Sagesse et pouvoir. une herméneutique du pouvoir( Télécharger le fichier original )par Antoine BASUNGA Nzinga ITCJ - Baccalauréat canonique en théologie 2010 |
CHAP. II.DE LA CONSCIENCE ANTHROPOLOGIQUE SELON Sg 7, 1-6A L'EXAMEN AFRICAIN DE LA DIGNITÉ DE L'HOMMEAu départ du présent chapitre, un principe doit être admis, à savoir que si l'Homme est reconnu à sa juste valeur, les aberrations politiques seront de moins en moins nombreuses. Mais le roi Salomon nous convie à un exercice plus noble encore qui doit mener à la profonde connaissance de soi. La démarche qu'il nous invite à entreprendre doit nous conduire à une connaissance toujours plus approfondie du mystère qu'est l'homme. La voie la plus appropriée, c'est la voie de la Sagesse qui l'amène lui-même à reconnaître : « Je suis, moi aussi, un homme mortel, pareil à tous, un descendant du premier être formé de la terre. J'ai été modelé en chair dans le ventre d'une mère, où, pendant dix mois, dans le sang j'ai pris consistance, à partir d'une semence d'homme et du plaisir, compagnon du sommeil. A ma naissance, moi aussi j'ai aspiré l'air commun, je suis tombé sur la terre qui nous reçoit tous pareillement, et des pleurs, comme pour tous, furent mon premier cri. J'ai été élevé dans les langes et parmi les soucis. Aucun roi ne connut d'autre début d'existence : même façon pour tous d'entrer dans la vie et pareille façon d'en sortir » Sg 7,1-6. Ce n'est pas seulement sa condition mortelle qui retient son attention : le roi Salomon veut insister sur le fait qu'il est strictement humain (anthropos), rigoureusement et foncièrement égal ou encore de même nature que tous les hommes. Salomon met en lumière cette égalité en se référant à la tradition biblique48(*) il renvoie ainsi à l'ancêtre commun de l'humanité par l'usage du mot apogonos (né ou issu de). La tradition transmise dans le récit de la création (cf. Genèse), pose l'archétype de l'humanité dans une relation d'analogie avec le Créateur : l'homme est créé à l'image de Dieu (Gn 1, 27). Cette expression ne prend tout son sens que dans le mystère du verbe incarné (GS 22). Dès lors que la condition humaine est reçue et vécue comme un don, c'est-à-dire dans l'acceptation de soi comme un être de fragilité mais ouvert à la transcendance, cela devient plus intéressant. Car l'homme n'est pas tout simplement un roseau qui pense mais il est aussi et surtout un être capable de Dieu. Ainsi, la condition humaine plus qu'une déficience, elle est la trace même du Créateur en l'Homme. Le Créateur étant le seul principe de la dignité de l'Homme créé à l'image de Dieu, le Dieu le plus noble qui puisse exister. Ce chapitre sera développé autour de trois grands points, à savoir la question de la spécificité de la dignité « supérieure » de l'Homme ; la dignité de l'Homme dans l'enseignement social de l'Eglise et le principe de vie au fondement de la dignité de l'Africain. * 48 _ Selon la tradition biblique l'homme reste un tout vivant (corps- âme) animé de nefesh, ou ruah qui l'ouvre à la relation à Dieu son créateur (Gn 2,7). Dans le NT, psyché ou encore anima, l'âme, désigne l'unité vitale de l'homme et ce qui fait vivre la chair. Tandis que pneuma (spiritus), esprit désigne ce par quoi l'homme reste docile à Dieu, vit de Lui et inaugure la vie éternelle. Soma (corpus), corps, ou sarx (caro), chair désignent aussi l'homme et ont leur sens par rapport à la vie morale. Cf. Le cours d'Anthropologie théologique donné à l'ITCJ par le Prof. R. Kazadi, 2008-2009. |
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