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Quelle stratégie numérique pour les éditeurs de livres ?

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par Patricia Gendrey
Institut Léonard de Vinci - MBA marketing et commerce sur internet 2011
  

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Section 3 : Le rôle de l'éditeur

Sous-section 1. Les moyens de trouver et d'organiser l'information

La révolution numérique ne bouleverse pas seulement les relations entre les différents acteurs de la chaîne, elle donne les moyens à tous, grâce à la démocratisation des outils de production et de distribution, de publier. C'est l'avènement de la génération nobody. La star peut être vous, quelque soit vos talents et vos qualités morales. A l'instar des émissions de téléréalité qui donnent l'opportunité à <<la fille du coin de la rue» de devenir célèbre, la digitalisation de la société donne à tous les moyens de se faire connaître auprès du monde. Le web 2.0 est l'outil de scénarisation de monsieur personne. Il annonce sur Facebook qu'actuellement il est dans le train, rend public les photos de son chien sur Flickr et dépose sur Youtube la vidéo d'une soirée trop arrosée. Lui aussi peut devenir une star, il peut enfin exister aux yeux de tous et les plates-formes de partage de contenus lui en donnent l'opportunité.

Par conséquent, le public est noyé d'informations de qualités diverses. Chris Anderson, dans son célèbre ouvrage << La longue traîne »73 définit deux règles : Make everything available (rendre tout disponible) et Help me find it (aidez moi à le trouver). Cette surproduction induite renverse la relation entre l'offre et la demande, modifiant ainsi ce qui est à la base de l'économie de marché, la rareté. La surabondance d'offre de biens informationnels rend la demande rare, et par conséquent sa valeur, conduisant les éditeurs à s'interroger sur la question de savoir si l'ensemble des contenus ne finiront pas à terme par devenir gratuits. Tendance induite par le web, mais modérée avec l'explosion du marché des applications.

La profusion de contenu oblige les éditeurs à mettre en oeuvre des stratégies marketing destinées à capter l'attention de la cible et devrait ouvrir la voie à la création de sociétés qui mettraient à disposition du public des outils permettant de faire la part des informations pertinentes et non pertinentes. Google répond en partie à cette problématique en <<vendant de l'attention» aux éditeurs et en permettant aux consommateurs d'accéder au contenu en fonction de sa pertinence. Toutefois, les moteurs de recherche tels que nous les connaissons ne suffisent pas à satisfaire ce besoin. Il est, par exemple, très difficile de s'y retrouver dans le capharnaüm des applications distribuées sur l'Apple Store. Certains éditeurs s'organisent, comme Hachette , en créant avec Myboox un réseau communautaire jouant le rôle de prescripteur, mais aussi en développant un module <<My boox affinité» - ayant pour base line <<j'ai rencontré un livre»- qui, en fonction de la typologie de l'internaute, fournit des conseils de lecture.

Sous-section 2 : Le devenir de l'éditeur

On peut se poser aujourd'hui la question, à l'instar de Matt Shatz - Directeur de la stratégie pour les contenus chez Nokia - : <<Les auteurs ont-ils encore réellement besoin des éditeurs ?»

73 La longue traîne : la nouvelle économie est là, Chris Anderson, Pearson, avril 2009

Matt Shatz affirme que le rôle de l'éditeur est affecté par ce qui hier faisait sa valeur ajoutée : la coordination de la fabrication du livre papier ou ses relations avec les libraires, n'a plus d'intérêt dans l'ère numérique. Il y a, dit l'auteur de cet article, quelques signes avantcoureurs de l'érosion de la position dominante des éditeurs. Ainsi, l'éditeur Random House annonçait récemment qu'il souhaitait sous-louer 30 % de la surface de son siège social à Manhattan. De même, Seth Godin, ancien responsable du marketing chez Yahoo et auteur de plusieurs livres à succès, a passé un accord avec Amazon pour vendre ses livres en direct.

Cette bataille qui consiste à devenir l'intermédiaire principal entre l'auteur et les lecteurs est composée de trois acteurs : agents, éditeurs et distributeurs. Les agents ont certes une relation privilégiée avec les auteurs, mais ne possèdent pas l'infrastructure pour mettre en oeuvre une politique commerciale et marketing satisfaisante. Matt Shatz estime que les mieux placés sont les distributeurs parce qu'ils sont directement en contact avec le consommateur et peuvent déployer de façon efficace des outils de marketing relationnel, ce qui n'est pas le cas de l'éditeur. L'analyste Marianne Wolk estime qu'Amazon, Apple et Google vendent en cumulé aujourd'hui 40 à 50 % des livres électroniques. L'enjeu est donc de casser cet oligopole à trois têtes, afin d'éviter que ces acteurs dictent les lois du marché.

Matt Shatz pense qu'il est temps pour les éditeurs de chercher à recréer dans le monde numérique les forces qu'ils avaient en marketing traditionnel, afin que les auteurs soient convaincus que passer par une maison d'édition permet d'atteindre la plus large audience et de vendre plus de livres. L'éditeur dispose pourtant d'un avantage considérable, c'est la maîtrise des métadonnées. Ainsi, il est bien placé pour fournir les informations permettant d'optimiser la recherche d'un internaute sur un livre en particulier . Ces données pourraient aller très loin, l'éditeur pourrait ainsi renseigner le style, le ton, le caractère pratique, l'épaisseur des personnages, la maîtrise du suspens. Faire donc son métier, trier l'information, l'organiser et orienter le lecteur vers le livre qu'il attend.

Ce qui va faire la force des éditeurs de demain, c'est la capacité de vendre livres papier et numérique, en démontrant qu'avec lui l'auteur s'enrichit beaucoup plus qu'avec les plates-formes. C'est plus son aptitude à vendre et à organiser les métadonnées que l'art de corriger la copie qui lui permettront de demeurer au coeur de la chaîne du livre.

Enfin, les éditeurs qui parviendront à animer des communautés auront un avantage concurrentiel considérable. Les maisons d'édition dans le domaine du voyage l'ont bien compris. C'est le cas de Lonely Planet qui propose sur son site aux internautes voyageurs de nombreuses fonctionnalités : catalogue des publications, réservation de chambres d'hôtel, de voitures, billets d'avion, des conseils au voyageur, la possibilité de contracter une assurance voyage... L'éditeur répond ainsi à l'ensemble des besoins d'un internaute intéressé par une destination. Il renforce, en outre, sa relation avec les lecteurs par le biais des forums de voyageurs et de plusieurs blogs. C'est cette compétence d'animation et de développement d'une communauté qui rend Lonely Planet difficile à concurrencer par des plates-formes comme Amazon ou Apple. Dans ce cas précis, les distributeurs seraient plutôt des alliés pour assurer le développement des sociétés d'édition, que des concurrents.

Cette politique nécessite néanmoins des investissements. En effet, l'utilisation de technologies interactives et la mise en place d'une politique d'animation nécessitent un budget considérable qui peut être difficilement dégagé par les éditeurs de petite et moyenne taille. Des alliances et des partenariats avec des sites animant des communautés pourraient constituer une solution. Dans le domaine du voyage, en dehors des éditeurs Lonely Planet et

le Routard, il existe des sites animant des communautés, qui ne développent pas de produits éditoriaux du type livres. C'est le cas de VoyageForum.com, un site francophone qui compte près de 700 000 membres ou encore de Tripadvisor. Les éditeurs de voyage sont néanmoins concurrencés par des sites communautaires qui tentent de développer des produits apparentés aux livres pour monétiser leur site. Citons, par exemple, Cityscouter qui produit des applications sur iPhone et iPad ou encore Newyorknetguide.com qui édite un livre papier sur le shopping à New-York.

Sous-section 3 : Développer ou non des produits numériques

La réponse est positive si le marché est suffisamment équipé. La vraie question est la suivante : quels sont les facteurs qui favoriseront le basculement du marché en faveur du numérique ? On peut citer comme facteurs :

- Un support mobile connecté, ayant une taille d'écran suffisante pour faciliter la

lecture. De même, la lecture sur un écran LCD étant fatigante, la possibilité de

produire une encre électronique couleur de qualité devrait avoir une incidence ;

- Le support de lecture doit proposer des fonctionnalités d'interactivité et intégrer le son

et la vidéo ;

- La liseuse intègre des fonctionnalités de lecture sociale ;

- Les téléchargements doivent être rapides et faciles ;

- L'indexation doit être performante afin que le lecteur trouve aisément le titre qu'il recherche ;

- La lecture doit être possible à tout moment, partout et sur n'importe quel support ;

- Le prix de l'ouvrage numérique doit être bien inférieur à l'ouvrage papier, dans l'idéal moins de 40% ;

- Les plates-formes doivent proposer un catalogue riche ;

- Le lecteur doit pouvoir feuilleter le produit en ligne ;

- Le lecteur doit pouvoir consulter le produit chez un libraire qui pourra jouer son rôle de conseil. Tl le téléchargera ensuite sur une borne ou via un lien qui lui sera adressé sur son mobile ou par mail.

Des secteurs entiers pourront à terme basculer en grande partie dans le numérique, il s'agit des livres qui nécessitent une mise à jour fréquente ou qui sont destinés principalement à la consultation : les dictionnaires, les encyclopédies, les ouvrages pratiques, les livres juridiques et scientifiques. En revanche, dans le cas des romans qui nécessitent une lecture immersive, nombre de lecteurs continueront à lire encore durant de nombreuses années sur papier. Les seules fonctionnalités sociales et d'annotations, n'étant pas, à mon sens suffisantes, pour supprimer entièrement le livre broché.

Section 4 : Les nouvelles formes d'édition Sous-section 1. L'autopublication

La révolution numérique met désormais les outils de production du livre à portée des auteurs, si bien qu'ils s'interrogent sur l'utilité des éditeurs. En outre, les maisons d'édition ne les ont pas convaincus de leur capacité à savoir vendre le livre numérique, ni même le livre papier, mieux qu'ils ne pourraient le faire eux-mêmes, vu la difficulté à mettre en place un plan de promotion efficace pour ces supports liée à la politique du statu quo sur la répartition de la valeur, les auteurs sont tentés d'aller voir ailleurs. Les cas sont de moins en moins isolés,

on peut ainsi citer tout d'abord les ayants-droits de William Styron qui ont confié la gestion de leurs droits numériques à Open Road Integrated Media qu'ils jugeaient plus apte que Random House à vendre les titres au format numérique, leur permettant ainsi d'être mieux rétribués (50 % de droits d'auteurs). Citons encore cette jeune écrivaine du Minnesota, Amanda Hocking, qui, en déposant simplement son fichier numérique sur le Kindle store, vend près de 100 000 livres par mois et est devenue millionnaire. Soyons clair, elle est loin d'être un amateur : ses livres possèdent une maquette attrayante, elle anime un blog, manie les réseaux sociaux comme personne et a créé un trailer pour présenter sa trilogie.

Amazon vient de rebaptiser l'outil de publication des auteurs Kindle Digital Publishing, mettant ainsi l'accent sur le fait qu'il s'agit bien d'une plate-forme de publication ouvert à tous. En outre, les auteurs peuvent légitiment être intéressés par le montant des droits reversés qui sont de 70 %, alors qu'en France pour une édition papier, ils sont en moyenne de 8 à 10 %. Le cyberlibraire de Seattle n'est pas le seul sur ce créneau, les gros libraires numériques proposent tous ce service, c'est le cas de Barnes and Noble (fabricant du Nook) et de sa plate-forme d'autoédition nommée Pubit, mais aussi d' Apple sur son Ibookstore.

Toutefois, la jeune auteure Amanda Hocking prouve que déposer un fichier ne suffit pas, encore faut-il être capable d'aider à capter l'attention, afin de le vendre. L'expérience mitigée de Stephen King74 montre que la notoriété ne suffisait pas à vendre en autopublication la version numérique de ses livres, sans un marketing efficace.

Ces plates-formes d'autopublication proposeront sans doute à terme la réalisation d'actions de marketing pour le compte des auteurs. Ainsi, le libraire numérique français, également éditeur, Feedboox qui met sa plate-forme de publication au service des auteurs souhaitant être publiés sans éditeur, fournit aux auteurs des conseils afin d'accroître leur visibilité :

- ouvrir une page facebook et l'animer,

- tweeter,

- communiquer sur les forums et les blogs.

Ce développement de l'autopublication va sans doute faire émerger deux types de services : d'une part, des sociétés qui mettront en forme le texte (réécriture, modification de la hiérarchie du texte, corrections orthographiques et typographiques, ainsi que la réalisation d'une mise en page attrayante) ; d'autre part, des sociétés qui se chargeront de promouvoir l'auteur numérique proposant ainsi des prestations en marketing et communication (réalisation du service de presse, par exemple).

Un autre phénomène qui s'apparente à l'autoédition, est celui de la personnalisation du livre. Désormais pour un coût modique, le consommateur peut faire fabriquer son livre personnalisé, à l'occasion d'évènements comme une naissance, un mariage ou une Bar Mitza, par exemple. Il achète ainsi un ou plusieurs exemplaires de livres photos.

74 Stephen King a mis en ligne sur son site, en mars 2000, la nouvelle « The Plant ». Il a par la suite arrêté l'expérience en novembre 2000, pour la reprendre en 2001, considérant que la vente en ligne de chapitres s'avérait rentable dans la durée. Ainsi, il déclarait : "Mes amis, nous avons la chance de devenir le pire cauchemar de la Grande Edition".

Production de livres aux Etats-Unis

Booker reports 2009

Sur le marché américain, souvent précurseur dans les tendances, on peut constater qu'en 2002, l'édition professionnelle était majoritaire avec 215 000 titres différents et 32 000 titres à la demande. En 2008, le marché bascule en faveur de l'édition personnalisée, pour prendre largement le dessus. Le marché a donc profondément changé. Les titres publiés par des éditeurs étant désormais inférieurs en nombre par rapport aux titres publiés à la demande, laissant la première place à des sociétés proposant des prestations d'autoédition. C'est ainsi que Kelly Gallagher de l'institut Booker déclarait que les premiers éditeurs sont aujourd'hui BiblioBazaar (275 000 titres), Books LLC et Kessinger Publishing LLC, spécialisés dans l'autopublication.

Les plates-formes de financement de projets forment également une concurrence d'un genre nouveau. Kickstarter permet ainsi à des auteurs de trouver les fonds pour se faire publier et met à leur disposition des widgets qui les aident à promouvoir leurs créations sur les réseaux sociaux.

Le financeur reçoit en contrepartie des cadeaux et non de l'argent contrairement à My major company books qui propose également de financer des projets, mais avec pour contrepartie l'intéressement au profit. Ce site a été toutefois très critiqué. Une sélection est réalisée en amont par XO, l'éditeur qui se chargera de diffuser le livre. Ce qui a fait dire à certains, que cette maison d'édition avait trouvé un bon moyen de générer des profits sans mise de fonds initiale. Ces plates-formes pourront devenir concurrentes des éditeurs quand elles mettront à disposition des auteurs des outils de promotion pour donner toutes les chances aux livres.

Autre exemple d'autopublication : les coopératives d' auteurs. Publie.net, par exemple, dirigé par le flamboyant François Bon, en est le porte drapeau. Les revenus sont ici partagés à part égale entre auteurs et éditeurs. Les livres diffusés sont uniquement numériques et

peuvent être achetés à l'unité ou par abonnement. Ce site est très dynamique et semble mettre en place une politique de promotion des livres efficace.

Enfin, citons les blogs d'auteurs qui déposent, généralement gratuitement sur leur site, le fichier PDF d'un livre qui n'a jamais été publié dans les circuits traditionnels. L'objectif étant d'accroître leur réputation et non pas leurs revenus. Ce système est certes peu coûteux, mais sa portée est limitée. En effet, multiplier la présence d'un produit sur différents canaux (livre papier, livre numérique et application, par exemple) en procédant à une promotion efficace donne plus de chance au contenu et accroît par conséquent la notoriété de l'auteur.

Sous-section 2. « A book is a place » : la lecture sociale

Ce titre repris de l'intervention de Bob Stein, directeur de l'Institute for the future of book, au Tools of Change for Publishing en 2009 dévoile une nouvelle définition du livre en le définissant comme tel : « A book is a place where readers - and sometimes authors- congregate ».

Le web 2.0 met en contact les gens. Le lecteur peut désormais communiquer en temps réel avec d'autres ou tout simplement avec des amis, faisant partager ainsi ses lectures. Kevin Rose, patron de Digg, l'a bien compris à travers ce petit cours posté sur Youtube75 destiné à Jeff Bezos et Steve Jobs. En un mot, il leur explique ce que veulent les lecteurs et ce que doit être le livre de demain, les enjoignant de fabriquer des liseuses adaptées aux besoins. Ces enseignements sont de plusieurs ordres :

75 http://www.youtube.com/watch?v=odQfE48wM_M&feature=player_embedded

1° Information sur les personnages

Cette fonctionnalité est essentielle pour Kevin Rose. Le lecteur pourra obtenir ainsi des informations sur les personnages quelque soit l'endroit du livre où il se trouve, ces informations évolueront en fonction de la progression dans le récit.

2° Le partage de commentaires

Le partage sur les réseaux sociaux, comme Facebook et Twitter aujourd'hui possible, est insuffisant. Il préconise d'enrichir cette fonction, afin que le lecteur puisse choisir ceux à qui il souhaite adresser ses annotations. Il peut s'agir de commentaires ou de passages surlignés, par exemple.

3° Prêter un livre à un ami

Le voeu de Kevin Rose a été exaucé puisque cette fonctionnalité est désormais possible sur Kindle. Toutefois, il va plus loin, en souhaitant savoir où chacun en est de la lecture, de lire en même temps les mêmes passages et de pouvoir chatter en temps réel, créant ainsi un club de lecture des temps nouveaux.

4° Fournir des statistiques de lecture

Ces informations mettraient fin au reproche couramment exprimé par les lecteurs, l'absence d'informations relatives au nombre de pages lues et restant à lire. Il suggère aussi d'intégrer un outil permettant de connaître la vitesse moyenne de lecture et le temps restant.

5° Ouvrir le livre sur l'extérieur

Donner la possibilité au lecteur d'obtenir des informations complémentaires en accédant à un dictionnaire, une encyclopédie en ligne, des compléments vidéo ou audio, par exemple.

The Internet Archive 2010

La société de consulting Ideo76 a montré dans une courte vidéo ce que pourrait être le livre de demain en montrant les fonctionnalités possibles en fonction de la typologie du lecteur. Le personnage << Copland >> illustre l'usage en entreprise qui pourrait être fait, comme le partage et le transfert des connaissances, mais aussi des recommandations de lecture sur des problématiques précises. Pour << Nelson >>, c'est la lecture enrichie avec des informations liées au contenu qui est à l'honneur, enrichissement auquel participera la communauté par des débats ou des discussions.

Le livre de demain, nous fera donc sortir du livre, étendant ces ramifications à l'infini. La lecture sociale est sans doute la fonctionnalité qui révolutionnera le plus le livre. Ces applications sont infinies. Des groupes dont les membres interagissent entre eux pourront se réunir autour de contenu, c'est là notamment une piste intéressante pour les éditeurs de manuels scolaires ; de la même façon, il sera possible d'engager une conversation en marge, ce mot prenant ainsi un double sens - à côté du discours, et physiquement dans la partie blanche des pages- créant ainsi un dialogue ininterrompu entre chercheurs ou enseignants et élèves.

Des outils se créent pour organiser cette fonctionnalité. Le réseau social de lecture Goodreads, par exemple, qui compte 4 millions de contributeurs, met en commun plus d'un million de commentaires disponibles sur de nombreuses plates-formes. De même, le lancement prochain d'un système de lecture sociale nommé Readsocial API qui permettra aux lecteurs de mettre en commun des commentaires à partir de n'importe quel support et quelque

76 http://vimeo.com/15142335

soit le logiciel de lecture. Ainsi un lecteur sur iPad pourra échanger des informations avec l'utilisateur d'un Kindle ou d'un téléphone ayant pour système d'exploitation Androïd.

Cette socialisation là se rencontre aussi dans l'écriture, dont le blog en est le paradigme. Endroit désormais de toutes les conversations où blogueurs et lecteurs débattent au sein d'un vaste espace composé de la blogosphère en perpétuels échanges grâce aux rétroliens. Cette collaboration de la construction d'un discours se réalise aussi au sein des encyclopédies libres. Profitant des technologies de partage, les ateliers d'écriture se sont installés sur le web . Ils peuvent prendre des formes diverses de la conception d'écrit par mail, à la rédaction guidée destinée à des élèves, en passant par la conception d'un texte collaboratif.

C'est la fonction sociale qui fait toute la force de l'édition numérique et l'attachement quasi addictif de certains. L'intégration de ces fonctionnalités dans les nouveaux produits est un point important pour en assurer le succès commercial. L'éditeur pourrait trouver sa place en aidant les auteurs à devenir, comme le prédit Bob Stein, les chefs de files de communauté de réflexion lorsqu'il s'agit d'essais ou d'études ou les créateurs de mondes imaginaires quand il s'agit de romans : << Authors become leaders of communities of inquiry (non-fiction) or creators of worlds that readers populate (fiction) ».

Sous-section 3. L'édition sans auteur

Ce scénario décrit par James Thomas Farrel en 1958 est-il seulement envisageable ? Il y a plus de 50 ans, une nouvelle intitulée << A benefactor of humanity »77, décrit l'ascension d'Ignatius Bulganov Worthington qui pour répondre à la question d'une jeune employée d'une maison d'édition : << Pourquoi faut-il donc qu'il y ait des auteurs ? » invente une nouvelle technologie permettant de supprimer les auteurs grâce à l'invention d'une nouvelle technologie la Worthy, Worthington, Writing. JT Farell écrit ainsi : << Et il inventa la machine qui révolutionna la vie de l'humanité : il inventa la Worthy Worthington Writing machine (WWW) » (Notons à cet égard que l'auteur avait, bien avant l'émergence du web, baptisé sa machine WWW... Simple coïncidence ?). Une machine extraordinaire, qui non seulement supprime les auteurs, mais ne produit plus de livre immoral ou simplement triste. Une machine qui écrit des ouvrages au contenu << pleins de joie et d'espoir ». Une machine, digne ascendant de la firme Google, laquelle prône la philosophie : << Don't be evil », ou encore d'Apple qui entend contrôler les contenus immoraux. L'auteur développe dans cette nouvelle l'idée que les livres peuvent être produits sans qu'on puisse les attribuer à un auteur. La situation est-elle si différente aujourd'hui ? Plus vraiment. Philip M. Parker78 a créé la Worthy, Worthington, Writing, à partir du web justement.

Ce professeur de l'INSEAD, qui a déjà à son actif plus d'une dizaine de milliers de livres, a construit une machine capable d'écrire automatiquement des études, des

77 La version française traduite par Thierry Quinquetton figure dans la Revue Esprit éditée en mai 2010, sous le titre plein d'ironie : un bienfaiteur de l'humanité

http://www.esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=35636

78 http://www.neatorama.com/2010/10/05/how-to-write-85000-books/ ; http://www.youtube.com/watch?v=SkS5PkHQphY&feature=playerembedded

bibliographies, des dictionnaires ou des guides à partir de données reprises du web. Il suffit d'entrer dans le logiciel certaines données telles que le domaine de l'étude, le sujet ou le pays et dix minutes à deux heures plus tard, à partir de sources fiables, le robot produit des informations parfaitement ordonnées, référencées, indexées comprenant graphiques et tableaux. Le créateur ne s'arrête pas là puisqu'il travaille sur des projets de programmes télévisés et des jeux vidéo éducatifs qui seront produits automatiquement. Cette expérience n'est toutefois pas nouvelle puisqu'une entreprise aux Etats-Unis automatise les histoires relatives au sport, de même que Thomson Reuters le fait pour l'histoire de la finance. En outre, le site Qwiki propose une compilation intelligente du web sur un thème donné en scénarisant l'information par l'agrégation de vidéos, de photos, notamment.

Toutefois, l'usage que laisse présager l'invention de Parker est très intéressant, puisque la machine est susceptible de produire des sujets très pointus qui ne peuvent intéresser qu'un nombre infime de personnes, comme par exemple, « The 2007-2012 Outlook for Chinese Prawn Crackers in Japan ». Certes, il s'agit d'un titre improbable, mais ce qui est extraordinaire, c'est que la machine est capable de produire un livre qui n'intéresse que vous, un livre seulement écrit pour vous.

La créature de Frankenstein fera-t-elle disparaître les auteurs ? Je ne le pense pas, tout au moins à moyen terme, puisque ces données sont exportées à partir de ce qui a déjà été écrit sur le web. Le monde aura encore très longtemps besoin de personnes capables d'analyser des données et non pas seulement de les compiler. Toutefois, la machine du Professeur Parker

ouvre des perspectives de développement intéressantes.

Sous-section 4 : Le Storytelling et les nouvelles formes d'écriture

Avec les nouveaux supports, de nouvelles formes de narration émergent. En effet, la transmission du savoir, du discours ou tout simplement de l'histoire se matérialise différemment en fonction du média. Les histoires ne peuvent être en effet racontées de façon semblable au théâtre, au cinéma ou dans les webdocumentaires, par exemple.

Paragraphe 1 : Storytelling

La structuration de la narration se modifie radicalement sur les nouveaux médias, l'enjeu étant de trouver une forme adaptée. L'interactivité est une fonctionnalité qui permet de raconter autrement. Les expériences se multiplient, comme celle d'HBO Imagine79, qui propose de suivre la trame de l'histoire par fragments sur un immense écran noir, sur lequel sont disposées des images. C'est à l'internaute de reconstituer le fil du récit, en associant les différents éléments les uns aux autres.

79 http://www.hboimagine.com

Une expérience semblable a été menée dans le domaine littéraire. Le livre de Stephen Fry intitulé The Fry Chronicles80 a été découpé de manière à permettre une lecture non linéaire sur une application interactive et de naviguer dans l'ouvrage au fil de ses envies, le lecteur étant libre de créer sa propre structure narrative. Une sorte de balade à travers le contenu est proposée au lecteur grâce aux différentes options proposées : mots clefs, tags, catégories de couleur identifiant les thèmes (sentiments, personnages, questions, par exemple). La rosace, véritable fil conducteur, est fragmentée de barres qui constituent autant de sections du texte.

Parlons aussi de ce webdocumentaire réalisé par Karine Lebrun, une artiste plasticienne, qui engage une conversation autour de 13 mots81 avec l'écrivaine Christine Lapostolle. Sorte de face à face, écriture chorale et littéraire, où les deux femmes se répondent dans deux vidéos à l'écran partagé. Expérience artistique inédite qui nous amène vers de nouveaux champs du possible.

80 http://www.youtube.com/watch?v=kxLpMMzXVCk&feature=player_embedded

81 http://www.13mots.com/#/1/13_mots

Sommes-nous toujours dans le livre ? Non, probablement pas. Avec les nouveaux supports, le métier de l'éditeur évolue : un peu producteur de film, un peu metteur en scène, un peu metteur en écran, mais toujours coordinateur de projets. Désormais, éditeur de contenus quelque soit le support, et non plus de livres, sa culture métier deviendra au fil des années transmedia, c'est le gage de sa survie.

Paragraphe 2 : Les nouvelles formes d'écriture Sous-paragraphe 1. les blogs

Citons encore une fois les blogs. Il s'agit ici de l'écriture d'un texte littéraire sous une forme inédite. Le site d'Eric Chevillard82 constitue en cela un exemple intéressant. L'auteur livre à ses lecteurs, selon ses propos, une « chronique nerveuse ou énervée d'une vie dans la tension particulière de chaque jour ».

Il s'agit bien d'un texte littéraire ayant investi le champ de l'écran : jour après jour, l'auteur nous livre au fil des pages web ses pensées.

82 http://l-autofictif.over-blog.com/

Sous-paragraphe 2. La narration sur Twitter

De nouvelles expériences ont été menées également sur Twitter. Ainsi de nombreux auteurs essayent ce nouveau genre contraignant, puisque le texte ne doit pas dépasser 140 caractères. Laurent Zavack83 fut le tout premier à publier un Twitteroman qu'il fit ensuite éditer sur papier. Après cette expérience, l'auteur est devenu cyberéditeur. Il propose la reconstitution par chapitres de romans écrits via Twitter. Le site de l'éditeur se veut espace de promotion pour tous les « twittecrivains ». L'expérience s'est ensuite propagée aux EtatsUnis avec Matt Stewart qui, ne parvenant pas à trouver un éditeur, a publié sur Twitter en 2009 son premier roman « The French Revolution », décomposé en 3 700 tweets. Le livre a ensuite été mis à disposition sous forme d'ebook à 1,99 $.

De même, un genre nouveau a été inventé par un auteur américain Matt Ritchel, le Twiller, un thriller à base de tweets. Il a été suivi par Thierry Crouzet en France, avec son livre croisade, et au Québec, par LeRoy K. May et Eric Bourdonnais, un livre à quatre mains intitulé Buboneka84. Twitter est d'ailleurs le terrain d'élection des poètes, genre particulièrement apprécié dans les pays anglophones que l'on retrouve sous le hastag #micropoetry, redonnant une seconde vigueur aux haikus, ces poèmes en tercets d'origine japonaise, s'adaptant parfaitement aux contraintes de concision. Le site twitterhaikus85 reprend toutes les heures les derniers textes publiés.

Sous-paragraphe 3 : La renaissance du roman feuilleton

De même, les nouveaux médias ont fait revivre un genre oublié, celui du roman feuilleton, genre littéraire qui fit florès au XIXe siècle et permit à un plus large public de découvrir des auteurs tels que Honoré de Balzac ou Charles Dickens, par exemple. La forme courte étant particulièrement bien adaptée aux smartphones, des sociétés 100 % numériques se sont créées, comme l'éditeur Smartnovel qui a su réunir des auteurs prestigieux comme Didier Van Cauwelaert ou Marie Despleschins. Ici aussi, l'écriture se doit d'être différente : les phrases sont plus courtes et surtout chaque épisode doit laisser en attente de lire le second,

83 http://twitter.com/Laurent_ZAVACK

84 http://twitter.com/buboneka

85 http://twitterhaikus.com/

afin de ménager un certain suspens. Le modèle assure une récurrence aux maisons d'édition, puisque le lecteur souscrit un abonnement.

Alexandre Jardin se livre, avec le soutien d'Orange, à l'exercice de la rédaction d'un feuilleton en temps réel depuis octobre 2010. Quinze ans après, l'auteur lance le pari de donner une seconde vie au roman Fanfan 286 en invitant les lecteurs à poursuivre l'histoire en temps réel. Cette expérience est non seulement une aventure écrite à plusieurs mains, mais aussi un projet transmédia. Au programme : le récit se déroule principalement sur le site fanfan2, complété par la rédaction des textes sur twitter et facebook.

Les lecteurs peuvent consulter les derniers textes sur leur Smartphone en téléchargeant l'application. Une application payante, 1,59 €, permet de basculer dans l'univers des personnages et de participer au processus créatif.

Dans le même esprit, Michel Field a lancé un polar interactif en septembre 2010 dans le cadre de son émission « Au field de la nuit »87. Ingrid Desjours, auteur de polar, a proposé un premier chapitre et a dressé le portrait de l'ensemble des personnages. Les téléspectateurs sont invités à imaginer la suite de l'histoire. Les meilleurs chapitres sont sélectionnés par un comité de lecture. L'expérience prendra fin en juin prochain et donnera lieu à la publication d'un livre chez Plon, dans la collection nuit blanche.

86 http://www.fanfan2.fr/

87 http://www.tf1.fr/au-field-de-la-nuit/le-roman-de-l-ete/

Sous-paragraphe 4 : Les romans dont vous êtes le héros

Les nouveaux médias donnent une seconde vie aux « histoires dont vous êtes le héros » qui invitent le lecteur à naviguer dans le livre en fonction de ses attentes et de ses envies. Ils permettent aussi de ressusciter la littérature combinatoire de Queneau et ses Cent

mille milliards de poèmes (1960). Ainsi, le lecteur s'associe à l'auteur dans la composition de l'histoire et interagit, devenant partie intégrante du récit. De nombreuses applications pour Iphone et Ipad, généralement anglosaxones, ont été développées sur ce principe comme « Je suis le héros », développé par une entreprise québécoise .

De même, la société Choose your own adventure a porté plusieurs titres sur iPhone. Citons encore l'initiative de la société Choice of games qui a créé un script, certes plutôt compliqué à utiliser, mais qui offre le mérite de proposer aux internautes de créer leur propre histoire. Même idée chez Istory88 dont l'application est disponible sur iPhone. Les sociétés d'édition françaises semblent malheureusement absentes de l'aventure, à ce jour.

Sous-section 3. Vers des manuels scolaires numériques

Le marché du livre scolaire est le 4e secteur de l'édition Il représente 8,8 % du chiffre d'affaires de l'édition française en 2009 et pèse 239 millions d'euros.

Infographie, le Figaro.fr, 25 août 2010

Le livre scolaire est composé de différents supports : les livres papiers, les livres numérisés et vidéoprojetables, l'offre bimédia (livre papier et généralement livre numérisé), les livres purement numériques, actuellement rares, et surtout des sites web mettant en ligne du contenu collaboratif produit par des professeurs. On peut donc s'interroger sur ce que sera le marché de demain.

88 http://istoryweb.appspot.com/

89 http://www.educnet.education.fr/contenus/dispositifs/manuel-numerique/evaluation-manuel-numerique

Le ministère de l'Éducation nationale expérimente89 actuellement dans douze académies l'utilisation de manuels scolaires numériques via l'Espace Numérique de Travail (ENT) des collèges depuis la rentrée 2009, en visant plusieurs objectifs :

- diminuer le poids du cartable de l'élève,

- proposer des ressources numériques pédagogiques innovantes, - développer les usages des TICE en classe.

C'est à travers 69 collèges Via l'ENT que plus de 15 000 élèves et 1000 enseignants ont été observés dans leur pratiques. Des premiers résultats pour l'année scolaire 2009-2010 ont été analysés par l'Education nationale.

Il ressort de ce rapport plusieurs constats :

La première situation d'usage du manuel numérique est une utilisation collective ; c'est d'ailleurs la plus appréciée. Les enseignants mettent en avant une motivation et une attention plus importantes. En outre, 54 % des enfants déclarent être plus concentrés et 86 % des élèves aiment quand le manuel est projeté au tableau. Les fonctionnalités les plus appréciées sont différentes selon les disciplines.

Fonctionnalités les plus appréciées dans le manuel numérique

Discipline

Fonctionnalités

Histoire et géographie

L'utilisation des enrichissements : projection de fonds de cartes et de croquis ; dans une moindre mesure les vidéos et les animations.

Français

Analyses d'images extraites du manuel

Mathématiques

Projection de l'énoncé de l'exercice permettant aux élèves de venir corriger au tableau

Sciences de la vie et de la terre

Projection d'animations et de vidéos

Langues

Ecoute du texte

Les freins cités par les enseignants à l'adoption du manuel numérique sont de plusieurs ordres :

- Il s'agit d'un manuel numérisé et non pas numérique. Il est souvent difficile d'afficher

certains contenus sélectionnés, notamment quand ils se trouvent sur une double page ; - Certains contenus sont peu exploitables : par exemple, quand le texte est trop long ou

encore lorsque des contenus figurent sur différentes pages du manuel, il s'avère

impossible de les projeter ensemble afin de les comparer ;

- Peu de ressources multimédia sont proposées ;

- Le travail individuel en classe est difficile quand chaque élève ne possède pas un poste informatique ;

- Manque d'accompagnement pour l'utilisation des tableaux interactifs.

À la maison, le manuel numérique est très peu utilisé. Les raisons évoquées sont :

- Le souhait de ne pas pénaliser les enfants n'ayant pas d'accès internet à leur domicile ; - L'absence de valeur ajoutée du livre numérique par rapport au papier ;

- Impossible d'enregistrer les résultats des exercices rédigés par les élèves.

S'agissant de l'utilisation de ce manuel dans la préparation des cours, les freins évoqués sont principalement la difficulté de personnalisation de ce support (impossible de modifier le contenu ou d'en intégrer d'autres).

Le rapport de synthèse de l'expérimentation précise que : « L'absence de fonctions interactives observée dans la quasi-totalité des manuels numériques limite très fortement, pour l'instant, leur valeur ajoutée par rapport à la version papier. »

Les éditeurs traditionnels sont néanmoins conscients du manque de fonctionnalités interactives de ces manuels numérisés vidéoprojetables.

Ils ne semblent pas avoir pris la décision d'investir pour réaliser des manuels ambitieux répondant pleinement aux attentes et ce, pour plusieurs raisons :

- Les sociétés d'édition appartiennent à des groupes qui souhaitent maintenir voire augmenter les marges. L'investissement pour réaliser un ouvrage multimédia est considérable et donc la rentabilité à court terme est donc loin d'être assurée ;

- L'équipement est aussi un frein. Pour que le manuel numérique puisse être utilisé dans toutes ses composantes, cela nécessite d'investir dans des espaces numériques de travail, d'installer des tableaux interactifs dans chaque classe et que tous les élèves possèdent des postes informatiques ;

- Une partie du corps enseignant est hostile au déploiement de ces technologies. Il faudra donc d'une part, vaincre les résistances et d'autre part, accompagner le corps professoral afin de maîtriser les nouveaux outils.

Bien que le livre papier et le manuel numérique s'avèrent complémentaires, il est fort probable que, dans l'avenir, seul ce dernier subsistera. Non pas en raison des attentes des utilisateurs, mais parce qu'il s'avérera moins coûteux. Les collectivités investissent des sommes considérables dans l'achat des livres. Ils pourront ainsi mettre les éditeurs en concurrence et retenir celui qui leur proposera le meilleur prix pour l'accès au contenu en ligne sous forme d'abonnement. Des pures players arrivent d'ailleurs sur ce marché, comme le livre scolaire.fr, et seront sans doute plus enclins à proposer une tarification avantageuse.

De même, notons la concurrence de sites collaboratifs gratuits d'excellentes qualités, comme Sésamath ou Weblettres. Cette tendance devrait se développer au fil des années.

Ainsi, des professeurs enseignant une même matière dans une école ou une académie peuvent être tentés de s'organiser pour concevoir au sein de l'ENT un manuel pour une discipline donnée. Celui-ci pouvant non seulement être personnalisé en fonction de l'enseignant, par l'ajouts de ressources propres, mais ces contenus sont aussi susceptibles d'être plus adaptés au projet pédagogique de l'établissement.

Le manuel de demain sera sans doute collaboratif et personnalisé. Cette personnalisation pourra se faire en fonction du niveau de l'enfant par rapport à la classe, mais aussi en fonction des centres d'intérêt d'un professeur. Les éditeurs scolaires doivent donc être plus actifs pour

ne pas être évincés de ce nouveau marché. L'animation de communauté peut s'avérer une porte d'entrée intéressante qui leur permettra d'entretenir un lien privilégié avec la cible et de proposer des produits plus adaptés.

Sous-paragraphe 5 : L'explosion du marché des applications

Le marché des applications a explosé. L'Applestore enregistre une croissance globale du nombre d'applications de + de 58 % de janvier à mai 2010.

Sans surprise, c'est Apple qui domine sur ce marché. La répartition en terme de volume étant la suivante :

- Iphone : 30%,

- Android : 23%, - RIM : 12%,

- Windows mobile : 6%,

Selon l'étude REC réalisée par GfK, plus de la moitié des applications mobiles téléchargées concerne les contenus. De même, l'ebook réussit la percée la plus spectaculaire , en effet l'offre de livres numériques a été multipliée par 16 dans le mois suivant le lancement de l'Ipad. Apple déclarait le 24 janvier 2011 avoir atteint le cap de 10 milliards d'applications téléchargées depuis le lancement de sa boutique d'applications en 2008.

Nombre d'applications disponibles sur les stores

Magasin d'applications

Société

Nombre applications téléchargées

App store

Apple

350 000

Android Market

 

200 000

App world

Research in Motion

20 000

Market Place

Microsoft

6 200

Source blog bénéfice.net, 24 janvier 2011

Une étude réalisée par l'institut de Marketing Gartner déclare que 8,2 milliards d'applications ont été téléchargées en 2010 et prévoit que celui-ci atteindra 15 milliards en 2011 et 54 milliards en 2014. Les applications gratuites représentent 81 % des téléchargements. Le rapport d'étude fait remarquer que « Les usagers commenceront à payer pour plus d'applications quand ils verront l'utilité du concept, et qu'ils auront plus confiance dans les mécanismes de paiement. » Seulement 16 % des recettes sont générées par la publicité, elles devraient représenter près du tiers en 2014. Tous ces chiffres sont toutefois à

retenir avec beaucoup de réserves. En effet, selon l'institut Distimo,90 la part des applications payantes serait de 62,2 %, Gartner l'estime quant à elle à 81 %.

Il convient de même de noter que c'est l'Androïd store qui enregistre la plus grosse part d'applications gratuites par rapport aux payantes.

De même, le prix moyen des applications varie en fonction des Stores. Pour une même application, le prix peut se révéler plus élevé dans une boutique (IM + For Skype est à 5$ sur Iphone et à ...30 $ sur Blackberry). En raison sans doute de la typologie des clients, bien que venant à se démocratiser, le Appworld de Blackberry affiche les prix les plus élevés du marché (une moyenne de 8,26 dollars).

Sans surprise, c'est Apple toujours qui enregistre le taux de croissance le plus élevé en terme de nombres d'applications : 13 % contre 3 % pour Android.

Enfin, les jeux arrivent en première position tous Stores confondus.

90

http://www.slideshare.net/distimo/distimo-mobile-world-congress-2010-presentation-mobile-applicationstores-state-of-play

Les éditeurs doivent être très attentifs à ce marché en pleine croissance et produire des applications de qualité. Il semblerait que le fort taux de gratuité des applications soit synonyme de piètre qualité puisque le pourcentage d'utilisation unique des applications est passé de 22 % en janvier 2010 à 28 % en décembre de la même année.

Le marché des applications est en pleine explosion et constitue une véritable opportunité pour les éditeurs. Les éditeurs de livres, s'ils veulent se positionner sur ce marché, vont devoir développer des compétences en gestion de projets complexes et intégrer de nouveaux profils dans leurs équipes. De même, les nouveaux acteurs auront intérêt à débaucher des talents venant du monde de l'édition.

En outre, le coût d'une application étant élevé, au regard des perspectives de ventes actuelles et du budget nécessaire (30 000 euros pour une application de bonne qualité), il convient de trouver des sources de financement. La publicité serait une manière de financer partiellement le projet, mais rien ne dit qu'elle sera acceptée par le client quand l'application est payante.

Enfin, avec des milliers d'applications disponibles, l'éditeur va devoir cultiver l'art de capter l'attention par des moyens marketing et renforcer sa présence auprès des communautés virtuelles et réelles.

Les éditeurs anglo-saxons dans les domaines de la jeunesse et parascolaire ont investi massivement ce secteur, en particulier sur Iphone et Ipad. Ce dernier support offre des perspectives créatives sans précédent. Les maisons d'édition traditionnelles, comme les pures players, ne s'y sont pas trompées. On a vu fleurir ces derniers mois au rayon des livres pour enfants des applications aussi étonnantes que The Peddlar Lady of Gushing cross91 passée en tête des meilleures ventes sur iPad et Twas the Night Before Christmas. Citons également, la jeune société française Soouat et son livre à succès « Les trois petits cochons » classé en tête du palmarès de l'Education Apps Review.

En dépit des 370 000 IPAD vendus en France selon GfK, le potentiel est insuffisant pour développer sur le marché national des applications ambitieuses en langue française seulement. Le marché anglo-saxon reste bien le premier. En effet, alors que Moving Tales, éditeur du livre animé The Peddlar Lady of Gushing cross, avait publié l'application en trois langues (anglais, français et espagnol), sa seconde application Twas the night before christmas, publiée quelques mois plus tard, a été développée uniquement en anglais. Les éditeurs traditionnels français ne se positionnent que timidement sur ce marché. On peut citer Nathan qui a publié plusieurs Apps pour les jeunes enfants à partir de 3 ans. Bien que positionnées dans la fourchette haute des applications de ce secteur en terme de prix, elles s'avèrent décevantes eu égard au potentiel créatif qu'offre l'iPad.

Sous-paragraphe 6 : Les plates-formes, lieu privilégié d'animation des communautés

Les communautés sont aujourd'hui des outils de prescription. Demain, ces communautés vont se multiplier, s'organiser et devenir de plus en plus segmentées. Les plates-formes qui regroupent plusieurs maisons d'édition et de presse autour d'une ou plusieurs thématiques devraient avoir de l'avenir. La cible étant homogène, il sera possible de leur proposer un abonnement à un flux de données. Si l'on prend l'exemple de l'art contemporain, l'amateur de sculptures pourra s'abonner à un flux qui lui permettra d'obtenir le contenu de tous les éditeurs publiant sur ce sujet. Les contenus seront à terme agrégés à la manière de Flipboard ou de Qwiki, mettant en valeur le fonds en accordant moins d'importance à la marque.

Izneo, plate-forme numérique qui regroupe 80 % de l'édition francophone de bandes dessinées numériques, a déjà franchi le pas. Ainsi trois maisons du groupe Media Participations (Dargaud, Dupuis, Lombard), Casterman, Delcourt et Glénat se sont regroupées pour proposer leurs produits. Les amateurs du genre peuvent de leur ordinateur ou iPad accéder à un catalogue de plus de 2000 titres, moyennant l'achat ou la location d'un titre. Très bientôt une formule d'abonnement leur sera proposée. La plupart des albums sont vendus 40 % moins cher qu'au format papier. Ainsi un livre de 12 € sera accessible sur la plate-forme à 4,99 €. La location est, quant à elle, facturée 1,99 €. Le deuxième pas que devra franchir Izneo sera d'aider les lecteurs à se repérer dans le catalogue en fonction de leurs goûts et de créer un lien plus étroit avec eux, en animant la communauté des amateurs de BD.

91 http://www.youtube.com/watch?v=1mfm9dwLzdU&feature=player_embedded

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