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Attributions des prénoms nouveaux en RDC:cas des enfants nés au cours de la guerre civile de décembre 1998 à  novembre 2000

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par Anouar Jodel Givner Bouamoutala Samba
Université Marien Ngouabi du Congo-Brazzaville  - Maà®trise 2010
  

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Introduction

L'étude des noms constitue l'objet d'une spécialité qui s'appelle l'onomastique ou encore l'anthroponymie. Mais pour notre cas, il ne s'agit pas des noms, mais des prénoms. Par exemple dans la société française le patronyme du père est considéré comme un tout premier élément qui identifie l'être.

Dans la société congolaise, particulièrement dans les sociétés matrilinéaires, le patronyme n'est pas toujours un nom qu'on donne à l'enfant. Nous entendons par nom un élément qui sert à désigner un être, une chose (abstraite ou concrète), un groupe substantif et par prénom un élément d'identification qui distingue les membres d'une même famille.

Il faut noter que l'étude portant sur le prénom présente à notre avis un intérêt dans la mesure où il est un des éléments identificateurs des êtres humains. Le thème étant peu abordé par les chercheurs, nous avons pensé mener une investigation là dessus pour mieux cerner les enjeux, les paramètres qui entrent en ligne de compte dans la manière de prénommer les enfants. Etant un fait social, le prénom dans toutes les sociétés occupe une place de choix. Pour les parents, le prénom n'a jamais été un acte gratuit pendant des siècles, il a été fortement déterminé par des contraintes sociales extrêmement pesantes : rites de passage, relation entre la transmission du prénom et le lien personnel, emprise de la religion sur la vie familiale.

Le nom dans toute la société congolaise n'est pas un élément nouveau, mais un élément qui est culturel et historique. Le prénom a pour mission d'individualiser avec précision les différentes personnes qui portent le même nom.

Autrefois, les enfants portaient un nom et un prénom autochtones ; cependant, avec la colonisation qui occasionne le contact avec le monde occidental, une rupture et un renversement s'opère dans la manière de prénommer les nouveaux nés. Ainsi, on voit apparaître des prénoms comme François, Michel, Pascal, etc. Quelques parents chrétiens se conforment aux règles de l'Eglise qui, pour recevoir un prénom chrétien, sont obligés de passer par le sacrement du baptême. C'est le cas de Kimbangou qui fut baptisé le 4 juillet 1915 à Ngombe lutete (dans le Bas Congo, dans l'actuelle République démocratique du Congo) et reçut un prénom chrétien Simon.1(*) Cela permettait à beaucoup des personnes d'ajouter à leurs noms des prénoms proposés par le clergé et poussait beaucoup de parents à prénommer leurs enfants sans tenir compte des obligations culturelles présentes dans la société ; d'où l'émergence des prénoms chrétiens qui ont entraîné la disparition progressive des prénoms africains.

Cette nouvelle manière d'attribuer les prénoms fut favorisée par les églises chrétiennes dans la mesure où les occidentaux pour faire asseoir leur culture ont eu à combattre les pratiques traditionnelles dans le but de montrer aux noirs que les noms et prénoms qu'ils portent sont source de malheur.

Le Congo accède à l'indépendance en 1960 avec comme président de la république un prêtre excommunié, l'abbé Fulbert Youlou. Ainsi le mode d'attribution des prénoms reste influencé par le christianisme. Mais à partir de la « révolution » de 1963 ayant entraîné la chute du président abbé et l'adoption de l'idéologie marxiste léniniste,. A cette époque le Congo ouvre ses portes aux pays du bloc de l'Est et signe des relations diplomatiques avec eux. Ce qui permet à beaucoup de jeunes congolais d'aller poursuivre leurs études dans ces pays : URSS, Hongrie, Roumanie, Allemagne de l'Est, etc. Très souvent, de retour au pays avec ou sans enfants nés là-bas, ces jeunes apportent des nouveaux prénoms qui font surface dans notre pays. Ainsi, on voit les enfants porter divers prénoms comme Vladmir, Karl, Lénine, Marx, Breijniev, Tania, etc.

Avec la décennie quatre vingt dix (90), il y a eu en République du Congo une conférence nationale souveraine qui a pour objectif le rétablissement de l'autorité de l'Etat, la cohésion de l'administration et la construction de l'Etat de droit dans la paix et l'unité nationale et l'instauration de la démocratie pluraliste. Suite à ces différents faits qui surgissent dans le pays au cours de cette période, nous avons vu aussi l'image du prénom se modifier. La perte de cohésion et de solidarité au sein de la société congolaise qui occasionne la peur de la sorcellerie qui monte de façon croissante ainsi que la prolifération des "églises dites de réveil ou de réclame"2(*) ont aussi permis l'attribution des prénoms par les géniteurs à leurs enfants qui servent de protection contre certains faits maléfiques.

Les différentes guerres civiles qu'a connues le Congo de 1997 à 2000 ont eu un impact non négligeable sur la façon de prénommer les enfants, c'est la raison pour laquelle nous avons choisi la guerre civile de décembre 1998 à novembre 2000 ; période au cours de laquelle les habitants des quartiers sud de Brazzaville ont souffert des hostilités qui ont opposés les forces armées congolaises aux milices "ninjas" dans les arrondissements de Brazzaville sud entraînant ainsi le déplacement de plus de 50000 personnes venant des arrondissements sud de Brazzaville vers les régions du sud et quartiers nord de Brazzaville3(*). Pendant cette période d'instabilité et de troubles sociopolitiques, des nouveaux prénoms à connotation religieuse en relation avec les exécutions et les violences exercées sur les populations apparaissent. Après ces conflits, nous constatons la montée des nouveaux prénoms comme "Guervie", "Consolat", "Dieu veille", "Sacrifice", etc. Leur influence reste impressionnante dans la zone concernée. A cet effet, une question nous paraît indispensable qui est celle de savoir : Pourquoi les parents ont-ils attribué à leurs enfants les prénoms relatifs aux événements vécus ?

A la suite de cette question, nous avons comme hypothèse : L'attribution du prénom à un nouveau né n'est jamais un fait du hasard. La guerre dans le présent cas a influencé la décision des parents d'inventer des nouveaux prénoms pour leurs enfants.

L'objectif de cette étude est de lire le changement social à travers les prénoms et de saisir les principaux faits qui ont poussé les parents à prénommer leurs enfants en tenant compte des faits vécus.

Cette étude est structurée en deux grandes parties. La première partie intitulée l'anthroponymie congolaise, présente le prénom dans le contexte congolais en prenant le cas de la société kongo. Elle montre comment dans l'imaginaire est perçu le prénom, présente les différentes modalités de prénommer. La seconde partie présente les résultats de l'enquête réalisée ainsi que l'analyse et l'interprétation de ces résultats.

Méthodologie

Perspective théorique

Nous avons choisi comme cadre théorique l'interactionnisme. Cette théorie, au sens de l'individualisme méthodologique, pense que les changements sociaux proviennent des effets d'agrégation résultant de l'interdépendance ou de l'interaction entre acteurs. Pour Jean Claude Kauffman, l'individualisme es une clé d'analyse centrale pour qui veut comprendre les changements sociaux contemporains, et cela dans tous les domaines.4(*) Nous abordons ce modèle d'analyse dans notre étude selon deux (2) principes :

1. Toute société est sujette à des processus de changements ;

2. Toute société manifeste en tout point des tensions ou des conflits.

Champ d'investigation

Un seul arrondissement constitue notre champ de recherche. Il s'agit de l'arrondissement I Makélékélé. Créé en 1959 par décret n°59/240 du 1er décembre 1959, Makélékélé est le plus vaste arrondissement de Brazzaville du point de vue densité avec une population de 300.000 habitants occupant une zone dite urbaine et une importante zone périphérique.5(*)

Limité au nord par l'arrondissement 4 Moungali et l'arrondissement 7 Mfilou, au sud par la rivière Zanga dia ba ngombé et le fleuve Congo, à l'ouest par le district de Goma tsé-tsé et à l'est par l'arrondissement 2 Bacongo. Il est constitué de plus de vingt et un (21) quartiers dont onze (11) urbains et dix (10) périphériques, il est situé dans la partie sud de Brazzaville

Le choix de cet arrondissement se justifie par le fait que les populations vivant ces quartiers non seulement ont vécu la guerre comme tous les Congolais, mais aussi se sont déplacées en masse pendant une période bien définie soit dans la partie nord de Brazzaville, soit dans les départements du sud du pays tout en ramenant plusieurs enfants qui sont nés durant cette période de guerre et qui ont été déclaré après la guerre à la mairie de Makélékélé.

* 1 Suzan ASCH : L'Eglise du prophète Kimbangu, Karthala, 1983, P.18.

* 2 Matondo (K.T.), 2006, les façades des églises annonces, IIIè Colloque de sociologie sur les églises et la société congolaise d'aujourd'hui du 08 au 11 février 2006.

* 3 Semaine africaine n°2190 du jeudi 21 janvier 1999.

* 4 J. C. Kauffman, 2001, Ego, Pour une sociologie de l'individu, Paris, Karthala, p117.

* 5 Interview accordée par le maire de l'arrondissement 1 de Brazzaville : La lettre de Brazzaville, le magazine d'une ville en action, n°005, 2005, P. 20.

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