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Formation de la personnalité des enfants de la rue à  Port-au-Prince

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par Dieuveut GAITY
Université d'Etat d'Haiti - Licence en Psychologie (Bachelor Degree) 2009
  

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CHAPITRE IV : L'ENFANCE, UNE NOTION A COMPRENDRE...

1- Définition et perspectives

Le terme enfance, dans son acception actuelle en psychologie, désigne une étape de développement qui se situe entre la naissance et la maturité, entre la naissance et la puberté, ou encore entre l'émergence du langage et la puberté. Généralement, l'enfance est une période dans laquelle l'individu dit enfant est conduit par son entourage à apprendre et à élaborer un répertoire de comportements tant sur le plan intellectuel que sur les plans socio-affectif et psychomoteur. Selon Henri Piéron, dans le vocabulaire de psychologie, l'enfance se distingue à trois niveaux :

1) la première enfance qui se situe entre 0 et 3 ans

2) la deuxième enfance entre 3 et 7 ans

3) la troisième enfance de 7 à 12 ans, cette dernière débouche sur l'adolescence ; ce qui veut dire que, en d'autres mots, l'enfance est une période dans laquelle l'individu, au cours de son développement, vit les douze premières années de sa vie.

A ce propos, le développement de l'enfant ne se repose pas seulement sur des critères strictement chronologiques. Mais aussi, sur un ensemble d'interactions de différents ordres qui correspondent aux activités physiques et mentales de l'enfant et qui lui assurent une croissance normale. A cela, Piaget, dans ses recherches, a mis l'accent sur les principes de l'équilibre qui favorise l'adaptation de l'individu. Une telle adaptation implique une interaction du sujet avec son milieu, définie par le niveau d'organisation des structures du sujet et par les caractéristiques du milieu. Donc, le développement de l'individu correspond au passage d'un niveau d'organisation à un autre, ce qui explique selon l'auteur l'apparition des stades (sensori-moteur, préopératoire, opératoire concret, opératoire formel). Cependant, selon certains auteurs de la théorie de l'activité, le développement de l'enfant n'est pas seulement biologique, cérébrale ou psychique ; il est bien davantage social. Car selon, eux, l'enfant se développe dans les pratiques quotidiennes, à travers des activités ou des actions qu'il réalise au cours de son histoire qui sont insérées dans une matrice sociale composée d'individus, d'objets, de situations et d'événements. Ce qui fait que, pour Vygotski et Leontiev, la vraie direction du développement de l'enfant, de sa pensée et de ses émotions ne va pas de l'individuel au social, mais du social à l'individuel. D'où, l'idée que la conscience et la pensée de l'enfant sont déterminées par les activités réalisées avec des congénères dans un environnement social donné devient imminente quand ils mettent l'accent sur les conditions dans lesquelles cette pensée, cette conscience se développe et les conditions dans lesquelles cet apprentissage se produit57(*).

1.1.- La famille, l'enfant et la rue

La famille est fondamentalement composée de père, de mère et d'enfants vivant sur un même toit. Elle est un espace social concret dans lequel les enfants font l'apprentissage de la vie sociale, et elle est aussi considérée comme le lieu par excellence de reproduction des normes collectives. Selon certains auteurs, la famille peut bien être perçue dans ses dimensions nucléaires et élargies, dans ces formes dissociées (dysfonctionnelles, non structurées, monoparentales) et dans sa recomposition. Toutes ces formes incluent les problèmes économiques majeurs comme la pauvreté, la misère, la faim, le chômage et affectent les familles, particulièrement la famille haïtienne et qui ont de fortes incidences sur le développement intellectuel et socio-affectif de l'enfant en le maintenant dans des situations difficiles. Parmi les enfants en situations difficiles, on distingue :

1) les enfants domestiques

2) les enfants maltraités

3) les enfants abandonnés

4) les enfants de rue

5) les enfants prostitués

6) les enfants armés

7) les enfants en conflits avec la loi, etc.

Entre ces catégories, celle des enfants de rue nous intéresse davantage, car c'est de cette catégorie que nous allons retenir pour cette étude, notre population cible qui est « l'enfant de la rue ». Dans bien des cas, quand la famille fait défaut à l'enfant, la rue y supplante et se présente généralement comme l'espace d'accueil le plus accessible aux yeux de l'enfant. De cet espace public58(*) qui, grâce au transport, est un espace de transport et, grâce aux marchands, un espace de commerce, l'enfant se trouve exposé à une série d'interactions déterminantes pour son futur. Cet espace public, dans lequel on fait la collectivisation des déchets urbains, où les actes délictuels et criminels sont très fréquents et, aussi, dans lequel les nuisances sonores, olfactives et thermiques sont abondantes, est devenu grâce aux enfants, un espace de lutte pour la vie. La rue a rendu floues et limite la notion de territoire et celle de la propriété privée. En étant le dénominateur commun d'une population entière, la rue appartient à tous, et, en même temps, elle n'appartient à personne.

1.2.- L'enfant de rue, c'est qui ou c'est quoi ?

Généralement appréhendé comme phénomène dans les études scientifiques, l'enfant de la rue peut aussi s'étudier comme individu. Il est par définition tout enfant qui est livré à lui-même, qui mène la majeure partie de son existence dans la rue pour y trouver des moyens de subsistance. On distingue dans cette catégorie deux grands groupes d'enfants, selon l'UNICEF : les enfants dans la rue et les enfants de la rue.

Les enfants dans la rue sont ceux qui y travaillent et entretiennent encore des relations plus ou moins régulières avec leur famille. Leur vie reste centrée sur le foyer familial. Un grand nombre d'entre eux vont à l'école, la plupart rentrent chez eux après leur journée de travail. Ils maintiennent un sentiment d'appartenance vis-à-vis de la communauté où ils habitent.

Les enfants de la rue, en revanche, sont ceux qui considèrent la rue comme leur foyer et y trouvent abri et nourriture. Ce sont leurs compagnons de survie qui leur donnent un certain sens de la famille, car les rapports avec leur propre famille sont plutôt lointains, sinon inexistants. Ils se réfèrent, pour s'identifier, au groupe auquel ils appartiennent plutôt qu'à une famille. Ils arrivent qu'ils aient des parents quelque part, en un lieu plus ou moins éloigné, ce qu'ils finissent par révéler après insistance.

Selon Paulo Freire, le phénomène des enfants de rue est le résultat normal d'une économie non structurée et désorganisée. Pour présenter les caractéristiques de ces enfants, l'auteur précise que :

1) ce sont des adultes prématurés cherchant un moyen de survivre à cause du système social qui les rejette ;

2) ils satisfont leurs besoins réels et primaires dans la rue où ils dorment, mangent et travaillent ;

3) ils développent des talents leur permettant de survivre ;

4) ils s'adonnent à des activités génératrices de revenus en réponses à des situations imposées socialement ;

5) leurs activités se situent dans le cadre de l'économie formelle, informelle et/ ou marginale.

Donc, cela traduit l'importance de la théorie de l'activité de Vygotski et de Leontiev par rapport à la façon dont l'enfant de la rue est présenté par Paulo Freire. La rencontre de leur développement biologique ou physique avec les activités sociales que cette catégorie d'enfants réalise quotidiennement définit l'idée que l'apprentissage, la pensée, la conscience de l'enfant sont moulés dans les conditions sociales et dans ses rapports avec son environnement (individus, objets, événements et autres artefacts). Alors, il serait toujours difficile de comprendre qu'un enfant de 5, 6, 9, 11, 12 ans qui devrait être à l'école, apprendre à chanter, se divertir sur la cour de recréation, regarder les dessins animés, raconter des histoires et des contes de fées, s'adonner aux exercices de dessins, s'est retrouvé tout au contraire en situation de produire sa vie. En ayant 10 ans, il réalise des activités sociales économiques, rémunérées ou non, qu'une personne de 20 ou de 25 ans devrait réaliser ; son discours, ses conversations n'ont presque rien d'enfantin à l'entendre parler. Chez nous, en Haïti, il parle généralement de la loterie (Bòlet), de longs voyages aux fêtes patronales (Fèt Chanpèt), d'argent, etc.... Ce qui fait, en d'autres mots, que les activités qu'il mène quotidiennement le définissent mieux, au lieu de centrer l'étude de son développement par rapport à son âge, aux stades et aux activités qui y correspondent. (Cf. Piaget, Freud, Erikson, Wallon. et al.)

TROISIEME PARTIE : CADRE METHODOLOGIQUE

* 57 _ Cf. www.Google.fr/théorie de l'activité, consulté en Avril 2009

* 58 _ Cf. Stéphane Tessier, Alphonse Tay et ses collaborateurs, langage et cultures des enfants de la rue, Kartala, Paris,, 1995, pp. 40-47

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams