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Choix entrepreneuriaux et financement des t.p.e. de la ville de Yaoundé

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par Guy Roland KENMEGNI NOUMIGUE
Université de Yaoundé 2  - D.E.A. 2005
  

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SECTION II : ENVIRONNEMENT DES TPE: UNE ANALYSE DU SYSTEME DE GESTION

Le système de gestion, de manière générale, se présente comme un ensemble complexe de dispositifs qui tendent à assurer la survie et le développement d'une entreprise. Le système de gestion des unités informelles concerne les moyens et procédures utilisés par ces unités pour appréhender la gestion de leurs activités et qui ne correspondent pas toujours aux principes de gestion moderne. Pour mieux comprendre ce système de gestion, il est important de préciser la notion d' « informel ».

Même si aujourd'hui le débat reste ouvert sur la définition de cette notion, de manière générale, la plupart des auteurs s'accordent pour appeler « informel » l'ensemble des unités de production qui, dans un pays donné, n'observent pas le cadre réglementaire de l'activité économique. C'est ainsi que le BIT20(*) (1993) définit le secteur informel comme un ensemble d'unités produisant des biens ou des services en vue, principalement, de créer des emplois et des revenus pour les personnes concernées ; lesquelles unités ont une structure très rudimentaire où le travail et le capital en tant que facteurs de production ne sont guère différenciés, et elles opèrent à petite échelle. Les relations d'emploi (lorsqu'elles existent) sont fondées sur l'emploi occasionnel, les liens de parenté ou les relations personnelles et sociales plutôt que sur les accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme.

Wamba H. (2003), en analysant le système de gestion des TPE s'intéresse aux aspects suivants : le système organisationnel et la gestion des ressources humaines, le système commercial, le système de production, le système comptable et financier, l'environnement juridique et fiscal.

II.1 : LE SYSTEME DE GESTION ET LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES DANS LES TPE

L'analyse systémique des entreprises en terme de leur gestion s'est développée depuis la décennie 1960. Cette analyse a pour objectif principal d'aboutir à une « meilleure compréhension de ce qu'est une entreprise, de son fonctionnement et par là une amélioration de sa gestion » Gabrié H., (1997). Il s'agit de voir comment les concepts, dits concepts de gestion moderne des organisations, sont appréhendés par les entrepreneurs des TPE informelles. Ces concepts seront analysés ici compte tenu du postulat de divergences d'intérêts entre partenaires sociaux.

Pour ce qui est des structures informelles de production de très petite taille, dominées par la tradition orale africaine, et au regard d'autres caractéristiques (Hernandez E.M., 1997), il est à noter qu'il existe dans ces unités deux pôles :

- un pôle de la propriété et d'assomption du risque constitué d'un patron, le plus souvent gérant, qui décide sans consulter un personnel assez réduit ;

- un pôle d'exécution constitué de l'ensemble du personnel qui subit et « opérationnalise » sans modification les décisions du précédent pôle.

L'entrepreneur africain est moins administratif. Il aime décider sans consulter. Assez paternaliste, il cherche à expliquer aux employés le pourquoi des décisions sans que celles-ci ne soient modifiées. Il est à la limite assimilable à un chef autocrate ; près de 56% des cas des décisions sont prises unilatéralement par le sommet et imposées à la base (Hernandez E.M., 1997). Ce schéma structurel, correspond à la structure simple de Mintzberg H. (1982) où l'organe clé est le sommet stratégique avec une supervision directe ; le chef d'entreprise donnant des ordres à l'ensemble du personnel qui les exécutent. Il s'agit ici d'une organisation appelée famille dont la culture est orientée vers le pouvoir, le chef d'entreprise considéré comme le père et l'ensemble du personnel comme membre d'une même famille (Hernandez E.M. 1997).

Le concept de gouvernance qui se traduit par le partage du pouvoir ou des responsabilités autour de la finance et surtout de la propriété de l'entreprise est absent dans la TPE informelle. D'après Caby J. et Hirigoyen G. (2001), la gouvernance est un ensemble de mécanismes de contrôle externes (COB, marché financier, marché des cadres...) et internes (conseil d'administration, hiérarchie) des attitudes managériales dans un contexte de relation d'agence. Or, au Cameroun, où le marché financier se met à peine en place, le marché du travail n'influence en rien la gestion des unités informelles. Les mécanismes internes se limitent à la hiérarchie qui se résume à la sanction du chef et à la prise unilatérale des décisions par ce dernier. Dans un tel cadre, les attitudes managériales sont celles de l'autocratie pour le chef et de la soumission pour l'ensemble du personnel.

En outre, le commandement autocratique de ces unités est favorable à moins de délégation de l'autorité. Le patron est la seule personne qui peut se permettre des dépenses ostentatoires de recherche de prestige. Le personnel de l'unité informelle, conscient qu'il a été recruté sur les bases affectives et familiales et que c'est dans celles-ci qu'il a reçu une qualification, est prêt à ne pas bénéficier du salaire en cas de trésorerie nulle. Il doit beaucoup à cette entreprise qui ne licencie pas facilement et envers qui tout opportunisme est proscrit. Seul l'intérêt communautaire, c'est-à-dire celui de l'entreprise, prime au détriment des considérations individuelles. (Wamba H. 2002)

Dans un contexte informel d'absence quasi permanente des contrats entre agents, le problème de confiance est crucial, car sans elle aucune transaction n'est possible. Pour couvrir certaines défaillances et espérer obtenir les promesses faites dans une transaction, le réseau affectif ethnico familial constitue, en Afrique, une pression extérieure qui contraint les agents à respecter leurs engagements. Compte tenu du degré de confiance élevé et du risque élevé dans les entreprises informelles pour cause d'absence de contrats, la coordination des échanges dans ces unités s'apparente aux « contrats rationnels » de Hirigoyen G. et Stamford J.P. (1998), par opposition à l'opportunisme (Williamson O.E., 1998), à la relation d'agence (Jensen M.C. et Meckling W.H., 1976)...

II.2 : LE SYSTEME COMMERCIAL

L'étude du système commercial des TPE informelles doit tenir compte des caractéristiques de l'environnement commercial dans lequel se situent celles-ci, et notamment en ce qui concerne ses spécialités. Les TPE informelles exercent leur activité dans un environnement commercial qui comprend des institutions, des pouvoirs locaux, des groupes d'influences, des concurrents, un mode financier, un niveau de technologie, des fournisseurs, des clients, une culture...

Nous étudierons ici le système commercial des entreprises informelles en nous référant aux concepts du Marketing mix, c'est-à-dire : « l'ensemble des outils dont l'entreprise dispose pour atteindre ses objectifs auprès du marché cible » (Kotler P. et Dubois B., 2000). Il s'agit des quatre variables : le produit, le prix, la distribution, et la communication (publicité et promotion) par l'intermédiaire desquels les dirigeants d'entreprise s'efforcent, par leur combinaison cohérente, de faire coïncider les attentes de la clientèle et les capacités de leur entreprise.

II.2.1 La communication:

Les spécificités structurelles des entreprises informelles et de leurs entrepreneurs les conduisent à adopter une communication très différente de celle que préconise la théorie marketing. La vente et la communication directe (mailing) sont plus indiquées ; cependant, l'utilisation de ces voies de communication nécessite une bonne maîtrise des techniques, tout au moins une sensibilisation de l'impact de la communication sur les ventes. De nombreuses études (Marchesnay M. 1988, Pacitto J.C. et Tordjman, 2001) soulignent le désintéressement des dirigeants de très petites entreprises informelles à la démarche marketing. La plupart des entrepreneurs informels ont un niveau d'étude largement inférieur à celui de la population active urbaine (Cagneau D. et al., 1996) ; par conséquent ils ne sont pas toujours au fait des méthodes de communications proposées par les ouvrages de marketing. Ces méthodes nécessitent les moyens financiers importants. Or, les entreprises informelles ayant une intensité capitalistique très faible, dédaignent d'investir sur tout ce qui n'entre pas directement dans la composition du produit. La préférence pour la liquidité et l'immédiateté (Bloy E. et Dupuy C., 1990) limite la possibilité du recours aux investissements immatériels comme la communication pour accroître leur niveau d'activité. Très souvent, l'unique voie de communication utilisée est la communication informelle de bouche à oreille, à travers les réseaux de solidarité ethnique (Hernandez E.M., 1997).

II.2.2 Le produit :

Selon l'enquête DIAL/DSCN en 1993, la ville de Yaoundé comptait 89000 MPE21(*) informelles réparties à hauteur de 23,02% dans le secteur industriel, 46% dans le commerce et 30,08% dans les services pour un chiffre d'affaires respectif de 19,03%, 52,07% et 28%. Les entreprises informelles sont donc représentées dans tous les secteurs d'activités avec cependant une prédilection pour le secteur commercial, sans doute parce que les barrières à l'entrée sont les plus faibles. La production du secteur informel est donc globalement destinée à la consommation finale. La répartition de la destination de la production informelle confirme d'ailleurs ce résultat mis en évidence par la répartition sectorielle. La branche industrielle du secteur informel réalise 84,03% de son chiffre d'affaires auprès des ménages. Le secteur commercial 76,07% et les services 91,01%. Les entreprises informelles ont donc très peu de relations de sous-traitance avec les entreprises relevant du secteur moderne, puisque la consommation intermédiaire de ces dernières, en provenance du secteur informel, ne représente que 0,5% du chiffre d'affaires des entreprises formelles. Cependant, le secteur informel est dépendant du secteur formel pour près de 2/3 de ses intrants. On peut alors s'interroger sur les techniques de production et la qualité des produits des TPE informelles.

Même si Hernandez E.M (1995) et Engelhard P. (1987) estiment que ces produits sont adaptés aux besoins des consommateurs qui sont satisfaits de leur qualité, il nous semble plutôt que cette satisfaction relève du rapport qualité / prix que de la qualité intrinsèque de ces produits. L'insuffisance de qualité des produits en provenance des TPE informelles s'expliquerait, en premier lieu, par la faiblesse technologique de ses entreprises et en second lieu, par une qualification approximative de leur main-d'oeuvre. Ces produits sont très compétitifs en terme de prix puisque près de 40% des ménages camerounais déclarent avoir reporté leur achat vers ce type de produit suite à la baisse de leur revenu (DIAL/DSCN, 1993).

II.2.3 Le prix :

Il existe, en gestion, différentes méthodes de fixation des prix : la méthode du coût de revient, la méthode du coût direct, l'alignement sur le prix de la concurrence ou à partir de la demande. Les différentes enquêtes auprès des entreprises informelles montrent que très peu d'entre elles ont recours à ces méthodes. Selon l'enquête de Maldonado C. (1987), 17,06% des entreprises de ce secteur fixent leur prix par calcul correct du prix de revient ; 38% ont recours de manière incorrecte à cette technique, c'est-à-dire en omettant certains éléments du coût comme les amortissements de 44%, fixent leur prix par marchandage. L'enquête DIAL/DSCN (1993) à Yaoundé fournit également les différentes méthodes de formation des prix sur le marché du secteur informel tel que le taux de marge, le marchandage, la fixation en fonction du prix du concurrent, suivant le prix officiel etc ... .

Il ressort de cette enquête que le marchandage est également la méthode prédominante de fixation de prix dans une proportion presque équivalente à celle de Maldonado C. (45,07%).

La fixation des prix par marchandage est une pratique largement répandue en Afrique. Pourtant, l'analyse de cette méthode n'a retenu jusqu'ici que l'attention de peu de chercheurs. Ouattara I. (1993) repris par Hernandez E.M. (1995), le définit comme « l'art de fixer le prix d'un produit à partir d'une confrontation verbale entre client et entrepreneur tout en prenant en compte les caractéristiques du client, de l'entrepreneur et de l'environnement ». De même, s'appuyant sur les travaux de Ndione E.S (1992) et Caille A. (1994), Hernandez E.M. (1995), montre que la fixation des prix lors du marchandage est souvent fonction du statut social des parties prenantes et que le prix final comprend la valeur de la marchandise et les avantages que l'on espère obtenir de son interlocuteur comme « tiroir de stratégies éco-sociales »

Si, dans les pays industrialisés, les TPE utilisent, comme arme concurrentielle, la qualité du produit (Marchesnay M., 1988), dans les pays en voie de développement et en particulier au Cameroun, les TPE informelles utilisent essentiellement le prix. La principale raison est que le secteur refuge (Cagneau D. et al., 1996) et leurs produits ne sont pas recherchés pour leur qualité, mais pour leur prix.

II.2.4 La place et le positionnement :

L'implantation géographique des unités informelles (à proximité de la clientèle), l'utilisation intensive des ressources locales et la flexibilité de l'outil de production (simplicité des procédés) ou la main-d'oeuvre et le savoir-faire priment sur le capital, procurent à celle-ci de nombreux avantages par rapport au secteur moderne. Il s'agit notamment de leur capacité de réaction immédiate aux mouvements de marché et de l'adaptation des produits aux usages, aux exigences et aux moyens financiers de la clientèle. Wamba H. (2003)

II.3 : LE SYSTEME DE PRODUCTION DES TPE

Les problèmes de production rencontrés par les unités informelles de production en Afrique et au Cameroun en particulier, sont extrêmement hétérogènes. Cela tient à divers facteurs : d'une part, la diversité des productions fournies, la taille des unités et des équipements ; d'autre part, l'hétérogénéité des lieux d'implantation, l'environnement et la culture technologique qui rendent presque impossible le traitement exhaustif des situations rencontrées. L'intensité technologique s'appuie sur ce qu'il est convenu d'appeler le « génie  autochtone » et qui a une incidence sur la qualité des produits fabriqués ainsi que sur leur commercialisation. Nos développements porteront sur les deux premiers points.

II.3.1 Le « génie autochtone » 

Tenues à l'écart du progrès scientifique et technique, les unités informelles ayant des difficultés croissantes à survivre avec des technologies rudimentaires, ont dû, pour certaines, se tourner vers l'équipement importé dont le coût et les caractéristiques ne sont pas toujours adaptés à leur taille.

La technologie dans les unités informelles de production se situe à deux niveaux. D'un côté, elle relève encore du transfert, ce qui n'exclut pas l'étude de leur évolution et même de leur remplacement. D'un autre côté, elle relève de la récupération et de la transformation de matériaux locaux dits de fortune, dont le taux de productivité reste encore trop bas pour certains. Selon Maldonado C. et Sethuraman S-V. (1994), malgré le dynamisme et les changements reconnus aux petites unités de production, l'information sur la nature des changements techniques et sur leur capacité d'innovation reste fragmentaire et disparate.

L'une des qualités des unités informelles tient à leur aptitude à utiliser les « ressources autochtones » et à recycler divers produits et matériaux souvent usagés. Cette qualité provient, d'une part, de l'inadaptation de la plupart des matériels importés et, d'autre part, de la difficulté d'obtenir des ressources (crédits) des institutions financières classiques (notamment les banques) pour acquérir des machines importées lorsque ces dernières peuvent être adaptées. Il s'agit là d'une forme d'adaptation technologique du secteur informel pour répondre à des besoins spécifiques du marchés, ce secteur étant capable de fournir un produit ou un service de moindre qualité à un moindre coût unitaire sur un autre marché que celui desservi par le secteur moderne.

D'une manière générale, la plupart des études relatives aux TPE du secteur informel relèvent le faible niveau technologique de ces entreprises. Le progrès technique y est lent, bien que les entrepreneurs y fassent preuve de beaucoup d'imagination. Penouil M. (1990) parle « d'une civilisation d'outils et non de société industrielle de machines ». Le matériel utilisé, souvent de seconde main, en provenance pour la majorité de l'Europe occidentale, est le plus souvent obsolète ; ce qui explique la faible productivité de la main-d'oeuvre.

II.3.2 L'adaptation des produits aux contraintes technologiques :

Les TPE informelles font toujours l'effort de s'accommoder constamment des changements macro-économiques qui se font le plus souvent en dehors d'elles et sur lesquels elles n'ont pas d'emprise. Elles ont également un atout d'ajustement spontané à la concurrence. À la question de savoir comment les petits producteurs parviennent à prospecter le marché et à tirer parti des débouchés, Maldonado C et SethuramanS.-V. (1994), relèvent que trois réponses technologiques semblent plausibles :

- en explorant de nouveaux choix de la production dans des segments de marchés encore inexploités ;

- en différenciant leur offre par rapport aux biens et services existants ;

- en substituant à des biens et services onéreux d'autres meilleurs marchés, même au prix de la qualité.

De manière générale, à la flexibilité de l'outil de production des TPE informelles, correspond une grande flexibilité de l'offre.

II.4 : ANALYSE COMPTABLE ET FINANCIERE DANS LES TPE

La gestion comptable et financière de la TPE informelle obéit à des règles de fonctionnement spécifiques, différentes de celles appliquées par l'entreprise dite moderne. La gestion comptable et financière s'appuie plus sur les relations communautaires et les pratiques locales. L'analyse du système d'information comptable nous permettra de mieux comprendre le type de gestion financière appliquée par les TPE au Cameroun.

II.4.1 Le système comptable des TPE :

En tant qu'instrument interne de gestion (détermination des coûts, des marges et des résultats par produit et / ou activité), la comptabilité a pour principal intérêt l'élaboration des comptes annuels servant principalement à informer les partenaires économiques et sociaux de l'entreprise (clients, fournisseurs, banquiers, Etat, actionnaires...) sur le résultat de celle-ci.

L'entrepreneur du secteur informel ne s'intéresse qu'aux flux de trésorerie générés par son entreprise et règle toutes ses transactions en espèces. Il n'a pas besoin d'instruments sophistiqués pour savoir où il en est. Le meilleur indicateur pour lui est le contenu de sa caisse ou de sa poche.

Les principales raisons qui justifient l'absence de comptabilité dans la plupart des entreprises informelles sont celles inhérentes à la complexité du système comptable non adapté aux règles de gestion de leurs activités et surtout à l'incompétence des promoteurs. Pour une implantation durable de la comptabilité dans le secteur informel en Afrique, Hernandez E.M. (2000) suggère de tenir compte, d'une part, des objectifs de l'entrepreneur et des particularités de sa gestion financière et, d'autre part, des spécificités du contexte socioculturel où elle est mise en oeuvre. La mise sur pied d'une telle initiative se trouve confrontée à multiples difficultés notamment :

- le cadre comptable d'observation (faire une distinction entre contrainte comptables et contraintes sociales, isoler ce qui relève de son entreprise de ses autres activités professionnelles, de ses obligations familiales et de ses obligations communautaires) ;

- les besoins comptables (le système comptable mis en place doit être assez simple pour intégrer des informations simples et directement utiles) ;

- le traitement des données (adaptation des fiches de saisie et des documents de traitement des données aux spécificités des opérations comptables).

II.4.2 La gestion financière dans les TPE :

La gestion de la TPE informelle obéit à des règles financières spécifiques qui ne sont pas toujours les mêmes que celles de l'entreprise moderne. Cette différence de point de vue peut être appréciée à travers trois grands critères financiers caractéristiques de la croissance de l'entreprise. Il s'agit des critères d'accumulation du capital, de rentabilité / risque et de financement. Dans l'entreprise moderne, ces critères font partie des choix fondamentaux du chef d'entreprise. Par contre, dans l'entreprise informelle, ceux-ci ne présentent presque pas d'intérêt pour l'entrepreneur.

L'absence d'accumulation du capital et la non signification du critère de rentabilité/risque

La plupart des TPE informelles de production sont des entreprises familiales au sens traditionnel du terme. L'entrepreneur, très souvent seul détenteur du « savoir faire », organise l'activité de l'entreprise à l'aide d'une main-d'oeuvre habituellement constituée à partir des liens de parenté et des relations d'amitié dont il assure la formation et l'apprentissage. Le capital, qui n'a pas la même importance que dans l'entreprise moderne, présente trois caractéristiques, à savoir : le capital de démarrage très limité, l'absence d'accumulation du capital au sein d'une même affaire et l'absence des capitaux dits permanents.

L'entrepreneur informel raisonne dans le court terme. L'univers dans lequel il évolue, est constitué d'un certain nombre d'aléas (la précarité et l'instabilité du cadre économique, l'absence de protection sociale, l'étroitesse des marchés due à la faiblesse du pouvoir d'achat...), ceci amène l'entrepreneur de la TPE informelle à diversifier au maximum son risque. Lorsqu'il y a un début d'accumulation du capital, il préfère s'en servir pour créer d'autres micros activités plutôt que de développer son entreprise vers le secteur formel ou moderne.

Les instruments et les méthodes de travail rudimentaires employés dans la TPE informelle sont la conséquence d'un « profit résiduel » donnant lieu à une faible productivité. Dans l'environnement financier informel, le critère risque/rentabilité semble n'avoir aucune signification. Le fonctionnement de ce critère nécessite que soit évalué un risque individuel gradué à partir d'un coût d'opportunité, c'est-à-dire à partir d'un placement considéré comme étant sans risque. Or, le niveau de risque élevé dans le secteur informel rend presque impossible toute tentative d'arbitrage entre risque et rentabilité. Le poids accordé au présent amène l'entrepreneur informel à développer une stratégie financière sans prendre en compte le temps et les aléas et d'utiliser pour ses calculs financiers des taux d'actualisation très élevés. Selon Bloy E. et Dupuy C. (1990), le critère implicite de performance de l'entreprise informelle est le délai de récupération des fonds investis. « L'entreprise ne sera jugée performante que dans la mesure où elle dégage, au jour le jour, des flux de liquidité lui permettant de faire face aux prélèvements des bailleurs et de reconstituer l'avance initiale ».

II.5 : L'ENVIRONNEMENT JURIDIQUE ET FISCAL

Pour mieux comprendre l'environnement dans lequel évoluent les TPE informelles au Cameroun, il est important d'analyser le poids des institutions et les modalités d'imposition qui incombent au secteur informel.

II.5.1 Le poids des institutions :

Depuis quelques années, dans la plupart des pays d'Afrique, on constate que les différentes lois réglementant l'exercice de certains métiers et leur apprentissage accusent généralement une inadéquation flagrante aux réalités locales. Les structures institutionnelles fortement influencées par les concepts et méthodes d'un modèle de développement importé ne parviennent guère à assurer une meilleure insertion des petits producteurs dans le tissu économique et social.

Cette inadaptation des lois et structures institutionnelles aux réalités locales font que bon nombre de promoteurs sont obligés d'évoluer dans le secteur informel qui leur permet d'exercer leurs activités en marge de la réglementation. L'un des problèmes importants des promoteurs des TPE informelles semble être celui de « l'absence de retour ». Ils se plaignent, pour ceux qui payent les impôts, de ne pouvoir bénéficier en retour des infrastructures adaptées (zones d'emplacement par exemple) et des services publics (eau, électricités, protection sociale...). Ces activités, dites informelles parce qu'elles ne sont pas répertoriées par les statistiques officielles, ne sont néanmoins pas formellement interdites par les lois. Cependant, elles échappent de force à la réglementation et à la régulation des institutions étatiques et plus précisément aux principes de la fiscalité basés sur le résultat comptable de l'entreprise.

II.5.2 Les modalités d'imposition des TPE :

Dans les économies du tiers monde, l'absence de la tenue de la comptabilité par la plupart des entreprises du secteur informel complique la tâche des pouvoirs publics quant à la détermination d'un mode équitable d'imposition et à la lutte contre la fraude fiscale.

En raison d'une justice sociale en matière d'imposition et du souci de financement des dépenses publiques, le problème consiste à se poser la question de savoir s'il faut imposer les activités formelles, ou alors s'il faut imposer le moins possible ces activités afin de préserver leur dynamisme, Qu'est ce qui expliquerait le comportement de fraude fiscale observée dans le secteur informel ? Dans une étude menée par Gautier J-F. (2001) sur la fraude fiscale des TPE à Madagascar et à titre de comparaison avec d'autres pays, il ressort que l'une des principales raisons est l'insuffisance d'information des entrepreneurs sur la raison d'être de l'impôt.

Selon Gautier J-F (2001), l'asymétrie d'information serait donc le principal facteur de la fraude fiscale des TPE.

Au Cameroun, la loi des finances de l'exercice 1995/96, permet de distinguer deux régimes forfaitaires particuliers pour les TPE. Il s'agit du régime de l'impôt libératoire (RIL22(*)) et du régime simplifié d'imposition (RSI23(*)).

La justice fiscale au sens de la prise en compte des charges de famille des contribuables est complètement absente du système de l'impôt libératoire. Une étude faite par NKODO (1997), montre que 27,5% des contribuables du régime simplifié d'imposition souhaitent bénéficier d'un régime proche de l'impôt libératoire, sorte d'impôt synthétique comprenant les prélèvements, y compris ceux en faveur des collectivités et des organisations professionnelles.

Après avoir présenté respectivement le petit entrepreneur, ses motivations, le processus de création d'une entreprise et cerné les spécificités de la TPE informelle, intéressons-nous présentement à la littérature sur les facteurs et théories qui permettent de donner une explication aux choix entrepreneuriaux liés aux modes de financement des TPE.

CHAPITRE II :

DEBATS THEORIQUES AUTOUR DES CHOIX ENTREPRENEURIAUX ET LES MODES DE FINANCEMENT

Plusieurs travaux se sont intéressées à l'entrepreneuriat africain et la TPE (Hernandez E.M. (1995, 1996, 1997, 1998, 2000), Saporta B. et Kombou L. (2000) etc....). Malgré les particularités, que présentent les TPE informelles, elles trouvent leurs fondements dans la culture africaine et beaucoup d'autres théories. (Section I). Une synthèse des travaux antérieurs sur les modes de financement en rapport avec la nature des actifs (les choix entrepreneuriaux) et sur l'information financière (section II) permet de déduire que le mode de financement n'est pas indépendant de la nature des actifs développés au sein d'une l'entreprise.

* 20 Bureau International du Travail

* 21 Micro et Petite Entreprise

* 22 Le RIL s'applique pour des contribuables dont le chiffre d'affaires de leurs activités ne dépasse par 15 millions de francs CFA pour les commerçants et 5 millions de francs CFA pour les autres. Le contribuable n'est pas tenu des obligations comptables. Les activités sont classées en quatre catégories et à chaque catégorie correspond un taux d'imposition.

* 23 Le RSI exige une comptabilité en serait-ce que sommaire (production des livres et des pièces justificatives par rapport au chiffre d'affaires). Les modalités d'imposition un peu plus compliquées obéissent à celles du calcul de l'impôt sur le revenu, la patente, la taxe sur la valeur ajoutée.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery