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à‰tude de la flore vasculaire, de la végétation et des macrophytes aquatiques proliférants dans le delta du fleuve Sénégal et le lac de Guiers (Sénégal)

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par Abou THIAM
Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) - Doctorat dà¢â‚¬â„¢Etat ès Sciences Naturelles 2012
  

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4.3 Multiplication et phytomasse de Pistia stratiotes L. dans le lac de Guiers

Alors qu'en 1980, Pistia stratiotes n'était représenté que par quelques tapis dérivants (Thiam, 1984), l'espèce couvrait en 1992 de vastes étendues et obstruait toute l'extrémité sud du lac de Guiers (Figure 34). Le développement du végétal a été soudain, rapide et massif. Il est également consécutif à la mise en place de grands barrages sur le fleuve Sénégal. La prolifération de la plante a constitué une nuisance pour les populations riveraines dans la région sud du lac de Guiers (Thiam et al., 1993 ; Cogels et al.,1993). En effet, le développement de vastes tapis de Pistia a rendu difficile l'accès à l'eau par les populations et le bétail ainsi que l'exercice de la pêche. De plus, d'importantes masses végétales de la plante venaient s'échouer sur la digue de Keur Momar Sarr et constituaient un frein au transit de l'eau vers la basse vallée du Ferlo.

A la même période, Pistia stratiotes s'est développé également de façon soudaine et vigoureuse dans le parc national des oiseaux du Djoudj (Guiral, 1993 ; Schenk et al., 1998 ; Den Hollander et al., 1999). Ce parc, un sanctuaire pour les oiseaux, couvre 16 000 ha et correspond au site le plus important pour l'hivernage des oiseaux migrateurs venant d'Europe. Plus de 360 espèces résidentes ou migratrices fréquentent annuellement le parc (Tréca et al., 1992). Par cette richesse spécifique et par l'importance des populations recensées (plus de 3

154

millions d'individus), le Djoudj occupe la troisième place mondiale pour les oiseaux d'eau. De ce fait, il est inscrit sur la liste de l'UNESCO des sites du patrimoine mondial de l'humanité et est protégé par la convention internationale des Zones Humides d'importance internationale dite convention de Ramsar (Guiral, 1993). En mars 1993, plusieurs petits marigots et des chenaux du parc étaient obstrués par des populations de Pistia stratiotes alors que seuls quelques tapis isolés de la plante étaient observés pendant le même temps dans le fleuve Sénégal.

La multiplication rapide et excessive de Pistia dans le lac de Guiers (Figure 34, Figure 35 et Figure 36) et dans le parc du Djoudj a suscité des inquiétudes et a amené les autorités politiques et administratives à réagir. Divers traitements furent appliquer (ramassage, lutte biologique) ou envisagés (lutte chimique par des herbicides-traitement par le feu après déversement d'hydrocarbures) pour lutter contre la plante considérée comme un véritable fléau. Ces actions ont été entreprises ou préconisées sans connaître les caractéristiques biologiques de l'espèce (Guiral, 1993) et en oubliant que le lac de Guiers et le Djoudj font partie d'écosystèmes plus vastes (delta, vallée du Sénégal....) qui peuvent être affectés négativement par les actions de lutte mises en oeuvre.

Cette étude a été conduite pour comprendre quelques aspects de la biologie et de l'écologie de l'espèce qui aideraient à mieux connaitre la plante en vue de trouver de meilleurs moyens de contrôle de sa prolifération. Il donne, pour la première fois pour la zone du delta et le lac de Guiers, des informations détaillées sur:

- la biométrie de différents organes, la multiplication végétative, les densités propices à la pullulation de la plante,

- la qualité de l'eau au moment de la prolifération de Pistia ;

- et la phytomasse aérienne et submergée du macrophyte aussi bien en conditions naturelles qu'expérimentales.

155

Figure 34- Envahissement de la région sud du lac par P. stratiotes (mai 1992)

Figure 35 - Radeau flottant de P. stratiotes avec Oxycarym cubense (Cyperaceae), lac de
Guiers (mai1992)

Mbane

Saninte

Nder


·

Naéré


·

5

10 km

CANAL DE LA TAOUÉ

16,5

° ~~ 16,5°
Niéti Yone


·

N

b T

· Témèye Selene

Diakhaye

Ngnith

· Fass

Mal

Sièr

Mbrar


·

Zone envahie par Pistia stratiotes

en 1992-1994

16°

16°

Diamènar

Diokoul

Gankéte

e UEOUL DIGUE

0


·

KEUR MOMAR SARR

15,5° I Abou THIAM, 2010

156

15,5°

Figure 36 -- Zone de pullulation de P. stratiotes dans le lac de Guiers, 1992-1994

4.3.1 Matériels et Méthodes

4.3.1.1 Multiplication

La multiplication végétative par des stolons est la plus fréquente dans le delta et le lac de Guiers.

L'étude de la multiplication végétative de Pistia a été réalisée dans des bassins flottants. Des chevrons en bois léger de 4 m X 4m ont servi à confectionner 4 blocs (A, B, C et D) de 1 m2 de surface (Figure 37 et Figure 38). Le cadre est peint avec de la peinture à l'huile pour protéger le bois en vue d'un séjour prolongé dans l'eau. Des flotteurs en polystyrène sont placés en divers endroits en dessous du cadre afin qu'il puisse flotter librement sur l'eau. Un grillage de maillage moyen a été fixé tout autour du cadre afin que les plantes ne sortent pas des bassins par vents forts ou par mouvements brusques des eaux. La hauteur du grillage au-dessus de la surface de l'eau est de 20 cm alors que la partie immergée est de 10 cm.

Le cadre flotte librement sur l'eau. Il est relié avec une corde d'environ 5 m à un piquet fixé dans la vase dans le lac. Il peut se déplacer au gré des vents et les mouvements des eaux près du rivage et s'adapter continuellement aux variations de niveau de l'eau. Ce dispositif simple et peu onéreux a été installé près du village de Ngnith dans la région centrale du lac pas très loin du rivage où ont été installés les bacs pour les observations sur Typha domingensis.

1m

A K

1

B

m

 

C
M

DN

157

Figure 37 - Schéma des bassins flottants pour l'étude sur Pistia, 1994

Bassins flottants à Pistia stratiotes

Peuplements submergés de Potamogeton octandrus

Figure 38- Vue du dispositif au démarrage de l'étude sur Pistia (Lac de Guiers, 1994)

Rideau dense de Typha domingensis

Bassin flottant à Pistia stratiotes

158

Figure 39 - Vue du dispositif, 60 jours après le début des observations (Lac de Guiers, 1994)

159

Un nombre déterminé de jeunes individus vivants de Pistia stratiotes sont placés dans les bassins A, B, C, D. Il est de 4 pour le bassin A, 8 pour le bassin B, 12 pour le bassin C et 16 individus pour le bassin D.

Le comptage périodique du nombre d'individus dans les bassins permet d'apprécier la multiplication de la plante (Mitchell and Turner, 1975). L'expérience a duré 6 mois, d'Avril à Décembre 1994.

Des échantillons d'eau ont été prélevés périodiquement dans le site d'expérimentation au moment des comptages des individus de Pistia dans les bassins flottants. Les échantillons sont conservés dans la glace avant leur analyse au laboratoire où le pH, la conductivité, le chlore, les sulfates, les carbonates, les phosphates, le magnésium, le sodium et le potassium sont mesurés. Les prélèvements et analyses d'eau ont été réalisés d'Avril à Octobre 1994.

Lors de la prolifération de la plante dans le parc du Djoudj en 1993, quelques paramètres physico-chimiques de l'eau ont été mesurés dans 5 sites dans le parc en mars 1993 (saison sèche).

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld