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Ségrégation et dynamiques multiculturelles à  Séville:le cas du quartier "El Cerezo"

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par Matthieu Bouchet-Wacogne
Université de Poitiers - Master 1 migrations internationales 2010
  

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B/ L'immigration comme bouc émissaire

Les représentations propres à chaque individu se font dans leur espace de vie. "L'espace public est le champ de la formation symbolique d'une opinion publique à travers toutes les formes de communication existantes dans la société, (...) il n'est pas un lieu abstrait de consensus démocratique idéal, c'est un espace conflictuel exprimant des rapports sociaux d'inégalité et de domination" (FLORIS, 2003). Ce qui nous intéresse ici est de savoir, s'il y a des rapports de domination et d'inégalité entre immigrants et autochtones qui se révèlent parmi les conflits et stéréotypes rencontrés dans El Cerezo.

1/ Un espace conflictuel

La population autochtone est démographiquement vieillissante dans le district de la Macarena, cela concerne également El Cerezo. "Une grande partie des problèmes de cohabitation ne sont pas dus à l'apparition de nouvelles cultures mais parce que les immigrants sont plus jeunes et ont un usage de l'espace public dynamique et donc plus bruyant, tout comme les jeunes autochtones, ce qui génère des problèmes avec la population locale âgée" (SALINAS, 2008, p.7). Ceci est une des causes de conflits entre Espagnols autochtones et immigrés. De surcroît, suite au questionnaire effectué durant le mois de mars 2011 et aux différentes rencontres faites durant cette période dite de terrain, d'autres types de

contestations se sont révélées. Durant cette étape, il fut impossible de faire remplir le questionnaire à trois personnes d'origine africaine qui ont rétorqué ne pas parler castillan et ont suggéré de "demander aux Espagnols de répondre à ce questionnaire". Ce propos peut révéler un mécontentement de la part de ces personnes, qui peut s'interpréter de diverses manières, par exemple, cela peut être dû au fait qu'ils se sentent mis à part dans ce quartier ou bien du fait que cela ne leur apporte rien de manière instantanée. A cela s'ajoute parfois la difficulté pour certains étrangers à vivre en Espagne du fait de la complexité à obtenir des papiers relatifs à leur présence dans ce pays. Cela peut générer peur et méfiance vis à vis d'un questionnaire inconnu.

a/ Litiges liés à la consommation de l'eau courante

La source récente de conflits dans le quartier est due à la consommation d'eau. En effet, les habitants utiliseraient beaucoup plus d'eau que ce qui est prévu pour le nombre de personnes vivant dans chaque immeuble. En Espagne, très souvent, les immeubles ont un compteur collectif donc le coût de la consommation d'eau pour chaque logement est estimé en statistiques par rapport au nombre de personnes et d'appartements de chaque bâtiment. "Les compteurs d'eau collectifs ont été créés sous Franco" (Andres, président de l'association des voisins d'El Cerezo). La compagnie qui s'occupe de la distribution d'eau courante dans ce quartier est l'EMASESA (entreprise de traitement et d'assainissement des eaux métropolitaines).

Suite à des augmentations de factures d'eau, des habitants se sont plaints auprès de l'association des voisins, ce qui a engendré des conflits entre habitants. En effet, il était dit que les personnes immigrées étaient plus nombreuses dans les logements que ce qu'elles déclaraient et qu'elles laissaient de nombreuses personnes venir se doucher dans leur logement. Par la suite, il a été proposé de poser des compteurs individuels pour régler la situation. Ceci a été refusé car non seulement cela implique de nouvelles dépenses pour l'installation de matériel mais également parce que, dans certains cas, les coûts de consommation d'eau courante seraient plus élevés. En effet, les factures sont calculées sur une moyenne évaluée en fonction de la taille du logement et du nombre d'habitants. Ceci donne le montant qui est censé correspondre à la consommation de chaque foyer. Dans le cas de compteur individuel, le coût minimum pour ce service peut se révéler souvent supérieur au prix mensuel que paye chaque foyer calculé avec le système des compteurs collectifs. C'est d'autant plus vrai pour les petits consommateurs d'eau courante comme le sont bien souvent

les couples à la retraite. De tels changements "pourraient impliquer le déménagement de nombreuses personnes âgées qui n'ont ni l'envie ni les moyens de payer davantage les factures de consommation d'eau courante" (Tania, péruvienne, volontaire ACOGE). Par la suite, les volontaires de l'association ACOGE sont intervenus pour mettre à jour ce conflit et voir quelle était la situation réelle. Pour cela, différents membres du groupe local de l'association se sont rendus dans plusieurs immeubles pour rencontrer les présidents de chaque bâtiment36 ainsi que les habitants (locataires et propriétaires) et leur demander s'ils avaient des problèmes liés à leur consommation d'eau. Il est ressorti de leur investigation qu'effectivement plus de personnes que celles recensées à la mairie vivaient dans ces logements mais que cela concernait en majorité les étudiants espagnols. En effet, dans le but d'obtenir davantage de bourses d'aide sociale, les étudiants se déclarent comme vivant toujours dans le logement familial et ne déclarent pas leur habitation dans la ville de Séville (augmentation de la bourse par rapport à la distance lieu de vie/université) : beaucoup d'immigrés ne sont pas recensés et nous estimons qu'il y a plus de personnes dans les appartements que seulement celles déclarées. Il faut prendre en compte que beaucoup d'étudiants universitaires qui louent des appartements ici ne sont pas recensés, ce qui génère des problèmes avec les factures Emasesa (Andres, espagnol). D'autant que, pour les 60 immeubles, il y en aurait moins de cinq où ce problème apparaît comme étant réel ce qui montre une exagération dans les conversations et articles de journaux sur ce sujet. "Le problème dans ce type de quartier, c'est que très vite les habitants généralisent un problème dès qu'un cas est démontré" (Ousseynou, sénégalais, coordinateur Acoge).

A cela s'ajoute le fait que des logements restés vacants dans certains immeubles sont saisis par des banques quand les propriétaires ne peuvent plus payer et restent vides en attendant de futurs propriétaires. Il paraît donc difficile de mettre en place des compteurs individuels pour ces appartements vides.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery