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Croissance des dépenses publiques et incidence sur le développement au Cameroun: le cas du secteur éducatif

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par Romuald sostaine Foueka Tagne
Université de Yaoundé 2 soa - Master/ dea NPTCI 2009
  

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II- REVUE DE LA LITTERATURE

Au regard de la littérature économique, plusieurs analyses ont été faites quant à ce qui concerne les dépenses publiques. Il existe un fait irrémédiable à savoir celui de la croissance des dépenses publiques dans la plupart des pays du monde et plusieurs explications théoriques ont été évoquées dont la plus célèbre est la « loi dite de Wagner7(*) ». Parmi les nombreux facteurs qui ont contribué à faire des dépenses publiques un champ d'études important, deux paraissent prédominants8(*) :

- en premier lieu, le développement des interventions publiques dans de nombreux secteurs de l'économie jusque là considérés comme le domaine exclusif de l'initiative privée a entraîné une rapide expansion des dépenses publiques, au point que la part des dépenses publiques dans le PIB est supérieur à 30% dans de nombreux pays.

- en second lieu les économies acceptaient de moins en moins volontiers l'hypothèse selon laquelle la structure fondamentale de l'économie était celle d'une concurrence libre dans le jeu de laquelle les interventions des pouvoirs publics représentaient un inconvénient nécessaire mais mineur pour les prises de décision privées. Avec le développement des systèmes de transferts sociaux, se trouvent alors définies les conditions dans lesquelles les interventions publiques dans une économie de marché sont justifiées. Les notions de prises collectives de décision, de facteurs externes, de comparaison entre les avantages dont jouissent les particuliers ou la collectivité, ont été introduites dans la théorie et la pratique des finances publiques. Au même moment, les responsables des questions budgétaires ont commencé à reconnaître l'importance de l'application de l'analyse économique aux décisions en matière de dépenses publiques.

Reconnaissons avec Bernard (1985) dans son ouvrage d'économie publique que, les justifications théoriques ont été cherchées tantôt du côté de l'offre, tantôt du côté de la demande des biens publics non marchands. Ce n'est que la judicieuse recommandation de VP Gandhi9(*) au congrès international de finances publiques (Edinburgh, 1976) de considérer les deux aspects de façon interdépendante ainsi que leurs effets sur le reste de l'économie. Dans l'optique de l'offre, l'étude du FMI précédemment citée, fait ressortir deux explications théoriques pour expliquer la croissance des dépenses publiques à savoir : la loi de l'accroissement de l'activité de l'Etat qui stipule que la part du secteur public dans l'économie s'accroît parallèlement à la croissance économique d'une part, et l'effet de déplacement de Peacock et Wiseman d'autre part. Ces derniers ont émis l'idée que l'accroissement des dépenses publiques qui s'est produit en temps de guerre avait permis de maintenir en permanence un niveau plus élevé de dépenses civiles. Ils sont d'avis que de tels accroissements des activités de l'Etat ont des effets de déplacement, de concentration et de contrôle. A ces deux explications théoriques Weber (1978) y ajoute une troisième : la thèse de différence de productivité entre secteur privé et secteur public10(*). Pour cet auteur il existe d'autres phénomènes non économiques que Musgrave (1969) caractérise comme le conditionnement technico-démographique et sociopolitique11(*).

D'un autre côté, les études ont été menées afin d'expliquer la croissance des dépenses publiques par la demande des biens publics. C'est le cas par exemple de Crozet12(*) qui intègre les théories évoquées ci-dessus du côté de la demande. Greffe (1994) en plus de ces théories explicatives y ajoute la théorie de l'électeur médian et l'hypothèse des groupes d'intérêt. Mais, il reconnaît une possible confrontation entre la demande et l'offre des biens publics pour expliquer la croissance des dépenses publiques. Ce qu'avait déjà fait Bernard (1985). Analyser la croissance des dépenses publiques par l'offre des fonds publics sans tenir compte de la demande, ou par la demande de biens publics sans tenir compte de l'offre, nous parait incomplète et non pertinente.

Certains auteurs ont cherché à combler cette lacune. C'est le cas des auteurs suédois et canadiens13(*). Tout récemment, pour expliquer la croissance des dépenses publiques au Canada Trottier (1995) intègre à la fois les aspects de l'offre et ceux de la demande en qualifiant son approche de « déséquilibre14(*) ». L'approche mixte a pour apport fondamental de combiner à la fois l'offre et la demande en supposant qu'elles s'ajustent simultanément.

Sur un plan local, les études et analyses faites en ce qui concerne les dépenses publiques s'inscrivent pour l'essentiel dans la lignée des travaux d'Ashauer (1988) et de Barro (1990) et cherchent à déterminer quelle est la contribution des dépenses publiques à la croissance économique au Cameroun. On peut citer entre autres les travaux de Kuitcha (2005) qui montrent que les infrastructures physiques et sociales ont un impact positif sur la croissance économique au Cameroun ; Ongono (2006) qui détermine la taille optimale de l'Etat camerounais15(*), valeur au-delà de laquelle toute dépense aura un impact négatif. Mfoulou (2007) quant à lui mène son étude dans un univers plus grand, celui de la CEMAC et aboutit à la conclusion que le capital public contribue largement à la croissance de la productivité des facteurs privés dans les pays en zone CEMAC. Mais au-delà de ce qui précède Touna Mama, Kamgnia et al (2002) ont mis en évidence l'existence au Cameroun d'une relation significativement négative entre les dépenses publiques et la croissance économique. Malgré ces résultats qu'on peut qualifier de contradictoires, toutes ces études ont été faites dans l'optique d'appréhender les dépenses publiques comme une variable explicative sans jamais chercher à savoir ce qui explique la place de plus en plus importante de ces dépenses dans le PIB.

Sous un tout autre angle Atangana (2004) dans son étude se propose d'évaluer l'équité associée à la répartition des dépenses publiques d'éducation au Cameroun tout en appréciant la progressivité de ces dépenses16(*). Kamgnia et al (2008) mène à peu près la même étude dans deux secteurs clés (l'éducation et la santé) mais en se fondant sur des approches méthodologiques très poussées. Pour justifier l'accroissement des dépenses publiques au Cameroun, Tamba (2005) avance le point de vue du soutien étatique aux stratégies fondatrices de développement dans les pays de la CEMAC. En particuliers Tamba apprécie ce soutien de deux manières : par la part des dépenses publiques dans le PIB selon la grille de lecture de Wagner et par le taux du crédit intérieur17(*).

En retenant l'approche du déséquilibre, nous essayerons dans le cadre de notre étude de répondre à la question spécifique de savoir ce qui explique la croissance des dépenses publiques au Cameroun et leurs effets sur le bien-être des agents économiques.

III- OBJECTIFS ET INTERET DE L'ETUDE

L'objectif principal de cette étude est d'analyser les facteurs qui fondent l'évolution des dépenses publiques au Cameroun et leurs effets sur le bien-être des individus.

Plus spécifiquement nous nous proposons :

1) d'identifier les déterminants de la croissance des dépenses publiques au Cameroun et ;

2) d'apprécier l'incidence de ces dépenses dans le domaine de l'éducation.

Notre étude relève d'un double intérêt. Sur le plan politique ou opérationnel l'intérêt est de fournir un outil supplémentaire aux décideurs publics. Outil (évaluation des politiques publiques) que nous jugeons très indispensable dans la mesure où, certaines économies dites développées en utilisent abondamment18(*), et même dans les pays anglo-saxons elle est une culture suffisamment ancrée dans les moeurs des décideurs.

Sur le plan théorique, on observe une certaine opposition entre les libéraux et le courant interventionniste. Chez les libéraux toute intervention directe de l'Etat dans les activités économiques est source de perturbation et de déséquilibre et ils pensent que les dépenses publiques sont nombreuses, variées et disparates pour être soumises à un traitement scientifique abstrait. Or dans le courant interventionniste l'Etat est un élément décisif de politique économique, de relance ou de stabilisation. L'intérêt est de se situer sur le débat profond entre les libéraux et le courant interventionniste en matière de politiques publiques, en appréciant les interventions de l'Etat dans le secteur de l'éducation.

* 7 Encore appelée loi de l'accroissement de l'activité de l'Etat.

* 8 Cf. FMI : « Dépenses publiques : fondement et structures », institut du FMI.

* 9 Citée dans Bernard (1985) : Economie publique, Economica

* 10 Thèse défendue par Baumol (1967).

* 11 Cité dans Weber L. (1978) : Analyse économique des dépenses publique, P.U.F.

* 12 Crozet Y. (1997): Analyse économique de l'Etat, Armand colin, 2e édition.

* 13 Henrekson et Lybeck pour les dépenses publiques en Suède, Dudley et Montmarquette pour le Canada

* 14 Ou approche mixte.

* 15 Valeur maximale des dépenses publiques de consommation 10% et celle des dépenses publiques d'investissement 6%.

* 16 Il trouve que les dépenses publiques d'éducation sont progressives au niveau de l'enseignement primaire et régressives ailleurs.

* 17 C'est le volume du crédit intérieur brut octroyé aux entreprises publiques en pourcentage du PIB.

* 18 C'est le cas par exemple de la France où il existe un conseil scientifique de l'évaluation, un secrétariat d'Etat auprès du premier ministre chargé de la prospection et de l'évaluation des politiques publiques

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard