, puisque j'ai de quoi jouer non-stop durant une semaine entiére si je voulais ! Mais le fait est que je n'ai que 4 heures à tenir et ces 4 heures doivent être à la hauteur du lieu dans lequel je me produis, des personnes pour lesquelles je travaille et enfin pour ma réputation même. Et c'est d'autant plus dur qu'un set de 4 heures signifie une progression certaine de l'état général du lieu, des personnes qui m'écoutent et de moi même.

En général, je suis plutôt bon dans la première heure et demie suivant mon arrivée car j'ai l'esprit clair, les idées fixes, bref je me sens bien ! J'arrive alors à créer une véritable atmosphere en mélangeant uniquement mes derniéres trouvailles comme pour rafraichir un peu ma sélection. Je fais alors évoluer la musique d'une proximité extrême, trés intime, chaleureuse à quelque chose de plus aéré, prenant plus d'ampleur. Ensuite je me repose un peu en jouant des choses qui sortent un peu de la logique du set et qui correspondent plus ou moins aux attentes du lieu, même si cela est trés cliché disons que je prend moins de risque comme pour me racheter de ma première partie un peu moins facile d'accés. Pendant une demie-heure je change un peu la tendance comme si l'on entrait dans une nouvelle piece, dans une nouvelle ville, dans un nouveau pays ou bien dans un nouveau chapitre de roman, puisque c'est bien une histoire que l'on raconte à travers la musique, cette notion trés chére à Laurent Garnier, meilleur DJ du monde pour certains en tout cas reconnu comme l'initiateur des musiques électroniques depuis 20 ans.

«La musique serait une facon de raconter une histoire autrement que
par des mots.»45

Perceptions

Une des valeurs fondamentale de la musique est le partage et l'échange. En tant que DJ, je dirai que c'est l'une des raisons premières de notre activité et à plus forte raison, en ce qui me concerne. Si je me tracasse autant, si je suis aussi consciencieu c'est d'abord parce que j'ai envie de faire plaisir aux gens qui sont contraint de m'écouter - en tout cas pour l'instant car je ne peux pas vraiment me vanter d'avoir un fan club prêt à se déplacer à chacun de mes sets! - Les conditions dans lesquelles je me produis la plupart du temps sont trés particuliéres. En effet, nous ne sommes pas dans une situation oü les gens viennent écouter de la musique mais bel et bien celle oü des personnes viennent d»ner ou prendre un verre dans un bel endroit. Bien sur ils se doutent qu'il y aura de la musique, mais quelle musiqueÉ?

Il y a donc dans ce contexte une part importante de réflexion quant au rTMle que l'on a, au milieu de tout ca. Trés vite des complexes peuvent apparaitre. Complexes d'infériorité par rapport au prestige du lieu, aux gens qui le fréquente, bref vais-je être à la hauteur musicalement ?

Pour y répondre, je vais relater plusieurs histoires, commentaires, compliments... commencons par celle qui me tient le plus à coeur. Cet été, un américain de la Nouvelle-Orléans d'un certain %oge vient me voir une aprésmidi ou il faisait particuliérement beau. Il a l'air plutTMt content de Paris, du «Georges» et de l'ambiance que j'ai créée. Je lui demande d'oü est-ce qu'il vient et il me raconte un peu son histoire d'un ton à la fois enjoué et ironique. Il est en fait professeur dans une université de la Nouvelle-Orléans, sa maison a été détruite par Katrina, en compensation, l'Etat Américain lui a offert un an de salaire. Il est donc à Paris pour un tour d'Europe qu'il s'est offert aprés la catastrophe. On parle un peu musique locale, et je sens qu'il a trés envie de me faire conna»tre un groupe d'amis musiciens à lui dont j'ai oublié le nom. A sa grande surprise j'accepte et branche son ipod. C'est un big band assez festif. Sa musique se propage alors dans le restaurant et sur la terrasse, il réalise et est ravi : «Si je leur dit oü est-ce que leur musique est passée à Paris ils ne me croiront pas !», me confie-t-il.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe