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La coopération commerciale entre la Chine populaire et le Tchad: enjeux et perspective

( Télécharger le fichier original )
par Deli Laika Kalcheckbe Innocent
Université Yaoundé II SOA - DESS en Politique et Négociations commerciales, multilaterales 2008
  

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B- La structure du commerce extérieur du Tchad depuis 2006

La structure reste inchangée jusqu'à nos jours, ses exportations se basent toujours sur trois (3) produits primaires : le pétrole (85,7% des exportations nationales), le bétail (7,4 % des exportations nationales), le coton fibre (2%) et dans une moindre mesure la gomme arabique et les autres produits agricoles dans la sous-région et le reste du monde. Bref sa consommation dépend de plus en plus de l'extérieur.

1. Nature des produits échangés

Il s'agit dans cette partie de voir la nature des produits importés et les produits exportés.

1.1- Nature des produits exportés

Pays essentiellement importateur de par son enclavement géographique, le Tchad regorge pourtant d'un potentiel indéniable à l'exportation. Les principaux produits à l'exportation susceptibles de connaître un potentiel accroissement sont notamment la gomme arabique et le bétail. En ce qui concerne la gomme arabique dont le Tchad figure en deuxième position des pays producteurs derrière le Soudan, les perspectives sont réjouissantes.

Aujourd'hui, le Tchad continue à exporter du bétail en raison des vastes pâturages dont bénéficie exceptionnellement ce pays, ainsi que d'autres produits tel que les peaux, du niébé, les oignons. Le tableau ci-dessous nous montre l'évolution des exportations du Tchad de 2006-2008.

Tableau 3 : Evolution des exportations du Tchad de (2006-2008).

Années(en milliards de FCEA

2006

2007

2008

Bétail

267

264

272

Coton

44

36

41

Gomme arabique

14

15

15

Autres

51

56

63

Total des exportations hors pétrole

376

371

391

Tableau 4 : Evaluation des exportations en pourcentage % (2006-2008)

 

2006

2007

2008

Bétail

71

71

70

Coton

11

10

10

Gomme arabique

4

4

4

Autres

14

15

16

Total

100

100

100

Source: Autorités tchadiennes, base de données des Perspectives de l'économie mondiale du FMI. Rapport février 2009 :

Les volumes d'exportations ont progressé pendant quelques années mais ont ensuite reculé (voir Tableau 5&6). En termes de PIB, les exportations non pétrolières atteignaient environ le niveau de 20% en 1994 et 19% en 2008. Le bétail et le coton sont les principaux produits d'exportation non pétroliers du Tchad. L'importance relative du coton est en baisse alors que celle de la gomme arabique est en net progression.

Quant au bétail dont le Tchad peut se targuer d'être le premier producteur dans la sous région CEMAC, il suffirait de maîtriser le circuit de commercialisation qui échappe, pour

22

l'heure, en grande partie aux statistiques commerciales. Qu'à cela ne tienne selon notre analyse, le secteur de l'élevage a un fort potentiel d'exportation dans l'avenir. A ces produits d'exportations s'ajoutent aussi l'arachide, les peaux de bête et la cigarette.

Il convient aussi de ne pas perdre de vue que depuis octobre 2003, le Tchad a fait son entrée dans le cercle des pays exportateurs du pétrole. Sa production qui d'après les experts durera environ 30 ans, est estimée à 80 millions de barils par an à partir de 2009. L'exportation commerciale des gisements pétroliers de Doba dans le sud du pays à partir des années 2003 a un impact profond sur la vie économique.

Les activités commerciales sont supposées endogènes et fortement déterminées par la conjoncture générale, qui dépend essentiellement de la production agricole et des prix payés aux producteurs du coton. Le coton constitue une source marginale de revenu pour l'Etat, dans la mesure où les coûts de transport vers le port de Douala sont assez élevés réduisant fortement la compétitivité du coton tchadien. Une taxe trop importante à l'exportation mettrait en péril l'équilibre de la filière. La filière du coton est en repli (-50% de la production en deux ans) ; elle pourrait être mieux soutenue, notamment en raison du facteur d'équilibre social qu'elle représente dans le sud du pays.

2.1- Nature des produits importés

Comme dans les années 2004 et 2005, les importations en combustibles minéraux, huiles minérales constituent la part la plus importante du total des importations. Elles représentent 13 % de l'ensemble des importations en 2006-2008 en moyenne et sont évaluées à plus de 70 milliards de Fcfa dont 64% concernent le seul produit gaz oïl dont la facture s'est élevée à plus de 44 milliards de FCFA.

Les produits sucriers secondent l'énergie avec une part de 11% de l'ensemble des importations en 2006, soit environ 60 milliards de FCFA.

Viennent ensuite par ordre d'importance les Machines, appareils et matériels électriques (9%), les Réacteurs nucléaires, chaudières, machines (9%), les automobiles, tracteurs, cycles et autres véhicules (4%), les Matières plastiques et ouvrages en ces matières (3%), la navigation aérienne ou spatiale (2%), les produits pharmaceutiques (2%).

14% 13% 2006-2008

12%

10%

4%

2%

8%

6%

0%

11%10%

9% 9%

5% 5%

4% 3%

2% 2%

Sucres et sucreries

Energie

V Ouvrages en fonte, fer ou acier

Machines, electriques

Reacteurs

icleaires, chaudieres, machines automobiles, tracteurs, cycles

et autres veh

de la minoterie, malt, amidons

et fecules

Sel, soufre, terres et

arres, platres, chaux et ciments ; plastiques et ouvrages en ces

matieres

Produits pharmaceutiques Navigation aerienne ou spatiale

Source : INSEED


·


·

Graphique 2 : Principaux groupes de produits importés de 2006 à 2008

Une analyse détaillée des importations révèle que les produits gaz oïl, sucre raffiné, matériels, médicaments, farine de froment sont les plus importants à avoir été importés entre 2006 à 2008 en moyenne.

La grosse facture que présentent les importations en sucre peut en effet susciter quelques inquiétudes par rapport à la capacité de la production locale en sucre par la Compagnie sucrière du Tchad (CST) pour répondre à la demande locale ou au niveau des prix pratiqués qui pousseraient les consommateurs vers des sucres d'origine étrangère.

Par contre, la future réalisation d'un projet de raffinerie pétrolière et la cimenterie au Tchad pourraient contribuer significativement à alléger la charge afférente aux importations en produits énergétiques et en ciment.

24

2- Orientation géographique des échanges du Tchad depuis 2006 Il est question de voir les clients et les fournisseurs du Tchad.

2.1- Clients du Tchad (voir annexe 1 tableau 1)

Comme en 2005, les principaux pays destinataires des produits d'exportation hors pétrole du Tchad sont par ordre d'importance la France (37%), le Nigeria (31%) et le Soudan (15%) en moyenne dans les années 2006-2008.

Le Nigeria achète principalement le bétail (80% de l'ensemble de ses achats au Tchad), le coton (10%) tandis que la France importe du Tchad le coton (71% de ses importations du Tchad), les moyens roulants (9%) et la gomme arabique (3%). Le Tchad alimente le Soudan qui est le troisième plus grand importateur des produits tchadiens en produits alimentaires. En effet, la farine de maïs constitue environ 100% de l'ensemble des importations soudanaises du Tchad.

Le Cameroun qui est le premier pays fournisseur du Tchad en 2006 ne se trouve qu'au septième rang des pays destinataires des produits tchadiens. Il en est de même pour les EtatsUnis, premier pays producteur des produits d'origine importés au Tchad qui se trouve au sixième rang des pays destinataires des produits tchadiens hors pétrole. Ce déséquilibre commercial appelle une réflexion pour en comprendre les déterminants.

Le Cameroun achète essentiellement au Tchad les arachides (33%), le bétail (5%) et les gommes arabiques (4%).Le pétrole brut est exporté exclusivement vers les Etats-Unis.

En termes de balance commerciale c'est grâce à l'exploitation du pétrole que le Tchad comptabilise une balance commerciale positive. Mais s'il ne faut tenir compte que des produits hors pétrole, sa balance commerciale est nettement déficitaire, ce qui veut dire qu'il dépend toujours du monde extérieur jusqu'à nos jours.

2.2-Fournisseurs du Tchad

Le Cameroun et les Etats Unis continuent d'être en tête des pays qui alimentent le Tchad depuis 2006. Le Tchad a importé de ces deux pays pour plus de 210 milliards de FCFA Ils sont suivis par la France (80 milliards de FCFA) et le Nigeria (68 milliards de FCFA) (voir graphique 3).

Les principaux continents d'où viennent les importations du Tchad sont par ordre d'importance l'Afrique (179 milliards de FCFA), l'Amérique (178 milliards de FCFA), l'Europe (135 milliards FCFA) (voir graphique 3). Toutefois, en soustrayant les importations

du sucre et des hydrocarbures, les importations du Tchad du continent africain deviennent insignifiantes et le continent ne viendra qu'au troisième rang après l'Amériques et l'Europe.

CAMEROUN

Etats-Unis

FRANCE

NIGERIA

DIVERS NON
DENOMME

BRESIL

Union
Europeenne
CHINE
POPULAI RE

CONGO

Emirats Arabes
Unis

JAPON

AFRIQUE DU
SUD

PAYS

INDETERMINE BELGIQUELuxembourg

AUTRES

valeur (en millions de FCFA)

106 382

104 213

80 664

68 170

18 994 15 958 14 953

23 961 18 066

14 984

12 099

11 000

9 046

8 213

50 117

source : INSEED du Tchad et autorité tchadienne.

Graphique 3 : Origine des importations depuis 2006

179 298 178 087

135 631

EUROPE

AFRIQUE

AMERIQUE

29 733

ASIE

AUSTRALIE
OCEANI E

1 064

33 009

AUTRES

source : INSEED du Tchad et l'autorité tchadienne

Graphique 4 : Continents d'origine des importations depuis 2006

L'analyse des importations par pays d'origine indique que le Cameroun alimente le Tchad essentiellement en sucre raffinés (33%), Gazoles (16%), ciments (8%) et savons (6%).

26

Ces trois produits représentent plus de 60% de l'ensemble des importations des produits d'origine camerounaise vers le Tchad depuis 2006.

Les importations des produits d'origine américaine depuis 2006 portent essentiellement sur les matériels d'équipements et précisément, les outils d'exploration pétrolière ou de forage. Ces produits représentent plus de 30 % de l'ensemble des importations d'origine américaine en moyenne entre 2006-2008.

Les importations des produits d'origine françaises depuis 2006 ont porté essentiellement sur la farine de froment (13%), avions ou hélicoptères (12%), véhicules (4%), Médicaments (3%).

Quant au Nigeria, plus de 50% des produits importés (en valeur) concernent les hydrocarbures, montrant à quel niveau le Tchad est dépendant de ce pays en matière énergétique.

Sous l'angle des regroupements économiques, l'Union Européenne (100 milliards de FCFA) alimente le Tchad plus que la zone CEMAC (87 milliards de FCFA). Elle alimente le Tchad principalement en produits agro-alimentaires dont la farine de froment, les produits électroménagers tandis que la CEMAC alimente le Tchad en sucre, savons, boissons et autres (voir annexe 1 graphique 1).

Tableau 5 : la balance commerciale du Tchad de 1970-2005 (en milliards de Fcfa)

Années

1970-

1975

1976-

1980

1981-

1986

1987-

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

Exportations

19

24

36

38

50

53

55

48

43

75

Importations

24

32

48

67,96

70,45

64,32

58,24

117,7

114,5

131,1

Balance commerciale

-5

-8

-12

-29,96

-

20,45

-

11,32

-3,24

-69,7

-71,5

-56,1

Source : rapport de banque de France pour la zone franc de 1980, 1985, 1990, 2005 et INSEED

De l'année 1995 à 2005

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

X

168

152

182

212

172

197

240

242

517

1761,4

2278,5

312,52

270

307

341

379

375

421

637

901

778

744

825

319,35

-102

-155

-159

-167

-203

-224

-397

-659

-261

1017,4

1453,5

-6,83

Source : rapport de banque de France pour la zone franc de 1980, 1985, 1990, 2005 et INSEED ; X= moyenne

En somme on constate la dépendance du Tchad de ses importations par rapport à ses exportations ce qui entraine un déficit de sa balance commerciale de 1972-2003. C'est avec l'exploitation du pétrole que sa balance commerciale devient positive, sa structure commerciale se dégrade au fur et à mesure du fait de manque d'une politique d'industrialisation. Mais le Tchad est toujours dépendant des importations.

SECTION II : LES EFFETS SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DU
TCHAD

Les théories du commerce considèrent le commerce international comme facteur important dans la croissance économique d'un pays. Dans cette section, nous allons montrer le fondement (A) et les avantages de modes d'insertion du Tchad (B).

A- FONDEMENT DU COMMERCE DU TCHAD

Le Tchad comme la plupart des autres pays africains exportent principalement les matières premières. Certains pays comme le Tchad sont fortement tributaire d'un nombre restreint de produits d'exportation qui sont généralement retravaillés à l'étranger (tel que le coton, la gomme arabique, pétrole brute...), si bien que la valeur ajoutée locale reste faible ainsi la faible part de l'Afrique dans le commerce mondial est due à la structure et la nature des biens qu'elle exporte. C'est essentiellement des matières premières issues de l'industrie extractive et des produits agricoles qui ne peuvent pousser que sous le climat tropical humide comme le café, le cacao, huile de palme, la canne à sucre et le coton.

B- AVANTAGES DES PAYS DANS LA SPECIALISATION DU COMMERCE DE PRODUITS PRIMAIRES

La croissance fondée sur les produits primaires offre trois (3) catégories d'avantages, en améliorant l'emploi des facteurs de production disponible, en étendant les dotations de facteurs et en assurant des effets de liaison.

1- Amélioration de l'emploi des facteurs

Le modèle statique portant sur les apports des échanges partent d'un pays fermé au commerce international et montrent les effets de son ouverture commerciale. Les échanges assurent une exploitation plus intensive du facteur de production abondant. Le pays qui, à l'inverse possède des ressources inexploitées avant son ouverture commerciale peut tirer des profits encore plus substantiels des échanges et ses échanges pourront stimuler l'économie de

28

manière à assurer le plein emploi de tous les facteurs de production. De ce fait, le pays, opte pour l'accroissement de la production de l'un et l'autre bien. (Michael Roemer et al, 1998)

L'économiste Briman Hla Myin en 1959 a observé que les régions d'Afrique et d'Asie soumises à la colonisation européenne ont pu grâce à l'expansion du commerce international qui en résulte, assurer un emploi plus intensif de leur sol ou de leur actif pour produire des produits alimentaires (le riz, le cacao et l'huile de palme) pour les exportations. Myint (1959) applique à ces exemples l'expression d'Adam Smith, le potentiel de surplus de production, notion qui implique qu'une partie du sol ou d'actif sont oisifs avant les échanges et que ceuxci permettent aux pays concernés d'exploiter plus intensivement leurs terres et leurs actifs.

2- Expansion des dotations des facteurs

Une fois mis en évidence, le potentiel de rentabilité de l'agriculture tropicale ou des ressources naturelles, les investisseurs étrangers s'intéresseront probablement au pays d'abord pour exploiter l'avantage comparatif et pour s'implanter peut-être en fin de compte dans d'autres secteurs.

L'afflux des investisseurs étrangers a constitué un processus classique dans les industries exportatrices des produits minéraux et dans beaucoup de secteurs de production tropicale où l'agriculture de plantation était la norme : ESSO au Tchad, CONOCO n'offrent que quelques-uns des cas les plus visibles sur une masse d'exemples.

L'apparition de nouveaux secteurs d'exportation aura également des chances d'ouvrir, dans les activités exportatrices ou dans des industries connexes, de nouveaux créneaux d'investissement rentables que les capitaux étrangers n'occuperont pas intégralement. Ces créneaux représentent une ouverture vers l'extérieur de la demande de financement internes et ils doivent encourager un développement de l'offre et par la suite des investissements dans l'économie.

C'est dire que l'expansion des créneaux commerciaux des produits primaires peut entraîner l'accroissement de l'offre d'investissement étrangers et le financement interne de main d'oeuvre ainsi que du personnel qualifié. Ces investissements permettront de compléter les facteurs de production fixés (terre et ressources naturelle) Roemer (1998)

Outre cette aide économique progressive vers sa limite de production il s'en suit que les échanges peuvent également élargir la frontière vers l'extérieur et permettra à l'économie de produire tous les biens en plus grande quantité qu'avant.

3- Les effets de liaison

La notion d'une croissance fondée sur l'exportation suppose en effet une stimulation pour d'autres secteurs d'activités apparemment stagnants. En occurrence, l'industrie textile peut permettre d'illustrer dans le cas sa création d'une demande suffisante pour un facteur de production (coton ou colorant). Ce qui permettra de stimuler la production nationale de celleci. Hirschman (1958) nomme cet effet de stimulation par l'expression « liaison en amont »

Les liaisons en amont sont particulièrement efficaces quand le secteur d'activité bénéficiaire atteint une dimension telle que les industries qui l'approvisionnent peuvent réaliser leurs propres économies d'échelle. Cela permettra de réduire leurs coûts de production et d'augmenter leur compétitivité sur le marché interne, voire à l'exportation. Trois conditions peuvent favoriser ce type de liaison :

- La production devra, au départ, s'effectuer dans de petites unités faisant appel à des techniques simples, ce qui donnera à l'industrie d'équipement naissante la possibilité de maîtriser les techniques de fabrications et d'apprendre le métier par production répétitive ;

- L'industrie exportatrice devra connaitre une croissance régulière au fil des années, ce qui ouvrira à ses fournisseurs les perspectives d'un marché constant ;

- De plus, elle devra posséder une dimension suffisante pour permettre aux fabricants de matériel de réaliser en fin de compte des économies d'échelle.

Ces conditions peuvent l'être dans plusieurs activités agricoles mais ce n'est généralement pas le cas du secteur minier.

Les secteurs d'exportations des produits primaires peuvent également encourager dans le pays, l'essor des entreprises et du personnel qualifié. La liaison peut être aussi fiscale.

La liaison fiscale offre de meilleur exemple dans les secteurs pétrolier (cas du Tchad) et minier ainsi que pour certaines cultures agricoles traditionnelles. Les pouvoirs publics peuvent s'accaparer sous forme de taxes ou dividendes, une proportion important de rente tirée de ces exportations et affecter les recettes au financement du développement d'autres secteurs.

A l'évidence, le gouvernement qui bénéficie de ce type de revenus est en meilleure posture que celui qui n'en a pas. Mais l'efficacité avec laquelle ces recettes stimulent un

30

développement autonome du reste de l'économie dépend, au plus haut point des types de programme et d'intervention entrepris par les pouvoirs publics (Baldwin, 1966).

Mais tous ses effets positifs citer ci-dessus ne se fait pas sentir au niveau des principaux indicateurs de croissance économique du Tchad. Le PIB du Tchad n'a augmenté que de 0,2% en 2008 en raison de la performance médiocre du secteur pétrolier et des conflits persistants entre les forces gouvernementales et les groupes de rebelles. Le fléchissement de la demande et des cours mondiaux de pétrole ont conduit à une récession en 2009 qui pourrait se résorber en 2010.

Le Tchad a engagé un processus de privatisation afin d'améliorer l'ensemble de son économie. Ainsi en 2008, le Tchad a adopté avec le FMI une nouvelle Stratégie nationale de réduction de la pauvreté (SNRP II), établissant un programme de réformes structurelles pour 2008-11. L'accent est mis sur une politique fiscale soutenable et une dépense raisonnée des revenus pétroliers pour promouvoir la diversification économique.

Le Tchad est un des pays les plus pauvres du monde. L'espérance de vie à la naissance est de 51 ans seulement, la malnutrition touche un tiers des enfants de moins de 5 ans, le niveau d'éducation est faible. Aux trois-quarts rural, supportant de fortes disparités de développement entre les villes et les campagnes, le Tchad est un pays aux déficiences structurelles réelles. La faiblesse de son PIB par habitant et de son IDH (170ème/179) vérifie l'hypothèse d'une économie fragile.

Tableau 6 : Les indicateurs de la croissance du Tchad

Indicateurs de croissance

2008

2009

2010

2011

2012

PIB (milliards USD)

8,39

6,85

7,98e

8,47

9,11e

PIB (croissance annuelle en %, prix constant)

-0,4

-1,6e

4,4

3,9e

5,5e

PIB par habitant (USD)

862

687e

780

809

848

Taux d'inflation (%)

8,3

10,1

6,0

3,0e

3,0e

Balance des transactions
courantes (en % du PIB)

-13,7e

-32,5

-29,7e

-26,3

-7,4e

Source : FMI - World Economic Outlook Database (pour plus de détail voir annexe 7) Note : (e) Donnée estimé

Il était question pour nous dans ce chapitre de présenter les effets de la coopération du Tchad avec ses partenaires. Pour tirer le rideau sur le commerce extérieur au Tchad, il en résulte qu'il est soumis traditionnellement à la logique de la répartition sectorielle des branches d'activité où le secteur primaire occupe une place prépondérante dans la structure des exportations. Notamment le commerce du coton et du bétail est resté jusqu'à la veille de la mise en oeuvre du projet d'exploitation des champs pétroliers de Doba la manne nourricière de l'économie tchadienne dont l'exportation a changé ce schéma classique depuis 2003. Ainsi, le pétrole acquiert une primauté dans les postes d'exportation, comptant désormais pour près de 90% des recettes d'exportation. De plus, les importations ont vu leur rythme évoluer surtout pendant la phase d'installation sur le sol tchadien des sociétés pétrolières et des différents partenaires. Il est vrai que le pétrole tchadien a contribué à adopter une nouvelle lecture du commerce extérieur, mais ne perdons pas surtout de vue le fait que le commerce extérieur tchadien rencontre des difficultés depuis quelques années. Il s'avère primordial d'adapter des politiques tant préventives que curatives de part et d'autre part voir les limites de cette politique basée sur l'exportation des produits primaires.

CHAPITRE II :
LIMITES DELA COOPERATION COMMERCIALE DU TCHAD
AVEC SES PARTENAIRES TRADITIONNELS

32

Le commerce est une activité économique au cours de laquelle s'effectuent des opérations de vente et/ou d'achat d'une marchandise. Quant au commerce international c'est l'ensemble des échanges internationaux de biens et services.

Tout pays commerce avec le reste du monde. La nature de ces échanges et le type de marchandise qu'un pays exporte vers les autres jouent un rôle capital dans la détermination du caractère du développement.

Dans ce chapitre nous allons analyser les limites relatives à la production et à l'exportation des matières premières (section I) et par la suite nous nous intéresserons aux limites spécifiques liées à la production et l'exportation pétrolière (section II).

SECTION I : LIMITES LIEES A LA PRODUCTION ET A L'EXPORTATION
DES MATIERES PREMIERES

Dans cette section nous verrons les limites liées à la croissance fondée sur l'exploitation des produits primaires d'une part et la dépendance du Tchad vis-à-vis de certains pays d'autre part.

A- LIMITES LIEES A LA CROISSANCE FONDEE SUR L'EXPORTATION DES PRODUITS PRIMAIRES

Les variations des prix des produits exportés et importés ainsi que celles du volume et de la composition des échanges ont des incidences sur les gains qu'un pays peut tirer du commerce international.

Dans la présente partie, nous allons mettre en évidence les effets de la détérioration des termes de l'échange, la croissance léthargique de la demande et la fluctuation des recettes d'exploitation.

1- Détérioration des termes de l'échange

En économie internationale, les termes de l'échange représentent le rapport de l'indice des prix à l'exportation à l'indice des prix à l'importation. L'importance de la notion de terme de l'échange est admise depuis longtemps dans la théorie du commerce international (Benham, 1940). Au départ, dans le cas des pays en développement, il s'agissait essentiellement d'étudier les variations des prix des produits primaires à ceux des produits manufacturés.

Ainsi, Samuel Longfield indique en 1835 comment les termes de l'échange peuvent varier en fonction de la demande des importations d'un pays. James Pennington (1840) montre que le domaine de variation des termes de l'échange est borné par les rapports entre les coûts relatifs de production, qui servent à calculer l'avantage comparatif. Les travaux de Prebish (1950, 1952) et Singer (1950) ont élargi le débat. Ils ont été appuyés par des recherches empiriques qui ont débouché sur ce qu'on appelle couramment la thèse de Prebish et Singer (1950) du déclin séculaire des termes de l'échange des produits primaires par rapport aux produits manufacturés (dégradation des termes de l'échange).

La dégradation des termes de l'échange est une thèse employée pour exprimer des situations de baisse inéluctable des prix des produits des pays du sud face à ceux des pays du nord, ou plus objectivement et précisément entre les produits industrialisés et les produits des pays du tiers-monde.

La dégradation des termes de l'échange des produits primaires bousculait également l'idée des classiques que sur le long terme, le prix de ces biens avait tendance à monter relativement à celui des biens industriels à cause de la rareté naturelle des ressources du sol. Un grand nombre de PVD et PMA particulièrement ceux d'Afrique, sont encore très tributaires de l'exportation de produits primaires et leurs termes de l'échange sont toujours étroitement liés aux prix relatifs des produits primaires et des produits manufacturés (CNUCED, 2003).

Pour Raoul Prebish (1950) et Hans Singer (1950), les effets du progrès technique sont dissemblables dans les pays industriels et dans les PVD et PMA sur le prix des produits à cause du mode de détermination de prix des facteurs : dans les premiers, les structures de marché sont moins concurrentielles que dans les seconds, si bien que les prix ne baissent pas dans la même proportion.

34

Singer (1950, 312p) ajoute des explications sur la demande en soulignant la faibleélasticité-revenu des produits primaires : la demande des produits alimentaires augmente moins vite que le revenu ; avec le progrès technique, l'absorption de matières premières par unité de produits industriel tend à se réduire. La détérioration des termes de l'échange a été aggravée par la protection du secteur primaire dans les pays développés (cas des termes de l'échange des exportations de coton des pays tels que le Benin, le Tchad et le Burkina Faso)9.

D'autre part, la croissance des pays en développement dépend en grande partie de mesure de l'importation des produits manufacturés (essentiellement des biens d'équipement) nécessaires à la création ou l'expansion des capacités de production et des infrastructures. Si de nombreux pays en développement ayant des ressources naturelles similaires cherchent simultanément à accroître leurs exportations de produits primaires pour financer l'importation de produits manufacturés, cela tend à faire baisser les prix des produits primaires (CNUCED, 2002).

Le déclin du prix des produits manufacturés à faible intensité de compétences est généralement accompagné d'une forte croissance du volume des exportations, alors que dans le cas des produits primaires le volume des exportations stagne parce que l'élasticité-prix de la demande est très faible.

La dégradation des termes de l'échange est affaire de produits. Par ailleurs les produits de base souffrent d'une infériorité fondamentale par rapport aux biens manufacturés au regard de la demande. Côté offre, les producteurs peuvent réagir à la baisse des prix en augmentant les volumes des produits pour maintenir leur revenu, ce qui tend à déprimer les cours.

Au XXe siècle, cette dégradation était devenue de plus en plus défavorable pour les pays du sud. Cette thèse est liée à la théorie de la dépendance.

2- Croissance léthargique de la demande

Dans un monde à la croissance équilibrée, les exportations de produits primaires pourraient s'attendre à ce que leurs ventes à l'étranger croissent au même rythme que les revenus nationaux des importateurs de ces produits et à ce qu'il en aille de même pour leurs propres revenus. L'accélération de la croissance des revenus des exportations de produits primaires impliquerait des évolutions structurelles, telle la substitution des importations.

9 Rapport sur le commerce et le développement, 2005

Toutefois, le monde ne connaît pas un équilibre de ce type, et les économistes peu convaincus du potentiel des exportations de produits primaires ont fait état de mutations structurelles dans le monde industriel qui semblent condamner les exportations de produits primaires à une croissance plus lente que celle des revenus du monde industriel. En outre, l'évolution technique dans l'industrie manufacturière va à l'encontre de la consommation de matières premières, les producteurs s'attachant à réduire leurs coûts en élevant le rendement des produits finis obtenus à partir d'un apport en matières premières donné. Exemples : les métiers à tisser modernes gaspillent moins de filets de coton et utilisent davantage de fibres synthétiques, les tuyaux en plastique remplacent les tubes de fer ou de cuivre etc. l'innovation technologique ou les fortes élasticités de la demande par rapport au revenu-facteurs précisément invoqués à l'encontre des exportations de matières premières ont donné une forte impulsion à la demande de pétrole, de caoutchouc, de cuivre, d'aluminium, de l'huile végétales etc.

3- Fluctuation des recettes

Il est couramment admis que l'instabilité des recettes d'exportation qui se transmet à l'économie intérieure, provoque l'instabilité de la demande interne et augmente les risques de l'investissement. Dés lors, les fluctuations de la demande interne, associées à un approvisionnement incertain en matériaux importés, décourageront les investisseurs et réduiront la croissance économique. Les variations des exportations risquent également de brouiller les signaux envoyés par les prix relatifs, ce qui met les investisseurs dans l'incapacité de choisir les implantations les plus rentables. Ce brouillage des signaux élève le rapport capital-production et diminue le taux de croissance pour tout niveau donné d'investissement.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon