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Quelles sont les opportunités en termes de communication territoriale des initiatives locales axées sur le recyclage ?

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par Dimitri SIGOGNE
IAE Savoie Mont Blanc - Master 1 Développement Commerce International  2014
  

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Section 2 : Mise à l'épreuve des hypothèses

Les résultats obtenus par l'utilisation des entretiens et des questionnaires nous ont apporté des éléments de réponse plus ou moins précis sur les hypothèses formulées.

Afin de rendre plus claire cette partie empirique, nous répondrons d'abord aux hypothèses concernant la communication locale, puis celles relatives à la communication extra territoriale.

1. Hypothèses concernant la communication locale

La Communauté d'Agglomération d'Annecy (A) est compétente en matière de déchets depuis janvier 2002, date du transfert de la compétence communale. Les décisions sont prises au sein de la « Commission Environnement », qui a en réalité la charge de la gestion des déchets et de l'eau potable. Elle assure en régie la collecte des déchets et en prestation, la gestion des déchèteries. Après avoir mis en oeuvre en 2003 la collecte sélective des ménages, la politique actuelle est une politique de prévention (engagée dans un Programme Local de Prévention des déchets avec l'ADEME) tout en optimisant les performances du service (en termes de tournées mais aussi de qualité du tri). Il faut également savoir que pendant longtemps, le sujet des déchets n'existait pas car les communes ne payaient rien sur la production de leurs déchets. Seuls la collecte et le tri des papiers et cartons était déjà en place depuis 2005 dans le cadre des Agendas 21.

La politique de gestion des déchets a connu deux évolutions majeures ces six dernières années. En 2008, trois initiatives furent mises en oeuvre. D'abord, la création d'un label pour les éco manifestations et la sensibilisation des organisateurs événementiels ont forcé ces derniers à mettre en place des dispositifs de tri. Ensuite, la collecte des cartons dans les zones industrielles et commerçantes fut un grand succès car elle permet aujourd'hui de réorienter environ neuf tonnes par semaines (uniquement pour l'hyper centre d'Annecy) de ce matériau qui partait avant en incinération. Parallèlement à cela, la redevance spéciale (RS) sur les BID a été votée en échange du service d'enlèvement des cartons et pour responsabiliser les commerçants et les associations sur le tri de leurs déchets.

Le second tournant politique fut initié en 2011. Suite à l'application de la RS, services communaux doivent aussi participer au financement de la gestion des déchets. Cela a amené une réelle prise de conscience de la nécessité de réduire leur volume global de déchets et de mieux les trier : « Quand ça commence à coûter des sous, on se dit qu'il faut faire quelque chose » (Thierry BILLET, 2014). Dans un premier temps, les communes ont donc supprimé leur nombre total de bacs de collecte, ce qui a mécaniquement fait baisser le volume global de déchets. Elles ont également consenti des efforts sur le tri via la sensibilisation du personnel. Etant donné que ces actions n'ont pas suffisamment fait diminuer la facture, la prochaine étape, qui est actuellement en cours d'application, est de responsabiliser chaque service en divisant la somme due par la commune. Chaque service (vie scolaire, sports, voirie...) devra donc mettre en place les moyens nécessaires pour réduire au maximum sa facture, qui constituera un poids sur leur budget. De plus, la mairie ne fait pas payer les bacs pour le tri, il y a donc double effet d'incitation.

En d'autres termes, la démarche de prévention des déchets est accentuée. La volonté de Thierry BILLET est d'étendre cette démarche de prévention aux entreprises, qui sont pour le moment laissées de côté sur ce plan : « La collecte des cartons a été bien accueillie [...] mais le bémol est que

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l'agglo n'est pas rentrée avec les entreprises dans une logique de prévention des déchets » (Thierry BILLET, 2014).

Les déchets ménagers parviennent aux services de l'agglomération par deux moyens : la collecte des poubelles (une fois par semaine pour les papiers, cartons, métaux, plastiques et deux à trois fois par semaine pour les déchets non triés) et les dépôts en déchetterie ou dans les collecteurs spéciaux (pour le verre par exemple). Ils sont ensuite traités comme indiqué sur le schéma suivant :

Les ménages sont concernés par la taxe d'enlèvement des ordures ménagères (TOEM). La difficulté annécienne est que malgré une bonne exécution des gestes de tri de la population, les services de l'agglomération ne parviennent pas à faire baisser cette taxe car les coûts de gestion des déchets, et notamment de l'incinération, ne cessent d'augmenter, en raison du durcissement des contraintes environnementales.

Les ménages sont concernés par la taxe d'enlèvement des ordures ménagères (TOEM). La difficulté annécienne est que malgré une bonne exécution des gestes de tri de la population, les services de l'agglomération ne parviennent pas à faire baisser cette taxe car les coûts de gestion des déchets, et notamment de l'incinération, ne cessent d'augmenter, en raison du durcissement des contraintes environnementales.

Cela n'empêche pas les citoyens d'exprimer une volonté d'aller plus loin dans la gestion des déchets en ce qui concerne la prévention et le recyclage. Premièrement, la totalité du panel interrogé s'accorde à dire que le recyclage « est un thème auquel ils accordent de l'importance », alors qu'ils

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ne sont que 37% à se sentir « totalement impliqué » ou « très impliqué » dans la politique de gestion des déchets en place. Autre fait marquant, ils sont 69% à déclarer ne pas se renseigner sur la politique de gestion des déchets de leur commune. Ensuite, on constate que 81% d'entre eux estiment que la commune dans laquelle ils vivent doit aller plus loin en matière de recyclage. Parmi eux, 38% pensent que le recyclage doit être « une priorité ».

Vous sentez-vous impliqué dans la politique de gestion des déchets mise en place dans votre commune ?

totalement impliqué très impliqué

assez peu impliqué pas du tout impliqué

19

44

6

31

Dans la politique environnementale de votre commune, vous pensez que le RECYCLAGE doit

6 être une priorité

avoir une importance moyenne avoir une importance marginale ne pas avoir d'importance

38

56

Le premier élément proposé pour avancer dans ce sens est la communication et l'information (35%) ; viennent ensuite la création de partenariats avec des entreprises et l'augmentation du nombre de lieux de collecte (22% chacun), les aides financières (13%) et la mise en place de centres publics dédiés au recyclage (9%). Ce fait est compréhensible quand on sait que les trois quart des répondants ne se sentent pas suffisamment informés sur la gestion des déchets. D'autre part, Thierry BILLET nous explique que cette volonté d'aller plus loin est aussi due à la confiance qu'ont les citoyens en la qualité du service public, pour ce qui est du cas d'Annecy du moins. Ils ont la certitude que les déchets seront traités de manière adéquate et que personne n'en tirera profit.

Aujourd'hui, le recyclage est donc au coeur du dispositif de la A : « preuve en est la mise en place des nouvelles filières de manière continue sur nos déchèteries ou au niveau des habitants : compostage, lombricompostage et compostage partagé en pied d'immeuble, DEEE en 2010, textile en 2011, mobilier en 2013...collecte des cartons des commerçants du centre-ville en 2012 » (Valérie LAURENT, 2014). Ces initiatives montrent la volonté de la collectivité d'aller plus loin en matière de recyclage. Cependant, cette tâche est difficile car il y a encore un décalage idéologique entre les décideurs politiques (que ce soit à la mairie ou au siège de l'agglomération) et la population sur cette question : « je suis persuadé que le frein à en faire encore plus n'est pas chez les gens mais chez les élus. » (Thierry BILLET, 2014).

Concernant le cas d'Annecy, la mise en place d'initiatives liées au recyclage a donc très peu d'effets sur l'implication des entreprises. Le modèle existant laisse davantage le champ à la coopération entre

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L'agglomération d'Annecy est donc une ville qui a fait des progrès importants ces dix dernières années en matière d'initiatives sur le recyclage, mais qui souffre encore d'une certaine inertie politique. Face à cela, nous remarquons que les citoyens, annéciens ou non, expriment une volonté de progrès. Cependant, nous ne pouvons pas réellement parler d'implication proprement dite. En effet, les citoyens demandent à ce que des actions soient mises en placent et les accueillent favorablement une fois établies, de part la confiance qu'ils ont en le service public. Mais force est de constater qu'ils ne se sentent pas pour autant très impliqués dans ces actions et qu'ils ne cherchent pas spécialement à se renseigner. Nous pouvons donc parler d'une volonté de leur part, mais pas d'implication : la collectivité doit prendre les devants et être force de proposition. L'hypothèse H1.1 est donc réfutée.

Pour ce qui concerne les entreprises, nous avons vu que l'action de la A est relativement restreinte. La politique générale était jusqu'il y a peu de leur laisser le soin de la gestion des déchets, partant du constats qu'elles ont des obligations légales décidées au niveau national et qu'elles font en général appel à une entité privée pour gérer leurs déchets.

La situation a commencé à changer en 2008 avec la mise en place d'un label « Eco Manifestation » pour sensibiliser les organisateurs d'évènements au tri. Est venue ensuite la RS et la collecte des cartons qui, aux dires de Mme Valérie LAURENT, était une demande initiale des commerçants du centre annécien. L'effet de ce système a donc permis :

- De sensibiliser les commerçants et les industriels au tri sélectif ;

- De réduire fortement le volume de papiers et cartons partant à l'incinération et des le

réorienter vers le recyclage ;

- De résoudre les problèmes de stockages des commerçants, et en corollaire d'améliorer la propreté urbaine car lesdits cartons ne sont plus laissés sur le trottoir en ville.

Cependant, les réflexions autour de l'accompagnement des entreprises sont encore très récentes et embryonnaires : « jusqu'il y a encore trois ans, c'était un sujet tabou, idéaliste ; depuis, il y a eu une évolution des mentalités » (Thierry BILLET, 2014). Bien que la volonté à terme soit de favoriser les circuits courts de recyclage, les exemples de partenariats sont encore rares et peu développés. Nous pouvons citer celui de Wood Stock Creation, qui transforme des palettes récupérées dans les différentes décharges de l'agglomération, et qui proviennent initialement d'entreprises qui s'en sont débarrassées. Mais là encore, la majeure partie des approvisionnements en bois et en textile (les deux matières principales qu'elle utilise) sont en majorité réalisés directement auprès d'entreprises locales. Nous sommes donc la plupart du temps dans un biptyque « entreprises classiques / entreprises de recyclage ». Mr Florian PALLUEL confirme ces propos : « Finalement, ce n'est pas tant la A mais bien des clusters comme l'OSV qui sont importants et qui ont ce rôle de coordination. » (Florian PALLUEL, 2014).

Enfin, la A et la ville d'Annecy ne cherchent pas à communiquer auprès des entreprises

« classiques » pour les sensibiliser. Elles jouent un rôle d'intermédiaire de communication entre les entreprises et les associations de tri et de recyclage telles que (Tri Vallées, Roul Eco, Bazar Sans Frontière, WSC...) et les entreprises productrices de déchets mais là encore ce rôle est limité.

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entreprises privées sous forme de partenariats (Millet et WSC par exemple7) ou sous forme de prestation de services. Aussi, les entreprises sont soumises à des obligations légales sur la prévention et la gestion des déchets. La collectivité joue parfois un rôle d'intermédiaire pour l'approvisionnement et / ou pour la communication entre firmes. Les projets de collaboration entre les trois entités sont encore embryonnaires mais tendent à se développer, mais sont à notre connaissance plutôt axés sur les opportunités commerciale à l'heure actuelle8. Il est nécessaire d'étudier d'autres cas que celui dont nous disposons, mais nous pouvons avancer que l'hypothèse H1.2 est réfutée, au titre que les entreprises productrices de déchets se basent davantage sur les entreprises de gestion pour s'impliquer dans le recyclage. De plus, la logique entrepreneuriale laisse supposer que ce type de démarche est plutôt le fait de la volonté de la direction. Les collectivités ont tout de même un moyen d'action : favoriser la création d'entreprises et d'associations de recyclage et / ou de tri.

En termes d'animation du territoire, les initiatives exclusivement axées sur le recyclage existent mais n'occupent pas une place très importante. Encore une foi, nous sortons tout juste d'une période où ce thème ne faisait pas partie des préoccupations politiques. Comme nous l'explique T. BILLET : « Les élus étaient dans une logique de dire que l'incinération est une méthode propre [...] l'affaire des mâchefers d'Avernioz, qui a coûté plusieurs centaines de milliers d'euros à la collectivité, a fait prendre conscience que l'incinération n'était pas la solution miracle » (Thierry BILLET, 2014). Là encore, la question des coûts a un rôle important : alors que traiter une tonne de mâchefers coûtait environ 13€ il y a quatre ans, ce montant est aujourd'hui passé à 50€. De plus, l'efficacité thermique des usines d'incinération annéciennes est ridicule (10% pour celle de Chavanod) par rapport à leur bilan carbone. Tous ces éléments ont conduit à un mécontentement de la population et donc à une nécessité d'agir.

Pour répondre aux problèmes de l'incinération et des mâchefers, la A a mis en place trois actions :

- L'isolement des mâchefers par injection d'argile et la décantation des eaux d'infiltration sur le

site d'Avernioz ;

- L'amélioration des performances de l'incinérateur de Chavanod (environ 80 millions € de travaux), la construction d'une usine de méthanisation des boues (environ 7 millions €) et de centre de compostage des déchets verts (environ 10 millions €) ;

- L'utilisation d'une partie des mâchefers en remblai routier et l'investissement avec la région

Rhône-Alpes dans la recherche sur un processus de vitrification pour les rendre inertes.

L'installation de trente bornes de compostage au sein de complexes immobiliers est également une action allant dans le sens de l'animation du territoire, au sens que cela fait réagir (plutôt positivement) les citoyens et entraine la mise en place d'organisations entre eux pour la gestion de ces bornes, ce qui crée du lien social. La commune d'Annecy souhaite aller plus loin dans ce sens et créer des bornes de don disposées en ville. Il existe également une volonté de valoriser par la communication les associations qui récupèrent des produits en fin de vie pour les redistribuer ou les revendre.

En matière d'animation évènementielle, il n'y a pas de manifestation exclusivement réservées au recyclage. Ces évènements regroupent plusieurs thèmes du développement durable ; nous pouvons citer à titre d'exemple le « Village du Développement Durable » organisé les 1er et 2 avril 2014. Il faut

7 Millet, producteur de matériel de sports outdoor et WSC ont établi début 2014 un partenariat basé sur le recyclage créatif. Concrètement, WSC dispose des produits en fin de vie récupérés par Millet auprès de ses clients et les transforme en outils de promotion de type « goodies », qu'elle revend ensuite à Millet.

8 Pour des raisons de secret commercial, nous ne pouvons nous avancer davantage sur le sujet.

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tout de même noter que le recyclage a une place importante dans ces évènements, qui permettent à la fois de sensibiliser la population et de faire se rencontrer les acteurs professionnels du secteur.

Enfin, le sondage montre que plus de la moitié (53%) des répondants estiment que les dirigeants locaux ne sont pas à l'écoute de leurs attentes en termes de politique de gestion des déchets. On en conclu qu'il y a encore un réel manque d'animation locale sur le sujet, d'autant que 34% de ces insatisfaits souhaitent qu'il y ait plus de communication et 20% que les démarches soient simplifiées.

La priorité de l'agglomération d'Annecy en matière d'animation du territoire est donc l'amélioration des outils existants pour répondre au mécontentement populaire. La construction d'instruments plus poussés comme une recyclerie n'est pour l'instant pas d'actualité. Les manifestations et initiatives urbaines organisées spécifiquement autour du recyclage sont rares mais on remarque une volonté de progression dans ce sens. Ces éléments nous permettent de confirmer l'hypothèse H1.3, sous réserve encore une foi que la collectivité soit à l'origine des démarches.

Les questions de l'implication du citoyen et de l'animation du territoire nous amène à nous intéresser à celle de la relation entre la collectivité et l'individu. Grâce à la communication locale, les communautés territoriales cherchent aussi à créer un lien avec la population, afin de mieux comprendre son identité ses attentes et de l'impliquer. Il s'agit en fait d'un cercle où le lien crée de l'implication, qui renforce le lien qu'entretien le citoyen vis-à-vis de la collectivité.

Nous avons vu que la A accorde une certaine importance à la sensibilisation à la fois aux gestes de tri et de recyclage et à la prévention des déchets. Cela passe notamment par la communication de terrain, via les « ambassadeurs du tri ». Encadrés par un technicien en charge de la prévention et du tri, ces ambassadeurs mènes des actions de communication de terrain permanentes : sensibilisation en porte à porte, contrôles de terrain, animation de stand, visite de centre de tri ou déchèteries... Aussi, des caractérisations de tournées sont effectuées régulièrement afin de prendre si besoin des mesures de suivi et sensibilisation ciblées. Il y a donc une volonté de la part de la collectivité territoriale d'aller vers la population pour échanger sur le sujet du recyclage, même si cette volonté reste freinée par l'inertie politique dont nous avons déjà parlé.

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De leur côté, les citoyens sont disposés à développer ce lien avec la collectivité. On remarque que la totalité des répondants accordent de l'importance au thème du recyclage et que comme nous le rappellent T. BILLET et V. LAURENT, les actions mises en place sont toujours bien reçues. Qui plus est, d'après ces responsables des services de gestion des déchets, les individus font confiance au service rendu par la A et savent qu'il est de qualité. Enfin, les répondants nous apprennent que leur principal moyen de renseignement (pour ceux qui se renseignent) est la documentation publiée par les services de la collectivité (42%, auxquels nous pouvons ajouter les 25% se renseignant via l'affichage urbain).

8

Comment vous renseignez vous sur la politique de gestion des déchets de votre commune ?

8 presse locale

17

42

télévision

25

site web de la commune

documentation publiée par les services communaux campagnes électorales

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En retour, la collectivité communique auprès de la population de manière positive, en mettant en avant le fait qu'il faut continuer à être performants. C'est par exemple ce qui c'est passé au moment de l'arrêt de la collecte des encombrants sur les trottoirs9 : « quand on a supprimé la collecte des encombrants, on l'a présenté de la sorte : comme vous triez bien, on peut encore faire une étape supplémentaire [...] en supprimant la collecte en pied d'immeuble parce qu'on peut ainsi réduire la part de l'incinération et augmenter le tri sélectif, donc il faut passer par les déchetteries. » (Thierry BILLET, 2014).

Cependant, nous devons considérer ces résultats avec précaution. D'une part, il y a un décalage entre les répondants qui disent accorder de l'importance au recyclage (soit 100%) et ceux qui par exemple disent se renseigner sur la gestion des déchets dans leur commune, qui ne sont que 31%. On peut supposer ici un écart entre le « bien pensant » et le « bien agissant ». En d'autres termes, le recyclage est-il réellement une préoccupation suffisamment forte pour créer du lien avec la collectivité territoriale ? Nous pouvons en douter en regardant les principaux centres d'intérêts des citoyens en matière de politique territoriale.

En matière de politique territoriale EN GENERAL, à quels thèmes accordez-vous de l'importance ?

10 urbanisme (sauf logement)

4 10 logement

transport

activités culturelles et sportives

développement durable

sécurité

emploi

éducation

6

16

8

24

22

Enfin, 53% des personnes interrogées pensent que leurs élus ne sont pas assez à l'écoute en matière de gestion des déchets. Thierry BILLET confirme cela pour le cas d'Annecy en nous disant qu'il y a un décalage entre la volonté populaire et l'inertie politique. A Valérie LAURENT de rappeler qu'il reste aussi des progrès à faire concernant la relation avec le public, en citant l'exemple de l'accueil dans les déchetteries.

La situation pourrait donc être résumée ainsi : les citoyens font preuve de bonne volonté et attendent davantage d'action de la part de leurs représentants, qui eux-mêmes sont divisés entre ceux qui souhaitent faire progresser les choses et ceux qui ne considèrent pas le thème du recyclage comme prioritaire. Il faudrait donc pouvoir étudier le cas d'une collectivité ou la démarche de collaboration avec la population sur le recyclage est plus poussée. Toute chose égale par ailleurs, l'analyse des réponses au questionnaire et les constats précédents peuvent nous amener à penser que le recyclage n'est pas un thème suffisamment important aux yeux de la majorité de la population pour en faire un vecteur de lien entre elle et l'entité « collectivité ». En l'attente d'éléments plus probants, l'hypothèse 1.4 est donc réfutée.

9 Parallèlement à la mise en place de la RS et de la collecte des cartons, la A a cessé de récolter les encombrants, qui étaient simplement laissés sur les trottoirs. Il est maintenant demandé à leurs propriétaires de les amener en décharge. En plus de la propreté urbaine, cela permet surtout de réduire d'autant le volume de déchets partant en incinération (puisque les encombrants collectés étaient incinérés) et d'améliorer le tri, qui se fait en décharge, et donc d'augmenter la quantité de matériaux recyclés.

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Le dernier point de la communication locale que nous souhaitons aborder est celui de l'identité. Les réponses aux hypothèses précédentes nous permettent d'ores et déjà d'avoir des éléments de réponse à l'hypothèse H1.5 mais nous devons savoir plus précisément en quoi les initiatives autour du recyclage peuvent inciter les acteurs (individus et entreprises) à s'approprier le territoire.

Comme nous l'avons déjà évoqué, le problème des mâchefers d'Avernioz a suscité une vive réaction populaire, non seulement à cause de la pollution engendrée, mais aussi à cause du coût de la dépollution.

D'autre part, les enquêtes nous montrent que :

- Les répondants ne développent pas réellement de sentiment d'identité (seul un quart) et que pour 56% d'entre eux leur commune ou leur agglomération est « simplement leur lieu de résidence » ;

- Les arguments qui reviennent le plus souvent pour définir la ville de résidence sont :

« paisible / tranquille » (56%), « dynamique / jeune » (44%) ; « responsable / propre » (44%) ; « belles / jolie » (38%) ;

- S'ils devaient déménager, 63% des répondants ne tiendraient ni compte du développement durable, ni du recyclage.

Pour ce qui est des entreprises, on sait grâce à Mr BILLET et à Mme LAURENT qu'aucune forme de communication n'est réalisée sur les entreprises « classiques » qui mettent en place des démarches de recyclage ; seules sont promues (dans une certaine mesure) les entreprises et les associations de tri et de recyclage. Rappelons également que la A et la commune d'Annecy n'interviennent quasiment pas auprès des entreprises sur ce thème.

En tant que responsable au sein d'une entreprise, Florian PALLUEL juge importante la mise en place de moyens pour améliorer le processus de recyclage. Cela incite Picture à rester à Annecy et serait pris en compte si l'entreprise devait s'installer ailleurs. Mais rappelons que c'est notre seul répondant ayant ce profil.

Le seul outil pouvant développer le sentiment d'identité autour du recyclage mis en place par la A est la labellisation « QualiTri + » par l'ADEME. Mais Mr BILLET lui-même avoue qu'il « ne sait pas si les annéciens y sont sensibles ou même s'ils s'en rendent compte ».

Au vue de ces éléments, la mise en place de démarches de recyclage poussées peut donc aider au développement de l'identité mais est loin d'être suffisante en soi. Pour ce que nous avons pu étudier dans la partie théorique et avec Picture, les entreprises sont plus susceptibles d'y être sensibles. Les citoyens sont quant à eux divisés entre ceux pour qui le recyclage (et plus généralement le développement durable) est un centre d'intérêt et ceux pour qui cela est secondaire. Compte tenu des résultats d'enquête, nous réfutons l'hypothèse H1.5. Mais, en rappelant que le sentiment d'identité est un concept subjectif, nous émettons deux réserves :

- Les initiatives de recyclage peuvent être plus intéressantes pour le développement de l'identité des entreprises ;

- Ces initiatives peuvent développer le sentiment d'identité des citoyens ayant déjà une disposition forte par rapport au recyclage.

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King