WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le sound design musical des lieux publics haut de gamme

( Télécharger le fichier original )
par Benoit REBUS
Institut International de l'Image et du Son - Master of arts, spécialité SON 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1. Le Sound Design 1.3 Motivations

Il suffit de rentrer dans le premier magasin venu pour constater que de la musique y est jouée. On s'apercoit alors que cette musique est diffusée à un volume plus ou moins important suivant l'endroit et donc déjà, le contexte dans lequel elle se propage. Combien de fois sommes-nous Ç agressés È par le choc auditif que provoque l'intensité sonore d'un magasin.

Alain Médam a ces quelques mots à propos de l'agression permanente que provoquent les bruits : «Que vaut la musique, encore, lorsque les bruits du monde sont si assourdissants, si angoissants, qu'ils rendent dérisoires ce qui ne relève pas de la discorde ? Que vaut tel accord en un monde oü le désaccord règne en maître ?» 7

Dans le volume sonore général d'un magasin, il y a cependant celui de la musique. La question du contenu musical se pose dès lors. Ceci dit, un fort volume peut s'avérer tout à fait cohérent et donc moins nous choquer. En effet, allez chez Ç Pimkie È et vous constaterez que la musique est objectivement forte mais subjectivement, sans plus, puisque nous sommes dans un endroit fréquenté par des adolescents qui aiment être dans cette ambiance un peu bruyante. L'aménagement intérieur rappel d'ailleurs quelque part celui d'une discothèque (promiscuité avec les autres, rampe de spots au plafondÉ). Encore une fois, cet exemple est clairement celui que l'on met de côté ici, car bien trop facile à réaliser, prenez le premier Ç hit des clubs È de province et vous avez le track listing de ce genre d'endroit.

A l'inverse, chez Ç H&M È un samedi après-midi, la musique est démesurément forte car l'endroit ne rappel pas dutout une discothèque ou une salle de concert, mais évoque plutôt un style classique et pas tape à l'Ïil (étagères en bois, murs blancs, parquet au solÉ). Dans ce cas, on est vraiment choqué par l'importance que prend alors la musique. Il est convenu qu'un samedi après-midi à l'heure de la plus importante fréquentation de la semaine, le client doit être maintenu dans un état d'excitation frénétique pour acheter toujours plus, et ce conditionnement passe bien évidemment par la musique. Nous verrons plus loin, comment la musique déclenche des réactions internes chez le visiteur - et non pas consommateur, puisque mon propos n'est pas de l'ordre du marketing -, à nouveau, ceci est un exemple de ce dont je cherche à m'éloigner en évoluant dans l'univers du haut de gamme. En attendant, voici un schéma décrivant les influence déclenchées chez le consommateur dans un environnement de ce type d'après Sophie Rieunier.

Dans une seconde approche, on remarque que la programmation musicale varie d'un endroit à l'autre. La plupart du temps, les cha»nes de magasins se contentent de se caler sur la fréquence radio qui joue de tout et n'importe quoi à tout heure de la journée : NRJ. Ainsi ils sont sur qu'au moins un morceau diffusé touchera au moins un de leur client, tellement la rotation interne de la programmation de la radio et du magasin est grande et disparate. Adorno est d'ailleurs trés clair par rapport à ce genre de pratique :

«Avec leur liberté de choix et leur responsabilité, les sujets écoutants perdent non seulement la possibilité d'une connaissance pleinement consciente de la musique, capacité qui a de fait toujours été limité à des groupes restreints, mais, dans leur réticence, c'est la possibilité même d'une telle connaissance qu'ils nient. (É) Leur écoute est atomisée. (...) Le rTMle que joue la musique de masse actuelle en contribuant à faire le ménage dans la tête de ses victimes est lui aussi régressif. On ne détourne pas seulement les masses des choses plus essentielles, on les confirme aussi dans leur bêtise névrotique.»8

Agir ainsi, c'est ne pas prendre en compte l'environnement sonore de son magasin, les produits que l'on y vend et surtout son image même de marque. Cette démarche est aux antipodes de celle que je me propose d'effectuer dans mon mémoire. C'est pourquoi je m'oriente vers l'étude de lieux trés précis, ceux dans lesquels à priori la musique est étudiée de maniére plus approfondie et sophistiquée étant donné la qualité des produits que l'on y trouve, la clientele qui les fréquentent et surtout le lieu en soit qui peut s'avérer être une unique création architecturale.

Georges // Paris

Il faut bien comprendre ici que je ne dénigre pas la Ç programmation musicale de masse È, je me rappelle d'un débat que nous avions eu avec mes futurs associés et les personnes de la SCPP9, concernant le talent des programmateurs musicaux. Lorsque nous essayions de mettre en valeur nos talents de sélecteurs musicaux gr%oce aux enseignes pour lesquelles nous travaillons (Costes et Hilton notamment), on nous répondait que la personne qui choisissait la musique des hypermarchés revendiquait aussi son talent, seulement, de mon point de vue, cette musique là demande tout de même moins de recherche en termes de contenu et de cohérence que celle que nous nous efforcons à dénicher pour nos employeurs. La musique de supermarché est bien plus accesible dans la mesure oü ceux sont la plupart du temps des classiques pop/rock entendus et réentendus des centaines de fois par des milliers de gens.

Cette musique n'a d'autre but que d'enfermer son auditeur dans une espéce d'auto-satisfaction qui ne pousse en rien à la découverte d'autres musiques et donc d'autres artistes.

Si je ne choisi pas cette voie c'est justement pour ouvrir les auditeurs à autre chose que cela. Je suis convaincu qu'installer la personne qui écoute, ou du moins vous «entend», dans un confort d'écoute cohérent avec le lieu et la marque pour laquelle il se déplace puis l'ouvrir à d'autres spheres musicales sans pour autant le choquer et donc le faire fuir, est grandement favorable à tous.

Suivant l'effet que la musique choisie de manière globale provoque chez l'auditeur, on peut imaginer qu'il restera plus longtemps dans l'endroit, profitant de cet instant d'intérêt musical jusque là insoupconné - même si il ne le cherchait pas forcément, quand il est dedans, il prend conscience d'avoir découvert quelque chose - je suis intimement persuadé que ce travail est d'autant plus valorisable lorsqu'il s'applique à des lieux prestigieux qui exigent une prestation d'exception à tous les niveaux, et donc musicalement. Les personnes qui gèrent ce types d'endroits ont conscience que chaque composante de leur image joue un rTMle déterminant dans la perception globale qu'on leurs clients de leur marque, mes choix musicaux et à plus forte raison ma conscience de l'envergure de la question est là pour la valoriser.

Attali a cette définition de la musique qui véhicule bien les idées que j'essaie d'y faire passer :

«La musique est à la fois théorie pure, mode d'expression sociale, et durée, dépassement et distraction, prière et commerce. Information (insaisissable), matière (échangeable), et temps (énigmatique). Elle renvoie par là à la triple dimension de toute oeuvre humaine : jouissance du créateur, jubilation du spectateur, source de pouvoir du messager.» 10

10 Jacques Attali Bruits, Fayard, 2001 (p.19)

2. Recherches théoriques

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand