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Ecotourisme: une amélioration de la contribution de la pratique touristique dans les PED ? Exemple de Madagascar

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par Mathieu Meyer
Sup de Co Reims - Master en Management 2010
  

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1.2 Le tourisme, secteur clef pour soutenir le développement

Malgré le poids relativement important du secteur touristique dans l'économie malgache, cette destination reste tout de même assez peu fréquentée, en comparaison à d'autres pays de la région. 375 000 visiteurs ont séjourné sur la Grande Île en 2008, ce qui ne représente certes que 0,8% du tourisme africain, soit à peine 0,04% du tourisme mondial, mais surtout une hausse de 9% par rapport à 2007 [UNWTO, 2008]. Comparativement à d'autres pays de la région, ces chiffres semblent en effet relativement faibles. Cependant, l'apport du tourisme à l'économie malgache est important. Les recettes touristiques de l'île sont estimées à $611,8 millions (451,27 millions d'euros) en 2008, donc 7,8% du PIB national [WTTC, 2008]. Ces recettes sont issues de deux catégories de revenus :

· Ceux issus du tourisme international, comprenant l'ensemble des dépenses effectuées sur place (hors titres de transport internationaux), et donc considérés comme exportations

· Ceux provenant du tourisme national, interne à l'île. L'ensemble de la consommation est ainsi comptabilisée.

Plusieurs raisons peuvent être évoquées pour expliquer les performances en demi-teinte du tourisme malgache. Il paraît clair que le contexte politique et économique du pays pèse beaucoup sur l'attractivité de Madagascar. Ainsi, la période de la IIe République (1975-1991) n'a été que peu favorable à l'arrivée de touristes, l'orientation marxiste-léniniste ayant déclenchée une phase de nationalisme fort et d'isolement politique. Par la suite, la dégradation des infrastructures, l'extension de la pauvreté, le clivage ville-campagne, l'insécurité et l'instabilité politique ont été autant de freins au développement du tourisme, nuisant à l'image de l'île sur la scène internationale. De plus, la promotion de Madagascar auprès des pays émetteurs était réduite à sa plus faible expression, et pour cause : non seulement les principaux pays émetteurs sont éloignés géographiquement -le Nord-, mais les structures d'accueil et d'accès à la Grande Île sont aussi manquantes. Seuls cinq des douze aéroports principaux sont exploitables par exemple [Sarrasin, 2007]. Cette situation n'est guère propice à établir des bases saines de croissance et de développement du tourisme, d'où les fluctuations ponctuelles de l'activité. La crise économique mondiale conjuguée aux troubles politiques nationaux a certainement beaucoup contribué à la chute de 50% de l'activité touristiques entre 2008 et 2008 [CIA, 2010].

C'est aussi à la suite de la crise politique de 2002 que Rasoamanana Andriantsoa, directeur de cabinet au ministère du Tourisme, déclare lors d'une interview : « Il faut que le tourisme redevienne ce qu'il était : un pourvoyeur de devises. Pour cela, nous devons atteindre au minimum 150 000 touristes annuellement. Notre objectif à long terme est de faire autant sinon mieux que Maurice qui reçoit près de 600 000 touristes. » [Andriantsoa, 2002]12(*). Six ans plus tard, le nombre de visiteurs a plus que doublé : 375 000 touristes ont été accueillis sur l'île en 2008. L'objectif paraît être en bonne voie pour être réalisé. Il est vrai que Madagascar possède un atout très particulier, sur lequel elle peut compter pour développer et promouvoir le tourisme. La Grande Île est unanimement reconnue pour la richesse de sa biodiversité, abritant à la fois une faune et une flore biologiquement très variées, mais aussi très spécifique à l'île. Le terme de « mégabiodiversité » décrit mieux cet incroyable capital écologique, qui présente parfois un taux d'endémisme proche de 95% [Sarrasin, 2007]. Certaines espèces sont le symbole de cette singularité, comme le lémurien, dont 32 espèces peuplent l'île, ou le ravenale, dit « arbre du voyageur ». Cet arbre -cette plante herbacée plus exactement- figure d'ailleurs sur le drapeau national de Madagascar, figure de son endémisme et de sa richesse écologique. Il est intéressant d'ajouter que cette extraordinaire biodiversité est aussi bien un caractère qualifiant la faune et flore terrestre que marine, ouvrant une nouvelle porte à la mise en valeur de ce capital biologique. Le potentiel d'exploitation, à des fins touristiques, de cet atout peut se faire dans les terres, par un tourisme d'aventure ou l'écotourisme par exemple, ou sur les côtes, comme pour le tourisme balnéaire.

1.2.1 Un potentiel touristique connu, mais peu exploité

Le développement du secteur touristique à Madagascar peut s'avérer être un puissant vecteur de croissance économique et de développement en général, parce que cette activité a besoin d'un ensemble d'autres biens et services pour exister, créant un réseau d'entreprises gravitant en amont et en aval. De plus, les externalités générées par le tourisme peuvent être bénéfique à plusieurs niveaux. L'isolement relatif de certains pôles et le fort taux de ruralité sont deux handicaps majeurs auxquels le tourisme est capable de répondre. Tout d'abord, l'ensemble de l'île est doté d'un capital touristique suffisant pour développer cette activité sur la plus grande partie du territoire, ce qui serait une opportunité pour désenclaver de lieux jusqu'à présent isolés, au moins économiquement. Elle devient aussi une alternative à des activités plus traditionnelles, telles que l'agriculture ou l'exploitation forestière, ont exercent une pression considérable sur les ressources naturelles. D'autre part, en offrant cette opportunité de mutation sectorielle, le développement d'un tourisme responsable et respectueux de son lieu d'accueil, devient un moyen de préserver l'environnement dans lequel il évolue. La gestion pertinente des ressources qui en font son succès lui assure un développement pérenne.

Du point de vue de la demande, Madagascar pourrait devenir une destination à très fort potentiel touristique. Le capital écologique et biologique qu'offre la Nature là-bas est un avantage comparatif sans commune mesure dans le reste du monde, d'autant plus que l'écotourisme -c'est-à-dire un tourisme basé sur la mise en avant du capital naturel- doit connaître une croissance à long terme. Mais la situation réelle est bien différente, laissant entrevoir l'existence de nombreux obstacles entravant le développement de l'offre touristique sur l'île et laissant un potentiel riche de croissance encore inexploité. La faible promotion de Madagascar comme destination touristique de choix ne facilite guère son développement. Madagascar ne fait pour l'instant l'objet que d'une promotion faible, voire anecdotique. Ni les pouvoirs publics ni le secteur privé n'ont encore su communiquer considérablement sur les atouts de la Grande Île. Ceci étant le manque d'infrastructures, ou leur mauvais état, ne favorise guère l'arrivée massive de touristes. En 2006, 932 établissements hôteliers étaient comptabilisés, soit 10 847 chambres. La plupart de ces établissements sont des entreprises familiales, comportant rarement plus d'une dizaine de chambres. L'absence de résidences hôtelières de grande capacité, répondant aux normes de qualité internationales, est un handicap important, notamment face aux concurrents de la région, que sont Maurice ou les Seychelles [MINEFI, 2006]. La question des transports est aussi un point sensible. L'état du réseau routier réduit la possibilité de circuler toute l'année sur les routes à une minorité d'entre elles. Quant au transport aérien, le coût et la moindre fiabilité des vols intérieurs sont souvent peu incitatifs à son utilisation. A l'international, peu de liaisons desservent cette destination, à l'exception de la France ou de l'Afrique du Sud. L'ensemble de ces handicaps rendent l'accès à l'île plus difficile et ralentissent considérablement la croissance du tourisme.

* 12 Propos tenus lors d'une interview pour Afika.com, le 18 juillet 2002, adresse URL : http://www.afrik.com/article4725.html

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault