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le souci comme être du Dasein chez Heidegger Martin

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par Serge MUTUMBO
Institut saint Jean Bosco kansebula - Graduat en philosophie et sciences de l'éducation 2003
  

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2. 2 L'Etre de l'Etre-là comme souci

Après avoir abordé l'angoisse comme sentiment de la situation qui s'angoisse lui-même face à l'être-au-monde dans sa déréliction, il y a aussi ce pour-quoi l'angoisse s'angoisse qui est son savoir-être-au-monde. L'angoisse nous montre l'être-là comme un être-au-monde existant facticiellement. Et les caractères ontologiques de cet étant sont l'existentialité, la facticité et l'être-déchu. Ces caractères sont fondamentaux46(*). « L'être-là est un étant pour lequel il y va dans son être de cet être même ».47(*) Il est un être qui se pro-jette vers son savoir-être-inalienable qui le confronte toujours dans son être à être plus soi-même. Etre à l'égard d'un savoir-être authentique explique que le Dasein est en avance de lui-même. Il est un être dépassé de soi-même. Il est appelé à être toujours dépassé par rapport à lui-même. Le  il y va de... du Dasein peut être nommer aussi l'être-en-avant-de-soi-même. Et ce caractère du Dasein d'être un être-en-avant-de-soi-même caractérise le Dasein qui est toujours un être-au-monde.

En venant au monde, nous sommes jetés dans le monde qui a son histoire avant même notre arrivée en celui-ci. A l'intérieur du monde où l'homme est jeté, il y travaille pour qu'il y vive mieux. Mais cela ne veut pas dire qu'il doit continuer à y vivre toujours de la même façon comme les animaux qui sont incapables de progrès. Le Dasein est appelé au progrès qui implique qu'il détruise quelque chose de ce qu'il avait construit avant pour construire une nouvelle situation, une nouvelle oeuvre qui le mettra en sécurité puisque le but de l'être-au-monde est d'être bien. D'où le Dasein vit toujours dans un cercle de construction et de destruction. Il est appelé au dépassement de lui-même, de son oeuvre qui le manifeste. Il doit tenir compte de ce qu'il a trouvé en lui et dans le monde où il est jeté. En bref, il est appelé à respecter les structures, lois de la nature qu'il trouve dans le monde et qu'il découvre en lui-même48(*).

L'angoisse nous montre le Dasein dans le sentiment d'être-au-monde, dans sa déréliction tandis que le il y va de ...du Dasein exprime celui-ci dans son être-en-avant-de-soi-même comme un être-déjà-au-monde. Il n'est pas isolé comme dans l'angoisse. Il est un être-au-monde qui implique l'être-avec-autrui qui vit dans le monde où il rencontre les autres qui y ont été jetés comme lui. D'où l'exister est toujours facticiel puisque la facticité détermine l'existentialité. « L'être-au-monde-en-avant-de-soi-même implique essentiellement l'être en déchéance auprès de l'étant disponible, offert à la préoccupation intérieurement au monde »49(*).

Le Dasein dans son il y va de ...est un être-déjà-à (au monde) se préoccupant de l'étant qu'il rencontre dans ce monde où il est jeté toujours-déjà. Nous voyons que le Dasein dans son il y va de...a le souci. Il faut comprendre ce souci du point de vue purement ontologique et existential. Le Dasein a le souci de l'être. Le souci dont il est question dans ce travail est celui de l'être, d'être et non le souci de manquer par exemple de quoi se vêtir pour paraître aux yeux des étants au lieu d'être.

La préoccupation de l'être-auprès-de-l'étant-disponible vient du fait qu'il est essentiellement souci comme être-au-monde. Et l'assistance est du fait que cet être-auprès-de-l'étant-disponible rencontre dans le monde autrui qui coexiste avec lui.

Le souci renferme l'unité des déterminations ontologiques. Il n'est pas un comportement isolé d'un solitaire comme dans l'angoisse. Heidegger à ce sujet dit: « Le souci ne saurait viser un comportement particulier à l'égard donc de soi-même, parce que ce soi-même caractérise ontologiquement et d'emblée par l'être-en-avant-de-soi ; or cette détermination inclut à son sein les deux autres moments du Dasein, l'être-déjà-à...et l'être-auprès-de... »50(*). Etre-en-avant-de-soi-même comme à l'égard du savoir-être inaliénable implique la liberté qui est condition ontologique et existentiale du Dasein. Dans le il y va de son être, le Dasein vise toujours l'autrui même au coeur de l'ipséité, de l'inauthenticité du « on », l'être-en-avant-de-soi qui est dépassé de soi-même veut que l'autre vive bien dans son être. Le souci est toujours-déjà antérieur, présent en tout comportement et en toute situation facticielle51(*). Il est avant tout comportement et toute situation de facticité. L'étant qui a le souci comme son être a ces possibilités ontologiques « théoriques » et de la « praxis » qui sont possibles que puisque cet étant a le souci comme son être.

Ainsi donc, l'on ne pourra en aucun cas réduire le phénomène du souci à des actes particuliers ou à des tendances du vouloir, ou au souhait, ou à l'impulsion...

Le Dasein en tant que souci a le vouloir et le souhait comme des nécessités ontologiques dont il ne peut se défaire. Ils sont liés à lui en tant qu'étant un être défini comme souci. Le Dasein, en tant qu'être-au-monde, est sans autre forme de procès ontologique en relation avec l'étant intramondain. Le souci est donc d'une manière ou d'une autre préoccupation et assistance. L'homme ne doit pas oublier sa dépendance à l'être, pour autant que, c'est en celle-ci qu'il expérimente le sens profond de son être, lequel est défini par l'ek-sistence. Ce concept apparaît, précisément, être le concept qui rend le mieux le rapport spécifique de l'homme à l'homme. Il met en évidence l'exigence pour l'homme de se tenir dans l'être et pour l'être. Il s'agit de comprendre en d'autres termes que l'être doit être souci pour l'homme. Le souci n'est pas à comprendre comme le tourment, il est au contraire la sauvegarde permanente de ce qui est devenu certitude. Et l'être est devenu certitude, d'où l'homme doit être et assurer sa garde. Ce n'est que comme ek-sistant que l'homme peut répondre à cette vocation de la garde de l'être. Ek-sister veut dire penser radicalement l'être. Tout souci pour le philosophe allemand est souci de l'Etre. Cela se vit dans l'existence du Dasein qui a comme tâche principale de se rendre attentif à la voix de l'Etre puisqu'il est son berger52(*). « Il n'y a pas d'Etre que pour autant qu'est l'être-là »53(*). Force est de reconnaître que l'Etre ne dépend pas du Dasein mais pour se dévoiler, il ne peut le faire qu'en celui-ci qui le lui permet puisqu'il est son « là » et il assume cette mission dans son ek-sistence54(*). C'est pourquoi l'être-là est l'étant privilégié parce qu'il est le seul parmi tous les étants à pouvoir dévoiler l'Etre dans son existence. Et l'ek-sistence est l'essence de l'homme. Le Dasein trouve dans son existence son essence. A ce propos, l'auteur de l'Etre et le Temps affirme « L'essence extatique de l'homme repose dans l'ek-sistence »55(*).

Tant que le Dasein existe, il est habité par le souci de l'Etre, d'être-le-là de l'Etre. Il est jeté dans le monde où il reçoit la mission d'être le berger de l'Etre. « En tant qu'ek-sistant, l'homme assume l'être-le-là lorsque en vue du `` souci'' il reçoit le là comme l'éclaircie de l'Etre. Mais cet être-le-là déploie lui-même son essence comme ce qui est ``jeté''. Il déploie son essence dans la projection de l'Etre, cet Etre dont le destin est de destiner »56(*).

Quand on ek-siste, nous sommes tenus par le souci de l'Etre en qui nous nous sommes retrouvés sans jamais le vouloir. Et la substance de l'homme n'est autre chose que l'ek-sistence qui lui permet d'être-le-là de l'Etre, de dévoiler l'Etre dans sa vérité en lui sans l'épuiser57(*). Il est destiné à veiller à ce que la vérité de l'Etre ne soit pas édulcorée puisqu'il est le berger de celui-ci. C'est pourquoi il est dans son existence comme souci. A ce propos, Martin Heidegger dit en ces termes : « l'homme est, et il est homme pour autant qu'il est ek-sistant. Il se tient en extase en direction de l'ouverture de l'Etre, ouverture qui est l'Etre lui-même, lequel, en tant que ce qui jette, s'est acquis l'essence de l'homme en la jetant dans « le souci ». Jeté de la sorte, l'homme se tient `'dans'' l'ouverture de l'Etre »58(*).

Le vouloir aide le Dasein à arriver à son être puisque comme pro-jet, il vit dans la préoccupation ou dans l'assistance et ces deux modes conduisent à connaître son être.

Ainsi, tout vouloir veut toujours quelqu'un, quelque chose. On veut toujours quelqu'un ou quelque chose et non rien comme le dilletant qui dit ne rien vouloir, alors qu'il veut tout ! En disant ne rien vouloir, on veut quelque chose et on veut tout. Nul n'est sans l'ignorer que l'action humaine ne peut viser le rien. Toute action de l'homme veut atteindre l'être, le bonheur. Même celui qui dit ne rien vouloir, il veut ne pas vouloir !59(*) Le vouloir ne peut viser le néant ou le rien puisque le Dasein est un être-en-vue-de...comme l'auteur de Sein und Zeit le dit dans ces lignes : « la constitution de la possibilité ontologique du vouloir inclut : la révélation apriorique et générale d'un être-en-vue-de...(l'être-en-avant-de-soi-même), la révélation d'un étant offert à la préoccupation(le monde comme ce à quoi est l'être-déjà) et l'auto-pro-jection compréhensive de l'être-là vers un savoir-être uni à la possibilité d'un étant qui est voulu »60(*). Le souci a comme fondement le vouloir d'être. Il est celui de l'être et non des choses intramondaines.

En ce qui concerne le souhait qui est l'un des caractères du souci, il permet au Dasein de pro-jeter son être vers des possibilités même si celles-ci ne sont pas envisagées dans leur accomplissement. Le Dasein comme être-en-avant-de-soi-même qui vit dans le souhait ne comprend pas les possibilités qui existent en lui. Quand nous souhaitons, nous ne comprenons pas d'une manière ou d'une autre les possibilités que nous avons comme être-au-monde « souhaiter une modification existentiale du pro-jet compréhensif de soi ; tel que celui-ci, dans la déchéance de la déréliction, se borne simplement à rêvasser sur ses possibilités »61(*).

Ce genre de rêvasserie obscurcit les possibilités qu'a le Dasein. Le souhait suppose ontologiquement que le souci est l'être du Dasein. La rêvasserie déchue montre l'inclination que le Dasein a vis-à-vis de la vie du monde où il vit, où il est jeté. Quand le Dasein est inondé par l'inclination, la modification n'atteint pas l'inclination mais toute la structure du souci. Il soumet toutes les possibilités à l'inclination.

Le Dasein qui est entrain de vivre dans la rêvasserie est aveuglé et ne voit plus les possibilités qu'a son être. Il veut être-toujours-déjà-auprès-de...au lieu d'être lui-même. Au lieu de se soucier de son être, il veut être-toujours-déjà-auprès-de...l'inclination vers la vie du monde où il est jeté l'aveugle.

L'impulsion contrairement à l'inclination cherche à renvoyer toutes les autres possibilités. Dans l'impulsion pure, nous ne trouverons pas encore le souci, même si celui-ci fait à ce que le Dasein ressente quelques impulsions qui viennent de son intérieur. Le souci est déjà fixé tandis que dans l'impulsion, il n'est pas encore libéré. On ne peut vouloir enlever au Dasein l'impulsion à vivre ni tenter d'arrêter l'inclination qu'il a se laisser porter par la vie du monde où il est jeté puisqu'il est être-au-monde. Ces deux possibilités ont leurs racines dans le Dasein dans sa déréliction et tout cela se fonde sur le souci qui est l'être du Dasein.

Le souci n'est pas un phénomène facile-simple à définir. Il a une structure complexe et on ne peut le réduire à un élément ontique. Il est plus vaste, car sa structure vise l'explication de l'unité de l'être. Quand on voit le souci comme être-en-avant-de-soi-même-être-déjà à-être-auprès-de... cela prouve à suffisance qu'il a une structure complexe qui englobe tout l'être du Dasein. Ce denier a comme être le souci de son être sur lequel il doit veiller à ce qu'il soit authentique.

* 46Cf. idem, Op. Cit., 234.

* 47 Ibid.

* 48 J.V. WAELVELDE, Pour une Renaissance Métaphysique en Terre Africaine, Lubumbashi 2007, Ed. de l'espoir, 37-39.

* 49M. HEIDEGGER, Op. Cit. , 235.

* 50 Ibid, 236.

* 51Cf. ibid., 236-237.

* 52 M. HEIDEGGER, cf. Lettre sur L'Humanisme, Paris, Aubier Montaigne, 1964, 13-14.

* 53 Ibid, 15.

* 54Cf. Ibid.

* 55 Ibid., 62-63.

* 56 Ibid, 67.

* 57 Cf. Ibid, 75-77.

* 58 Ibid., 131.

* 59 Cf. P. D. MUBENGA sdb, Cours d'éthique philosophique générale, 2008-2009, Inédits, 21-22.

* 60 M. HEIDEGGER, L'être et le temps, 238.

* 61 Ibid,, 239.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus