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Etudes des facteurs limitant la faible utilisation des services de conseil dépistage volontaire par les personnes exerçant dans le secteur informel dans la ville de Ouaga: cas des petits commerçants

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par Zambendé ZIGANI
Ecole Nationale de Santé Publique/ CFDS - Technicien Supérieur en Soins Infirmiers et Obstétricaux 2004
  

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2. 1.1. Les caractéristiques du secteur informel.

2. 1.1. 1 Définitions du secteur informel.

Pour Jacques CHARMES, consultant GTZ, le secteur informel est par définition : « constitué des emplois et des activités économiques qui ne sont pas enregistrées ou qui le sont mal, non par volonté délibérée de se soustraire aux réglementations en vigueur mais par incapacité ou inaptitude de ces réglementations à s'appliquer à des réalités spontanément constituées et par nature, difficiles à saisir. Il joue un rôle capital dans le développement non seulement parce qu'il peut apparaître comme le creuset, où se forgent l'esprit d'entreprise et l'initiative privée, mais parce qu'il est le lieu où se déploient les facultés et les potentialités d'adaptation des populations aux rigueurs de l'ajustement, le lieu où se réalise la flexibilité que requiert l'application des lois du marché ». (9)

Selon le rapport du Directeur Général du BIT lors de la conférence internationale du Travail à sa 78ème session en 1991, le secteur informel serait : « L'ensemble de très petites unités de production et de distribution de biens et services implantés dans les pays en développement. Ces unités appartiennent essentiellement à des travailleurs indépendants qui exploitent parfois une main d'oeuvre familiale voire quelques salariés ou apprentis. Elles disposent au mieux des capitaux très modestes et font appel à des techniques rudimentaires et à une main d'oeuvre peu qualifiée, si bien que leur productivité est faible. Elles ne peuvent généralement procurer à ceux qui en vivent que des revenus minimes très irréguliers et un emploi des plus instables ». (7)

Pour l'Administration Fiscale Burkinabé, le secteur informel se définit comme étant l'ensemble des opérateurs économiques manipulant un faible volume d'affaires et exerçant en marge des méthodes modernes de gestion.

Il se caractérise par :

  • La forte mobilité des acteurs qui exercent dans ce domaine; ce qui explique la difficulté pour l'administration de pouvoir les retrouver sur le terrain.

- Une méthode de gestion archaïque, ce qui a pour conséquences les difficultés de pouvoir appréhender le revenu. (7)

En somme, le secteur informel est formé d'entrepreneurs individuels travaillant pour leur propre compte ou qui peuvent employer des salariés de façon permanente, quel que soit le lieu d'exercice, le caractère permanent ou saisonnier et la modalité d'exercice (à titre principal ou secondaire) de l'activité.

2. 1.1. 2 Place du secteur informel dans l'économie nationale du Burkina.

Le secteur informel occupe une place très importante dans l'économie du Burkina. L'enquête démographique menée par l'INSD en 1991, estime que 80% des actifs urbains évoluent dans ce secteur dont 58,1% des femmes. Sa contribution au produit intérieur brut (PIB), est estimée à 31%.

Somme toute, il est remarquable que le secteur informel participe à :

  • la création de micro entreprise
  • la valorisation des produits locaux (matières premières)
  • la lutte contre le chômage (secteur refuge)


· la redistribution des revenus. (7)

2. 1.1. 3 Les principaux domaines d'activités du secteur informel.

Ce sont : 

Ø Artisanat de production : Est réuni dans ce groupe, l'ensemble des activités de transformation de matières premières locales ou importées en vue de la production des biens à dominante utilitaire.

Il désigne les bijoutiers, les couturiers, les menuisiers, les potiers, les dolotières, les fabricants de clés, les tisserands etc.

Ø Artisanat d'art : C'est l'ensemble des activités de production des biens à vocation culturelle artistique et /ou décorative. C'est le support de l'expression culturelle et de l'environnement social. Il désigne les musiciens, sculpteurs, peintres, calligraphes et teinturiers etc.

Ø Artisanat de service : il rassemble beaucoup d'activités hétéroclites souvent mal connues et mal appréciées mais combien nécessaires pour la collectivité. Il assure la restauration, la réhabilitation, l'entretien, la réparation et tous les autres services utiles à la longévité des biens et matériels en usage dans la cité. Il désigne les balayeurs, cireurs, mécaniciens, photographes, serveurs de bar, coiffeurs, domestiques.

Ø Les activités de construction : Elles désignent les briquetiers, maçons, plombiers, carreleurs, tulliers et charpentiers.

Ø Le petit transport : il concerne les propriétaires de charrettes à traction humaine ou animale destinées au ramassage du sable, bois, eau, et d'autres marchandises.

Ø Le petit commerce : Sont rangés dans ce groupe tous les petits circuits de commercialisation des biens marchands. Ces opérateurs procèdent à la spéculation entre les prix d'achat et ceux de la vente. C'est le groupe le plus instable à l'intérieur d'un même sous-groupe entre sous-groupe et intergroupes. Les acteurs sont soit des ambulants ou installés dans des boutiques ou des étals. (9)

2. 1.1. 4 Importance du petit commerce dans le secteur informel.

Selon les résultats de l'enquête de l'Office Nationale de la Promotion de l'Emploi (O N P E) réalisée en 1987 dans les cinq principales villes du Burkina que sont Ouagadougou, Bobo, Banfora, Ouahigouya, Koudougou, les activités du petit commerce sont les plus importantes dans le secteur informel. Elles représentent à elles seules 68,80% des activités du secteur informel (Gouvernement du B F : Enquête sur le secteur informel ONPE 1987. Élaboration B I T).

Pour ce qui concerne la ville de Ouagadougou, les activités du petit commerce représentent 69,40% des activités du secteur informel (Gouvernement du B F ; Enquête sur le secteur informel O N P E 1987. Élaboration B I T). (9)

1. 2. 2 .La problématique de l'utilisation services de C D V du V I H

Dans notre revue de la littérature relative à l'utilisation des services de C D V, nous nous sommes référés aux travaux traitant de la fréquentation des services de CDV tant dans le monde qu'au Burkina en ce sens qu'ils constituent des variantes du concept à l'étude.

Ainsi nous essayerons tout d'abord d'appréhender les définitions du concept de conseil dépistage, de décrire les étapes de C D V, et donner les avantages du CDV. Nous terminerons par l'examen des facteurs qui ont constitué des obstacles à l'utilisation des services de CDV du VIH tel que décrits par certains auteurs.

1. 2. 2.1. Définitions des concepts.

a).Le Conseil :

Pour Peter PIOT et al. le conseil consiste en un face à face au cours duquel, une personne en aide une autre à prendre des décisions et à agir en conséquences.

Dans le cadre de la lutte contre le VIH/SIDA, le conseil consiste à donner des renseignements qui permettent à l'individu de prendre des décisions susceptibles de réduire le risque de transmission. Il peut ainsi s'adresser au conjoint, à la famille, aux amis et à tous ceux qui s'occupent de la personne infectée, qu'il s'agisse de séropositifs ou de personnes qui s'estiment exposées au risque d'infection. (1)

b).Le dépistage :

Selon le dictionnaire de médecine Flammarion(1992), le dépistage est une recherche systématique chez un sujet ou au sein d'une collectivité, d'une affection latente au moyen de techniques simples et peu coûteuses, mais suffisamment fiables.

Ici c'est le fait de rechercher l'infection à VIH.

c).Le consentement :

Il correspond à la notion de libre choix et signifie que le test ne doit être fait sans l'accord de la personne concernée à qui toutes les informations sur les avantages et les possibles inconvénients du dépistage doivent être exposés. (3)

d).Le principe du volontariat :

Il signifie que tout individu a le droit de refuser de se soumettre au test sans que l'on ne puisse l'y obliger. Tout test de dépistage doit être précédé par le consentement éclairé de la personne, lequel doit être valide aux yeux de la loi. C'est donc dire que seuls les clients ayant atteint l'âge de la majorité devant la loi peuvent donner un consentement éclairé. Pour les autres, il faudra une autorisation parentale ou des tuteurs légaux. En général, les personnes ayant au moins 18 ans sont considérées comme majeures aux yeux de la loi. (3)

e).La confidentialité :

C'est le fait de garder un secret, et dans le cas particulier du conseil dépistage, de garantir le caractère intime et personnel des entretiens.

Dans la relation d'aide, elle traduit le fait qu'une personne plaçant sa confiance en une autre susceptible de l'aider lui confie son secret. Cette dernière se trouve dans l'interdiction de le divulguer sans consentement.

La confidentialité est valable aussi bien en interne entre collègues qu'en externe avec d'autres personnes. Elle ne peut être levée qu'en cas de référence et lorsque cela s'inscrit dans l'intérêt du client. Dans ce cas, son avis est indispensable à la levée de la confidentialité. (3)

f).Le principe de l'anonymat :

L'anonymat est un modèle d'organisation mis en place dans les centres de CDV pour renforcer la confidentialité.

Le nom du client est remplacé par un numéro de code qu'il garde tout au long du processus de découverte de sa sérologie. Seul le conseiller a accès au résultat et au client lui-même. Cela permet donc d'exclure les autres acteurs dans la gestion de la confidentialité des résultats, puisse qu'ils ne peuvent connaître le numéro de code et la personne à la fois. (3)

g).Le conseil dépistage volontaire :

Pour Michel CARTOUX, cité dans l'étude sur l'organisation du C D V dans la ville de Ouagadougou par Jean-François SOME et Athanase ZAGARE ; la notion du CDV renvoie à celle de « relation et de dialogue entre deux personnes visant à :

- révéler un statut sérologique,

- prévenir la transmission de l'infection à VIH,

- fournir un soutien psychosocial aux sujets infectés, à leurs partenaires et à leurs familles,

- organiser leur prise en charge psychosociale et médicale ». (19)

Pour Alice DESCLAUX et al, (1997), le CDV est un « acte de prévention qui permet de personnaliser l'information pour que chaque personne conseillée puisse adopter un changement de comportement et prenne la décision de se soumettre en toute connaissance de cause et soit bien informée des conséquences personnelles, médicales et sociales en cas de résultat positif ». (23)

En somme, le conseil dépistage consiste en un dialogue confidentiel entre un consultant et un conseiller en vue de permettre au consultant de surmonter le stress lié au test de dépistage et de prendre des décisions personnelles en rapport avec le VIH/SIDA. Le processus du conseil englobe l'évaluation du risque personnel de transmission du VIH et la discussion sur les modes de prévention. Il aborde en particulier les problèmes d'ordre affectif et social liés à une infection à VIH éventuelle ou réelle et au SIDA.

1. 2. 2. 2. Les étapes de conseil dépistage.

Plusieurs étapes sont identifiées dans la conduite du dépistage:

Ø le conseil pré-test qui cherche un consentement éclairé au dépistage du VIH et une préparation à l'annonce des résultats du test ;

Ø la réalisation du test (prélèvement et analyse) qui permet le diagnostic biologique de l'infection à VIH ;

Ø le conseil post test qui comprend l'annonce du résultat, la gestion psychosociale des réactions du client, les conseils de prévention et en cas de sérologie positive ;

Ø l'orientation vers un réseau de prise en charge psychosociale et biomédicale 

Ø le suivi post test qui est une approche personnalisée des problèmes du client et une recherche avec lui des solutions appropriées. (3)

1.2.2.3. les objectifs du conseil.

a) Le conseil pré-test :

- Demander à la personne ce qui l'amène à effectuer cette démarche aujourd'hui.

- Aider la personne à identifier son niveau d'exposition à un ou plusieurs risques ainsi que leur contexte (relation, usage d'alcool, de drogue, évènements négatifs).

- Vérifier les connaissances de la personne sur les modes de transmission et de prévention ainsi que sur le test.

- Évaluer avec la personne son degré d'exposition au risque.

- Aider la personne à faire le point sur les stratégies de prévention qu'elle a déjà utilisées.

- Explorer l'impact de sa démarche de test sur son entourage.

- Anticiper les émotions liées au résultat.

- Demander à la personne d'évaluer les avantages et les inconvénients de sa démarche de test.

- Aider la personne à prendre ou à confirmer sa décision.

- Indiquer à la personne tous les numéros utiles dont elle pourrait avoir besoin pendant l'attente des résultats.

b) Le conseil post test positif :

- Donner le résultat.

- Laisser la personne le temps d'exprimer ses émotions.

- S'assurer que la personne a compris les résultats.

- Évaluer les besoins immédiats de la personne (soutien médical, social, personnel administratif, financier).

- Informer la personne sur les stratégies thérapeutiques existantes.

- Évaluer ce qui l'inquiète le plus (A qui aimerait-elle en parler ? A qui pense-t-elle qu'elle devrait en parler ?)

- Valider la personne dans ses sentiments et ses émotions et l'aider à anticiper les différentes phases du vécu de la séropositivité.

- En fonction des données recueillies dans l'évaluation de la situation de la personne, l'informer sur les moyens et options possibles qu'elle peut utiliser pour éviter une sur contamination ou réduire la transmission de l'infection à VIH.

- Envisager avec la personne toutes les ressources dont elle dispose pour faire face à la situation (partenaire, famille, entourage proche, numéros verts).

- Voir avec la personne si elle a besoin d'aide pour la notification à sa partenaire.

- Mettre à la disposition de la personne les ressources du réseau mis en place par le centre de dépistage (travailleurs sociaux, médecins, psychologues, associations).

c) Le conseil post test négatif :

- Donner le résultat.

- Vérifier la compréhension des résultats.

- Demander à la personne ce qu'elle pense et ce qu'elle ressent (A qui va-t-elle en parler et comment ?)

- Envisager avec elle les moyens qu'elle compte utiliser pour rester séronégative.

- Discuter et explorer en profondeur toute procédure de prévention présentée par la personne (intentions, degré d'expérience ou non, problèmes rencontrés précédemment dans l'utilisation de ce moyen, anticipation éventuelle des difficultés, alternatives et solutions envisagées).

- Aider la personne à concevoir ou confirmer un plan idéalisé de réduction des risques.

- Donner l'adresse des réseaux et associations et toute information utile de prévention (brochures, dépliants). (15)

1. 2.2. 4. Les avantages du conseil dépistage volontaire.

Pour l'ONUSIDA, le CDV joue un rôle important dans la prévention du VIH, car il aide les individus à modifier leurs comportements sexuels afin d'éviter s'ils sont séropositifs de transmettre le VIH à leurs partenaires sexuels ou de rester séronégatifs s'ils ne sont pas infectés.

L'autre rôle primordial du CDV est de faciliter le recours précoce et adéquat des personnes séropositives ou séronégatives au VIH aux services tels que la prise en charge médicale, la planification familiale, le soutien psychologique et social, l'assistance juridique et le conseil en matière de vie positive.

Le CDV est également crucial pour permettre aux femmes et à leurs familles de profiter des interventions visant à prévenir la transmission du VIH de la mère à l'enfant.

Un accès accru au CDV permet en outre de contribuer à combattre la stigmatisation et la discrimination, à promouvoir la sensibilisation et à soutenir les droits de l'homme. (13)

Pour Peter PIOT et al. les avantages du CDV pour la communauté sont la prévention de la transmission du VIH grâce à un changement éclairé de comportement et l'identification des candidats potentiels aux essais de médicaments et de vaccins. (1)

Pour le SP/CNLS-IST, le CDV participe au niveau national pour une meilleure surveillance épidémiologique et une meilleure planification des politiques et des stratégies de lutte contre le VIH mais surtout une prise en charge précoce et efficace de l'infection à VIH. (8)

En résumé, le CDV permet de mieux combattre l'infection à VIH tant au niveau individuel, communautaire que national.

1.2.2.5 Le diagnostic de laboratoire de l'infection à VIH.

La détection d'anticorps constitue la meilleure méthode de laboratoire pour poser le diagnostic d'une infection à VIH.

On distingue d'une part les épreuves initiales et d'autre part les épreuves complémentaires.

a) Les épreuves initiales :

Pour Peter PIOT et al. l'épreuve sérologique initiale la plus utilisée pour rechercher les anticorps anti-VIH, est l'épreuve ELISA.

Bien qu'ELISA soit relativement simple, son utilisation à grande échelle est sérieusement limitée dans de nombreux pays en développement par le coût des réactifs, l'investissement initial en équipement de laboratoire et l'obligation d'une source d'électricité stable.

Face à cette situation, on a mis au point des épreuves plus simples qui n'exigent aucun appareil, sont plus rapides et a priori moins onéreuses. Ces épreuves pourraient avantageusement remplacer les techniques actuelles d'ELISA, ce sont les tests simples/rapides. (1)

Pour le docteur Gaby VERCAUTEREN, chercheur au département de blood safety and clinical technology de l'OMS à Genève, les tests simples rapides ne nécessitent pas d'électricité et sont faciles à pratiquer et à interpréter. De plus, la réalisation du test dure moins de vingt (20) minutes et est d'un coût peu élevé. Ils ont une bonne durée de conservation et sont capables de résister à des températures de 30 à 40 degrés celcius et avoir un minimum de perte.

Au nombre de ces types de test, certains ne nécessitent ni laboratoire, ni équipement spécifique, ni expérience particulière. Il s'agit des chromatographic membrane test qui sont le Serotrip, le Doublecheck, le Determine. Elle termine en disant qu'il est probable qu'avec une organisation et une gestion appropriée, ces tests pourront être utilisés à grande échelle. (10)

b) Les épreuves complémentaires :

Elles sont utilisées pour confirmer un diagnostic positif aux épreuves initiales. La plus utilisée est le Western-blot. (1)

1. 2.2. 6. Les obstacles à l'utilisation des services de CDV du VIH.

Les travaux antérieurs relatifs aux obstacles à l'utilisation des services de CDV des auteurs consultés identifient deux principaux groupes d'obstacles:

les obstacles liés aux services (services de dépistage et de prise en charge du VIH) et ceux liés à la communauté.

a). Les obstacles liés aux services :

Pour les différents auteurs que nous avons consultés, ces obstacles sont:

Pour Family Health International (juin 2001) dans le cadre de la mise en oeuvre d'un projet de prévention et de soins, les obstacles liés au CDV dans les pays en développement sont dus au manque de personnel qualifié, au manque de respect de la confidentialité, à l'ignorance des clients potentiels concernant l'existence des services de CDV et au manque des ressources financières pour couvrir le fonctionnement des services. (11)

Odette ROUAMBA dans son étude intitulée: «  Dépistage du VIH et remise des résultats au Burkina », réalisée à Bobo Dioulasso en 1994, a montré que le prix du test de dépistage est un obstacle pour de nombreuses couches défavorisées qui préfèrent prendre l'argent du test pour se nourrir au lieu de l'utiliser pour apprendre leur séropositivité. (22)

Une étude réalisée par DAMESYN et al. en 1998 portant sur des jeunes couples en zone rurale du Kenya occidentale a montré que 95% des participants accepteraient le test s'il était gratuit. S'ils devaient payer le service, 31 à 40% ont indiqué qu'ils paieraient le montant demandé. (13)

L'analyse du rapport coût-efficacité a montré que le CDV présente des avantages en particulier dans le domaine de la prise en charge et de la qualité de la vie. En effet, SWEAT et al. en 1998 et 2000 utilisant une cohorte de dix mille (10 000) personnes fréquentant le CDV, ont estimé que l'intervention avait permis d'éviter 1104 infections à VIH au Kenya et 985 infections en République Unie de Tanzanie.

Le coût du CDV par client a été de 29 USD en Tanzanie et de 27 USD au Kenya. Le montant par infection évitée a été en moyenne de 346 US Dollars en Tanzanie et de 249 US Dollars au Kenya. (13)

Des études ont montré que lorsque les individus peuvent obtenir les résultats de leur test VIH en quelques heures grâce aux techniques simples/rapides, les taux de fréquentation des centres de dépistage s'améliorent.

En effet, selon le résultat d'une étude réalisée au Malawi par MSOWOYA et al. en 2000 sur la fréquentation des centres de CDV, celle-ci était au départ faible mais a quadruplé quand les tests simples/rapides ont été introduits. (13)

b). Les obstacles liés à la communauté :

De la lecture des ouvrages, il ressort que la stigmatisation/discrimination associées au VIH/SIDA est le seul obstacle lié à la communauté qui explique la faible utilisation des services de CDV.

Ø La stigmatisation plonge ses racines dans le passé. Elle a été décrite comme une caractéristique qui « discrédite significativement» un individu aux yeux des autres. A ce titre, le sociologue américain Erving Goffman soutient que l'individu soumis à la stigmatisation est une personne à l'identité « altérée » qui est « rendue indigne» aux yeux des autres.

Une bonne part de la stigmatisation associée au VIH s'appuie sur des pensées négatives déjà implantées et les renforce.

Les PV/VIH SIDA sont considérées comme celles qui ont mérité ce qui leur arrive car elles ont fait quelque chose de mal. Les hommes infectés peuvent être considérés comme des clients des prostituées, les femmes comme étant de moeurs légères ou comme des prostituées.

La stigmatisation que s'infligent à elles-mêmes les PV/VIH ou la honte qu'elles ressentent lorsqu'elles intériorisent les réactions des autres sont aussi manifestes. Cette forme de stigmatisation peut entraîner la dépression, le repli et des sentiments d'inutilité. Elle réduit au silence des individus et des communautés déjà diminuées et pousse les gens à se sentir responsable de leur situation. (14)

Ø La discrimination, quant à elle se produit lorsqu'on fait une distinction entre des personnes, qui a pour effet que ces individus soient traités de manière inégale et injuste parce qu'ils appartiennent à un groupe particulier. (14)

Ø Les causes de la stigmatisation/discrimination.

Pour l'ONU SIDA, elles sont provoquées par toutes sortes de facteurs notamment une mauvaise compréhension de la maladie. A celle-ci s'ajoutent les mythes concernant la transmission du VIH, les préjugés, l'insuffisance de traitement, le fait que le SIDA soit incurable, les craintes sociales concernant la sexualité, les peurs liées à la maladie et à la mort. (14)

Ø L'impact de la stigmatisation/discrimination sur la prévention.

La stigmatisation/discrimination compromettent l'action de la prévention en ce sens que les gens par crainte d'avoir à les subir, ont peur de connaître leur statut VIH et reculent face à l'adoption des mesures préventives.

Cette crainte de la discrimination empêche les gens de consulter pour bénéficier d'un traitement contre le SIDA. Ils peuvent être dissuadés de recourir aux services de CDV piliers des programmes de prévention, de traitement et de soins. Les PV/VIH peuvent ainsi se retrouver isolées, privées de soins et de l'appui qui pourraient atténuer l'impact de l'épidémie.

L'Association SIDA Info Service a réalisé un sondage du 20 octobre au 07 novembre 2003 auprès de 166 personnes séropositives habitant les régions Iles de France Provence, Alpes-côte d'Azur et Aquitaine en France, et a obtenu les résultats suivants :

La majorité des personnes 63% ont été victimes des discriminations. Dans la moitié des cas, celles-ci sont survenues dans les relations amoureuses (conjoints, partenaires sexuels) soit 50% et amicales 50% des cas. L'environnement familial avec 38,2% et le voisinage 25% des cas sont également évoqués par nombre de personnes qui considèrent que, finalement, dans ce contexte, ne pas dévoiler sa séropositivité demeure la seule solution pour ne pas être rejetées.

C'est le même résultat qui a été obtenu par BAGGALEY et al. En 1998 en Zambie dans une étude où sur 465 jeunes interrogés sur l'intérêt porté au test, la majorité d'entre eux ne tenaient pas à se décider pour le test par crainte d'être séropositifs. (13)

Odette ROUAMBA, dans son étude a montré que 52,7% des enquêtées pensent qu'elles seront rejetées en cas de séropositivité.

Pour elle, la peur du rejet social qui se traduit par la perte du respect dont jouissait le séropositif et même jusqu'à sa mort où il n'aura pas les honneurs dus à une personne de respectable, la perte du foyer conjugal pour les femmes séropositives est l'un des obstacles au test de dépistage. (22)

Nous constatons à la lumière des points de vue les auteurs que nous avons pu consulter que les facteurs pouvant expliquer le faible utilisation des services de CDV du VIH existent et sont variés. Ce sont l'ignorance de l'existence de ces services, leurs avantages, le prix du test, le manque de confidentialité dans les prestations de CDV, Le délai d'obtention des résultats, l'insuffisance de la disponibilité et de l'accessibilité de la prise en charge des PV/VIH/SIDA, la stigmatisation/discrimination associées au VIH/SIDA.

2. 2 .Cadre conceptuel.

La présente étude a besoin de s'appuyer sur une théorie de départ qui va permettre de circonscrire le sujet et d'orienter la collecte des données. A défaut d'un modèle théorique, nous avons élaboré un modèle conceptuel en considérant trois facteurs. Il s'agit principalement des facteurs liés aux personnes exerçant dans le petit commerce, aux services (services de dépistage et de prise en charge du VIH), et à la communauté.

La présence ou non de l'un de ces facteurs pourrait influencer dans un sens comme dans l'autre l'utilisation des services de dépistage par les personnes exerçant dans le petit commerce.

2.2. 1.Facteurs liés aux personnes exerçant dans le petit commerce.

Il s'agit de la connaissance des personnes exerçant dans le petit commerce sur le VIH/SIDA, le test de dépistage volontaire, de leurs opinions et attitudes vis à vis du test de dépistage

2.2. 1. 1. La connaissance.

C'est la faculté d'avoir une idée plus ou moins juste sur quelqu'un ou quelque chose; de savoir de façon plus ou moins précise quelqu'un ou quelque chose. (19)

Si les personnes exerçant dans le petit commerce ont une idée sur le VIH/SIDA, sur l'existence du test de dépistage, et ses avantages, des centres de dépistage (conditions d'accès, localisation), cela pourrait les amener à utiliser le service de dépistage du VIH.

2.2.1. 2. Opinions.

Selon le dictionnaire universel de poche, l'opinion est un jugement personnel, un avis émis sur un sujet. L'opinion publique désigne la manière de penser la plus répandue au sein d'une collectivité.

Les opinions sont, l'ensemble des croyances philosophiques, politiques, religieuses, d'une personne ou d'un groupe.

Ainsi ce que les personnes exerçant dans le petit commerce pensent, entendent dire sur le VIH/SIDA, le test de dépistage, le statut de séropositif va forcement influencer leur désir de faire le test de dépistage.

2.2. 1 .3. Attitudes

Dans les sciences sociales, le terme désigne une disposition profonde durable et d'intensité variable à produire un comportement donné.

Elle implique un état dans lequel l'individu est prêt d'une certaine manière à une certaine stimulation. Elle n'est pas innée, elle est construite à partir de la perception de l'objet en cause laquelle perception peut être directe ou mentale. L'utilisation du service de dépistage est fonction de l'attitude des personnes exerçant dans le petit commerce face au test et à l'infection à VIH.

2.2;2. Facteurs liés aux services de dépistage.

Il s'agit de la sensibilisation, du coût des prestations, des exigences du fonctionnement, de la prise en compte des personnes exerçant dans le petit commerce dans les plans d'action, de la confidentialité du processus du dépistage et des types de tests utilisés dans le cadre du dépistage du VIH.

2.2 2. 1. La sensibilisation :

C'est une stratégie de communication qui consiste à apporter des messages à une ou plusieurs personnes afin de (l') ou les amener à changer d'attitude face à une situation.

Elle est la principale action de lutte contre la stigmatisation/discrimination associées au VIH/SIDA.

La sensibilisation à travers des campagnes d'information du public devra avoir pour but de susciter une compréhension précise de l'infection à VIH : modes de transmission, méthodes de prévention et évolution.

Une implication des personnes vivant avec le VIH aidera les individus à comprendre qu'il est possible de vivre avec le VIH. De plus ces campagnes devront faire savoir aux communautés que le SIDA se soigne et les mettre au courant des progrès scientifiques dans ce domaine.

De ce fait, si les personnes exerçant dans le petit commerce sont sensibilisées sur le VIH / SIDA et le test de dépistage volontaire du VIH, leur attitude face à ces derniers pourrait changer et elles pourraient ainsi accepter d'utiliser les services de dépistage du VIH.

2.2. 2. 2. Le coût des prestations.

La plupart des centres de dépistage offrent des prestations payantes, si les personnes exerçant dans le petit commerce pensent qu'elles n'ont pas les ressources nécessaires pour payer ces prestations, cela peut réduire leur accès au test de dépistage.

2.2 .2. 3. Les exigences de fonctionnement.

Le fonctionnement des centres de conseil dépistage volontaire est organisé d'une certaine manière qu'il peut imposer des contraintes notamment les jours et heures d'ouverture aux utilisateurs. Si les personnes qui exercent dans le petit commerce n'arrivent pas à se conformer à ce mode de fonctionnement, leur accès au test de dépistage peut être réduit.

2.2.2. 4. La planification des activités.

Pour être conforme aux principes de base de la gestion, toute action doit être planifiée. (19)

Ainsi la planification des activités des centres de dépistage prenant en compte les personnes exerçant dans le petit commerce pourrait faciliter leur accès au test de dépistage.

2.2.2. 5. La confidentialité.

Pour que les services de conseil dépistage volontaire et anonyme soient acceptés, il faut garantir la confidentialité. Si les personnes exerçant dans le petit commerce pensent que le résultat de leur test sera porté à la connaissance des autres personnes à leur insu, elles ne vont pas utiliser les services de CDV du VIH.

En conséquence il faut mettre en place un système pour éviter des entorses à la confidentialité afin de permettre une meilleure utilisation de ces services.

2.2.2. 6. Le délai d'obtention du résultat du test de dépistage.

Le délai d'attente pour l'obtention des résultats d'un test de dépistage est à l'heure actuelle de trois (03) jours. Cependant il existe des types de tests permettant d'obtenir le résultat le même jour en quelques heures. Ce sont les tests dits simples / rapides.

L'option pour l'un ou l'autre type de test peut influencer l'utilisation des services de dépistage des personnes exerçant dans le petit commerce.

2.2.3. Facteurs liés aux services de prise en charge.

La connaissance de l'existence de la prise en charge, notamment en ce qui concerne les médicaments anti-rétro viraux (ARV) et des infections opportunistes leur disponibilité et accessibilité sont des éléments qui pourraient influencer l'utilisation du service de dépistage par les personnes exerçant dans le petit commerce, car plus elles savent qu'elles pourraient accéder facilement à la prise en charge plus elles seront disposées à utiliser le service.

2.2 .4. Facteurs liés à la communauté : stigmatisation/discrimination associées au VIH.

Il s'agit principalement de l'existence des personnes ayant été victimes de la stigmatisation / discrimination à cause de leur statut de séropositif ou de malade de SIDA. Si les personnes exerçant dans le petit commerce ont déjà vu des personnes qui ont été rejetées parce qu'elles portent en elles le virus du SIDA cela peut les conduire à ne pas utiliser les services de dépistage par crainte de subir le même sort si leur résultat s'avérait positif.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo