WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Indépendance de la banque centrale et croissance économique

( Télécharger le fichier original )
par Nesrine RESSAISSI
faculté des sciences économiques et de gestion de Tunis -  2007
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE.........................................................1

CHAPITRE I:

L'indépendance de la banque centrale : accélérateur de croissance économique .....................................................................5

CHAPITRE II :

L'indépendance de la banque centrale : ralentisseur de croissance économique.....................................................................15

CHAPITRE III :

L'indépendance de la banque centrale : aucun effet sur la croissance économique......................................................................25

CONCLUSION GENERALE.........................................................36

«Je veux que la Banque de France soit assez dans les mains du gouvernement

et qu'elle n'y soit pas trop».

N. Bonaparte

Le contexte monétaire international, marqué par la fin du système de Bretton Woods et les difficultés du système monétaire européen, ainsi que les défauts des règles monétaires ont poussé les économistes à identifier des nouvelles solutions pour assurer la stabilité monétaire.

Ainsi, depuis le début des années quatre-vingt-dix, le nombre de banques centrales dont les statuts ont été modifiés vers une plus grande autonomie vis-à-vis des autorités politiques sont nombreux. En effet, des banques centrales indépendantes existaient depuis plusieurs décennies, telles que la Bundesbank (1957) ou la banque nationale de Suisse (1921). Thornton, dans un article publié en 1991, dit :"The Bank of England is quite independant of the executive government." Cette phrase d'H.Thornton prouve que l'indépendance de la banque centrale n'est pas un phénomène contomporain.

Le corpus théorique qui accompagne l'argument de l'indépendance de la banque centrale résulte de travaux autour d'une problématique toujours très actuelle en théorie monétaire, celle de l'incohérence temporelle, ce problème est présenté pour la première foie dans un article de deux économistes américains, Kydland et Prescott en 1977. La question posée par ces auteurs est de savoir si un gouvernement peut parvenir ou non à optimiser le bien être social en visant de manière discriminatoire des instruments de politique économique, la solution de l'indépendance de la banque centrale apparaît donc.

Une littérature économétrique abondante a justement eu pour objet de tester la relation entre l'inflation, conséquence de l'incohérence temporelle et l'indépendance de la banque centrale. Selon cette littérature, plus l'indépendance de la banque centrale est importante plus le taux d'inflation atteint devrait être plus bas Les résultats de Grilli, Masciandaro et Tabellini (1991) et Alesina Summers (1993) confirment cette conjoncture et les auteurs trouvent une relation clairement négative entre les indices d'indépendance et le niveau des taux d'inflation.

Ainsi, selon les modèles théoriques, l'indépendance de la banque centrale permettrait de limiter l'inflation. UN débat ressent et déclenché consternant les faits de l'indépendance de la banque centrale sur la croissance économique.

Ce mémoire se propose de mener le débat sur la relation entre l'in dépendance et la croissance économique à la lumière des arguments des partisans et des détracteurs. Il s'agit précisément d'exposer les différentes conceptions de l'effet de l'indépendance de la banque centrale sur la croissance économique existant dans la littérature et de confronter ces conceptions aux fais économiques réels.

Rogoff (1985) et les Keynésiens prévoient que la délégation de la politique monétaire implique une sorte d'arbitrage au détriment de la croissance économique.

«The models of Rogoff (1985) and Eijffinger and Schaling (1993b) conclude that when the central bank gives priority to price stability, the variability of income will be greater than in the case where the central bank also strives for stabilization of the economy. »

Cette hypothèse vient contre dire l'hypothèse présentée par Alesina Summers (1993) qui défendent le fait que l'indépendance de la banque centrale a un effet positif sur le taux de croissance économique alors qu'un nombre important d'économistes, tel que Masciandaro et Tabellini (1991) et Cukierman (1992), voient que l'indépendance n'a aucun effet réel sur le niveau de la croissance économique.

Pour atteindre les objectifs escomptés et répondre ainsi a notre problématique, ce mémoire va s'articuler sur trois chapitres. Chaque chapitre sera consacré a l'étude des hypothèses présentées plus haut.

Ainsi, le premier traitera l'hypothèse énonçant qu'une banque centrale indépendante sera le garant d'une croissance économique soutenue en se basant sur la théorie du biais inflationniste, cette théorie est fondée sur l'idée que l'indépendance permet à la banque centrale d'acquérir plus de crédibilité de manière à ce que les agents économiques deviennent plus confiants. par conséquent, ils n'anticiperont pas un reniement de l'objectif monétaire (la stabilité des prix). cette crédibilité permet alors de réduire le biais inflationniste et ainsi, en maîtrisons le taux d'inflation à un niveau très bas, la relance économique aura lieu à travers l'investissement.

Par contre, Rogoff (1985) prévoit qu'une focalisation très forte sur l'évolution de l'inflation peut conduire la banque centrale à ignorer les conséquences économiques néfastes d'un maintien trop élevé du taux d'intérêt, ce qui accentue le risque de stagnation. Cette hypothèse sera l'objet du deuxième chapitre.

Finalement, le troisième chapitre présentera le fait que l'indépendance de la banque centrale n'a aucun effet sur le taux de croissance économique. Cukierman (1992), Grilli ; Alii et Summer (1993) ne trouvent pas de relation tangible entre les indices d'indépendance de la banque centrale et la croissance économique. Ces économistes n'ont pas donné des arguments qui défendent leur hypothèse mais ils ont analysé ce fait empiriquement. Par contre et en ce qui concerne les deux premiers chapitre, leurs défendeurs n'ont pas encore tester économétriquement les théorie.

L'INDEPENDANCE DE LA BANQUE CENTRALE : ACCELERATEUR DE CROISSANCE ECONOMIQUE

Introduction :

Le début des années soixante-dix a été marqué par une problématique toujours très actuelle, celle de l'incohérence temporelle. ce problème peut être l'une des principales sources du biais inflationniste. pour cette raison, on a proposé la solution d'une banque centrale indépendante. les économistes tel que Kydland et Prescott (1977) prévoient qu'une banque centrale indépendante sera le garantie d'un taux d'inflation proche de zéro et d'après certains d'autres économistes, ce niveau bas d'inflation aura un effet positive sur la croissance économique.

Ce chapitre sera réparti en deux sections. Dans la première, et tout d'abord on va s'intéresser à la notion de l'indépendance de la banque centrale accompagné d'une explication économique du concept du biais inflationniste en s'appuyant sur sa source et sur les solutions possibles pour la combattre. Ensuite, on essayera de déterminer l'effet de cette lutte contre l'inflation sur le niveau de l'activité économique selon des différents canaux de transmission.

SECTION 1 : la banque centrale indépendante et le biais inflationniste

Avant d'analyser l'effet de l'indépendance de la banque centrale sur l'inflation, il faut d'abord définir la notion de l'indépendance des banques centrales.

I) La notion d'indépendance appliquée aux banques centrales

1/définition de l'indépendance

Accorder leur indépendance aux banques centrales signifie que nul corps constitué, gouvernement, Parlement ou l'un de leurs membres respectifs, ne détient le pouvoir d'interférer dans les décisions prises par la Banque centrale dans l'exercice de sa mission statutaire et encore moins de renverser le cours des décisions prises.

L'indépendance des banques centrales s'entend principalement sur les plans organisationnel et économique.

* L'indépendance organisationnelle tient aux relations entre la Banque centrale et l'état, et concerne l'ensemble des dispositions qui régissent l'organisation institutionnelle de la banque centrale, à savoir, la composition de ses instances

De décision, le mode de recrutement et de révocation des dirigeants, la durée du mandat, la responsabilité des instances dirigeantes de la banque et leur devoir de communication des résultats obtenus, etc.

* L'indépendance économique des banques centrales s'exerce en matière de politique monétaire et se décline en indépendance d'objectifs et/ou indépendance d'instruments. C'est le champ d'application de l'indépendance que nous retenons à titre principal. Est donc indépendante une banque centrale qui définit et met en oeuvre la politique monétaire d'un pays ou d'un groupe de pays dans le cadre d'une loi ou d'un traité.

2/L'indépendance légale et l'indépendance réelle :

Selon Cukierman et Al(1992 )  : L'indépendance légale est fondée sur les éléments inscrits dans la législation, telles que la procédure de nomination des membres du conseil de la banque ou plus souvent la nomination du gouverneur, la durée de leurs mandats, l'objectif qu'ils doivent poursuivre, l'obligation de rendre compte à un autre organe (législatif ou exécutif), la présence ou pas dans les membres du conseil de la banque d'un représentant du gouvernement, la responsabilité ultime de la politique monétaire, la procédure de résolution des éventuels conflits avec le gouvernement, l'interdiction de ou de ne pas monétiser le déficit public ou d'accorder des prêts à l'économie, la libre détermination du taux d'intérêt, le rôle du gouvernement dans la détermination des revenus des membres de la banque centrale....

L'indépendance décrite dans la législation doit encore se traduire dans la pratique : l'indépendance légale, bien qu'importante, n'est pas un élément suffisant pour garantir l'indépendance réelle.

L'indépendance réelle peut être détectée, d'après Cukierman et al (1992), soit par des questionnaires adressées aux spécialistes des banques centrales ; soit par l'analyse de la durée effective des mandats du gouverneur de la banque centrale. Cependant, la seconde mesure de l'indépendance réelle qui consiste en l'analyse des durées des mandats du gouverneur réduit l'indépendance réelle à une seule variable, et peut être source de confusion : une longue durée du mandat peut être aussi le signe de dépendance, le gouverneur s'étant mis plus facilement à la disposition du gouvernement pour éviter d'être déplacé. Pour résoudre cette lacune, Cukierman et Webb (1995), ont inclus la variabilité politique dans l'examen de l'indépendance.

Ainsi, les deux auteurs ont étudié chaque changement du gouverneur qui se fait juste après un changement de l'exécutif dans le pays, ou toute transformation dans le cadre politique. Dès lors, cette variabilité politique concerne la distribution du pouvoir politique entre les partis politiques adverses ou tout changement radical et inconstitutionnel dans le régime.

En définitive, l'indépendance légale concerne le côté législatif du rapport entre la banque centrale et le gouvernement, alors que l'indépendance réelle concerne le côté pratique. Le cadre légal n'étant qu'une garantie partielle de l'indépendance réelle.

3/L'indépendance des objectifs et l'indépendance instrumentale

Par indépendance instrumentale on entend la possibilité que la banque centrale possède de décider les actions monétaires (en particulier la détermination du taux d'intérêt) dans le but d'atteindre son objectif.

On peut interpréter l'indépendance des objectifs soit comme la possibilité de choisir n'importe quel objectif, soit comme la possibilité de poursuivre la stabilité des prix librement sans indication ou interférence de la part du gouvernement (comme le soulignent aussi Debelle & Fischer (1994) en discutant l'indépendance politique de Grilli, Masciandaro & Tabellini (1991).

Après avoir définie la notion de d'indépendance de la banque centrale, nous allons élaborer dans ce qui suit comment l'indépendance de la banque centrale réduit le biais inflationniste.

La légitimation de l'indépendance se trouve dans la théorie du biais inflationniste. Cette légitimation est fondée sur l'idée que l'indépendance permet à la banque centrale d'acquérir plus de crédibilité de manière à ce que les agents économiques deviennent plus confiants. Par conséquent, ils n'anticiperont pas un reniement de l'objectif monétaire initialement déclaré. Cette crédibilité permet alors de réduire le biais inflationniste. D'après F.Kydland & E.Prescott (1977), l'incohérence temporelle est la source du biais d'inflation et pour résoudre ce problème, Rogoff (1985) propose de déléguer la gestion monétaire à un banquier central conservateur afin de minimiser les tentations inflationnistes du gouvernement. Alors que Walsh (1995) propose de soutenir le taux d'inflation à un niveau optimale avec un contrat.

II- l'incohérence temporelle : source du biais inflationniste

Le problème de l'incohérence temporelle est présenté pour la première fois dans un article de deux économistes américains, Kydland et Prescott, en 1977 (Kydland et Prescott, 1977). La question posée par ces auteurs est de savoir si un gouvernement peut parvenir, ou non, à maximiser le bien-être social en usant de manière discrétionnaire des instruments de politique économique. Sous-jacente à cette interrogation apparaît l'idée selon laquelle le gouvernement pourrait, en certaines occasions, "tromper" les agents économiques et par delà, améliorer sensiblement son bilan économique. Pour Kydland et Prescott, cette tentative de "tromperie" reste cependant vaine, les agents anticipant rationnellement une telle tentative de manipulation et donc, contrecarrent l'action du gouvernement. Kydland et Prescott résument dès lors leur pensée en une maxime, "la règle contre la discrétion", et en un axiome, la règle peut permettre au gouvernement d'optimaliser le bien-être social, jamais l'utilisation discrétionnaire.

Ces intuitions seront appliquées quelques années plus tard à la politique monétaire par deux économistes de l'Ecole de Chigaco, Barro et Gordon (Barro et Gordon, 1983). En s'appuyant sur une courbe d'offre de Phillips augmentée des anticipations rationnelles à la Lucas, ces théoriciens monétaristes en déduisent que l'utilisation discrétionnaire de la politique monétaire serait indubitablement contrecarrée par les agents économiques.

1/ la courbe de Phillip

Nous considérons dans cette partie comme base de la théorie du biais inflationniste et des anticipations rationnelles, les contributions de Milton Friedman et de Edmund phelps (1968). La courbe de phillips détermine la relation, caractérisée par la non stabilité, la non linéarité et la non inversion entre le taux de chômage et le taux de variation du salaire nominal.

En effet, une demande excédentaire de travail correspond en même temps à une réduction du taux de chômage ainsi qu'à une hausse du taux de salaire. Un taux de chômage faible, correspond obligatoirement à des salaires nominaux élevés. Simplement, selon cette courbe de Phillips, il est toujours possible d'atteindre et de maintenir de façon durable un taux de chômage faible, à condition d'accepter un taux d'inflation élevé de façon durable selon Phillips (1958).

La vision de Samuelson par exemple est de passer d'une relation statistique à un trade-off de politique économique. En effet, il a remplacé le taux de salaire par le taux d'inflation en supposant que le taux d'inflation n'est autre que le taux de croissance des salaires nominaux diminué du taux de croissance de la productivité du travail. Ainsi, plus d'inflation veut bien dire moins de chômage.

Toutefois, Friedman et Phelps ont critiqué cette représentation en se basant sur différents concepts, dont les principaux sont le taux naturel de chômage (Friedman,1968) déterminé par des facteurs réels, le taux d'inflation anticipé qui correspond à l'inflation future déterminée en fonction de l'inflation de la période précédente seulement (anticipations adaptatives), et la distinction entre court terme et long terme qui est essentielle vu que l'ajustement des salaires et la formation des anticipations ne sont pas immédiats.

Figure 1 : La courbe de Phillips

Friedman (1977) a montré aussi que la relation négative entre l'inflation et la chômage n'est plus stable : elle est temporaire, car la hausse de l'inflation contre la diminution du chômage est expliquée par la pente négative de la courbe de Phillips dans le court terme. Cependant, l'égalité entre le taux de chômage naturel et le taux de chômage réel explique l'aspect vertical de la courbe de Phillips dans le long terme.

Les théoriciens précurseurs à cette courbe de Phillips pensent qu'elle n'est décroissante que parce que les individus se sont trompés sur la valeur des salaires réels. Par ailleurs, il convient de conclure que : tenir compte des anticipations individuelles est indispensable. En effet, selon Friedman (1994), l'impact sur la production et l'emploi n'est possible qu'à court terme vu que le gouvernement réussit à surprendre les individus.

La résolution du problème du chômage passe nécessairement par l'acceptation d'un taux d'inflation durablement élevé c'est-à-dire supérieur aux taux d'inflation déjà anticipé.

2/ les anticipations rationnelles

Après avoir été introduite dans l'analyse par Friedman et Phelps, l'inflation anticipée, a été suivie dans une nouvelle approche par un groupe d'éminents économistes : Robert Lucas (1972), Thomas Sargent (1975) et Robert Barro (1976).

Selon la nouvelle théorie fondée sur les anticipations rationnelles, le public utilise de façon optimale toutes les informations dont il dispose, y compris celles concernant les mesures économiques mises en oeuvre et les politiques futures. Cette nouvelle approche a modifié fondamentalement toute la matière économique, mais l'impact le plus important a été certainement la nouvelle vision du compromis entre l'inflation et le chômage.

En 1977, deux théoriciens américains, Kydland &Prescott (1977) ont montré dans leurs analyses que si l'inflation anticipée est faible, le coût marginal d'une augmentation de l'inflation est peu élevé ce qui incite les gouvernements à poursuivre une politique monétaire expansionniste en vue d'augmenter la production au delà de son niveau normal. Mais comme les agents économiques savent que les gouvernements sont incités à se conduire ainsi, la poursuite discrétionnaire d'une telle politique aboutira à augmenter l'inflation.

III-les solutions du biais inflationniste

Pour outrepasser les problèmes inhérents de l'incohérence temporelle de la politique monétaire différente solution sont envisagées pourtant ne contribuent pas directement et obligatoirement à la crédibilité et l'indépendance mais peuvent y être proches. Nous traiterons dans ce qui suit les effets de l'adoption de la politique de règle monétaire. Ensuite, une appréciation exhaustive sur les deux voies contemporaines de l'indépendance : le conservatisme et le contrat.

1/ une politique monétaire suivant les règles

La flexibilité et la souplesse tacite de la politique discrétionnaire sont la source de l'incohérence temporelle. Mais si la règle fixée est obligatoirement suivie, aucune action n'est permise donc pas de souplesse, ni d'autonomie, et tout le monde est sûr qu'aucun autre comportement ne sera adopté, il est évident donc qu'aucun reniement n'est possible, et par conséquent le biais inflationniste n'existe plus.

2/ Le gouverneur conservateur

Rogoff (1985) trouve une solution originale au problème d'incohérence temporelle décrit précédemment consistant dans la nomination d'un gouverneur de Banque

Centrale « conservateur » c'est-à-dire qui accorde un poids plus important à la lutte contre l'inflation que la société. Il montre par ailleurs que ce poids ne doit cependant pas être infini. La présence d'un gouverneur conservateur permet de baisser les anticipations d'inflation des agents qui vont être moins exigeants lors de leurs revendications salariales car ils s'attendent à ce que la lutte contre l'inflation soit un objectif privilégié par la Banque Centrale et donc que la hausse des prix ne soit pas très forte gouvernement peut être une manière de désigner un gouverneur de Banque Centrale conservateur.

Cependant, le poids accordé à la lutte contre l'inflation ne doit pas être infini. En effet, la réponse aux chocs d'offre est d'autant plus mauvaise que le degré de conservatisme du gouverneur est grand, car ce dernier accorde plus d'importance à la lutte contre l'inflation qu'à la situation sur le marché du travail. La société subira en conséquence un coût d'autant plus important en cas d'ajustement à un choc d'offre que le gouverneur est conservateur.

3/ le contrat

Devant l'impossibilité mise en évidence par Rogoff d'avoir en même temps crédibilité et flexibilité de la politique monétaire, l'idée a donc été introduite de limiter l'indépendance du gouverneur de Banque Centrale à une indépendance d'instruments pour résoudre le problème d'incohérence temporelle tout en préservant la capacité de la Banque Centrale de répondre à des chocs d'offre.

Dans cette approche, l'accent est mis sur les tâches et les incitations du gouverneur de Banque Centrale pour qu'il achève les missions qui lui ont été conférées dans le cadre d'un modèle principal-agent. En particulier, il s'expose à des représailles s'il échoue, représailles qui peuvent prendre la forme de suppressions de primes (Walsh, Persson et Tabellini (1993)).

Walsh (1995) montre que le gouvernement peut inciter le banquier central à choisir un niveau d'inflation égal au taux d'inflation socialement optimal. En supposant que le banquier central cherche à maximiser la différence entre le montant des transferts qui lui sont accordés et les coûts sociaux, en termes d'inflation et d'emplois, il est alors possible, pour le gouvernement de trouver le transfert optimal .

Une interprétation de cette équation de transfert peut être la mise en place d'une cible de masse monétaire ; si la Banque Centrale ne la respecte pas, elle encourt une punition proportionnelle au niveau de la déviation. Le transfert optimal étant une fonction linéaire du taux d'inflation, l'augmentation du coût marginal est la même dans tous les états de la nature. Il en résulte que la réponse de la Banque Centrale aux chocs d'offre n'est pas altérée par l'introduction de cette cible de masse monétaire.

Enfin, Walsh montre que l'instauration d'une cible d'inflation conduirait à des résultats analogues. Cependant, les contrats ne sont souvent pas aussi simples que ceux décrits par la théorie et il n'est pas toujours évident de trouver les arguments qui inciteront les gouverneurs à choisir exactement la règle optimale. Ainsi, la solution contractuelle de Walsh n'a que rarement été observée en pratique. Au contraire, la mise en place d'une cible d'inflation qui entrerait dans la fonction objective de la BC, telle qu'elle est décrite dans le modèle de Svensson est beaucoup plus courante.

SECTION 2 : le rôle d'une inflation maîtrisé dans la croissance économique :

L'indépendance permet de réduire l'inflation par son apport de crédibilité. On a ainsi une relation théorique négative entre l'indépendance et le niveau d'inflation. L'explication intuitive passe par la réduction de la tentation inflationniste que l'objectif conservateur comporte.

Les travaux économiques montrent que l'inflation peut influer la croissance en agissant sur la production.

L'activité économique aboutit à la production d'une masse des biens et services qu'on appelle le produit nationale. La question est de savoir si l'inflation exerce des effets négatifs ou positifs sur cette masse, en d'autres termes, si la tendance à la hausse des prix encourage ou freine le développement de la production ? la réponse à cette question nécessite la détermination de l'impact de l'inflation sur l'investissement ,sur le système financier et sur le régime fiscale.

I-le canal de l'investissement :

La littérature économique de l'impact de l'inflation sur l'investissement se base sur la relation inflation-épargne-investissement. En effet en affectant le taux des dépôts réels, l'inflation peut affecter l'épargne et par suite l'investissement.

Les études de Gylfason (1991) ont montré que l'inflation peut affecter le taux réel des dépôts et ainsi le niveau de l'épargne et de l'investissement. Une analyse approfondie peut montrer que l'inflation est souvent très nuisible à l'investissement parce qu'elle tend à réduire son niveau et son efficacité. En effet, le développement des tentions inflationnistes, suite à l'augmentation de seigneuriage dans le but de financier le déficit de l'état, tend à diminuer le taux réel de dépôts. La faiblesse de taux de dépôts déprime l'épargne volontaire, puisque les détenteurs d'épargne vont chercher d'autres biens qui offrent un rendement supérieur au taux réel de dépôts, et ainsi le volume de l'investissement sera plus faible.

Selon Mackinnon et Show (1973), la monnaie est une réserve de valeur et sa demande est en fonction de l'épargne. De ce fait, la monnaie est considérée comme l'élément central du processus épargne-investissement et son essor est la condition nécessaire à la croissance économique.

De plus, toute expansion de la conjoncture économique devient rapidement inflationniste puisqu'elle accroît d'avantage l'investissement que l'épargne, ce déséquilibre conjoncturel ne peut être alors interrompu que par un freinage de la croissance économique.

II- le canal du système financier :

Plusieurs études récentes ont concentré leurs analyses sur la liaison entre niveau de développement financier initial et taux de croissance économique de long terme. Dans ce cadre king et levine (1993) ont conclu que l'existence d'une superstructure financière initiale développée favorise le développement économique.

Cependant, l'accroissement de taux d'inflation peut entraver le développement de système financier en réduisant la performance et l'efficacité de marché financier. Ainsi, le système financier constitue un additionnel canal à travers lequel l'inflation peut affecter le taux de croissance économique. Ce point a été accentué par Mackinnon et Show (1973) qui défendent la stabilité des prix pour les pays en développement dans l'ordre d'encourager l'intermédiation financière.

De Gregorio et Sturzenegger (1994) soulignent également que l'inflation provoque un problème informationnel pour les opérations du marché financier. En effet, à une forte inflation, les firmes à faible productivité ont plus des motivations à apparaître comme les firmes à productivité élevée puisque les coûts d'imitation des comportements de celles-ci se déclinent avec l'inflation. Par contre les firmes à forte productivité ont moins des motivations à signaler leurs types, puisque les coûts de signal augmentent avec l'inflation. Ainsi l'inflation rend difficile la comparaison entre deux types des firmes et donc une mauvaise allocation de crédits en faveur les firmes à faible productivité.

Chari, Jones et Manuelli (1995,1996) montrent que l'inflation à travers ses effets négatifs sur le rendement de l'épargne, déprime l'activité des intermédiations financières. De plus, en présence d'une inflation élevée, l'état va recourir à l'augmentation de taux de réserve obligatoire ce qui limite encore l'activité bancaire.

Le taux d'inflation élevée réduit la rentabilité des engagements financiers de long terme, ce qui incite les épargnants à détenir des portefeuilles très liquides et ainsi une baisse de l'investissement et de taux de croissance économique.

III- le canal du système fiscal :

L'évolution de l'inflation dans les années soixante-dix a tourné l'attention vers les coûts imputables à l'interaction entre inflation et système fiscale non parfaitement indexé.

Feldstein (1983) a été le premier à étudier l'impact de cette interaction sur les rendements du capital après impôts, les taux d'intérêt d'équilibre, les prix des avoirs et l'accumulation de capital. Il montre que pour Irving Fischer, l'inflation n'a aucun impact sur les flux d'investissement et donc sur le taux de croissance économique puisque dans le cas des taxes forfaitaires, une augmentation de taux d'inflation entraîne une augmentation similaire de taux d'intérêt nominal et ainsi laisse inchangée le taux d'intérêt réel.

Cependant, en présence des taxes distorsionnaires, qui sont imparfaitement indexés, l'inflation affecte les rendements réels de l'investissement à travers plusieurs mécanisme, le plus important est celui de l'utilisation des coûts historiques pour calculer les dépréciations des actifs de l'entreprise au lieu des coûts économiques qui sont réellement plus élevés, en présence de taux d'inflation élevés, que les premiers. Cette évolution de l'impôt va entraîner la réduction de montant consacré au investissement, et ainsi la baisse de niveau de l'investissement et de taux de croissance économique.

Hawitt (1996) montre que l'inflation peut réduire la qualité de l'investissement puisque les ressources sont allouées entre les différents projets d'investissement selon le taux des rendements comptables et non pas selon le taux des rendements économiques. Ce résultat va engendrer une mauvaise allocation des ressources vers les projets d'investissement, à faible productivité, ce qui entraîne le ralentissement de taux de croissance.

CONCLUSION :

En conclusion, L'apport de crédibilité de la banque centrale peut être réalisé par différents moyens, par une règle monétaire (réduction du caractère discrétionnaire de la politique monétaire); par le conservatisme (réorientation de l'objectif monétaire vers la lutte contre inflation) ou par le contrat (système d'incitation).

Ces solutions assurent l'absence du reniement, d'où la suppression de l'incohérence temporelle et la disparition du biais inflationniste. Étant donné que le niveau de l'inflation va être proche de zéro, grâce à la crédibilité de la banque centrale, les investisseurs seront motivés de ce niveau d'inflation puisque les coûts de leurs projets seront moins élevés et par suite la relance économique à travers le canal de l'investissement et le produit national va augmenter ce qui conduit à la croissance économique.

Il reste à souligner que la relation positive entre l'indépendance de la banque centrale et la croissance économique a été analysée théoriquement à cause d'un manque d'information empirique. Aucun économiste n'a étudié cette relation économétriquement.

Nous sommes d'accord que l'inflation peut être nuisible à l'activité économique, mais est ce que l'action de la banque centrale pour luter contre l'inflation est efficace dans tout les cas ? La réponse à cette question fera l'objet du deuxième chapitre.


L'INDEPENDANCE DE LA BANQUE CENTRALE : RALENTISSEUR DE CROISSANCE ECONOMIQUE

Introduction :

Le chapitre précédent, malgré qu'il a manqué d'une validation empirique, nous a expliqué comment une banque centrale indépendante peut être favorable à la croissance économique. Mais Rogoff (1985) n'a pas été d'accord avec cette théorie. Il prévoit que lorsqu'on donne une importance plus importante à l'inflation cela peut être au détriment de la croissance économique. En effet une banque centrale indépendante n'a aucun objectif que la stabilité des prix, nous sommes alors en présence du ciblage d'inflation, ce ciblage nécessite une politique monétaire restrictive qui peut être nuisible à la production.

Ce deuxième chapitre sera subdivisé en deux sections. La première section s'intéresse au principe du ciblage d'inflation tout en expliquant l'action d'une banque centrale indépendante dans ce cas. Alors que la deuxième section sera consacrée à l'analyse de la coopération des politiques budgétaire et monétaire dans le cas d'une banque centrale indépendante.

SECTION 1 : l'indépendance de la banque centrale et le ciblage de l'inflation

L'instabilité des prix est source d'incertitude, elle fausse le processus de décision économique et entrave la croissance économique. Généralement, cette instabilité résulte de l'inflation. L'origine de l'inflation est attribuée à l'excès de liquidité, c'est-à-dire qu'il y a trop de monnaie pour trop peu de biens.

Pour maîtriser l'inflation, la banque centrale visait des objectifs intermédiaires de taux de croissance monétaire. Ces objectifs doivent conduire au taux d'inflation souhaité. Bien que cette stratégie ait permis à certains pays de réduire leurs inflations, l'échec répété et l'instabilité persistante de la relation entre la croissance monétaire et l'inflation ont poussé la plupart des pays à cesser de cibler les agrégats monétaires pendant les années 80. Alors, les tentatives des différentes banques centrales et plusieurs recherches se sont concentrées sur la recherche d'une nouvelle variable à cibler et à mettre en place une nouvelle politique visant de maîtriser l'inflation.

A la fin des années 80, de nombreux pays industrialisés suivis par des pays à marché émergent ont commencé à cibler l'inflation. D'où, l'apparition d'une nouvelle politique économique nommée « ciblage d'inflation ».

Dans ce sens, il est nécessaire que la banque centrale soit indépendante pour contrer les anticipations inflationnistes. Barro et Gordon ont montré dans un article de 1982 l'intérêt de l'indépendance pour l'efficacité des politiques monétaires. Au cours de cette section, nous allons présenter le principe de ciblage d'inflation adopté par une banque centrale indépendante.

1-Aspects opérationnels du ciblage de l'inflation :

Le ciblage de l'inflation est un cadre de politique monétaire qui contraint la banque centrale à assurer une faible inflation. Le processus commence normalement par la diffusion d'un communiqué conjoint de la banque centrale et du gouvernement (habituellement le ministère des finances) fixant un objectif explicite à atteindre sur une période donnée par exemple un taux annuel d'inflation de 2 % pendant les deux années à venir. Il incombe ensuite à la banque centrale, qui doit être libre de la manière dont elle règle ses instruments, d'atteindre l'objectif fixé et de publier régulièrement des informations sur ses stratégies et ses décisions.

Ce devoir de transparence contribue à réduire l'incertitude quant aux orientations futures de la politique monétaire tout en renforçant la crédibilité et la responsabilité de la banque centrale.

Le ciblage de l'inflation a été décrit comme un cadre d'application de la politique monétaire en liberté surveillée. Il s'appuie sur des règles, puisque l'adoption de cibles explicites astreint la banque centrale à l'application d'une politique cohérente. Il laisse toutefois en même temps à la banque centrale la liberté de choisir la manière dont elle utilise ses instruments, ce qui lui donne une certaine marge de manoeuvre pour réagir aux éventuels chocs endogènes ou exogènes.

Dans une situation typique de ciblage de l'inflation, la banque centrale règle ses instruments, par exemple les taux d'intérêt, à une date donnée à un niveau qui ramènera l'inflation prévisionnelle, par exemple pendant l'année ou les deux ans qui suivent, à un taux proche de la cible à atteindre.

L'inflation prévisionnelle sert d'objectif intermédiaire ; l'écart à combler entre le taux prévisionnel et le taux cible détermine le choix de l'action à mener. Cette approche prospective est évidemment souhaitable, compte tenu des délais longs et variables qui interviennent entre la modification des instruments monétaires et la matérialisation de ses effets sur l'objectif stratégique ultime. À l'opposé, une approche consistant à réagir à l'inflation passée ou présente constitue par définition une politique à retardement qui accroît le risque de variabilité de l'inflation et de la production.

En pratique, c'est la banque centrale qui décide habituellement

de l'orientation future de la politique monétaire sur la foi des informations fournies par un ensemble d'indicateurs, par exemple les taux d'inflation prévisionnels obtenus à partir de modèles macroéconomiques structuraux, ou de méthodes plus mécaniques, par exemple des analyses d'autorégression vectorielle, et des résultats d'enquêtes sur les anticipations inflationnistes fondées sur le marché.

Les autorités monétaires tiennent également compte de l'évolution de variables monétaires et financières clés comme la monnaie et le crédit, la structure des taux d'intérêt selon les échéances, les prix des actifs et les conditions du marché du travail. Si plus d'un de ces indicateurs donne à penser que l'inflation dépassera probablement la cible, la nécessité de recourir aux instruments devient évidente.

1- Règles ou politique discrétionnaire ?

Après des années d'inflation élevée, le monde industrialisé et les pays en développement sont entrés au cours des années 90 dans une période de stabilité des prix. Les banques centrales ont contribué à cette tendance favorable en choisissant de plus en plus d'annoncer l'orientation à venir de variables nominales clés afin d'influer sur les anticipations inflationnistes. Ces objectifs intermédiaires (ou règles) annoncés aident à renforcer la crédibilité de la politique dans la mesure où la banque centrale est moins incitée à jouer sur l'arbitrage à court terme entre les variations de la production et l'inflation, qui peut avoir tendance à créer un biais inflationniste.

Au plan opérationnel, ces objectifs intermédiaires ont deux fonctions utiles : empêcher les chocs endogènes ou exogènes d'entraîner une hausse permanente de l'inflation et concrétiser la volonté de stabilité des prix à long terme. Ils jouent en fait le rôle de points d'ancrage nominaux, tenant les banques centrales à l'application de politiques cohérentes tout en donnant un repère qui permet au public d'en suivre la mise en oeuvre.

2- Ciblage de l'inflation et transparence

La politique monétaire est plus efficace lorsque les marchés en comprennent les objectifs et le rapport entre ces objectifs et les mesures prescrites.

La transparence joue aussi un rôle clé en indiquant aux marchés que les banques centrales sont responsables des résultats qu'elles obtiennent, ce qui favorise en retour une plus grande discipline dans la conception et la mise en oeuvre de leur politique.

La transparence joue également un rôle dans le ciblage monétaire dans la mesure où les objectifs stratégiques, y compris les cibles intermédiaires, sont publiés. Mais les partisans du ciblage de l'inflation font valoir que leur approche maximise la transparence et la communication. D'une part, il est vrai que l'annonce explicite des cibles d'inflation est plus facile à comprendre pour le commun des mortels que la notion de croissance de tel ou tel agrégat monétaire. Par ailleurs, comme les coûts de l'inflation dépendent non seulement de son niveau mais également de sa variabilité, des objectifs explicites, en réduisant l'incertitude quant à l'évolution future de l'inflation, favorisent de meilleures décisions en matière d'épargne et d'investissement, ce qui accroît la productivité globale. De plus, la banque centrale, en signifiant ses intentions, peut contribuer à réduire la volatilité des marchés financiers et à abaisser, de ce fait, les primes de risque et de change.

De toute évidence, les banques centrales peuvent asseoir leur crédibilité en atteignant les cibles d'inflation annoncées. Et toutes celles qui pratiquent le ciblage de l'inflation publient des rapports périodiques dans lesquels elles exposent les orientations futures de leur politique monétaire et expliquent les écarts entre le taux actuel et le taux cible. Pour aider le public à mieux comprendre le raisonnement de la banque centrale, ces rapports contiennent également une description des moyens utilisés pour prédire le taux d'inflation (ainsi qu'une évaluation des chances d'amélioration ou de dégradation de la situation), et une indication de la façon dont la banque réagirait à divers scénarios envisageables. Ces avis préalables réduisent les risques d'interprétation erronée des réactions de la banque centrale dans ces diverses circonstances.

II-l'action de la banque centrale indépendante pour la lutte contre l'inflation :

Les Banques centrales ont comme priorité le maintien de la valeur interne et externe de la monnaie dans le but de garantir la stabilité des prix. Pour ce faire, les autorités monétaires cherchent à contrôler la croissance de la masse monétaire. Ce contrôle passe par diverses actions :

1- La mise en place d'une politique de franc fort :

Les autorités monétaires cherchent à maintenir le taux de change de la monnaie nationale afin de limiter les risques d'inflation par les importations. Cette politique pousse de plus les entreprises à accroître leurs efforts pour maintenir ou restaurer leur compétitivité ce qui indirectement peut se traduire par une baisse des prix de vente des biens et services nationaux..

2-Le maintien d'une politique monétaire restrictive :

Le contrôle du crédit ayant été progressivement abandonné par les Etats, les autorités monétaires mettent en place une politique de taux d'intérêts élevés afin de freiner la croissance de la masse monétaire en renchérissant le coût du crédit.

La baisse des taux d'intérêt ne peut donc que suivre le ralentissement de la croissance de l'indicateur M3 censé préfigurer de l'inflation future.

3-Une action via les réserves obligatoires :

Les réserves obligatoires sont des réserves d'argent que les banques de seconds rangs doivent confier aux autorités monétaires et qui sont proportionnelles aux montants des crédits accordés. Ces réserves n'étant pas rémunérées, elles coûtent aux banques alors que celles-ci se financent sur les marchés financiers à un coût déterminé par le niveau des taux d'intérêt à court terme. Une hausse du montant de ces réserves obligatoires incite donc les institutions de crédit à limiter leurs encours de crédits.

        La déréglementation des marchés financiers et l'indépendance acquise des Banques Centrales par rapport aux pouvoirs publics s'est traduit par une évolution des modes d'action des autorités monétaires qui, d'une intervention directe (réserves obligatoires, encadrement du crédit par l'Etat...), s'oriente maintenant vers des actions indirectes centrées sur l'utilisation des taux d'intérêt comme arme privilégiée d'intervention pour tenter de contrôler la variation de la masse monétaire.

        Après avoir présenté le principe de ciblage de l'inflation adopté par une banque centrale indépendante et énuméré ces différentes politiques, nous allons, dans une deuxième section, étudier l'effet de la coopération entre les politiques monétaire et budgétaire sur la croissance économique.

SECTION 2 : l'impossibilité pour l'état, dans ce cas, de relancer l'investissement et la croissance économique :

la relance de l'activité économique à travers l'investissement peut être réalisé suivant deux modes, le premier est le recours à l'emprunt par contre le deuxième sera l'augmentation des dépenses publiques.

I-la coopération entre politiques monétaire et budgétaire

La politique budgétaire constitue, avec la politique monétaire, l'un des principaux leviers de la politique économique de l'État. Elle consiste à utiliser certains instruments budgétaires (dépenses publiques, endettement public, prélèvements fiscaux) pour influer sur la conjoncture économique. Comment alors ces deux politiques affectent l'inflation et le produit ?

Selon la littérature économique, une banque centrale indépendante, qui vise à cibler l'inflation, adopte une politique monétaire restrictive pour diminuer la quantité de monnaie en circulation. Pour réguler cette quantité dans une économie, les autorités monétaires peuvent agir sur les besoins des banques en monnaie centrale afin de limiter la création monétaire, La banque centrale peut également intervenir sur le marché interbancaire (détermination des taux d'intérêt directeurs) et enfin, Les autorités monétaires peuvent également agir sur la création monétaire à travers la fixation du taux des réserves obligatoires et l'encadrement du crédit.

Politique monétaire restrictive

Limitation à la création monétaire

Hausse des taux d'intérêts

Baisse de l'inflation

Comme l'indique le schéma précédent, la politique monétaire restrictive agit directement sur le taux d'intérêt en lui augmentant, cette augmentation a pour effet la limitation de la création monétaire et en conséquent la baisse de l'inflation, l'objectif prioritaire de la banque centrale indépendante.

Après avoir étudié la conduite de la politique monétaire d'une banque centrale indépendante, nous allons déterminer maintenant comment la politique budgétaire expansionniste a pour effet la relance de l'activité économique.

En examinant l'équation suivante, on peut constater q'une augmentation des dépenses publiques a pour effet de relancer l'activité économique :

PRODUIT INTÉRIEUR BRUT =C + I + DÉPENSES PUBLIQUES

La politique budgétaire peut contribuer à la relance en augmentant les dépenses ou en baissant les impôts. Le schéma suivant représente les effets d'une politique budgétaire expansionnistes sur l'activité économique.

Politique budgétaire expansive

Déficit budgétaire

Augmentation des

dépense

Dépenses>

recettes

Relance économique

Il est clair qu'une politique budgétaire expansionniste favorise la relance économique.Les politiques monétaire et budgétaire adoptés dans ce cas sont-elles efficaces alors ? Cette question fait l'objet du paragraphe suivant.

II- l'inefficacité de ce type de policy-mix dans le cas d'une banque centrale indépendante :

Le concept de policy mix est entendu au sens large à savoir l'ensemble des combinaisons possibles entre politique budgétaire et politique monétaire. Dans notre cas nous sommes en présence d'une politique monétaire restrictive et d'une politique budgétaire expansionniste.

Si la banque centrale a des objectifs disjoints ou comparables à ceux de l'Etat mais est plus conservatrice (c'est-à-dire pondère plus l'inflation que l'Etat), la non coordination interne amène à coupler une politique monétaire restrictive et une politique budgétaire expansionniste conduisant à des taux d'intérêt réels et des déficits publics trop élevés. Si la banque centrale ne s'intéresse qu'à l'inflation et si l'Etat prend en charge la fonction d'utilité sociale, la première impose un caractère trop restrictif au policy-mix, car l'Etat est découragé de lutter contre la politique de la banque centrale.

En effet, une politique monétaire restrictive peut être nuisible à l'investissement et par suite à l'activité économique puisque La relation entre le taux d'intérêt et le niveau d'activité est simple : la plupart des investissements sont financés par l'emprunt sur le marché du crédit. Le volume des investissements dépend du taux d'intérêt, indicateur du coût des emprunts. Une modification du taux d'intérêt va donc engendrer une variation de l'investissement désiré et, partant, du PNB d'équilibre mais la banque centrale est indépendante alors qu'elle utilise le ciblage d'inflation, l'Etat ne peut plus emprunter vu que les crédits sont plus chers et ainsi l'investissement n'aura pas lieu

Soit une économie fermée représenté selon le modèle keynésien IS-LM suivant :

Figure 2 :équilibre IS-LM en économie fermé

L'effet d'une expansion budgétaire va déplacer la courbe IS de IS 1 vers IS 2 vers la droite (figure 3), provoquant une augmentation de la production passant d'Y1 à Y2.

Alors qu'une politique monétaire restrictive adopté en même temps, va accroître de plus le taux d'intérêt et diminuer la production comme l'indique la figure 4 la courbe LM se déplace vers la gauche.

La figure 5 indique que l'effet simultané d'une politique budgétaire expansionniste et d'une politique monétaire restrictive peut être nuisible à la production puisque l'ampleur de l'augmentation du taux d'intérêt est plus importante que l'augmentation de la production.

Figure 3 :effet d'une politique budgétaire expansionniste

Figure 4 :effet d'une politique monétaire restrictive

Figure 5 :effet simultané d'une politique monétaire restrictive et politique

budgétaire expansionniste

CONCLUSION :

Dans le chapitre précédent, nous avons analyser l'indépendance de la banque centrale du point de vue optimiste, alors que ce chapitre a été consacré à l'étude de la relation négative qui existe entre l'indépendance de la banque centrale et la croissance économique. Bien que l'indépendance de la banque centrale aide à maintenir le taux d'inflation minimum, cette stratégie peut être défavorable à la croissance économique selon deux visions.

En effet, une banque centrale indépendante adopte une politique monétaire restrictive moyennant le canal du taux d'intérêt, ce dernier va augmenter pour que la quantité de monnaie en circulation diminue, par conséquent, les crédits bancaires seront plus chères décourageant les investisseurs et par suite, l'activité économique se ralentie.

D'une autre point de vue, et pour relancer l'activité économique, l'Etat peut utiliser une politique budgétaire expansionniste. Du côté macroéconomique, la coopération d'une politique monétaire restrictive avec une politique budgétaire expansionniste fait augmenter le taux d'intérêt beaucoup lus que proportionnellement l'augmentation du produit ce qui fait ralentir aussi la croissance économique.

Comme pour le chapitre précédent, aucune analyse n'a été faite à ce sujet alors qu'un nombre important d'économistes a étudié la relation négative qui existe entre l'indépendance de la banque centrale et la croissance économique.

L'INDEPENDANCE DE LA BANQUE CENTRALE : AUCUNE RELATION AVEC LA CROISSANCE ECONOMIQUE

INTRODUCTION :

Les deux chapitres précédents ont été riches de la littérature économique sans qu'il y avait des études empiriques pertinents.

Les principaux travaux de Bade & Parkin (1982), Alesina (1988), Grilli, Masciandaro et Tabellini (1991) ; Cukierman (1992), Cukierman & Webb & Neyapti (1992), Eijffinger & Schaling (1993) ont analysé les relations empiriques entre l'indépendance de la banque centrale et la croissance économiques. On part généralement de la construction d'un indice de l'indépendance et on teste ensuite l'existence d'une corrélation statistique entre cet indice et la croissance économique.

L'objet de ce chapitre est de présenter dans la première section les mesures du degré d'indépendance de la banque centrale. Dans la deuxième section, on va analyser la corrélation entre ces indices et la croissance économique.

SECTION 1 : mesure des indices de l'indépendance de la banque centrale selon Cukierman (1992)

En essayant de comparer les situations L'indépendance entre les banques centrales des différents pays, on constate que parfois les textes de loi adoptés par les législateurs sont identiques ; alors on s'attend à ce que le degré d'indépendance de la banque centrale soit proche. Mais en réalité, ce degré varie entre les pays.

Dans cette section nous allons évaluer l'indépendance des banques centrales à travers l'indicateur d'indépendance légale de Cukierman, Webb et Neyapti. La critique de la non concordance entre les textes organiques et les faits pratiques a poussé Cukierman, Webb et Neyapti (1992) à prolonger les travaux. Ils ont élargi l'échantillon aux pays en développement et ont fourni un indice agrégé d'indépendance légale.

L'indice de l'indépendance légale de Cukierman, Webb et Neyapti synthétise en lui-même plusieurs informations. Les auteurs ont d'abord mis au point 16 variables légales notées chacune de 0 à 1, c'est-à-dire du niveau le plus bas au niveau le plus haut d'autonomie de la banque centrale. Cukierman, Webb et Neyapti affirment, en ce sens, que la notation a été choisie de façon à ce qu'une valeur plus élevée indique ce qui, selon eux, correspond à "un mandat plus fort et une autonomie plus large de la banque centrale dans sa poursuite de la stabilité des prix "

L'indice d'indépendance légale comporte trois sortes d'indicateurs pouvant être regroupés en deux types :

- Indices relatifs au cadre légal de l'indépendance : codification de la législation (tableaux 1)

- Indices relatifs à l'indépendance réelle : codification des questionnaires et des entretiens avec les banquiers centraux (Turnover). (tableau2)

Tableau 1 : les variables de l'indépendance légale selon Cukierman, Webb et Neyapti

Codage numérique

pondération

Description de la variable

N°de la variable

1.00

0.75

0.50

0.25

0.00

1.00

0.75

0.50

0.25

0.00

1.00

0.83

0.67

0.50

0.33

0.17

0.00

1.00

0.50

0.00

0.2

Le dirigeant de la banque centrale

a-la durée du mandat

- plus de 8 ans

-entre 6 et 8 ans

-5 ans

-4 ans

-Moins de 4 ans ou à la discrétion de l'autorité de nomination

b-qui désigne le dirigeant de la banque centrale ?

-Le conseil de la banque centrale

- Un comité rassemblant le conseil de la banque centrale, l'autorité exécutive et

L'autorité législative

- Le législatif

- L'exécutif de manière collective

- Un ou deux membres du pouvoir exécutif

c-la révocation

-aucune provision pour la révocation

- uniquement pour des raisons non liés à la politique menée

-a la discrétion du conseil de la banque centrale

- a la discrétion du pouvoir législatif

- la révocation inconditionnelle est possible pour le législatif

- a la discrétion de l'exécutif

- la révocation inconditionnelle est possible pour l'exécutif

d-le dirigeant de la banque centrale peut-il avoir d'autres fonctions au gouvernement ?

- non

- uniquement avec la permission de l'exécutif

- aucune règle n'existe en la matière

1

1.00

0.67

0.33

0.00

1.00

0.80

0.60

0.40

0.20

0.00

1.00

0.00

 

La formulation de la politique monétaire

a-qui formule la politique monétaire ?

- la banque centrale seule

- la banque participe, mais a une influence faible

-la banque conseille le gouvernement uniquement

- la banque n'a aucun mot à dire

b-a qui appartient la décision finale dans la résolution d'un conflit ?

- la banque, sur les questions clairement définies dans la loi comme ses objectifs

- le gouvernement, sur les questions non définies dans la loi comme des objectifs de la banque ou en cas de conflit interne à l'institution monétaire

- un conseil regroupant la banque centrale, l'exécutif et le législatif

- le législatif sur les questions de politiques économique

-l'exécutif sur les questions de politique économique, mais en suivant une démarche précise et avec une possibilité de recours pour la banque

- l'exécutif a la priorité de façon inconditionnelle

c-le rôle de la banque centrale dans le processus budgétaire

- La banque a un rôle actif

-La banque n'a aucune influence

2

1.00

0.80

0.60

0.40

0.20

0.00

0.15

Les objectifs

- La stabilité des prix est l'objectif prioritaire ou unique du statut et la banque détient la décision finale en cas de conflit avec les autres objectifs gouvernementaux

- La stabilité des prix est l'objectif unique

-La stabilité des prix fait partie d'un ensemble d'objectifs compatibles les un avec les autres

-La stabilité des prix fait partie d'un ensemble d'objectifs potentiellement conflictuels

-Aucun objectif n'est spécifié dans le statut -Les objectifs spécifiques n'incluent pas la stabilité des prix

3

1.00

0.67

0.33

0.00

1.00

0.67

0.33

0.00

1.00

0.67

0.33

0.00

1.00

0.67

0.33

0.00

1.00

0.67

0.33

0.00

1.00

0.67

0.33

0.00

1.00

0.75

0.50

0.25

0.00

1.00

0.00

0.15

0.10

0.10

0.05

0.025

0.025

0.025

0.025

Les limitations sur les prêts au gouvernement :

a- Les avances à l'Etat :

- Les avances ne sont pas autorisées

-Les avances sont autorisées, mais avec des limites strictes

-Les avances sont autorisées, avec des limites inconsidérées

-Pas de limitations légales à l'emprunt gouvernemental

b- acquisition de titres gouvernementaux :

-non autorisée

-autorisée, mais avec des limites strictes

-autorisée, avec des limites légales peu contraignantes

-Pas de limitations à l'emprunt gouvernemental

c- Les termes du prêt (maturité, taux d'intérêt, montant)

-Contrôlés par la banque

-Spécifiés par le statut légal

-Convenu entre l'exécutif et la banque centrale -Décidés par l'exécutif uniquement

d- Les emprunteurs potentiels de la banque centrale.

-Uniquement l'Etat centrale

-Tous les niveaux de gouvernement

-Les mentionnés plus haut et les entreprises publiques

-Les secteurs publics et privés

e- Les limitations à l'emprunt sont exprimées en

-montant monétaires

-Part du capital ou du passif de la banque centrale -Part des rentrées de l'Etat

-Part des dépenses de l'Etat

f- La maturité des prêts

-Moins de 6 mois

-Moins de 1 an

-Plus d'un an

-Aucune mention sur la maturité des prêts

g- Les taux d'intérêt sur les prêts doivent être :

-Au dessus des taux minimums

-Au taux du marché

-En dessous des taux maximums

-Les taux d'intérêt ne sont pas mentionnés

-Le gouvernement ne paie aucun intérêt sur les emprunts

h- La banque centrale est interdite d'acquérir ou de vendre les titres de l'Etat sur le marché primaire

-Oui

-Non

4

Source : A.Cukierman, S.Webb & B.Neyapti «Measuring the independence of central banks and its effect on policy outcomes». The world bank economic review, vol 6 no 3 (1992)

Tableau 2 : Les variables du questionnaire de Cukierman, Miller et Neyapti (1992)

N°de la variable

Description de la variable

Pondération

Codification numérique

1

2

3

4

5

6

7

Le mandat du gouverneur de la BC coïncide avec l'autorité politique

-Petite coïncidence

-Quelques coïncidences

-Coïncidence substantielle

Limitation des emprunts en pratique

-Stricte -

-Stricte avec modération

-Large avec modération

Large ou non existant -

Résolution des conflits

-Pour des cas clairs la résolution est en faveur de la BC

-La résolution est en faveur du gouvernement dans tous les cas

-Tous les autres cas

Indépendance financière

a. Détermination du budget de la banque centrale

-Pour la plupart la BC

-Mixture entre la BC et le branche exécutif ou législatif

-Pour la plupart le branche exécutif ou législatif

b. Détermination des salaires des hauts cadres et l'allocation des profits

-Pour la plupart par la banque ou fixés par la

loi

-Mixture entre la BC et le branche exécutif ou législatif

-Pour la plupart le branche exécutif ou législatif

Les cibles intermédiaires de la politique

a. Cibles de la réserve monétaires quantitatives

-Les telles cibles existent ; bonne adhésion

-Les telles cibles existent ; adhésion mixée

-Les telles cibles existent ; adhésion faible

-Pas de réserve ciblée

b. Cibles du taux d'intérêt, officiel ou non officiel

-Non

-Oui

Priorité réelle donnée à la stabilité de prix

Première priorité -

-Première priorité assignée au taux de change fixe

-La stabilité de prix ou du taux de change est parmi les objectifs de la BC mais pas en

premier lieu

-Les objectifs de prix et du taux de change ne sont pas mentionnés

Fonctionnez comme une banque de développement 

accordant des crédits aux taux de la prime

-Non

-Dans une certaine mesure

-Oui

-La banque centrale est très impliquée dans l'accord des crédits subventionnés

0.10

0.20

0.10

0.10

0.15

0.15

0.20

1.00

0.50

0.00

1.00

0.66

0.33

0.00

1.00

0.50

0.00

1.00

0.50

0.00

1.00

0.50

0.00

1.00

0.66

0.33

0.00

1.00

0.00

1.00

0.66

0.33

0.00

1.00

0.66

0.33

0.00

Source : A.Cukierman, S.Webb & B.Neyapti «Measuring the independence of central banks and its effect on policy outcomes». The world bank economic review, vol 6 no 3 (1992)

SECTION 2 : la corrélation entre l'indice de l'indépendance de la banque centrale et la croissance économique :

Selon les modèles théoriques, l'indépendance de la Banque Centrale permettrait de limiter l'inflation sans supporter en moyenne de perte de croissance supplémentaire. Cette caractéristique semble bien vérifiée pour les pays industrialisés (Graphique 1).

Graphique 1 : indices d'indépendance politique et croissance moyenne

dans les années 80 pour les pays industrialisés.

Source : INSEE

Contrairement aux prédictions de Rogoff, plusieurs travaux empiriques concluent à l'inexistence d'une relation tangible entre l'indépendance de la banque centrale et la croissance économique. Au niveau des pays industrialisés, le résultat est établi par Grilli, Masciandro et Tabellini (1991) et Alesina et Summers (1993) qui utilisent comme indicateur l'indépendance légale (tableau 3). Le même résultat est démontré sur un échantillon de PVD par De Haan et Kooi (2000) qui utilisent pour leur part le taux de rotation des gouverneurs (tableau 4).

Tableau 3 : les indices d'indépendance selon cukierman (1992)

Source : INSEE

Tableau 4 :L'indice TOR (De Haan & Kooi ; 2000)

Source: De Haan & Kooi (2000) Journal of Banking & Finance 24 p 660-661

Une autre étude intéressante est celle d'Akhand (1998), lequel, dans un échantillon de 62 pays industrialisés et en voie de développement, conclut aussi que la relation entre l'indépendance de la banque centrale et la croissance économique n'est pas significative. les estimations statistiques entre le taux de croissance du PIB et la variable d'indépendance de la banque centrale selon une régression simple.

Equation à estimer :

Avec C le taux de croissance moyen qui est la variable dépendante, TOR l'indice d'indépendance, la variable indépendante, et u l'erreur. Les résultats obtenus par Akhand sont représentés dans le tableau 5.

Tableau 5 : le taux de croissance moyen et l'indépendance de la banque centrale

Source: H.A.Akhand, "central bank independence and growth ": Canadian journal of economics, vol 31,1998, pp 303-317.

Le coefficient de l'indice TOR n'est pas significatif, on peut conclure alors qu'il n'y a pas une corrélation entre l'indépendance de la banque centrale et le taux de croissance du PIB.

En effet a corrélation entre l'indépendance de la banque centrale et la croissance économique a fait l'objet des anciens travaux pendant la période de l'entre deux guerres. Un article, élaboré par Eric DEHAY et Nathalie LEVY rappelle les premières expériences d'indépendance des banques centrales qui se sont déroulées au lendemain des périodes de l'Entre-deux-guerres, notamment en Allemagne, en Autriche, en Bulgarie et en Australie pour trois périodes (1918-1928, 1923-1932 et 1929-1938). Ils ont étudié dans cet article la corrélation entre le taux de croissance et l'indice d'indépendance de la banque centrale.

Les tableaux 6,7 et 8 indiquent les estimations, pour les trois périodes considérées, des coefficients de l'équation suivante :

Les tests économétriques donnent les résultats suivantes:

Tableau 6 : indépendance de la banque centrale et croissance 1918-1928

Source :Eric Dehay, Nathalie Levy :"l'indépendance de la banque centrale pendant l'entre deux guerres

Tableau 7 : indépendance de la banque centrale et croissance 1923-1932

Source :Eric Dehay, Nathalie Levy :"l'indépendance de la banque centrale pendant l'entre deux guerres

Tableau 8 : indépendance de la banque centrale et croissance 1929-1938

Source :Eric Dehay, Nathalie Levy :"l'indépendance de la banque centrale pendant l'entre deux guerres

Aucun des coefficients associés aux indicateurs de l'indépendance, sauf un, n'est

statistiquement significatif. Ces résultats confirment donc, dans leur globalité, les observations faites dans la plupart des travaux empiriques sur le sujet puisqu'ils tendent à confirmer l'hypothèse d'une absence de relation entre indépendance des banques centrales et croissance.

Conclusion :

Bien qu'il ne contient pas de la théorie économique, ce chapitre a fait l'objet d'une étude économétrique assez importante. En effet, il s'agit d'évaluer la corrélation entre l'indépendance de la banque centrale avec la croissance économique.

Pour se faire on a présenté la méthode de conception des différents indices de Cukierman (1992). Après avoir montré la méthode de mesure de l'indépendance légale, on a essayé de présenter la corrélation entre cette mesure de l'indépendance et le taux de croissance économique selon Dehay et Levy alors que Akhand (1998) utilise le Turnover du banquier centrale pour la mesure du degré de l'indépendance de la banque centrale et dans un deuxième temps, Akhand (1998) a réalisé les tests empiriques nécessaires pour étudier la corrélation entre ce dernier et la croissance économique moyenne pour un échantillon hétérogène de pays en développement et de pays industrialisés.

les résultats des tests économétriques élaborés par différents économistes et pour des périodes assez longue, prouve que l'indépendance de la banque centrale est souvent n'a aucun effet sur le niveau de la croissance économique surtout pour les pays développés, alors que cette relation reste ambiguë pour les pays en voie de développement.

nConclusio

Depuis quelques années, l'indépendance de la banque centrale a acquis le statut de réforme nécessaire. Sur le plan macroéconomique, la crédibilité de la banque centrale serait la garantie d'une stabilité des prix. Pour preuve, on cite généralement les cas Allemand et Suisse pendant et après les "trente glorieuses" caractérisés par une indépendance élargie de l'institut d'émission et une inflation modérée comparativement aux autres économies industrialisées. Au cours des années quatre-vingt-dix, l'économie américaine a pu enregistrer une croissance économique soutenue avec une banque centrale très autonome.

A côté de cette vision favorable, l'indépendance de la banque centrale provoque une certaine hostilité. Chez un nombre non négligeable d'économistes, l'autonomie et le conservatisme du décideur monétaire implique le coût de l'installation de l'économie dans un rythme de croissance faible car, pour atteindre et maintenir une inflation proche de zéro, la banque centrale est amenée, selon cette politique, à adopter une politique monétaire restrictive, défavorable au crédit et désavantageuse pour la consommation et l'investissement. Il s'ensuit évidement une activité économique ralentie.

En appui à cette position, les situations européenne et japonaise de ces dernières années sont citées en exemple. En effet, ces économies ont opté explicitement pour une politique monétaire indépendante et rigoureuse mais se sont avérés, par ailleurs, incapables de mettre les bases d'une reprise soutenue de la croissance économique.

En effet, l'examen de la relation entre l'indépendance de la banque centrale et la croissance économique dans un échantillon large d'économie et sur une longue période nous ont conduits à la conclusion que l'impact du degré d'autonomie de la décision monétaire sur la croissance économique n'est pas aussi significatif que le supposent les deux approches évoquées plus haut. L'indépendance de la banque centrale n'est ni une nécessité ni une garantie pour l'accélération de la croissance économique. En fait, les deux tendances précédentes peuvent rendre neutre la relation globale.

L'approche théorique de la relation entre l'indépendance de la banque centrale et la croissance économique manque évidement d'appui empirique. Les travaux menés par des auteurs tels que Rogoff et Alesina ont en effet expliqué respectivement l'effet négatif et positif de l'indépendance de la banque centrale sur la croissance économique.

La réalisation d'une étude économique globale dans laquelle sont pris en compte plusieurs déterminants possibles du degré d'indépendance de la banque centrale et de la corrélation entre cette indépendance et la croissance économique reste néanmoins une entreprise pénible, compte tenu, entre autre, des données statistiques restreintes.

Akhand, H (1998) "central bank independence and growth ": Canadian journal of economics, vol 31,1998, pp 303-317.

Alesina, A (1988) «Macroeconomics and politics». NBER Macroeconomics Annual 3, pp.13-52.

Alesina, A. and L.H. Summers (1993), «Central Bank Independence and Macroeconomic Performance: Some Comparative Evidence», Journal of Money, Credit, and Banking, 25, pp.151-162.

Bade, R. et M. Parkin (1982). «Central Bank Laws and Monetary Policy», University of Western Ontario.

Barro Robert (1976) «Rational Expectations and the Role of Monetary Policy» Journal of Monetary Economics 2 p 1-32

Barro, R. J. and Gordon, D. B. (1983a), «A positive theory of monetary policy in a natural rate model», Journal of Political Economy, vol. 91, n. 4, pp. 589-610.

Barro, R.J. and D. Gordon (1983b), «Rules, Discretion, and Reputation in a Positive Model of Monetary Policy», Journal of Monetary Economics, 12, pp.101-121.

Cukierman, A. (1992), «Central bank strategy, credibility and independence: theory and evidence». Cambridge, Mass, MIT Press

Cukierman; A (1994), «Central bank independence and monetary control» The Economic Journal 104 pp. 1437-1448.

Cukierman, A (1996) «Targeting monetary aggregates and inflation in Europe» Paper presented at the conference on «European Monetary Policy», novembre -décembre 1995.

Cukierman, A. Webb, S & Neyapti, B (1992), «Measuring the independence of central banks and its effect on policy outcomes». The World Bank Economic Review, vol 6 3 pp. 353-398.

Cukierman, A. & Webb, S. B. (1995), «Political influence on the central bank: international evidence», The World Bank Economic Review, vol. 9, 3, pp. 397-423.

Cukierman, A Webb, S & Neyapti, B (2002), «Central bank reform, liberalisation and inflation in transition economies». Journal of Monetary Economics 49 pp.237-264

Cukierman, A & Gerlach, S (2003), «the inflation bias revisited» The Manchester School vol 71 5 pp. 541-565

Debelle, G. & Fischer, S. (1994) «How independent should a central bank be?» Conference Series 38, Federal Reserve Bank of Boston

De Gregorio & Federico Sturzenegger, 1994. " Credit Markets and the Welfare Costs of Inflation," NBER Working Papers 4873, National Bureau of Economic Research

Eijffinger, S. et Schaling, E. (1993), «Central bank independence in twelve industrial countries» Quarterly Review, Banca Nazionale del Lavoro, vol. 46, n. 184, mars, pp. 49-89

Friedman, M. (1977), «Nobel lectures: Inflation and unemployment», Journal of Political Economy, vol. 85, n. 3, juin, pp. 451-472.

Friedman, M. (1968), «The role of monetary policy» American Economic Review, vol. 58, pp. 1-17.

Gregory. N Mankiw, (1998) «Principles of Economics» The Dryen Press, traduit par Eric Bertrand, aux Editions Economica

Grilli, V. D, Masciandaro and G, Tabellini (1991); «Political and Monetary Institutions and Public Financial Policies in the Industrial Countries» Economic Policy 13: pp. 341-92.

Gylfason, T. (1991) Inflation, Growth, and External Debt: A View of the Landscape.

World Economy, 14, September, 279-298.

Kydland Finn E. & Prescott Edward C., (1977), «Rules Rather than Discretion: The Inconsistency of Optimal Plans» Journal of Political Economy vol 85 3

Lucas Robert (1972) «Expectations and the Neutrality of Money» Journal of Economic Theory 4 p 321-334

Phelps, E (1968) «Money-Wage Dynamics and Labour Market Equilibrium» Journal of Political Economy 76 pp.678-711

Phillips, A.W (1958) «The relation between unemployment and the rate of change of money wage rates in the United Kingdom 1862-1957». Economica 25 p 283-299

Persson, T. and G. Tabellini (1993), «Designing Institutions for Monetary Stability», Carnegie-Rochester Conference Series on Public Policy, 39, pp.53-84.

Rogoff, K. (1985), «The Optimal Degree of Commitment to an Intermediate Monetary Target» Quarterly Journal of Economics, 110, pp.1169-1190.

Sargent, N.J. and N. Wallace (1975) «Rational Expectations, the Optimal Monetary Instrument, and the Optimal Money Supply Rule» Journal of Political Economy 83 p 241-254

Walsh, C.E. (1995), «Optimal Contracts for Central Bankers», American Economic Review, 85, pp. 150-167.

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : les variables de l'indépendance légale selon CWN

Tableau 2 : les variables du questionnaire de Cukierman, Miller et Neyapti (1992)

Tableau 3 : les indices d'indépendance selon Cukierman (1992)

Tableau 4 : l'indice TOR (De Haan et Koo;2000)

Tableau 5 : le taux de croissance moyen et l'indépendance de la banque centrale

Tableau 6 : indépendance de la banque centrale et croissance 1918-1928

Tableau 7 : indépendance de la banque centrale et croissance 1923-1932

Tableau 8 : indépendance de la banque centrale et croissance 1929-1938

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : la courbe de Phillips

Figure 2 : équilibre IS-LM en économie fermé

Figure 3 : effet d'une politique budgétaire expansionniste

Figure 4 : effet d'une politique monétaire restrictive

Figure 5 : effet simultané des politiques monétaire restrictive et budgétaire expansionniste

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE...............................................................1

**********

CHAPITRE I :

L'indépendance de la banque centrale : accélérateur de croissance économique......5 Introduction.......................................................................................6

Section 1: indépendance de la banque centrale et biais inflationniste..................6

I) notions de l'indépendance de la banque centrale..............................6

1-La définition de l'indépendance................................................6

2- L'indépendance légale et l'indépendance réelle :............................7

3- L'indépendance des objectifs et l'indépendance instrumentale.........7

II) l'incohérence temporelle : source du biais inflationniste.....................8

1- la courbe de Phillip............................................................8 2- les anticipations rationnelles...................................................10

III) les solutions du biais inflationniste.............................................10

1- une politique monétaire suivant les règles.................................10

2-Le gouverneur conservateur....................................................10

3-le contrat........................................................................11 Section 2 : le rôle d'une inflation maîtrisée dans la croissance économique.........12 I) le canal de l'investissement......................................................12

II) le canal du système financier...................................................12

III) le canal du système fiscal......................................................13

Conclusion du chapitre I.....................................................................14

**********

CHAPITRE II :

L'indépendance de la banque centrale : ralentisseur de croissance économique...15

Introduction.....................................................................................16

Section 1: l'indépendance de la banque centrale et le ciblage de l'inflation.........16

1) Aspects opérationnels du ciblage de l'inflation...........................16

1- Règles ou politique discrétionnaire ?..................................................16

2- Ciblage de l'inflation et transparence....................................17

II) l'action de la banque centrale indépendante pour la lutte contre l'inflation

Section 2: l'impossibilité pour l'état de relancer l'investissement et par suite la croissance économique.....................................................................19 I) la coopération entre politiques monétaire et budgétaire.....................20

II) l'inefficacité de ce type de policy-mix dans le cas d'une banque centrale indépendante........................................................................21

Conclusion du chapitre II.....................................................................24

**********

CHAPITRE III :

L'indépendance de la banque centrale : aucun effet sur la croissance économique...25

Introduction....................................................................................26

Section 1 : mesure des indices de l'indépendance de la banque centrale............26

Section 2 : la corrélation entre les indices de l'indépendance et la croissance économique.................................................................................31

Conclusion du chapitre III..................................................................35

**********

CONCLUSION GENERALE...............................................................36

BIBLIOGRAPHIE

LISTE DES TABLEAUX

LISTE DES FIGURES

TABLE DES MATIERES






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius