WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Stéréotypes sociaux et achèvement du cycle primaire par les filles: cas de l'arrondissement de Mora

( Télécharger le fichier original )
par Lopsiwa MAIRAMA
Université de Yaoundé I - Diplome des professeurs de l'enseignement normal deuxième grade (DIPEN II) 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.2 - POSITION FORMULATION ET DU PROBLEME

Les questions ci-dessus soulevées nous amène à aborder la problématique des enjeux de la scolarisation de la jeune fille au regard des perceptions sociales. Nous nous intéressons ainsi à l'achèvement du cycle primaire par la jeune fille au regard des stéréotypes sociaux. En effet, tout le monde accrédite l'idée que la scolarisation est un droit autant pour les garçons que pour les filles (Tchombe, 1993,2006 ; Matchinda, 2006, 2008 ; Mapto Kengne, 2006). L'amélioration de la scolarisation des filles s'inscrit dans cette optique pour atteindre les objectifs de l'éducation pour tous(EPT). Cette scolarisation est un pas vers l'égalité, l'équité et la qualité entre les sexes. Or ; les recherches actuelles sur le sujet (Matchinda 2006,2008) montrent qu'il existe encore des variables qui entravent de façon significative l'achèvement du cycle primaire par les filles (Rapport ZIP-UNICEF, 2008/2009).

Dans l'arrondissement de Mora par exemple, le Taux d'Achèvement du Primaire (TAP) de la jeune fille contrairement au garçon (50%) est de 27%. On peut observer que si dans l'ensemble les garçons achèvent peu à peu le cycle primaire dans la localité de Mora, ce n'est pas toujours le cas pour celui de la jeune fille. Environ sept (07) filles sur dix (10) ne parviennent pas toujours à terminer le cycle primaire dans cette localité (UNICEF 2008/2009).

L'éducation et la fréquentation sont les agents clés pour changer les attitudes des femmes sur le mode de perception par d'autres personnes et elles-mêmes. Nous devons comprendre la nature de la fille et par conséquent de la femme. L'éducation de la fille selon Tchombe (2006), est souvent traduite par le désir pour l'égalité de sexe. La clameur pour l'égalité de sexe semble être une hypothèse politique. Elle empêche de penser comment les filles et les femmes, même les garçons peuvent être dirigés. D'une manière générale, elle donne une notion quantitative de l'éducation, tout de même la fille doit avoir quelques valeurs intrinsèques. L'utilité de la vie d'une fille vue seulement en relation a la vie d'un garçon, souligne Tchombe (2006), perd sa valeur d'utilité.

L'école se présente ainsi comme un canal pour assurer l'éducation et la formation des filles afin de leur permettre d'atteindre la capacité d'insertion socioprofessionnelle. L'éducation de la fille qui est focalisée sur les facultés mentales l'aide à devenir un instrument pour la paix, la solidarité, un directeur moral dans la famille, le voisinage et la société (Tchombe, 2006). Ces propos de Tchombe (2006 :67) semblent pertinents à cet effet : «l'accès à l'éducation est un outil valable pour faire avancer le processus de perception de soi ».

Cependant, force est de constater qu'à Mora, cette école semble devenir souvent source d'échec pour les filles et les éjecte de son système (Matchinda, 2006 ; Mapto Kengne, 2006). Elles font face à de nombreux obstacles sur le chemin de l'école : mariages précoces, grossesses non désirées, préjugés socioculturels, coutumes rétrogrades, harcèlement sexuel, travaux domestiques, bref la liste est loin d'être exhaustive. Ceci semble être dû au fait qu'a priori, « l'école gâte les femmes ». L'école est considérée par la société traditionnelle comme un mécanisme de corruption des individus pour le seul fait que l'école moderne développe des standards de comportement en rendant ceux qui la fréquentent rebelles, car elle confère à l'individu la capacité de réflexion ; d'où l'autorité cognitive dont parle Tchombe(2006).  Pour corroborer cette idée, Tchombe (2006 :53-54) pense qu' « en effet, le pouvoir cognitif de la fille, de la femme doit être posé très tôt afin de lui permettre de fonctionner dans une position plus confortable et imposante ».

Dans la conscience collective des sociétés humaines, la place de la femme est, en général réduite au cadre domestique tournant autour de la maternité, de l'éducation des enfants et de l'entretien du foyer (Fatou Maiga, 1993). Ceci montre que la femme, dans sa constitution et sa création même, possède des caractéristiques physiques (faiblesse physique, aptitude à la maternité) et psychiques (tendresse, humeur changeante) qui lui confère un statut particulier dans la société (Dr Abdur-Razaq Ibn Abdul-Mouhsin Al Badr, 2006). D'après Fanta Diallo Maiga (1993), quelques parents avec des attitudes morales et religieuses sont des conservateurs vers l'éducation occidentale. Elle montre à cet effet que certains parents envoient leurs filles à l'école parce qu'ils veulent les protéger des corruptions de la société. Ces parents expliquent que ce sont les femmes qui doivent préserver et transmettre les valeurs culturelles et leur identité.

Le Saint Qur'an (Coran en arabe) dans la Sourate de An-Nissâ au verset 12 dit ceci « les hommes ont autorité sur les femmes en raisons des faveurs qu'Allah (BSLD) accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu'ils font de leurs bien ». D'après cette Sourate, l'autorité de l'homme sur la femme compte parmi les faveurs qu'Allah (BSLD) lui a accordées. En font également partie, la plénitude de sa raison, sa sagesse, sa patience, sa vigueur, son endurance et enfin sa force physique bien supérieure à la femme. C'est pour cette raison qu'on a donné à l'homme des droits sur la femme qui sont appropriés à ses capacités et sa constitution (Dr Abdur-Razaq Ibn Abdul-Mouhsin Al Badr, 2006).

Aussi, retrouve-t-on dans le Saint Qur'an Sourate 6, verset 6 ces paroles : « privées d'intelligence, en quoi, O Envoyé de Dieu, consiste l'infériorité de notre intelligence et de notre religion? Est-ce que le témoignage de la femme n'équivaut pas seulement à la moitié de celui d'un homme? répliqua le Prophète. Certes, oui, dirai-je, à cause de l'infériorité de leur religion. Occupantes de l'enfer: Ah! Troupes de femmes, faites l'aumône, car on m'a fait voir que vous formiez la majeure partie des gens de l'enfer...».

Le Rapport d'analyse des données statistiques de la zone d'intervention du projet (ZIP-UNICEF, 2008/2009) décrit la situation sur les deux années scolaires 2007/2008 et 2008/2009. Ainsi ressort-il que le taux d'achèvement du cycle primaire par les filles dans l'arrondissement de Mora est de 27% et relativement inférieur à celui des garçons qui est de 50%.

L'écart varie de 12 à 16 points. Aujourd'hui, l'indice de parité filles/garçons est de 0.92 (Rapport ZIP-UNICEF, 2008/2009). Toutefois si dans de nombreuses régions de la ZIP, le taux de scolarisation des filles au primaire est proche de celui des garçons, ce qui se traduit par un indice de parité (rapport de l'indicateur calculé pour les filles sur celui calculé pour les garçons) proche de l'unité dans la majorité des régions, il faut souligner la situation particulière des régions du Nord, de l'Extrême- Nord et de l'Adamaoua dont l'indice de parité est de 0.63, 0.64 et 0.71 en 2008/2009, respectivement. Ce qui signifie qu'il y a moins de deux filles pour trois garçons scolarisés. Comme causes possibles de cette situation, l'on peut relever les influences culturelles (mariage précoce des jeunes filles, certaines croyances) et le problème du travail des enfants.

De cette analyse, il découle que cet état de choses (disparités genre) se manifeste dès l'accès à la première année du primaire (indice de parité de 0,92) et s'amplifie en cours de cycle. Les filles ont de ce fait moins de chance que les garçons de faire une scolarité continue jusqu'à la dernière classe du cycle (indice de parité de 0,83). La comparaison de l'indice de parité dans l'accès et dans la rétention montre que, par rapport aux garçons, la rétention des filles dans le cycle primaire est un peu plus faible que leur accès à l'école. La prise en compte cumulée de ces deux phénomènes révèle qu'environ deux garçons sur trois et une fille sur deux achèvent difficilement le primaire.

En examinant le point de vue religieux, il ressort que les enseignements du coran encouragent un «système ferme» entre la communauté musulmane et les autres. Les femmes ne doivent pas sortir de ce système clos. Les parents musulmans jugent les valeurs de l'éducation occidentale comme opposées aux éléments islamiques. Ces aspects religieux et moraux ont l'influence négative sur l'accès des jeunes filles à l'éducation mais aussi quand elles y sont, entravent le processus de scolarisation. Ainsi, la question que nous nous sommes posés est celle de savoir s'il existe un lien significatif entre les stéréotypes sociaux et l'achèvement du cycle primaire de la jeune fille? En d'autres termes :

- Existe-t-il un lien significatif entre les croyances d'ordre religieux (coran) qui guident les jugements des groupes sur la femme et l'achèvement du cycle primaire par la jeune fille ?

- Existe-t-il un lien significatif entre les attributions sociales vis-à-vis de la femme et l'achèvement du cycle primaire par la jeune fille ?

- Existe-t-il un lien significatif entre les préjugés d'ordre traditionnels guidant les jugements des groupes sur la femme et l'achèvement du cycle primaire par la jeune fille ?

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote