2.1.2- La délimitation des propriétés
foncières
Le terroir hérité de Owa M'poh
est d'après 95% de nos enquêtés délimité par
des faits naturels. Ce sont entre autres, la chaîne de l'Atakora au nord
et à l'ouest, la rivière Kéran au sud. Néanmoins,
il faut noter que la limite est reste très imprécise eu
égard au fait que les habitants de KOUTOUGOU ne considèrent pas
les frontières nationales comme étant d'une quelconque
importance. En effet, de part et d'autre de celles-ci vit un même peuple
ayant les mêmes traditions et la même culture. Ainsi, il n'est pas
rare de voir que des familles vivant sur des territoires nationaux
différents partagent les mêmes terres familiales. D'ailleurs,
cette réalité n'est pas surprenante quand on sait que les
frontières en question ne sont que l'héritage de l'époque
coloniale avec ses subdivisions qui n'ont tenu compte d'aucune
réalité ethnolinguistique.
Quant aux propriétés individuelles, elles
connaissent presqu'un sort similaire. En fait, les 93,4% de ceux que nous avons
interrogés sur cette question, affirment connaître les limites de
leurs terres d'exploitation, mais aucun n'est à même de les
indiquer avec précision. Cependant, certains indiquent soit un arbre,
soit un ruisseau pour montrer la limite de leurs terres.
Au demeurant, il faut dire que la notion de limites des terres
ne constitue pas une préoccupation dans le terroir que nous
étudions. Cela se justifie sans doute par l'existence de vastes terres
cultivables encore non exploités. D'ailleurs, contrairement à ce
que l'on pouvait croire sur les conflits liés à la question de la
terre, les rares qui existent soit 19,6% sont plutôt inhérents
à des questions de préférence d'une parcelle par rapport
à une autre. De l'avis de 94,7% des enquêtés, ces conflits
très souvent, opposent des frères d'une même famille qui
convoitent les mêmes parcelles de culture soit pour leur
proximité géographique par rapport à l'espace
habité soit à cause de leur disponibilité naturelle
à accueillir telle ou telle autre culture. Cette situation est analogue
à celle du pays Bassar plus précisément dans le terroir de
Kalang'na où les conflits entre individus de clans différents
à propos de la terre sont plutôt rares à en croire WAGBE
L-Y. (1987).
Dans l'ensemble, il existe une nette différence dans le
mode d'appropriation de la terre, entre KOUTOUGOU et Boua, un terroir
Kabyè décrit par SAUVAGET C. (1971) où les
propriétés font l'objet d'une différenciation dans
l'espace à partir d'entrepôts de pierres ou de gros arbres de
baobab (Adansonia digitata). A Notsè et à Tohoun par
exemple, ce sont les arbres et autres plantes bien choisies qui constituent la
haie délimitant les champs appartenant soit à des individus
différents, soit à des collectivités différentes
(ABOTCHI T. et KLASSOU K., 2002). Néanmoins, comme à KOUTOUGOU,
c'est la propriété individuelle qui prend le dessus sur la
propriété collective qui est pratiquement inexistante. Quels en
sont les mobiles ?
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