IV.2.2.2. ANALYSE DE LA SYNTHÈSE DES
RÉSULTATS
Les estimations 3 et 4 peuvent être regroupées
dans un tableau représentant la synthèse des résultats
comme l'indique le tableau 4.2 ci-dessous.
Tableau 4.2 : Synthèse des
résultats des deux sous-périodes
mi
|
1990-1994
|
1995-2005
|
Observations
|
scapital
capast
procre
radep
risq
actpib
cr
diftau
logpib
inf
log_m2
cons
|
-0,12425**
-0,751423
-0,256412**
-23,45211*
0,4215124*
0,053124*
-35,66707**
0,246142***
0,121452
-0,642121**
-5,368024
165, 2325
|
0,05214*
-1,253142*
0,005215*
0,576124
1,067124**
-1,251642*
1,25031*
0 ,2561121*
0,356122*
-0,231421*
1,27613
24,1242
|
accroissement de 141,95%
diminution de 40,03%
accroissement de 97,96%
accroissement de 102,45%
accroissement de 153,16%
diminution de 104,24%
accroissement de 1951,44%
accroissement de 3,908%
accroissement de 65,90%
accroissement de 377,48%
accroissement de 66,68%
|
* : Significativité à 1% ; ** :
Significativité à 5% ; *** : Significativité
à 10%
|
Source : construction par l'auteur à partir des
estimations 3 et 4.
Au regard des observations du tableau, quelques commentaires
sont importants :
- la structure du capital (scapital) a connu
un accroissement remarquable et présente un coefficient positif et
significatif dans la deuxième sous-période. Preuve que dans les
six Etats de la CEMAC, le processus de privatisation des banques entamé
pendant les réformes bénéficie aux marges
d'intérêt. En Guinée Equatoriale par exemple, on est
passé de 43,5% des parts détenues par le privé à
74% ;
- on observe une diminution du coefficient de la gestion de
capital (capast). L'explication possible vient du fait que les
dirigeants privés cherchent à respecter les normes de gestion et
cela contracte les mécanismes de l'intermédiation ;
- la proportion des crédits bancaires
(procre) a connu une nette amélioration et
renforcé les marges d'intérêt. On pourrait s'attendre
à une augmentation supérieure mais la nature des crédits
octroyés ne la favorise pas. Néanmoins, on se rend compte que les
crédits de très court terme contribuent eux aussi à
l'accroissement des spread d'intérêt ;
- pour ce qui est des dépenses d'exploitation
(radep), leur accroissement n'influence pas les marges
d'intérêt. Ceci peut être dû à la nature des
données utilisées (données consolidées) du
système bancaire des pays de la CEMAC ;
- l'accroissement du risque bancaire
(risq) contribue à améliorer les marges
bancaires. Cette augmentation du risque vient du fait que les banques de la
sous-région ont vu leurs volumes de crédits
augmentés ;
- la taille du secteur bancaire (actpib) a
diminué et a tendance à réduire les marges
d'intérêt. Cette réduction vient des fusion-acquisitions
constatées pendant la restructuration et la taille actuelle ne favorise
pas les spread d'intérêt ;
- la forte concentration
(cr) constatée montre que les réformes
n'ont pas servi à augmenter le taux de bancarisation des pays de la
CEMAC d'où cette concentration élevée
enregistrée ;
- le différentiel de taux n'a pas trop
évolué mais contribue positivement à l'accroissement des
marges d'intérêt. A ce niveau, on peut retenir une contribution
positive de la libéralisation financière et des conditions de
banques plus souples ;
- le PIB et la masse monétaire ont subi une
augmentation mais la contribution à l'amélioration des marges est
différente : le PIB influence nettement les marges tandis que la
masse monétaire ne présente aucune influence ;
- le taux d'inflation a augmenté et contribue à
la réduction des marges d'intérêt ; ce qui s'explique
par l'effritement du pouvoir d'achat élevant ainsi les taux nominaux.
En définitive, un net constat se dégage de ces
résultats : les marges d'intérêt ont
bénéficié des réformes engagées dans la
sous-région CEMAC.
Conclusion
Les marges d'intérêt apparaissent comme une
mesure importante de la rentabilité bancaire. Elles établissent
l'apport de l'environnement externe de la banque à travers le processus
d'intermédiation. Son étude en Afrique est formalisée par
Tanimoune (2001) et enrichie par Mansouri et Afroukh (2008). Ce chapitre nous a
permis d'analyser le comportement de cette mesure au moment de
l'implémentation des réformes financières. Après
avoir estimé les modèles pré et post-réformes, nous
avons apporté des explications à l'évolution des variables
du modèle. Il ressort des estimations que l'influence des
réformes financières sur les marges d'intérêt
confirme la troisième hypothèse : les
réformes bancaires, monétaires et institutionnelles accroissent
les marges d'intérêts des banques des pays de la
CEMAC.
Certes, les variables choisies pour déterminer les
marges d'intérêt sont globalement significatives, ce qui laisse
croire à la bonne spécification du modèle et aux
données utilisées, mais dans les faits, les marges
d'intérêt des différents systèmes bancaires
s'accroissent moins vite par rapport à leur niveau d'avant crise, preuve
que les réformes doivent se poursuivre dans ce domaine.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
La deuxième partie de cette étude visait comme
objectif l'analyser de l'influence des réformes financières sur
la rentabilité du système bancaire des pays de la CEMAC. La
rentabilité bancaire a été mesurée par la
rentabilité des actifs et les marges d'intérêt. Ces
différentes mesures permettent de mettre en évidence l'apport de
l'environnement interne et externe de la banque dans la rentabilité.
Dans le chapitre trois, il était question de mesurer l'effet des
réformes financières sur la rentabilité des actifs
bancaires. En spécifiant un modèle économétrique
prenant pour base le paradigme Structure-Comportement-Performance, les
estimations pré et post-réforme aboutissent au résultat
suivant : les réformes financières intervenues
en zone CEMAC améliorent la rentabilité des actifs bancaires.
Ceci se justifie d'une part, à travers le caractère
positif des coefficients liés à la structure du capital
(1,847205), l'indice du risque (3,490551) et l'indice de concentration
(50,37204) et d'autre part à travers leur degré de
significativité et l'évolution des autres variables du
modèle. La deuxième hypothèse de cette étude se
trouve vérifiée. Le chapitre quatre a étudié
l'impact des réformes sur les marges d'intérêt bancaires.
Ainsi, nous avons d'abord passé en revue les aspects théoriques
des notions de taux d'intérêt et de marge d'intérêt
bancaire. Ensuite, un modèle économétrique pré et
post- réforme incluant comme variable additive le démentiel de
taux directeur de la BEAC a été estimé. Enfin, il ressort
de l'analyse des résultats que les réformes
financières implémentées en zone CEMAC améliorent
les marges d'intérêt bancaires. La justification de
ce résultat est basée sur la positivité et la
significativité de plusieurs variables principales (structure du
capital, proportion des crédits dans l'actif, le différentiel des
taux d'intérêt). Ceci confirme ainsi la dernière
hypothèse de l'étude.
De façon générale, l'utilisation des
données de la BEAC, la construction des graphiques et tableaux et
l'estimation des différents modèles aboutissent à la
conclusion selon laquelle les réformes financières
intervenues en zone CEMAC améliorent la rentabilité du
système bancaire des pays de cette sous-région.
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