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Exploitation artisanale de l'or dans le processus de mutation socioéconomique à  Hiré (sud Bandama Côte d'Ivoire)

( Télécharger le fichier original )
par Kouassi Nicolas KOUADIO
Université de Bouaké (Côte d'Ivoire) - D.E.A (diplôme d'études approfondies) Sociologie 2008
  

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    Sommaire

    Liste des tableaux...........................................................................

    2

    Liste des cartes et photos..................................................................

    3

    Remerciements..............................................................................

    4

    Résumé.......................................................................................

    5

    Introduction générale......................................................................

    6

    1- Contexte et constats de recherche.................................................

    6

    2- Définition des mots clés du sujet.................................................

    10

    3- Problématique.......................................................................

    12

    4- Revue de littérature.................................................................

    14

    5- Méthodologie de recherche........................................................

    17

    6- Plan de restitution de la recherche................................................

    27

    Première partie : Caractérisation de l'exploitation artisanale de l'or à Hiré.........

    29

    Chapitre 1 : Caractérisation des acteurs et du milieu..................................

    30

    Chapitre 2 : Les types d'exploitation....................................................

    38

    Deuxième partie : Présentation et discussion des résultats.......................

    48

    Chapitre 1 : Les motivations socioéconomiques..................................

    50

    Chapitre 2 : Les mutations économiques, sociales et environnementales..........

    61

    Troisième partie : Esquisse du plan de projet de la thèse.........................

    76

    Chapitre 1 : Considérations méthodologiques......................................

    77

    Chapitre 2 : Organisation des activités et plan provisoire de la thèse............

    78

    Conclusion générale.....................................................................

    81

    Bibliographie.............................................................................

    84

    Annexes...................................................................................

    95

    Liste des tableaux

    Tableau n°1 : Répartition des grands orpailleurs recensés selon leurs

    nationalités...........................................................................

    31

    Tableau n°2 : Origines socioprofessionnelles des acteurs..................................................

    33

    Tableau n°3 : Récapitulatif des moyens de production dans le lavage à la

    batée et leurs coûts..................................................................

    40

    Tableau n° 4 : Les moyens d'exploitation souterraine et leurs coûts...........................

    45

    Tableau n°5 : Répartition selon le type d'activité exercé sur les sites..............................

    45

    Tableau n°6 : Répartition des activités exercées sur les sites en fonction des

    origines socioprofessionnelles.....................................................

    47

    Tableau n°7 : Les facteurs de motivation économique..........................................

    50

    Tableau n°8 : Le rendement journalier moyen selon le type d'exploitation..................

    51

    Tableau n°9 : Facteurs de motivation sociale à l'orpaillage....................................

    58

    Tableau n°10 : Attitude des paysans face à la production agricole.............................

    61

    Tableau n°11 : Nature des conflits et leur répartition au sein de la

    population enquêtée...............................................................

    68

    Tableau n°12 : Les causes des conflits parents /enfants et mari/femme.......................

    68

    Liste des cartes et photos

    Carte de situation géographique des sites de production.............................

    19

    Photo n°1 : Extension du site d'Assayè vers la ville...................................

    35

    Photo n°2 : Des hommes creusant la terre..............................................

    38

    Photo n°3 : Un groupe de femmes transportant le sable pour le lavage............

    39

    Photo n°4 : Une unité de production au lavage à la batée............................

    41

    Photo n°5 : Un « kourou » ou pirogue...................................................

    41

    Photo n°6 : des femmes à la pratique du lavage simple...............................

    42

    Photo n°7 : Un tas de poudre de pierre..................................................

    44

    Photo n°8 : Instrument à peser l'or.......................................................

    53

    Photo n°9 : Un champ de cacao menacé par l'action des orpailleurs...............

    74

    REMERCIEMMENTS

    Nous voudrions adresser nos remerciements au Professeur ADJO GUEBI NOËL pour avoir accepté la direction scientifique de ce travail.

    Nos remerciements vont également à l'endroit de tous ceux qui de près ou de loin, nous ont apporté leurs concours dans l'élaboration de cette recherche.

    RESUME

    L'affaiblissement des revenus agricoles compromet la capacité des chefs de ménage à faire face aux charges familiales. Il réduit les possibilités d'embauche de la main d'oeuvre extérieure.

    L'intérêt des responsables de groupes domestiques pour la fonction productive de la famille est ainsi mis à mal. Ils exigent désormais une plus grande implication des leurs dans l'activité agricole. Cette façon de faire se trouve confrontée à une autre réalité. Le projet d'exploitation industrielle du gisement d'or à Hiré depuis 2006, a entrainé parallèlement, l'essor d'une exploitation de type traditionnel. Cette nouvelle activité pratiquée par la population engendre des mutations sociales et économiques.

    L'utilisation de la main d'oeuvre familiale est compromise du fait de la ruée vers l'or. Les chefs de groupes domestiques n'arrivent plus à maîtriser la main d'oeuvre familiale. Cette situation provoque le mécontentement de ceux-ci et conduit à des conflits intrafamiliaux. L'orpaillage entraine l'indépendance économique précoce des jeunes et suscite en eux des comportements d'insoumission aux parents. Il est aussi à l'origine des changements dans la pratique agricole. Les paysans produisent désormais pour l'auto consommation. Certains abandonnent même les activités champêtres. Ce qui explique la pénurie et la hausse des prix des denrées alimentaires.

    INTRODUCTION GENERALE

    1- Contexte et constats de recherche

    Située dans la région du Sud-Bandama, la commune rurale de HIRE-Watta se trouve sur l'axe Divo-Oumé, précisément à 45 km de Divo (Chef lieu de région) et à 29 km d'OUME. A l'instar de toutes les localités de cette région, l'activité économique de Hiré est dominée par l'agriculture de plantation principalement la culture de café et de cacao. C'est cette pratique économique qui d'ailleurs a occasionné le peuplement de cette commune. Dès 1920, se font les premiers mouvements migratoires vers le petit village Hiré-Watta. La raison de cette première vague migratoire était d'abord la recherche et l'exploitation de l'or. Les migrants étaient originaires du Centre et du Nord du pays (Baoulé et Dioula). Ils se sont donc livrés à l'exploitation artisanale de l'or. Mais les colons s'étant aperçus de la richesse de cette localité en or s'y sont installés pour mener une exploitation de type semi-industriel mettant ainsi fin à l'orpaillage. Les populations, surtout les migrants baoulé se reconvertissent dès lors, en planteurs de café et cacao, vu que les terres de Hiré sont propices à la culture de ces produits. Les premiers champs de café et de cacao sont ainsi créés. L'embellie économique que connaît les pionniers de cette économie de plantation a provoqué l'intensification des flux migratoires suivant le modèle ivoirien de l'agriculture cacaoyère (RUF : 1994). Hiré, devient dès lors, avec toute la région de Divo le troisième front pionniers de la cacao culture en côte d'Ivoire à partir des années 1930 (Eric et Patrice : 2005). Le développement du petit village Dida est ainsi amorcé. Il devient une circonscription sous-préfectorale en 1977 puis une commune rurale en 1985, suivi de la création d'infrastructures éducatives et hospitalières.

    Cependant, depuis quelques années, cette économie de plantation cacaoyère à Hiré est en crise à l'image de tout le pays. Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer cette situation de récession cacaoyère. On peut citer entre autres le désengagement de l'Etat (Ahanda : 2000), le démantèlement en Janvier 1999 de la caisse locale de stabilisation et la libéralisation totale et effective du marché du cacao le 12 Août de la même année (Kouamé 2007). On a aussi la baisse constante des prix aux producteurs à partir de 1988 (Eric : 1997) et la dissolution des rentes différentielles associées au milieu forestier (Ruf : 1987) ; sans oublier le vieillissement des vergers (Eric : 2005). Cette dégradation de l'environnement économique et écologique a conduit à remettre en question les bases techniques et sociales du modèle pionnier d'exploitation agricole. Face à la baisse constante du revenu aux producteurs, des stratégies de diversification des ressources financières sont mises en place par ces derniers. Ainsi, concernant le cas de la crise agricole au Nord du pays LABAZERE (1997) constate la naissance de petites et moyennes activités de production et d'échange qui occupent les 2/3 des activités avec en prime la croissance du commerce (46%). Dans les zones forestières du Sud avec l'économie de plantation, on assiste plutôt à une réorientation des planteurs vers la diversification des cultures pérennes (hévéa, palmier à huile,..), l'accroissement de la production vivrière à des fins de commercialisation, et le repli sur la main-d'oeuvre familiale (Eric et Patrice, opcit). La population de Hiré s'est inscrite dans cette dernière option stratégique d'adaptation dès les premières heures de la crise dans la filière cacao.

    Cependant, depuis l'an 2006, avec le début des travaux d'exploitation industrielle de l'or à Hiré ; il se développe parallèlement, une nouvelle activité aurifère artisanale. Cette activité est une aubaine pour la population en quête d'une économie de subsistance. Elle est devenue depuis ce temps, la nouvelle stratégie pour amortir la crise économique qui sévit à Hiré. Ce sont en effet, des femmes, des jeunes, des adolescents et à une certaine mesure des hommes chefs de familles qui se ruent chaque jour sur les sites d'exploitation. Cette ruée ne se fait sans avoir des incidences sur l'ordre économique et social existant. La nouvelle orientation de la population vers l'orpaillage a induit un changement notable dans sa structure socioéconomique, dans la mesure où l'on passe d'une économie essentiellement agricole à une économie tournée vers l'exploitation minière. Dans ce nouveau contexte, deux constats majeurs fondent l'entreprise de cette recherche sur une analyse du changement social basé sur le passage d'une économie agricole de plantation à une économie tournée vers l'exploitation minière et les activités.

    Constat 1 : la capacité d'adaptation de la population.

    Traditionnellement, on assistait à une spécialisation économique par groupes d'acteurs sociaux à Hiré. Bien que l'économie de plantation cacaoyère fût la plus pratiquée, il existait à côté, d'autres activités telles que le commerce et les petits métiers. Toutes ces activités sont guidées par les variations de la dynamique de l'économie cacaoyère. Depuis la crise de l'économie de plantation, on assiste à la tendance à une pluriactivité. De plus en plus, les acteurs sociaux développent à côté de l'activité principale une autre de soudure. Ainsi, il se développait pendant les périodes creuses de l'économie cacaoyère, la culture de vivriers à but d'autoconsommation et commerciale (maïs, riz, igname, manioc...). Cependant, depuis un certain temps, l'exploitation artisanale de l'or se substitue de façon significative aux stratégies de subsistance existantes. Cette situation engendre des nouvelles recompositions dans les habitudes économiques de la population. Cela se traduit par :

    - L'abandon des champs

    - La diminution des surfaces cultivées surtout celles réservées aux cultures vivrières ;

    - La fermeture périodique des ateliers de couture, de mécanique (moto et vélo)

    - L'arrêt momentané de certaines activités commerciales ;

    - La baisse constante de l'offre de la main d'oeuvre agricole au détriment de l'orpaillage.

    Face à cette réalité, les questions que nous nous posons sont de savoir : qu'est ce qui explique l'orientation de la population vers l'orpaillage ? Quelles incidences l'orpaillage a - t -il eu sur les recompositions à l'oeuvre ?

    La stratégie de subsistance étant tournée vers la culture de produits vivriers, quel est l'impact de cette nouvelle activité sur la sécurité alimentaire à Hiré ? Comment les populations s'organisent-elles pour s'adapter à cette nouvelle situation ?

    Constat 2 : contestations récurrentes de l'autorité des responsables de groupes

    domestiques.

    L'exploitation artisanale de l'or suscite des bouleversements profonds dans l'organisation sociale chez les acteurs. Ces bouleversements se traduisent par la désorganisation de la hiérarchie sociale existante. En effet, dans les conditions normales de la vie sociale, la production de l'économie de plantation se fait sous la direction du chef de ménage (Eric et Vimard, opcit). Il mobilise donc son groupe domestique et se fait aider aussi par des main- d'oeuvres salariées.

    C'est lui qui est l'autorité de l'unité de production. Il fixe les objectifs et les méthodes ou voies pour les atteindre. C'est lui également qui assure la redistribution des biens obtenus par l'ensemble, à chaque membre de la famille. Dans un contexte de crise de l'économie de plantation, les stratégies des planteurs (chefs de groupes domestiques) est la réduction sensible des niveaux de la main-d'oeuvre extérieure. Le métayage au tiers, qui permet au planteur de transférer sur sa main-d'oeuvre une part proportionnelle du risque économique, est devenu le rapport de production dominant. Mais du fait de l'accentuation de la crise, cette pratique tend elle aussi à son tour à disparaître. Car ceux-ci ne supportent plus de travailler à perte vue l'état de vieillissement des plantations et la baisse graduelle de la production. Face à cette situation, les planteurs se tournent vers la main-d'oeuvre domestique, c'est-à-dire leurs femmes et leurs enfants (Eric et Vimard: opcit). Or c'est cette main-d'oeuvre qui est aujourd'hui attirée par l'orpaillage. Cela crée des conflits au sein de la cellule familiale.

    Ainsi, il est rapporté de façon récurrente des cas d'insoumission d'épouses ou d'enfants. Ceux-ci se livrent à l'exploitation artisanale de l'or pour leur propre compte et cela au détriment des activités économiques de la famille. Cette situation inhabituelle a conduit même des chefs de ménages à entreprendre des démarches auprès de l'autorité municipale en vue de la fermeture des sites d'exploitation. Ce constat nous pousse aux questions suivantes :

    Quel est l'impact de ces conflits d'autorité sur l'organisation et l'unité de la cellule familiale ? En terme plus clair, comment se manifestent ces conflits et quel est le lien avec l'extraction artisanale de l'or ?

    2- Définition des mots clés du sujet

    2-1- Exploitation traditionnelle ou artisanale ou encore orpaillage.

    Selon le code Minier ivoirien, en son article premier, l'exploitation traditionnelle ou artisanale est toute exploitation dont les activités consistent à extraire et concentrer les substances minérales et à en récupérer les produits marchands par les méthodes et procédés manuels et traditionnels. Un article du département des affaires économiques et sociales des Nation Unies ajoute que, l'exploitation artisanale c'est l'utilisation directe de l'énergie humaine dans l'extraction des minerais. Le terme orpaillage est souvent utilisé pour désigner l'exploitation traditionnelle ou artisanale de l'or. Pour certains le terme orpaillage tire son origine étymologique du mot « harpailler » qui signifie en anciens français, saisir, attraper (ORRU : opcit). Pour d'autre, il vient du mot paille, en référence à la paille que les chercheurs d'or d'antan plaçaient sous les riffles pour piéger l'or (POLIDORI : 2001) Cette image autrefois assez représentative du caractère artisanale de cette branche de l'activité est aujourd'hui quelque peu désuète, du reste dans certains pays européens. Car les moins fortunés des orpailleurs de ces régions disposent des moyens techniques modernes (pompe à gravier détecteur de métaux etc.) pour déceler et extrait l'or. Cependant en Afrique les orpailleurs continuent d'utiliser les moyens et les méthodes anciens. Le terme d'orpaillage trouve donc ici tous son sens. On retient que l'exploitation artisanale de l'or est une activité qui se fait sans l'utilisation de moyens techniques (machines) ou du moins à un degré moindre. Dans le dernier cas on parle d'exploitation semi-industrielle ou semi-traditionnelle. Dans le cas des sites d'orpaillage de Hiré, la grande partie des orpailleurs n'utilisent pas de machines, seule une unité de production possède une moto- pompe.

    2-2- Mutation socio-économique

    La mutation est le passage d'un mode de vie, d'une façon de faire à une autre. C'est un changement inattendu ou rapide, par opposition à une évolution plus lente (GRAWITZ : 1991). L'implantation de l'usine d'exploitation industrielle de l'or à Hiré en 2006 a modifié les pratiques socio-économiques de la population. Le fonctionnement de cette usine a occasionné l'essor de l'exploitation de type artisanal. La population exerce cette activité au détriment des autres. Les rapports de production économique au sein de la famille sont aussi mis à mal. Le terme ``changement'' est aussi utilisé comme synonyme de ``mutation''. Le changement social vise toute transformation observable dans le temps. Il affecte de façon durable la structure ou le fonctionnement de l'organisation sociale. Il permet de tenir compte de la nature de la réalité toujours mouvante de la société. Dans le cadre de cette étude, le changement observé est le passage d'une économie agricole à une économie basée sur l'exploitation des minerais. Cette nouvelle orientation de l'économie, entraine des mutations dans l'organisation socio-économique de la population.

    3- Problématique

    3-1- Questions et objectifs de recherche.

    La question centrale qui guide de cette recherche est la suivante :

    Comment l'extraction artisanale de l'or a- t- elle contribué à modifier ou à amplifier les recompositions sociales induites localement par la crise de l'économie de plantation villageoise ?

    Cette étude a pour objectif général de montrer comment l'exploitation artisanale de l'or a provoqué des changements dans la recomposition sociale et économique en vigueur à Hiré.

    Pour atteindre cet objectif général, nous nous attacherons de façon spécifique à :

    - Identifier les raisons de l'orientation de la population vers l'orpaillage.

    - Déterminer les incidences de l'exploitation artisanale de l'or sur les

    pratiques économiques en vigueur.

    - Montrer le rôle de l'orpaillage dans la naissance des conflits d'autorité et

    son impact sur l'organisation et l'équilibre de la cellule familiale.

    - Accessoirement, indiquer les risques sanitaires et environnementaux

    occasionnés par l'orpaillage.

    3-2- Thèse et Hypothèse provisoires.

    3-2-1- Thèse provisoire.

    La thèse provisoire de la recherche est la suivante :

    La pratique de l'exploitation artisanale de l'or a occasionné des changements dans la structure sociale et économique par son adoption au sein de la population de Hiré.

    3-2-2- Hypothèses

    Hypothèse 1 : La ruée de la population vers l'orpaillage s'explique par la capacité de cette activité à fournir un revenu rapide.

    Hypothèse 2 : L'orientation de la population vers l'exploitation artisanale de l'or a conduit à l'abandon ou à la négligence de la production vivrière, ce qui provoque la cherté de la vie à Hiré.

    · Nous entendons par ``cherté de la vie'' la hausse des prix des denrées alimentaires qui passent parfois du simple au double.

    Hypothèse 3 : L'indépendance économique des personnes à charge des chefs de groupes domestiques occasionnée par l'orpaillage engendre des conflits d'autorité et un déséquilibre familial.

    · Nous entendons par indépendance économique des personnes à charge, la capacité de ceux-ci à entreprendre une activité économique sans l'intervention du chef de famille. En effet l'essor de l'exploitation artisanale de l'or a permis à des jeunes et des femmes d'entreprendre à leur propre compte une activité économique.

    · Les personnes à charge sont celles qui dépendent de l'unité de production familiale, qui y participent et qui sont placées sous l'autorité directe du chef de groupe domestique. Elles sont essentiellement composées de femmes, des enfants et quelques membres de la famille élargie.

    · Les conflits d'autorité sont des désaccords entre les aînés sociaux et les cadets. Ces conflits se manifestent souvent par l'insoumission des cadets, le refus pour certains chefs de famille d'exercer leurs responsabilités (scolarisation, dépenses familiales..). Ces conflits d'autorité conduisent aussi au déséquilibre de l'ordre familial (divorces, menaces verbales et quelque fois corporelle, expulsion ou répudiation des enfants ou des femmes...).

    4- Revue de littérature

    Relativement aux contraintes économiques et écologiques que subissent les agriculteurs villageois ces dernières décennies, plusieurs stratégies de réponses sont déployées par ceux-ci pour faire face à la situation. Certaines sont construites à partir d'une démarche de diversification et d'anticipation du risque alimentaire. Cette stratégie se manifeste par la production de cultures vivrières pour l'autoconsommation et pour la commercialisation (Eric et Patrice : 2005) et aussi la pratique d'autres cultures pérennes. Pour d'autres, la stratégie adoptée consiste à développer à côté des activités agricoles, d'autres activités génératrices de revenu en ville (Labazée : 1997). D'autres encore s'adonnent à l'exploitation pure et simple des ressources naturelles disponibles. Pour ce dernier cas on peut citer l'exploitation des produits forestiers non ligneux (PFNL) ou encore l'exploitation artisanale des minerais.

    L'exploitation artisanale des minerais ou orpaillage est une activité économique qui a intéressé beaucoup de chercheurs de disciplines diverses. Historiens, sociologues et biochimistes ont abordé ce terme, bien sûr sous plusieurs angles. Les thématiques développées peuvent être regroupées en trois groupes : l'ancienneté des méthodes d'exploitation, les risques sanitaires et environnementaux et les incidences économiques et sociales induites par cette activité.

    Les pierres précieuses surtout l'or et le diamant, ont une grande importance dans chaque société. Les hommes ont accordé une valeur économique, sociale et même religieuse à ces minerais, depuis l'époque préhistorique. L'orpaillage est sans doute, de toutes les méthodes utilisées pour la récupération de minerais, la plus ancienne et celle qui a le moins varié (Nations Unies : 1973). En France par exemple, son histoire remonte à l'époque néolithique (Gandon : 2007). Les méthodes et les moyens utilisés restent les mêmes dans toutes les sociétés. Cependant, le lavage à la batée est la plus partagée. En Afrique (Nations Unies : opcit), en Amérique latine (Orau : 2001), comme en Europe (Gandon : opcit) et même en Asie (Fischer : 2006), les orpailleurs utilisent la méthode de la batée pour récupérer l'or sur les sites alluvionnaires. Si les méthodes et les outils des orpailleurs en Europe et en Amérique latine connaissent quelques améliorations technologiques, il n'en est pas de même pour ceux de l'Afrique en général et de l'Afrique noire en particulier.

    L'exploitation artisanale de minerais engendre en outre des risques sanitaires et des conséquences néfastes sur l'environnement. En effet, la situation sanitaire sur les sites d'orpaillage est très précaire en général. Selon Lougue et al (2006), à propos de la problématique sociale et sanitaire sur les sites d'orpaillage de Siguinvoussé, Pouskgin et Touwaka au Burkina-Faso, les populations sont exposées à un risque de maladies infectieuses liées au manque d'installations sanitaires appropriées. Les conditions d'hygiènes, d'alimentation et les comportements à risques, sont à la base de la détérioration de la santé des orpailleurs. Les populations des sites d'orpaillage sont souvent confrontées au paludisme, aux maladies diarrhéiques, aux infections respiratoires aigues et aux IST / VIH-SIDA. Par ailleurs, l'utilisation de mercure dans la purification de l'or et aussi certaines particules chimiques contenues dans les résidus de pierres et du sous-sol entraînent des dépôts sédimentaires qui polluent les milieux aquatiques et atmosphériques (Orru : opcit). Les recherches de Polidori et al (2001) portant sur le cycle biochimique du mercure ont mis en évidence en Guyane, le rôle aggravant de l'activité aurifère et particulièrement de l'orpaillage, d'une part par les rejets supplémentaires de mercure métallique ; d'autres part par une érosion certaine des sols qui favorise la mobilisation et le transport du mercure métallique jusqu'aux points les plus bas (bas-fond, cours d'eau). Il est clair que les dégâts sanitaires et environnementaux sont avérés sur les sites d'orpaillage.

    Les problèmes sociaux engendrés par l'orpaillage sont aussi évoqués. Il s'agit du banditisme, des conflits fonciers. Selon un article du ``Faso.net'' paru le 18 septembre 2006, un affrontement aurait opposé orpailleurs exploitant le site de Fafora au Burkina-Faso et la population autochtone. Les autochtones reprochent aux orpailleurs de pratiquer un déboisement intensif, de leur manquer de respect et à leurs lieux sacrés et enfin de voler leurs volailles. Ils les accusent également de délits d'adultère. Selon cette même source, les services d'actions sociales et de solidarité nationale de Gaoua et de Kompti ont noté une multiplication des cas de viols, de trafics d'enfants, de conflits de famille du fait de la présence des orpailleurs. Dans la commune rurale de Kompti par exemple, pour le seul mois de Juillet 2006, le service social a été sollicité pour la résolution de cinq (5) cas de viols, six (6) cas de drogues et onze (11) cas de conflits conjugaux.

    La lecture des études sur l'orpaillage révèle que cette activité est à l'origine de plusieurs désagréments au niveau de l'environnement, de la santé des acteurs et de la sécurité sociale. Mais les conditions de l'exercice de cette activité relatées par ces études sont différentes de celles de Hiré. D'une part, ailleurs au Mali et au Burkina-Faso, dans les régions mentionnées, les populations font traditionnellement de l'orpaillage une activité économique principale. D'autre part, l'orpaillage n'est pas pratiqué en réponse à une crise agricole. Ce qui veut dire que ces sociétés sont initialement organisées autour de cette activité.

    Dans une économie de plantation en crise comme celle de Hiré, où la population essaie une recomposition sociale en vue de s'adapter à la situation, le développement de l'orpaillage mérite d'être observé de près. Cela au regard des problèmes sociaux que cette activité induit. La contribution de cette recherche est d'identifier les changements sociaux que connaissent les riverains et plus particulièrement les unités de productions économiques familiales. Il s'agira d'identifier les enjeux socio-économiques de l'orpaillage et de montrer les incidences de la pratique de cette activité nouvelle sur :

    - La sphère familiale par rapport aux nouvelles conditions d'accès aux ressources et de contrôle de la force de travail.

    - Les transformations des rapports entre les formations sociales en présence : entre aînées et cadets, entre hommes et femmes, entre parents et enfants.

    En somme, il s'agira de comprendre la manière dont les populations rurales répondent aux modifications profondes de leur environnement écologique et économique et les mutations sociales provoquées par les stratégies d'adaptation initiées par elles.

    5- Méthodologie de recherche

    5-1- La pré-enquête

    Nous avons effectué une pré-enquête dans le cadre de cette étude. De façon concrète, elle a consisté à une prise de contact avec l'Autorité municipale et sous-préfectorale. A la suite de ces contacts, nous avons visité les sites d'orpaillage à Hiré. De façon pratique, la pré-enquête nous a conduit à nous imprégner des réalités du terrain, de la mobilisation de la population au sujet de l'orpaillage et des mutations socioéconomiques manifestes au sein de la population.

    5-2- L'enquête

    5-2-1- Champs de l'étude

    · Champ géographique

    Les enquêtes se sont déroulées sur trois sites d'orpaillage. Ce sont les sites d'Assayé, de Djangobo et de Bouakako. Le choix de ces trois sites se justifie par le fait qu'ils sont les plus connus et les plus fréquentés. Ces sites sont situés plus ou moins proches de la commune (voir carte ci-après : page 19).

    Carte de situation des sites d'exploitation dans la sous-préfecture de HIRE

    Assayé Djangobo

    Source : N. Marcellin (A.P.V.A. S/P HIRE) aménagé par nous.

    · Champ sociologique

    Notre enquête a porté principalement sur deux catégories d'acteurs dont les orpailleurs et quelques chefs de famille qui s'opposent à l'activité. Nous nous sommes intéressés secondairement aux propriétaires de terres et à l'autorité municipale. Les orpailleurs sont les premiers intéressés dans cette activité. La confrontation de leurs opinions à celles des chefs de famille qui s'opposent à l'orpaillage nous permet de dégager les causes des conflits d'autorité au sein de la famille. 

    L'entretien avec l'autorité municipale nous a permis de constater les incidences de l'orpaillage sur la structure socioéconomique de la commune et les changements induits.

    5-2-2- Echantillonnage

    Pour collecter les données de cette étude, nous avons opté pour un échantillonnage non probabiliste. Plus précisément nous avons utilisé un échantillon accidentel (accidentel sample). L'échantillon accidentel est celui où la population n'est pas définie. Il s'agit de groupe dont les caractéristiques n'ont pas été établies en fonction d'une recherche et que l'on doit accepter comme tel dans la recherche (N'da : 2006). Nous avons choisi ce type d'échantillon parce que notre population répond aux caractéristiques identifiées dans cette approche. D'abord, parce qu'il n'existe pas de données prédéfinies (on ne connaît pas l'étendue de la population) pouvant nous permettre de définir la population mère en vue d'un échantillonnage raisonné.

    Ensuite, les orpailleurs de Hiré ne sont pas individuellement permanents sur le site. Ce qui ne permet pas d'envisager un échantillon probabiliste. En claire, l'échantillon accidentel est une technique qui permet de recueillir des données à travers les premières personnes rencontrées fortuitement, accidentellement, au hasard. Ce type d'échantillon a certes des limites car il ne donne pas la chance à tous les individus d'être choisis d'où la question de la représentativité de l'échantillon.

    Cependant il se prête pour le mieux aux caractéristiques de notre population mère. Nous avons en outre fait un effort de fournir un échantillon représentatif en interrogeant les hommes, les femmes et les jeunes.

    5-2-3- Nature des données collectées

    Deux types de données ont été pris en compte pour cette étude. Le premier est constitué de données documentaires, c'est-à-dire, des informations fournies par des ouvrages et des articles. Ces données situent un peu l'environnement de l'orpaillage, c'est-à-dire son ancienneté en tant qu'activités économiques, sa persistance en Afrique et ses conséquences écologiques, sanitaires et sociales. Ces données nous ont permis de construire la partie introductive de notre travail et même d'illustrer des arguments dans la partie de l'analyse proprement dite.

    Le second type de donnée est celui recueilli auprès des acteurs à travers des questions ouvertes (entretien semi-directif) et fermées (questionnaires).

    5-2-4- Période de réalisation de l'enquête

    Le temps mis pour l'enquête est de deux mois. L'enquête s'est déroulée de Septembre à Octobre 2008. Nous avons repartis le temps comme suit : deux (02) semaines par site, deux (02) semaines pour faire des entretiens avec des chefs de famille réfractaires, et une (01) semaine a été nécessaire pour prendre un rendez-vous et faire l'entretien avec le Secrétaire général de la Mairie. La période choisie pour l'enquête a été judicieuse car elle est à cheval entre la période de ralentissement et la reprise des activités économiques due à la traite cacaoyère. Cela nous permet de comprendre la stratégie et la logique économique des riverains pour supporter les crises.

    5-3- Les outils de collecte de l'information

    5-3-1- L'observation directe.

    L'observation est celle ou le chercheur procède directement lui-même au recueil des informations sans s'adresser au sujet concerné (Campernaoun : 1988). Cette observation porte sur tous les indicateurs pertinents prévus. Elle a eu comme support un guide d'observation qui est construit à partir de ces indicateurs et qui désigne les comportements à observer. Notre guide d'observation a porté sur la mobilisation de la population, les pratiques religieuses et les différentes étapes de la production. Cette observation nous a permis notamment de caractériser l'activité, les risques environnementaux et sanitaires occasionnés.

    5-3-2 L'entretien

    · L'entretien semi dirigé

    C'est un outil qui permet de collecter des données à partir d'un ensemble de questions ouvertes ou questions guides d'où le nom de ``guide d'entretien'' (N'da : opcit). Le guide d'entretien que nous avons administré aux acteurs est articulé autour de différentes rubriques. Celles-ci portaient sur l'identification des acteurs et leurs origines socioprofessionnelles. Elles ont porté aussi sur les facteurs de motivation, leurs connaissances des risques et les dégâts de l'orpaillage, leurs attitudes vis-à-vis de l'activité d'origine. Nous avons pris également en compte la question concernant la gestion de la main d'oeuvre. Ce guide d'entretien a été administré d'une part de façon individuelle et d'autre part de façon collective dans un focus groupe.

    Nous avons jugé intéressant de faire des focus groupe en vue de confronter et de faire une synthèse des opinions au regard de certaines questions. Il s'agit des rapports entre les acteurs et leurs familles (pour ceux qui exploitent seuls sans leur famille), des voies ou stratégies adoptées pour résoudre les éventuels conflits au sein de la famille. Nous avons abordé aussi au cours de ces focus, les questions concernant leurs opinions au sujet du présent et de l'avenir de l'orpaillage en rapport à leur situation socio professionnelle antérieure. L'intérêt du focus groupe était de susciter le débat sur les questions évoquées en vu de desceller les points de divergence et de convergence.

    Les focus ont été constitués selon des catégories d'acteurs : les élèves sur les sites, les femmes vivant dans un foyer, les sans emplois vivant à la charge des parents. Ces groupes ont été constitués en raison de six (06) orpailleurs par groupe et par catégorie.

    · L'entretien par questions fermée ou questionnaire

    Privilégiant l'explication à partir de corrélations statistiques à établir entre différentes variable, cette enquête par questions fermées a été réalisée auprès d'un échantillon de 150 orpailleurs en raison de 50 personnes par site visité. L'objectif visé par cet outil était d'apprécier en terme quantitatif l'ampleur des changements socio-économiques induits par l'orpaillage. Le questionnaire utilisé pour servir de support à la réalisation de l'entretien et à la consignation par écrit de réponse était structuré autour des rubriques suivantes :

    Ø Caractérisation des acteurs

    Ø Opinion des acteurs au sujet de l'orpaillage

    Ø Les sources de motivation

    Ø Les mutations en oeuvre

    5-4- Analyse et interprétation des données

    5-4-1- L'analyse qualitative

    L'analyse qualitative est fondée sur la recherche de mise en relation logique entre deux phénomènes sociaux. Elle consiste à rechercher les causes d'un phénomène sans avoir nécessairement recours aux données statistiques comme instruments de démonstration. Il s'agit donc pour nous d'établir une relation logique entre les pratiques d'orpaillage et la recomposition sociale à Hiré. Cette analyse s'appuie surtout sur la lecture des comportements, des pratiques, des actions et des discours des personnes observées. Elle n'exclue pas les références à des données statistiques, mais elle privilégie les analyses causales et compréhensives à partir des facteurs sociaux, économiques, politiques et culturels. Il existe trois (03) approches dans l'analyse qualitative : l'approche phénoménologique, l'approche de la théorie ancrée ou « méthode d'analyse systématique » et l'approche ethnologique (N'da : opcit). Dans cette étude, nous nous sommes inscrits dans une approche phénoménologique. L'effort d'analyse dans ce registre porte sur le sens que contient le matériel, sur l'essence des phénomènes, sur leur nature intrinsèque, sur la signification que les êtres humains en donnent (Comeau : 1994). A travers cette analyse, il s'agit pour nous de classer et d'interpréter les données recueillies avec les techniques de l'observation et d'entretien semi-dirigé selon leurs concordances. Selon Dey (1993, cité par Schneider : 2007), l'analyse qualitative se présente sous forme d'un triangle qu'il schématise comme suit :

    Schéma du triangle description - classification - connexion

    Description

    Analyse

    Qualitative

    Connexion Classification

    .

    Source : Schneider K. Daniel (méthodes qualitatives en sciences sociales)

    Dans tous les cas, l'analyse qualitative est une activité de structuration et de mise en relation logique de variables, et par voie de conséquence, de catégories de données, pour dégager un sens.

    5-4-2- Analyse quantitative

    Les données recueillies à partir du questionnaire ont été traitées à l'aide d'une calculatrice. L'objectif était de faire ressortir des valeurs statistiques simples. Pour cela nous avons regroupé les réponses des enquêtés selon des indicateurs en vue de relever des effectifs et des pourcentages. Cet effort d'analyse est présenté dans des tableaux croisés à simple ou à double entrées.

    5-4-3- Cadre théorique de la recherche

    La pratique de l'orpaillage a occasionné un changement dans les habitudes économiques de la population de Hiré. Ce changement est d'autant plus perceptible qu'il provoque un bouleversement total de la structure économique de la ville. Ainsi les activités économiques initiales sont abandonnées ou mises en attente en faveur de l'orpaillage. Ce changement est donc occasionné par l'essor de cette activité. Cela dit, nous avons jugé judicieux de faire recours à la théorie du changement social et d'innovation dans cette étude pour comprendre comment des facteurs ou des phénomènes extérieurs peuvent influencer le comportement d'une société. Le changement peut-être occasionné par plusieurs facteurs. Les acteurs eux -mêmes, inséparables de la société dans laquelle ils évoluent peuvent être impliqués dans ce changement. Selon Boccara et al (1976) les classes sociales sont des acteurs collectifs dont les conflits débouchent sur du changement social. Dans le cadre de cette étude, il n'est pas question de classe sociale, mais plutôt d'acteurs individuels qui dans la recherche de conditions socio-économiques favorables agissent, et dont l'action aboutit au changement social. Plusieurs facteurs conduisent donc au changement social. On a entre autre l'économie, la technologie, la démographie, les idéologies, les conflits, les élites etc.

    Les Sociologues qui accordent à un facteur unique le rôle premier dans les transformations sociales ont du mal à échapper à une vision linéaire du changement social. Les fonctionnalistes se refusent à donner la priorité à un des facteurs sur les autres. Ils considèrent que le changement social est la résultante d'une pluralité de facteurs interdépendants. Dans cette optique, les transformations économiques alimentent les transformations culturelles qui, en retour rendent possibles les changements économiques sans qu'il soit possible de donner la priorité à l'un des facteurs sur l'autre. Pour cette étude, nous mettons l'accent sur le facteur économique. Mais nous ne nous inscrivons pas dans un déterminisme économique du changement social. Car plusieurs variables économiques et sociales ont été prises en compte. Il s'agit de la condition socio-économique de la population, de la construction de l'usine d'exploitation industrielle de l'or, de la complicité des propriétaires de terre et aussi du silence des autorités administratives. Ce sont tous ces facteurs qui ont favorisés la transformation de la structure socio-économique de Hiré. Dans cette transformation nous ne perdons pas de vue l'orpaillage qui constitue ici une innovation dans la structure économique de la ville. Cette innovation est suivie et adoptée à travers sa diffusion au sein de la population. La diffusion se fait par le biais des causeries, des témoignages plus ou moins avérés sur les opportunités économiques de l'orpaillage. Ces causeries et témoignages sont des instruments qui servent à ventiler les informations sur l'orpaillage. Cette situation crée donc au sein de la population l'émulation, la curiosité et l'envie d'essayer.

    5-5- Les limites méthodologiques

    Cette étude n'a pas la prétention d'avoir répondu à toutes les préoccupations soulevées par l'orpaillage à Hiré. Elle possède donc des limites. Les limites majeurs résident dans les moyens utilisés dans le traitement des donnés. En effet, l'évolution de l'informatique offre des possibilités de manipuler rapidement la masse des donnés à travers des logiciels. Ces logiciels permettent non seulement un traitement rapide des données mais aussi accorde une certaine crédibilité dans la rigueur et l'efficacité analytique. Nous avons par exemple, le logiciel pour le traitement qualitatif (N'vivo) et celui de traitement quantitatif des donnés (SPSS). Cependant, il faut dire que les moyens traditionnels de traitement de données que nous avons utilisés nous ont permis tout de même d'établir les corrélations entre les variables contenues dans nos hypothèses. Toutefois, dans le cadre d'un approfondissement de cette recherche en année de thèse, nous utiliserons ces nouveaux outils de traitement de données.

    6- Plan de restitution de la recherche

    Ce mémoire présente trois parties essentielles que sont :

    - La description de l'exploitation artisanale de l'or à Hiré.

    - La présentation et la discussion des résultats.

    - L'esquisse de plan de projet de thèse.

    Dans la première partie, il est question de la description des acteurs et du milieu sans oublier les différents types d'exploitation. Nous présentons les acteurs selon leurs origines socioprofessionnelles et leur nationalité. La description du milieu porte sur les différents sites d'exploitations sur lesquels s'est réalisée l'enquête. La première partie traite aussi des types d'exploitations. En effet, sous l'appellation d'orpaillage ou exploitation artisanale existe plusieurs types d'exploitations de l'or qui se distinguent par les méthodes et les moyens utilisés.

    Dans la deuxième partie, nous présentons et faisons un commentaire sur les données recueillies à partir de nos instruments de collecte. Cette partie s'articule autour de trois chapitres. Il s'agit de montrer les motivations socioéconomiques de la population pour l'orpaillage, les mutations sociales et économiques induites et enfin des conséquences sanitaires et environnementales que cette activité a occasionnées à Hiré.

    La troisième partie est un travail provisoire sur la thèse. Elle porte sur le protocole de recherche, c'est-a-dire les considérations d'ordre méthodologique. Elle traite également du chronogramme que nous nous donnons pour la réalisation de la thèse. Nous présentons provisoirement dans cette lucarne le plan de cette thèse.

    1ère PARTIE :

    CARACTERISATION DE L'EXPLOITATION ARTISANALE DE L'OR A HIRE

    CHAPITRE 1 : CARACTERISATION DES ACTEURS ET DU MILIEU

    Nous avons distingué les acteurs à deux niveaux : la densité de l'unité de production et la nature de la fonction exercée sur le site. Ainsi, nous avons identifié les ``grands exploitants'', des `` petits exploitants'' et les ouvriers.

    I- Caractérisation des acteurs

    I-1- Les ``grands exploitants''

    Ce sont des orpailleurs qui possèdent les facteurs de production et un fond de roulement plus ou moins élevé. Ce capital leur permet d'engager dans leur unité de production de la main d'oeuvre. Il faut en moyenne dix (10) à douze (12) ouvriers au service de ce ``patron''. Il les paye journellement à la fin de leur service. Les patrons utilisent souvent leurs enfants en vacances ou sans emploi pour les aider dans leur activité. Selon eux, utiliser les siens pour travailler sur les sites est plus bénéfique en ce sens que dans ces conditions, l'argent reste dans la famille. Nous avons identifié environ quarante cinq (45) grands exploitants réguliers sur les sites. La plupart d'entre eux exercent sur le site d'Assayé. Seulement deux (2) possèdent une motopompe qui les alimente en eau pour le lavage de l'or. Ces ``grands orpailleurs'' utilisent en général la méthode du lavage à la batée dans la recherche de l'or.

    Une grande partie de cette catégorie d'acteur n'est pas novice dans l'activité. Ils ont déjà exercé ailleurs et leur ancienneté dans l'activité leur permet d'acquérir le fond de roulement, les moyens de production et les connaissances pratiques dans le lavage du fond limoneux contenant les particules d'or. En réalité, ces grands exploitants ont commencé pour certains en tant que ouvrier, pour d'autres au près de leurs parents. Dans tous les cas, ces `` grands exploitants'' ne sont pas venus sans avoir appris quelque part. Certains d'entre eux ont quitté les sites de Kokoumbo, Agbaou, Bouaflé ; Issia ...) Jugés presque épuisés. D'autres, sont des anciens orpailleurs devenus planteurs de café, cacao ou producteurs de vivriers et qui se reconvertissent en leur ancienne activité vu l'opportunité qui se présente à eux. Ils sont de diverses nationalités. Attirés par les gains financiers dans cette activité ils se sont rués vers la ville de Hiré.

    Tableau 1 : Répartition des grands orpailleurs recensés sur le site d'Assayè selon leur nationalité.

    NATIONALITE

    EFFECTIF

    Ivoirienne

    8

    Malienne

    19

    Ghanéenne

    6

    Burkinabé

    10

    Guinéenne

    2

    Source : donnée d'enquête 2008

    Au regard de ce tableau, on constate que les orpailleurs de nationalité Malienne et Burkinabé sont les plus nombreux. Cela s'explique en partie par leur habitude dans cette activité.

    En effet, l'orpaillage est une pratique très développée au Mali et au Burkina Faso (Branco : 2001)

    I-2- ``Les Petits exploitants''

    Ils sont les plus nombreux. Leur nombre peut être estimé à plus de 1 500 personnes sur l'ensemble des sites. En vérité, il est difficile d'avoir une idée exacte de leur effectif. Car chaque jour de nouvelles personnes sont intéressées par ce type d'exploitation. Ils sont plus nombreux sur les sites de Djangobo et d'Assayé. Le genre féminin est dominant dans cette catégorie d'exploitants. Ce sont des femmes au foyer, veuves, jeunes filles, commerçantes de vivriers qui s'adonnent à cette activité. Il n'est cependant pas rare de voir aussi des élèves, des jeunes sans emplois et même des adultes hommes dans cette catégorie d'exploitants. C'est parfois même toute la famille au complet qui s'engage à l'exploitation de l'or. La quasi-totalité de ces exploitants n'a pas d'autorisation d'exploitation. Ils exploitent tous dans la clandestinité (illégalité). Dans l'incapacité de se procurer les moyens de productions de masse, ils se contentent de creuser la terre à la recherche de pierres ou encore de ramasser celles rejetées par les grands exploitants. Les ``Petits'' exploitants sont aussi ceux qui font le lavage simple à l'aide de calebasse dans les petits barrages qu'ils construisent. Nous les qualifions de ``Petits'' exploitants du fait du nombre de personne dans l'unité de production. Ils exercent très souvent seuls ou avec un membre de la famille. En les qualifiant ainsi, nous faisons allusion à la modicité de leurs moyens de production (daba, machette) et de la quantité d'or obtenu par jour. Leur rentabilité journalière s'élève à environ 1g/jour très souvent moins que cela.

    I-3- Les ouvriers journaliers

    Ce sont des jeunes (filles et garçons) élèves comme sans emploi. Ce sont aussi des demandeurs d'emploi à la société d'exploitation industrielle de l'or à Hiré (Equigold). Ils offrent leur force de travail aux `'grands exploitants'' à un prix de 1500 Frs Cfa/jour. La journée pour eux commence à 8 h et prend fin à 13h. Pour ceux qui font la journée continue, C'est-à-dire de 8h à 16h 30 - 17h, le salaire journalier est fixée à 2 000 Frs Cfa. Leur travail consiste à creuser la terre, à transporter jusqu'au bassin où se fait le lavage et enfin à laver la terre. Les tâches des Ouvriers sont souvent classifiées en fonction du genre. Les hommes sont affectés aux tâches qui nécessitent beaucoup de forces physiques. Ainsi, ils s'occupent du creusage de la terre et du lavage. Les femmes quant à elles s'occupent du transport de la terre creusée et aussi à servir l'eau pour le lavage. Cependant, l'attribution de ces postes n'est pas figée. Il arrive que des femmes lavent la terre ou encore que des hommes assurent le transport de la terre jusqu'au lavage. Le travail d'ouvrier journalier dans les unités de production artisanale est très prisé par la population. Il représente 33,33 % de la population sur les différents sites. Cela parce que le salaire est payé sur le champ juste à l'heure de la descente, sans tenir compte de la quantité d'or produite. D'ailleurs, les ouvriers ne s'occupent pas du lavage final qui permet de voir les particules d'or. Cette tâche est à l'actif du propriétaire de l'unité de production. Il le fait chez lui à la maison.

    I-4- Origines socioprofessionnelles des acteurs

    Les orpailleurs sont d'origines socioprofessionnelles diverses. Les personnes à charge des parents, les femmes au foyer, et les élèves sont les plus représentés. Il ont respectivement un pourcentage de présence de 23,33%, 13,33% et13,33%. Leur présence s'explique par la recherche d'indépendance économique et le soutien aux parents.

    Tableau 2 : Origine socio professionnelle des acteurs

    Origine socioprofessionnelle

    Effectifs

    Pourcentage

    Paysan

    25

    16, 66

    Ouvrier agricole

    15

    10

    Commerçant

    10

    6,66

    Femme au foyer

    20

    13,33

    Travail pour le compte de parents

    35

    23,33

    Orpailleurs

    20

    13,33

    Elève

    2

    13,33

    Autre

    5

    3,33

    TOTAL

    150

    100

    Source : donnée d'enquête 2008

    II- Caractérisation des sites d'exploitation

    Nous avons identifié trois (3) sites d'exploitations dans la sous-préfecture de Hiré que sont : le site d'Assayé, de Djangobo, et de Bouakako. Ces différents sites sont distinctifs par leur situation géographique, la méthode ou le type d'exploitation. Mais avant, il convient de retracer l'histoire de l'exploitation aurifère à Hiré vu que l'existence de ces sites d'exploitation est liée à cette histoire.

    II-1- L'Histoire de l'exploitation aurifère à Hiré

    L'exploitation de l'or n'est pas une activité nouvelle à Hiré. Elle a bien existé à l'époque Coloniale. L'exploitation de l'or à Hiré a commencé d'abord par l'orpaillage dans les années 1930. Cette exploitation a été à l'origine des premières migrations de Baoulé, de Dioula et de Ghanéens vers le petit village Hiré-Watta qui devient par la suite une sous-préfecture puis une commune. Le dynamisme de l'orpaillage à Hiré attire l'attention des colons. Ceux-ci vont y implanter une exploitation semi- industrielle et faire arrêter l'exploitation artisanale. Les orpailleurs sont désormais des ouvriers à la solde des colons dans les sites d'exploitation. Certains de ces orpailleurs ont profité de l'arrêt de leur activité pour créer des plantations. L'exploitation semi-industrielle de l'or a durée jusque dans les années 1960. Les traces de leurs installations sont jusqu'ici encore visibles. Les orpailleurs aujourd'hui exploitent ces anciens sites. Ils recherchent les roches dynamitées et entrent dans les tunnels pour chercher l'or.

    II-2- Le Site d'Assayé

    Il est situé à environ 400 m de la ville. L'extension de ce site menace d'ailleurs les dernières concessions qui se situent maintenant à environ 50m des exploitations (Voir photo n°1 page 35). Le site d'Assayé est un site d'exploitation ouverte, c'est -à- dire que les exploitants ne creusent pas en profondeur dans des tunnels pour extraire l'or. Les types d'exploitations sur ce site sont, le lavage à la batée, le lavage simple et la recherche de roches riches en or. Cependant, le lavage à la batée et le lavage simple sont les plus pratiqués sur ce site. Selon les acteurs interrogés, cela s'explique par la disponibilité d'eau. En effet, le site d'Assayé se situe dans sa grande partie dans un bas-fond. Cette caractéristique lui permet de contenir de l'eau en abondance sur une longue période (environ 9 mois d'Avril à Décembre). Lorsque le contenu d'eau diminue ou tarie, les orpailleurs s'adonnent à la recherche de l'or à travers les roches. Du fait de sa proximité à la ville, il se développe sur ce site, des activités économiques opportunistes. Il y a notamment le commerce de médicament, de vêtement et surtout de la restauration (Vente de jus, d'eau glacées et de différents mets).

    Photo n°1 Extension du site d'Assayè vers la ville

    Source : donnée d'enquête

    II-3- Le Site de Djangobo

    Il est situé à environ 2 km de la ville sur l'axe Hiré-Taabo. Ce site est également caractérisé par une exploitation ouverte. Les types d'exploitation en vigueur sont : le lavage simple et la recherche de roche contenant de l'or. Si ce site a une partie dans le bas-fond, sa contenance en eau n'est pas pour autant dense par rapport à celui d'Assayé ! C'est ce qui explique le fait que le lavage à la batée n'est pas pratiqué sur ce site. Car il faut préciser que le lavage à la batée nécessite beaucoup d'eaux. En revanche, la recherche de roche est plus pratiquée sur ce site. C'est donc sur ce site qu'exerce la grande majorité des petits exploitants. Les petites marres construites par les exploitants leur permet de pratiquer le lavage simple. Mais celui-ci s'arrête dès l'avance de la sécheresse car ces petites marres tarissent. C'est sur le site de Djangobo que surviennent la plupart des accidents du fait de l'imprudence des orpailleurs.

    En outre, la proximité de ce site à la voie Hiré-Taabo cause des dommages à la route et à ses usagers. Cela est dû au fait que, les orpailleurs ramassent aussi les graviers qui ont servi à construire la route. Cette pratique expose la route à l'érosion et à la dégradation. L'extension de ce site menace aussi les champs de cacao qui sont situés à proximité.

    II-4- Le Site de Bouakako

    Il est situé à environ 7 km de la ville sur l'axe Hiré-Divo. Ce site est caractérisé par une exploitation souterraine. Les orpailleurs de ce site descendent dans des puits antérieurement creusés lors du premier orpaillage à Hiré. La profondeur de ces puits peut atteindre parfois 20 à 25m. Il existe des tunnels qui relient les puits entre eux de sorte que l'ensemble constitue un réseau souterrain dense. L'une des particularités de ce site, est sa richesse en or. Mais s'il est possible d'avoir un rendement élevé d'or sur ce site, sa fréquentation est redoutée par la plupart des orpailleurs. En effet, vu le risque énorme d'accident (éboulement) que présente ce site, la majorité des orpailleurs rejettent l'idée d'y exercer. Ce qui explique le fait que le site de Bouakako est peu peuplé. On peut estimer le nombre d'orpailleurs là-bas à environ 100 personnes. Nous avons remarqué en outre, l'absence d'activités opportunistes à la différence des deux (2) autres sites.

    CHAPITRE 2. PRESENTATION DES TYPES D'EXPLOITATION

    I-Exploitation par lavage

    I-1- Le Lavage à la batée

    Le lavage à la batée est une méthode très ancienne utilisée aussi bien en Afrique qu'ailleurs en Amérique du Sud notamment (Carmouze: 2007). Le lavage à la batée est une méthode qui consiste à séparer les graviers du sable fin par lavage à l'aide de jet d'eau afin de récupérer l'or contenu dans le sédiment de sol. Cette méthode nécessite l'intervention de plusieurs personnes à différents niveaux suivant une division du travail :

    - Creuser la terre

    Deux ou trois personnes sont affectées à ce poste (voir photo n°2 page 38). Il s'agit pour eux de creuser la terre à l'aide de pioche et de pelles et de daba. Ce sont des hommes vigoureux qui sont appelés à cette tâche en raison de la débauche d'énergie que cela nécessite. La terre creusée et entassée est par la suite transportée.

    Photo n°2 Des hommes creusant la terre

    Source : donnée d'enquête 2008

    - Le transport du sable

    Cette activité est assurée par les femmes. Elle consiste à transporter le sable creusé jusqu'au point de lavage. C'est souvent quatre (04) à six (06) femmes, voir plus, qui assurent cette opération. (Voir photo n°3 page 39)

    Photo n°3 Un groupe de femmes transportant le sable pour le lavage

    Source : donnée d'enquête 2008

    - Le lavage

    C'est une activité très complexe qui nécessite l'intervention de plusieurs personnes (Voir photo n°4 et 5 page 41). Il y a une personne qui met la terre dans la pirogue (kourou) une autre qui met l'eau sur le sable par jet et le lavage est assuré par un autre par des mouvements circulaires de la main. Le gravier séparé du sable fin est récupéré à l'autre bout de la pirogue par deux personnes pour être jeté plus loin et permettre de la sorte la circulation de l'eau. Le sable fin retenu dans la pirogue sous forme de sédiment et contenant les papilles d'or est recueilli par le propriétaire de l'unité de production à la fin de la journée pour le lavage final.

    Les instruments utilisés pour la méthode du lavage à la batée sont : la machette pour dégager le couvert végétal, la pioche, la pelle, la daba, des cuvettes pour le transport de la terre, un petit seau pour servir l'eau du lavage et enfin la ``pirogue'' (kourou en Malinké). La ``pirogue'' est un bois taillé sous forme de pirogue. Il y en a de deux formes, la plus courte (deux à trois mètres) et la plus longue environ 8m. La pirogue est constituée d'une passoire (sika) en aluminium dont le diamètre des trous avoisine 2cm. Cette passoire permet de séparer les graviers du sable fin. L'intérieur de la pirogue est couvert d'un tapis à `` poils'' qui permet de retenir le sable fin et les particules d'or. La pirogue est enfin subdivisée en plusieurs loges par des barres. Cela permet de retenir le maximum de sable lorsque les premières loges sont remplies.

    Pour avoir une idée approximative du coût des moyens de production, nous les avons regroupés dans un tableau.

    Tableau 3 : récapitulatif des moyens de production et leurs coûts dans le lavage à

    la batée.

    Moyens de production

    Coût de l'unité en francs Cfa

    Pioche

    3 500

    Pelle

    3 500

    Machette

    2 000

    Seau

    1 000

    Pirogue

    20 000 la petite les accessoires compris.

    Environs 50 000 (la longue) accessoires y compris.

    Sources : données d'enquête 2008

    NB : Ces prix sont ceux pratiqués à Hiré lors de l'enquête. Certaines unités de production par lavage à la batée utilisent des moto-pompes pour le service de l'eau du lavage. Le prix d'une moto-pompe oscille entre 450 000 et 500 000 Frs Cfa. Nous en avons identifié deux lors de notre enquête.

    La méthode de lavage à la batée a en faite un avantage par rapport au lavage simple car elle permet de traiter beaucoup de sable et par conséquent d'obtenir plus d'or.

    Photo n°4 : Une unité de production au lavage à la batée

    Source : donnée d'enquête 2008

    Photo n°5 : Un kourou (long) ou pirogue

    Source : donnée d'enquête 2008

    I-2- Le lavage simple

    Il consiste à séparer le gravier du sable fin par le procédé de lavage à l'aide d'une calebasse. Cette opération se fait dans un petit barrage construit par les orpailleurs eux-mêmes à cet effet, (voir photo n°6 page 42). Cette méthode d'exploitation est pratiquée par des gens qui ont un capital d'investissement très bas. Elle renferme 16,66 % des acteurs. Le lavage simple ne nécessite pas de `' gros `' investissement dans les moyens de production à l'instar du lavage à la batée. Il suffit donc, d'une daba pour creuser la terre et construire le barrage et aussi d'une calebasse ou d'une cuvette tout simplement pour le lavage. Le prix de la calebasse est fixé à 15 00 Frs Cfa et celui de la cuvette est à environ 2 000 Frs Cfa. Le lavage simple est généralement pratiqué par les femmes. Deux raisons majeures expliquent la féminisation du lavage simple, d'abord parce qu'il ne nécessite pas beaucoup d'effort physique, ensuite parce que la méthode est la même que lorsque les femmes lavent le riz pour le séparer des grains de sables. Elles ont donc une connaissance pratique de cette méthode et donc aisées à cette activité. Les femmes travaillent soit individuellement, soit avec quelques membres de la famille. Le rendement est faible parce qu'elles ne peuvent pas traiter (laver) beaucoup de sable par cette méthode.

    Photo n°6 des femmes pratiquant le lavage simple

    Source : donnée d'enquête 2008

    II- Autres types d'exploitation

    II-1- La recherche de roches

    Cette méthode consiste à creuser la terre pour rechercher des roches. Ces roches sont à la suite lavées et examinées minutieusement en vu de détecter à la surface, des palettes d'or. Les roches présentant les palettes d'or sur leurs surfaces sont mises de côté puis concassées par a suite à l'aide d'un marteau. Après avoir rendu ces roches en petits morceaux, elles sont pilées dans un mortier en fer avec un pilon également en fer. Les roches rendues en poudre (voir photo n°7 page 31) sont à la suite lavées et tamisées à l'aide d'un tamis et d'une calebasse selon la même approche que le lavage simple. Cette opération permet de séparer les particules d'or de la poudre de roche. La recherche de l'or à travers les roches est dangereuse car elle expose les orpailleurs à plusieurs types d'accident. Cependant, cette méthode est pratiquée par une partie non négligeable (13,33 %) des orpailleurs parce qu'elle ne nécessite pas de grands investissements. Les acteurs pratiquants cette méthode ont seulement besoin d'une daba pour creuser la terre et récupérer les roches. Les instruments pour concasser et piler sont souvent fournis par les acheteurs d'or. L'exploitation traditionnelle de l'or à travers les roches se fait soit individuellement soit en groupe avec les membres de la famille. Cette méthode est très utilisée. Le jour comme la nuit, on entend à travers la ville, dans chaque concession, des bruits de mortiers métalliques. Toutes les couches sociales sont représentées dans cette méthode (jeunes, élèves, sans emplois, commerçantes, femmes au foyer, hommes adultes, vieux...etc).

    Il est difficile de faire un recensement exhaustif car ils ne sont pas tous présents au même moment. Chaque orpailleur ménage son programme en fonction de sa disponibilité. Cependant, on peut estimer la présence journalière de ces chercheurs de roches sur les sites de Djangoba et d'Assayé à plus de 500 personnes.

    Photo n°7 Un tas de poudre de pierres

    Source: donnée d'enquête 2008

    II-2- La Recherche souterraine

    Elle consiste à entrer dans des puits antérieurement creusés par les premiers orpailleurs avant l'indépendance du pays. L'orpailleur une fois dans les tunnels procède au sondage de la terre pour voir sa teneur en or. L'échantillon est prélevé sur les piliers du tunnel. L'orpailleur fait sortir cet échantillon qui est traité par des femmes dans la rivière à proximité du site. Une fois l'échantillon testé positif dans sa teneur en or, l'exploitation proprement dite commence. L'exploitation souterraine se fait par groupe d'au moins quatre (4) personnes. C'est un travail à la chaîne qui est fait à ce niveau. Il y a une personne qui se trouve au fond du puits dans les tunnels. Celui-ci creuse la terre avec une daba, il remplit le seau de terre et le met à un autre qui l'évacue vers la sortie du puits dans la partie verticale. Un autre est chargé de faire sortir le seau chargé de terre à l'aide d'une corde. Une fois sortie, la terre creusée est transportée vers les femmes pour le traitement. C'est le lieu de préciser ici les moyens de production dans ce type d'exploitation. La recherche souterraine de l'or ne nécessite pas en fait un grand investissement (Voir tableau n°5, page 45).

    Tableau 4 : Les moyens d'exploitation souterraine et leur coût.

    Moyen de production

    Coût en francs Cfa

    Une petite daba

    500

    Un seau

    1 500

    Une corde environ 40m

    300 Frs Cfa/m

    Une Torche

    1 500

    Source: Donnée d'enquête 2008

    Ce type d'exploitation présente des avantages pour les orpailleurs. En plus de la modicité de l'investissement dans cette exploitation, le rendement est élevé. En effet, le site de l'exploitation souterraine a une densité élevée en or. Le traitement de la terre recueillie est fait sur place, le même jour, l'or obtenu se présente sous forme de grains d'une masse élevée. Selon les orpailleurs, il peut arriver de trouver des grains d'or d'une masse d'environ 3g. Cependant, ce type d'exploitation présente des inconvénients car le risque d'accident est élevé. Et les accidents qui se produisent sur ce site sont très souvent graves et mortels. C'est ce qui explique une faible utilisation de cette méthode (6,66 %) La recherche souterraine se fait seulement sur le site de Bouakako.

    On note que les différentes méthodes d'exploitation sont diversement appréciées et utilisées. Ainsi le contrat journalier et le lavage à la batée par exemple sont les plus pratiqués. (Voir tableau suivant).

    Tableau 5 : Répartition selon le type d'activité exercée sur les sites

    Type d'activité

    Effectif

    Pourcentage%

    Lavage simple

    25

    16, 66

    Lavage à la batée

    45

    30

    Recherche de pierre

    20

    13,33

    Recherche souterraine

    10

    6,66

    Contrat journalier

    50

    33,33

    TOTAL

    150

    100

    Source : Donnée d'enquête 2008

    Cependant, en faisant le croisement entre les variables ``origines socioprofessionnelles'' et les activités ou ``méthodes d'exploitation'', on voit clairement s'afficher une nette orientation ou choix des acteurs selon leur provenance professionnelle. Ainsi, on constate par exemple que les élèves sont plus tournés vers les contrats journaliers (55 %) pendant que les femmes optent pour le lavage simple (50 %). Voir tableau ci-après. La préférence pour telle ou telle méthode s'explique par plusieurs facteurs que sont : le capital d'investissements, l'habileté dans la méthode la rentabilité, les risques encourus etc...

    Tableau 6 : Répartition des activités exercées sur le site en fonction des origines socioprofessionnelles

     

    ORIGINES SOCIOPROFESSIONNELLES

    Activité exercée sur le site

    Paysan

    Ouvrier agricole

    Commerçantes

    Femmes aux foyers

    Travail pour les parents

    Orpailleurs

    Elève

    Autres

    Effectif et %

    Effectif et %

    Effectif et %

    Effectif et %

    Effectif et %

    Effectif et %

    Effectif et %

    Effectif et %

    Lavage simple

    0

    0 %

    1

    6,66 %

    2

    20 %

    10

    50 %

    8

    22,85 %

    0

    0 %

    3

    15 %

    0

    0%

    Lavage à la batée

    10

    40 %

    2

    13,33 %

    4

    40 %

    0

    0 %

    2

    5,71 %

    13

    65 %

    0

    0 %

    1

    20 %

    Recherche de pierre

    12

    48 %

    3

    20 %

    3

    30 %

    5

    25 %

    15

    42, 85 %

    2

    10 %

    6

    30 %

    2

    40 %

    Recherche souterraine

    3

    12 %

    2

    13, 33 %

    1

    10 %

    0

    0 %

    5

    14, 28 %

    5

    14,28 %

    0

    0 %

    0

    0 %

    Contrat ouvrier journalier

    0

    0 %

    7

    46, 66 %

    0

    0 %

    5

    25 %

    5

    14,28 %

    0

    0 %

    11

    55 %

    2

    40 %

    Source : Donnée d'enquête 2008

    Conclusion partielle

    L'exploitation artisanale de l'or connaît un essor remarquable à Hiré en termes de personnes mobilisées. Cette nouvelle activité a gagné l'intérêt de plusieurs personnes d'origines socioprofessionnelles diverses. En plus des dégradations environnementales, elle est la cause de transformations socioéconomiques que nous présentons dans la partie suivante.

    2eme PARTIE

    PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS

    CHAPITRE 1 : LES MOTIVATIONS SOCIOECONOMIQUES

    Nous entendons par motivations économiques, les raisons ou les conditions purement économiques, c'est-à-dire le gain, le profit et qui sont des facteurs incitatifs à cette activité.

    I- Les motivations économiques

    Les différentes raisons économiques à la base de la motivation des acteurs sont ici regroupées dans un tableau. Le calcul des pourcentages est fait selon les réponses des enquêtés.

    Tableau 7 : Les facteurs de motivation économiques à l'orpaillage.

    Facteur de motivation

    Effectifs

    Pourcentage

    C'est la mode

    10

    6,66

    C'est rentable et rapide

    70

    46,66

    Pour me débrouiller

    50

    33,33

    Par amour

    2

    1,33

    Moins fatiguant

    1

    0,66

    Faute de mieux

    15

    10

    Autres

    2

    1,13

    TOTAL

    150

    100

    Source : Donnée d'enquête 2008

    I- 1- Une rentabilité rapide et élevée.

    Contrairement aux activités champêtres, l'orpaillage permet aux acteurs d'avoir rapidement de l'argent. C'est ce qui d'ailleurs motive une grande partie de la population (46,66 %) qui se rue sur les sites d'orpaillage. En effet, pour chaque type ou méthode d'exploitation, l'or est recueilli sur place le même jour ou deux (02) jours après. Pour l'exploitation souterraine de Bouakako par exemple, la production est vendue sur place au soir même de la production. Pour les autres types d'exploitation l'or est obtenu soit le lendemain de l'exploitation ou encore deux jours après. Le traitement final qui permet d'obtenir l'or se fait selon le gré de l'exploitation. Il y a des orpailleurs qui collectent le sable fin ou sédiment (obtenu après lavage) ou encore les roches possédant des paillettes d'or et les traitent de façon définitive en temps voulu. Selon les orpailleurs, le fait d'avoir en un temps record de l'or à vendre et par conséquent avoir de l'argent est une raison de leur choix pour cette activité. Par ailleurs, le témoignage des orpailleurs révèle que le sol de Hiré serait plus dense en or et que cet or aurait une masse volumique plus élevée que les autres localités telles Agbaou, Kokoumbo... C'est d'ailleurs pourquoi des orpailleurs de profession se sont déplacés de différentes régions pour se rendre sur les sites de Hiré. Le rendement journalier dépend du type d'exploitation.

    Tableau 8 : Le rendement journalier moyen selon le type d'exploitation

    Type d'exploitation

    Rendement journalier moyen

    Lavage à la batée

    4 - 5 g

    A travers les roches

    0,5 - 1g

    Lavage simple

    0,5 - 1g

    Recherche souterraine

    10 - 11g

    Source : donnée d'enquête 2008

    Notons que le rendement n'est pas fixe. Il peut arriver des jours où l'orpailleur au soir de son exploitation, ne trouve pas d'or ou encore en quantité faible. D'autres jours encore, l'orpailleur peut obtenir une quantité très importante. La question de chance est donc considérée. C'est donc le lieu de préciser les considérations métaphysiques et les pratiques religieuses qui ont cours sur les sites. De l'avis général des orpailleurs, l'or est habité par des esprits, c'est pourquoi son exploitation exige des rites et des sacrifices. Ainsi, sur le site d'Assayé, certains orpailleurs exigent qu'on se déchausse sous prétexte que la chaussure ferait fuir l'or. Mais tous les orpailleurs ne croient pas à cette pratique. Sur le site de Djangobo, un sacrifice de boeuf est demandé. Selon les orpailleurs, l'absence ou la non exécution de ce sacrifice serait la cause des fréquents accidents sur ce site. A Bouakako également les propriétaires de terre demandent aux orpailleurs de fournir un boeuf plus un bouc pour un sacrifice sur le site afin de demander le pardon et la faveur des esprits pour éviter les accidents et aussi que l'or se laisse trouver. Jusqu'à ce que nous quittions le site, seul le sacrifice du bouc a été fait.

    On comprend combien de fois l'exploitation de l'or est important pour les orpailleurs en ce sens qu'ils sont même prêts à faire des sacrifices pour assurer la survie de leur activité.

    I-2- Une Vente aisée

    L'or obtenu est vendu sur place. Les acheteurs viennent d'Abidjan. Certains viennent juste acheter l'or et retourner. D'autres ont trouvé judicieux de s'installer à Hiré pour acheter l'or. D'autres encore, ceux-ci résidant à Hiré se sont transformés en acheteur d'or pour la circonstance. Dans tous les cas la vente est facile. Selon les orpailleurs, l'or ne peut pas resté invendu par manque d'acheteur. C'est justement l'une des raisons qui motive les orpailleurs. Contrairement à l'agriculture et au commerce où il arrive que les produits ou la marchandise reste invendue pour faute d'acheteurs, l'or est vendue immédiatement. La demande étant forte, les acheteurs adoptent les attitudes concurrentielles qui consistent à fournir le matériel, pour rendre la roche en poudre. D'autres se sont associés pour acheter le gîte de Bouakako et tout exploitant est tenu de leur vendre sa production. La vente se fait par pesée à l'aide d'une balance (voir photo n°8 page 36). Le prix du gramme d'or oscille sensiblement entre 8 500 et 9 000 Frs Cfa. Le circuit utilisé par les orpailleurs est un circuit direct (vente bord champ) ce qui leur permet d'échapper aux règles en vigueur c'est-à-dire les taxes et autres frais. Cette situation crée donc une condition favorable et confortable d'exploitation et de vente de l'or à Hiré.

    Photo n°8 Instrument à peser l'or

    Source : donnée d'enquête 2008

    I-3- Une activité de Soudure

    Les activités économiques à Hiré sont dominées par l'agriculture et la vente des produits qui y découlent. La culture du cacao est la plus pratiquée. La saisonnalité de cette culture crée des conditions économiques précaires au sein de la population.

    En effet, la production cacaoyère se fait en deux saisons. La petite traite se fait entre Mai et Juin, la grande traite se situe entre Octobre et Décembre. La particularité du verger de Hiré est qu'il est vieillissant et la petite traite est pratiquement nulle. Ce qui fait que les paysans connaissent un dynamisme économique que pendant trois ou quatre mois. Toutes les autres activités économiques vivent au rythme de cette saisonnalité. Ainsi connaît-on un dynamisme économique entre Octobre et Janvier et un ralentissement de Février à Septembre soit huit à neuf mois d'inactivité. Cette situation est l'un des facteurs qui poussent la population à l'orpaillage.

    En effet, lors de nos investigations, certains orpailleurs ont abordé le sujet de la morosité des activités économiques à Hiré. Avant l'essor de l'orpaillage, la population avait pour stratégie d'amortissement de ce ralentissement des activités économiques, la culture de vivriers et de maraîchers. Cependant, avec l'avènement de cette nouvelle activité, c'est une aubaine toute trouvée. La population abandonne la culture de vivriers et de maraîchers qu'elle faisait comme activité de soudure pour l'exploitation artisanale de l'or. La raison selon eux, est que la récolte de ces produits se fait au bout d'une longue durée (trois (03) à quatre (04) mois), pendant que l'orpaillage leur permet d'avoir un revenu à court terme (un) ou deux (2 jours). L'orpaillage est donc pour eux, un choix logique. Selon certains orpailleurs, en attendant que les activités économiques reprennent leur rythme normal, il est judicieux pour eux d'exploiter artisanalement l'or en vu de faire face aux charges familiales qui leur incombent.

    I-4- Une activité principale

    Certains orpailleurs sont des `'professionnels'' de l'activité. Ils l'ont appris depuis longtemps auprès des parents ou auprès d'autres ` professionnels '. L'orpaillage est l'unique activité économique qui leur permet de vivre. Ces orpailleurs ont effectué le déplacement depuis leur lieu de profession habituel pour se rendre à Hiré.  Ces derniers vivent que par l'orpaillage, c'est pourquoi ils sont toujours à la recherche de gîtes très riches en or. Ils n'hésitent donc pas à se déplacer pour aller exploiter des gîtes dans plusieurs régions du pays. Certains même viennent de pays voisins.

    I-5- Une activité circonstancielle et un soutien aux parents

    Pour certains jeunes interrogés, l'une des raisons de leur mobilisation et de leur motivation, c'est leur propre condition financière et celle de leurs parents. Les raisons pour soutien aux parents représentent 35 % de la motivation des orpailleurs.

    En effet, une grande partie des acteurs ne pense pas exercer cette activité pour toujours. Ils sont là juste pour avoir de l'argent pour faire face à des besoins urgents. C'est le cas des élèves qui sont massivement présents sur les sites. Ils disent être là pour avoir un fond et aider leurs parents dans le financement de leur scolarité. C'est le lieu de souligner ici que la dépendance économique des parents vis-à-vis de la traite cacaoyère fait que l'annonce de la rentrée scolaire est toujours difficile pour eux. Car le mois dans lequel s'effectue la rentrée (Septembre) ne correspond pas à la traite cacaoyère. Ces élèves prétendent soutenir leurs parents en préparant ainsi leur rentrée scolaire. Cependant en pleine rentrée scolaire, ces sites d'orpaillage ne désemplissent pourtant pas d'élèves. Ils s'y rendent les Samedi, Dimanche et jours fériés ou encore lorsque leur emploi du temps le permet, pour travailler pour certains à la recherche de l'or pour leur propre compte. D'autres y vont en tant que journaliers dans des unités de production. Cette activité leur permet de satisfaire leurs besoins tout le long de la rentrée scolaire. Mais il n'y a pas que les élèves qui exercent temporellement cette activité. Nous avons identifié aussi des jeunes sans emplois et des prétendants à un emploi à Equigold. Pour les premières cités, ils sont composés de jeunes filles et de garçons qui disent exercer cette activité pour économiser de l'argent afin de commencer une autre activité plus sûre. Quant aux prétendants à l'emploi à Equigold, ils pratiquent l'orpaillage en attendant le résultat de leur demande.

    I-6- Des opportunités d'affaires

    Les sites d'orpaillage sont pour certaines personnes une occasion de faire du commerce vu le nombre important de population qui s'y trouve. Plusieurs produits sont offerts aux orpailleurs. Il s'agit de la restauration notamment la vente de riz-sauce, riz-gras ; bouillie d'igname, des jus, de l'eau glacée etc. Il y a aussi le commerce ambulant de médicament en particulier les antibiotiques et des médicaments de lutte contre `` la fatigue générale''. Nous n'ignorons pas également la présence de photographes dont nous avons eu recours aux services de l'un pour les photos de ce présent document. Notons aussi la croissance de la vente des instruments d'orpaillage notamment les calebasses. La particularité de la présence de commerçants sur les sites de Djangobo et particulièrement à Assayé pourrait faire penser à une `` foire commerciale''.

    I-6-1- L'intérêt pour les propriétaires de terre et de plantation

    Les propriétaires de terre tirent eux aussi les retombées économiques de l'orpaillage. Leur gain se fait à travers la paie de ticket d'exploitation. Le coût du ticket varie selon le genre de l'exploitant et le type d'exploitation. Ainsi, les hommes et les femmes qui font le lavage simple ou la recherche de pierre paient respectivement 1 000 Frs Cfa et 500 Frs Cfa par semaine. Quant à ceux qui font le lavage à la batée, il leur est demandé de payer 7 000 Frs Cfa par semaine. Ces montants sont exigés par les propriétaires de terre pour l'exploitation des sites. Sur le site d'Assayé où la plantation de cacao d'un particulier est détruite chaque jour, le propriétaire exige une somme de 5 000 Frs Cfa par orpailleurs et par semaine. Des contrôles réguliers sont faits par les propriétaires de terre pour s'assurer que toute personne exerçant sur leur terre a payé son ticket. Dans le cas échéant, l'orpailleur est contraint de se mettre en règle sous la menace d'être expulsé du site. Le non paiement de ces droits d'exploitation entraine souvent des conflits entre les propriétaires de terre et les orpailleurs. Ces conflits aboutissent souvent à la fermeture momentanée des sites d'exploitation. Le cas du site de Bouakako est différent. Là-bas, les acheteurs d'or se sont regroupés pour acheter le site d'exploitation aux autochtones. Le contrat d'achat monte à 3 Millions de francs Cfa en espèce, des chaises en plastique et des bâches, plus des animaux à sacrifier. Dans tous les cas l'enjeu économique est tel que le non respect des termes du contrat entraîne des conflits. A Bouakako les Orpailleurs ne prennent pas le ticket d'exploitation, cependant ils sont tenus de vendre leur production aux acheteurs propriétaires du site sous peine de se voir expulser. La différence est qu'à défaut de payer des tickets les Orpailleurs vendent leur or à un prix forfaitaire de 7 500 frs Cfa au lieu de 8 500 ou 9 000 frs Cfa sur les autres sites.

    I-6-2- Au niveau de la Municipalité

    De l'entretien que nous avons eu avec le Secrétaire Général de la Mairie, il ressort que la Municipalité ne tire aucun profit de l'exploitation artisanale de l'or. Cependant les Orpailleurs nous ont informés qu'au début de leur activité, les agents de la Mairie leur faisaient payer des taxes communales. Cette pratique s'est arrêtée suite aux plaintes et à l'opposition des Orpailleurs et des propriétaires de terres. Ceux-ci ont trouvé injuste que la Mairie prélève des taxes sur leur propriété. Par ailleurs, nous avons remarqué que si la Municipalité prétend ne pas avoir des intérêts de l'orpaillage, il n'en demeure pas moins que cette activité se fait à un certain niveau à son avantage. Cela s'explique par le fait que l'orpaillage absorbe une grande partie de la population active à Hiré. Cette activité résout donc en partie le problème grandissant du chômage à Hiré et dont les autorités Municipales semblent ne pas avoir des propositions concrètes pour sa résolution.

    L'orpaillage serait donc pour la Municipalité un ``mal nécessaire'' parce qu' en même temps qu'il vide le marché de ses commerçants, il permet d'absorber la jeunesse au chômage. Du coup, même si la Municipalité ne tire pas des intérêts économiques de façon directe, elle voit une partie de ses préoccupations au niveau de l'insertion des jeunes résolues par l'orpaillage. Le problème demeure dans la durabilité de cette solution, car les gîtes s'appauvrissent et la dégradation causée par l'orpaillage ne crée pas les conditions de sa pratique à long terme.

    II - Les motivations sociales

    Certains facteurs sociaux sont à la base de la motivation des populations vers l'orpaillage. Nous les avons repartis dans le tableau suivant selon les réponses données par les acteurs.

    Tableau 9 : Facteurs de motivation sociale à l'orpaillage

    Facteur de motivation

    Effectifs

    Pourcentage

    L'actualité (diffusion)

    56

    37,33

    Le silence administratif

    24

    16

    Soutien aux parents

    35

    23,33

    Activité familiale

    35

    23,33

    TOTAL

    150

    100

    Source : Donnée d'enquête 2008

    II-1- Diffusion de l'information et l'effet de mode

    Il n'y a pas de radio locale à Hiré ; cependant, les informations se propagent rapidement. De bouche à oreille, on raconte tel ou tel évènement. Les informations sur l'orpaillage ont suivi cette procédure pour arriver dans chaque concession et chaque oreille. Chaque évènement sur les sites d'orpaillage est aussi rapidement diffusé à travers toute la ville. Cela est favorisé par la ``une'' des causeries qui est souvent tournée vers l'actualité sur l'orpaillage. Ainsi on raconte les avantages et les inconvénients de l'orpaillage, les accidents survenus et surtout les prétendus gains importants sont ainsi rapidement propagés dans toute la ville. Les informations concernant les accidents répétés sur sites occasionnent le découragement de certaines personnes à s'adonner à l'activité. Par contre, les prétendus gains significatifs sont pour d'autres une raison valable pour minimiser les risques d'accident et se transformer en Orpailleur. Nous disons ``prétendu gain'' parce que très souvent on n'arrive pas à vérifier l'authenticité de ces informations. On raconte que quelqu'un aurait obtenu 300 000 Frs Cfa en une vente, tel autre aurait obtenu 600 000 Frs Cfa, ainsi de suite sans jamais qu'on nous donne l'identité exacte de ces personnes pour qu'on puisse vérifier. Ces informations ne sont pas souvent fondées mais suffisamment considérées pour déclencher la curiosité et l'émulation au sein de la population. Un enquêté justifiait sa présence à l'orpaillage en ces termes : «On parle trop de ça. Il faut que je vienne voir ce qu'on gagne réellement. Quand les gens font il faut faire aussi, on ne sait jamais où se trouve la chance... ». La diffusion de ces informations plus ou moins fondées est donc un facteur déterminant dans la croissance et la persistance de l'orpaillage à Hiré. Elle représente 55 % des réponses.

    II-2- La contrainte familiale

    Certains justifient leur pratique de l'orpaillage par la contrainte familiale. En effet, comme nous l'indiquions dans le point précédent concernant les motivations économiques, certaines familles ont pour activité initiale et principale l'orpaillage. Les chefs de ces groupes domestiques mobilisent toutes les personnes à leur charge dans cette activité. Un autre groupe d'orpailleurs (23,33%) justifient leur présence par les besoins économiques de la famille. D'autres encore (19,33 %) disent qu'ils pratiquent l'orpaillage parce que la famille toute entière s'y est tournée pour assurer sa survie.

    II-3- Le Silence des autorités administratives

    L'orpaillage à Hiré se déroule dans une illégalité totale. En effet, selon le code minier Ivoirien en son article 4 cité plus haut, il faut une autorisation délivrée par les services de l'administration minière pour toute exploitation artisanale. Le constat que nous avons fait sur le terrain c'est que presque tous les orpailleurs n'ont pas la connaissance de cette loi. Ils n'ont donc pas d'autorisation d'exploitation. Cette situation d'illégalité dans laquelle se trouvent les orpailleurs nous a amené à poser des questions à l'autorité municipale au sujet des initiatives prises pour régulariser cette irrégularité. Selon le Secrétaire Général de la Mairie de Hiré, la procédure adoptée est la sensibilisation. Or depuis deux ans, cette activité perdure dans l'illégalité. Aucune action contraignante n'est menée en vu de régulariser le secteur. Ce mutisme des autorités compétentes sur l'illégalité des orpailleurs est aussi un facteur de la croissance de l'exploitation artisanale de l'or (24% des réponses). Les orpailleurs ne se fatiguent pas dans les longues et coûteuses procédures d'obtention d'une autorisation d'exploitation. Précisons ici que la demande de l'autorisation se fait à Divo. Les démarches de cette demande nécessitent des frais élevés. En plus, cette autorisation qui coûte 6 000 Frs Cfa est renouvelable chaque six mois.

    Vu tout cela, les orpailleurs profitent du silence des autorités administratives pour exercer dans l'illégalité. Ces conditions sont pour la population un facteur d'encouragement à l'orpaillage. N'ayant aucun parent et aucune source de revenu pour certains à Hiré, l'orpaillage est pour eux la solution de leur survie. Tous conscients de ce que l'activité artisanale à Hiré ne durera pas pour toujours, ils travaillent temporellement en attendant une activité plus sûre et durable.

    CHAPITRE 2 : LES MUTATIONS SOCIALES ECONOMIQUES ET

    ENVIRONNEMENTALES

    I- Une nouvelle approche de l'activité agricole

    Le centre d'intérêt des populations étant désormais tourné vers l'orpaillage, ils adoptent des attitudes nouvelles vis-à-vis des travaux de champ.

    I-1 Attitude des paysans vis à vis de la production agricole

    Du fait de l'orpaillage, les paysans adoptent de nouvelles attitudes face à la production agricole. On le constate dans le tableau suivant.

    Tableau 10 : Attitude des paysans face à la production agricole (pour les 25

    paysans recensés)

    Attitude des paysans

    Effectifs

    Pourcentage

    Diminution de la production

    10

    40

    Réduction du temps

    8

    32

    Abandon de certain champ

    2

    8

    Arrêt de toute activité agricole

    5

    20

    TOTAL

    25

    100

    Source : donnée d'enquête 2008

    I-1-1- La diminution de la production vivrière.

    La culture de vivriers a été la première stratégie adoptée par les paysans suite à la crise qui sévit dans la filière cacao. Cette stratégie était nourrie par la volonté de produire pour satisfaire non seulement les besoins alimentaires mais aussi pour vendre le surplus afin d'avoir de l'argent liquide pour faire face à d'autres besoins. Le choix pour la production vivrière s'explique par le fait du temps relativement court mais pour la production (2 à 4 mois pour le maïs, le riz, les légumes; 6 mois pour l'igname ; 9 mois pour la banane...). Mais l'exploitation de l'or, non seulement procure un revenu relativement consistant, mais aussi occasionne une rentabilité rapide (voir chap1 ; 2e partie). Cette situation réoriente donc les stratégies initiales, car l'objectif est de pouvoir faire une activité qui puisse combler le déficit financier laissé par la crise du cacao. De nos entretiens, il est ressorti de façon régulière de la part des femmes qui produisaient des vivriers que l'orpaillage est plus rentable que la production de maïs, d'igname ou de légume. Cela dit, à défaut d'abandonner totalement la culture du vivrier qui par la force du temps et des circonstances est devenue une habitude et une nécessité, 40 % de ces femmes consacrent désormais plus de temps sur les sites d'orpaillage. Par conséquence, elles diminuent leurs activités de production vivrière. Cela se constate par la diminution considérable des surfaces cultivées. Les bas-fonds et les terres qui se situent au bord des voies reliant les différents villages à la Sous préfecture qui autre fois étaient exploitées pour la culture de vivriers sont abandonnés.

    I-1-2- Réduction du temps consacré aux activités agricoles

    L'exploitation artisanale de l'or demande beaucoup de temps. Au niveau de toutes les étapes, la production a besoin d'une certaine attention une consécration qui a besoin d'un soin minutieux. C'est ainsi que la recherche de pierre par exemple demande que l'orpailleur soit assis afin de fouiller sur tous les flancs de la roche de sorte à identifier les particules d'or qui s'y trouvent. Rien ne se fait à la hâte. C'est pourquoi les orpailleurs trouvent peu de temps pour les activités agricoles (32 % des enquêtés adoptent cette attitude). Pour ceux qui n'ont pas abandonné totalement les champs, ils y vont une ou deux fois dans la semaine. Le reste des jours de la semaine est consacré à la recherche de l'or. Même les nuits ne sont pas épargnées. Souvent dans la nuit, on entend le bruit des mortiers en fer qui servent à piler les roches concassées.

    I-1-3- L'abandon de certains champs de cacao

    L'essor de l'exploitation artisanale de l'or a précipité l'abandon de certaines plantations de cacao qui étaient déjà dans une situation moribonde. En effet, certains planteurs se sont reconvertis en orpailleurs en abandonnant leurs champs qui ont pris un coup de vieillesse. Ils soutiennent que le renouvellement des vergers est difficile à cause de l'instabilité du pluviomètre. Le raccourcissement des cycles pluviométriques met en mal les tentatives de renouvellement des vergers. Certains (8% des enquêtés) décident de laisser leurs champs en jachère. D'autres encore (20%) arrêtent simplement toutes activités champêtres. La prise de cette décision a suffisamment été encouragée par l'opportunité qu'offre l'exploitation artisanale de l'or. Pour ces derniers, au lieu de perdre le temps à tenter de renouveler en vain les vergers de cacao, il convient de s'intéresser à l'orpaillage qui d'ailleurs, procure un revenu non négligeable. Cela permet en outre à la terre de se ``reposer'' et de récupérer tranquillement sa fertilité.

    I-2- La raréfaction de la main d'oeuvre agricole

    La main d'oeuvre agricole est composée d'une main d'oeuvre extérieure (rémunérée) et d'une main d'oeuvre familiale (non rémunérée).

    I-2-1- La raréfaction de la main d'oeuvre extérieure

    La main d'oeuvre extérieure a été d'un apport considérable dans la création des plantations de cacao à Hiré. Elle est constituée de ressortissants du Burkina et du Niger notamment. Une partie de cette main d'oeuvre provient du centre de la côte d'Ivoire. Ce sont des Baoulé en général, qui offrent leur force de travail aux planteurs sur une durée de 6 mois ou un an renouvelable. Depuis deux décennies, cette main d'oeuvre tend à disparaître. Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer ce phénomène. Il s'agit de la baisse de la production due au vieillissement des vergers, la baisse du prix du cacao et la crise socio-politique que connaît le pays depuis 1999. Cette raréfaction de la main d'oeuvre extérieure est accentuée depuis la reprise des activités d'orpaillage à Hiré. Les opportunités économiques qu'offre cette activité captent la main d'oeuvre agricole. Ainsi, cette main d'oeuvre initialement agricole se voit attribuer des tâches en tant qu'ouvrier journalier sur les sites d'orpaillage si ces personnes n'exploitent pas elles mêmes l'or à leur propre compte. La rémunération journalière à un salaire plus ou moins élevé que celui payé dans les activités agricoles (1 500 à 2 000 / jour) est un atout qui attire la main d'oeuvre vers l'orpaillage. En outre, les ouvriers ne nouent pas un contrat à long terme avec leurs employeurs. Une fois le contrat de la journée est terminé ; l'ouvrier et l'employeur ont la possibilité de renouveler ou non le contrat. Cette façon de faire offre une certaine liberté aux ouvriers, ce qui ne se fait dans l'agriculture. En effet, l'ouvrier dispose d'une liberté de décision du jour où il veut travailler selon son humeur, ce qui n'est pas possible lorsqu'il est employé par un planteur (contrat de 6 mois ou d'un an). La liberté accordée aux ouvriers dans l'orpaillage est aussi une des raisons qui attire la main d'oeuvre et cause la raréfaction de celle-ci dans le secteur agricole.

    I-2-2- La non maîtrise de la main d'oeuvre familiale

    La réponse trouvée au manque de la main d'oeuvre extérieure du fait de la dégradation observée dans la filière cacao est l'utilisation de la main d'oeuvre familiale.

    En effet, dans l'incapacité de s'offrir les services d'un manoeuvre, les chefs de famille de production de cacao mobilisent leurs groupes domestiques comprenant les femmes, les enfants et la famille élargie. Cette main d'oeuvre non rémunérée en temps réel a permis aux chefs de familles de supporter la crise qui sévit dans la filière. Mais un bouleversement total de cet ordre établi est observé depuis la reprise des activités d'exploitation artisanale de l'or. La main d'oeuvre familiale échappe désormais au contrôle des chefs de familles. Elle se tourne vers l'orpaillage qui leur permet de bénéficier d'un salaire.

    II - Mutations au sein de la population et de la cellule familiale

    1- Mutations au sein de la population

    1-1- L'immigration

    L'orpaillage a occasionné un flux migratoire non négligeable à Hiré. Il y a d'un côté ceux qui sont venus des campements environnants et de l'autre ceux qui sont venus des pays voisins (Mali, Ghana, Burkina Faso). Ces immigrants sont pour la plupart venus profiter de l'essor de l'orpaillage. Ce sont des orpailleurs `' professionnels `' qui ayant appris la croissance de l'activité et la richesse du sous-sol en or ont décidé d'y résider en vu d'exercer leur activité. Ils viennent pour la majorité des régions où se pratique déjà l'orpaillage (Agbaou, Kôkoumbo, Issia, Bouaflé, Ity ...)

    II-1-2- Conséquences économiques

    L'orpaillage a produit une transformation profonde dans les habitudes économiques de la population de Hiré. Eu égard aux enjeux économiques qu'il présente, l'orpaillage cause des torts à plusieurs autres activités économiques notamment l'agriculture, le commerce, les petits métiers. En effet, la question sur le profil socioprofessionnel des orpailleurs nous a permis de mesurer l'ampleur de l'impact de l'orpaillage sur les autres activités économiques. Dans le secteur de l'agriculture, c'est surtout les cultivateurs, producteurs de vivriers et de cultures maraîchères qui abandonnent les champs pour les sites d'orpaillage. Le résultat est net, la diminution de la production de ces produits se fait de plus en plus sentir. Même si nous n'avons pas poussé les études pour quantifier la baisse de ces produits, il est facile de s'en apercevoir juste en regardant les espaces anciennement cultivés abandonnés maintenant et même les coûts de ces produits sur le marché. Certains sont réputés pour les cultures maraîchères et vivrières. Il s'agit des bas-fonds à l'intérieur ou hors de la ville et aussi des périmètres qui longent les voies reliant les villages et campements à la commune. Ces espaces sont toujours mis en valeur pour la culture de maïs, riz, oignon, tomate etc. Cependant, depuis le début de l'orpaillage, ces espaces sont peu fréquentés. Le marché est aussi délaissé par les commerçants au détriment de l'orpaillage. Seuls les vendredis et dimanches sont véritablement utilisés pour fréquenter le marché.

    1-3- La cherté de la vie

    Les conséquences de l'orpaillage se mesurent aussi au niveau de la cherté de la vie. Cette cherté est marquée surtout au niveau des denrées alimentaires. En effet, le délaissement des activités agricoles, principalement les cultures de vivriers a conduit à une baisse de la production. Certains orpailleurs (46 %) avouent acheter les denrées alimentaires pour leur nutrition. Cette situation a enclenché la règle d'or du marché, c'est-à-dire la loi de l'offre et de la demande. La population de Hiré étant de plus en plus croissante du fait de l'orpaillage et de l'exploitation industrielle de l'or, la production vivrière se trouve désormais insuffisante. Alors, les agriculteurs ayant maintenus leur production vivrière montent les enchères et cela se répercute sur le marché. Ainsi, les prix des denrées telles le riz local, la banane, l'igname, le piment, le maïs, ont vu leur prix augmenté. Le Kilogramme de riz local qui était à 175 Frs Cfa est passé à 350 Frs Cfa aujourd'hui. La banane qui se vendait à 1 000 Frs Cfa les 4 régimes est passée à 3 ou 2 régimes à 1 000 Frs Cfa. Quant au sac (100 kg) de maïs sec, il passe de 4 000 - 4 500 Frs Cfa à 15 000 Frs Cfa aujourd'hui.

    II-1-4- La naissance de deux blocs d'opinions au sujet de l'orpaillage

    L'exploitation artisanale de l'or à Hiré a fait naître deux types de positions. Il y a d'un côté, ceux qui pensent que cette activité est une opportunité économique au sein de la population et de l'autre côté, ceux qui s'opposent à l'orpaillage. Ceux qui défendent l'orpaillage avancent l'idée que l'activité est une opportunité qui s'offre à la population. Cela en ce sens qu'elle permet à des personnes démunies qui n'ont pas de terre pour pratiquer l'agriculture de pouvoir trouver ne source de revenu. Elle permet en outre selon eux de répondre au problème de chute constante des prix et de la production agricole. Ils soutiennent que l'orpaillage permet de lutter contre la pauvreté engendrée par la crise de la filière cacao. Ceux qui s'opposent à l'orpaillage argumentent leur position par le fait que cette activité n'a pas d'avenir ; elle s'arrêtera lorsque les réserves vont s'épuiser. En outre, ils avancent la raison des risques environnementaux et sanitaires que présente l'orpaillage (voir chap 3).

    II-2- Mutations au niveau de la cellule familiale

    Les mutations au sein de la cellule familiale se résument en termes de conflits d'autorité (78 personnes soit 52 % des enquêtés avouent avoir un conflit avec la famille). Ces conflits se présentent sur plusieurs formes (tableau n°11, page 68) et s'expliquent par plusieurs raisons (tableau n°12, page 68).

    Tableau 11 : Nature des conflits et leur répartition au sein de la population enquêtée.

    Nature des conflits

    Effectifs

    Pourcentage

    Des privations

    10

    12,82

    Interdiction à la pratique

    30

    38,46

    Répudiation ou séparation de la famille

    10

    12,82

    Des reproches

    25

    32,05

    Autres

    3

    3,84

    TOTAL

    78

    100

    Source : Donnée d'enquête 2008

    Tableau 12  : Les raisons ou causes des conflits parent / enfant et mari / femme

    chez les 78 enquêtés ayant reconnu l'existence d'un conflit dans leur

    famille

    Cause de conflits

    Effectifs

    Pourcentage

    Refus d'aider les parents (insoumission)

    18

    23,07

    Déscolarisation

    15

    19,23

    Les risques de l'orpaillage

    35

    44,87

    Raisons religieuses

    8

    10,25

    Autres

    2

    2,56

    TOTAL

    78

    100

    Source : Donnée d'enquête 2008

    II-2-1- Conflits d'autorité entre mari et femme

    La femme s'occupe initialement des travaux domestiques (repas, ménage...).

    Elle est devenue une main d'oeuvre nécessaire pour le chef de ménage du fait de la raréfaction de la main d'oeuvre extérieure. Dans ce nouveau statut, la femme en plus des activités domestiques, aide également son mari dans l'entretien des cultures vivrières et pérennes. L'avènement de l'orpaillage intéresse de plus en plus les femmes aux foyers (13,33 %). Celles-ci se détournent de l'autorité de leurs maris pour exercer cette activité à leur propre compte. Cette situation s'explique par le fait que la crise dans l'agriculture se faisant de plus en plus sévère, les chefs de familles n'arrivent plus à satisfaire les besoins de leurs femmes. Celles-ci trouvent un palliatif dans l'exploitation artisanale de l'or. Elles ne vont donc plus aider leurs maris dans les champs. Leurs tâches domestiques ne sont plus bien assurées. La défiance du contrôle du chef de famille ainsi présentée, génère des conflits qui se traduisent en des querelles et même des divorces. La persistance de ces conflits a poussé certains chefs de ménage à se plaindre à la municipalité en vue de la fermeture des sites d'exploitation.

    II-2-2- Conflits d'autorité entre parents et enfants

    Le conflit d'autorité entre parents et enfants c'est le refus des enfants d'obéir aux ordres des parents. Les enfants sont aussi utilisés dans le groupe domestique pour exercer des activités agricoles compte tenu du manque de main d'oeuvre extérieure. Les activités d'exploitation artisanale de l'or ont-elles aussi détourné les enfants du contrôle parental. Ces derniers ne vont plus aider les parents dans les champs. Ils s'adonnent plutôt à l'orpaillage soit à titre personnel, soit en tant qu'ouvrier journalier pour le compte d'un particulier ce qui provoque des conflits entre eux et leurs parents. Quatre raisons fondamentales justifient la naissance de ces conflits. La première est la non participation des enfants aux activités économiques de la famille. Un père de famille manifestait son mécontentement envers sa fille en ces termes : « ma fille refuse de piler le maïs qui va servir au repas du soir à la main. Elle me demande de donner de l'argent pour le faire moudre à la machine alors qu'elle pile des pierres à la main ». La deuxième raison c'est que l'orpaillage est l'une des causes de la déscolarisation des élèves. Les parents constatent que leurs enfants font l'école buissonnière ou arrêtent carrément les études pour aller chercher de l'or. La troisième raison du conflit parents/enfants c'est que les parents ne veulent pas que leurs enfants pratiquent l'orpaillage du fait des dangers que cela présente pour leur santé et leur vie (voir chap.3), mais ceux-ci leur tiennent souvent tête. La quatrième raison est d'ordre religieux. A ce niveau certains parents disent que l'or est hanté par des esprits. Son exploitation pourrait conduire les mauvais esprits dans la famille. Ces conflits se manifestent par des querelles qui amènent parfois les enfants à quitter le domicile familial.

    III- Les conséquences sanitaires et environnementales

    III-1 Une activité à risques

    III-1-1 Risques sanitaires

    Les effets délétères de l'orpaillage sont nombreux. Ils sont pour la plupart liés à l'hygiène des sites d'exploitation et la poudre de poussière dégagée par la pierre pilée. Les orpailleurs les plus exposés sont ceux qui pratiquent le lavage simple, le lavage à la batée et le broyage des pierres. Dans le cas du lavage simple et le lavage à la batée la présence des orpailleurs dans l'eau insalubre tout le temps de leur activité est un risque potentiel d'infections. Ils sont vulnérables à plusieurs maladies cutanées et sexuelles à court et à long terme. Pour ceux qui broient les pierres, ils sont exposés à des infections cérébrales. Selon le médecin de la ville, environ 35% des consultations ont un rapport direct avec l'orpaillage. Il s'agit des maladies comme la bilharziose, les infections vaginales, la fièvre typhoïde, les infections cutanées, la méningite etc. Au-delà de ces maladies, les orpailleurs sont exposés à d'autres maladies liées à l'intoxication au mercure. Même si nous n'avons pas mené des études poussées de cause à effet, des études sous d'autres cieux ont été faites et les résultats montrent que les inconvénients sanitaires de l'orpaillage sont inquiétants.

    Selon Polidori et al (2001), les études récentes portant sur le cycle biogéochimique du mercure ont mis en évidence, en Guyane, le rôle aggravant de l'activité aurifère, et plus particulièrement de l'orpaillage. Cela est possible d'une part par des rejets supplémentaires de mercure métallique d'autre part par une érosion certaine des sols qui favorise la mobilisation et le transport du mercure métallique jusqu'aux points les plus bas (bas-fonds, cours d'eaux). Ces impacts sont autant de facteurs favorisant la méthylation et le passage dans la chaîne trophique. Ici, l'intoxication se fait par la consommation de l'eau ou des ressources halieutiques intoxiquées par des particules chimiques.

    Selon le journaliste Labarthe du quotidien `` Libération'' l'exploitation minière est ``une bombe à retardement écologique''. Il affirme que la somme des dégradations écologiques et des atteintes à la santé provoquées par l'exploitation des mines d'or à ciel ouvert va ruiner les régions productrices pour des générations à venir. Il explique que les nappes phréatiques sont notamment polluées par le cyanure et le mercure utilisés pour purifier le minerai. Ces pollutions entraînent des cas de paralysie, de cécité, et de nombreuses fausses couches. L'utilisation de mercure n'est pas très généralisée dans l'orpaillage à Hiré. Seules quelques personnes l'utilisent. Si l'usage de mercure n'est pas à une grande échelle de sorte à inquiéter la population, il n'en demeure pas moins que l'orpaillage à Hiré n'est pas à écarter de cette situation alarmante vu qu'il n'y a pas de contrôle dans ce sens. Aussi ; ne faut-il pas ignorer que naturellement l'activité d'orpaillage libère des particules de mercure contenu dans le sol et les roches. Dans tous les cas, l'orpaillage produit la pollution qui conduit à des maladies. Selon Labarthe (opcit) il faudrait dépenser environ 16 milliards de dollars pour dépolluer tous les sites aurifères en Afrique. Ce qui semble être énorme pour nos Etats africains. En attendant, il convient de contrôler les effets environnementaux de nos activités aurifères.

    III-1-2- Risques d'accidents

    Les accidents sont légions sur les différents sites d'orpaillage, particulièrement à Djangobo et à Bouakako. Ces accidents partent des plus Bénins au plus graves, aboutissant parfois à la mort. Plusieurs accidents ont été signalés. Selon des sources concordantes, il aurait environ 15 cas d'accidents graves lors de notre enquête, nous avons eu l'occasion de constater deux cas d'accidents graves ayant abouti à la mort, l'un à Bouakako et l'autre à Djangobo. Les accidents sont causés par l'imprudence des orpailleurs. Pour le cas d'un accident produit à Bouakako par exemple, les victimes ont taillé les piliers permettant de soutenir la partie supérieure des tunnels. Cette imprudence à conduit à un éboulement causant la mort d'une personne et de deux blessés graves.

    C'est le même cas à Djangobo où des accidents sont causés par la chute de portions de terre. En effet, les orpailleurs à la recherche de roches creusent la terre de façon verticale et à une certaine profondeur (2 à 3 mètres). Ils font des lobes. Même si ces trous ne sont pas suffisamment profonds, la partie supérieure des lobes constituent un danger permanent pour les orpailleurs. Car la partie supérieure n'est pas soutenue par des piliers, et l'action de la pluie provoque des éboulements. Nous avons remarqué pendant notre étude que les accidents sont liés aux méthodes d'exploitation. Ainsi, les méthodes d'exploitation souterraine et la recherche de roche sont particulièrement les plus risquant. Un autre risque d'accident est non négligeable. Il s'agit des particules de roche qui sautent lors du concassement du broyage des roches. Selon les informations reçues, une femme aurait eu son oeil cassé par un fragment de roche.

    III-2 - Conséquences environnementales de l'orpaillage

    III-2-1- La pollution des eaux

    L'activité d'orpaillage cause des dommages réels aux eaux. Il s'agit de la modification du tracé originel des cours d'eaux, de la pollution des cours d'eau et de l'intoxication de leurs habitants, la pollution des nappes phréatiques. Les éléments chimiques produits par l'orpaillage ont un effet très nocif sur les eaux (Carmouze et al : 2001). Notre étude n'est pas allée jusqu'à analyser le degré de pollution des cours d'eau en éléments chimiques produits par l'orpaillage. Cependant, d'autres dégâts causés à l'eau sont visibles. L'eau retenue pour laver l'or est à la suite de son usage déversée directement dans la rivière qui passe tout juste à côté. Le drame, c'est que ce geste inconsidéré met en danger la vie des ressources halieutiques et même des vies humaines, car l'eau, de cette rivière polluée par le fait de l'orpaillage, est souvent consommée par des paysans dans leurs champs.

    III-2-2- La dégradation des sols

    La dégradation des sols par les activités d'orpaillage est le plus visible dans les conséquences environnementales. Le couvert végétal des sites est dégradé par l'action des fouilles. Les orpailleurs dégagent la végétation avant de creuser la terre. Dans cette logique, toutes les herbes et les arbres sont coupés. Ainsi, les sites d'orpaillage sont des terrains rendus nus sur des centaines de mètres. Les trous creusés par les orpailleurs, les pierres infertiles en or rejetées à la surface rendent les sites irrécupérables pour l'agriculture. Dans un premier temps, les trous rendent les sites d'accès dangereux et dans un second temps ils ne prêtent pas les sites à une activité agricole. Les champs proches des sites d'exploitation sont quotidiennement détruits par l'action des orpailleurs (voir photo n°9 page 74). Aussi, les dégâts causés au sol sont-ils un problème pour l'urbanisation.

    En effet, comme nous l'avons indiqué plus haut, la dernière maison de la ville est à environ 50 mètres du site d'Assayé (voir photo n°1 page 35). Or selon les autorités municipales, le site d'Assayé est inclus dans le plan de lotissement de la commune. On peut alors craindre des difficultés au niveau de la construction d'habitats sur ce site.

    Photo n°9. Un champ de cacao détruit par l'action de l'orpaillage

    Source : donnée d'enquête 2008

    Conclusion partielle

    L'exploitation traditionnelle de l'or a occasionné des changements dans les habitudes économiques des paysans et dans les relations sociales au sein de la population de Hiré. Ces changements semblent être amplifiés par le fonctionnement de l'usine d'extraction industrielle de l'or implantée dans la sous-préfecture. Ces changements toucheraient diverses couches de la société. Cet aspect sera développé dans la thèse de doctorat.

    3eme PARTIE

    ESQUISSE DU PLAN DE PROJET DE LA THESE

    Chapitre 1 : CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES

    Protocole de recherche

    Introduction générale

    1- Contexte et constats de recherche

    2- Définition des mots clés du sujet

    2-1- Exploitation traditionnelle ou artisanale

    2-2- Mutation socio-économique

    3- Problématique

    3-1- Questions et objectifs de recherche

    3-2- Thèse et hypothèses provisoires

    3-2-1 Hypothèses

    4- Revue de littérature

    5- Méthodologie de recherche

    5-1- La pré-enquête

    5-2- L'enquête

    5-2-1- Champ de l'étude

    5-2-2- Echantillonnage

    5-2-3- Nature de données collectées

    5-2-4- Période de réalisation de l'enquête

    5-3- Les outils de collecte de l'information

    5-3-1- L'observation directe

    5-3-2- L'entretien

    5-4- Analyse et interprétation des données

    5-4-1- Analyse qualitative

    5-4-2- Analyse quantitative

    5-4-3- Cadre Théorique de la recherche

    5-5- Les limites méthodologiques

    CHAPITRE 2 : ORGANISATION DES ACTIVITES ET PLAN PROVISOIRE

    DE LA THESE

    I- Chronogramme des activités

    ETAPES

    ACTIVITES

    PERIODE

    1

    Recherche documentaire

    Juin-Juillet 2008

    2

    Pré-enquête

    Août 2008

    3

    Elaboration du protocole de recherche

    Septembre 2008

    4

    Elaboration des outils de recherche

    Octobre 2008

    5

    Recueil de données (1er passage)

    Novembre-Décembre 2008

    6

    Traitement provisoire des données

    Janvier 2009

    7

    Analyse provisoire des données

    Février 2009

    8

    Recherche documentaire complémentaire

    Octobre-Novembre 2009

    9

    Révision des outils de recherche

    Février-Mars 2010

    10

    Recueil de données (2eme passage)

    Avril à Juin 2010

    11

    Traitement des données

    Juillet à Septembre 2010

    12

    Analyse des données

    Octobre à Novembre 2010

    13

    Rédaction définitive

    Décembre 2010 à Avril 2011

    14

    Soutenance

    Mai à Juillet 2011

    II- Plan provisoire de la thèse

    Introduction générale

    1- Contexte et constats de recherche

    2- Définition des mots clés du sujet

    2-1- Exploitation traditionnelle ou artisanale

    2-2- Mutation socio-économique

    3- Problématique

    3-1- Questions et objectifs de recherche

    3-2- Thèse et hypothèses provisoires

    3-2-1 Hypothèses

    4- Revue de littérature

    5- Méthodologie de recherche

    5-1- La pré-enquête

    5-2- L'enquête

    5-2-1- Champ de l'étude

    5-2-2- Echantillonnage

    5-2-3- Nature de données collectées

    5-2-4- Période de réalisation de l'enquête

    5-3- Les outils de collecte de l'information

    5-3-1- L'observation directe

    5-3-2- L'entretien

    5-4- Analyse et interprétation des données

    5-4-1- Analyse qualitative

    5-4-2- Analyse quantitative

    5-4-3- Cadre Théorique de la recherche

    5-5- Les limites méthodologiques

    6- Plan de restitution de la recherche

    Première partie : Caractérisation de l'activité aurifère à Hiré

    CHAPITRE 1 : CARACTERISATION DE L'EXPLOITATION ARTISANALE

    I- Caractérisation des acteurs et du milieu

    II- Les types d'exploitation

    CHAPITRE 2 : CARACTERISATION DE L'EXPLOITATION INDUSTRIELLE

    I- Présentation de la société EQUIGOLD

    II- Les méthodes d'exploitation

    Deuxième partie : Les conditions de l'essor de l'orpaillage et de l'attrait pour le travail à Equigold

    CHAPITRE 1 : LES CONDITIONS DE L'ESSOR DE L'ORPAILLAGE

    I- Les conditions économiques

    II- Les conditions sociales

    CHAPITRE 2 : L'ATTRAIT POUR LE TRAVAIL A EQUIGOLD

    I- Raisons économiques

    II- Raisons sociales

    Troisième partie : Place de l'activité aurifère dans le processus de changement social à Hiré

    CHAPITRE 1 : L'ARTISANAT AURIFERE ET CHANGEMENT SOCIAL

    I- Recomposition et adaptation économique

    II- Changement des rapports de productions familiales

    CHAPITRE 2 : L'APPORT DE L'EXPLOITATION INDUSTRIELLE A LA

    STRUCTURE SOCIO-ECONOMIQUE DE LA POPULATION

    I- Au niveau économique

    II- Au niveau social

    Conclusion générale

    Conclusion générale

    La crise dans la filière cacao a engendré des comportements variés chez les producteurs. Certains se sont reconvertis dans des cultures de rentes telles le palmier à huile, l'hévéa. D'autres par contre ont intensifié la production du vivrier pour leur survie mais également pour la commercialisation du surplus. La commune rurale de Hiré connaît également les maux qui sévissent dans le secteur du cacao en Côte d'Ivoire (vieillissement du verger, raréfaction de la rente forêt, baisse des cours mondiaux, etc). Les stratégies de résiliences adoptées sont entre autres, la tentative de renouvellement des vergers, l'augmentation et la spécialisation dans la production vivrière et récemment la culture de l'hévéa et du jatropha. Cette population en quête de stratégie de survie et de développement est donc ouverte à toute opportunité économique. Mais chaque stratégie choisie ne reste pas sans avoir des effets sur le comportement de la population, de la cellule familiale et sur les individus. Ainsi, l'orientation vers la culture des vivriers a conduit les paysans à un changement du calendrier agraire. Ceux-ci ont concentré l'essentiel de leurs activités agricoles sur 06 mois (d'Avril à Septembre) car cette période correspond à la saison de pluie favorable à la culture vivrière. La production vivrière a occasionnée aussi la réduction de l'usage de la main d'oeuvre extérieure et le recours au groupe domestique. Elle a également permis la revalorisation des bas-fonds qui autre fois étaient négligés parce que peu propice à la culture du cacao.

    Mais depuis l'année 2006 le début des travaux d'installation d'une usine d'extraction d'or à Hiré, la nouvelle stratégie de résilience de la population est tournée vers l'orpaillage. L'intérêt de cette étude était d'appréhender les bouleversements sociaux induit par l'orpaillage. Il s'est agit concrètement d'analyser l'activité comme porteuse de dynamisme et de recompositions sociales notamment au niveau de la structure socio-économique, des relations de genre dans son aspect matrimonial, des conflits d'autorités entre aînés et cadets sociaux. Pour parvenir à notre objectif, nous avons inscrit cette étude dans une démarche qualitative et quantitative. A cet effet, nous avons utilisé les techniques de collectes de données que sont, l'observation directe et l'entretien semi-dirigé et fermé dont les différentes rubriques ont été consignées dans un guide d'entretien et dans un questionnaire. L'analyse des données recueillies a été faite à travers la théorie sociologie du changement social. Ce changement étant le fait de l'innovation économique que constitue l'orpaillage à travers sa diffusion au sein de la population.

    Les résultats obtenus nous ont permis de constater que l'orpaillage a occasionné de grandes mutations sociales et économiques dans les habitudes des riverains. Ce qui confirme nos hypothèses. Au niveau des activités agricoles on constate un relâchement au profit de l'artisanat aurifère. Les rapports sociaux sont touchés par l'exercice de cette activité. En effet, l'exploitation artisanale de l'or a fait naître deux groupes d'opinion au sein de la population. D'un côté on a ceux qui approuvent l'opportunité économique offerte par cette activité et de l'autre ceux qui s'y opposent en raison des inconvénients induits. Les changements sont aussi constatés au niveau des rapports de production économique au sein de l'unité familiale. Ces changements se manifestent par des conflits d'autorité entre aînés et cadets sociaux. Au-delà des mutations sociales et économiques, l'orpaillage a également des impacts négatifs sur l'environnement et la santé des acteurs et même de la population. C'est pourquoi, malgré les gains pécuniaires que l'orpaillage apporte aux acteurs, il convient de prendre des mesures pour organiser ce secteur d'activité afin de diminuer ses effets néfastes. Ces mesures devront consister à :

    - Faire un contrôle au niveau des titres d'accès à l'activité.

    - Prévenir les risques de pollution de l'environnement.

    - Prévenir les risques d'accidents et les dangers sanitaires sur les sites.

    - Sensibiliser la population sur les risques de pénurie alimentaire auxquels elle est exposée du fait de la ruée vers l'orpaillage et l'abandon des activités agricoles.

    - Considérer les risques de désintégration familiale et poser des actes concrets afin que cela ne se repende sur la société toute entière.

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    Table des matières

    Sommaire..................................................................................

    1

    Liste des tableaux et figures.............................................................

    2

    Liste des cartes et photos.................................................................

    3

    Remerciements.............................................................................

    4

    Résumé......................................................................................

    5

    Introduction générale.....................................................................

    6

    1- Contexte et constats de recherche................................................

    6

    2- Définition des mots clés du sujet................................................

    10

    2-1- Exploitation traditionnelle ou artisanale.......................................

    10

    2-2- Mutation socio-économique.......................................................

    11

    3- Problématique...........................................................................

    12

    3-1- Questions et objectifs de recherche................................................

    12

    3-2- Thèse et hypothèses provisoires...................................................

    13

    3-2-1- Thèse provisoire...................................................................

    13

    3-2-2- Hypothèses........................................................................

    13

    4- Revue de littérature..................................................................

    14

    5- Méthodologie de recherche..........................................................

    17

    5-1- La pré-enquête......................................................................

    17

    5-2- L'enquête.............................................................................

    18

    5-2-1- Champ de l'étude...............................................................

    18

    5-2-2- Echantillonnage..................................................................

    19

    5-2-3- Nature de données collectées...................................................

    21

    5-2-4- Période de réalisation de l'enquête.............................................

    22

    5-3- Les outils de collecte de l'information..........................................

    22

    5-3-1- L'observation directe...........................................................

    22

    5-3-2- L'entretien..........................................................................

    22

    5-4- Analyse et interprétation des données..........................................

    23

    5-4-1- Analyse qualitative..............................................................

    23

    5-4-2- Analyse quantitative ............................................................

    25

    5-4-3- Cadre Théorique de la recherche.............................................

    25

    5-5- Les limites méthodologiques......................................................

    26

    6- Plan de restitution de la recherche .................................................

    27

    1ERE PARTIE : Caractérisation de l'exploitation artisanale de l'or à Hiré..

    29

    CHAPITRE 1 : CARACTERISATION DES ACTEURS ET DU

    MILIEU................................................................

    30

    I - Caractérisation des acteurs........................................................

    30

    I-1- `` Les grands exploitations ''................................................

    30

    I-2- `` Les petits exploitants ''...................................................

    31

    I-3- Les ouvriers journaliers.............................................................

    32

    I-4- Origines socioprofessionnelles des acteurs.......................................

    33

    II - Caractérisation des sites d'exploitation.........................................

    34

    II-1- Histoire de l'exploitation aurifère à Hiré.........................................

    34

    II-2- Le site d'Assayé...................................................................

    35

    II-3- Le site de Djangobo...............................................................

    36

    II-4- Le site de Bouakako...............................................................

    36

    CHAPITRE 2 : LES TYPES D'EXPLOITATION...............................

    38

    I - Exploitation par lavage............................................................

    38

    I-1- Le lavage à la batée................................................................

    38

    I-2- Le lavage simple.....................................................................

    42

    II - Autres types d'exploitation........................................................

    43

    II-1- La recherche de roche.............................................................

    43

    II-2- La recherche souterraine.........................................................

    44

    Conclusion partielle ......................................................................

    48

    2EME PARTIE : Présentation et discussion des résultats.........................

    49

    CHAPITRE 1 : LES MOTIVATIONS SOCIOECONOMIOQUES..........

    50

    I - Les motivations économiques......................................................

    50

    I-1- Une rentabilité rapide et élevée...................................................

    51

    I-2- Une vente aisée.....................................................................

    52

    I-3- Une activité de soudure..............................................................

    53

    I-4- Une activité principale............................................................

    54

    I-5-Une activité circonstancielle et un soutien aux parents..........................

    55

    I-6- Des opportunités d'affaires.........................................................

    56

    I-6-1- L'intérêt pour les propriétaires de terre et de plantation.....................

    56

    I-6-2- Au niveau de la municipalité...................................................

    57

    II- Les motivations sociales............................................................

    58

    II-1- Diffusion de l'information et l'effet de mode...................................

    58

    II-2- La contrainte familiale..............................................................

    59

    II-3- Le silence des autorités administratives.......................................

    60

    CHAPITRE 2 : LES MUTATIONS SOCIALES ECONOMIQUES ET

    ENVIRONNEMENTALES.......................................

    61

    I-Une nouvelle approche de l'activité agricole....................................

    61

    I-1- Altitude des paysans vis-à-vis de la production agricole......................

    61

    I-1-1- La diminution de la production vivrière.......................................

    61

    I-1-2- Réduction du temps consacré aux activités agricoles........................

    62

    I-1-3- L'abandon de certains champs de cacao.......................................

    63

    I-2- La raréfaction de la main d'oeuvre agricole....................................

    63

    I-2-1- Raréfaction de la main d'oeuvre extérieur......................................

    63

    I-2-2- La non maîtrise de la main d'oeuvre familiale.................................

    64

    II- Mutations au sein de la population et de la cellule familiale...............

    65

    II-1- Mutations au sein de la population.............................................

    65

    II-1-1- L'immigration....................................................................

    65

    II-1-2- Conséquences économiques...................................................

    65

    II-1-3- La cherté de la vie...............................................................

    66

    II-1-4- La naissance de deux blocs d'opinions au sujet de l'orpaillage............

    67

    II-2- Mutations au niveau de la cellule familiale....................................

    67

    II-2-1- Conflits d'autorité entre mari et femme.....................................

    69

    II-2-2- Conflits d'autorité parents / enfants............................................

    69

    III- Les conséquences sanitaires et environnementales........................

    70

    III-1- Une activité à risques............................................................

    70

    III-1-1- Risques sanitaires...............................................................

    70

    III-1-2- Risques d'accidents............................................................

    73

    III-2- Conséquences environnementales de l'orpaillage...........................

    73

    III-2-1- La pollution des eaux.........................................................

    73

    III-2-2- La dégradation des sols.........................................................

    73

    Conclusion partielle.....................................................................

    75

    3EME PARTIE : ESQUISSE DU PLAN DE PROJET DE LA THESE......

    76

    Chapitre 1 : Considérations méthodologiques .......................................

    77

    Chapitre 2 : Organisation des activités et plan provisoire de la thèse............

    78

    I- Chronogramme activités....................................................

    78

    II- Plan provisoire de la thèse..................................................

    79

    Conclusion générale ......................................................................

    81

    Bibliographie..............................................................................

    84

    Annexes.....................................................................................

    95






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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera