WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

le souci comme être du Dasein chez Heidegger Martin

( Télécharger le fichier original )
par Serge MUTUMBO
Institut saint Jean Bosco kansebula - Graduat en philosophie et sciences de l'éducation 2003
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

INTRODUCTION GENERALE

L'homme existant dans le monde est un être qui a été jeté dans le monde pour qu'il se réalise dans celui-ci. Comme étant jeté dans le monde, il trouve d'autres hommes qui y vivent déjà. Non seulement il rencontre des hommes comme lui, mais il rencontre aussi des choses, des outils ou instruments qu'il utilise pour sa réalisation. L'homme découvre q'il est un être-au-monde et par ricochet un être-avec-autrui de par sa nature. Il est appelé à vivre avec d'autres pour sa réalisation dans le monde où il est jeté par l'Etre qui l'a donné d'être. L'être-là (qui est l'homme) dans le langage heideggérien est ontologiquement un être-au-monde et un être-avec-autrui, un « Mit-sein ». Cet être est appelé à assister l'autre qu'il rencontre dans le monde qui l'angoisse. Et le souci est l'être du dasein puisqu'il consiste à ce que dans l'angoisse que procure l'être-au-monde, le Dasein puisse mettre tous ces efforts pour perfectionner son être. Le souci est celui de l'être. Le rien-et-le-nulle-part du monde comme tel nous pousse à vivre pour que notre être ne se dérobe pas dans des futilités.

Le souci est celui du dépassement de notre être qui aspire toujours à un plus puisqu'il est fini. Il y va de son être d'être-en-avant-de-soi-même pour toujours vouloir un plus pour son être tout en étant ne pas oublier qu'il est toujours et déjà un être-déjà-à... et un être-auprès-de ...dans ce monde où il habite comme berger de l'être qu'il n'épuise pas même s'il est le lieu de l'ouverture de ce dernier. D'où la place privilégiée qu'occupe l'être-là par rapport aux autres étants qui sont avec lui dans le monde.

0.1 Intérêt et choix du sujet

La question de l'être comme notre maître à penser l'a dit est oubliée dans notre monde contemporain. Aujourd'hui, les hommes n'en font même plus cas. Ils sont préoccupés par l'avoir du matériel, du progrès technique et scientifique. Ils passent outre la question fondamentale et ontologique qui concerne notre être. A la suite de notre auteur, nous réveillons encore cette question pour que nous ne puissions jamais l'oublier parce qu'en l'oubliant nous nous détachons de notre fondement original qu'est l'être qui nous donne d'être et toujours d'être plus en tant qu'être-en-avant-de-soi-même dans ce monde déchu. Ce modeste travail nous aidera à nous remettre en question sur notre vécu dans notre être-avec-autrui qui est ontologiquement lié à nous puisqu'aussi être-au-monde. Et ensuite, ce travail va nous éclaircir sur notre capacité d'être des êtres appelés à nous dépasser toujours et déjà.

0.2. Problématique et hypothèses

Nul homme n'est sans ignoré qu'il est un être-au-monde. De ce fait, être-au-monde implique sans autre forme de procès l'être-avec-autrui qui est la caractéristique de l'être-là qui est jeté dans le monde pour qu'il se réalise dans son être qui est un être-en-avant-de-soi-même. L'être-là est un être appelé toujours et déjà à se dépasser dans son être pour un être plus.

Nous constatons que les hommes ne sont pas à la hauteur de toutes ces exigences que nous venons de citer dans ce bref résumé. D'aucuns pourront se poser des questions fondées comme : Qui est l'être-là et qu'elle est sa mission face à l'être ? Est-ce que nous sommes vraiment obligés de vivre avec l'autre ? La coexistence est-elle possible ? Quelle forme d'assistance devons-nous appliquer pour l'autre ? Quel sentiment procure l'angoisse ? Qu'est-ce qui angoisse ? Le souci est fait de quoi ?

Engagé dans ce sens pour la cause de l'être qui est oublié dans notre monde de consommation, dans le plaisir d'avoir pour ne pas être, notre travail parlera du souci de l'être qui doit nous caractériser pour être -plus dans l'être-au-monde impliquant l'être-avec-autrui puisque nous ne pouvons être vraiment sans être être-avec.

0.3 Méthode et subdivision du travail

En vue de l'élaboration de ce travail, nous avons pris la méthode herméneutico- critique. Cette dernière nous aidera dans notre travail pour interpréter la pensée de notre auteur.

Pour ce qui est de la subdivision du travail, celui-ci s'étendra sur trois chapitres hormis l'introduction et la conclusion générales. Nous aurons à expliciter brièvement dans notre travail le souci comme être du Dasein.

Pour ce faire, le premier chapitre s'évertuera à montrer combien l'être-au-monde implique l'être-avec-autrui qui est un existential. Le fait d'être-avec-autrui dans le monde où le dasein est jeté dans la facticité. Le deuxième chapitre quant à lui s'occupera plus d'éclairer le souci comme être du Dasein. L'être-là est un être-en-avant-de-soi-même qui est toujours et déjà appelé au dépassement de son être. Il n'est pas une chose simplement donnée une fois pour toutes comme c'est le cas pour les choses matérielles (stylo, livre, pierre...). Lui est un être toujours appelé à se dépasser dans son être pour un être-plus.

L'appréciation critique sera le troisième chapitre. Et nous y aurons à relever les mérites, les points positifs de la pensée de notre maître à penser mais nous allons aussi souligner les points négatifs, les insuffisances rencontrées dans la pensée heideggérienne.

0.4 Notice Biographique

Martin Heidegger est un philosophe allemand qui est né le 26 septembre 1889 à Messkirch et s'est éteint le 26 mai 1976. Il est l'un des philosophes influents du XXè siècle. Issu d'un milieu très catholique. Son père était sacristain d'une paroisse. Il fit ses études secondaires au lycée jésuite de constance, ensuite à Fribourg. Il partit pour l'université de Fribourg-en-Brisgau. Il étudiera même la théologie. En plus, il suivra des cours des mathématiques, de philosophie et des sciences. Il avait l'intention de devenir prêtre mais près quatre semestres au séminaire, il quittera cette vocation et il dira que la foi était radicalement incompatible avec la philosophie. Il défendit sa thèse sur La doctrine des catégories et de la signification chez Duns Scot. Il sera habilité à enseigner après cette thèse.

Après la première guerre mondiale, il devient assistant personnel de Husserl, avec qui il partage les réflexions et les recherches sur la phénoménologie. En 1923, il est nommé professeur titulaire à l'université de Marbourg. L'année suivante, il fait connaissance de Hannah Arendt, une élève avec laquelle il a eu une liaison clandestine qu'il interrompt lors de son départ pour Fribourg.

Le 12 mars 1926, il présente à Husserl, à l'occasion d'une réception pour les 67 ans de celui-ci, le manuscrit de Sein und Zeit (Etre et Temps), premier ouvrage qui est publié l'année suivante, à la demande du doyen de l'université de Marbourg.

En 1928, il prend la suite de son maître Husserl, parti à la retraite, à l'université de Fribourg. Lors des élections de 1932, il vote pour le parti national-socialiste (NSDAP), y adhère l'année suivante et y reste jusqu'en 1945. Le 21 avril 1933, il est élu recteur de l'université de Fribourg, trois ans après l'avènement de Hitler comme chancelier du Reich (le 10 janvier 1933). Il prononce le fameux Discours du Rectorat, qui lui sera constamment opposé. En désaccord sur l'idéologie politique du national-socialisme, qui ne correspondrait pas avec l'idéal philosophique qui est le sien, il va démissionner de ses fonctions administratives le 12 avril 1934, mais il poursuit son enseignement jusqu'à la fin de la guerre. Quand la seconde guerre mondiale prit fin en 1945, l'autorité vainqueur de la guerre lui interdit d'enseigner. Cette interdiction restera jusqu'en 1951. Il enseignera jusqu'en 1958 date de son départ à la retraite de l'université. Martin Heidegger fut marié le 1917 avec Elfride Petri. De ce couple naîtra deux fils : Jörg et Hermann. Bien qu'étant en retraite, il continua d'animer ses séminaires et de participer à des colloques jusqu'en 1973, trois ans avant sa mort le 26 mai 1976 à Fribourg-en-Brisgau.

Avec Heidegger, la philosophie se conçoit elle-même comme une parenthèse ouverte avec Platon et close au XXè, qui ouvre sur une nouvelle perspective, qui est en même temps retour au plus ancestral : l'écoute de la voix de l'Etre dans le mythe pour que l'homme se libère de l'enfermement.

CHAPITRE I. L'ETRE-AU-MONDE COMME ETRE-AVEC-AUTRUI ET ETRE-SOI

1. O Introduction

L'être-là dans la conception de Martin Heidegger est dans le monde. Il est pris par son monde. L'être-là est absorbé par le monde dans son existence quotidienne. Il est non seulement dans le monde, mais encore se rapporte à ce monde selon un mode d'être particulier et dominant1(*). L'être-là (Dasein) est dans le monde et ne peut être compris que dans celui-ci.

Au cours de ce chapitre, nous n'allons pas traiter de la mondanéité, mais plutôt de la question de savoir : « Qui est donc l'être-là dans le mode de la quotidienneté ? ». Les lignes qui vont suivre nous aideront à répondre à cette question.

Quand nous posons la question « qui ? », cela veut dire que nous voulons trouver après investigation « les structures de l'être-là dont les origines se confondent avec celles de l'être-au-monde : l'être-avec-autrui et la coexistence »2(*).

1. 1 La définition du Dasein

Le Dasein est le sujet qui est dans ce point comme sujet d'interrogation. Nous voulons connaître l'identité du Dasein puisque la question « Qui ?» renvoie ou veut connaître l'identité du sujet. C'est ainsi, nous entendons dans le langage courant, une personne posait à une autre la question de savoir : « Qui es-tu ? ». Avec cette question, celui qui la pose veut connaître l'identité de celui qui est devant lui.

« Qui est le Dasein ? », à cette question nous donnons la parole à l'auteur de l'être et le temps pour répondre : « l'être-là est l'étant que je suis moi-même, son être est mien... »3(*).

 Cet étant, c'est moi, un moi et non un autre. Il ne s'agit visiblement pas de n'importe quel étant. Il ne s'agit pas de l'étant stylo avec lequel nous écrivons, mais d'un étant privilégié, parce qu'en entente avec l'être, c'est-à-dire l'homme, qui dans la terminologie de Heidegger, est le Dasein. Quand nous posons la question « Qui est-ce ? ». Celui qui répond c'est le moi lui-même, le sujet, le « soi » qui répond.

Le « qui » est ce qui veut montrer ce qui perdure. Il est identique au long des comportements et des impressions.

Ontologiquement parlant, il est comme quelque chose de subsistant, il est le « subjectum »4(*). Il possède le caractère d'être soi. On ne peut comprendre l'être qu'à partir de la connaissance exacte de l'ontologie du Dasein. Celui-ci est l'étant privilégié qui a la possibilité de poser des questions sur lui-même et sur son être. Il sait se poser des questions sur son être et sur ses actes. Comme Heidegger le dira : « la compréhension de l'être est elle-même une détermination d'être de l'être-là »5(*). On ne peut comprendre l'être qu'à partir du Dasein puisqu'il est l'étant privilégié.

Nous pouvons dans le monde nier le fait que l'âme soit une substance, que la conscience est une chose, que la personne ne soit pas objectif. C'est la substantialité qui permet de répondre à la question « qui ? ». Nous ne pouvons comprendre l'être-là que comme un étant subsistant. Mais attention, la substance est le mode d'être de l'étant qui n'est pas du type de l'être-là car dire que c'est moi qui suis l'être-là ne peut pas nous conduire à l'illusion de prétendre connaître l'interprétation ontologique de cet étant que je suis moi-même et non un autre. Est-ce que l'être-là quotidien est celui que je suis moi-même ? 

La préoccupation dans l'analytique existentiale de l'être-là facticiel est de savoir si vraiment l'être comme défini ci-haut révèle l'être-là dans sa quotidienneté ? Pour connaître le moi, nous devons réfléchir sur ses actes qu'il pose dans le monde.

L'être-là répond aux interpellations les plus ordinaires en disant : « je le suis » même quand il n'est pas lui-même ce qu'il dit être. Nous pouvons dire que du point de vue ontique, que « je » suis cet étant mais le « moi » ne peut se comprendre que comme index purement formel et neutre du phénomène qu'il est dont l'étude de l'être révèle le « contraire » de ce que l'être paraissait être6(*) car comme phénomène l'être (peut-être) est couvert de plusieurs façons à savoir : être-couvert qui signifie que l'être n'a jamais été découvert. On ne sait rien de lui. Et l'être peut être recouvert après avoir été découvert autrefois, il est retombé dans la dissimulation qui est la manière de se manifester « détournée ». C'est l'apparence dont nous parlions dans les lignes ci haut. Mais la présence de l'apparence prouve qu'il y a de l' « être » même s'il ne se manifeste pas tel qu'il est. Le phénomène est toujours ce qui constitue l'être, mais la dissimulation prive l'être d'être compris dans son fondement tel qu'il est dans son originalité7(*).

Le fait de ne pas être-moi, le non-moi ne signifie pas l'étant auquel l' « ipséité » du moi ferait défaut absolument, mais plutôt il désigne quelque mode d'être déterminé du « moi » qui peut être par exemple : la perte de soi.

Un pur sujet sans aucune relation, rapport du monde n' « est » pas ce qui est donné et même il ne nous sera jamais donné selon l'interprétation de l'être-au-monde. Un moi ne peux être isolé et séparé des autres puisque les «autres » coexistent toujours-déjà avec tout être-au-monde. Le Dasein est toujours et déjà dans le monde et coexiste avec les autres. Il ne peut être compris comme un être isolé et séparé des autres. Il est ontologiquement lié aux autres qu'il rencontre dans le monde ambiant. Ce constat phénoménal ne nous autorise pas à considérer l'étude de cette « donnée » comme pas vraiment nécessaire.

Dans le deuxième point de ce chapitre, il sera question de rendre phénoménalement manifeste le mode immédiat et quotidien du Dasein qui est avec et toujours-déjà avec les autres. La préoccupation majeure est la présentation d'une interprétation ontologique. Le problème du « qui » du sujet du Dasein n'est exclusivement ontologique mais aussi ontique car même là il reste dissimulé encore8(*).

Mais « si le moi est une détermination essentielle de l'être-là, il faut en fournir une explication existentiale »9(*). Le Dasein qui ne peut être véritablement soi-même qu'en existant exige une problématique ontologique qui aidera à comprendre les questions du « maintien » du soi et de la « dépendance ». La substance de l'homme est l'existence et non l'esprit qui est vu comme la synthèse de l'âme et du corps.

Comment est- ce que la coexistence des autres avec le Dasein dans son mode d'être-avec-autrui quotidien est possible ?

1. 2 La coexistence des autres et l'être-avec-autrui quotidien.

« Qui » est l'être-là quotidien ? C'est la question à laquelle nous aurons à répondre au cours de ce travail. Pour mieux répondre à cette question, nous aurons à recourir le plus souvent à l'interprétation de l'être-au-monde qui, du fait que le Dasein est un être-au-monde, est aussi un être-avec-autrui qu'il rencontre dans le monde. Quand l'auteur de l'être et le temps a décrit le monde ambiant immédiat, il a montré que les autres pour qui nous oeuvrons, sont « coprésents » dans le travail et dans les outils qui y sont nécessaires. Cet étant disponible fait référence à ceux pour qui il a été fait et qui seront bénéficiaires. Et même les matières que l'artisan utilise pour son ouvrage nous renvoient à celui qui les a distribués, au producteur qui a servi tant bien que mal son client.

Quand nous lisons un livre, il y a un renvoi à celui qui l'avait vendu ou à la personne qui me l'avait donné comme cadeau. Les autres dans la description du monde ambiant immédiat sont coprésents en tout système d'outils du monde ambiant. Ils sont vus comme des choses subsistantes qui s'offrent à nous à l'intérieur du monde comme étant disponibles pour autrui dans un monde qui est toujours-déjà le mien. L'être-au-monde est essentiellement déterminé par l'être-avec.

L'étant intramondain (ou les outils) n'est pas du même genre que le Dasein. Le mode d'être du Dasein diffère des modes d'êtres de l'étant disponible et de la subsistance. Les autres ne sont pas toujours ceux qui sont différents de moi, mais ceux avec qui je ne me distingue pas et avec qui je me retrouve. Le monde du Dasein est celui où il partage avec les autres puisque l'être-au-monde implique l'être-avec-les autres. Comme Heidegger le dit si bien: « Le Dasein se trouve « soi-même » dans ce qu'il fait, dans ses besoins, dans ses attentes, dans ses préventions, dans l'étant disponible intérieur au monde ambiant dont il se préoccupe de prime abord »10(*). Le Dasein se préoccupe du monde dans lequel il habite, car il est être-au-monde. Heidegger, dans son livre Le Principe de raison, parle de la rose qui est sans pourquoi, qui n'a pas de raison d'être. Elle est rose sans qu'elle pense à ce qu'elle est elle-même. Elle est sans pourquoi tandis que « l'homme diffère de la rose en ce que souvent, du coin de l'oeil, il suit avidement les résultats de son action dans le monde, observe ce que celui-ci pense de lui et attend de lui. Mais, là même où nous ne lançons pas ce regard furtif et intéressé, nous ne pouvons pas, nous autres hommes, demeurer les êtres que nous sommes, sans prêter attention au monde qui nous forme et nous informe et sans par là nous observer aussi nous-mêmes »11(*). Les autres sont rencontrés par le Dasein dans le monde car « c'est au monde que la coexistence de l'autre nous accompagne »12(*). C'est la vie en société qui commande une connaissance authentique de l'homme et des choses, afin de la porter à sa vérité. En effet, c'est parce que l'autre participe à l'expression de mon être, qu'il apparaît nécessaire de me saisir et de saisir ma relation avec les choses dans la clarté. Le monde dans le quel je suis est un monde partagé. C'est un mode existential du Dasein, d'être-au-monde comme être-avec-autrui même si personne n'allait être présente dans le monde. Le Dasein est existentialement un être-avec-autrui. Même lorsque le Dasein est seul, il reste un être-avec-autrui, car il est un être-au-monde avec autrui. Ainsi Heidegger dira : « être-avec-autrui est une détermination de l'être-là en tant que mien ; la coexistence caractérise l'être-là d'autrui en tant que cet être-là s'offre à un être-avec-autrui, au monde de celui-ci. Mon être-là ne peut être coexistence offerte à la rencontre d'autre que parce qu'il a lui-même la structure essentielle de l'être-avec-autrui »13(*).

C'est là la grande préoccupation du Dasein qui est compris comme souci. Et le souci du Dasein ne peut être authentique que parce qu'il a le souci de l'Etre. C'est ce dernier souci qui fait qu'il ait le souci du Dasein qui est avec moi dans le monde. Mais le souci de l'Etre doit passer par le souci de l'autre qui coexiste avec moi dans le monde. Le Dasein se préoccupe de l'autre parce qu'il est un être-là comme moi. Il n'est pas comme l'outil que je rencontre à l'intérieur du monde. Le Dasein ne doit plus se préoccuper de l'autrui comme pour les choses, mais il doit faire l'assistance de l'être-là qu'il rencontre dans le monde avec qui il coexiste ontologiquement et existentiellement.

1. 2. 1 L'assistance

L'assistance est un existential. C'est une constitution de l'être du Dasein comme être-avec-autrui. Il est tenu à l'assistance envers l'autre de par son être-avec-autrui qui le caractérise. Et dans l'assistance, il y a des modes de déficience et d'indifférence qui caractérisent l'être-en -commun quotidien et ordinaire. Ces modes faussent la compréhension ou l'interprétation de l'être vers « une explication qui réduit de prime abord cet être à la simple subsistance d'une pluralité de sujet »14(*). L'inattention et l'évidence sont des modes négatifs de l'être-avec-autrui tandis que ceux qui sont positifs de l'assistance, se retrouvent entre deux possibilités extrêmes.

L'assistance peut vouloir enlever à l'autrui ses « soucis », se substituer à lui. Dans ce cas, l'assistance prend la place d'autrui et se charge de ce qu'il devait se préoccuper. L'autre ne fait plus rien, il ne fait qu'attendre la solution que l'assistance apportera. Il n'a plus à se soucier de quelque chose. Il dépend de cette assistance qui lui enlève tous ses soucis. Cette manière d'assistance conduit à la dépendance et à la sujétion comme l'auteur le dit dans ces lignes : « Cette forme d'assistance qui se substitue à l'autre et le prive de ses « soucis » est déterminante pour de larges secteurs de l'être-en-commun ; elle se borne le plus souvent à fournir la préoccupation de l'autre en étants disponibles »15(*).

L'assistance peut vouloir non pas le substituer pour le dominer mais plutôt devancer l'autrui dans les pouvoirs de son existence. Cette assistance veut restituer authentiquement à autrui les pouvoirs de son existence. C'est là le souci authentique que cette assistance apporte à autrui, car elle « aide l'autrui à se rendre lucide et libre pour son souci »16(*). Elle vise l'existence de l'autre et veut que l'autre devienne conscient et responsable de ses soucis. Ainsi, l'assistance est une structure de l'être du Dasein qui le constitue dans son rapport ontologique avec autrui dans le monde dans lequel il vit et se préoccupe et dans son rapport authentique à son propre être17(*).

Heidegger le dit : «L'assistance est faite d'égard et d'indulgence »18(*). Le monde nous délivre non seulement l'étant disponible, mais aussi le Dasein (l'être-là) d'autrui dans sa coexistence. L'être du Dasein n'est tel qu'il est que parce qu'il est en vue de lui puisqu'il ne peut avoir lui-même aucune finalité. Bien qu'il soit ainsi, cet être-là est aussi être-avec-autrui. « En tant qu'être-avec-autrui, l'être-là « est » donc essentiellement en vue d'autrui : cette affirmation est à comprendre comme un énoncé existential relatif à l'essence de l'être-là »19(*). Le Dasein est existentialement un être en vue d'autrui, même s'il peut croire à un moment qu'il n'a pas besoin d'autrui. Il reste ou demeure dans son être sur le mode d'être-avec-autrui.

La révélation de l'autre conduit à former la significabilité qui voit le Dasein comme un être toujours-déjà jeté dans le monde où il rencontre l'étant disponible et s'offre à la coexistence d'autrui. Cette révélation de la coexistence des autres est incluse dans l'être-avec-autrui comme la compréhension de l'être du Dasein qui ne peut se comprendre que parce qu'il est un être-avec-autrui. « La connaisance mutuelle se fonde sur un être-avec-autrui originellement compréhensif »20(*). Et cette découverte de l'autre ne jaillit que dans notre être-avec-autrui primordial.

Avant de clore ce point, nous allons distinguer l'être-à-l'égard-d'autrui et l'être-à-l'égard-de-choses-subsistances.

1. 2. 2 La distinction entre l'être-à-l'égard-d'autrui et l'être-à-l'égard-de-choses-subsistances.

L'autre est le mode d'être du Dasein. Il est comme un doublet du soi puisqu'il y a dans l'être-avec-autrui-et-à-l'égard-d'autrui un rapport ontologique d'être-là à être-là. Il devient une projection dans l'autre du rapport d'être de soi à soi. Mais Heidegger ajoute : « La connaisance que nous avons les uns des autres, et qui se développe sur le fondement de l'être-avec-autrui, est souvent dépendante pour sa profondeur à laquelle chaque être-là a acquise de soi-même, mais cela signifie seulement que cette connaissance mutuelle dépend de la profondeur à laquelle chaque être-là a dissimulé rendu transparent son être-avec-autrui originel ; et cela encore n'est possible que si l'être-là en tant qu'être-au-monde est déjà avec autrui. L'Einfühlung n'est pas à l'origine de l'être-avec-autrui : elle n'est possible que sur le fondement de celui-ci ; l'Einfühlung21(*) (empathie) ne nous est nécessaire que parce que les modes déficients de l'être-avec-autrui prédominent dans notre existence »22(*).

Ainsi, l'être-avec-autrui est un existential d'être-au-monde. C'est parce que je suis dans le monde que je peux être en relation avec l'autre dans le monde. L'être-avec-autrui qui n'a pas d'égard envers les autres ne fait que compter les autres sans pour autant compter vraiment sur eux et sans avoir le souci de ceux-ci. Heidegger le dira encore : « Dans son comportement à l'égard de l'étant qu'il n'est pas lui-même, l'homme découvre l'étant comme ce par quoi il est porté, à quoi il est ordonné et que, au fond, sa culture et sa technique ne lui permettent jamais d'asservir. Ordonné à l'étant qu'il n'est pas, il n'est pas non plus fondamentalement maître de l'étant qu'il est lui-même »23(*). Les autres ne sont pas simplement des hommes que je rencontre, envers qui je dois manifester de l'indifférence voire du mépris ; mais des Daseins-miens, pour autant que dans mon propre être, je partage avec eux les mêmes réalités ontologiques et ontiques. C'est à partir de ma rencontre avec l'autre que d'une manière ou d'une autre, mon être se définit. Le Dasein qui coexiste avec l'autre en se comprenant à partir du monde ambiant commun de la préoccupation n'est pas lui-même.

C'est un monde commun que je partage avec l'autre pas au sens de ce qui serait pour tous, mais au sens de ce que chaque Dasein expérimente profondément sa dépendance à l'autre. Une dépendance non-aliénante, plutôt libératrice, dans la mesure où habite en moi toujours un aller-vers. Le Dasein qui m'est mien ne se structure que dans cet aller-vers, c'est-à-dire dans la rencontre avec l'autre. Autrement dit, la rencontre avec l'autre, comme coexistence, est une détermination essentielle de la vérité du Dasein. L'être-avec-autrui quotidien est souvent sous la forme de « on ».

1. 3 l'être-soi quotidien et le « on ».

Dans le monde ambiant, le Dasein rencontre l'autre tel qu'il est et il se préoccupe de lui. Dans cette rencontre, il y a le souci constant de se distinguer avec les autres. C'est un mode existential de l'être-en-commun qu'est le distancement. Il est une caractéristique de l'être-avec-autrui qui démontre clairement que le Dasein est sous l'emprise d'autrui dans son être-en-commun quotidien. « Les possibilités d'être quotidien de l'être-là sont à la discrétion d'autrui »24(*). Cet autrui n'est personne de déterminé. Il est n'importe qui et n'importe qui peut le représenter ! Il est neutre, c'est le « on ». Il est tout le monde même s'il n'est pas la somme de tous. Dans le « on », chacun est semblable à tout autre et chacun est dissous dans l'autrui. « La moyenne est un caractère existential du « on »25(*). Le « on » réside toujours dans la moyenne du convenable, d'acceptable de ce qui est et n'et pas reçu tout comme de ce qui mérite notre accord et de ce qui ne le mérite pas.

Ce souci de la moyenne contrôle et surveille tout ce qui veut se rendre exceptionnel. Tout ce qui est original n'est pas considéré à sa juste valeur dans le « on ». L'original est dévalorisé, dévalué et déconsidéré. Tout ce qui veut sortir dans la manière globalisante du « on » est vu d'un mauvais oeil. Il faut faire comme tout le monde. Quand on veut faire autrement, le Dasein est vu comme nuisible. C'est ainsi que Martin Heidegger dit: « Ce qui a été conquis au prix de l'effet devient objet d'échange. Tout secret perd la force de son mystère »26(*). Le souci de la moyenne donne lieu au nivellement. L'opinion publique est le mode d'être du « on » qui est constitué du distancement, de la moyenne et du nivellement.

Le public est celui qui a le monopole de l'interprétation du monde et de l'être. Le public a toujours raison et il décide tout. Son interprétation du monde est erronée car il refuse d'entrer dans le fond des choses. Il digère mal les distinctions de niveau et d'authenticité. Il a le caractère obscurcissant et fait croire aux autres que ce qu'il a dissimulé est une réalité, une chose connue et accessible à tout le monde27(*). Le « on » s'engage dans tous les domaines et propose à chaque fois les jugements et les décisions qu'il faut. Avec cette façon de faire, le « on » rend l'être-là irresponsable. L'être-là dans le mode d'être de « on » n'a pas de responsabilité concrète car le « on » peut porter n'importe quelle responsabilité, puisque nul ne sera interpellé dans ce mode d'être de l'être-là. C'est le mode de l'inauthenticité de l'être-là. Quand il reste dans le « on », le Dasein reste dans l'inauthenticité.

Bien de choses accomplies dans notre existence quotidienne se font dans ce mode de l'inauthenticité. Le « on » décharge l'être-là de ses responsabilités voire de son être. L'être-là tombe dans la frivolité et la facilité dans ce mode. Tout le monde est tout le monde. Il y a une confusion-fusion comme Heidegger l'explicite en ses termes : « Chacun est l'autre et personne n'est soi-même. Le « on » qui répond à la question de savoir qui est l'être-là quotidien n'est personne. A ce « personne », l'être-là, mêlé à la foule, s'est toujours-déjà abandonné »28(*).

Tout ceci constitue la nature permanente et immédiate du Dasein. La permanence est un mode d'être du Dasein comme être-avec-autrui. Il ne faut pas le comprendre dans le sens de la continuité d'un étant subsistant. Dans ce mode d'être du Dasein, l'ipséité du Dasein et celle de l'autrui n'apparaissent pas encore. Ce mode ne signifie pas pour autant que le Dasein perd sa facticité, car du fait que dans le mode du « on » celui-ci n'est personne, il n'est donc pas un néant mais il est un ens réalissimum. Même dans ce mode, le Dasein n'est pas un néant, il est toujours quelque chose à réaliser dans ses possibilités d'être comme étant. « L'ipséité de l'être-là quotidien est celle du « on », que nous avons à distinguer de l'ipséité authentique, c'est-à-dire de celle d'un soi qui se saisit lui-même »29(*). Dans le premier cas, le Dasein est distrait et dispersé dans ce « on » dans lequel il se trouve. Toute interprétation du Dasein en ce qui concerne le monde et l'être-au-monde est prescrite par le « on ». Ainsi, « c'est de prime abord que je ne ``suis'' pas ``moi'' au sens de l'ipséité authentique mais que je suis les autres sur le mode du ``on'' »30(*). Je me donne à moi-même à partir du « on ». Le Dasein reste souvent dans ce mode et il y demeure ! La découverte authentique du monde et le rapport de cette découverte à soi peut arriver que lorsqu'on élimine et détruit les occultations, camouflages et dissimulations dans lesquels l'être-là s'enferme à soi-même.

Le Dasein explique préontologiquement son être propre grâce au « on » qui est son mode d'être immédiat. Et le même chemin est par l'explication ontologique qui comprend le Dasein à partir du monde et le rencontre parmi les étants intramondains. Comme le dira l'auteur : « C'est l'être-au-monde lui-même qui, par son mode d'être quotidien, se dérobe et se dissimule à soi-même de prime abord »31(*).

L'ipséité authentique du Dasein est une modification existentielle du « on ».

Il existe un profond abîme entre l'identité du soi existant authentiquement et l'identité du moi qui gît sous la multiplication de ses actes conscients32(*).

1. 4 Conclusion

Au cours de ce chapitre qui a eu comme titre l'être-au-monde comme être-avec-autrui et être-soi, il a été question de faire voir comment le Dasein qui est un être-au-monde est ontologiquement être-avec-autrui. Le Dasein qui est dans le monde ne peut ne pas être un être-avec-autrui. Il rencontre les autres dans le monde où il habite. C'est une nécessité pour le Dasein qui est au monde de vivre avec l'autre. Il vit avec l'autre dans le monde comme un autre Dasein. Il reconnaît l'autre comme un autre dasein comme lui-même. Il doit alors être avec lui dans les modes d'égard et d'indulgence dans l'assistance. L'être-là doit éviter les modes négatifs quand il vit avec l'autre comme l'inattention et l'indifférence qui rendent la relation avec celui-ci inauthentique. Souvent avec l'autre, le Dasein demeure dans ces modes négatifs ! Il doit assister l'autre mais pas dans le sens où cette assistance enlève à l'autre ses soucis et le rend dépendant du Dasein qui l'assiste. Ce mode d'assistance rend l'autre dépendant. Il n'est plus responsable de quelque chose. Le Dasein qui assiste l'autre de cette manière lui arrache tout voire son être. Il doit au contraire dans l'assistance à l'autre l'aider à être authentique dans son être. L'être-là doit aider l'autre à devenir responsable de son existence. Il doit devenir capable de prendre conscience de ses soucis et chercher comment les assumer dans sa vie authentiquement.

Le Dasein qui est un être-au-monde est par le même mouvement un être-avec-autrui dans son être. Il coure le risque de vivre dans l'inauthenticité, dans le mode du « on » où tout le monde est comme tout le monde. Quand le Dasein vit dans le « on », il n'est plus authentique. Dans ce mode, personne n'est responsable, car il y a une confusion-fusion où le Dasein se dissimule. Afin de vivre dans l'authenticité, le Dasein doit se défaire des camouflages, des occultations dans lesquelles il s'enferme souvent.

CHAPITRE II. LE SOUCI COMME ETRE DU DASEIN

2. 0 Introduction

Dans le premier chapitre nous avons parlé de l'être-au-monde comme être-avec-autrui et être-soi et aussi du «on».

Et dans ce deuxième chapitre, il sera question de parler du Dasein que nous avons défini dans le chapitre précédent comme étant l'étant que je suis moi-même. Nous allons parlé du Dasein comme souci parce que ce dernier le caractérise. Le souci dont nous parlerons est celui de l'autre, de l'être. Mais ce souci ne peut être consistant que lorsqu'il y a le souci de l'être qui rend le souci de l'autre authentique. Nous devons aller à l'Etre pour une connaissance authentique de l'homme et son rapport avec l'homme.

Nous parlerons du souci de l'être, car c'est lui qui fait que l'homme se connaisse lui-même et aussi sa mission puisque s'il ne se connaît pas ontologiquement, force est de voir qu'il va se considérer comme un étant quelconque qu'on pourrait à peine distinguer des autres étants.

L'angoisse qui révèle le Dasein et le souci comme fondement du Dasein seront le noeud de ce chapitre, sans omettre les autres.

2. 1 L'angoisse comme mode fondamental du sentiment de la situation et comme révélation privilégiée du Dasein

L'angoisse est le mode d'être du Dasein qui satisfait mieux dans l'étude de l'unité de l'être qui se révèle comme souci. Elle ne peut être comprise comme la peur même s'il y a quelques points communs. Une question se pose : « Qu'est ce qui fait que l'angoisse soit un sentiment privilégié de la situation ? »

Le Dasein qui vit dans le on et dans le monde de la préoccupation fait la fuite face à lui-même et son savoir-être-authentique. Cette fuite du Dasein face à lui-même le mène l'a-version.

L'authenticité de l'être-soi est dissimulée et refoulée existentiellement par la déchéance. Et cette dissimulation révèle la fuite du Dasein devant lui-même. Il est ontologiquement et ontiquement soi-même dans une révélation qu'il ne peut se séparer. Ce caractère fait qu'il puisse fuir devant soi. L'a-version ne saisit pas ce fait que le Dasein est placé devant soi. Il détourne le Dasein du fait qu'il est placé devant lui car il est « là ». L'a-version est ce phénomène existentiel et ontique qui aide à comprendre existentialement et ontologiquement ce qui est fui.

Nous avions dit que quand le Dasein tombe dans le on et dans le monde de la préoccupation, il fuit devant soi-même. Il n'est plus authentique. Nous savons que toute a-version n'est pas une fuite. Dans la peur, il y a un caractère de fuite, mais dans l'angoisse, la fuite n'est pas fondée sur quelque chose comme dans la peur. « Ce qui angoisse l'angoisse est l'être-au-monde »33(*). Ce qui angoisse le Dasein est vraiment indéterminé car aucun étant intramondain ne peut l'angoisser.

Aucune chose du monde ne peut angoisser l'être-là. Elle n'a pas d'importance puisque « l'angoisse ne sait pas ce dont elle s'angoisse »34(*). Ce qui l'angoisse est déjà là, mais il n'est nulle part. « Il est si proche qu'il serre la gorge et coupe le souffle et pourtant il n'est pas nulle part »35(*). L'angoisse de l'angoisse vient du rien qui n'est nulle part, que nous pouvons appeler le monde en tant que tel (le rien-et-nulle part). C'est ce qui fait qu'après l'angoisse, l'angoissé puisse dire : « Au fond ce n'était rien du tout !»36(*). Le rien appartient ontologiquement et existentialement à l'être du Dasein en tant qu'être-au-monde.

Nous pouvons dire avec Martin Heidegger : « Ce qui angoisse l'angoisse est l'être-au-monde lui-même »37(*). L'angoisse est le sentiment de la situation qui révèle mieux le monde comme monde. Elle n'est pas seulement face à quelqu'un mais surtout pour...on s'angoisse toujours pour quelque chose : « L'angoisse singularise et isole l'être-là sur son être-au-monde inaliénable, être-au-monde qui se comprend essentiellement par le projet de ses possibilités. Le pour-quoi de l'angoisse révèle donc l'être-là comme un être possible et dans un être qu'il ne saurait que seul, de lui-même et dans l'isolement »38(*).

L'angoisse fait comprendre au Dasein son être-libre pour l'authenticité de son être comme possibilité pour lui, qu'il est déjà et depuis toujours dans son être-au-monde où il est livré39(*).

L'angoisse est toujours pour...et non seulement face à ...et ce qui fait que l'angoisse s'angoisse c'est le monde comme tel. Elle est un mode fondamental de l'être-au-monde qui implique l'être-avec-autrui puisque dans l'angoisse, il y a l'angoisse face à ...et l'angoisse pour...

L'angoisse qui habite l'être-là l'isole et le révèle comme un solus ipse. Il y a une forme de solipsisme dans l'angoisse. Cette forme ne le soustrait pas du monde, mais elle le place face au monde et face à lui-même comme être-au-monde. Ainsi « l'angoisse rend étranger »,40(*) puisque le Dasein qui vit dans l'angoisse fait l'expérience du rien et du nulle part. Le Dasein dans l'angoisse sent qu'il est étranger puisqu'il ne sent pas chez lui, dans son monde, dans son être. Le Dasein s'isole mais malgré cet isolement, il est toujours un être-au-monde. Il ne peut s'en défaire de cette condition liée à son être, C'est un existential.

En effet, le Dasein ne fuit pas devant des choses du monde ambiant mais plutôt il fuit vers lui puisque dans cette fuite vers l'étant intramondain, il trouvera une familiarité paisible. «la fuite déchue vers la patrie de l'existence publique est une fuite devant l'étrangeté, c'est-à-dire devant le dépaysement que l'être-là recèle en tant qu'il est au monde, jeté et livré à lui-même, dans son être »41(*)

Le Dasein peut être angoissé même dans les situations les plus innocentes. Ce dépaysement qui frappe le Dasein n'a pas besoin de la soi-disant obscurité où l'on se sent vraiment dépaysé car même dans l'obscurité nous faisons l'expérience de l'existence du monde, qu'il est là et même d'une manière la plus insistante. L'angoisse manifeste la constitution du Dasein comme être-au-monde qui n'est pas comme une substance simplement donnée mais existant comme un être-« là ». Il est au monde pour dévoiler l'Etre dans sa vérité. « Cette étrangeté qui, sur le plan existential et ontologique, doit être comprise comme le phénomène le plus originel »42(*). Il ne faut pas confondre l'angoisse avec la peur, car cette dernière est une angoisse inauthentique déchue au monde. Mais l'angoisse authentique est une denrée rare dans la déchéance et dans le public.

L'angoisse est conditionnée psychologiquement et le déclenchement physiologique de l'angoisse n'est possible que puisque l'être-là s'angoisse dans le tréfonds même de son être.43(*)

En plus du fait qu'elle révèle la totalité de l'être-au-monde comme tout sentiment de la situation, l'angoisse apporte la possibilité d'une révélation privilégiée parce qu'elle a en elle un caractère d'isolement: « Cet isolement retire l'être-là de sa déchéance et lui rend manifeste l'authenticité et l'inauthenticité en tant que celles-ci sont des possibilités de son être. Ces possibilités fondamentales de l'être-là, qui est toujours mien, se montrent dans l'angoisse telles qu'elles sont elles-mêmes, sans que vienne les recouvrir l'étant intramondain auquel l'être-là est, de prime abord et le plus souvent, cramponné »44(*).

On ne peut comprendre l'ontologie existentiale qu'en partant de l'existence quotidienne pour arriver à saisir la structure unitaire du Dasein. Ce denier veut comprendre l'Etre. Et ce besoin qu'il a de comprendre l'Etre est le souci qui est sa caractéristique. Le souci nous aide à comprendre l'être du Dasein qui est marqué de finitude. Et on ne peut étudier le Dasein comme souci sans faire allusion à l'angoisse qui est la disposition fondamentale qui aide l'homme à se mettre face au néant. De même, on ne peut comprendre le Dasein que parce qu'il se tient dans le néant de par sa nature même45(*).

2. 2 L'Etre de l'Etre-là comme souci

Après avoir abordé l'angoisse comme sentiment de la situation qui s'angoisse lui-même face à l'être-au-monde dans sa déréliction, il y a aussi ce pour-quoi l'angoisse s'angoisse qui est son savoir-être-au-monde. L'angoisse nous montre l'être-là comme un être-au-monde existant facticiellement. Et les caractères ontologiques de cet étant sont l'existentialité, la facticité et l'être-déchu. Ces caractères sont fondamentaux46(*). « L'être-là est un étant pour lequel il y va dans son être de cet être même ».47(*) Il est un être qui se pro-jette vers son savoir-être-inalienable qui le confronte toujours dans son être à être plus soi-même. Etre à l'égard d'un savoir-être authentique explique que le Dasein est en avance de lui-même. Il est un être dépassé de soi-même. Il est appelé à être toujours dépassé par rapport à lui-même. Le  il y va de... du Dasein peut être nommer aussi l'être-en-avant-de-soi-même. Et ce caractère du Dasein d'être un être-en-avant-de-soi-même caractérise le Dasein qui est toujours un être-au-monde.

En venant au monde, nous sommes jetés dans le monde qui a son histoire avant même notre arrivée en celui-ci. A l'intérieur du monde où l'homme est jeté, il y travaille pour qu'il y vive mieux. Mais cela ne veut pas dire qu'il doit continuer à y vivre toujours de la même façon comme les animaux qui sont incapables de progrès. Le Dasein est appelé au progrès qui implique qu'il détruise quelque chose de ce qu'il avait construit avant pour construire une nouvelle situation, une nouvelle oeuvre qui le mettra en sécurité puisque le but de l'être-au-monde est d'être bien. D'où le Dasein vit toujours dans un cercle de construction et de destruction. Il est appelé au dépassement de lui-même, de son oeuvre qui le manifeste. Il doit tenir compte de ce qu'il a trouvé en lui et dans le monde où il est jeté. En bref, il est appelé à respecter les structures, lois de la nature qu'il trouve dans le monde et qu'il découvre en lui-même48(*).

L'angoisse nous montre le Dasein dans le sentiment d'être-au-monde, dans sa déréliction tandis que le il y va de ...du Dasein exprime celui-ci dans son être-en-avant-de-soi-même comme un être-déjà-au-monde. Il n'est pas isolé comme dans l'angoisse. Il est un être-au-monde qui implique l'être-avec-autrui qui vit dans le monde où il rencontre les autres qui y ont été jetés comme lui. D'où l'exister est toujours facticiel puisque la facticité détermine l'existentialité. « L'être-au-monde-en-avant-de-soi-même implique essentiellement l'être en déchéance auprès de l'étant disponible, offert à la préoccupation intérieurement au monde »49(*).

Le Dasein dans son il y va de ...est un être-déjà-à (au monde) se préoccupant de l'étant qu'il rencontre dans ce monde où il est jeté toujours-déjà. Nous voyons que le Dasein dans son il y va de...a le souci. Il faut comprendre ce souci du point de vue purement ontologique et existential. Le Dasein a le souci de l'être. Le souci dont il est question dans ce travail est celui de l'être, d'être et non le souci de manquer par exemple de quoi se vêtir pour paraître aux yeux des étants au lieu d'être.

La préoccupation de l'être-auprès-de-l'étant-disponible vient du fait qu'il est essentiellement souci comme être-au-monde. Et l'assistance est du fait que cet être-auprès-de-l'étant-disponible rencontre dans le monde autrui qui coexiste avec lui.

Le souci renferme l'unité des déterminations ontologiques. Il n'est pas un comportement isolé d'un solitaire comme dans l'angoisse. Heidegger à ce sujet dit: « Le souci ne saurait viser un comportement particulier à l'égard donc de soi-même, parce que ce soi-même caractérise ontologiquement et d'emblée par l'être-en-avant-de-soi ; or cette détermination inclut à son sein les deux autres moments du Dasein, l'être-déjà-à...et l'être-auprès-de... »50(*). Etre-en-avant-de-soi-même comme à l'égard du savoir-être inaliénable implique la liberté qui est condition ontologique et existentiale du Dasein. Dans le il y va de son être, le Dasein vise toujours l'autrui même au coeur de l'ipséité, de l'inauthenticité du « on », l'être-en-avant-de-soi qui est dépassé de soi-même veut que l'autre vive bien dans son être. Le souci est toujours-déjà antérieur, présent en tout comportement et en toute situation facticielle51(*). Il est avant tout comportement et toute situation de facticité. L'étant qui a le souci comme son être a ces possibilités ontologiques « théoriques » et de la « praxis » qui sont possibles que puisque cet étant a le souci comme son être.

Ainsi donc, l'on ne pourra en aucun cas réduire le phénomène du souci à des actes particuliers ou à des tendances du vouloir, ou au souhait, ou à l'impulsion...

Le Dasein en tant que souci a le vouloir et le souhait comme des nécessités ontologiques dont il ne peut se défaire. Ils sont liés à lui en tant qu'étant un être défini comme souci. Le Dasein, en tant qu'être-au-monde, est sans autre forme de procès ontologique en relation avec l'étant intramondain. Le souci est donc d'une manière ou d'une autre préoccupation et assistance. L'homme ne doit pas oublier sa dépendance à l'être, pour autant que, c'est en celle-ci qu'il expérimente le sens profond de son être, lequel est défini par l'ek-sistence. Ce concept apparaît, précisément, être le concept qui rend le mieux le rapport spécifique de l'homme à l'homme. Il met en évidence l'exigence pour l'homme de se tenir dans l'être et pour l'être. Il s'agit de comprendre en d'autres termes que l'être doit être souci pour l'homme. Le souci n'est pas à comprendre comme le tourment, il est au contraire la sauvegarde permanente de ce qui est devenu certitude. Et l'être est devenu certitude, d'où l'homme doit être et assurer sa garde. Ce n'est que comme ek-sistant que l'homme peut répondre à cette vocation de la garde de l'être. Ek-sister veut dire penser radicalement l'être. Tout souci pour le philosophe allemand est souci de l'Etre. Cela se vit dans l'existence du Dasein qui a comme tâche principale de se rendre attentif à la voix de l'Etre puisqu'il est son berger52(*). « Il n'y a pas d'Etre que pour autant qu'est l'être-là »53(*). Force est de reconnaître que l'Etre ne dépend pas du Dasein mais pour se dévoiler, il ne peut le faire qu'en celui-ci qui le lui permet puisqu'il est son « là » et il assume cette mission dans son ek-sistence54(*). C'est pourquoi l'être-là est l'étant privilégié parce qu'il est le seul parmi tous les étants à pouvoir dévoiler l'Etre dans son existence. Et l'ek-sistence est l'essence de l'homme. Le Dasein trouve dans son existence son essence. A ce propos, l'auteur de l'Etre et le Temps affirme « L'essence extatique de l'homme repose dans l'ek-sistence »55(*).

Tant que le Dasein existe, il est habité par le souci de l'Etre, d'être-le-là de l'Etre. Il est jeté dans le monde où il reçoit la mission d'être le berger de l'Etre. « En tant qu'ek-sistant, l'homme assume l'être-le-là lorsque en vue du `` souci'' il reçoit le là comme l'éclaircie de l'Etre. Mais cet être-le-là déploie lui-même son essence comme ce qui est ``jeté''. Il déploie son essence dans la projection de l'Etre, cet Etre dont le destin est de destiner »56(*).

Quand on ek-siste, nous sommes tenus par le souci de l'Etre en qui nous nous sommes retrouvés sans jamais le vouloir. Et la substance de l'homme n'est autre chose que l'ek-sistence qui lui permet d'être-le-là de l'Etre, de dévoiler l'Etre dans sa vérité en lui sans l'épuiser57(*). Il est destiné à veiller à ce que la vérité de l'Etre ne soit pas édulcorée puisqu'il est le berger de celui-ci. C'est pourquoi il est dans son existence comme souci. A ce propos, Martin Heidegger dit en ces termes : « l'homme est, et il est homme pour autant qu'il est ek-sistant. Il se tient en extase en direction de l'ouverture de l'Etre, ouverture qui est l'Etre lui-même, lequel, en tant que ce qui jette, s'est acquis l'essence de l'homme en la jetant dans « le souci ». Jeté de la sorte, l'homme se tient `'dans'' l'ouverture de l'Etre »58(*).

Le vouloir aide le Dasein à arriver à son être puisque comme pro-jet, il vit dans la préoccupation ou dans l'assistance et ces deux modes conduisent à connaître son être.

Ainsi, tout vouloir veut toujours quelqu'un, quelque chose. On veut toujours quelqu'un ou quelque chose et non rien comme le dilletant qui dit ne rien vouloir, alors qu'il veut tout ! En disant ne rien vouloir, on veut quelque chose et on veut tout. Nul n'est sans l'ignorer que l'action humaine ne peut viser le rien. Toute action de l'homme veut atteindre l'être, le bonheur. Même celui qui dit ne rien vouloir, il veut ne pas vouloir !59(*) Le vouloir ne peut viser le néant ou le rien puisque le Dasein est un être-en-vue-de...comme l'auteur de Sein und Zeit le dit dans ces lignes : « la constitution de la possibilité ontologique du vouloir inclut : la révélation apriorique et générale d'un être-en-vue-de...(l'être-en-avant-de-soi-même), la révélation d'un étant offert à la préoccupation(le monde comme ce à quoi est l'être-déjà) et l'auto-pro-jection compréhensive de l'être-là vers un savoir-être uni à la possibilité d'un étant qui est voulu »60(*). Le souci a comme fondement le vouloir d'être. Il est celui de l'être et non des choses intramondaines.

En ce qui concerne le souhait qui est l'un des caractères du souci, il permet au Dasein de pro-jeter son être vers des possibilités même si celles-ci ne sont pas envisagées dans leur accomplissement. Le Dasein comme être-en-avant-de-soi-même qui vit dans le souhait ne comprend pas les possibilités qui existent en lui. Quand nous souhaitons, nous ne comprenons pas d'une manière ou d'une autre les possibilités que nous avons comme être-au-monde « souhaiter une modification existentiale du pro-jet compréhensif de soi ; tel que celui-ci, dans la déchéance de la déréliction, se borne simplement à rêvasser sur ses possibilités »61(*).

Ce genre de rêvasserie obscurcit les possibilités qu'a le Dasein. Le souhait suppose ontologiquement que le souci est l'être du Dasein. La rêvasserie déchue montre l'inclination que le Dasein a vis-à-vis de la vie du monde où il vit, où il est jeté. Quand le Dasein est inondé par l'inclination, la modification n'atteint pas l'inclination mais toute la structure du souci. Il soumet toutes les possibilités à l'inclination.

Le Dasein qui est entrain de vivre dans la rêvasserie est aveuglé et ne voit plus les possibilités qu'a son être. Il veut être-toujours-déjà-auprès-de...au lieu d'être lui-même. Au lieu de se soucier de son être, il veut être-toujours-déjà-auprès-de...l'inclination vers la vie du monde où il est jeté l'aveugle.

L'impulsion contrairement à l'inclination cherche à renvoyer toutes les autres possibilités. Dans l'impulsion pure, nous ne trouverons pas encore le souci, même si celui-ci fait à ce que le Dasein ressente quelques impulsions qui viennent de son intérieur. Le souci est déjà fixé tandis que dans l'impulsion, il n'est pas encore libéré. On ne peut vouloir enlever au Dasein l'impulsion à vivre ni tenter d'arrêter l'inclination qu'il a se laisser porter par la vie du monde où il est jeté puisqu'il est être-au-monde. Ces deux possibilités ont leurs racines dans le Dasein dans sa déréliction et tout cela se fonde sur le souci qui est l'être du Dasein.

Le souci n'est pas un phénomène facile-simple à définir. Il a une structure complexe et on ne peut le réduire à un élément ontique. Il est plus vaste, car sa structure vise l'explication de l'unité de l'être. Quand on voit le souci comme être-en-avant-de-soi-même-être-déjà à-être-auprès-de... cela prouve à suffisance qu'il a une structure complexe qui englobe tout l'être du Dasein. Ce denier a comme être le souci de son être sur lequel il doit veiller à ce qu'il soit authentique.

3 Témoignage préontologique du Dasein sur lui-même comme souci

Nous allons montrer dans ce point comment l'être-là (Dasein) qui est un être historique va rendre témoignage de lui-même. L'être-là raconte son histoire et cela n'est pas une invention mais une construction ontologique qui repose sur des bases solides, des traits fondamentaux. La compréhension du Dasein est possible puisqu'il s'est exprimé préontologiquement. Nous reprenons l'extrait du texte et ainsi nous serons éclairé pour la suite de notre investigation :

« Un jour que le Souci vint à traverser un fleuve, son regard tomba sur un limon argileux. Pensif, il en prit une poignée et se mit à lui donner forme. Tandis qu'il réfléchissait à ce qu'il venait de créer, Jupiter intervint. Le Souci le pria d'insuffler vie au fragment de limon qu'il avait formé, Jupiter y consentit volontiers. Lorsque pourtant le Souci voulut imposer à sa créature son propre nom, Jupiter s'y opposa, souhaitant qu'elle fût appelée de son nom. Tandis que Jupiter et le Souci disputaient de ce nom, la Terre (Tellus) surgit à son tour, désirant que l'image  fut nommée d'après elle-même puisqu'elle lui avait prêté une parcelle de son corps. Les querelleurs choisirent Saturne pour arbitre, qui leur signifie cette sentence apparemment équitable : « Toi, Jupiter, qui lui as donné son âme, et Toi, Terre, qui lui as donné son corps, recevez à sa mort qui l'âme et qui le corps. Mais puisque le Souci fut le premier à façonner cet être, il est juste que tant que celui-ci demeure en vie, le souci le tienne. Et puisque vous ne vous entendez pas sur le nom, qu'il soit appelé homo, car il est fait d'humus (la terre) »62(*).

Nous voyons bien dans cet extrait comment l'être du Dasein est souci. Ce dernier est à l'origine de l'être du Dasein. Il est tenu tant qu'il vit par le souci car il est fait du souci. Comme être-au-monde, il est ipso facto lié à ce souci original qui est en lui tant qu'il demeure dans le monde où il est jeté facticiellement. Le bien de l'homme s'achève par le souci qui est un existential. « La perfection de l'homme, c'est-à-dire sa capacité de devenir ce qu'il peut être en raison de sa liberté pour ses possibilités inaliénables (de son pro-jet), est l'oeuvre du souci »63(*). Le souci est ce qui fait que l'homme soit ce qu'il doit devenir dans ses possibilités. Il détermine un mode fondamental du Dasein qui est un être-au-monde pro-jetté.

C'est par le souci que nous nous sommes retrouvés dans l'Etre sans le vouloir et sans mérites ni droits de notre part. C'est un don, un don gratuit non mérité que nous recevons de l'Etre. Mais « le don que j'ai trouvé n'est donc pas inerte, mais il est appel et appelé »64(*). Ce don appelle l'homme à agir en faveur du monde dans lequel il habite et pour les autres qu'il rencontre dans celui-ci. Le Dasein est en tension toujours vers un plus de son être. Il est un être qui se réalise toujours. Et dans cette tension vers un plus, il reconnaît l'altérité qui l'a engendré et l'aide à être plus. D'où dans son projet, l'homme est ouvert à l'altérité65(*).

Le souci n'est pas ontique mais ontologique. Il est l'être du Dasein. « La condition existentiale de la possibilité des ``soucis de la vie'' et du ``dévouement'' est à comprendre en un sens originel, c'est-à-dire ontologique, comme souci »66(*). La constitution du Dasein ne peut être comprise que dans son unité qui est complexe que par le concept existential du souci. Ce dernier est le fondement ontologique du Dasein. Le souci est de l'être qui nous a donné d'être dans son être sans le vouloir. La vérité de l'être comme souci aide à saisir la totalité des possibilités du genre humain.

CHAPITRE III APPRECIATION CRITIQUE

3. O Introduction

Après avoir parlé dans nos chapitres précédents sur le souci comme être du Dasein chez le philosophe allemand Martin Heidegger, nous sommes maintenant à l'étape de la critique de cette pensée que nous avons développée au cours de ce travail.

Comme toute oeuvre scientifique et humaine digne de ce nom ne peut échapper à des critiques puisque justement oeuvre humaine marquée d'imperfections de par sa nature, ce travail n'est pas une exception à cette règle naturelle.

Ainsi, nous aurons à critiquer ce travail avec beaucoup d'objectivité. Nul n'est sans ignorer que toute critique est comparable à une pièce de monnaie qui a deux faces. De même, la critique a deux aspects à savoir : le positif et le négatif ou point à améliorer. Dans l'aspect positif, nous louerons notre auteur pour ses mérites, ses efforts qu'il a fournis pour donner à la communauté scientifique des nouvelles connaissances. Outre ses louanges, dans l'aspect négatif, nous parlerons de ce qu'il devrait être mais qui malheureusement n'a pas été fait suite à des paramètres divers.

Les lignes qui suivent, nous donneront plus de lucidité sur tout ce que nous venons dire à ce sujet.

3. 1 Les mérites

Nous devons reconnaître en notre auteur Martin Heidegger le mérite d'avoir trouvé avec lucidité que le Dasein est un être-au-monde qui implique directement l'être-avec-autrui. Le fait d'être dans le monde implique ipso facto que nous sommes avec l'autre qui est dans le monde comme nous. L'homme ne peut éviter ce fait d'être jeté dans le monde où il rencontre l'autre. C'est un existential d'être-avec-autrui dans le monde. Le Dasein ne peut se croire comme étant une conscience pure qui est une intériorité présente à lui-même en excluant les autres. Avec cette conception du Dasein comme conscience pure comme l'a pensé et défendu Descartes quand il a parlé de son cogito ergo sum. On perd avec cette façon de voir les choses, la possibilité de reconnaître une autre conscience différente de moi et qui est authentique67(*).

Avec cette vision, l'alter-ego n'existe pas. L'ego est. Si l'alter-ego existe aussi dans le monde, donc l'ego n'est pas puisque pour lui, il est la conscience pure.

Nous ne comprendrons mieux l'autre que si nous changeons dans notre conscience qu'il y a d'autres consciences comme nous. Et cela, Heidegger Martin l'a très bien dit quand il s'exprima en ces termes : « Mon être-là ne peut être coexistence offerte à la rencontre d'autrui que parce qu'il a lui-même la structure essentielle de l'être-avec-autrui »68(*).

Toute subjectivité implique déjà l'être-au-monde qui a son tour nous porte vers l'extériorité, l'altérité puisque ce que nous sommes dans notre subjectivité est partie liée avec le réel, ce que nous percevons dans le monde. Nous ne pouvons pas nous dérober d'être-avec. « Quoique nous en ayons, nous sommes rivés à l'autre-que-moi, contraints de l'accueillir en nous »69(*).

Comme le philosophe allemand de l'être et le temps a défini l'être-là que je suis moi-même, Alphonse cherche aussi l'identité de cet autre indépassable. Il a le même statut ontologique que moi. Alphonse découvre que ce n'est pas la raison qui caractérise ou distingue l'homme des autres étants, mais la compréhension de l'être qui a la base de toute conception de la raison qui rend l'homme supérieur aux autres étants. Cette compréhension de l'être fait que l'homme soit le lieu du dévoilement, un lieu où tout prend sens au fur et à mesure que se dévoile l'être. Et donner un sens veut dire autrement donner de l'autonomie au sujet face à l'objet. Il s'agit de mettre la distance entre le soi et l'objet.

L'autre n'est plus vu comme un objet mais comme un alter-ego que je rencontre au sein de moi, mais qui n'est pas moi non plus puisqu'il est lui différent de moi. L'autre est un autre ego qui a sa subjectivité qui ouvre à l'intersubjectivité. Il est fait ainsi. Pour qu'il se réalise comme vrai homme, il doit s'ouvrir à l'autre. Cette ouverture n'est synonyme de confusion-fusion d'identité comme dans l'anonymat. Il reste subjectif dans l'intersubjectivité qui l'aide à se réaliser comme ego. L'auteur s'exprime mieux en ces termes : « Toute subjectivité est déjà intersubjectivité »70(*).

Comme nous l'avons dit ci-haut que le ego est fait pour vivre l'intersubjectivité même si dans le monde, il peut souffrir de l'absence des autres, cela n'édulcore en rien sa structure principale qui est d'être subjectif dans l'intersubjectivité.

Et d'ailleurs, l'absence est une forme de présence puisqu'elle se définit par une présence fondamentale. L'absence signifie que l'autre est là mais pas là. Nous savons qu'il est là quand même lorsqu'il n'est pas avec nous physiquement. C'est une présence ontologiquement. Cette présence qui sait dépasser le temps et l'espace. Et la présence est plus forte puisqu'on voit l'Etre qui nous a jeté dans le monde71(*).

Nous sommes ontologiquement être-avec puisque étant être-au-monde. Jamais nous ne cesserons d'être-avec-autrui, d'être-avec. C'est un existential et donc l'absence est une forme de présence et de présence profonde.

Pour Alphonse, l'autre restera toujours un autre qu'on ne saura jamais connaître dans le tréfonds de son être et dont on ne pourra manquer de quoi dire sur lui puisqu'il est moi de par sa nature d'être-au-monde comme moi72(*). Il est celui dont je ne pourrai jamais me fusionner à lui pour disparaître en lui et vis versa. A ce propos, l'auteur illustre cette vérité dans cette belle proposition : « On se contredit si on gémit sur l'inaccessibilité absolue d'autrui ; mais on ne se contredit tout autant si on persiste à nommer « autrui », un être que je pénétrerais radicalement »73(*).

Martin Heidegger l'a dit de sa façon en ces termes : « L'être-là-à-l'égard-d'autrui n'est pas seulement un rapport ontologique autonome et irréductible, il est en tant qu'être-avec-autrui, existant dès qu'existe l'être-là »74(*). Pour le philosophe allemand, l'autre n'est autre que dès que l'être-là existe qui le rend autonome et irréductible.

Heidegger a plus d'une fois le mérite d'avoir trouvé dans l'assistance la constitution ontologique de l'être-là comme être-avec-autrui. Comme l'être-là est un être-au-monde, cela implique qu'il soit déjà et toujours un être-avec-autrui. Il ne peut ne pas être dans l'assistance envers l'autrui qu'il rencontre dans le monde où il est jeté. Heidegger a découvert que l'assistance avait deux dimensions : positive et négative. La dimension positive de l'assistance consiste à rendre l'autre authentique, à assumer ses soucis à partir des possibilités qu'il a dans son être comme on dit : « Aimer l'autre ne signifie pas le remplacer mais lui donner la possibilité d'être lui-même »75(*). Cette assistance veut la promotion de l'autre. Celui qui veut vraiment le bien de l'autre qui est avec lui jetés dans le monde doit travailler pour que celui-ci sache être responsable de sa vie. Il doit être capable de prendre en main sa vie avec les soucis, les préoccupations qui accompagnent toute vie. Elle veut que l'autre puisse savoir se suffire dans sa vie. Cette assistance est bien illustrée dans le proverbe chinois qui dit : « si tu me donnes un poisson, j'aurai toujours faim mais si tu m'apprends à pécher, je n'aurai plus faim ». L'assistance doit arriver à apprendre à l'autre à pécher et non à venir chaque jour prendre du poisson chez son assistant social. Il faut que l'autre qui est assisté, puisse après un moment être en mesure de se prendre en charge. C'est le grand souhait d'un homme qui vient en aide à un autre parce qu'à un moment celui qui aide se fatigue et trouve son travail embêtant. La vraie assistance est celle dont nous venons de parler dans ces lignes.

Cette forme d'assistance diffère de celle négative qui veut se substituer à autrui. Elle veut se préoccuper des soucis de l'autre qui ne doit rien faire. Il ne doit se soucier de rien puisqu'il y a l'assistance. Il ne sait pas résoudre ses problèmes. Il ne peut que compter sur l'autre qui l'assiste. Lui-même ne fait plus rien si ce n'est que compter sur l'aide qu'il reçoit de celui qui vient à son aide. Cette forme d'assistance rend l'autre parasite. C'est un phénomène que nous rencontrons dans notre société actuelle. Les gens ne veulent pas travailler ni même fournir les efforts pour se développer dans leurs entreprises. Ils ne comptent que sur un frère ou une soeur qui a émergé dans ses activités. Toute la famille vient demander à ce monsieur ou à cette dame de l'aide. Et souvent nous voyons que certains frères qui ont une stabilité dans leur vie du point de vue économique se plaisent quand ils voient les autres venir demander de l'aide chez eux. Au lieu de les aider à être responsables de leur propre vie, ces frères qui ont émergé dans la vie pratiquent cette forme d'assistance qui veut substituer l'autre dans ses soucis.

Dans la première assistance, le souci est de libérer l'autre et dans le second de se substituer à lui. L'angoisse vient du fait que nous sommes des êtres jetés dans le monde. Ce dernier nous angoisse selon Heidegger puisqu'on ne se sent pas chez soi. Et ce qui angoisse l'angoisse, c'est le rien et le nulle part. Ce qui angoisse est indéterminée et Heidegger l'a très bien dit en ces termes : « Ce qui angoisse l'angoisse, c'est le monde en tant que tel »76(*).

L'angoisse nous donne le sentiment d'être étranger. On n'est pas chez soi quand on est dans l'angoisse. Le-rien-et-le-nulle-part que nous vivons dans le monde prouve à suffisance qu'on n'est pas chez soi. On est dépaysé dans l'angoisse. Et ce dépaysement est bénéfique puisqu'il fait que l'être-là se retire de la déchéance où il se trouve pour vivre chez soi, dans son être authentique77(*). L'angoisse d'être-au-monde fait que l'être-là prenne conscience de ses potentialités pour se mettre au travail en vue du perfectionnement de son être. Ce dépaysement pousse le Dasein à être plus. Il aide le Dasein à mettre tous les moyens en jeu pour vivre comme son être l'exige. Il nous pousse chez nous, dans l'Etre qui nous a jetés dans le monde pour nous y réaliser. Notre maison est la vérité de l'Etre qu'il faut à tout prix sauvegardée. L'être-là se sentira chez soi que lorsqu'il vivra dans la vérité de l'Etre qui l'a jeté dans le monde avec la mission d'être son berger, son gardien. Il à doit penser l'Etre, sa vérité pour vivre chez soi.

Le philosophe allemand a le mérite de trouver que le souci est l'être du Dasein qui le pousse à être en avance de lui-même. Le souci touche toutes les situations du Dasein. Le souci est celui de l'être. Dans le souci qui est l'être de l'être-là, nous trouvons la structure unitaire de celui-ci. C'est le souci qui fait que l'être puisse vivre le présent dans la sérénité parce que le passé a été assumé pour un avenir meilleur. Nous sommes des étants qui sont appelés à un plus dans notre être. Le Dasein doit toujours se dépasser dans son être. Il doit se dépasser puisque de par sa nature, il est marqué d'incomplétude. Cette dernière inhérente étant a la nature finie de l'homme fait que celui-ci soit toujours appelé à être un être-en-avance-de-soi-même. En aucun jour, le Dasein ne pourra dire qu'il est arrivé à une réalisation complète. Il est toujours et déjà un être appelé au dépassement. Cet appel au dépassement de notre être nous distingue des autres étants que nous rencontrons dans le monde où nous sommes jetés. Nous n'avons pas une nature figée. L'homme n'est pas comme une pierre qui manque les potentialités pour son perfectionnement. Il souffre de ce manque de par sa nature. Il n'est pas non plus comme l'oiseau ni même comme l'arbre qui ne sait pas perfectionner sa nature. Cette dernière est donnée une fois pour toutes pour lui. Tandis que l'homme est ontologiquement marqué des failles, des manques, d'incomplétudes qui l'obligent au dépassement de ce qu'il est pour être toujours plus dans son être. Et c'est aussi une des preuves qui montrent la supériorité de l'homme sur les autres étants qui se trouvent avec lui dans le monde.

Heidegger a aussi mérite d'avoir considéré l'homme comme l'étant le plus privilégié de tous les autres étants. Il est celui qui a la charge de la sauvegarde de la vérité de l'être. Il est le « là » de l'Etre, son lieu de dévoilement comme l'a dit notre auteur à penser : « L'homme est le berger de l'Etre »78(*). Il est son voisin. Il veille à ce que la vérité de l'Etre soit sauvegardée. Notre auteur place l'homme à un niveau élevé par rapport aux autres étants. Il jouit de la proximité de l'Etre, mais il n'est qu'un simple berger qui n'est pas l'Etre lui-même. Il ne peut l'épuiser, car il est plus que l'être-là qui le dévoile dans ce monde où il est jeté. L'Etre utilise l'être-là comme voie obligée pour se dévoiler et ils sont liés l'un à l'autre. Le premier est celui qui se dévoile dans le second tandis que ce dernier est le lieu incontournable que l'Etre emprunte pour se dévoiler dans le monde. Le Dasein tient son être de l'Etre qui l'a jeté dans le monde et celui-ci ne peut se dévoiler qu'à travers l'être-là qui est le lieu du dévoilement, de l'ouverture de l'Etre. Il y a réciprocité entre le Dasein et l'Etre. Nous voyons que Martin Heidegger a une bonne conception anthropologique. Il ne dénigre pas l'homme mais le considère comme l'étant privilégié de tous les autres.

Le philosophe allemand a distingué aussi les étants que nous rencontrons dans le monde où nous sommes jetés. Il y a des outils, des choses que nous rencontrons dans le monde et qui ne sont pas d'autres Daseins. Ces outils, ces instruments que nous rencontrons dans le monde ne sont pas des Daseins, mais ils font penser à ceux qui les ont fabriqués. Avec cette conception, le philosophe de l'être et le temps trouve que l'être-là est un être-avec. Quand je suis devant une oeuvre d'art même si elle n'est pas un autre Dasein comme moi, mais je trouve en elle un renvoi à celui qui l'a fabriquée. Et donc nous sommes toujours et déjà avec. Nul ne peut dire qu'il est seul. Nous sommes toujours avec les autres qui peuvent être des hommes ou des choses fabriquées par les hommes qui nous renvoient à leurs auteurs. A travers le choses de ce monde (vêtements, stylos, ordinateurs etc.), nous sommes avec les fabricants.

Pour Heidegger, la coexistence est un existential. Le souci caractérise le Dasein dans l'assistance et l'égard de l'autre qu'il rencontre dans le monde. A ce sujet, le Père Joseph Van Waelvelde affirme ceci : « l'altérité de mon être est de nature ontologique et elle implique que je dois construire des liens, des relations et vivre en relation. D'où le repli sur soi-même diminue la valeur ontique même de la personne »79(*).

On ne peut comprendre l'homme sans mettre en évidence la relation avec les autres qui sont avec dans le monde où il habite. On ne pensera l'homme que comme un « être-avec », un « Mit-sein ».80(*)

L'auteur de Sein und Zeit a le mérite une fois de plus d'avoir découvert ce qui angoisse l'angoisse : l'être-au-monde. Il a aussi trouvé que la peur n'est pas l'angoisse puisque cette dernière est angoissée par le fait d'être-au-monde. La peur est causée par un intramondain, un objet déterminé, une réalité précise, une situation concrète.

3. 2 Les limites

Nous devons reconnaître qu'à côté de tous les mérites que nous venons d'énumérer dans ces lignes, il y a aussi des limites dans cette pensée heideggérienne.

Ainsi, devons-nous reconnaître que l'auteur n'a pas identifié l'Etre dont il parle dans son oeuvre. Il est resté un Etre impersonnel. Il n'a pas été identifié comme l'Etre Absolu des chrétiens. Il n'est pas le Dieu en qui les chrétiens croient ferment comme un Père Bon qui se communique à ses filles et fils qui l'aiment comme un Etre personnel qui connaît leurs problèmes. Comment un Etre impersonnel peut être l'auteur de notre identité, si lui-même n'est pas un Etre personnel ? Nous trouvons que l'être qui nous donne d'être doit aussi avoir une identité, sinon il est dans l'anonymat, et comme notre auteur l'a si bien éclairé dans son oeuvre l'être et le temps, dans l'anonymat il y a la confusion et on n'est pas dans notre identité d'être qui a reçu sa vie de l'être. L'Etre doit être. Il ne peut pas ne pas être puis qu'il est toujours et déjà. Et comment concevoir un Etre qui est sans identité ? Cela est inconcevable puisque celui qui est doit nécessairement avoir une identité qui le manifeste comme un Etre authentique qui vit dans la vérité de son être. Etre implique sans autre forme de procès l'identité. Et nous trouvons incohérent comment notre maître à penser n'a pas pu identifier son Etre dont il parle dans son oeuvre. La question de l'Etre l'a préoccupé du début à la fin et malheureusement, nous venons de constater qu'il n'a pas pu l'identifier comme un Etre personnel qui est celui qui donne aux étants d'être ce qu'ils sont.

Il a encore dit que le Dasein est jeté dans le monde. Le fait d'être jeté dans le monde est péjoratif parce que l'Etre nous engendre dans sa bonté. L'Etre est bon, simple. Il se communique parce qu'il est bon. Il ne peut jeter l'être-là qui est son lieu de dévoilement. Nous voyons d'un mauvais oeil que l'Etre nous jette dans le monde. Le fait de nous jeter dans le monde nous renvoie à la réalité de reconnaître que nous sommes orphelins dans ce monde où nous vivons pour notre  réalisation. Comment pourrions-nous être jetés par l'Etre qui est toujours avec nous puisqu'il est Bon dans son essence ? L'Etre ne peut nous jeter, mais il nous engendre dans sa bonté puisqu'il est Bon. Nous sommes fruits de la bonté de l'Etre qui nous a engendré comme des étants privilégiés qui le dévoilent comme Etre. Quand notre maître à penser a dit que nous sommes jetés dans le monde, nous voyons ce fait comme étant incompatible avec notre être puisque que si l'Etre nous jette vraiment dans le monde, nous pouvons donc conclure que l'Etre n'est pas avec nous dans ce monde où il nous avons jetés. Nous ne comptons pas vraiment aux yeux de cet Etre qui est Bon. Nous sommes des moyens que l'Etre utilise pour se dévoiler. Nous ne sommes pas des fins en soi qui reçoivent leur être en soi-même. Force est de reconnaître que l'Etre est celui qui nous a engendrés puisqu'il est Bon dans son essence. L'Etre ne peut être celui qui nous considère comme des moyens pour son dévoilement. Nous avons du prix aux yeux de l'Etre qui nous a engendrés dans sa bonté.

3. 3 Conclusion

En guise de conclusion, nous devons dire que Martin Heidegger est ce philosophe qui a trouvé que le Dasein est un être-au-monde et aussi être-avec-autrui. Il a découvert que c'est le souci qui est l'être du Dasein. Le Dasein est lieu de dévoilement de l'Etre. Il est celui qui habite le monde dans lequel il rencontre d'autres étants. L'être-là est celui qui s'épanouit dans ce monde où il est jeté par l'Etre. Il est celui qui est le là du Dasein. Nous avons trouvé que le philosophe allemand a considéré l'entrée au monde de l'être-là péjorativement quand il dit que l'être-là est jeté dans le monde.

En plus, il n'a pas su identifier l'Etre dont il parle dans son oeuvre capitale Sein und Zeit. Cet Etre est resté sans identité.

CONCLUSION GENERALE

Les lignes suivantes marquent avec des traces inoubliables l'achèvement de notre travail qui a été intitulé : « le souci comme être du Dasein chez Martin Heidegger ».

Ce modeste travail s'est articulé en trois chapitres sans compter l'introduction générale et la conclusion générale dont le premier s'est focalisé sur l'être-au-monde comme être-avec-autrui et être soi. Dans ce chapitre, nous avons commencé par définir, identifier le Dasein qui est l'étant que je suis moi-même. L'être-là est l'étant que je suis moi-même, c'est toi, c'est nous, c'est vous, en bref c'est l'homme qui est l'étant privilégié par rapport aux autres étants qu'il rencontre dans le monde où il est jeté. Il possède le caractère d'être-soi. Il est subsistant. C'est un sujet qu'on ne pourra en aucun cas réduire à un objet, une chose.

Et nul ne peut comprendre l'être-là sans faire référence aux autres qui sont avec lui dans le monde. Il est un être-au-monde toujours et déjà coexistant avec les autres. Il ne peut nier leur existence parce qu'il est ontologiquement lié aux autres qu'il rencontre dans le monde.

Le philosophe de Fribourg trouve que l'être-là ne rencontre pas seulement les autres hommes comme lui, mais aussi des outils qui sont dans le monde ambiant et qui renvoient à leurs fabricants. Avec cette découverte, Heidegger renforce sa pensée qui affirme que l'être-là est existentialement un être-avec-autrui. Nul ne peut clamer qu'il est seul. Il n'y a pas des cavaliers solitaires. Il est toujours avec les autres même à travers les outils, vêtements qu'il utilise, qui ont été fabriqués par les autres hommes. Et c'est ainsi que Heidegger dit que l'être-là vivant dans le monde avec les autres auxquels il est lié d'une manière existentiale ne peut pas ne pas être dans l'assistance qui est une constitution pour lui comme un être-avec-autrui. L'assistance selon Heidegger a deux dimensions : positive et négative. Dans la première dimension, l'être-là veut que l'autre soit responsable et prenne sa vie, son être en main. Il veut que l'autre puisse être capable de résoudre ses problèmes et soucis. Tandis que dans la deuxième, l'être-là veut se substituer à l'autre. Ce denier doit être-là sans aucun souci puisqu'il y a l'aide qui viendra de son assistant. Cette forme d'assistance ne permet pas à l'autre de grandir et d'être responsable. Au contraire, elle le rend dépendant pour ne pas dire parasite. Cet autre que le Dasein assiste est un doublet de soi puisqu'il est comme moi de par sa constitution ontologique. Et la relation entre les Daseins est possible dans la mesure où chacun a approfondi les profondeurs de son être qu'il découvre qu'il est toujours et déjà un être-avec-autrui.

C'est dans le souci de l'être-là de quitter l'anonymat pour son être-soi que le deuxième chapitre a trouvé son champ d'action. Il a été question de montrer comment le souci est l'être de l'être-là. Nous avons trouvé que le Dasein a le souci de son être mais pour que ce souci soit vrai et authentique, il doit passer par l'autre qui est lié ontologiquement à lui puisqu'il est un être-au-monde impliquant l'être-avec-autrui. Et en parlant de l'être-là qui est un être-au-monde, nous avons parlé de l'angoisse qui est le sentiment qui révèle le mieux le Dasein. Et du fait que le Dasein est un être-au-monde, il est directement angoissé. C'est l'être-au-monde qui est angoisse de l'angoisse. Elle vient du rien qui n'est nulle part. Elle stimule l'être-là à quitter la déchéance pour son être-libre dans l'authenticité. Et dans l'angoisse, nous ressentons le sentiment d'étrangeté. Il y a le dépaysement. Nous nous sentons étranger dans l'angoisse puisque nous sommes dans le monde déchu qui nous rend inauthentique. Ce sentiment d'angoisse qui nous rend étranger nous pousse à quitter cet état d'anonymat « on » pour la vérité de son être-soi-libre dans l'authenticité.

Le souci comme être du Dasein nous a conduit à découvrir que l'être-là est caractérisé ontologiquement par le souci d'être toujours et déjà plus soi-même dans son être. Le Dasein est un être qui est appelé à être dépassé de soi-même pour un être-plus. Jamais l'être-là ne pourra arrêter cet élan de son être d'être toujours et déjà un être-en-avant-de-soi-même. Il se projette vers un plus tandis qu'il est dans ce monde déchu où il est jeté. Il n'est pas isolé dans cet appel à être-plus parce qu'il y va de son être d'être-au-monde qui implique d'être-avec-autrui. Et comme il est un être-avec-autrui, l'être-là doit se préoccuper de l'étant qu'il rencontre dans le monde ambiant. La coexistence lui oblige l'assistance puisqu'il est ontologiquement un être-avec et aussi un être-auprès-de-l'étant-disponible qu'il rencontre dans le monde déchu.

Le Dasein qui a le souci comme son être a en lui deux nécessités ontologiques dont il ne peut s'en passer en aucun cas. Il s'agit du vouloir et du souhait. La première nécessité (vouloir) aide le Dasein à arriver à son être parce qu'il est un pro-jet qui ne peut pas ne pas vouloir. Il veut quelque chose, quelqu'un puisqu'il est un être-avec. Son vouloir est toujours de quelque chose. Tout vouloir a toujours et déjà un voulu. On ne peut vouloir le néant, le vide, le chaos. Tandis que le souhait aveugle le Dasein dans la prise de conscience des possibilités qu'a son être. On souhaite beaucoup de choses dans le monde et on oublie par ce souhait de s'occuper de son être qui est rempli des possibilités reçues de l'être. Nul ne pourra enlever l'impulsion qu'a le Dasein de vivre ni même essayer de rompre l'inclination qu'a celui-ci de se préoccuper pour la vie qu'il mène dans le monde où il habite comme pro-jet.

Le témoignage préontologique nous a montré clairement comment le Dasein est fait du souci qui l'a engendré dans son existence. Il est dans le souci qui est son être tant qu'il vit dans le monde où il est jeté facticiellement. Il y a des possibilités qui font qu'il ait le progrès dans son être puisqu'il a la capacité de devenir ce qu'il peut être grâce au souci qui est existential. L'être-là est ontologiquement souci.

Comme toute oeuvre humaine est marqué d'incomplétude puisque l'homme lui-même est ontologiquement fini et caractérisé par des manques, des failles et insuffisances, le troisième chapitre a vu le jour pour critiquer notre auteur. Nous avons relevé les points positifs et les insuffisances de notre maître à penser avec plus d'objectivité possibles.

Ainsi, nous avons découvert que notre auteur a le mérite d'avoir considéré l'homme comme étant l'étant le plus privilégié de tous les autres étants. Cette supériorité est due au fait que l'être-là est le lieu d'ouverture de l'être. Il est le berger de l'être. Le Dasein a la charge de veiller à la vérité de l'être. En plus de cela, l'auteur de Sein und Zeit trouve encore que l'être-là est un être-au-monde et cela fait qu'il soit un être-avec-autrui qui lui exige l'assistance positive qui veut que l'autre prenne en main ses soucis à travers les possibilités.

Heidegger découvre que le souci est l'être du Dasein puisqu'il le pousse à être en avance toujours et déjà par rapport à lui-même dans son être. Il est un projet qui se fait, se réalise toujours tant qu'il existe dans ce monde où il est jeté comme pro-jet. Et le souci est la structure unitaire du Dasein qui le tient dans son être.

Notre maître à penser montre que nous sommes toujours des êtres avec les autres. Nul ne pourra dire qu'il est vraiment seul puisque même dans la solitude, il se sert toujours des instruments, des outils qui renvoient à leurs fabricants. Et donc étant avec les outils, on est d'une manière ou d'une autre avec ceux qui les ont fabriqués. Pour notre auteur, la solitude absolue n'existe pas. Et même dire qu'on est seul n'est pas vrai puisque cette solitude est inconsciente puisqu'on est toujours et déjà avec les autres. C'est un existential d'être-avec-autrui.

Le philosophe allemand a compris qu'étant dans le monde, le sentiment d'angoisse nous envahit. Et ce qui angoisse l'angoisse est le monde comme tel. Cette angoisse vient de rien et n'est nulle part. le dépaysement, le sentiment d'étrangeté que nous avons dans l'angoisse nous pousse à mobiliser nos forces, nos potentialités pour la perfection de notre être puisque dans le monde on ne sent pas chez soi. Nous devons travailler pour notre être et c'est cela le souci qui est l'être du Dasein et qui le caractérise.

Méthodologiquement notre auteur a réalisé une révolution. Contrairement à la métaphysique traditionnelle qui partait des concepts abstraits tels que la notion de l'être en tant qu'être pour descendre à l'homme en dernière position, Martin Heidegger part de l'homme que nous sommes qui est capable de s'interroger sur son existence, sur son être et celui des autres pour arriver à l'ontologie. Il s'est servi de la base anthropologique pour aboutir à l'ontologie.

Nous devons reconnaître qu'à côté de ses mérites, il y a des insuffisances dans sa pensée. Il a parlé largement de l'être, mais curieusement il ne l'a pas identifié. Comment l'être qui donne d'être aux étants avec une identité concrète peut manquer lui-même d'identité ? L'être doit avoir une identité personnelle. Il ne peut pas être impersonnel comme l'a souhaité notre maître à penser.

Le philosophe allemand dit que le Dasein est jeté dans le monde. Nous trouvons que l'être qui est bon, qui se communique, ne peut nous jeter dans le monde comme des choses dont il ne prend pas en considération. Il est mieux de dire que l'être nous engendre au lieu de dire qu'il nous a jeté dans le monde. L'être qui nous donne d'être est bon et se communique à ceux qui ont reçu son être. Il ne peut nous jeter mais plutôt il nous engendre puisqu'il est bon.

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

A. Ouvrage principal

1. HEIDEGGER Martin, l'être et le temps, (traduit de l'allemand et annoté par Rudolf Boehm et Alphonse de Waelhens), Paris, Gallimard, 1964.

B. Autres ouvrages de l'auteur

1. HEIDEGGER Martin, lettre sur l'humanisme, Paris, Aubier Editions Montaigne, 1964.

2. IDEM, Le principe de raison, (traduit de l'allemand par André PREAU) (coll. TEL) Paris, Gallimard, 1962.

3. IDEM, Kant et le problème de la métaphysique (coll. TEL), Paris, Gallimard, 1953.

C. Autre ouvrage

1. VAN WAELVELDE Joseph, Pour une renaissance métaphysique en terre africaine, Lubumbashi, Editions de l'Espoir, 2007.

D. Article

1. MBULUNGU NDOLU, « A Propos de l'intersubjectivité. Une approche d'Alphonse de Waelhens » in Les Nouvelles Rationalités africaines. Revues interdisciplinaires, volume 2,

N° 8, Juillet 1987, p. 612-628.

E. Notes de cours

1. MUBENGA David, Cours d'éthique philosophique générale pour l'action digne de la nature humaine, kansebula, 2008-2009(Inédit).

TABLES DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE 1

0. 1 Intérêt et choix du sujet. 1

0. 2 Problématique et hypothèses 2

0. 3 Méthode et subdivision du travail 2

0. 4 Notice Biographique 3

CHAPITRE I. L'ETRE-AU-MONDE COMME ETRE-AVEC-AUTRUI ET ETRE-SOI. 5

0. 1 Introduction 5

1. 1 La définition du Dasein 5

1. 2 La coexistence des autres et l'être-avec-autrui quotidien. 7

1. 2. 1 L'assistance 9

1. 2. 2 La distiction entre l'être-là-à-l'égard-d'autrui et l'être-à-l'égard-de-choses-subsistances. 11

1. 3 l'être-soi quotidien et le "on". 12

1. 4 Conclusion 14

CHAPITRE II. LE SOUCI COMME ETRE DU DASEIN 15

2. 0 Introduction 15

2. 1 L'angoisse comme mode fondamental du sentiment de la situation et comme révélation privilégié du Dasein. 15

2. 2 L'Etre de l'Etre-là comme souci. 18

3 Témoignage préontologique du Dasein sur lui-même comme souci. 22

CHAPITRE III APPRECIATION CRITIQUE 25

3. O Introduction 25

3. 1 les mérites 25

3. 2 Les limites 31

3. 3 Conclusion 32

CONCLUSION GENERALE 33

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE 37

TABLE DES MATIERES 38

* 1 Cf., Martin HEIDEGGER, L'être et le temps, Ed. Gallimard, 1964, 144.

* 2 Ibid.

* 3 Ibid,, 145.

* 4 Ibid., 145.

* 5 Ibid., 28.

* 6 Cf., Ibid., 145-147.

* 7Cf. Ibid, 54.

* 8 Cf. Ibid., 147-148.

* 9 Ibid, 148.

* 10 Ibid., 150.

* 11 M. HEIDEGGEr, le principe de raison, Ed. Gallimard, 1962, 107.

* 12 M. HEIDEGGER, Op. Cit. , 151.

* 13Ibid., 152.

* 14 Ibid., 153.

* 15Cf. Ibid, 154.

* 16 Ibid.

* 17 Cf. Ibid.

* 18 Ibid.

* 19 Ibid., 155.

* 20 Ibid., 156.

* 21 Ce mot Heidegger l'a emprunté de son maître Edmund Husserl.

* 22 M. Heidegger, op. Cit., 157.

* 23 Idem, Kant et le problème de la métaphysique, Ed. Gallimard, 1953, 284.

* 24Idem, op. Cit. , 159.

* 25 Ibid.

* 26Ibid ,160.

* 27 Cf. Ibid., 160.

* 28 Ibid, 160.

* 29 Ibid, 162.

* 30 Ibid.

* 31 Ibid., 163.

* 32 Cf. Ibid, 163.

* 33 Ibid., 228.

* 34 Ibid., 229.

* 35 Ibid.

* 36 Ibid.

* 37 Ibid., 230.

* 38 Ibid.

* 39 Ibid.

* 40Ibid, 231.

* 41 Ibid., 232.

* 42 Ibid.

* 43 Ibid.

* 44 Ibid.

* 45Cf. M. HEIDEGGER, Kant et le problème de la métaphysique, 291-293.

* 46Cf. idem, Op. Cit., 234.

* 47 Ibid.

* 48 J.V. WAELVELDE, Pour une Renaissance Métaphysique en Terre Africaine, Lubumbashi 2007, Ed. de l'espoir, 37-39.

* 49M. HEIDEGGER, Op. Cit. , 235.

* 50 Ibid, 236.

* 51Cf. ibid., 236-237.

* 52 M. HEIDEGGER, cf. Lettre sur L'Humanisme, Paris, Aubier Montaigne, 1964, 13-14.

* 53 Ibid, 15.

* 54Cf. Ibid.

* 55 Ibid., 62-63.

* 56 Ibid, 67.

* 57 Cf. Ibid, 75-77.

* 58 Ibid., 131.

* 59 Cf. P. D. MUBENGA sdb, Cours d'éthique philosophique générale, 2008-2009, Inédits, 21-22.

* 60 M. HEIDEGGER, L'être et le temps, 238.

* 61 Ibid,, 239.

* 62 Ibid. , 241-242.

* 63 Ibid, 243.

* 64 J.V. WAELVELDE, Op. Cit., 32.

* 65 Cf. Ibid, 32-33.

* 66M. HEIDEGGER, Cf. Op. Cit., 243.

* 67 A. De WAELHENS, La philosophie et les expériences naturelles, 132-133 cité dans MBULUNGU NDOLU « A Propos de l'intersubjectivité. Une approche d'Alphonse De Waelhens » in les Nouvelles rationalités Africaines, 616-617.

* 68 M. HEIDEGGER, l'être et le temps, 152.

* 69 A. De WAELHENS, Existence et subjectivité, in l'existence, Paris, Gallimard, 1945, 181 cité dans MBULUNGU NDOLU « A Propos de l'intersubjectivité. Une approche d'Alphonse De WAELHENS » les Nouvelles rationalités Africaines, 618.

* 70Ibid., 257 cité dans MBULUNGU NDOLU, Art. Cit., 623.

* 71 Cf. Ibid., cité dans Ibid., 624.

* 72 Ibid, 624.

* 73Idem, une philosophie de l'ambiguïté, 249-250, cité dans MBULUNGU NDOLU « A Propos de l'intersubjectivité. Une approche d'Alphonse De Waelhens » in les Nouvelles rationalités Africaines, 626.

* 74 M. HEIDEGGER, L'être et le temps, 157.

* 75 Je cite cette phrase de mémoire puisque je l'ai entendue, je l'ai rencontrée dans mon parcours.

* 76M. HEIDEGGER, Op. Cit., 229.

* 77 Cf. Ibid, 231-233.

* 78M. HEIDEGGER, Lettre sur l'Humanisme, 109.

* 79 J. V. WAELVELDE, Pour une Renaissance Métaphysique en Terre Africaine, 24.

* 80Cf. Ibid, 24.






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard