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Recherche d'un processus d'historisation de base de données d'occupation des sols appliqué au référentiel géographique forestier de l'IGN

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par Romain Louvet
Université Paris Diderot - Paris 7 - M1 Géographie et Sciences des territoires 2013
  

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II.A.3 - Temps géographique

Figure 13 : Définition du temps selon deux axes : absolu/relatif et discret/continu (Source : Peuquet, 2000).

La Figure 12 reprend les aspects multiples du temps selon deux axes, absolu/relatif et continu/discret, en proposant une délimitation volontairement floue, car sujette à l'interprétation, de quelque exemples. Le temps de l'analyse géographique est à la croisée des aspects complémentaires du temps représenté par cette figure (Isnard, 1985). Il existe en effet à la fois une géographie physique, proche des sciences naturelles, de l'observation de l'espace physique et de l'étude des lois naturelles, et une géographie humaine, appartenant aux sciences sociales, de l'étude des perceptions et des transformations de l'environnement, soit une géographie plutôt quantitative et une géographie plutôt qualitative.

Le temps est un concept fondamental pour l'analyse géographique. Les changements dans le temps et dans l'espace composent tout processus géographique (Peuquet, 2000). Paradoxalement, pourtant, la géographie s'est détachée du temps pour se concentrer sur l'étude de l'espace, et se différencier ainsi d'autres disciplines, comme l'histoire et la sociologie (Ellisalde, 2008 ; Ott et Swiaczny, 2001, p. 3).

L'exemple classique des nombreuses études diachroniques nécessite d'apporter une nuance à l'affirmation précédente. Le temps n'est pas absent de la géographie. Mais le temps en géographie s'identifie souvent au temps d'une cartographie papier, c'est-à-dire à une représentation de l'espace figé à un moment. Le passage du temps et les analyses qui en découlent sont déduits par comparaison entre plusieurs cartes d'un même espace à différentes époques. C'est cette vision du temps qui prédomine encore actuellement en géographie (Kraak, 2000 ; Bordin, 2002).

Toutefois, des travaux sur l'introduction du temps comme sujet d'étude en géographie et des représentations plus dynamiques de l'espace sont à noter. La carte de Minard sur la campagne napoléonienne de Russie (Figure 14) est un exemple célèbre de la représentation du temps dans une carte. La qualité de cette carte, que Minard appelait lui-même plutôt une « carte figurative », tient au fait qu'elle ne respecte pas les codes de la cartographie usuelle. Elle fait correspondre un déplacement dans l'espace et un déplacement dans le temps à l'aide de l'épaisseur du trait symbolisant le nombre de soldats qui diminue au fur et à mesure des pertes (Peuquet, 2002 p. 157).

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Figure 14 : « Carte figurative des pertes successives en hommes de l'armée française dans la campagne de Russie 18121813 », Minard19.

Le géographe suédois Torsten Hägerstrand est sans aucun doute parmi les principaux contributeurs dans l'étude du temps en géographie (Langran, 1992 p. 15). La théorie de la diffusion (Hägerstrand, 1952) et la géographie temporelle (Hägerstrand, 1970), ou time geography, de Hägerstrand sont fondés sur l'étude de parcours individuels et sur leurs interactions dans l'espace au cours du temps. Ces théories ont été appliquées à de nombreux sujets, de l'étude de la diffusion de l'innovation en agriculture, à la diffusion de l'instabilité politique, d'une épidémie, etc. (Peuquet, 2000). La géographie temporelle est particulièrement connue pour ses diagrammes spatio-temporels. La Figure 15 en est un exemple dans le cadre des travaux de la géographe féministe Mei-Po Kwan sur les femmes afro-américaines à Portland dans les années 1990. Cette étude a permis de montrer que ce groupe de population avait une utilisation plus restreinte de l'espace dans ses déplacements quotidiens.

Figure 15 : Parcours spatio-temporels de femmes afro-américaines à Portland en 1994-199520.

Ce type de diagramme reprend le concept de Minkowski d'un cube spatio-temporel en remplaçant la troisième dimension « z » par « t ». Il est ainsi possible de visualiser en perspective des déplacements individuels dans le temps symbolisé par chaque tracé, en violet dans cet exemple. D'autres représentations cartographiques du temps sont possibles.

19 Source : http://en.wikipedia.org/wiki/File:Minard.png. Consulté le 28/04/2013.

20 Source : http://meipokwan.org/Gallery/STPaths.htm. Consulté le 28/04/2013.

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Il est également possible de représenter le temps dans une carte par anamorphose, comme les temps de transports par exemple. Enfin, les cartes animées constituent l'innovation la plus récente dans ce domaine. Elles reposent sur l'utilisation d'un lecteur multimédia affichant une succession de données en fonction du temps (Figure 16) (Kraak, 2000).

Figure 16 : Carte animée de la population mondiale de 1960 à 201121.

Bien que la théorie de la géographie temporelle fût accueillie avec enthousiasme au moment de sa parution dans les années 70, elle est tombée en désuétude par manque de données temporelles exploitables aisément. De même, la cartographie s'est penchée sérieusement sur le sujet de la visualisation du temps depuis les années 60, sans pour autant trouver d'application faute de support technique suffisant (Kraak, 2000).

Depuis le développement des technologies de l'information et de la communication, les données sont présentes et de nouveaux moyens permettent le développement de cartes dynamiques. La question du temps est devenue un enjeu sérieux. La représentation du temps en géographie a ainsi pendant longtemps été limitée par le medium cartographique statique par nature. La problématique est désormais de représenter correctement ces données dans les bases de données afin de pouvoir mettre en évidence facilement les évolutions spatiales et temporelles (Peuquet, 2000, p. 10). Il s'agit donc de définir le temps dans un SIG.

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