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Approche des représentations du "participatif" des journalistes des sites indépendants d'information @rrêtsurimages et Médiapart

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par Claire PHILIPP
EAC - Master de Manager de projet culturel 2009
  

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5.2.3. Entre projection e t desillusion des atten tes journalistiques : le role marginal des internautes.

Daniel Schneidermann dit en general employer le terme d' « abonnes » pour designer les Internautes. 0r cette notion renvoie a deux significations, celle de client puisqu'il avance de lui meme « Apres, ca veut pas dire que ca nous place dans une situation totale d'independance. On est dependant de nos abonnes. ., mais aussi la signification d'adhesion a un groupe que vehicule encore davantage l'appellation specifiquement cree d'asinautes129. De meme en reaction aux annonces de certains abonnes de quitter le Club, son animateur ecrit :

« un compliment, puisque dire que l'on quitte Mediapart, c'est en parler comme d'une identite affective (un parti, un mouvement, une association,

un couple, etc.) dont les liens depassent ce qu'offre ordinairement un media, la simple consommation d'informations. Cela signifie que notre pari d'inventer un media participatif et contributif, d'un genre inedit, a mobilise et attire une partie de ceux qui nous ont permis, jusqu'ici, de durer. .130

Ce dernier point renvoie quelque part a une idee de communaute federee autour d'un organe central dont on reconnalt l'autorite puisqu'on accepte de la payer. Alors que D.S. dit avoir ete entre autre attire par l'aspect « horizontal . et non plus vertical des rapports du journaliste au public, il rappelle avec force qu'au bout du compte cette egalite dans l'echange a une limite très claire quant aux orientations du projet et a la ligne editoriale du site.

Daniel Schneidermann signale que certains ont essaye de faire du « chantage au desabonnement ., « Ce qui [l']a amene a un moment a mettre les choses au point avec eux. », comme suit :

- et a leur dire vous etes bien gentils, mais les patrons c'est nous ! Ceux qui font le site c'est nous ! On est dans une demarche de... de dialogue avec vous, de discussion avec vous dans les forums, d'appel a vos suggestions etc. mais en dernier ressort, ceux qui decident de ce qu'on met en ligne et de ce

129 Appellation courante des abonnes d'arretsurimages.net, utilisee par la redaction et les internautes eux-meme.

130 « Les Regles de notre Club ., Animateur du Club, Mediapart, 28.04.09, http://www.mediapart.fr/club/blog/animateur-du-club/280409/les-regles-de-notre-club

qu'on met pas en ligne c'est pas vous. Ceux qui choisissent les sujets c'est nous, c'est pas vous. »

Plus loin dans notre entretien il ajoute suite a une question sur l'eventuelle dimension militante d'arretsurimages.net :

3 si militant veut dire qui milite pour que les consommateurs de medias puissent acquerir une certaine mattrise sur la maniere dont ils consomment les medias. Ca oui, on milite pour ca, on milite pour rendre du pouvoir au public sur les medias. .

La encore on bute sur la volonte d'investir Internet pour que le public ne soit plus uniquement cantonne a ce role, mais puisse egalement interagir dans la production d'information, contribution percue comme enrichissante par les journalistes. 0r le paradoxe est maintenu puisque la dimension reellement participative d'Internet ne semble avoir ete integree qu'en contre-point a la publication journalistique professionnelle comme le montre les rapports de domination qui se dessinent dans son processus de production au sein du site Asi.

Lorsqu'a l'occasion d'une emission . making off . d'arretsurimages.net, Daniel Schneidermann exprime sa deception quant au peu de participation des internautes sur les forums

3 Ca participe pas des masses, ca vote pas des masses, je sais pas pourquoi. Je pensais que cela voterait plus [...] Toute la dimension communautaire est une dimension a laquelle les internautes n'ont pas tellement mordu. On

pensait vraiment que vous alliez vous precipiter davantage sur l'aspect communautaire et par exemple sur ces votes. Et en fait, vous vous etes [...] revelez beaucoup plus consommateurs et beaucoup moins « participatifs » si j'ose dire, que l'on ne pensait. *131

Hurluberlu, un asinaute « temoin . invite sur le plateau, se demande alors si cela n'est tout simplement du au fait que l' « irrigation . du site n'est pas suffisamment developpee. Autrement dit, si l'equipe redactionnelle intervient parfois dans les forums, ces derniers constituent plutot une face cachee qui n'est la qu'en reaction des contenus, mais qui n'interagissent pas reellement avec le reste du site. Cet exemple montre a quel point la question de la cooperation des internautes depend de multiples facteurs, dont celui de leur integration a la demarche d'ensemble du site par la redaction.

131 Extrait de l'emission . Nous cherchons un canal de diffusion pour nos emissions ., du 18.07.08,
22eme minutes, http.// www.arretsurimages.net/contenu.php?id-1000

De même, Pascal Riche de Rue 89 affirme dans l'emission Masse critique132 : « quand on s'est lance il y a deux ans, on pensait que le journalisme citoyen, ca pouvait effectivement exister . ; sur quoi Frederic Martel intervient pour dire que desormais il n'a plus que deux voix desormais contrairement a ce qu'annocait l'ambition initiale de Rue 89. Le web journaliste retorque :

« Non, non, ce n'est pas vrai, on utilise les ressources des internautes, mais on se rend compte que les internautes n'ont pas envie d'être journalistes. [...] Ils ont envie de participer, de nous donner de informations, des expertises, des temoignages, mais ils n'ont pas forcement envie d'être des journalistes citoyens. Donc, on se rend compte que c'est un peu une tarte a la crème qui a vecu cette histoire de « citizen journalism » et cette id~e que l'on peut se passer de journalistes >.

L'autre invite de cette emission est l'un des jeunes fondateurs du site Street Reporters133, un site participatif qui se veut le journal « de [sa] generation . en aidant techniquement et theoriquement les internautes a monter leur reportage (venant ensuite alimenter le site).

La confrontation de ces deux demarches differentes pose la question de savoir si la participation des internautes ne serait pas dans une certaine mesure freinee par la barrière du savoir-faire technique (montage video, traitement post production du son, mise en ligne d'un article...). Le fait d'être internaute, et donc d'être equipe, n'implique ni d'être capable de publier un contenu, ni par ailleurs de se sentir legitime pour le faire134.

La participation sur un site au modèle « mixte . (professionnel et amateur) est vue par Pascal Riche comme une source d'information pour les journalistes et de reaction aux publications de ces derniers. ll n'y a pas de reelle collaboration au sens de « travail en commun . et d'accompagnement des internautes. 0n attend de ces derniers qu'ils soient autonomes dans leur production, realisee en parallèle,

132 Chronique de Pascal Riche, « Masse critique ., 23.05.09, France Culture,

http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/masse~critique/index.php

133 http://www.streetreporters.net/

134 Cela relevant d'une etude des pratiques et des representations des internautes participants, nous n'aborderons pas plus avant cette idee de « fracture numerique ..

mais non . avec . la rédaction. Cela pose la question de savoir jusqu'à quel point on peut intégrer les contenus amateurs a un site, sans pour autant comprendre le processus de travail dans sa démarche et son fonctionnement.

Le journaliste constate que les internautes ne . veulent pas . etre journalistes au sens professionnel du terme, ce qui justifie le fait que l'on n'intègre leur production qu'à titre de complément accessoire ou de matière première. Il n'est pas envisagé, non pas de les . former . pour qu'ils deviennent des . petits soldats >135, mais d'accompagner les internautes dans leur démarche de participation afin de rendre celle-ci pleinement possible. 0r, si on part du principe que le journalisme est un métier qui requiert des compétences, comment prétendre a une information . a trois voix ., la troisième voix devant etre assurée par des amateurs quasiment au même titre que les journalistes et les experts.

Ce débat reflète bien l'ambivalence que suscite la projection des représentations que les web journalistes ont des attentes des internautes en matière de participation au processus de production de l'information. 0n peut supposer que ce relatif désenchantement des sites . pure players . vient peut etre du fait qu'ils ont en partie adhéré a l'utopie web 2.0 et preter de ce fait des intentions d'imitation journalistique aux internautes. En effet, comme nous l'avons vu pour le cas des bloggers, ces derniers n'aspirent pas a etre reconnus en tant que journalistes et refusent de présenter leurs publications comme une production appartenant a ce champ.

L'intuition initiale de ces sites était que les internautes voulaient s'inscrire dans une démarche similaire a leur propre travail de production de l'information sans réellement analyser les pratiques et la culture ayant court sur le web. Et si, finalement cet engouement, puis cette désillusion, de la profession quant a l'implication des internautes tenaient plus a leur volonté de .réformer . le journalisme et de trancher avec leur pratique de la presse papier.

Au dela de la possible influence du discours techniciste ambiant, les initiateurs des
sites indépendants d'information semblent avoir accentué exagérément ce
mouvement comme pour mieux marquer leur . virage au numérique . a titre

135 En référence a : RUFFIN Francois, Les Petits Soldats du journalisme, Paris, éd. Des Arènes, 2003, 250 p.

personnel et appuyer ainsi leur rupture avec les médias traditionnels dont ils sont issus. La passage au numérique, avec toutes les possibilités d'interaction que cela comporte, impliquait que soit faite une nouvelle . promesse . (au sens marketing du terme), comme pour justifier un positionnement de rupture (Média-part) et une forte adhésion du public via un esprit communautaire.

Par ailleurs, si on extrapole ces cas, on peut se demander dans quelle mesure la collaboration est freinée, consciemment ou non, par les web journalistes. Car si les journalistes ont beaucoup attendu des internautes en matière de fréquence de production et de type de contenus, leur choix de mode d'intervention et la place des internautes semblent en même temps susciter des inquiétudes.

Tristan Mendès France avance au sujet de la réaction des professionnels face aux publications amateurs que les journalistes . se sentent plus dépassés que menacés . par les UGC et que leur inhabilité a gérer ces derniers provient davantage d'un retard en terme de culture web qu'une véritable hostilité. Ces moyens de s'informer peuvent même être percus comme stimulant au point de vue journalistique, mais cette approche de la participation des internautes renvoie la encore a leur caractère accessoire au travail du journaliste qui reste quant a lui prédominant.

Daniel Schneidermann pense ainsi que le role attendu par les internautes a l'égard du journaliste est de trier et hiérarchiser l'information pour le guider dans l'offre pléthorique a laquelle Internet lui permet d'accéder pour une question d'économie de temps notamment, mais aussi de savoir-faire et de fiabilité. Il se positionne ainsi comme un médiateur nécessaire entre les internautes et l'information sur le web. Ce cas de figure confirme ici la thèse de Clay Shirky qui avance que les membres d'une institution hiérarchisée vont toujours rappeler le caractère essentiel de leur role même au sein d'une organisation distribuée, ne reconnaissant pas la validité de cette organisation.

Si les internautes sont peu enclins a fournir du contenu journalistique comme l'avance certains web journalistes, on peut toutefois se demander si ce constat ne vient pas davantage du fait de la mixité du modèle de leurs sites. Ces derniers font peut être prédominer la production des journalistes du fait même de son

organisation preetablie par ces derniers et qui vient s'imposer comme un cadre a des internautes qui s'impliquent alors moins.

Cela revient la encore a revenir a l'impossible fusion de structures organisationnelles qui relèvent de cultures et de processus differents. Les journalistes en tant que membres d'une organisation hierarchisee « attendent . une certaine production des internautes. Ces derniers agissent quant a eux de manière assez hieratique et forment ainsi un ensemble de productions heterogènes se structurant de manière informelle selon la logique de l' « interaction interpersonnelle . (billet > commentaire/vote/trackback > reponse...) propre a la logique de cooperation volontaire du web. Ce qui forme un mouvement perpetuel de va et vient aleatoire qui peut donc sembler peu maitrisable, voire insatisfaisant, mais qui n'apporte pas « rien » a l'ecosystème informationnel.

La question est de savoir dans quelle mesure le système journalistique peut integrer ce mode de fonctionnement dans sa propre conception, car le simple fait d'être sur Internet et de mettre en place des outils n'implique pas forcement un changement de paradigme mediatique.

Le terme de « maniere [de] consommer les medias . que Daniel Schneidermann utilise lorsqu'il evoque la dimension militante d'arretsurimages renvoie bien au fait qu'Internet est percu comme un canal permettant la diffusion d'informations contre-hegemonique aux medias de masse. Internet ne semble pas constituer de pas pour autant un veritable lieux d'experimentation quant aux procedes et de remise en question de ses finalites.

Si on se refère a l'analyse d'0livier Blondeau, le site d'Asi serait assimilee aux :
« tenants de la « critique des medias . [... qui] s'inscrivent dans une

demarche de contre-information passant par la conquete d'espaces et d'outils de prise de parole et de diffusion au sein meme du système mediatique tel qu'il existe136 ..

Demarche qui s'oppose a celle des tenants de la critique communicationnelle qui :

136 BL0NDEAU 0livier, Devenir media, l'activisme sur Internet, entre defection et experimentation,

aris, editions Amsterdam, 2007, p. 95.

3tentent de repenser a (a fois (es dispositifs socio-techniques ou techno- po(itiques de production et de diffusion de ('information et (a nature même de ('information, son statut et ses fina(ités dans une société marquée par (a prédominance des médias de masse et (eur soumission au pouvoir

dominant.137 »

Cela rejoint la logique de . Don't hate the media. Be the media »138 selon laquelle devenir soi-même le média que l'on critique est le seul moyen de constituer . une source crédible et audible d'information ». 0r, le fait que le site d'Asi soit né suite a l'éviction de Daniel Schneidermann de l'antenne de France 5 et sa volonté de poursuivre son projet ailleurs pour en découvrir les nouvelles possibilités multimédia, de format et d'outils d'interaction au public (« Ca m'excitait intellectuellement de continuer sur un support nouveau qui soit un site Internet ») correspond bien a ce qu'0livier Blondeau appelle une . différenciation sectorie((e, p(us qu'une recherche de singu(arité novatrice de formation, de création de nouveaux médias139 ».

*****************************

Il semblerait que preter aux web journalistes comme ambition initiale de faire du « citizen journalism » et du « web 2.0 » serait trop hfitif, bien qu'ils leur arrivent d'évoquer Internet comme un média horizontal. Au contraire, leurs discours témoignent davantage d'une sorte de réticence et d'une volonté de garder la production journalistique au cceur du site en le séparant distinctement des interfaces participatives. Les contenus générés par les utilisateurs (UGC) viennent alors en réaction (contre-point, complément, correction, expression d'opinions ou d'expériences personnelles...) et mettent ainsi en valeur l'information en permettant une implication et une proximité du lecteur. Cela a l'avantage de fédérer une communauté d'internautes qui soutiennent le journal et valide par son

137 Ibid.

138 44 Ne détestez pas les médias. Devenez les médias », cf. Jello Biafra et actuel slogan d'Indymedia, http://www.indymedia.org/fr/

139 Ibid.

adhésion la qualité des informations mises a sa disposition la plus part du temps par l'abonnement et le vote de recommandation.

Mais, cette participation que l'on peut qualifier de . douce . (dans la mesure oil il ne s'agit pas a proprement d'une production de contenus) constitue une majorité silencieuse qui interpelle les représentants de ces sites. Comme l'a fait remarquer Daniel Schneidermann, une grande partie des abonnés d'Arrêt sur images ne viennent que sporadiquement sur le site et ne participent . pas des masses . selon ses propres termes.

Le Directeur d'Arrêt sur images semble attribuer cette passivité a la migration de son émission sur Internet et au fait que beaucoup d'anciens asinautes ne sont pas coutumiers de l'utilisation de ce médium, d'oil une stratégie de . délinéarisation . (Canal 94 de la Freebox). 0r, si on retourne la question, on peut s'étonner que l'émission n'ait pas davantage attiré un nouveau public du fait même de son médium, a savoir les internautes, et que ce journaliste s'inquiète davantage de la 3 transhumance numérique . de ses anciens téléspectateurs.

De même, Médiapart s'inquiète du fait que le Club commence a être accaparé par un petit nombre de contributeurs, qui le . squattent ., voire le . trollent ., ce qui remet en cause l'hétérogénéité représentative du journal notamment d'un point de vue politique. La crainte sous jacente est que le Club ne devienne un lieu oil celui qui criera le plus fort sera le plus entendu et la rédaction est donc la pour modérer.

0n peut toutefois supposer que cela vient davantage du fait que le Club n'a pas atteint une masse critique qui permette qu'une autorégulation s'installe grace a une hétérogénéité plus grande. En effet, si l'accès aux publications du Club est libre, la participation constitue un . plus produit . et n'est possible que pour les abonnés. La encore cela révèle un paradoxe dans la mesure oil, si les contenus ne font pas partis de l'offre payante, c'est qu'on ne leur accorde pas la même 3 valeur informative » que le journal, mais participer est un service que l'on paye au même titre que ce dernier. La production amateur valorise le site, mais pas le journal. C'est en quelque sorte du crowd sourcing indirect, dans la mesure oil si la plus value des UGC en terme informationnel est accessoire au journal, ils

constituent tout de même un argument promotionnel (« Profitez des services du Club >).

0r, si l'on revient a la définition du crowd sourcing, il s'agit de faire appel au travail d'internautes pour ensuite valoriser de manière marchande le trafic généré, en général par la vente d'espaces publicitaire, en l'occurrence par la vente d'abonnements. Et si l'on argue que le Club représente un facteur minime dans la « décision d'achat . et que c'est bien le contenu du journal qui est déterminant, pourquoi ne pas le laisser libre d'accès ? Parce que cela permet de fédérer une communauté d'internautes « captifs >. Mais en même temps, celle-ci ne constitue un réel soutient au site que si elle atteint une certaine visibilité. De plus, la fermer restreint la possibilité d'augmenter cette dernière et rend son contenu moins attractif, ce qui a tendance a nuire a son principe même.

Par ailleurs, permettre que l'on puisse y participer gratuitement impliquerait en partie une autonomisation du Club. Cependant, les blogs doivent entrer plus ou moins dans la ligne éditoriale du journal et doivent en quelque sorte agir en réaction de ses articles. Cependant, on pourrait imaginer que, si le fait d'avoir un blog soit payant, le fait de les commenter ne le soit pas, mais ce sont souvent les bloggers qui réagissent aux posts de leurs pairs et cela ne résoudrait pas le syndrome du vase clos.

Dans ce cas, soit la modération se fait plus stricte (ce qui n'est pas le parti pris de Médiapart jusqu'à présent), soit la participation au Club devient libre et on élargi la vocation du Club a une réelle fonction de plate-forme de blogs. Cela aurait le mérite de pousser le concept de la double fonction du site (journal et hébergeur d'UGC) jusqu'au bout.

A contrario, on pourrait penser qu'il s'agirait plutot d'« irriguer . davantage ces sites selon les termes d'un asinaute (cf. Hurluberlu). Autrement dit de les associer plus étroitement a la démarche du journal en les impliquant davantage dans les décisions et en les accompagnant dans la production commune de l'information. Cela reviendrait a creuser l'idée des Editions participatives de Médiapart, sortes de blogs animés en collaboration avec des abonnés et chapeautés par un journaliste de la rédaction autour d'un thème. Permettre aux internautes de s'associer au

travail de la rédaction constitue un risque sur plusieurs plan, notamment celui de la légitimité journalistique et nécessite de fait un parti pris prononcé comme c'est le cas d'Agora Vox.

Cela implique aussi que les journalistes acceptent de collaborer avec des amateurs et un travail de proximité sans pour autant avoir un parti pris pédagogique aussi fort que celui de l' . école du Bondy Blog >140 par exemple. Les rencontres et les journées portes-ouvertes qui ont eu lieu a Médiapart semblent aller dans le sens d'un dialogue plus prononcé entre la rédaction et les bloggers, mais davantage en ce qui concerne l'optimisation du Club qu'une réelle association. Mais ce type propositions pourrait etre percue par les bloggers comme un volonté de main mise sur le Club et pose la question de l'échelle de ce genre d'initiatives. La rédaction étant restreinte, cela impliquerait un réel investissement de la part de l'équipe. 0r, comme l'a souligné Tristan Mendès-France les sites d'information sont souvent dépassés et n'accordent pas assez d'importance a la modération. La gestion des espaces d'interaction ne semble pas percue comme faisant partie intégrante du travail journalistique, mais comme une activité ad hoc empiétant sur celle-ci.

0n pourrait davantage penser a une implication accrue du lecteur dans le processus de construction de l'information en terme d'ouverture quant aux dessous du travail des web journalistes. A l'instar des émissions de . making off . d'Arrêt sur images, on peut évoquer : les conférences de presse en direct sur Rue 89, les chats en Direct avec des journalistes suite a l'un de ses . papiers ., des propositions de sujets, ou de questions a poser a des invités interviewés. Cela impliquerait que le site fasse une plus grande place au role de l'internaute dans son propre travail non seulement en aval comme cela se fait déjà (commentaires, votes...), mais également en amont.

Cette interaction accrue est par définition chronophage et pose la question de la vocation et la stratégie de positionnement que se fixe le site, mais constituerait une véritable initiation au décryptage de l'information, qui constitue précisément l'objet d'arrêtsurimages.net. En outre, beaucoup de journalistes veulent se constituer en vigie pour guider l'internaute dans sa recherche d'informations fiables en opérant une sélection et hiérarchisation sur leur site. 0r, cette initiation a la production de l'information, sans etre trop didactique (via la curiosité de la

140 http://20minutes.bondyblog.fr/texts/zbb-ecole-du-blog

3cuisine . de la rédaction), pourrait constituer un premier pas vers l' . éducation aux médias et a l'image . que les chercheurs en sciences sociales appellent de leurs voeux. Avec pour corollaire de peut-être rendre le regard des internautes dans le travail journalistique par trop invasif pour les professionnels, voire une surveillance critique telles des souris de laboratoires.

Les internautes, que ce soit sur Médiapart ou Arrêt sur images, ne participent peutêtre pas autant qu'espéré, du fait même qu'ils ne se sentent pas investis de la production collective de leurs contenus et agissent donc davantage en lecteurs qu'en internautes actifs141. Les modèles actuels n'ont pas pleinement réussi a intégrer leur participation et a changer l'approche de l'information du fait d'une certaine permanence dans la manière d'envisager sa production.

Les différentes possibilités d'évolution proposées appellent dans tous les cas une certaine renégociation de la place de chacun sur le site et pose la question des différentes formes possibles de participation que les internautes souhaitent. ll s'agirait d'étudier non seulement leurs pratiques de navigation et des outils d'interaction mis a leur disposition, mais également la manière dont ils se représentent leur role sur le site et leurs attentes en la matière. Au dela des représentations des web journalistes et sans pour autant tomber dans une logique 3 de la demande ., ces sites dépendant de leurs abonnés non seulement sur le plan pécuniaire, mais également quant a leur . animation ., un étude approfondie de leurs attentes ouvrirait peut être de nouvelles brèches dans la structure même des dispositifs informationnels.

141 Comme le note Franck Rebillard, cela ne signifie pas pour autant qu'ils soient passifs dans la mesure oil, même l'exercice de son esprit critique a la lecture d'un article constitue le signe d'une posture active.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius