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Maisons d'hôte, naissance et développement

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par Salma BELHAJ SOULAMI
Ecole supérieure de technologie de Fès - Diplôme Universitaire Technologique 2008
  

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3. Les Riads à l'époque coloniale

Dès les premières ambassades au Maroc, les européens tombèrent sous le charme de l'architecture traditionnelle marocaine. Ainsi, en 1890, un académicien français du nom de Pierre Loti, s'extasie, dans un écrit, sur la beauté des fontaines, des arcades et arabesques savantes qu'on trouve dans les Riads.10(*)

Quand le maréchal Lyautey prit son poste à la tête du protectorat en 1912, son désir était d'urbaniser tout le pays, notamment Marrakech. Il fit d'abord l'inventaire des propriétés immobilières situées dans l'enceinte des remparts de la ville. Cet inventaire était destiné à dresser son livre foncier. Ainsi, environ 28000 maisons, dont 5000 Riads furent décomptées dans les dédales de la médina.

Il émit ensuite le souhait de faire surgir de terre une nouvelle ville. Ambitieux projet qu'il confia à Henri Prost, lauréat du concours international du premier urbaniste du monde, à Anvers. L'architecte avait feu vert pour laisser jaillir sa créativité, il avait toutefois pour seule et unique instruction de ne pas toucher aux centres historiques des parties anciennes mais au contraire d'aider à les conserver et les restaurer, tout en protégeant leur patrimoine artistique.

Une attention particulière était portée à la ville de Marrakech, pour sa qualité de ville impériale ayant une multitude de potentialités touristiques. Il fallait faire vite, car la beauté du site et des monuments allait attirer les touristes et la nécessité de loger tout ce monde était pressante.

Au Marrakech, une cité nouvelle, le Guéliz, était destinée aux Européens, car les quartiers de la médina n'étaient pas faits pour eux. La ville arabe et la ville européenne devaient être séparées pour éviter les froissements et les mésententes qui pouvaient naître de mentalités différentes et de faire respecter par là même, les marocains dans leurs usages et leur cadre séculaire.

Lyautey était soucieux de sauvegarder la médina de Marrakech dans son intégralité architecturale, c'est pour cela que plusieurs dahirs déterminant les zones de protection culturelle ont vu jour, plusieurs lois ont été instaurées définissant les critères de construction


dans la médina, les hauteurs permises pour les bâtiments et les matériaux qu'il fallait utiliser. (À Fès la résidence de Lyautey s'appelle palais Menbehi qui s'est transformé actuellement à un restaurant marocain)

Il avait compris qu'un peuple, ayant perdu le contrôle de son pays, ne pouvait renoncer, sous aucun prétexte, à ses racines sociales, culturelles et à son héritage patrimonial. On peut tout prendre à un peuple sauf ses éléments qui font son identité, son passé, son présent et son futur.

Tous les étrangers étaient vus comme des colonisateurs, aucun d'eux ou presque ne pouvait s'aventurer tout seul dans la médina. Acheter une demeure là bas était vu comme un défi et représentait une injure pour les habitants .De plus, sont rares les autochtones qui pouvaient renoncer à leurs demeures, étant d'abord une chose sacrée, et ensuite pour la réputation de traîtres qu'ils auraient alors.

Cependant, en l'absence d'autres habitations où ils pouvaient s'installer, les européens ont élu lieu temporairement dans la médina. C'est le cas notamment de Jacques Majorelle, qui loua une maison dans le quartier populaire Ben Saleh, avant de s'installer dans ses fameux jardins. Déjà en 1920, il déplore la transformation de la médina et appelle à sa préservation. La première maison d'hôte à Marrakech fut créée en 1929.

Mais les ancêtres directs, les pionniers des maisons d'hôtes actuelles sont les hôtels non classés qui se sont installés dans de grands Riads et anciennes demeures traditionnels. Toutefois, ces anciens hôtels étaient fréquentés par des voyageurs modestes. Les prix étaient ce qu'il y a de plus bas sur le marché local de l'hôtellerie.

Dans les années 1940, deux françaises en mal de sudisme ouvrirent un restaurant en médina marrakechie, dans un Riad traditionnel. Un établissement qu'elles baptisèrent « la maison arabe » et qui était l'endroit préféré de Winston Churchill.11(*)

Après l'indépendance, ces lois françaises ont été interprétées, dans la confusion des esprits, comme des lois nuisibles aux marocains, ayant été instaurées par le colonisateur. Donc il fallait les abolir, sinon adopter des comportements contraires à ce qu'elles stipulaient.

Les habitants de Marrakech, et même les responsables et les autorités locales se mirent à enfreindre la loi portant sur la protection culturelle, ainsi, plus personne ne se souciait de respecter le paysage architectural de la médina, où les anomalies ont commencé à proliférer.12(*)

Depuis les années 70, peintres, artistes et écrivains furent séduits par cet habitat si particulier, à l'image du paradis. Ils étaient nombreux à goûter aux charmes des Riads, mais seuls quelques privilégiés y vivaient, en faisant leur résidence principale, gardant jalousement leur secret. Le Maroc devint alors le passage obligé de la jet-set internationale !

* 10 M. de graincourt et A.Duboy, « découvrir les Riads », Médina magazine, mai-juin 2001, p 71.

* 11 Le Journal, N°144 du 18 novembre2000.

* 12 J.Guensoussi, Al Ittihad Al Osboi, N°11, du 23 au 29 juillet 2002, p10.

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