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Banque et développement durable

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par Sophie POGNEAU
Université de Savoie - Master économie et finance parcours banque 2007
  

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Chapitre 2

differents moyens mis en place pour integrer le concept de developpement durable : une veritable remise en cause

I. Une remise en cause indispensable à différents niveaux

a. Marketing « bancaire » et marketing « vert » : alliance possible ?

Actuellement, beaucoup de banques ne semblent préoccupées que par le profit immédiat. Il est intéressant de remarquer que la plupart des catastrophes financières récentes ont eu pour cause des faits liés au manque d'éthique où lié la responsabilité sociale de l'entreprise. Toutes ces affaires ont finalement eu un impact financier important. Sur le plan de la protection de l'environnement, de grands progrès ont certes été accomplis au cours de ces dernières années, mais les exemples de développement non durable abondent. Il est frappant de constater la quantité de transports aller retour de marchandises justifiée par la seule recherche des plus bas prix pour une opération donnée, indépendamment de toute prise en compte du coût de l'impact environnemental. Ce n'est donc pas par hasard si le message de l'ISR (Investissement Socialement Responsable) qui intègre les aspects économiques et environnementaux s'est développé au cours des dix dernières années. Nous verrons ainsi en quoi l'investissement d'éthique peut constituer un élément fondamental du développement durable, combinant l'économique et l'environnementale, et le financement de projet plus écologique peuvent contribuer à renverser la tendance actuelle.

Pour comprendre par quels moyens les banques ont réussi à intégrer le concept de développement durable, de responsabilité sociétale et environnementale dans leur structure interne, il m'a été primordial et fondamental de revenir sur des concepts marketing au préalable.. Pour cela, j'ai effectué une analyse et une synthèse des revues littéraires, et des réponses données lors de l'entretien avec Mr Dumoulin, Chargé de mission du Développement Durable à BNP PARIBAS. On peut se demander quel est l'intérêt d'une telle alliance, entre le « marketing bancaire », et « marketing vert ».

Le marketing bancaire est plus à vocation « économique » que le marketing « vert » est à vocation « environnementale ». La combinaison du marketing bancaire et du développement durable n'en est encore qu'à ses débuts, c'est pourquoi chacun utilise les termes qu'il préfère : marketing vert, responsable, durable...Il convient donc avant toute chose de comprendre la signification de ces termes. Pour cela, j'ai entrepris des recherches littéraires qui m'ont permis d'aboutir à des approches du marketing bancaire dit « vert » ou « écologique » utilisé le plus souvent par les établissements bancaires dans le cadre d'une intégration de ces concepts.

Marie Le Gall, chercheuse au CNRS et maître de conférences en économie et gestion à l'Université de Rennes 1, présente deux conceptions axées sur l'aspect environnemental :

o Le marketing écologique : il suppose que les comportements, que ce soient ceux des entreprises ou des consommateurs, ne pourront se modifier qu'à partir du moment où nous auront tous compris dans sa globalité les problèmes environnementaux. Autrement dit, elle estime que l'écologie devrait être avancée comme un argument de vente uniquement si c'est le meilleur moyen de parvenir à préserver les ressources naturelles. En résumé, cela doit résulter du choix de l'entreprise de proposer un service ou un produit « vert » afin de véhiculer une image propre et de montrer l'exemple aux autres acteurs. La banque a ici un rôle à jouer. Voici un exemple concret d'une publicité de marketing écologique émanant d'association pour sensibiliser les consommateurs.

o Le marketing vert : il s'agit plutôt de l'hypothèse contraire. Les producteurs seraient sensibles à la demande en produits « durables » des consommateurs. Ainsi la démarche des entreprises relèverait des pressions du marché et non d'une motivation morale et sociétale.

Mais il s'agit ici d'une approche théorique. Or des professionnels du conseil en développement durable ou de la RSE exposent de façon plus pratique leur conception. Selon Stanislas Dupré, directeur général d'Utopies, agence pionnière dans le domaine qui a aidé des banques reconnues à intégrer ces concepts :

o Le marketing vert, il met en avant la valeur éthique du produit

o Le marketing responsable, il prévient les débordements du marketing

o Le marketing social, il fait la promotion des comportements durables

En d'autre terme, il établit de façon pratique 3 niveaux d'actions de communications important à citer :

o Au 1er niveau, les actions de communications de ces entreprises ne seraient qu'une façade, un leurre pour attirer le client. Ici c'est l'effet de mode qui joue.

o Au 2ème niveau, les entreprises pensent saisir des opportunités de nouveaux marchés en développant des offres produits ou services « durables ». Ici c'est l'effet d'opportunisme.

o Au 3ème niveau, les entreprises intègrent le développement durable au coeur même de leur stratégie et de leur politique générale. Ici c'est l'effet de tendance de fond.

En définitif, il n'existe pas encore aujourd'hui d'approche permettant de définir clairement l'implication du marketing bancaire quand il est question de développement durable. Cela n'empêche pas qu'il existe un lien réel entre ces notions. Quoiqu'il en soit les banques doivent favoriser les éco-comportements de chacun par le biais d'actions de communication sur les gestes éco-responsables au quotidien, d'où le fort rôle du marketing.

b. L'intérêt essentiel à la cohabitation

Par conséquent, il existe un réel intérêt à faire cohabiter marketing bancaire et développement durable. Tout d'abord, rappelons que le marketing est le service en entreprise qui permet de centraliser les attentes des consommateurs. Or, plus qu'une tendance, les motivations, attentes et habitudes de consommation sont petit à petit en train de se transformer, comme nous l'avons vu vis-à-vis des investisseurs, actionnaires, clients...etc. Cela nous est prouvé par des sondages : en effet, Ethicity, agence de conseils stratégiques en développement durable, a rendu public le 23 novembre 2006 sa 3ème étude sur le sujet : « les attentes des consommateurs évoluent vite, leur sensibilisation au développement durable s'approfondit, et ils sont de plus en plus nombreux à mettre en cohérence leurs actes d'achats avec leurs déclarations ». En pratique, cette enquête démontre que plus de 35% des personnes interrogées relient leur acte d'achat avec leurs convictions : un nouveau phénomène en la matière. On parle même de « Consomm'Acteur ».

Allier développement durable à une activité marketing bancaire semble prometteur, voire une opportunité à ne surtout pas rater. Tout dépend des valeurs de la banque, des avantages que cela lui procureraient, mais surtout de la motivation des dirigeants, premier facteur d'engagement. Nous pouvons donc néanmoins nous poser la question suivante : L'outil financier ne pourrait-il pas constituer un levier d'action opportun sur lequel le développement durable s'appuierait pour faire évoluer à la fois l'économie et l'environnement ?

II. Outils financiers comme levier d'action opportun

a. Le rôle majeur des produits et services financiers « éthiques, verts, responsables » :

Rappelons que les banques génèrent des émissions de CO2 de deux manières différentes :

De manière directe, via leurs propres activités (principalement le transport, les bâtiments,

l'énergie et les matériaux entrants). Elles sont intégralement responsables de ces émissions,

relativement faibles du fait de leur activité de service et non industrielle ;

De manière indirecte, via les financements et investissements décidés par les banques en faveur

de certains secteurs, de certaines catégories de clients, de certains clients spécifiques, mais

également via leur métier de conseil financier (en particulier pour les entreprises et grands

projets). Elles sont partiellement responsables de ces émissions puisqu'elles les rendent possibles

en les finançant, le client ayant également une part de la responsabilité. Le secteur bancaire

finançant une énorme partie des activités économiques mondiales, ces émissions indirectes sont

immenses. C'est donc en cela quels ont un rôle à jouer en combinant profit et éthique. Elles vont donc agir à deux niveaux le premier par rapport aux produits et services financiers et le deuxième par rapport aux choix d'investissement et de financement. Le rôle clé des banques dans la lutte contre le changement climatique est de réduire les émissions de leurs clients. C'est ce qu'on appelle la réduction des impacts indirects. Les banques doivent ajouter des conditions liées au CO2 dans les produits et services financiers qu'elles proposent, pour calculer le risque des projets et entreprises et déterminer les taux d'intérêt. Cette démarche devient logique et même inévitable dans une économie où la tonne de carbone a un coût. Elle fonctionne de manière positive aussi bien que négative : un client polluant sera pénalisé, un client sobre en carbone bénéficiera de financements facilités (toutes choses égales par ailleurs).Néanmoins, plusieurs banques leaders ont déjà pris conscience du rôle spécifique qu'elles jouent et de leurs responsabilités en matière de changement climatique (ce qui leur est demandé de manière croissante par certaines catégories de clients), et elles ont mis en place des politiques formelles pour prendre en compte le changement climatique de façon systématique.

b. Le choix des projets de financement peut contribuer à améliorer l'environnement :

Au niveau des projets de financement, les banques actuelles investissent très peu dans des projets à vocation durables, malgré une communication colossale en la matière. Voici les chiffres qui le démontrent :

Comme on peut l'observer sur l'histogramme la totalité des banques françaises finance très peu les énergies renouvelables, contrairement aux énergies non renouvelables. Le Crédit Agricole finance 98% des énergies non renouvelables ! Au plus méritant, Dexia finance 77% d'énergies non renouvelables, ce qui reste précaire comme situation. Voici l'exemple de projet non durable qui a fait grincer des dents de nombreuses associations et autres organismes.

A contrario, le fait que BNP PARIBAS a financé le parc d'éoliennes en Bretagne par exemple, peut constituer une action positive en terme de protection de l'environnement ; voilà en quoi elle a un rôle à jouer dans les projets de financements.

c. L'investissement éthique comme réponse : alliance possible entre « économique » et « environnementale »

On considère souvent que le rôle du marketing bancaire est uniquement d'apporter du profit à l'entreprise, hors les clients ont changé et se préoccupent d'avantage de l'environnement et notamment des offres proposés. Dans le secteur bancaire on est ainsi venu à créer et parler de l'investissement éthique. En effet, la performance financière a longtemps été le seul critère de choix dans les placements des investisseurs. Désormais, ce n'est plus le cas. Soucieux de rentabilité à long terme et de la préservation de l'environnement, les investisseurs tiennent compte de plus en plus, de la politique sociale et environnementale des entreprises. Ils ont par ailleurs la possibilité d'investir dans des initiatives ou des entreprises non cotées, mais impliquées dans des activités jugées particulièrement responsables.

d. La gestion durable et l'Investissement Socialement Responsable comme concept fondamental du développement durable

Les banques et investisseurs, via l'utilisation de produits durables ou responsables se préoccupe en fait autant de sa performance que de la manière dont celle-ci est générée au moyens de critères non financiers. Ce qui n'est pas le cas avec des produits bancaires standards où le profit est l'unique intérêt. A ce jour, les critères non financiers (éthiques) demeurent encore marginaux (selon une étude d'Eurosif remontant à 2006, le coeur des placements ISR représente 1% des actifs gérés en Europe). Toutefois, l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, qui impose le principe du pollueur-payeur, ainsi que l'actualité relative au réchauffement climatique, semblent désormais agir comme un vrai catalyseur auprès des investisseurs.

Dans la gestion durable, l'Investissement Socialement Responsable peut constituer un élément fondamental du développement durable. Rappelons qu'il existe de nombreux styles dans des investissements socialement responsables. En fonction de sa sensibilité, l'investisseurs choisira entre:

§ Les portefeuilles thématiques, qui se concentrent sur un aspect précis ; par exemple les énergies renouvelables, micro crédits,...etc.

§ Les portefeuilles dits "activistes", qui cherchent à influencer directement la marche de l'entreprise, le plus souvent en prenant une participation importante dans le capital. L'objectif des gérants peut toutefois également être très éloigné des préoccupations de développement durable.

§ Les portefeuilles dits de "développement durable", basés sur l'analyse de l'ensemble des risques et des opportunités. L'objectif est d'identifier les meilleures sociétés dans chaque pays ou secteurs (recherche des "premiers de classe" sur la base de critères financiers, sociaux, environnementaux et de gouvernement d'entreprise).

Il existe des produits qui combinent plusieurs de ces approches. Les spécialistes ISR distinguent en outre la durabilité "absolue" de la durabilité "relative".

àLa durabilité absolue se focalise sur les entreprises dont les produits contribuent directement au développement durable (purification de l'eau, énergies renouvelables...).

à S'ils permettent une grande identification à une cause, ces produits présentent le défaut d'une diversification peu optimale des risques. C'est pourquoi la plupart des investisseurs adoptent une attitude en fait pragmatique, faite de compromis entre les exigences de diversification et les objectifs en matière d'ISR. Ils postulent alors que l'ensemble de l'économie devra adopter tôt ou tard une approche durable, sous peine de disparaître. C'est l'approche dite de durabilité relative, basée sur la préférence donnée aux "premiers de classe", supposés être plus aptes à s'adapter rapidement à des exigences plus strictes.

III. L'adaptation des banques à ce nouveau concept passe par la formation et la sensibilisation des parties prenantes

Nous assistons donc à une nouvelle tendance, c'est pourquoi, les marketeurs ne peuvent plus ignorer aujourd'hui l'avènement d'un nouveau mode de consommation. Les banques doivent donc comprendre cette nouvelle tendance, et la prendre en compte si elles veulent survivre. Le marketing bancaire est donc voué à changer d'autant plus que les personnes accordent de plus en plus d'importance à l'engagement des entreprises. En effet, les entreprises engagées dans une telle démarche mettent en jeu leur réputation et leur image de marque. C'est un pari risqué mais incontournable. Pour cela, certaine banque comme le souligne Marc DUMOULIN, chargé de développement durable à BNP PARIBAS, nous informe que celle-ci doit être perçue non pas comme un lourd défi même si la tâche est rude, mais comme une occasion de se différencier. Il considère cela comme une opportunité de se distancer des concurrents, et surtout de ne pas se faire distancer par les opportunistes qui prendrait en marche le train de l'éco marketing. Lors de l'entretien il précise que « En amont, cela permet de prévenir les crises, de réduire les coûts et d'innover. En aval, on peut ainsi marquer sa différence, fidéliser sa clientèle, valoriser sa marque, et, enfin, assurer sa performance économique » (selon Marc Dumoulin, BNP PARIBAS).

Quand la direction d'une banque décide d'ajouter ce dernier dans sa stratégie générale, il doit alors s'opérer un véritable changement qui passe prioritairement par l'information, pour impliquer tout ses salariés au projet. La mise en place d'une telle démarche ne doit pas être subie, au risque de courir droit à l'échec. Autrement dit, le développement durable au sein des banques demande des efforts, du management, de la préparation et surtout une très bonne organisation au niveau de tous les services.

§ Les banques ont un immense besoin de formation interne : Il est nécessaire de former les collaborateurs en contact avec les particuliers ; ils doivent avoir la capacité de les renseigner et les informer, et ainsi de transmettre le message à tout l'ensemble des acteurs économique, voilà en quoi la banque à un rôle à jouer.

§ Les banques doivent également lancer des campagnes massives de sensibilisation des particuliers, et professionnels. La France compte 26 370 guichets bancaires (hors la Banque postale qui en compte environ 14 000 à elle seule), qui constituent un énorme réseau à utiliser pour toucher la population française !

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon