WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Croissance des dépenses publiques et incidence sur le développement au Cameroun: le cas du secteur éducatif

( Télécharger le fichier original )
par Romuald sostaine Foueka Tagne
Université de Yaoundé 2 soa - Master/ dea NPTCI 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I-2-3-2- Commentaires et recommandations de politiques économiques.

Il s'agit pour nous ici d'interpréter économiquement les résultats tout en vérifiant au préalable si les résultats sont conformes à la théorie et aux hypothèses avancées. Ce qui nous conduira aux meilleures implications de politique économique.

a) Interprétation des résultats des différentes spécifications

Notre équation de long terme de la demande des dépenses publiques est la suivante :

GD = -1186,3 - 2.13Urban +180,3Logpop + 0,03Y**- 0,005Relprice - 0,19XM*** + 2,9D1

(-0,91)60(*) (-0,92) (0,92) (2,93) (-0,0004) (-1,699) (1,67)

De cette relation il en ressort que la variable, Revenu réel per capita, est significative et le signe prédit (positif) est obtenu. Ce résultat, qui est conforme à la théorie, traduit une relation positive entre la part des dépenses publiques et le PIB per capita. On remarque alors que la loi de Wagner est validée dans notre modèle. Une étude faite en 1988 par Abizadeh et Yousefi confirmait aussi un effet positif du revenu réel sur la croissance des dépenses publiques au Canada entre 1945 et 1984, une autre étude faite par Ram (1987) appuie la loi de Wagner pour 115 pays en série chronologique.

La variable Urban, bien qu'elle soit non significative, possède un coefficient de signe négatif qui reflète une relation non positive entre les dépenses publiques et le taux d'urbanisation. Résultats déjà obtenus par Muller et Murell (1985). Ces auteurs n'ont pas trouvé de relation positive entre les dépenses publiques et l'urbanisation à travers les pays.

Le degré d'ouverture de l'économie, capté ici par la part des exportations et des importations dans le PIB, a une influence négative sur les dépenses publiques à un niveau peu significatif.

L'effet de Baumol, c'est-à-dire l'accroissement du prix relatif du bien public avec une demande inélastique par rapport au prix, ne s'observe pas ici. Car le coefficient de la variable Relprice est non significatif.

Mais au regard du taux de croissance des dépenses publiques à travers le modèle à correction d'erreur (tableau 2.8 en annexe), seul le taux de croissance du revenu réel est significatif. Plus intéressant encore, le coefficient du terme de correction d'erreur est significatif et négatif (-0.841896). Ce qui, tout en validant la représentation à correction d'erreur, indique la convergence des trajectoires de la série des dépenses publiques vers la cible de long terme. Ainsi, les chocs sur les dépenses publiques au Cameroun se corrigent à 84% par effet de « feed-back ». En d'autres termes, un choc constaté au cours d'une année donnée est entièrement résorbé au bout d'un an et 2 mois et demi (1/0,84 = 1.2).

En se plaçant plutôt du côté de l'offre, nous avons la relation de long terme des dépenses publiques suivante :

GS = -9,59 + 14,9Relprice** - 0,02Pub + 1,186Dirtax* + 0,073Déficit - 0,225D1

(-1,5) (2,637) (-1,19) (7,63) (0,455) (-0,175)

Au regard de cette relation, nous remarquons que l'effet de Baumol a une influence sur l'offre des dépenses publiques au Cameroun. La production de services publics non marchands connaît en effet de faibles gains de productivité, ce qui explique le développement des dépenses publiques afin de soutenir la production de ces services publics essentiels. Ainsi l'intervention de l'Etat a beaucoup porté ces dernières années sur des activités telles que l'éducation, la santé, la culture (...), autant d'activités où les gains de productivité sont faibles sinon absents.

Une autre variable significative sur l'offre des dépenses publiques est la part des impôts et taxes dans le PIB. Elle a un impact positif sur le niveau des dépenses publiques. Ce qui est conforme à la théorie et à la pratique, en ce sens que la dépense est au centre de la politique budgétaire de l'Etat, et l'exécution des dépenses se fait toujours en fonction du niveau des recettes réalisées.

Un résultat intéressant qu'il convient de souligner est la non significativité de la variable PUB dans l'explication du niveau des dépenses publiques. Cette absence de relation entre les deux variables, contrairement à la théorie de la bureaucratie de Niskanen, traduit le fait que les employés du gouvernement n'ont pas une préférence pour avoir des budgets trop élevés. Mais en considérant l'analyse de Miller qui distingue le pouvoir politique du pouvoir bureaucrate (celui des employés du gouvernement), nous sommes tentés de penser que ce résultat est dû au fait que le pouvoir bureaucrate est exclu du processus d'élaboration du budget au Cameroun ce qui revient plus au pouvoir politique.

A l'observation du modèle à correction d'erreur de l'offre des dépenses publiques, nous remarquons que le taux de croissance de l'offre des dépenses publiques est expliqué significativement par des taux de croissance des variables Relprice, Dirtax et Deficit. Le déficit budgétaire n'influence pas en niveau l'offre des dépenses publiques mais son taux de croissance a un impact positif sur le taux de croissance des dépenses publiques. Le coefficient du terme de correction d'erreur est significatif et négatif (-0,85388), il y a convergence de la série vers la cible de log terme.

Cette analyse peut également être faite pour les résultas présentés en annexe 2.1 sur les dépenses de fonctionnement et d'investissement. A la lecture de la relation de long terme des deux catégories de dépenses publiques, on observe que les variables Urban, Logpop et Y, utilisées par Henrekson et Lybeck pour tester l'hypothèse de Wagner dans le cas de la Suède, sont significatives à des degrés divers. Le taux d'urbanisation explique positivement la demande des dépenses publiques de fonctionnement, la population totale et le revenu réel ont plutôt un impact positif sur la demande des dépenses publiques d'investissement.

Lorsque l'on s'attarde sur l'offre de chaque catégorie de dépenses on se rend bien compte que la variable PUB (les employés du gouvernement) explique la croissance des dépenses de fonctionnement ainsi que notre variable Dummy de l'instabilité macroéconomique. Cette dernière explique également le niveau de l'offre des dépenses publiques d'investissement, de même que l'effet de Baumol et la part des taxes et impôts sur le PIB.

On constate en outre que, le taux de croissance des dépenses publiques d'investissement dépend de façon positive du taux de croissance passé de ces mêmes dépenses. Ce qui n'est pas le cas ni pour les dépenses de fonctionnement, ni pour les dépenses publiques totales. Ce dernier résultat est quelque peu surprenant du point de vue des théories mettant en avant le rôle des habitudes de consommation, selon lesquelles ce résultat s'observerait sur les dépenses de fonctionnement (dépenses de consommation du gouvernement).

Les différentes interprétations faites ci-dessus, relèvent du test de significativité individuel des variables. Sur un plan plus global, toutes nos spécifications peuvent être considérées comme globalement significatives. Car sans exception en appliquant le test de Fisher61(*) on rejettera l'hypothèse nulle de non significativité globale. Les estimateurs obtenus sont donc consistants. Mais au regard du coefficient de détermination (R2), qui en moyenne varie autour de 70%, on peut dire que 70% des fluctuations des dépenses publiques sont expliquées par l'ensemble des variables retenues dans notre modèle. De ces résultats globalement satisfaisants, quelles conclusions de politique économique faisons-nous ?

b) Implications de politiques économiques

L'analyse de la dépense publique en termes de structure, d'allocations sectorielles et de volume va nous permettre d'avoir une visibilité plus grande dans la recherche d'une meilleure restructuration de celle-ci. Cependant, il est nécessaire d'assurer davantage une allocation qualitative de la dépense pour préserver l'amélioration du niveau de vie de population, guidé par le respect du principe de rationalisation des choix budgétaires62(*). Selon Weber, ce principe est une forme d'approche des choix en matière des dépenses publiques qui s'efforce de substituer dans la mesure où cela est possible et justifié, la rationalité économique au processus politique de recherche d'un consensus. C'est ce principe qui justifie l'élaboration dans le DSRP d'un cadre des dépenses à moyen terme (CDMT).

Le CDMT sert de cadre pour mettre en cohérence financière les stratégies sectorielles et le budget de l'Etat. Il permet de chiffrer les implications budgétaires des stratégies sectorielles et de réconcilier les besoins de financement des stratégies avec les ressources générées par la croissance (ressources propres) ou provenant des appuis extérieurs. Le CDMT assure ainsi la cohérence entre le budget prévisionnel où les dépenses sont classées selon une approche fonctionnelle (par secteur ou par ministères) et le TOFE prévisionnel où elles sont agrégées et projetées selon une classification par nature économique (courant ou capital). Le CDMT assure enfin la cohérence entre le niveau des dépenses de fonctionnement et des dépenses d'investissement. Il constitue aussi un instrument de politique budgétaire ciblée. Ce cadrage nous permettra d'atteindre un objectif, dans l'optique de résorber le souci de bonne gouvernance, à savoir celui de la maîtrise des dépenses publiques qui ne signifie nullement une réduction drastique de celles-ci. Tout ceci n'aura de réussite qu'avec une bonne visibilité de l'évolution passée des dépenses publiques.

Comme recommandations supplémentaires qui découlent de nos résultats, nous suggérons à notre humble avis que :

§ L'Etat priorise les dépenses publiques pros pauvres à savoir les dépenses dans les secteurs de réduction de la pauvreté. Il s'agira d'accroître les allocations budgétaires, en faveur des secteurs sociaux tels que l'éducation, la santé, l'assainissement (...), d'une part qui ont un impact sur l'offre des services sociaux pour les rendre disponibles, et d'autre part en faveur des secteurs générateurs de revenu pour lesquels les populations pauvres ont un avantage comparatif.

§ Les dépenses publiques soient des dépenses pros OMD c'est-à-dire qui visent à atteindre ces OMD souscrits par le gouvernement camerounais. En d'autres termes, il s'agit de mettre en adéquation le cadre budgétaire aux OMD.

En somme il s'agit de développer une stratégie comptable DSRP-OMD-CDMT-DP qui serait un outil efficace et une plate forme à la fois de mobilisation des ressources publiques mais aussi d'allocations de ces ressources dans les domaines générateurs de développement durable pour le Cameroun.

Malgré les efforts importants consentis par les autorités pour appuyer la stratégie de réduction de la pauvreté, les dépenses publiques resteraient stables en pourcentage du PIB (17% environ). Cela est dû en partie à la contraction de la part des dépenses du service de la dette qui ont permis d'absorber une grande partie des dépenses prioritaires. Dans le même temps, les réformes fiscales et douanières devraient permettre d'améliorer les recettes non pétrolières en pourcentage du PIB non pétrolier. Ces recettes induiraient une hausse accrue des dépenses. L'analyse de la croissance de ces dépenses pour la période 1982-2006 nous donne comme principaux résultats : le niveau du revenu réel est la principale cause de la croissance de la demande des dépenses ; ensuite la faible productivité des services publics et le montant des impôts et taxes agissent plutôt sur l'offre des dépenses publiques ; et enfin la croissance des dépenses de fonctionnement est expliquée par les effectifs de plus en plus croissants des employés du gouvernement. Ayant adopté comme hypothèse que le niveau de développement explique favorablement la hausse tendancielle des dépenses publiques nous pouvons, à la lumière de nos résultats dire que cette hypothèse est vérifiée dans le cas du Cameroun.

Conclusion de la première partie

Il était question dans cette partie du travail de faire un essai justificatif de la croissance des dépenses publiques. Le premier chapitre de cette partie a porté essentiellement sur l'aspect théorique en matière de croissance de ces dépenses. Ainsi, plusieurs arguments ont été avancés pour expliquer la tendance de plus en plus à la hausse des dépenses. Entre autres, nous avons mentionné la thèse de Wagner, les arguments de l'école des choix publics, les hypothèses de Baumol et de Peacock et Wiseman, et enfin les théories de la bureaucratie et de la capacité fiscale, comme facteurs explicatifs de la croissance séculaire des dépenses publiques. Ces justifications théoriques ont été cherchées tantôt du côté de l'offre, tantôt du côté de la demande des biens publics non marchands. La combinaison de ces 02 aspects nous a permis, de considérer de façon interdépendante ces deux approches, et d'aboutir à un modèle de déséquilibre de dépenses publiques avec comme condition de déséquilibre, la condition du maximum : quand la demande des biens publics est supérieur à l'offre des biens publics, c'est la demande qui détermine le niveau des dépenses publiques. Puisque dans de nombreux pays aux niveaux de développement différents et de systèmes politiques variés, les politiciens et les bureaucrates répondent directement à l'augmentation de la demande même si cela peut entraîner un déficit.

La validité de ces théories a été testée dans le deuxième chapitre, en partant de l'hypothèse que le niveau de développement explique favorablement la hausse tendancielle des dépenses publiques. Tous ces arguments développés s'avèrent pertinentes pour l'analyse et la compréhension de l'évolution des dépenses publiques au Cameroun. Les principaux résultats de nos estimations révèlent que :

- le niveau du revenu réel est la principale cause de la croissance de la demande des dépenses publiques ;

- la faible productivité des services publics et le montant des impôts et taxes agissent plutôt sur l'offre des dépenses publiques ;

- les effectifs de plus en plus croissants des fonctionnaires expliquent la croissance des dépenses publiques de fonctionnement ;

- et enfin le taux de croissance des dépenses publiques d'investissement dépend de façon positive de son taux de croissance passé.

Comme le reconnais les instituions de Bretton Woods63(*), l'atteinte des OMD passera par l'accroissement des dépenses et le renforcement de l'efficacité de celles-ci. Il est donc crucial pour nos pays d'améliorer leurs systèmes budgétaires. La faiblesse de nos systèmes peut miner la planification, l'exécution et l'information budgétaire, entraînant un gaspillage de ressources publiques déjà limitées64(*). L'une des mesures prises et que nous soutenons énergétiquement, pour consolider la gestion des finances publiques, est la mise en place d'un cadre comptable adapté et cohérent afin de suivre l'exécution des dépenses à travers le CDMT, qui permet une cohérence financière entre les stratégies sectorielles et le budget de l'Etat.

DEUXIEME PARTIE

DEPENSES PUBLIQUES ET DEVELOPPEMENT : LE CAS DU SECTEUR DE L'EDUCATION AU CAMEROUN

« Toute fortune est instable,

la seule richesse durable c'est une bonne éducation »

VOLTAIRE

Introduction de la deuxième partie

La situation des pays africains65(*), les contraintes qu'ils doivent affronter et les progrès qu'ils ont réalisés varient considérablement selon les pays, et il va de même de leurs programmes de développement. Il peut néanmoins être utile d'illustrer ce qui reste à faire, sur l'ensemble du continent, dans chacun des secteurs intéressants des politiques publiques :

- Politiques macroéconomiques : maintien du taux de change réalistes et poursuite des réformes commerciales. Retour à l'équilibre budgétaire et à la prudence en matière budgétaire par le biais de la mobilisation des recettes fiscales et du contrôle des dépenses. Pour les dépenses publiques, détermination d'un ordre de priorité compatible avec le programme de développement ;

- Développement humain tenant compte des problèmes spécifiques aux femmes : expansion importante de l'éducation de base, de la santé et des services de planning familial, à l'aide de ressources publiques, mais aussi avec des initiatives du secteur privé et des collectivités concernées ; importance des questions d'égalité des chances entre homme et femme ; attention prudente au système d'enseignement secondaire et universitaire dans le contexte du renforcement des capacités ;

- Agriculture (...) - Environnement (...) - Développement du secteur privé (...) - Services d'infrastructures (...) - Renforcement des capacités (...)

Tous les points énumérés sont importants et ils sont interdépendants, mais deux éléments paraissent se dégager de l'expérience du début de la décennie 90.

Le premier est l'importance du développement des ressources humaines au sens le plus large du terme. Non seulement parce que c'est un domaine où les progrès ont été particulièrement lents, mais aussi parce que c'est un facteur qui influe sur plusieurs autres éléments de l'agenda du développement.

Le deuxième est l'importance de la gestion budgétaire. Les questions budgétaires touchent tous les éléments de l'agenda du développement. Les dépenses publiques, ou leur insuffisance, conditionnent les progrès dans tous les domaines, et l'équilibre entre les recettes et les dépenses influe sur la stabilité macroéconomique et le développement du secteur privé.

Dans cette seconde partie de notre travail nous nous attarderons essentiellement sur les deux éléments évoqués ci-dessus : développement des ressources humaines et gestion budgétaire. Ainsi, dans le chapitre trois, nous analyserons l'un des aspects les plus importants des ressources humaines, à savoir l'éducation au Cameroun. Et au chapitre quatre, les questions budgétaires dans le secteur de l'éducation seront appréciées.

CHAPITRE III : DU ROLE DE L'EDUCATION DANS LA PROMOTION DU DEVELOPPEMENT

* 60 Les valeurs entre parenthèses sont les statistiques de Student obtenues.

* 61 L'estimation sous Eviews nous donne directement la statistique de Fisher de même que la probabilité de cette statistique qui doit être inférieure à 1%, 5% ou 10% pour rejeter l'hypothèse nulle.

* 62 Elle est une recherche méthodique qui, en utilisant toute technique disponible d'analyse, de calcul, de prévision, d'organisation et de gestion, vise à la concrétisation efficace d'une politique publique.

* 63A l'occurrence le Fond monétaire international et la Banque mondiale.

* 64 Des enquêtes de suivi des dépenses révèlent des déperditions importantes de fonds publics dans certains pays : de 1991 à 1995, moins de 15% des dépenses d'éducation est parvenue aux écoles en Ouganda. D'autres études signalent des fuites d'environ 60% dans les dépenses d'éducation en Zambie en 2002 et en Tanzanie en 1999.

* 65 Rapport de la Banque Mondiale (1995) : « Un continent en transition : l'Afrique subsaharienne au milieu des années 1990 ».

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo