WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Coopération transfrontalière en Afrique de l'ouest: Enjeux et perceptions des populations burkinabè

( Télécharger le fichier original )
par Monique Bassénewindé OUEDRAOGO
Université de Ouagadougou - Master 2 de recherche en Sociologie 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II. Problématique, objectifs et hypothèses de l'étude

2.1. Problématique

Les recherches sur la coopération transfrontalière ont porté sur l'historique du phénomène en Europe, en Asie, mais aussi en Afrique. En Afrique de l'Ouest par exemple, il existe des formes de coopération transfrontalière depuis l'époque médiévale (Agnès Lambert, 1998) ; toutefois, elles n'étaient pas formalisées dans des cadres juridiques et normatifs comme celles d'aujourd'hui. De nos jours, les formes de coopération existantes sont principalement au nombre de trois : la gestion centralisée, la gestion communautaire et la gestion coopérative. Les deux premières renvoient à la gestion souverainiste, opérée par un seul acteur étatique, tandis que la troisième suppose au moins l'existence de deux acteurs étatiques séparés par des frontières (Joseph V. N. Ebodé, 2011). Et c'est dans le cadre de cette dernière forme de coopération que se situe notre travail de recherche.

De plus, les travaux des chercheurs ont fait ressortir les avantages (John O. Igué & al. 2010 ; Emmanuel Grégoire et al. 2006 ; R.C. Sawadogo, 2008), mais aussi les limites (Lassané Savadogo, 1993 ; Bruno Stary, 1996 ; Michel Cahen, 1999 ; Ousmane Badiane, 1996 ; R.C. Sawadogo, 2008) de la coopération transfrontalière. Les bénéfices relevés portent sur le développement politique et économique. Les limites ont trait au manque de volonté politique et à la faiblesse de l'intégration nationale.

Enfin, la littérature a particulièrement été abondante sur les domaines de coopération transfrontalière : gestion commune de la sécurité et de la défense (Mirko Herberg, 2011 ; Pierre-André Wiltzer, 2004) ; des ressources en eau (Etanislas Ngodi, 2011 ; Tchago Bouimon, 2011 ; CEDEAO, 2006) ; des ressources forestières (Jean Félix Yekoka, 2011), halieutiques (Cyrille S.A. Guemo, 2011) ; pétrolières (Marc-Louis Ropivia, 2011) ; minières (Philippe B.M. Kahandja, 2011) ; sanitaires (Marc Gentilini, 2011 : Christian Masset, 2011) ; infrastructures transfrontalières en Asie (Kuroda Haruhiko, 2007) ; transports routiers, ferroviaires et aériens en Afrique (ARFE, 2012).

En outre, des chercheurs se sont penchés sur des exemples d'espaces marchands (Bruno Stary, 1996) et de coopération transfrontalière avec le cas Sikasso-Korhogo-Bobo-Dioulasso (Karim Dahou et al. 2007 ; John O. Igué & al. 2010 ; Enda Diapol, 2007) ; de la Haute Casamance et de ses voisins (Sylvie Fanchette, 2001) ; de la Sénégambie méridionale (John O. Igué, 2010), etc.

De la tentative d'évaluation des écrits sur le phénomène, l'on note que la documentation est peu abondante sur les enjeux de la coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest. L'insuffisance de documentation est plus prononcée lorsqu'on se penche sur les perceptions des populations. Or, après l'intégration par les Etats, c'est l'intégration par les peuples qui est de plus en plus prônée. Si l'intégration doit se faire par les populations, il est trivial que ces dernières doivent accéder à l'information sur le sujet, participer au processus et pouvoir ainsi opérer des choix éclairés. C'est pour cela qu'à l'échelle micro du Burkina Faso, nous voudrions recueillir les avis des populations sur la question de la coopération transfrontalière, notamment les enjeux et les perceptions.

Le constat fait à partir de l'enquête exploratoire révèle que la majorité des personnes enquêtées n'est pas suffisamment informée des formes de coopération transfrontalières qui existent aux frontières du Burkina Faso, a fortiori, au niveau de l'Afrique de l'Ouest. Nous pouvons citer comme exemples de formes de coopérations transfrontalières en Afrique de l'Ouest : l'espace Sikasso-Korogho-Bobo-Dioulasso (SKBo), la Sénégambie méridionale, Maradi-Katsina-Kano, l'espace Cinkansé-Bittou-Bakwu, le Centre de santé transfrontalier Ouarokuy-Wanian. Peu informées, les populations locales participent également peu à la conception et à la mise en oeuvre des projets de coopération transfrontalière. Toutefois, l'information sur l'existence des formes de coopération transfrontalière semble circuler au niveau des populations frontalières. Par exemple, la plupart des populations de la commune de Djibasso sont au courant de l'existence du Centre de santé transfrontalier (CST) Ouarokuy-Wanian. Cela pourrait s'expliquer par le fait de la proximité de résidence géographique de ces populations à cheval sur le Burkina Faso et le Mali. Une autre explication, c'est que ces populations de part et d'autre de la frontière ont vécu des moments d'affrontements et ont trouvé dans la construction et la gestion du CST une forme de rapprochement. En effet, ces populations riveraines du Burkina Faso et du Mali se sont affrontées en 2009 à cause de questions liées à l'exploitation des ressources naturelles, notamment le foncier. Il en a résulté neuf36(*) (09) pertes en vies humaines (tous de nationalité burkinabè) et des dégâts matériels importants. Si les populations sont au courant de leur existence, en revanche, elles ne sont pas associées dans le processus de coopération transfrontalière dès la conception du projet. Cette faible participation a des répercussions négatives sur leur perception des enjeux de la coopération transfrontalière.

Au regard de ce constat, il se pose en sus du problème de connaissance des formes de coopération transfrontalière, celui des enjeux y relatifs et de la participation active des populations locales à la conception et surtout à la mise en oeuvre des formes de coopération transfrontalière formalisées par les Etats ; ce qui ne milite pas pour une bonne perception de ladite coopération.

Ces constats nous semblent des pistes intéressantes de réflexions sociologiques. Aussi, le problème posé est le suivant : les populations frontalières du Burkina Faso ne sont pas bien informées des enjeux de la coopération transfrontalière, du fait qu'elles ne sont pas impliquées activement dans le processus ; ce qui joue négativement sur leur perception du phénomène.

D'où les questions de recherche suivantes : quels sont les enjeux de la coopération transfrontalière sur les plans social, économique et politique ? Comment ces enjeux sont-ils perçus par les populations vivant dans les zones frontalières du Burkina Faso : positivement ou négativement ? Les populations des zones frontalières sont-elles associées à la conception et la mise en oeuvre des formes existantes de coopération transfrontalière ?  Si la réponse à cette dernière interrogation s'avérait affirmative, quel est le degré de cette participation ?

* 36 http://fr.allafrica.com/stories/201202210717.html édition en ligne du vendredi 08 juin 2012 à 10h32

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard