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Le rattachement des burkinabé de l'étranger à  leur pays d'origine et leur apport au développement

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par Edouard BOUDA
Ecole nationale d'administration et de magistrature - diplôme de cycle supérieur 2009
  

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CONCLUSION GENERALE

Afin d'appréhender le rattachement des Burkinabé de l'étranger à leur pays d'origine et leur apport au développement du Burkina Faso, il est apparu nécessaire d'analyser tout d'abord les causes de l'émigration burkinabé depuis la colonie de Haute-Volta. Deux raisons se dégagent principalement :

- les causes historiques liées au fait colonial et à la mise en place de politiques néocoloniales après les indépendances ;

- les causes économiques liées à la recherche du bien-être financier et matériel.

Une troisième cause mérite aussi d'être évoquée : les raisons psycho-sociales de l'aventure.

Au vu de ces motivations pour l'émigration, une question se pose : les Burkinabé de l'étranger sont-ils rattachés à leur pays d'origine ? C'est l'objet de la première partie de cette étude.

Deux hypothèses se dégagent :

- il existe un rattachement des Burkinabé de l'étranger à leur pays d'origine ;

- à l'opposé, on note une absence de rattachement chez d'autres.

~ Les cas de rattachement

Au vu de critères objectifs, il a été démontré que des Burkinabé de l'étranger sont rattachés à leur pays d'origine et par voie de conséquence forment une diaspora entendue comme une « communauté d'expatriés qui préservent une identité commune, qui ont gardé des références et des pratiques renvoyant à leur pays d'origine malgré la dispersion et qui sont en relation collective ». La relation collective se traduit par l'existence d'associations de Burkinabé de l'étranger. Il a été démontré que les références et les pratiques se traduisent par un rattachement aussi bien affectif pour autant qu'il se manifeste par l'usage courant ou non de la langue, la consommation de mets d'origine

burkinabé et apparentés, l'habillement, la famille, etc. que matériel. Dans ce dernier cas, le rattachement se manifeste par des retours périodiques ou non au Burkina, la possession d'éléments physiques comme des terrains, immeubles, fermes et des intérêts économiques comme des activités génératrices de revenus, etc. Le rattachement peut, en plus du comportement, être justifié par la nationalité.

~ Les cas de non rattachement

Il ressort que des supposés Burkinabé ont du mal à justifier leur appartenance à la société burkinabé, problème d'identification lié soit à l'assimilation à la population d'accueil, soit à l'absence de documents administratifs. Il est apparu des cas où des individus n'entretiennent de lien ni avec le Burkina Faso, ni avec la communauté burkinabé étrangère alors que la législation du pays d'accueil ne les reconnaît pas comme nationaux. Ce n'est qu'à la survenance d'événement malheureux que les intéressés reconnaissent leurs origines. Il convient alors d'inviter les pouvoirs publics à travailler à amener tous les Burkinabé de la diaspora à s'intéresser au Burkina Faso par des motivations diverses.

L'une des preuves d'attachement que les Burkinabé de la diaspora portent à l'égard du Burkina, c'est leur contribution au développement. La deuxième partie de cette étude pose comme hypothèse que les Burkinabé de l'étranger apportent substantiellement à l'économie burkinabé à travers notamment le rapatriement de leur épargne. Cet aspect a été cerné en étudiant l'incidence de l'épargne rapatriée sur des agrégats macroéconomiques assez significatifs comme la consommation finale privée et l'investissement. On retient que les Burkinabé de l'étranger, en même temps qu'ils contribuent à élever le niveau de vie des ménages par leur assistance financière en particulier pendant la période de soudure, s'impliquent dans la production nationale par la création et la gestion d'entreprises de tailles variées et soutiennent l'action de l'Etat par la construction d'infrastructures socio-économiques et des dons divers.

Cependant, à la confrontation avec d'autres indicateurs, on relève que l'apport
des Burkinabé de l'étranger au développement n'est pas optimal et peut donc

être amélioré. Comparé en effet avec leur effectif, on note qu'un Burkinabé de l'étranger contribue moins au PIB du Burkina qu'un résident et que l'épargne qu'il rapatrie est inférieure à celle qu'un étranger résidant au Burkina renvoie à son pays d'origine. Par rapport à l'apport d'autres diasporas, on note la faiblesse de celui de la diaspora burkinabé à l'économie nationale. On en conclut donc que cette contribution est en deçà de l'optimum. La question est de savoir ce qu'il faut faire.

La réponse à cette question n'est pas si simple mais pourrait se résumer à ceci : raffermir ou renforcer le rattachement des Burkinabé de l'étranger à leur pays d'origine c'est améliorer leur apport au développement. Cela interpelle les pouvoirs publics à s'intéresser autant aux Burkinabé de l'étranger qu'aux Burkinabé de l'intérieur, ce qui peut se traduire par un accroissement de l'encadrement juridico-politique et institutionnel des ressortissants burkinabé résidant à l'étranger et de leur suivi. Il faudrait aussi élaborer une politique claire de gestion de l'émigration.

~ Le renforcement de l'encadrement et du suivi des Burkinabé de l'étranger

Les Burkinabé de la diaspora accusent à tort ou à raison les autorités burkinabé de les ignorer au profit d'intérêts politiques en nouant et en promouvant des relations amicales avec des pays qui leur sont hostiles (Côte d'Ivoire, Libye...). Ainsi, après les meurtres, les expulsions (très souvent abusives) et la spoliation de Burkinabé de la Côte d'Ivoire, de la Libye, du Gabon, de la Guinée Equatoriale, etc., force est de constater que l'Etat burkinabé n'a à ce jour déposé aucune plainte en vue de la protection des intérêts de ses ressortissants, ce qui fait dire à plus d'un que l'Etat ne s'intéresse aux Burkinabé de l'étranger que quand il s'agit de leur demander de soutenir le développement du Burkina en accroissant leurs investissements. En effet, l'Etat ne laisse percevoir aucun signe qu'il les défendrait à chaque occasion et en tout temps. Cette attitude de «prédateur» n'est pas sans susciter la méfiance des Burkinabé de la diaspora qui préfèrent agir là où se trouvent leurs intérêts.

Les autorités pourraient agir plus politiquement en envisageant la création d'un ministère des Burkinabé de l'étranger qui se chargerait des questions y afférentes mais aussi des questions de migration internationale. Près d'une dizaine de millions de Burkinabé résidant hors des frontières nationales, le jeu en vaut la chandelle. Ce ministère aura plus de moyens d'action et de poids politique que le CSBE. Il s'attaquera aux questions telles que :

- la protection et la défense des droits des Burkinabé victimes de violence à l'étranger comme c'est le cas en Côte d'Ivoire;

- le vote des Burkinabé de l'étranger ;

- la réinsertion des Burkinabé rapatriés ;

- le projet MIDA (Migration et développement en Afrique),

- etc.

Les accords internationaux que le Burkina a signés (annexe 2) ou pourrait signer avec d'autres Etats en matière d'encadrement des Burkinabé de l'étranger seraient plus efficaces s'ils s'accompagnaient de suivi régulier. Le ministère pourrait jouer un rôle dans ce sens.

Le ministère en charge des Burkinabé de l'étranger pourra aussi travailler à améliorer les processus de rapatriement de l'épargne et sa canalisation vers des investissements productifs. Déjà, le projet MIDA est une initiative à soutenir. Exécuté en partenariat entre l'Organisation Internationale des Migrations (OIM) et le Burkina, c'est un projet qui vise à mettre en rapport l'expertise et le savoir-faire de la diaspora avec les besoins de formation, d'apprentissage et d'investissements identifiés au niveau national.

Le ministère en charge des Burkinabé de l'étranger pourrait également jouer un rôle d'assistance-conseil et de guide pour les candidats éventuels à l'émigration.

~ La gestion de l'émigration

L'une des questions les plus récurrentes est de savoir si l'émigration constitue un facteur ou un frein pour le développement national, ce qui pose en même temps l'urgente nécessité pour le Burkina de se doter d'une politique nationale migratoire aux orientations claires. L'important est de maximiser les effets positifs de la migration et d'en atténuer les effets négatifs. Pour ce faire, il est nécessaire que le pays dispose de statistiques assez précises sur les flux migratoires avant d'envisager une gestion de ces effectifs. D'aucuns proposent la création d'un observatoire national des migrations.

La politique migratoire, tout comme toute politique publique, se doit d'être objective et non complaisantes. En clair, elle pourrait proposer la mise en place de conditions de rétention de la population sur le territoire national et donner des informations plus ou moins précises sur les pays d'émigration.

Il conviendrait mieux de chercher à retenir la population au Burkina par la mise en place de conditions favorables à la prospérité et à la promotion de la jeunesse. Et comme le dit Nazi KABORE dans son ouvrage Comment devenir riche, même s'il est difficile de prospérer au Burkina du fait de l'austérité de la nature, cela n'est pas impossible en témoignent les expatriés qui sont venus y faire fortune. Le Burkina étant un pays pauvre, tout est à construire et donc l'entrepreneuriat est à privilégier et à accompagner mieux que la création d'emplois. Seulement l'entrepreneuriat ne s'enseigne pas, il s'accompagne à travers un environnement viable et prospère. Par ailleurs, un peuple bien éduqué est un peuple qui peut se prendre en charge, un peuple entreprenant et donc auto-suffisant. Mais si le peuple manque d'éducation de qualité alors que les conditions (exogènes) de son épanouissement sont créées, on attirera des investisseurs étrangers qui assujettiront à terme la population résidente. Dans ce cas, on privilégie la politique d'emploi à la politique d'entrepreneuriat, d'où l'intérêt pour les pouvoirs publics d'envisager la gestion de l'émigration doublement sous le moyen et le long terme.

Les retombées de l'émigration ne doivent pas éblouir le décideur public de
sorte à lui faire perdre de vue les problèmes que celle-ci pose. De plus, si les

conditions permettent l'émigration massive des jeunes, il y aura fuite des cerveaux et le développement sera de plus en plus compromis. C'est pourquoi il faut non seulement mettre l'accent sur la formation et la spécialisation, mais aussi instituer un système de valorisation de la main-d'oeuvre qualifiée.

En résumé, il convient à la fois d'encadrer les populations déjà émigrées et de décourager les candidats éventuels à l'émigration.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams