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à‰tude de la flore vasculaire, de la végétation et des macrophytes aquatiques proliférants dans le delta du fleuve Sénégal et le lac de Guiers (Sénégal)

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par Abou THIAM
Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) - Doctorat dà¢â‚¬â„¢Etat ès Sciences Naturelles 2012
  

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Conclusions et perspectives

Dans les années 1980, des Etats riverains du fleuve Sénégal dans le cadre de l'OMVS, ont construit à grand frais des ouvrages très importants pour maitriser l'eau et promouvoir le développement socio-économique de la vallée dans son ensemble. Bien que les aménagements effectués à ce jour, aient atteint certains objectifs de développement, ils ont malheureusement eu des effets négatifs sur l'environnement, les systèmes de production et les populations. La pullulation de certains macrophytes aquatiques fait partie de ces conséquences négatives. Les incidences des ouvrages sur le milieu naturel et le développement socio-économique ne sont pas jusqu'ici suffisamment bien connues et bien maîtrisées.

La présente étude est une contribution à la connaissance de la flore, de la végétation et des principaux macrophytes aquatiques du Delta du Fleuve et le lac de Guiers. Ces importantes composantes du milieu naturel ont été très affectées par les changements engendrés par la mise en place des barrages.

La zone d'étude est assez complexe et présente une grande diversité liée aux disparités des différents milieux et écosystèmes qui la composent. En effet, elle se situe à l'interface de l'eau salée et de l'eau douce. Elle comporte des milieux secs voire désertiques au nord, des zones relativement plus humides au sud et subit les influences du climat océanique sur le littoral. Cette position influe grandement sur la diversité des espèces végétales, la végétation et les écosystèmes.

Au plan floristique, les milieux humides du Delta du fleuve Sénégal et le lac de Guiers sont relativement diversifiés, comparativement à d'autres milieux à écologie semblable en Afrique sahélienne. Au total, 151 espèces réparties en 102 genres et 47 familles ont été recensées. Les dicotylédones représentent 56,2%, les monocotylédones 41,7% et les ptéridophytes 2,1%. Les familles les plus diversifiées sont les Poaceae, les Cyperaceae, les Fabaceae et les Amaranthaceae principalement, auxquelles on peut ajouter les Asteraceae, les Chenopodiaceae et les Convolvulaceae. Les zones basses inondables sont les plus riches en espèces, suivent ensuite le lac et le fleuve. Cette grande diversité est liée aux changements hydrologiques et de qualité des eaux. Elle se manifeste souvent par l'apparition de nouvelles espèces qui n'avaient pas été signalées auparavant et à la prolifération des plantes aquatiques comme Typha domingensis. La plupart de ces espèces sont de thérophytes, des phanérophytes et des hélogéophytes qui sont les types biologiques dominants dans la composante terrestre et semi-aquatique (zones basses inondables). Mais cette flore est surtout caractérisée par les

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hydrophytes sensu stricto (18%) constitués de taxons exclusivement aquatiques et regroupées dans les familles des Alismataceae, Hydrocharitaceaee, Lemnaceae, Najadaceae,

Potamogetonaceae et Pontedariaceae chez les Monocotylédones, des Avicenniaceae, Ceratophyllaceae, Lentibulariaceae, Menyanthaceae, Nympheaceae et Rhyzophoraceae chez les dicotylédones. Il s'agit généralement d'espèces à large répartition géographique pantropicales, paléotropicales ou cosmopolites bien adaptées aux écosystèmes aquatiques et aux variations du climat.

La typologie basée sur le mode de développement et le type de relation avec le substratum a permis d'organiser les macrophytes aquatiques en :

- macrophytes fixés,

o émergents sur les rives, plus nombreux, avec principalement des Poaceae et Cyperaceae,

o submergés, en eaux profondes constitués par les Potamogetonaceae et Najadaceae,

- macrophytes flottants,

o fixés à feuilles flottantes avec les Nympheaceae et Oenotheraceae comme composantes majeures,

o libres avec des espèces comme Pistia stratiotes, Azolla, Lemna, Marsilea et Salvinia molesta.

L'étude de la végétation a montré qu'il existe une zonation qui dépend fortement de la salinité du substrat, de la déclivité, de la hauteur d'eau et de la durée de la submersion. A la typhaie

succède généralement la nymphaie ensuite les potamots en eaux profondes. Neuf groupements

végétaux ont été identifiés dont deux des milieux salés humides et sept des milieux faiblement salés voire doux. Ces derniers sont en extension rapide. La faible pente dans le

delta et sur les rives du lac et l'abondance de l'eau douce ont été favorables à l'extension des peuplements de Typha domingensis qui imprime sa physionomie à la végétation des milieux humides. Il occupe de grandes étendues au détriment d'autres macrophytes notamment Tamarix senegalensis. L'agressivité de Typha domingensis vis-à-vis des principaux macrophytes restent à préciser.

Par manque d'information sur la période avant les barrages, il est impossible de faire une étude diachronique des macrophytes des milieux humides du Delta. Toutefois, les données

présentées sur la flore et la végétation ainsi que celles sur la typologie et l'étude de chacune des 48 espèces récensées, permettent de saisir les grands traits de la diversité végétale et l'écologie des milieux humides de la zone, au moins durant les deux premières décennies

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après les barrages. Ces données constituent un référentiel qui peut aider dans le suivi de l'évolution des taxons et les groupements végétaux des milieux d'eaux douces et salées de la région. De plus, les renseignements fournis sur les espèces végétales peuvent constituer la base pour la réalisation d'un manuel pratique simple d'identification et de détermination des macrophytes d'eau douce en milieux secs sahéliens.

Concernant la biologie et l'écologie des macrophytes aquatiques, la croissance de Typha domingensis paraît très rapide dans les conditions actuelles dans le Delta. La multiplication végétative à partir des rhizomes est importante et domine dans les peuplements déjà installés alors que la colonisation des espaces vierges humides se fait par l'intermédiaire des grandes quantités de fruits produits et disséminés par le vent surtout pendant la longue saison sèche. De tous les macrophytes aquatiques de la région, Typha produit certainement la plus grande phytomasse. Les possibilités de valorisation de celle-ci devront recevoir plus d'attention. Des projets pilotes soutenus devraient être mis en oeuvre afin de valoriser davantage cette importante biomasse. Les investigations devraient être poursuivies en vue d'une modélisation des processus de croissance et de multiplication de la plante en fonction notamment des hauteurs d'eau et de la salinité du sol et de l'eau.

La multiplication végétative est la principale forme de reproduction de Pistia stratiotes dans le lac de Guiers. Après une phase explosive juste après la mise en service des barrages, la pullulation de la plante s'est rapidement arrêtée avec la stabilisation des niveaux limnimètriques et des eaux moins turbides. D'autres projets de construction de barrages importants sont en chantier en amont sur le fleuve Sénégal (barrages hydroélectriques de Félou et de Gouina notamment). La mise en service de ces ouvrages pourrait créer de nouvelles conditions favorables à l'extension de la plante. Il s'agira de préciser dans l'avenir les facteurs propices au développement de l'espèce dans le delta notamment en ce qui concerne la qualité de l'eau.

L'apparition et le développement massif de P. schweinfurthii dans le lac de Guiers est sans doute la plus grande manifestation de l'adoucissement des eaux. Des données originales sur la morphologie de la plante dans le lac ont été obtenues et les principaux sites d'extension du macrophyte ont été localisés. Il serait intéressant de suivre le développement des tapis de P. schweinfurthii dans le lac et d'étudier les effets des peuplements de P. schweinfurthii sur le processus et la vitesse de sédimentation.

L'invasion du Delta par Salvinia molesta a montré en grandeur réelle les problèmes que peuvent engendrer sur les écosystèmes, l'introduction d'espèces douées d'un important

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potentiel de multiplication. Cette fougère aquatique hybride fait maintenant partie de la flore des milieux humides du Delta. Malgré le succès de son contrôle biologique avec Cyrtobagous salviniae, il est important de suivre la dynamique des populations de S. molesta au regard des aménagements en cours. Une pullulation de la plante est encore tout à fait plausible.

En plus du contrôle biologique de S. molesta et de P. stratiotes, d'autres tentatives de lutte contre les macrophytes aquatiques ont été menées dans la région avec des succès mitigés.

T. domingensis, P. octandrus et P. schweinfurthii sont actuellement les espèces qui posent le plus de problème et pour lesquelles il est urgent de trouver de méthodes et techniques de contrôle appropriées. Ces moyens de lutte, en plus d'être écologiques doivent être financièrement et économiquement supportables. La technique de contrôle idéale ayant l'ensemble de ces caractéristiques n'est pas encore disponible. Elle doit être recherchée et adaptée aux réalités du Delta. Elle résultera très certainement d'une combinaison judicieuse de différents moyens, méthodes et approches de contrôle des macrophytes aquatiques.

Les efforts pour réunir des informations scientifiques détaillées sur le fonctionnement et la dynamique des écosystèmes limniques du Delta et le lac de Guiers doivent être poursuivis. Plus spécifiquement, il serait intéressant dans le court terme en plus des suggestions faites ci-dessus de :

- faire une cartographie précise et détaillée des principaux peuplements de macrophytes (y compris les macrophytes submergés) avec l'aide des photographies aériennes et d'images satellitaires pour le suivi des peuplements. En effet, il est indispensable, en matière de gestion, de disposer de supports cartographiques régulièrement mis à jour;

- étudier la synécologie de T. domingensis en conditions lacustre et fluviatile ;

- étudier la reproduction et la multiplication de macrophytes submergés comme Potamogeton octandrus, Najas marina et N. pectinata qui constituent par endroits des peuplements importants et sont des zones de frai et de refuge pour de nombreux animaux aquatiques ;

- rechercher les meilleures techniques de récolte, d'utilisation et de valorisation de la biomasse de T. domingensis.

Au total, pour que le présent travail prenne sa pleine signification, nous formulons le souhait qu'il soit à nouveau réalisé d'ici 5 à 10 ans. La comparaison des deux situations permettra alors de dire si la santé générale du delta du fleuve Sénégal et le lac de Guiers s'est améliorée ou s'est dégradée dans ce laps de temps. Elle permettra sans doute, à travers le suivi de l'évolution des espèces végétales aquatiques sensibles aux facteurs de salinité et de pollution, de voir dans quelle mesure les efforts déployés pour la sauvegarde ou l'amélioration de la

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biodiversité du Delta et la promotion du développement socio-économique de la zone auront été ou non récompensés.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire