II.3.1- Évolution des prix
La lutte contre l'inflation est plus que jamais
considérée comme un objectif de politique des autorités
monétaires. En effet, la maîtrise des tensions inflationniste
permet de relancer l'investissement et donc de favoriser la croissance
économique. A cet effet, après le taux record de 33% de
l'immédiat post dévaluation en 1994, le taux d'inflation a
progressivement diminué. Contrairement à la période
1972-1990, où le taux d'inflation se situait autour de 10%, cette
période correspond à un taux moyen qui tourne autour de 4%, ce
qui traduit une maîtrise du phénomène au Cameroun.
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
II.3.2- Évolution des crédits à
l'économie de 1990 à 2003
La liquidation des banques et le transfert des créances
douteuses des banques en activité à la SRC, ont
entraîné une chute des crédits jusqu'en 1997, comme le
montre le graphique ci-après.
Il s'observe que les crédits d'une part diminuent
progressivement jusqu'en 1994, d'autre part évoluent en dents de scie
au-delà, mais se situent dans tous les cas loin du niveau de 1100
milliards de francs CFA atteint en 1988. Quoi qu'il en soit, malgré les
reformes et la dévaluation, les banques s'engagent peu dans le
financement de l'économie. Le ratio dépôts totaux /
crédits à l'économie et à l'État atteint
103% en 1997 contre 84% en 1984, avant le déclenchement de la crise
économique. La dévaluation n'a pas eu les effets
escomptés, les crédits à l'économie ayant
diminué de 43% en terme réels entre le 31 Décembre 1993 et
le 31 décembre 199745 (Joseph A., 2000).
Cette baisse des crédits illustre aussi le fait que
suite à la dévaluation, l'État a apuré une bonne
partie de ses arriérés de paiement auprès des entreprises
qui ont donc moins sollicité les banques. Alors que les crédits
à l'économie représentaient 32% du PIB en 1990, ce
pourcentage n'est que de 8,2% en 1997. Si une partie de cette diminution
s'explique par l'apurement des bilans bancaires entre 1990 et 1992 (en 1992,
les crédits à l'économie représentaient 15% du
PIB), elle illustre également le manque de dynamisme du secteur bancaire
dans le financement de l'économie.
Aussi, durant cette période, les banques s'engagent
essentiellement à court terme pour financer des activités de
commerce et de service. De 1997, période d'exploitation du
pétrole à 1986 celle de la crise économique, la part des
crédits à moyen et long terme était supérieure
à 20% et elle a même atteint plus de 30% en 1980 et 1981
(Joseph A., 2000). Au contraire, à partir du
déclenchement de la crise, la part des crédits à moyen et
long terme est devenue inférieure à 20%. Devant l'augmentation
des difficultés économiques, les banques sont sollicitées
pour les besoins de liquidité à court terme. En revanche, elles
sont plus "frileuses" pour prendre des positions sur le long terme. En raison
de l'insolvabilité des banques de développement, leur suppression
était nécessaire. Cependant, désormais, le financement du
long terme pose problème, car ce rôle n'est pas dévolu aux
banques commerciales. Jusqu'à ce jour, le Cameroun manque d'institutions
spécialisées dans le financement du long terme.
45En 1998, la tendance s'est inversée : les
banques ont connu les tensions de liquidité suite à une
stagnation des dépôts et à une augmentation de la demande
de crédit, ce double mouvement s'explique par la crainte d'une nouvelle
dévaluation du FCFA lors du passage à l'Euro en janvier 1999 et
par un rattrapage de la demande de crédit, renforcée par
l'amélioration des performances économiques depuis1995.
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 80 ~
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 81 ~
Le tableau 11 ci-après permet de visualiser la
répartition des crédits selon la durée. Il ressort de
cette répartition que ces crédits sont en moyenne de 80,25%,
19,15%, 0,6% respectivement pour le court, le moyen et le long terme. Il peut
être entendu que le système financier est loin de se
préoccuper du financement des opérations de développement
qui sont davantage de long ou tout au moins de moyen terme. Ni les
restructurations qui ne sont pas achevées, ni le changement de politique
monétaire, ni la dévaluation n'auront permis d'accroître de
manière significative la part des crédits à long terme.
Tableau 11 : Répartition du
crédit selon la durée au Cameroun (en %)
Année
|
Court terme
|
Moyen terme
|
Long terme
|
1990
|
86.86
|
13.0
|
0.14
|
1991
|
81.66
|
16.96
|
1.38
|
1992
|
79.65
|
20.29
|
0.06
|
1993
|
80.52
|
19.41
|
0.07
|
1994
|
93.13
|
16.64
|
0.23
|
1995
|
85.55
|
14.25
|
0.20
|
1996
|
77.00
|
22.80
|
0.20
|
1997
|
74.53
|
25.30
|
0.17
|
1998
|
71.33
|
23.69
|
4.98
|
1999
|
73.59
|
21.28
|
5.13
|
2000
|
75.36
|
19.63
|
5.01
|
2001
|
76.72
|
19.32
|
3.96
|
2002
|
74.39
|
21.95
|
3.66
|
Source : Calculs effectués
à partir des statistiques, in BEAC Études et statistiques,
n° 253, Novembre - Décembre 1999, p. 307 et N° 267 janvier
2003.
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