III.2. LA PEN SEE DE L'AUTRE DU DEVELOPPEMENT: UN REPO
SITIONNEMENT STRATEGIQUE PLURIDIMENTIONNEL.
L'impératif de renouveler la pensée portant sur
les nouvelles dynamiques des sociétés contemporaines en
revisitant les moyens d'investigation capables de déceler l'ensemble des
problèmes de société reste l'ultime arme pouvant permettre
aux peuples du Sud d'être tributaires de nouvelles compétences en
vue d' adopter une posture de repositionnement stratégique. Cependant,
KI-ZERBO considère toujours dans l'article précité qu'il
faudrait éviter de s'enfermer, de s'enliser dans cet «
égoisme logique » de KANT qui inviterait a vouloir «
penser seul », a se replier sur soi, a s'isoler dans la
sphère du subjectivisme aveuglant, même si, reconnait l'auteur de
l'Anthropologie (KANT, p. 2), « c'est ne pas penser du tout que
de penser sous la férule d'une puissance étrangère
».
D'ailleurs, d'après l'auteur, la réalité
historique actuelle ne l'autoriserait pas, et l'objectivité de la
pensée, et donc la vérité, ne le supporterait pas non plus
: celui qui ne vérifie pas ses opinions, qui ne se frotte pas et qui ne
confronte pas son jugement avec celui d'autrui, ne saurait atteindre le vrai ni
contribuer, par la, a sa réfle xion critique, a son
développement, ou a celui de son pays. C'est dire donc que l'e xercice
de la liberté de penser est certes, une affaire personnelle, mais n'est
pas pour autant une affaire privée ! C'est une affaire publique (p.
3).
L'analyse de la situation de l'Afrique, par e xemple,
orienterait la pensée d' abord vers une uniformisation de l'image
globale de cette partie du monde que Philippe LEYMARIE15
décrit en ces termes : « Tout se passe comme s'ilfallait
compter désormais sur plusieurs Afrique : l'une a la dérive,
saignée par des guerres civiles ; l'autre, bonne éleve des
organismes internationaux, notamment financiers. La premiere Afrique
15 Le Monde Diplomatique, Maniere de voir n. 51
, Afriques en renaissance, Bimestriel Mai-Juin 2000.
relève, quanta l'action internationale, de la
gestion de la crise et de solidarité humanitaire etfonctionnant surtout
selon le modèle des « Seigneurs de la guerre ». Pour ce qui
est de l'autre Afrique, elle est en émergence, parée des atours
de la « bonne gouvernance » couvée par la Banque Mondiale,
courtisée par les investisseurs séduite par Internet,
regardée ~ la loupe par les afro-optimistes ». Cet état
de fait démontre a bien des égards que la situation des pays du
Sud ne peut etre analysée dans la dispersion, pis même, en
présence d'un nombre incalculable d'adeptes du
développement qui n'ont d'yeux que pour les énormes mannes
financières distribuées par les institutions internationales (la
Banque Mondiale et le FMI, etc.).
Le caractère trompeur des référentiels de
base de ces institutions renforce le fait que la pensée unique porte
aussi les traces du vieux credo « diviser pour mieux régner
». Il faudrait donc une révision théorique,
méthodologique, idéologique, économique et culturelle de
ce qu'il est convenu d'appeler l'éthique des pensées
vieilles. C'est aussi ce qui fera dire a Georges BALANDIER que :
« les sociétés en essai de développement imposent un
véritable défi scientifique en raison de leur nombre, de leur
diversité et de leur étatprésent ».
En définitive donc, le monde a besoin d'un processus
d'urgence en ce qui concerne le repositionnement stratégique apte a
éveiller chez tous les peuples un nouvel esprit capable de s'arreter a
temps pour déclarer haut et fort un discours comme celui-ci : «
Si le développement a existé, cela prouve nettement qu'autre
chose peut exister ; cherchons, trouvons et adoptons cette autre chose qui sera
tout sauf le développement ».
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