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Approche psychanalytique de Hugo Barine dans les mains sales de Jean Paul Sartre

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par Gonkapieu Joseph Gueu
Institut National Supérieur des Arts et de l'Action culturelle ( INSAAC- Abidjan-COTE D'IVOIRE) - Maîtrise en Théâtre 2009
  

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3.3.2. L'idéologie implicite

L'idéologie implicite d'une oeuvre dramatique traduit la réalité sous-jacente et subtile du texte. Cela se perçoit après une analyse minutieuse du texte par le biais du discours que tiennent les personnages. L'idéologie implicite est virtuelle, contenue dans l'oeuvre sans être formellement exprimée. On peut la percevoir par déduction.

A la réflexion, Jean Paul Sartre pose dans Les Mains Sales les problèmes à un tout autre niveau. C'est celui d'une stratégie et d'une tactique propres à réaliser un certain projet dont on pense, à tort ou à raison, qu'il est bénéfique pour le plus grand nombre donc pour le pays. Dans Les Mains Sales, le Régent, le Pentagone et le Parti ont chacun leur conception et cherchent à les appliquer.

Dans Les Mains Sales, nous avons une illustration vivante du marxisme avec de grandes stratégies communistes et du socialisme. La pièce présente à cet effet deux types de classes sociales à savoir la classe bourgeoise représentée par le Parti au pouvoir et celle des exploités incarnée par le Parti prolétarien qui se bat pour la démocratie, pour la liberté, pour une société sans classes.

La notion de classe sociale est essentielle dans le marxisme : c'est la base de son analyse critique de la société. Selon le marxisme, il existe principalement deux classes dans la société dite bourgeoise et capitaliste, et qui sont définies par les rapports de production.

La classe des exploiteurs et celle des exploités, autrement dit la bourgeoisie capitaliste et le prolétariat. La bourgeoisie possède et détient les moyens de production, tandis que le prolétariat subit les conditions draconiennes de travail que lui impose la classe dominante.

Dans cet ordre des principes de la politique marxiste, il existe une vérité intangible qui a force de postulat ; le Parti communiste, émanation et incarnation du prolétariat, est infaillible et ses décisions sont sans appel : quiconque s'y opposerait en toute bonne foi et pour les raisons les plus valables, serait réputé traître et traité comme tel. C'est ici le cas de Hoederer, membre influent et Secrétaire Général du Parti prolétarien. Ses camarades du Parti ont estimé à un moment donné qu'il s'éloignait de la droite ligne tracée par le Parti. Il oeuvrait à ce que le Parti prolétarien s'allie à la classe bourgeoise en vue de partager le pouvoir avec celle-ci.

Or le Parti prolétarien exige une fidélité et une soumission aveugle de tous ses membres, en vue de l'objectif unique qui est la prise du pouvoir. C'est donc pour cette raison que Hoederer a été qualifié de traître social.

A cette fin, pour la prise du pouvoir, le seul critère est celui de l'efficacité indépendamment de toute considération morale ou humaine. De ce fait, les dirigeants du Parti peuvent se trouver amenés à travestir la vérité par l'omission, le mensonge et la falsification, et même s'il le faut la « suppression physique de l'adversaire », cet adversaire serait-il un militant ou un dirigeant convaincu. Il peut arriver, en revanche, que le Parti ou certains de ses membres influents se trouvent dans le cas de transiger et de composer, momentanément, avec l'adversaire même « bourgeois ». C'est ce que l'on appellera alors, dans un cas comme l'histoire de notre corpus, de la part des chefs responsables du Parti « se salir les mains », nécessité à laquelle ils se résignent de plus ou moins bon gré, sans que leurs scrupules éventuels ne soient jamais pris en compte.

Quant à l'aspect socialiste de notre corpus, l'on s'en aperçoit à travers les actions menées par Hoederer, actions qui ne peuvent se justifier de socialiste qu'en établissant un rapport avec celles de Hugo Barine.

Etre « socialiste », c'est éprouver un sens aigu de l'existence sociale, en société, et donc une répulsion quasi-instinctive pour tout ce qui privilégie indûment l'individu et l'individualisme, le caractère privé de la proprieté, ainsi que la recherche égoïste par chacun du bonheur individuel. Cet individualisme, c'est ce qu'affichent les libéraux. Avant tout ils sont pour l'épanouissement personnel en tous domaines : intellectuel, moral, économique, politique, culturel et religieux. Ils sont devenus insensibles aux effets de leur choix idéologique et de leur comportement pratique.

Pour Hugo Barine, une urgence se fait voir : sauver et protéger en toute circonstance les intérêts du Parti, seulement le Parti et rien que le Parti. Hugo, de ce fait, est en opposition avec la réalité et fait montre de son individualisme bourgeois qu'il avait avant d'entrer au Parti. : «  Je respecte les consignes, mais je me respecte aussi moi-même et je n'obéis pas aux ordres idiots qui sont faits exprès pour me ridiculiser ». Aussi son individualisme voire égocentrisme se montre tout aussi dans certains aspects de son discours que nous évoquons : « Quand l'armée rouge chassera le régent, nous aurons le pouvoir pour nous seuls ».

A la lecture de ces deux discours et ce, par contraste, nous constatons que Hugo Barine évoque simultanément les pronoms « je » et « nous ». Cette remarque montre combien de fois Hugo ramène tout à lui. Ces nombreuses énumérations contrarient du coup la position sinon le désir de Hugo quand il entrait dans le Parti. : « J'ai adhéré à ce Parti le jour où j'ai compris ce que c'était l'injustice sociale... ». Son aspiration en principe était celui d'oeuvrer pour l'avènement d'une société sans injustice sociale où chacun serait récompensé en fonction de son mérite.

La conception de Hoederer, celle qui nous intéresse le mieux, est celle qui ne peut fonctionner en collectivité, tandis que celle de Hugo ne fonctionne que pour l'individu. Hoederer est celui-là même que l'on qualifie de traître social ; puisqu'il veut collaborer avec le Parti au pouvoir dans l'intérêt du peuple.

Devant l'avancement de l'armée rouge qui se traduit par des destructions massives, Hoederer ne voit qu'une seule issue. Son Parti doit accepter de faire des concessions dans l'intérêt du peuple : accepter les pourparlers organisés par le Régent en vue de collaborer avec la classe bourgeoise.

L'avantage pour Hoederer, à travers cet acte, réside en une simple protection du peuple pour lequel on lutte.

De même, en mourant, il protège Hugo en mentant, en se déclarant responsable pour un acte qu'il n'ait pas commis.

A travers cette défense il refuse les intérêts individualistes et collectivistes aveugles. Il défend la personne humaine qui n'est pas seulement individualiste mais aussi sociale.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld