WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Impact de la performance du secteur agricole sur la performance des autres secteurs et le niveau de vie au Bénin

( Télécharger le fichier original )
par Codjo Serge ABALLO
Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Diplôme d'ingénieur statisticien économiste  2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B- Agriculture et le reste de l'économie

La notion d'une agriculture au service du développement du reste de l'économie, réservoir de main d'oeuvre et de capital à exploiter, recule de plus en plus devant celle qu'il faut s'engager dans la voie du développement agricole pour lui-même et que l'agriculture peut parfois s'avérer un secteur en tête de l'économie, surtout en période d'ajustement économique. CHENERY et SYRQUIN5(*) ont souligné que l'agriculture devrait être source de transferts de capital et de main d'oeuvre vers les zones urbaines pour encourager le développement général de l'économie. Dans son rapport sur le développement dans le monde, la Banque Mondiale ((1990) a mis en lumière plusieurs cas de programmes d'ajustement où l'agriculture a réagi plus rapidement que les autres secteurs à la nouvelle politique et connu un taux de croissance plus rapide que les autres branches d'activité pendant quatre à cinq ans, ce qui a permis de sortir les économies de la récession. Au Chili et au Brésil, l'agriculture s'est développée plus rapidement que l'industrie pendant la décennie 1990. Au Chili, elle a constitué la principale source des nouveaux emplois scientifiques, techniques, qualifiés, managériaux et administratifs pendant la même période. Si l'on prend en compte aussi les industries agroalimentaires, les secteurs des intrants agricoles et les activités de commercialisation, la contribution de l'agriculture au PIB total est en général de 35 à 45 pour cent pour les pays en développement à revenus faibles, soit une part très supérieure de ce que la production agricole primaire à elle seule représente, et presque toujours très supérieure à celle de la seule industrie. La pauvreté étant souvent concentrée en majorité en milieu rural, son éradication et la lutte contre l'expansion des bidonvilles urbains justifient que le développement agricole figure dans les priorités nationales.

L'élément central des modèles de développement expliquant le rôle de l'agriculture sur la croissance est la notion de surplus, généré dans le secteur agricole. A cet effet, les physiocrates reconnaissaient que l'importance d'un surplus agricole était essentielle pour la bonne santé des finances publiques et le niveau de l'activité économique. Trois préoccupations majeures ressortent de la littérature sur le rôle de l'agriculture dans la croissance et le développement économique6(*) : les déterminants de la génération d'un surplus dans le secteur agricole à travers des gains de productivité dus à l'investissement et aux innovations ; les différents mécanismes de transfert de ce surplus ; l'utilisation de ce surplus pour réaliser le développement industriel via les investissements publics, lorsque ce surplus est transféré par les taxes.

Avant 1950, de nombreux auteurs affirmaient que la croissance du secteur agricole a précédé ou peut être causé la révolution industrielle. En 1767, à l'aube de la révolution industrielle, MILL affirmait que la productivité de l'agriculteur limite la taille du secteur industriel. Les historiens de la révolution industrielle ont noté la récurrence d'une certaine logique par laquelle la révolution agricole a précédé la révolution industrielle par un décalage de cinquante à soixante années. Mais à partir de 1950, les économistes considéraient de plus en plus le secteur agricole comme un secteur retardé dans l'économie, générateur d'un surplus de main d'oeuvre tel que l'a formalisé LEWIS (1955). L'intérêt était porté sur la croissance résultant dans le secteur non agricole. Le secteur agricole devait fournir à ce dernier les éléments nécessaires à son expansion.

En s'inscrivant dans cette logique, l'économiste KUZNETS (1964) distingue quatre voies par lesquelles l'agriculture concourt au développement économique7(*) :

ü Les produits : Le secteur agricole fournit la nourriture permettant d'alimenter

les travailleurs des autres secteurs. Il fournit également à l'industrie les matières premières. Un secteur agricole productif fournira des produits bon marché, d'où une amélioration du niveau de rémunération réel et donc une possibilité d'accumulation pour les autres secteurs. De plus, l'augmentation de la production agricole a un effet sur la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB).

ü Le marché : Le secteur agricole peut constituer une demande de biens industriels et de services. Une amélioration de la productivité dans ce secteur devrait permettre l'amélioration des revenus du monde paysan et par conséquent l'accroissement de leur consommation. Le secteur agricole peut ainsi faciliter l'émergence de nouvelles débouchées pour les industries.

ü Les devises : L'exportation de produits agricoles est une source de devises pour

l'économie. Dans un contexte où l'activité agricole est importante, ces devises peuvent servir à l'importation des machines et matières premières dont a besoin l'industrie pour se développer. D'un autre côté, l'agriculture peut permettre l'économie de devises en produisant des denrées qui étaient autrefois importées.

ü Facteurs de production : L'agriculture fournit aux autres secteurs le surplus de

main d'oeuvre dont elle dispose. Ces analyses de KUZNETS (1964) se retrouvent dans différents travaux des économistes du développement d'alors. L'accent était mis sur le développement industriel, car lui seul était à même de fournir des conditions d'un véritable développement économique. KRUEGER (1995) a résumé ces premières théories du développement comme composées de plusieurs fils directeurs :

v le désir et la volonté de «modernisation»;

v l'interprétation de l'industrialisation comme la voie de la modernisation;

v la conviction qu'une politique de «substitution des importations» était

nécessaire à la protection des industries «naissantes»;

v la méfiance à l'égard du secteur privé et du marché et la conviction que le

gouvernement, en sa qualité de tuteur paternaliste et bienveillant, devrait prendre la direction du développement;

v la méfiance vis-à-vis de l'économie internationale et le manque de confiance

dans les possibilités de développement des exportations des pays en développement.

* 5 Hollis Chenery et Moises Syrquin, Patterns of Development, 1950 - 1970, publié pour la Banque mondiale par Oxford University Press, 1975

* 6 WINTERS P., DE JANVRY A., SADOULET E., STAMOULIS K. (1997), The role of agriculture in economic development: visible and invisible surplus transfers, p. 2

* 7 BRASSEUL J., Introduction à l'économie du développement, Armand Colin, Paris, 1989

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote