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Cherté de la vie et réalité économique au Niger

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par Kabir BOUBACAR ISSA BABA
Institut de Stratégie dà¢â‚¬â„¢Evaluation et de la Prospective - Master 2 2011
  

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1.2 Evolution de l'inflation au Niger

L'évolution historique indique que l'inflation a toujours été contenue d'une manière ou d'une autre, dans des proportions raisonnables. En aucun moment, le pays n'a connu d'inflation trop élevée. Le graphique ci-dessous montre l'évolution en glissement annuel de l'inflation au Niger.

Graphique 1 : Le taux d'inflation en glissement annuel au Niger

Source : INS-Niger

L'examen du graphique 1 indique qu'il y a des périodes de pics de l'inflation; il s'agit des années 1975, 1980 et 1994. En effet, ces trois périodes correspondent à des chocs extérieurs importants. Les pics de 1975 et de 1980 correspondent à l'impact des chocs pétroliers sur l'économie du pays et celui de 1994 à la dévaluation du FCFA qui changeait pour la première fois de parité avec la monnaie d'indexation qui était le franc français. De 1971 à 2013, le taux d'inflation a surpassé quatre fois, la barre de 15%; il s'agit des années 1975, 1976, 1980 et 1993. Pour la même période, le taux d'inflation a atteint dix fois les deux chiffres sur 40 ans.

Pour ce qui concerne la norme de 3%, il faut indiquer que le taux d'inflation a dépassé ce seuil avec une fréquence de 48.8%.

L'analyse de l'évolution historique des taux d'inflation indique qu'il y a eu plusieurs périodes de déflation. Cette déflation s'explique surtout par une conjonction de deux politiques complémentaires. Il y a d'abord, la politique de rigueur budgétaire entreprise depuis les débuts des années 1980 due à la baisse du prix de l'uranium. Elle s'est caractérisée par une baisse drastique des dépenses publiques à travers un blocage des salaires et la suppression ou la diminution d'indemnités ainsi qu'une hausse des recettes. Au cours de cette décennie, l'évolution de la masse monétaire a été également ralentie passant de 13,43% entre 1980 et 1981 à moins 21% entre 1989 et 1990. Ces différentes politiques ont entraîné une baisse du niveau général des prix. Ensuite, il y a les programmes d'ajustement structurel (PAS), qui vont poursuivre les politiques de compression de la demande intérieure par la réduction des dépenses publiques et par une augmentation des recettes fiscales grâce à des réaménagements.

Cependant, au Niger, c'est l'IHPC qui sert de mesure de l'inflation. La composition de son panier a connu de nombreuses évolutions de l'indépendance à nos jours. A partir des indépendances, l'indice des prix qui était calculé était appelé indice des prix à la consommation africaine. Cet indice était calculé sur la base de 108 produits.

En 1996, l'Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC) a été mis en place pour tous les pays de l'UEMOA. Il a pour objectif d'harmoniser les indices des prix entre les pays pour les rendre comparables dans le cadre du suivi des critères de convergence. Pour le cas spécifique du Niger, 320 variétés de produits sont suivies avec des pondérations provenant d'une enquête sur les dépenses des ménages réalisées en 1996. A partir de 2008, des modifications ont été faites sur les variétés des produits suivis (657 au lieu de 320).

Les produits et leur pondération se présentent comme suit:

Tableau 1 : Les Produits et leur Pondération dans l'IHPC au Niger

 

PONDERATIONS

INDICE GLOBAL

10000

I- Produits alimentaires et boissons non alcoolisées

3981

II- Boissons alcoolisées, tabacs et stupéfiants

78

III- Articles d'habillement et chaussures

948

IV- Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles

1016

V- Meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer

419

VI- Santé

204

VII- Transports

1301

VIII- Communications

613

IX- Loisirs et culture

167

X- Enseignement

167

XI- Restaurants et hôtels

750

XII- Biens et services divers

356

Source : INS-Niger

L'examen de ces pondérations permet de voir que l'inflation sera plus sensible à toute variation des produits alimentaires, des boissons et du tabac puisque ce poste représente le tiers de l'ensemble de la pondération. Pour ce poste, ce sont les céréales non transformées qui occupent la première place. C'est certainement pour cette raison que d'aucuns expliquent l'inflation à court terme par la variation des niveaux du prix des céréales.

Les autres postes les plus importants sont le transport et l'ensemble constitué du logement, de l'eau, l'électricité, le gaz et des autres combustibles.

Toutefois, il faut noter qu'il y a des limites à l'utilisation de l'IHPC au Niger. Que ce soit dans sa forme ancienne ou dans sa forme actuelle, les relevés de prix des différents paniers ont toujours concerné la ville de Niamey, les autres localités étant ignorées par le dispositif. L'hypothèse qui est faite dans ce cas, est que l'évolution des prix de Niamey est représentative de l'ensemble du pays, ce qui n'est pas démontré. Toutefois, un Indice National Harmonisé des Prix à la Consommation est en cours d'expérimentation.

Cependant analysons les causes externes et internes de l'inflation au Niger.

1.2.1 Les causes externes de l'inflation

Cette rubrique a pour objectif d'analyser les causes de la flambée des prix des produits alimentaires compte tenu de leur poids dans le panier de l'IHPC au Niger.

1.2.1.1 Les causes de la hausse des prix au niveau mondiale

Au niveau mondial, les prix agricoles ont fortement augmenté depuis 2006 et 2007. Ils ont accusé une hausse encore plus marquée au cours du premier trimestre 2008. L'indice FAO des prix alimentaires a augmenté en moyenne de 8% en 2006, de 27% en 2007 et pour les trois premiers mois de 2008 de 53% par rapport aux trois premiers mois de 2007. Pour les pays à faible revenu et à déficit vivrier, la facture des importations de céréales a augmenté de 37% en 2006-2007 et de 56% en 2007-2008.

Pour la deuxième fois en trois ans (2008 à 2011), les prix internationaux des produits alimentaires avaient augmenté en flèche, faisant craindre une crise des prix alimentaires similaire à celle de 2008 avec les répercussions que l'on sait sur les populations pauvres. En février 2011, l'indice des prix des produits alimentaires de la Banque mondiale a égalé le niveau record qu'il avait atteint en 2008, tandis que l'indice des prix agricoles de la Banque était supérieur de 17% à son pic de 2008. Les cours mondiaux du sucre et des huiles alimentaires ont augmenté depuis juin 2010, à tel point que le cours du sucre a progressé de 86 % et celui de l'huile de soja de 59% entre cette période et février 2011. Les cours mondiaux du maïs, du blé et du riz ont aussi progressé: le prix mondial du maïs était supérieur de 2% à son niveau maximum de 2008, même si les cours du blé et du riz se situent encore (en février 2011) respectivement 21% et 42% en dessous de leurs records de 2008. Selon les prévisions des principales études sur les perspectives agricoles (OCDE-FAO, Ministère Américain de l'Agriculture et Banque mondiale), les prix alimentaires internationaux resteront supérieurs à ceux de la décennie précédente au moins jusqu'en 2019 sous l'effet de l'interaction complexe de plusieurs facteurs. En outre, l'indice des prix alimentaires de la FAO a atteint son niveau le plus haut depuis sa création en 1990. Il a dépassé en janvier 2011 (231 points) le niveau le plus élevé atteint au plus fort de la dernière crise alimentaire en juin 2008 (213,5 points).Cet indice est calculé sur un panier de cinq groupes de produits (céréales, huiles et graisses, produits laitiers, viande et sucre), pondéré par leur part dans le marché international pour la période de référence 2002-2004. En janvier 2011, il s'est envolé à 245 contre 151 en juin 2010 pour les céréales, à 278 contre 168 pour les huiles et graisses, à 166 contre 137 pour la viande et à 420 points contre 225 pour le sucre. Celui des produits laitiers restent à peu près constant à 221 points. L'augmentation en 2010 du prix des grains concerne surtout le blé (+50%), le maïs (+50%) et le soja (+34%). Comparée à celle du premier semestre 2008 qui avait provoqué des émeutes dans de nombreux pays, la hausse concerne surtout les huiles, le sucre et les produits animaux. Elle est actuellement moins forte pour les céréales, produits particulièrement sensibles pour les consommateurs urbains vulnérables de nombreux pays fortement importateurs. Cette hausse des prix sur les marchés internationaux ne se répercute pas encore sensiblement sur les prix des aliments sur les marchés intérieurs des pays vulnérables, sauf depuis janvier 2011 pour les pays importateurs de maïs d'Afrique Centrale. Mais compte tenu du délai de transmission des prix entre les marchés locaux et internationaux, il est probablement trop tôt pour constater l'impact sur les prix locaux.

En somme, la hausse des cours peut être lue avec une marge confortable d'erreur comme le résultat d'un déficit de la demande sur l'offre. Les raisons sous-jacentes à la croissance de la demande et à l'inertie de l'offre varient selon les auteurs; néanmoins, une série de huit facteurs affectant l'une ou l'autre, à laquelle il convient d'ajouter deux acteurs complémentaires qui ne leur sont pas directement liés, peut être établie. Ce sont:

Ø La hausse des prix de l'énergie augmente les coûts de production, et, in fine, les prix agricoles. Ses implications sur le coût de l'électricité, du transport, des intrants chimiques, se combinent par une hausse des coûts de production agricole. Plusieurs produits se renchérissent parallèlement à la hausse du pétrole brut;

Ø La hausse de l'offre de biocarburants, et en particulier d'éthanol produit à partir de maïs nord-américain qui réduit la production agricole disponible à des fins alimentaires;

Ø Les aléas climatiques: par exemple l'Australie a été frappée par deux sécheresses consécutives en 2006 et 2007 tandis qu'en 2008, l'Europe subissait des pluies abondantes avec un même résultat de réduction de l'offre mondiale de céréales;

Ø La croissance de la demande des pays émergents, et en particulier de la chine. Energivore et protéinivore, la croissance chinoise à deux chiffres a vu ce pays se transformer en importateur net de produits qu'il exportait moins de dix ans auparavant. La chine est aujourd'hui le premier consommateur et importateur de minerais et métaux, le deuxième consommateur de pétrole, et le premier importateur mondial de soja et d'oléagineux, de coton, de laine et de caoutchouc;

Ø Les politiques publiques de restriction à l'exportation, mises en place en particulier sur le riz, ont accru l'écart entre la demande et l'offre mondiale disponibles sur un marché de surcroît déjà étroit;

Ø La baisse du dollar: des estimations de la sensibilité (dite « élasticité ») des prix matières premières (libellés en dollars) aux évolutions du dollar montrent qu'une dépréciation de 1% de la monnaie américaine se traduit par un renchérissement des cours du pétrole de 1%, et un renchérissement moyen des cours des matières premières situé entre 0,5% et 1%;

Ø La restructuration des marchés (baisse des stocks). La transformation des filières alimentaires durant les dix dernières années, marquée par une segmentation accrue en aval entre produits transformés, une multiplication des filières spécialisées et un accroissement de la dispersion géographique de la production et de la consommation, s'est accompagnée d'une réduction marquée des stocks mondiaux;

Ø L'étroitesse des marchés: les produits agricoles dont la hausse fut la plus précoce et la plus marquée (céréales) sont relativement peu échangés dans le monde en proportion de l'offre disponible;

Ø La spéculation: l'influence des marchés à terme sur l'évolution des cours des matières premières au comptant (« spot ») est une antienne qui s'invite à chaque crise dans le débat public. Plusieurs éléments expliquent qu'en 2006-2008 la « spéculation » et les « spéculateurs » aient été particulièrement mis à contribution pour expliquer l'emballement des cours;

Ø Le sous-investissement dans le secteur agricole: la crise alimentaire mondiale est avant tout le résultat de l'insuffisance des investissements observée depuis un certain temps, et qui a causé la baisse de la productivité agricole des pays en développement; cette baisse a elle-même été aggravée par la dégradation des sols.

Globalement tous ces facteurs constituent un ensemble des causes qui peuvent être source des tensions inflationnistes au niveau des denrées alimentaires. En effet, la conséquence de ces phénomènes sera inévitablement une augmentation des personnes vivant dans la vulnérabilité, plus particulièrement dans les pays en voie de développement. Comme le Niger importe plus qu'il exporte l'analyse du taux de couverture s'impose.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon