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Solidarité, famille et développement socio-économique en ville de Butembo

( Télécharger le fichier original )
par Muyisa LUSENGE
Université catholique du Graben - Licence 2008
  

Disponible en mode multipage

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EPIGRAPHE

« Il est donc difficile de s'imaginer un solitaire heureux car l'homme est un être inachevé. Il est contraint à s'associer aux autres pour sa pleine réalisation ».

ARISTOTE

« L'individu est au service non seulement de la communauté parentale, mais aussi au service de la communauté toute entière ».

KAKULE MUWIRI et KAMBALUME KAHINDO

DEDICACE

A mes parents, Papa LUSENGE KALWAHALI Gaudens et Maman MUGHOLE ATOSHA pour la vie qu'ils nous ont donnée et qui, depuis ma naissance, ne cessent de s'acquitter de leurs responsabilités familiales et parentales.

A mes Frères et Soeurs, ceux qui partagent mon affection.

A MASIKA KASIKA Rite pour toute son affection.

A tous mes cousins et cousines, neveux et nièces, oncles et tantes.

A tous mes amis qui savent que le combat le plus noble, le plus indiscutable, le plus difficile est la lutte contre la solitude.

A tous les regrettés frères, soeurs, grands parents de la grande famille LUSENGE.

A tous ceux qui m'aiment et à vous tous qui me souhaitez un avenir meilleur.

SIGLES ET ABREVIATIONS

O.N.G.

:

Organisation Non Gouvernementale

I.D.H.

:

Indicateur de développement humain

U.C.G.

:

Université Catholique du Graben

R.D.C.

:

République Démocratique du Congo

M.G.L.

:

Minière des Grands Lacs

SOMINKI

:

Société Minière du Nord-Kivu

:

Numéro

RC.D.D./K.-M.L.

:

Rassemblement Congolais pour la Démocratie / Mouvement de libération

GAJ

:

Groupe d'Action de la Jeunesse

M.J.R.

:

Mouvement des Jeunes pour la Révolution

M.S.F.

:

Mouvement Solidarité Français

Op. cit.

:

Oeuvre déjà citée

Ibidem

:

De même auteur

I.P.D.

:

Institut Panafricain du Développement

U.C.I.

:

Université Coopérative Internationale

U.C.L.

:

Université Catholique de Liège

U.S.A.

:

United States of America

O.U.A.

:

Organisation de l'Union Africaine

C.C.T.

:

Congo-Chine Télécom

COBKI

:

Compagnie des Boissons Sucrées du Kivu

SAIBU

:

Savonnerie Industrielle de Butembo

MENUIBO

:

Menuiserie Industrielle de Butembo

EAD

:

Entité Administrative Décentralisée

INSEE

:

Institut National de Statistique et des études économiques

P.D.G.

:

Président Directeur Général

PNUD

:

Programme des Nations Unies pour le Développement

PIB

:

Produit Intérieur Brut

EPSP

:

Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel

REMERCIEMENTS

Gloire & louange soient rendues au Bon Dieu qui est source de toute vie, de toute sagesse, de toute intelligence, qui nous a assuré la Bonne santé tout au long de ces cinq ans d'études universitaires : il est YAHWEH.

Cette oeuvre n'est pas le fruit d'une seule personne mais l'effort conjugué des personnes de bonne volonté. Il nous serait ingrat de ne pas les remercier dans ce travail.

- Nos premiers remerciements vont tout droit au Directeur de ce travail PALUKU KITAKYA Anselme, Professeur Associé et à l'assistante KAVUGHO MASTAKI Eugénie, pour avoir accepté la direction de ce mémoire. Leurs informations et éclaircissements, leurs conseils pratiques ont permis la faisabilité de ce travail.

- Nous ne pouvons passer sans dire aussi merci au Recteur de l'Université Catholique du Graben MAFIKIRI TSONGO Angelus, Professeur Ordinaire et Doyen de la Faculté des Sciences Economiques et Gestion, le Professeur KAMBALE MIREMBE Omer et à la Vice-doyen KASWERA MULYANGOTE Léonie, Chef de Travaux, pour nous avoir édifié scientifiquement par leurs conseils et qualités. Que tous les professeurs et Assistants de la Faculté de l'Economie trouvent ici le fruit de leurs enseignements.

- Que mes remerciements parviennent aussi à mon Père LUSENGE GAUDENS et à ma mère MUGHOLE ATOSHA, ainsi qu'à tous mes frères et soeurs MUSONDOLYA, WASINGYA, KATEMBO, MUHANI, VIVUYA, MUKANDIRWA, SIFA, NYAVINGI pour ce lien de filiation que nous partageons et à tous les membres de famille.

- A la famille MANDIKI de Belgique pour les différentes faveurs scolaires nous offertes : MANDIKI Robert, PASCALINE, BIJOU ALINDAWA, ALAIN, ASA.

- A la famille Jérémie MUNDAMA pour les conseils nous prodigués : Jérémie MUNDAMA, KATSONGERI, AKENATONE, DORA, ANNE MARIE, NORA, ELIE.

- Aux familles TSONGO KASEREKA, MUKONDA KISUMBA, MULEFU, RANGI, KATEMBO MUSAVULI pour nous avoir accueilli et facilité ainsi la récolte des données.

- Mon amie MASIKA KASIKA RITA et toute sa famille pour l'esprit d'attachement, l'amour, la fidélité, la confiance qu'elle me donne.

- Nous n'oublions pas d'exprimer notre gratitude à nos tantes, oncles, cousins et cousines et tous les autres.

- Les camarades de lutte avec qui nous venons de finir le deuxième cycle, notamment : KASEREKA KOMBI Janvier, KAHONGYA Justin, KIMAVU, BUNAMBO, ISMAËL, KIVERWA, KALONDERO, KALUBENGE KIBENDO, KITAHE RUKA, MUNYAMBALU, MALONGA, TAVUGHA, MASUMBUKO, MUHAVWAMBOKO, KAKUNDIKA KAMABU, KATYA NDOVYA, NZOVOLI, MWERO, BORA, KAKULE MUSANGA et tous les autres

- A tous mes amis : FILANZA, AMANI, EMMANUEL MALU MALU, KAMBAZO, KILAMBA, ... qu'ils sentent à travers cette oeuvre notre attachement amical.

- De même, nos remerciements s'adressent à Monsieur MALEKANI pour avoir dactylographié ce travail avec promptitude et clarté.

- Enfin, que ceux qui n'ont pas été cité nommément dans cette oeuvre se sentent aussi gratifiés à travers cette dernière phrase.

INTRODUCTION

1. PROBLEMATIQUE

L'homme est un animal social, politique, un être sociable. Pour se réaliser, il a besoin de ses semblables en vue de constituer la société. Celle-ci étant un des moyens offerts par la nature de l'homme pour s'harmoniser, l'individu y est un être des relations, il ne peut subsister sans l'organisation sociale dépassant les relations inter-individuelles.

Les hommes sont à l'égard, les uns des autres, dans une dépendance réciproque. Ils cheminent ensemble sur le chemin de l'harmonisation qui ne se présente pas comme une donnée, mais comme un horizon1(*).

Nous abordons ici la question du caractère relationnel inhérent à l'être humain ; ce caractère préside au "vivre ensemble" des hommes au sein d'une même société, un vivre "ensemble" qui fait problème et pourtant, en première vue, il vise l'humanisation.

PLATON a tenu compte de ce fait de pluralité des hommes en faisant reposer la communauté humaine sur la division du travail et la diversité des métiers correspondant à la multiplicité des besoins et à l'impuissance d'un homme isolé à les satisfaire tout seul2(*).

Pour ARISTOTE, tout part du fait que l'homme est un animal politique, caractéristique fondamentale ou mieux essentielle sans laquelle, la question de la sociabilité ne se poserait pas3(*).

L'homme est en effet mû par des tendances profondes qui l'incitent à vivre en société. C'est que l'homme est naturellement un être limité. Il ne peut suppléer à ses limites que s'il s'associe aux autres hommes pour atteindre ainsi son bien propre.

Il est donc difficile aux yeux d'ARISTOTE de s'imaginer un solitaire heureux car l'homme est un être inachevé. Il est contraint à s'associer aux autres pour sa pleine réalisation4(*).

Au Nord comme au Sud, la réussite dans la vie sociale implique des moyens conséquents malgré la diversité des problèmes. Cependant, la vie au nord (pays développés) semble s'automatiser dans le sens de la prévision des familles, c'est-à-dire les problèmes socio-économiques trouvent préalablement des arrangements notamment, les difficultés de l'alimentation, de l'habillement, du confort des festins, de la dot, du mariage, etc.

Au sud (pays sous-développés) les hommes ont la difficulté de trouver des solutions adéquates aux différents problèmes qui se posent dans la vie socio-économique.

Compte tenu de la situation socio-économique défavorable de notre pays, il devient plus difficile individuellement de faire face aux difficultés. Ainsi, les hommes se coalisent de plus en plus dans les initiatives qui révèlent plusieurs formes. Il peut s'agir d'organisations non gouvernementales (internationale ou locale) et des mutualités des groupes ethniques voire dans des familles pour faire face aux difficultés qui les préoccupent. Les réunions familiales apparaissent comme une forme de solidarité pour la population de Butembo.

Notre préoccupation majeure peut être résumée par les questions suivantes :

- existe-t-il une interaction entre la solidarité familiale et le développement à Butembo ?

- Quels sont les facteurs explicatifs de la dynamique de la solidarité familiale en ville de Butembo ?

2. HYPOTHESES DU TRAVAIL

A titre d'hypothèses, nous pensons

- qu'il est possible que la solidarité familiale influence positivement les activités économiques à Butembo ;

- Que des motivations économiques et socio-culturelles sont à la base de la dynamique de solidarité familiale en ville de Butembo.

3. CHOIX ET INTERET DU SUJET

Le choix de ce thème a été motivé par le fait qu'on assiste de plus en plus à la dynamique des réunions familiales en ville de Butembo. Cette pratique est devenue presque une habitude et chaque dimanche, on assiste à plusieurs réunions de différentes familles sans distinction des classes sociales.

Notre intérêt est de déceler les motivations d'ordre économique et socio-culturelle qui sont à la base de la dynamique de la solidarité familiale.

La présente étude a d'une part l'intérêt de mettre à la disposition de tout intellectuel, désireux de faire des recherches dans l'économie sociale plus précisément sur la solidarité, un outil de travail judicieux. D'autre part, ce travail permet aux différents membres des familles de comprendre mieux les avantages et les inconvénients des réunions familiales ou de la solidarité familiale.

Nos suggestions favoriseront des décisions et des stratégies qui sont plus efficaces.

Enfin, ce travail nous aide à approfondir certaines théories apprises à l'école et de les confronter à la réalité. Ainsi, il nous permet de connaître au fond le fonctionnement de notre société sur la solidarité et le commerce, notre économie sociale et l'anthropologie YIRA.

4. METHODE ET TECHNIQUE UTILISEES

4.1. Méthodes

La méthode est un ensemble des voies et moyens à suivre pour aboutir à un résultat escompté. C'est une démarche raisonnée et ordonnée suivant certains principes.

Ainsi, au cours de notre réflexion nous nous sommes servi de la méthode analytique et de la méthode descriptive.

1. La méthode analytique

Cette méthode nous a permis d'analyser les différentes informations recueillies auprès de nos enquêtés.

2. La méthode descriptive

Cette dernière nous a été utile pour décrire les activités économiques de la ville de Butembo et les réunions familiales dans les familles.

4.2. Les techniques

D'après PINTO et GRAWITZ, la technique est un instrument de travail qui sert à rendre opérationnelle la méthode5(*).

Ainsi, tout au long de notre étude nous avons recouru aux techniques suivantes : documentaire, Interview, questionnaire d'enquête et la statistique.

1. La technique documentaire

Cette technique nous a permis d'explorer systématiquement certaines bibliothèques de Butembo. Grâce à elle, nous avons consulté des ouvrages, des revues, des archives et divers autres écrits qui cadrent avec notre thème.

2. Technique d'interview et d'enquête

Notre descente sur terrain a été concrétisée par l'échange d'opinions relatives à notre thème avec les membres de certaines familles notamment les chefs des familles. Au cours de nos entretiens nos interrogations ont davantage dégagé une lumière qui nous a aidé à mieux établir les éléments de notre travail.

3. La statistique

La statistique nous a été utile pour synthétiser l'information moyennant certains indicateurs statistiques telles que la moyenne, les proportions, ...

Ces indicateurs ont été calculés sur base des informations obtenues auprès de 100 chefs de famille, 100 membres de ces familles (en raison de 10 personnes par famille) et 100 commerçants de la ville de Butembo.

Précisons que ces individus statistiques ont été sélectionnés en fonction de leur volonté de pouvoir nous livrer l'information.

5. DELIMITATION DU SUJET

L'étude de solidarité familiale et développement socio-économique étant une matière vaste, nous avons limité notre investigation à quelques familles de Butembo, renfermant 100 commerçants et 100 membres de différentes mutualités enquêtées.

Dans le temps, les données de cette étude ont été récoltées pendant la première moitié de l'an 2009 (de janvier à juillet 2009). Néanmoins, le travail présente certaines données de l'an 2008.

6. SUBDIVISION DU TRAVAIL

A part l'introduction et la conclusion, notre étude comporte trois chapitres : le premier porte sur les approches conceptuelles, le second est axé sur la présentation du milieu d'étude et la solidarité comme mode de développement. Enfin, le dernier analyse la solidarité familiale face au développement socio-économique en ville de Butembo.

7. DIFFICULTES RENCONTREES

Notre thème de recherche étant encore nouveau, il nous a été difficile de récolter une nombreuse documentation spécifique. Depuis un certain temps, les commerçants et les familles de Butembo ont difficile à recevoir des chercheurs surtout quand il s'agit de livrer des informations sur les activités lucratives. C'est donc avec de peine que nous avons su trouvé les quelques renseignements sur la vie sociale et matérielle de la population. L'absence des documents écrits dans les familles ne nous a pas permis d'approfondir certains points.

Chapitre premier : APPROCHES CONCEPTUELLES

I.1. AUTOUR DU MOT SOLIDARITE

La notion de solidarité renvoie au droit, et au droit antique. Elle est toujours en honneur dans le champ politique.

La fortune de la solidarité lui vient du droit romain des obligations. C'est la première acceptation du vocable. On la retrouve dans le droit contemporain comme en témoigne le code civil français (articles 1197 et s ...1200 et s). Elle désigne une situation où plusieurs personnes s'obligent les unes pour les autres. Il y a une unité de la dette, dont le poids est partagé entre tous, qu'il s'agisse de l'une ou l'autre des formes de solidarité.

La solidarité est un mot d'actualité, car ici et là des hommes, des organisations religieuses et laïques, des Eglises institutionnalisées et des communautés religieuses qualifiées de sectes s'emploient à la promouvoir, raison pour laquelle son concept a fait l'objet de maintes tentatives de définitions dans la littérature socio-économique.

1.a. Définition

La solidarité est le fait d'être solidaire. Etre solidaire signifie être ou se sentir lié par une responsabilité et des intérêts communs.

La solidarité est donc la relation entre personnes conscientes d'une communauté d'intérêts et des relations impliquant une obligation morale d'assistance mutuelle. Relation et assistance mutuelle sont donc les principes de la solidarité.

La solidarité est un état de deux ou plusieurs personnes dont chacune est engagée de la part des autres selon leurs philosophies.

La solidarité est une dépendance mutuelle entre les hommes, ce qui fait que les uns ne peuvent être heureux et se développer que si les autres les peuvent aussi6(*).

La solidarité peut aussi se définir comme suit : "nous dépendons les uns des autres que nous les sachions ou non, que nous le voulions ou non". Cette interdépendance traduit l'incomplétude, la fragilité de l'être et la prise de conscience qui pousse tout un chacun à rechercher, à identifier ses devoirs envers autrui et la collectivité avant ses droits, à sacrifier par moment ses intérêts au profit de ceux d'autrui et de la collectivité. C'est à ce prix et à ce prix seulement qu'il peut espérer bénéficier des diverses solidarités qu'offrent la communauté.

Ainsi, la solidarité se définit comme l'ensemble des prestations matérielles et immatérielles, auxquelles est soumis l'individu de par son incomplétude et son appartenance à une communauté ; prestations caractérisées par la participation, le partage et la réciprocité.

Le sentiment d'incomplétude est l'expression de l'incapacité de l'homme à se suffire à lui-même et fonde la conviction que nul ne peut se dissocier des autres sans se fragiliser7(*).

Le sentiment d'appartenance est la conséquence de la naissance d'un chacun au sein d'une communauté et c'est au sein de celle-ci qu'il est socialisé. La parenté, de part son système d'appellations et d'attitudes, traduit le principe d'appartenance que crée la parenté que celle-ci sert d'idéologie de cohésion pour les groupes autres que la famille.

Le sens de partage et de la réciprocité est au coeur du procès de la solidarité. En effet, à l'obligation de partager avec autrui et ou avec la collectivité fait pendant celle de la réciprocité. Dans son essence, la solidarité est un procès d'ouverture à autrui pour donner à autrui et recevoir d'autrui.

Ainsi déniée et précisée, la solidarité est comme l'écrit Mpase Mselenge Mpeti, "La conscience du groupe c'est-à-dire l'ensemble des idées et des intérêts qui sont communs (...). Elle doit être considérée comme un produit naturel et nécessaire de la résistance à l'action isolée des unités sociales8(*).

En science sociale, la solidarité est une action bienfaisante à la quelle des hommes se sentent tenus à l'endroit d'autres hommes, généralement des membres d'un même groupe liés sur une communauté de destin (famille, village, profession, entreprise, nation, etc.). Ce terme est également employé par des élus politiques qui mettent en oeuvre une solidarité contrainte qui répond selon eux à des devoirs moraux de la société qui les a élus.

Le terme solidarité est employé dans un cadre juridique dans le cas de relations entre débiteurs.

1.b. Notion juridique du terme

Dans le cadre juridique, on parle de solidarité chaque fois que plusieurs personnes ont une obligation en commun, qu'il s'agisse d'une dette contractuelle quasi-délictuelle ou liée à la possession commune d'une chose ou d'un droit.

La notion de solidarité est donc liée à celle de société qu'elle soit de droit ou de fait.

Selon le code civil Français, il y a solidarité entre débiteurs s'ils ont engagé ensemble un emprunt et sont tous responsables pour son remboursement : « il y a solidarité de la part des débiteurs lorsqu'ils sont obligés à une même chose, de manière que chacun puisse être contraint pour la totalité, et que le paiement fait par un seul libère les autres envers le créancier »9(*). Le code civil stipule également que « la solidarité ne se présume point ; il faut qu'elle soit expressément stipulée »10(*). C'est-à-dire qu'elle doit résulter d'une mention explicite de la loi ou d'un contrat.

1.c. La solidarité sociale.

Dans son expression positive, la solidarité est une démarche humaniste de personnes qui choisissent ou ressentent une obligation morale d'assister une autre personne. La solidarité se distingue de l'altruisme. L'altruisme peut souhaiter aider autrui sans pour autant se sentir concerné par ce qui lui arrive, et inversement on peut se rendre solidaire d'autrui simplement par intérêt bien compris (Attente d'une réciprocité) et non par altruisme, très souvent, on présente sous cette forme positive des formes des solidarités plus ambiguës :

- une forme d'échange mutuel ou chaque membre se rend solidaire des autres parce que les autres se rendent solidaires de lui. C'est donc un calcul (économique) et non une démarche généreuse (voir opération) ;

- une forme de solidarité imposée, où chaque membre se trouve obligé d'adhérer au groupe sous peine de perdre certains bénéfices (Frais de copropriété...), voire sous la naissance de sanction (partie socialisée du salaire, impôts, conscription).

1.d. Historique de l'analyse sociologique du terme

La notion par CHARLES GIDE à la fin du XIX è siècle théoricien de l'école de MINES, mouvement coopératif Français, il a développé les idées de coopération émancipatrice à partir de 188611(*).

Puis Emile DURKHEIM dans la division du travail social (1893), reprend et développe la notion de solidarité sociale en tant que lien moral entre individus d'un groupe ou d'une communauté. Selon DURKHEIM, pour qu'une société existe, il faut que ses membres éprouvent de la solidarité les uns envers les autres. Elle est liée également à la conscience collective qui fait que tout manquement et crime vis-à-vis de la communauté suscite l'indignation et la réaction de ses membres. Il développe les concepts de « solidarité mécanique » et de « solidarité organique »12(*).

Une société donnant lieu à la solidarité mécanique tient sa cohésion de l'homogénéité de ses membres qui se sentent connectés par un travail, une éducation, une religion, un mode de vie similaire.

La solidarité mécanique se produit normalement dans les sociétés traditionnelles des petites tailles.

La solidarité organique provient quant à elle de l'interdépendance qui vient de la spécialisation du travail et des complémentarités entre les personnes que provoquent les sociétés modernes industrielles13(*) . On peut dire encore que la solidarité apparaît dans le vocabulaire philosophique moderne au XIX è siècle avec PIERRE LEROUX, selon lui, la solidarité est la nouvelle forme de lien social lié à la démocratie.

1.d.1. Utilisation politique du terme.

L'Etat pratique une redistribution des revenus et des richesses que les hommes politiques élus justifient, selon leur tendance politique, par un « devoir de solidarité » entre membres d'une même société par une augmentation des inégalités sociales menaçant la cohésion sociale, ou par une spoliation des richesses produites par le travail au profit du capital, nécessitant une redistribution des richesses. Selon les plus libéraux économiquement parlant, cette pratique tend vers l'assistanat et la population étatique.

Disons-nous encore que à partir du moment où la démocratie est ouverte à tous, où l'on introduit la notion d'égalité entre les citoyens, dit-il, à la charité succède la solidarité. La charité implique en effet une dissymétrie des rapports entre le donateur et le donataire. L'inégalité n'est plus possible quand on est dans une société qui dit que les hommes sont libres et égaux.

La solidarité est ce lien social qui unit des citoyens libres et égaux. Cela n'implique pas que la charité disparaisse. Un certain nombre de personnes qui sont dans une situation plus favorable prennent en compte les difficultés des autres. C'est la philanthropie. Mais, au-delà de la charité, de la philanthropie, il y a la solidarité démocratique. Tout un ensemble de pratiques va se développer autour de cette notion, notamment la libre association dans les années 1830-1848, autour de l'organisation du travail..... Lorsqu'on s'efforce de trouver une organisation sociale qui essaye de mettre en pratique cette égalité, on se rend compte que le marché ne suffit pas à intégrer tout le monde. L'idée centrale est donc que la solidarité peut être un élément intégrateur. Un lien social fondateur d'une économie fraternelle ; solidaire.

Une autre manière d'élaborer la solidarité apparaît à travers l'école de solidaristes (DURKHEIM, BOURGOIS, ....). Leur propos est de dire que nous avons une dette sociale que chacun s'engage à respecter parce qu'il est membre de la société et qui l'amène à passer un quasi contrat » avec ses semblables. Ce n'est pas un engagement individuel volontaire mais un engagement vis-à-vis de la collectivité dont l'Etat doit assurer le respect par l'obligation. La solidarité alors par l'action redistributive de l'Etat14(*).

Mais la solidarité ne se limite pas à cette action de l'Etat. Il convient de distinguer la solidarité horizontale et la solidarité verticale. La première consiste en une auto organisation des individus pour résoudre des problèmes communs (Associations, syndicat, ...).

La solidarité verticale est constituée par l'action correctrice de l'Etat qui permet que les inégalités ne se perpétuent pas éternellement. La société fonctionne sur deux piliers : le marché et l'Etat social. Ce dernier est tout à fait nécessaire, mais un certain nombre de problèmes ne peuvent pas être résolus par l'Etat et nécessitent des actions communes. Ces deux conceptions restent actuelles.

I.1.e. La solidarité africaine

En Afrique, la solidarité est un fait évident, historique, voire légendaire. En effet, diverses organisations de solidarité ont toujours fonctionné ici et là en Afrique comme institution visant au moins le maintien des conditions de vie des gens et l'assistance sociale, particulièrement au milieu rural ou dans les sociétés coutumières. L'Afrique connaît donc, depuis ses origines, l'importance et la pratique des actions de coopération qualifiée le plus souvent de "solidarité traditionnelle". Qu'il s'agisse de produire, de consommer ou de tout autre activité.

Nous les africains, nous nous associons et continuons de nous associer dans des organisations plus ou moins spontanées de solidarité ou de coopération regroupant des gens qui mettent ensemble leurs efforts et leurs moyens pour faire face aux difficultés auxquelles ils étaient et sont confrontés. Le mode de fonctionnement de ces organisations ne diffère pas fondamentalement de celui des coopératives.

Les traditions africaines tiennent compte de l'importance ou de l'affermissement des relations sociales au niveau classique, ethnique, au niveau du village et de la communauté.... Autrement dit, il existe dans les traditions africaines, au plan social, économique et culturel, un fond de coopération d'épargne de crédit, de production, de consommation, fond dans lequel les individuels s'associent pour promouvoir leurs entreprises et leurs intérêts individuels et collectifs.

Une des caractéristiques essentielles des sociétés Africaines est, dans toutes les activités, l'accent qu'elles mettent sur la sécurité de la survie individuelle et collective sans se préoccuper de l'accumulation du capital selon le modèle des sociétés capitalistes marchandes d'occident. Déjà se pose ici la question de recherche de la forme d'association la plus appropriée concernant les solidarités africaines locales J.C. de WILDE15(*).

Notons que pour nombre d'africains, la sécurité importe plus que l'espoir d'un revenu accru. En réalité, chaque personne est tenue de s'acquitter de ses devoirs coutumiers et d'assumer sa part de la vie communautaire pour recevoir en retour le soutien de la collectivité, Mamadou DIA16(*) soutient que l'Afrique possède de culte de la solidarité qui s'exprime totalement dans la forme de la vie traditionnelle de ses habitants : la vie communautaire. Il soutient aussi que, dans le passé, cette solidarité a permis l'édification d'une société communautaire qui n'avait, ni prolétaire, ni salariat.

Une réflexion d'ensemble sur les solidarités africaines locales soulève la question de l'efficacité des associations de solidarité africaine ou de ces solidarités dans l'amélioration quantitative, qualitative et durable des conditions de vie des populations. Cette question avait déjà retenu l'attention des participants au colloque organisé conjointement par l'institut panafricain du développement (I.P.D.) et l'Université Coopérative Internationale (U.C.I.) à Yaoundé au Cameroun en Janvier 1983 sur le sujet "solidarités traditionnelles et développement".

Avant la colonisation, les pays africains avaient donc dans leurs structures sociales traditionnelles diverses associations de solidarité visant au moins le maintien des conditions de vie des groupes de populations. Ces associations étaient éloignées et du capitalisme caractérisé par un certain égoïsme et ou certain individualisme et du socialisme totalitaire. Elles se pratiquaient au sein des mannes populaires relativement pauvres en fonctionnant tant bien que mal comme voie de développement communautaire. C'est donc dire que l'Afrique a depuis ses origines, des pratiques et traditions socialistes communistes européens, ni d'une antonymie avec le système capitaliste occidental.

Les solidarités africaines locales furent exploitées à l'époque coloniale dans le mouvement coopératif. Débuté en Grande Bretagne, transitant par la France, l'Allemagne et d'autres pays européens, ce mouvement s'étendra après au Canada, en Amérique du Nord et en Afrique par le biais de la colonisation, l'Afrique étant depuis devenu appendice du système économique occidental. Aujourd'hui, la solidarité africaine locale paraît tributaire de l'étroitesse des liens entre individus et surtout des conditions socio-économiques.

La solidarité africaine ne peut être examinée dans le seul cadre des solidarités locales, on peut étendre son examen au niveau des organisations internationales africaines.

Au-delà des caractéristiques générales de la définition du concept de solidarité s'actualisant les orientations que lui imprime l'agir socioculturel des sociétés et groupes particuliers. Ainsi parle-t-on de la solidarité africaine de la solidarité arabe, européenne, ouvrière, estudiantine, etc. La solidarité Africaine se caractérise par les différentes formes de prestations dictées par le mode des africains. Elle est comme l'écrit MWAKA TSHOPO, "l'ensemble des prestations assistance qui caractérise le vécu des sociétés africaines17(*).

I.1.f. Des cadres d'expression de la solidarité Africaine

La solidarité africaine étant un phénomène fort des sentiments et d'actions des personnes appartenant à un même groupe, ses expressions ne peuvent être saisies qu'à travers les cadres que sont la famille, la tribu, l'ethnie, la nation et le continent.

I.1.f.1. La solidarité familiale

La famille est la cellule de base de la société et c'est en son sein que l'individu apprend à vivre ensemble, à naître, à cultiver la vertu de la solidarité. La famille structure et résume les idées, force sur les réseaux d'appartenance, de participation, de partage et de réciprocité qui relient l'individu au groupe et lui fait bénéficier de diverses solidarités.

La solidarité familiale se traduit par la présence, l'assistance et la participation de tous les membres lors des événements qui affectent le bien-être et la cohésion du groupe, événements qui réclament une action commune18(*).

I.1.f.2. La solidarité tribale

La tribu est une communauté constituée par des gens qui admettent de vivre dans leur communauté d'origine par descendance d'un ancêtre commun et ayant en partage la culture et la langue.

Sans avoir l'intensité de la solidarité familiale, la solidarité tribale qui est prise en charge par le tribalisme fait obligation aux contribalistes à s'entraider et à se solidariser face aux entreprises d'autres groupes qui menacent leur identité ainsi que leurs intérêts.

I.1.f.3. La solidarité ethnique

L'ethnie est définie comme une communauté de personnes qui partagent la même culture, la même langue et justifient leurs origines par une souche ancestrale commune dont ils ont un souvenir proche ou lointain.

Comme dans le cas de la tribu, l'ethnicité traduit la conscience d'appartenance au groupe et des devoirs de solidarité qu'elle impose aux membres à l'intérieur qu'à l'extérieur face aux enjeux de survie du groupe.

Il faut noter que la prédominance de la solidarité fondée sur des loyautés tribales et ethniques dans les Etats africains est née de la décolonisation.

I.1.f.4. La solidarité africaine au sein des néo-nations africaines

L'expression de la solidarité africaine au sein des néo-nations africaines nées de la décolonisation est fortement contrariée par l'intensité des antagonismes tribaux et/ou ethniques. A ce propos, le professeur Mulumbati Ngasha fait remarquer que « les groupes ethniques occupent, dans le fonctionnement des systèmes politiques africains, une place importante qui se situe à plusieurs niveaux : au niveau des dirigeants politiques, pris isolement, au niveau du gouvernement, au niveau de la communauté nationale, et au niveau du régime politique19(*).

Et le même auteur de poursuivre : la rigueur des structures ethniques est telle que bien des décisions que les dirigeants politiques africains prennent dans le domaine socio-économique constituent à creuser les disparités entre groupes ethniques dans la mesure où certains d'entre eux sont favorisés par rapport à d'autres20(*).

Les observations de Mulumbati Ngasha et autres s'inscrivent dans la coulée de nombreuses études qui ont mérité d'étudier les pesanteurs du tribalisme et de l'ethnicité dans le vécu politique africain ; pesanteur dont les conséquences les plus dramatiques sont les guerres fratricides, les millions de réfugiés, les dictatures tribales et/ou ethniques qui ont appauvri les peuples21(*).

I.1.f.5. La solidarité africaine à l'échelle du continent africain

Dans sa substantielle réflexion sur la notion de solidarité africaine, MWAKA TSHOPO montre non seulement l'évolution de cette notion à l'échelle du continent, la volonté de vivre, la solidarité africaine qui animait les dirigeants africains mais surtout les obstacles à la vivre réellement22(*).

Si à ses débuts le mouvement de la solidarité africaine englobait dans ses préoccupations la diaspora noire des U.S.A. et des Caraïbes, avec la création de l'O.U.A. en 1963, l'accent sera exclusivement mis sur
le continent africain.

A cet effet, la solidarité africaine chercherait à s'exprimer sur deux volets :

- Solidarité entre Etat africain indépendant que le président FELIX MALLOUM appelle de tous ses voeux dans son discours lors du XV è anniversaire de l'O.U.A. "La solidarité africaine étant, comme chacun le sait, légendaire, pourquoi certains de nos Etats plus riches que d'autres n'aideraient-ils pas les plus démunis au lieu de s'évertuer à dégager d'énormes sommes d'argents pour entretenir la hausse et la lutte fratricide au nom des principes qui n'ont de principes que le vocable ?23(*)

Cette conception de la solidarité africaine est loin de celle qui est exemplifiée dans les sociétés africaines traditionnelles. Aux principes de la participation du partage et de la réciprocité est substitué celui qui maintient l'autre dans une position de menaçant avec toutes les humiliations qu'un tel statut entraîne.

- Solidarité entre Etats africains indépendants et régions restées (demeurées) sous le joug colonial par l'octroi aux mouvements de libération d'une aide substantielle. Cependant, MWAKA TSHOPO montre la modicité de cette aide24(*). Bref, ici encore, la solidarité africaine n'a pu s'exprimer comme on l'aurait souhaité.

I.1.e. Notion sur le solidarisme

Le solidarisme est une philosophie de la pensée du à Léon Bourgeois au début du XXe siècle. Le terme est issu du mot solidarité. Le solidarisme est la « responsabilité mutuelle qui s'établit entre deux ou plusieurs personnes » ou encore un « lien fraternel qui oblige tous les êtres humains les uns envers les autres nous faisant un devoir d'assister ceux de nos semblables qui sont dans l'infortune »25(*).

La philosophie de la solidarité selon Bourgeois peut seule favoriser la construction d'une république de la main tendue contre le poing fermé, de la mutualité « règle suprême de la vie commune » contre la charité réduite à « une petite agissante ». C'est au nom de la solidarité qu'il défendra le principe de l'impôt sur les successions, sur les revenus et la mise en place d'une retraite pour les travailleurs26(*).

I.1.g. La philosophie solidariste

Le solidarisme sera la réponse à la fois : au libéralisme et au socialisme mais une réponse aussi moderne que le marxisme. Ces deux théories se proposent l'une comme l'autre de penser le changement contre la tradition incarnée par la pensée monarchique et contre cette outre transcendance qui est le libéralisme. Ici ce n'est ni Dieu ni le roi qui organise la relation des hommes entre eux mais cette autre force occulte qu'est la main invisible du marché. Mais d'abord pourquoi la bourgeoisie républicaine de cette fin de XIX è siècle a-t-elle besoin d'une doctrine ? Tout d'abord parce que la révolution de 1848 et son effondrement dans le présidentialisme du second Empire, met fin à la grande illusion ouverte par la révolution de 1789. Après 1848 et plus encore après la répression sanglante de la commune de paris, la république ne peut plus prétendre pouvoir offrir une réponse globale à tous les problèmes rencontrés par la vie en société.

La génération de 1789 avait pu encore laisser derrière elle l'illusion que toutes les virtualités ouvertes par la liberté, l'égalité et la fraternité républicaines avaient été entravées par la main de l'ennemi et non par les limites propres à la république, 1848 voit mourir l'illusion selon laquelle il suffirait d'établir la liberté par le suffrage universel masculin, pour établir l'égalité et la fraternité entre les hommes. En 1848, surgit, non pas un spectre qui hantera l'Europe, mais une question laissée sans réponse par les hommes de la II è République : la question sociale. Dès lors, l'idéal républicain sera combattu par un autre idéal égalitaire : l'idéal socialiste, porté par des hommes comme Borbes, Blonqui ou Raspoil.

La question sociale, que le progrès continu des libertés publiques ne suffira pas à éteindre, face à la démocratie politique cette équation qu'elle n'a toujours pas résolue aujourd'hui.

Comment la conquête de la souveraineté politique, comment une société qui est en droit pose les hommes comme étant égaux entre eux, peuvent-elles modifier très concrètement les conditions de vie, réduire les écarts de fortune ou de conditions entre les citoyens également libres ? Autrement dit, pour les hommes de la IIIe République. Mais ceux de la Ve semblent encore plus désarmés théoriquement, la question encore sociale peut-elle être autre qu'insoluble ?

1848, avec l'instauration du suffrage universel masculin, est en effet une date charnière. Désormais, comme le note Jacques Don Zelot dans l'invention du social : « En se rencontrant pour la première fois, l'idéal républicain d'égalité de liberté et de fraternité et la forme démocratique dessinée par les contours du suffrage. Se revendiquant comme universel conduit à l'éclatement du droit comme instrument privilégie de l'organisation républicaine de la société. Le droit rassemblant des citoyens égaux contre les privilèges de quelques-uns ne rassemble plus mais divise et il divisera sur cette question du droit ou travail ». Les hommes de la IIIe République vont être alors confrontés à un mauvais problème qui sera de légitimiser l'intervention de l'Etat, comme expression de la volonté générale dans le respect de la liberté de chacun.

I.1.h. L'impact du solidarisme sur la mutualité

La mutualité rendue à sa liberté par la charte de 1898 et unifiée par la création de la fédération nationale de la mutualité française en 1902, doit davantage à l'action de la gauche républicaine et maçonne qu'à celle du mouvement ouvrier quand bien même résonne encore dans cette mutualité l'écho des idéaux révolutionnaires noires poursuivis par Blanqui, Proudhon et quelques autres. Les pères fondateurs, Hippolyte Jules Arboux, Léopold Nabilleau, Léon Bourgeois, sont tous préoccupés de donner à cette nouvelle république naissante les fondements théoriques qui lui permettront de s'imposer durablement face à ses concurrents libéraux et marxistes27(*).

I.1.i. Le solidarisme d'extrême droite

Sans lien réel ni filiation avec le courant de Léon Bourgeois, l'union solidariste est le nom pris par le groupe de militants solidaristes rassemblés autour de Jean-Pierre Stirbous et Michel Collinot en 1975. Ces militants venaient essentiellement du groupe action jeunesse (GAJ), de mouvement solidariste Français (MSF) et du mouvement jeune révolution (MJR). Leur slogan était : « nationaux, solidaristes, unis, vaincront ». En 1977, l'union solidariste rejoignait le front national et Jean-Pierre Stirbous en deviendra le secrétaire général en 1981, où il maintiendra une tendance dite « solidariste ». A partir de 1967, ces idées se forment autour d'un refus du matérialiste et du système des blocs impérialistes américain et soviétique, ainsi que l'adhésion à un certain proudhonisme vigoureusement anti-marxiste, dans l'idée d'indépendance nationale28(*).

I.2. AUTOUR DU MOT FAMILLE

La santé de la personne et de la société tant humaine que chrétienne est éternellement liée à la prospérité de la communauté conjugale et familiale. De la sorte, celle-ci joue un rôle unique et charnière comme cellule base dans cette société. C'est ce que souligne avec force la conférence Episcopale du Zaïre lorsqu'elle dit « le dynamisme et l'équilibre de ces communautés et leur solidarité reposent largement sur la vitalité et l'équilibre de la famille, cellule base de la société humaine »29(*).

Les évêques vont justifier cette importance en considérant la famille comme la première école des vertus sociales et matrices des valeurs fondamentales de chaque peuple en même temps qu'elle signifie pour l'Eglise le lieu de la première évangélisation et de la première initiation des enfants à la connaissance et à l'amour de Dieu et de l'homme30(*).

L'homme congolais (Ex-zaïrois) dans son cheminement historique culturel, social et religieux s'est formé une identité au centre de laquelle s'est installée une conception propre de la famille et du monde qui peut être source d'une émergence des communautés ecclésiastiques et matrice d'une élaboration du christianisme Africaine31(*).

L'apport du christianisme et de la colonisation a réussi à transformer cette famille africaine qui est passée du lignage à la conjugalité monogamique considérée aujourd'hui comme base de l'organisation sociale. Pour cela, combien des valeurs traditionnelles furent sacrifiées, considérées fétichétiques et anachroniques face aux exigences du développement économique ! Ces dégâts causés aux valeurs traditionnelles de l'univers culturel et religieux entraînent la désintégration des systèmes des références et la disparition des tissus sociaux et familiaux, laissant l'individu totalement désemparé, lui que soutenaient encore les valeurs de solidarité d'hospitalité et de conciliation.

Cependant, pour comprendre la famille africaine telle qu'elle se vit chez nous, il nous faut faire une véritable inversion épistémologique et méthodologique et abandonner les approches évolutionnistes ou historicistes qui avaient fait de beaux jours il y a quelques années.

Cette vision considérait en effet la famille conjugale européenne comme le point d'aboutissement d'une longue évolution tant d'une promiscuité sexuelle ou du mariage du groupe.

I.2.1. Sociologie de la famille

La sociologie de la famille est une des branches de la sociologie. Son objet d'étude concerne aussi bien les composants que les évolutions de l'institution qui est la famille.

La famille constitue une unité élémentaire fondamentale de la vie en société dans le sens où elle permet une large part de la reproduction sociale. Il s'agit souvent du premier groupe dans lequel les individus se socialisent et apprennent à vivre en société. La famille est aussi une unité de base dans le cadre duquel sont réalisées une grande part de ces opérations quotidiennes essentielles des individus que sont la nourriture, leur repos, leur loisirs et enfin leurs activités essentielles, activités sexuelles. Dans les siècles précédents, il s'agissait aussi de l'unité qui permettait l'essentiel des activités des productions, qu'elles soient agricoles, artisanales ou commerciale.

Constater que ce rôle a fortement diminué dans les sociétés modernes montre à quel point la famille est en constante évolution et en interaction permanente avec le mouvement historique.

I.2.2. Définition de la famille

Chacun de nous connaît la famille empiriquement, mais en nous référant à notre propre expérience nous risquons de généraliser ce qui n'est qu'une des formes possibles de la famille.

Le mot famille renvoie d'abord aux liens du sang, ce qui n'est pas suffisant pour comprendre ce qu'est la famille parce que la famille au sens large peut comprendre des personnes qui n'ont aucun lien de consanguinité, les enfants adoptés font partie de la famille.

Les domestiques dans une certaine mesure, les amis de longue date dans certaines structures familiales étaient considérés comme faisant partie de la famille sans oublier les exemples qui nous paraissent étranges, des sociétés dans lesquelles le statut de père est attribué à une personne n'ayant aucune consanguinité avec l'enfant.

Essayons d'abord de définir la famille, non pas en intégrant toutes les observations recueillies au sein de différentes sociétés ni même en nous limitant à la situation qui prédomine dans la nôtre, mais en construisant le modèle que nous avons présent à l'esprit quand nous utilisons le mot « famille ». Il semble que ce terme désigne un groupe social offrant au moins trois caractéristiques les plus fréquemment observées :

- Il a son origine dans le mariage

- Il comprend mari, femme et enfants nés de leur union bien que l'on puisse concevoir la présence d'autres parents agglutinés à ce noyau.

- Les membres de la famille sont unis par des liens légaux ; par des droits et obligations de nature économique, régulière ou autre, par un réseau précis de droits et interdits sexuels, et un ensemble variable et diversifié de sentiments psychologiques tels que l'amour, l'affection, le respect, la crainte, ... 32(*).

Cette définition pourtant très large n'englobe pas la totalité des situations. Ainsi, dans notre propre société, un couple non marié avec les enfants constitue une vraie famille pour de nombreux congolais ; par contre cette définition dépasse le cadre de la famille conjugale ou nucléaire telle que nous la connaissons qui comprend le père, la mère et les enfants vivant dans un même foyer et qui est la forme de famille dominante aujourd'hui. Famille étendue, souche, élargie.

2.a. La famille étendue regroupe des gens liés par le sang ou le mariage qui vivent ensemble et éventuellement avec le groupe domestique.

2.b. La famille souche regroupe plusieurs générations dans un même foyer avec un seul couple à chaque génération.

2.c. Famille élargie le plus souvent ne renvoie plus au lieu d'habitation mais à un ensemble de solidarité entre un ensemble de personnes plus ou moins liées par des relations de parenté ou d'affection...

En ce sens, on constate la persistance de la famille élargie qui existe encore dans le tiers-monde mais aussi dans la France actuelle en tant que lieu de solidarité.

De façon plus contemporaine, on peut définir la famille comme l'articulation des liens d'union de parenté et de germanité. Cette définition de la famille en tant que fonction permet de ne pas préétablir le contenu d'une famille : aujourd'hui une famille ne prend pas nécessairement son origine dans le mariage (union libre), elle peut réunir des gens de même sexe ou des recompositions de famille. La famille est à la fois un groupement et une institution sociale (au sens de ce qui fonde le lien et des représentations sociales préexistantes).

I.2.3. Famille comme système

La famille est un sous-système de l'organisation sociale sur la société par le rôle qu'y jouent les membres de la famille (travail, participation à des associations, vie sociale,...) et aussi distincte des autres organisations sociales par des rôles de solidarité des fonctions spécifiques.

Définir un type donné d'une famille suppose la mise en évidence d'un ensemble de modèles culturels de comportement qui règlent les relations mari (s) femme (s), père-enfant, mère-enfant, enfant-mère, enfant-père, enfant-couple enfant, frère, soeur qui définit les rôles masculins et féminins, les types des comportements à l'égard du travail, des loisirs, de la sexualité, des tâches au sein du foyer...

Le système familial est donc variable selon les modèles culturels, le type d'économie33(*).

I.2.4. Famille et ménage.

Une erreur à ne pas commettre est de confondre « ménage » et « famille ». Un « f » égale une famille ; les organismes statistiques ont repris ce critère pour définir le ménage même si les flammes ont disparu de la plupart des foyers.

En effet, un ménage n'est pas toujours une famille, car selon l'INSEE ; il est constitué de l'ensemble de personnes qui vivent dans le même foyer même si elles n'ont aucune relation de parenté. Il peut même s'agir d'une personne seule (on parle alors de « personne isolée »).

Si le lieu d'habitation est caractérisé le plus souvent par une communauté de comportement à la fois sur les plans culturel et économique.

La plupart des ressources sont regroupées partiellement ou totalement, nombre de dépenses sont communes (loyer, électricité, téléphone, ...). Le ménage constitue une unité économique, culturelle, sociale, même si la famille actuelle n'a que très rarement d'activités de production commune.

Les démographes en définissant le ménage ont choisi une notion opérationnelle, mais elle ne coïncide pas avec celle de famille : un groupe de séminaristes, un collège d'étudiantes ou un célibataire n'ont que des rapports lointains avec l'idée de famille au sens sociologique alors qu'ils peuvent constituer des ménages, parallèlement. Les statisticiens utilisent le terme de famille parfois dans un sens très restrictif. Ainsi, depuis 1962, l'INSEE appelle famille complète, celle où l'épouse mariée avant 35 ans a atteint 45 ans sans que ce mariage soit rompu.

I.2.5. La filiation

La filiation est la reconnaissance sociale des liens entre individus qui descendent les uns des autres. Mais si toute société reconnaît la filiation, certaines lui accordent plus d'importance que d'autres et toutes ne la définissent pas de la même manière.

En France, par exemple, trois types de filiation sont reconnues : la filiation légitime (enfants nés des parents mariés), naturelle (couple non marié) et adoptive. Dans les sociétés modernes, la mémoire généalogique (en remontant vers nos ancêtres) est relativement courte car elle dépasse rarement les trois générations. Nous lui accordons peu d'importance car la position sociale d'un individu dépend davantage de son métier que de sa parenté.

2.5.a. Systèmes patrilinéaire et matrilinéaire

Le système familiale est patrilinéaire si c'est le père qui est à la source de la parenté, transmet son nom, son héritage, des rites de son clan, et l'ensemble d'éléments culturels associés à son clan.

Le système matrilinéaire voit la mère transmettre son nom, ses rites et l'ensemble des éléments culturels associés à son clan, elle est aussi à l'origine de l'héritage.

Notons que dans les sociétés matrilinéaires on voit souvent le ou les frères de la mère assumer une bonne partie des fonctions de père dans le système patrilinéaire. Ainsi, l'oncle maternel nourrira sa soeur et les enfant de celle-ci.

La symétrie n'est donc pas totale entre le système matrilinéaire et le système patrilinéaire. Dans nos sociétés, les sociologues ont défini toute une série de critères pour analyser les influences non symétriques du père et de la mère dans la configuration familiale34(*).

La filiation est aussi, selon GHASARIAN, « les principes gouvernant la transmission de la parenté » ; la filiation permet de donner un statut social à un individu et de classer les hommes, ce qui est particulièrement important, par exemple pour les règles du mariage. La filiation ne repose pas nécessairement sur des critères biologiques et dépend plutôt de la conception reçue du lien de parenté.

Les anthropologues distinguent trois grands types de filiation :

- filiation unilinéaire patrilinéaire ou matrilinéaire

- Filiation bilinéaire

- Filiation indifférenciée

Note : ces organisations sont particulièrement complexes, et un exposé détaillé demanderait un grand nombre de schémas pour être intelligible, nous nous en tiendrons donc aux généralités.

2.5.b. Filiation unilinéaire

C'est l'organisation la plus répandue. La filiation est imposée à chacun, du coté du père, de la mère. Généralement, dans ces systèmes, on estime l'importance du rôle physique de l'homme ou de la femme dans la procréation d'après cette appartenance au père ou à la mère.

Dans la plupart des filiations unilinéaires, les femmes sont dominées par les hommes. D'après LABURTHE TOLRA, ce système est fondé par la force physique plus grande chez l'homme, et donc aussi par la violence, malgré la rébellion des femmes dans beaucoup des sociétés traditionnelles.

2.5.c. Filiation bilinéaire

Cette filiation est rare : elle combine les deux systèmes de filiation précédents. L'individu obtient des aspects sociaux précis de chaque coté nom de famille, droits, devoirs, statuts, biens, culte des ancêtres, etc. Exemple chez les juifs, la parenté est bilinéaire mais la judéité se transmet par les femmes Touareg, Hereros

2.5.d. Filiation bilatérale ou indépendante

L'individu fait dans ce cas partie d'au moins deux groupes de parenté, du coté de sa mère et de son père, à partir des grand-parents. Cette organisation structure des sociétés plus complexes. Selon GHASARIAN, ce système de parenté concerne cinquante pourcent des sociétés humaines

L'individu peut choisir sa filiation : en Occident le choix n'est pas obligatoire pour avoir un statut, mais il l'est dans les sociétés traditionnelles, ce qui fait distinguer entre droits actuels et droits potentiels. Par ce choix, l'individu doit établir en résidence dans `une ou l'autre parenté ou se partager entre les deux et ses droits varient en conséquence. Ce choix laisse une grande liberté individuelle (c'est puisque l'individu peut en outre parfois modifier son choix de résidence.

2.5.e. Réserves sur ces divisions

Des ethnologues ont fait remarquer que ces divisions sont trop rigides pour décrire les parentés réellement efficaces dans les sociétés. Il y aurait dans les faits une proposition entre patrilinéarité et matrilinéarité. Pour Rodney Néedham (dans « la parenté en question », citée par GHASARIAN, il n'y a « aucun principe de filiation unique ». La conformité d'une société à un modèle uniforme est ainsi selon lui improbable. En conséquence, le classement des sociétés selon ces critères n'a rien d'évident

I.2.6. Parenté

La parenté est une relation sociale privilégiée fondée sur l'existence réelle ou supposée d'une filiation commune, d'une alliance ou sur une adoption selon les sociétés, c'est le fondement des droits et des obligations particulières.

Dans le cas de parenté d'alliance, on parle souvent d'affinité, dans celui de parenté d'adoption, d'application.

I.2.6.a. Un lien commun

Nous pouvons considérer que chaque individu de chaque société entretient des relations de parenté. Cependant, il est certain que dans certaines sociétés les parents auront des rôles différents : dans les sociétés dites industrialisées, à côté des parents, un grand nombre de relations s'établissent (dès le jeune âge à la crèche et ensuite à l'école et au travail, dans un club de sport...), ainsi la parenté a moins d'importance que dans des sociétés claniques où la parenté règle pratiquement toutes ses relations.

La parenté articule des fonctions intégratrices et discriminantes qui vont au-delà des proches parents ou de la famille que l'on donne à ce terme un sens étroit ou étendu. La filiation par exemple, peut définir l'appartenance à des groupes pérennes qui s'étendent sur un réseau généalogique qui va bien au-delà des parents proches qu'un individu est amené à connaître ou à fréquenter au cours de sa propre existence, ses géniteurs, les oncles, ou les neveux, etc. A ce titre, un lignage, un clan, voire une caste, sont des extensions généralisantes du principe de filiation. Dans une société donnée, on dira ainsi que les X sont les descendants du castor mythique dans telle autre, qu'ils sont les descendants de tel héros.

Enfin, dans les sociétés stratifiées, la pérennité dans le temps des échelons qui la composent, repose aussi sur la filiation. L'aristocratie d'ancien régime affirmait entre autres se distinguer de la nature par le « sang bleu », qui l'unissait de façon exclusive et l'appartenance à l'aristocratie se transmettait par filiation. Ces exemples divers montrent que l'étude de la parenté entendue d'une façon générale permet de s'interroger sur des questions aussi centrales que "qui sommes-nous » ? et « qui sont les autres » ?

La parenté a été analysée par les anthropologues de bien des manières et selon des optiques parfois contradictoires. A défaut d'aborder l'histoire de cette sous-discipline de l'anthropologie, nous examinerons quelques concepts clés des études de parenté en nous fondant sur les sources indiquées en bibliographie.

I.2.7 Le mariage

Le mariage dans nos sociétés prend des formes très précises. Dans d'autres sociétés même dans la notre, à des époques différentes, les modalités du mariage sont variées. Mais deux critères permettent de caractériser le mariage de façon générale :

- Le mariage est une relation socialement reconnue

- C'est un fondement stable pour la création du groupe conjugal (en partie du fait de sa reconnaissance socialement).

Le mariage n'implique pas nécessairement une union hétérosexuelle : dans certaines sociétés le mariage peut être homosexuel car c'est la fonction sociale qui est prise en compte. Une femme stérile peut ainsi tenir le rôle d'un homme chez les nuer.

Monogamie, polygamie ; polygynie, polyandrie. Suivant les sociétés les nombres des partenaires mariés varient : certaines sociétés sont monogames, d'autres sont polygames.

I.2.7.a. La monogamie

La monogamie désigne une forme familiale où les conjoints constituent un couple formé d'un homme (époux) et d'une femme (épouse). Les sociétés occidentales connaissent cette forme de famille monogame.

I.2.7.b. Polygynie

L polygynie désigne une forme d'organisation familiale où un homme peut épouser plusieurs femmes. Cette pratique est généralement associée au statut social de l'homme, le nombre de femmes témoigne de son importance et de sa puissance. Le statut des femmes y est variable : les femmes peuvent être enfermées comme des biens (signe de richesses) ou au contraire disposer une grande liberté dans leurs activités par une répartition des tâches entre les épouses. Cette forme de mariage est la plus reconnue par l'Islam, la polygamie est très répandue en particulier sur le continent Africain.

I.2.7.c. La polygamie

C'est le mariage d'un individu (homme ou femme) avec plusieurs personnes (hommes ou femmes) donc une personne va épouser plusieurs conjoints. La polygamie se décompose en polygynie et en polyandrie.

I.2.7.d. La polyandrie

La polyandrie est le cas symétrique de la polygynie. C'est une forme familiale où une femme peut épouser plusieurs hommes. Si la monogamie s'observe plus fréquemment que la polygynie, la polyandrie est encore beaucoup plus rare. Un exemple classique de polyandrie est celle de tibétains où une femme épouse à la fois un homme et tous ses frères de façon indivisible.

- Lévirat : dans ce type de mariage, une femme doit épouser le frère de son mari défunt. Le nouveau mari a alors le devoir de poursuivre la lignée de son frère ; les enfants issus de cette union seront socialement considérés comme ceux de l'ancien mari.

- Sonorat : Dans ce type de mariage, l'homme se marie à une femme puis par la suite à sa soeur, voire à plusieurs d'entre elles. C'est cette fois la soeur d'une épouse défunte qui assure la continuité de la lignée.

I.2.7.e. Exogamie et endogamie

Mais par delà les règles qui fixent les nombres des conjoints, il est essentiel de distinguer les groupes au sein des quels il est possible de choisir son conjoint.

e.a. Exogamie

Dans le cas le plus simple, la règle d'exogamie s'applique à deux clans pratiquant un échange matrimonial. Chaque clan est alors appelé moitié. La règle d'exogamie est double.

Elle oblige à choisir son époux (ou épouse) dans un autre clan. Plus généralement, la règle d'exogamie oblige à choisir ailleurs que dans le groupe de parenté son ou ses conjoints.

Si l'exogamie est la forme la plus courante des organisations familiales, l'endogamie forme symétrique, existe aussi.

e.b. L'endogamie : désigne l'obligation de choisir son époux à l'intérieur de son propre clan ; par extension, on parle d'endogamie lorsque les membres d'un groupe se marient souvent entre eux, ce fut le cas par exemple de l'aristocratie. Un indicateur d'endogamie mesure la fermeture sociale d'une société, les sociologues calculent souvent l'indicateur suivant :

Epoux d'une catégorie épousant une forme dont le père est dans la même CSP

Total des hommes mariés dans la catégorie

Ainsi, lorsque plus de 9 sur 10 des exploitants agricoles épousent une fille d'exploitant agricole cela indique une endogamie très forte de cette catégorie.

Cet indicateur doit être utilisé avec précaution. En effet, si par exemple dans la population il y a 80% de salaries et les hommes salariés épousent dans 80 % de ces femmes salariées, il peut sembler qu'il y ait une forte endogamie dans ce groupe. En fait, il n'en est rien car les mariages entre les salariés sont proportionnels à leur importance dans la population35(*).

Un indicateur d'endogamie plus précis est :

Part des mariages au sein de la CSP des hommes de la CSP

Part des épouses de la CSP parmi toutes les épouses

Plus cet indicateur est éloigné de 1, plus il y a endogamie ; plus il est voisin de 1, plus il y a indépendance entre mariage et catégorie sociale. Un mot plus précis qu'endogamie a d'ailleurs été réservé à l'analyse de la première de ces situations : homogamie.

e.c. Homogamie : désigne une situation où les conjoints se choisissent au sein des mêmes milieux sociaux à l'inverse de l'homogamie, il est possible de définir l'hétérogamie.

e.d. Hétérogamie : désigne une situation familiale où les conjoints sont d'origine sociale différente. Un PDG qui épouse une femme de ménage, un universitaire qui épouse une illettrée correspondent à des cas d'hétérogamie. Ceci est une forme d'exogamie par rapport au milieu social, on choisit son époux au sein d'un groupe social différent.

e.e. Nuptialité

La nuptialité désigne le passage légal à l'état des personnes mariées. Le taux brut de nuptialité est un indicateur du nombre de mariages au cours d'une période rapportée à l'ensemble de la population mesurée en milieu de période.

 

Mais cet indicateur est très insuffisant car il concerne à la fois les bébés et les personnes déjà mariées qui ne sont donc plus susceptibles de participer au phénomène de nuptialités.

De plus, le taux de nuptialité d'un groupe dépend de multiples variables : calcul sur la population d'une maison de retraite, il n'a pas le même sens que calculer sur un groupe d'étudiants.

Le quotient de nuptialité mesure la probabilité totale de se marier à un âge donné pour un célibataire.

 

e.g. Divorce

Il est important de noter la forme et la fréquence de rupture légale du mariage civil ou d'union.

Le taux de divorces peut être mesuré par le nombre de jugement en une année pour 1000 personnes mariées.

C'est un indicateur de rupture d'union légalement prononcée. Il est souvent sociologiquement essentiel de le définir pour les groupes précis, par âge pour les femmes et les hommes....

Les classes des divorces selon le sexe du demandeur principal, l'âge de la rupture d'union. Le C.S.P., la taille de la commune de résidence permettent d'aborder un aspect central du mariage. Sa longévité se différentie selon les critères sociaux.

I.2.7.f. Les fonctions de la famille

Une analyse de type fonctionnaliste envisage la famille en tant que fonction.

f.1. La fonction de reproduction

Cette fonction exprime l'importance de la famille dans la procréation, mais cette fonction n'est pas exclusivement celle de la famille comme l'atteste le membre dès conceptions prénuptiales ou encore le nombre croissant de mères célibataires.

f.2. La fonction de socialisation

Indique la place centrale de la famille dans l'apprentissage des langages, du comportement de l'intégration des modèles culturels et des rôles. Cependant, cette fonction des solidarisations est de plus en plus réalisée par des institutions telles que l'école, des crèches, les média (TV, films, salle de cinéma, disques, ...), le groupe des pères (enfants du même âge joue aussi un rôle central dans la socialisation.

f.3. La fonction de production

Caractéristique de la famille regroupée autour d'une exploitation agricole, d'une activité artisanale ou d'un commerce, voit son rôle décroître dans une société en majeure une partie composée des salariées.

f.4. La fonction de consommation

Cette fonction exprime l'importance du cadre familial. Pour les dépenses, comme l'illustre la promenade du samedi en famille dans des centres commerciaux ; .... La plupart des dépenses importantes ; électroménagères voiture, maison, transport, ration, soins médicaux, ...sont en fait des décisions qui impliquent toute la famille.

f.5. La fonction de transmission du patrimoine

Cette fonction indique la place centrale de la famille dans la transmission des biens et de la propriété. Donation, cadeaux, héritages sont largement retransmis dans le cadre familial sans tenir compte des services non monétaires (garder des enfants, conseils, ...)

f.6. La fonction de refuge et protection

La famille est un lieu de solidarité où s'expriment généralement l'affectivité, le partage des ressources disponibles, l'entraide même si dans notre société la concurrence règne.

Ceci n'empêche nullement les notions de conflits d'ajustement et de rupture de se développer car cette fonction de protection implique généralement une série de contraintes36(*).

I.3. AUTOUR DU MOT DEVELOPPEMENT

En Afrique selon une conception dominante, il manque d'entrepreneurs modernes. Pour le processus de développement, il faut donc susciter ce type d'entrepreneurs notamment par des politiques des crédits, de soutien à l'entreprenant. C'est donc dire que cette approche ne considère pas les populations à la base comme des acteurs. Ce sont des pauvres en attente d'être pris en charge par des politiques de lutte contre la pauvreté ou grâce aux retombées de la croissance capitaliste qui émergera du soutien à l'entreprise privée moderne et de son intégration dans le marché.

Le réalisme amène au constat que ces populations ne sont justement pas en attente, elles se prennent en charge. A ce propos GOUREVITCH estime qu'un système alternatif s'est installé pour donner de la respiration à une économie à bout de souffle, et parfois s'est complètement substitué à lui37(*).

Cette substitution est faite d'initiatives portées par d'autres acteurs, individus et associations en réponse à leurs démarches de développement au niveau local qui partent des préférences collectives38(*). Ces initiatives peuvent être portées par des acteurs influents, mais autres que l'Etat, à la fois pour des intérêts particuliers et collectifs qui convergent39(*) un changement d'échelle s'impose donc dans la lecture du développement, de ses acteurs, de son rapport avec le commerce.

Le concept de « développement » a reçu divers contenus il reste polymérique et suscite la polémique. Il nous semble que certains acteurs lui donnent un contenu en référence au processus en cours dans leur contexte. Il en est de même du contenu donné au développement local. Le concept développement local, entendu comme endogénous développement est parti des Etats-Unis à la fin de l'année 1960. A l'opposé du développement par le haut, ce modèle privilégie le rôle des populations et des ressources locales40(*). Il y a plusieurs théories du développement local. José Antonio De Sequeira CARVALHO, parlant de développement économique, soutient que :

« Le développement économique est toujours le point de l'action des initiatives et des stratégies d'individus et des groupes, lesquelles se concrétisent et se développent dans les cadres spatiaux de mobilisations bien localisés41(*).

Ce qui est fondamental, c'est donc la référence aux initiatives des acteurs au sein d'un cadre spatial. Le processus de développement local prend essentiellement en considération les demandes locales de développement.

Dans l'optique de sens, le processus de développement est lié à l'amélioration de la qualité de vie (quality of will-being). Il est porté au niveau local par des initiatives en vue de favoriser l'accès aux facilités économiques `c'est-à-dire les opportunités offertes aux individus d'utiliser les ressources économiques à des fins de consommation, de production ou d'échange), l'accès aux opportunités sociales (les dispositions prises par une société en faveur de l'éducation, la santé, le transport , y compris de ceux de la raison et de l'esprit aux autres postes qui accroissent la liberté substantielle qu'ont les personnes de vivre mieux) à la promotion des capacités42(*).

Cette conception est proche de la théorie des besoins fondamentaux ou « humain basic needs », développée au courant des années 1970 et 1980. En effet, à l'époque, la « need oriented strategy » voulait partir d'un « Lack of basics goods services »pour définir une liste des besoins à satisfaire pour lutter contre la pauvreté. Ce qui est mis en avant c'est la nécessité de faire reposer les politiques de développement sur la satisfaction des besoins alimentaires, vestimentaires, sanitaires ou éducatifs43(*).

Selon ENGELHARD. Op. cit, par le Professeur KAMBALE MIREMBE Omer44(*), la logique des projets ou logique ONG servait cette stratégie ou définition et de financement du « basket of basic needs » dans un milieu localisé.

Philippe Engelhard résume bien cette préoccupation : la vraie richesse affirme-t-il réside moins dans le PIB que dans l'accès du plus grand nombre aux biens et services de base, biens alimentaires, eau potable, assainissement, logement, énergie, transport, éducation, santé, communication45(*).Il ne s'agit pas uniquement de prendre en considération le revenu comme le fait remarquer cet auteur le fait qu'il n'y ait aucune corrélation évidente pour l'ensemble des pays de la planète, entre le revenu par tête et l'indicateur de développement (IDH) laisse penser que même avec un revenu faible, il est possible d'obtenir une qualité de vie acceptable pour tous46(*).Mais telle n'est pas la logique dominante comme note John Kennet GALIBRAITH : « la logique de Wall Street veut que l'on mesure la capacité de la vie au moment des revenus47(*).

Comme on le voit, cette conception de qualité de vie est très proche de la nation de développement humain. En effet, non satisfait de la pertinence des individus du PIB comme indicateur de développement, le PNUD a introduit un nouvel outil : l'IDH, l'Indice de Développement Humain ; celui-ci prend en considération en même temps des indicateurs des revenus, d'éducation et d'espérance de vie au niveau des pays. Pour le PNUD, en plus d'un accroissement de revenu, l'accès aux services de base permet un mieux-être pour les populations. Cette notion de Développement contenue dans l'approche de l'IDH, adopter donc les critères de qualité de vie. Le développement, c'est donc un processus d'amélioration de la qualité de vie, comme l'entend aussi la Banque Mondiale.

Le développement vise à améliorer la qualité de vie des individus et accroître leurs capacités à influer sur leur avenir.

Dans le même sens, le Développement, note Sylvie Brunel, cité par le Professeur KAMBALE MIREMBE Omer48(*) englobe un ensemble de services mis à la disposition d'une population et qui lui permettent de vivre mieux, de mieux se nourrir, d'échapper au déterminisme de la maladie et de la mort précoce, d'envoyer ses enfants à l'école, de pouvoir le vêtir correctement, les soigner et les vacciner, etc. Le développement est avant tout un processus qui permet à des populations entières de passer d'un état de précocité extrême, d'insécurité qui touche les aspects de leur vie quotidienne (alimentaire, politique, sanitaire, ...), à des sociétés de sécurité où les hommes ne se demandent pas chaque jour ce qu'ils vont manger le lendemain, peuvent surmonter les caprices de la nature, vaincre la maladie, vivre dans des conditions décentes, avoir la possibilité d'exprimer leurs opinions et de prendre librement des initiatives pour améliorer leur propre sort et celui de leur famille49(*).

Le développement est un processus complexe qui a trait tant aux aspects économiques qu'aux aspects sociologiques, psychologiques et politiques de la vie de la société. Il est la combinaison de changements mentaux, sociaux d'une population qui la rend apte à faire croître simultanément et durablement son produit réel global50(*).

Le développement est un effort de soi sur soi, l'effort qui s'appuie sur l'environnement naturel pour couvrir les besoins essentiels au niveau de la famille et par solidarité au niveau du groupe51(*).

La croissance économique et le développement mènent au progrès. Le progrès est d'ordre téléologique et téléonomique. Il indique la finalité du développement, de la croissance et signifie la diffusion du bien-être.

Ces définitions montrent que le développement doit viser la satisfaction des besoins de la population.

Selon F. PERROUX : le Développement, l'ensemble de changements dans les structures mentales et les habitudes sociales d'une population qui la mettent en état d'augmenter de façon durable son produit global52(*).

De part ces définitions, nous constatons que certains auteurs attachent l'importance sur l'aspect économique du développement, c'est-à-dire l'orientation du développement vers la croissance économique.

Or, pour qu'il y ait développement, il faut tout d'abord qu'il y ait progrès de toutes les activités économiques à la fois au point de vue quantitatif et qualitatif.

En effet, le développement est un processus continu et cumulatif qui s'accompagne de l'amélioration du niveau de vie moyen, ensuite il faut qu'il y ait changement de la mentalité puis une production des biens et services en vue de l'amélioration des conditions de vie et de travail de la majorité de la population. Cela peut entraîner un développement à la fois économique et social, celui qui vise le bien être de la plus grande partie de la population.

I.3.1. Développement économique

La notion de développement en économie implique une augmentation de flux des revenus réels c'est-à-dire un accroissement des qualités des biens et services disponibles par unité de temps dans une collectivité sociale donnée.

On peut parler du développement économique d'une région, dans une nation on parle du développement économique d'un secteur donné dans un milieu où il est exercé. Dans ce cas, on vise à déterminer sa part dans la création des biens et services au sein de cette nation ou de ce milieu.

Pour GOFFAUX, le Développement économique nécessite certains préalables comme53(*):

- Les facteurs de production disponible

- Un gouvernement efficace pouvant assurer un cadre idéal aux investissements ;

- Un système d'instruction, générateur de naissance de techniques nécessaires pour la combinaison des facteurs de production ;

- Un esprit d'entreprise favorable aux investissements et canalisés par le gouvernement ;

- Des investissements découlant de l'esprit d'entreprise susceptibles de procurer un revenu suffisant par l'accumulation des capitaux utiles aux investissements ultérieurs.

I.3.2. Développement social

Alors que le développement économique est un angle d'augmentation du flux des revenus réels, le développement social quant à lui, vise l'amélioration des conditions d'une vie longue et aisée54(*).

Pour qu'il y ait  développement social, il faut que les hommes soient physiquement bien ; que leur hygiène ne soit pas déplorable, qu'ils soient suffisamment alimentés, qu'ils soient assurés, que les meilleures conditions d'habitats soient créées, que tout le monde puisse avoir l'occasion de se distraire, qu'il règne un climat d'entente idéal entre les différentes couches de la population55(*)

I.3.3. Développement durable

Le développement économique est un angle d'augmentation du flux des revenus réels. Le développement social vise l'amélioration des conditions d'une vie longue et aisée, le développement durable quant à lui est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. (Traduction anglaise du développement : «development is that meets the needs of the present without compromising the ability of future generations to meet their own need» ).

Le développement durable a plusieurs définitions parmi lesquelles nous pouvons citer quelques unes.

- Le rapport bruntland : « un processus de changement par lequel l'exploitation des ressources, l'orientation des investissements, des changements techniques et institutionnels se trouvent en harmonie et renforcent le potentiel actuel et futur de satisfaction des besoins des hommes.

- La banque Mondiale (1992), un développement soutenable est un développement qui dure, il ne faudrait pas que ceux qui jouissent aujourd'hui des fruits du développement économique, par une dégradation excessive de la ressource de la terre et par la population, le fassent aux dépens des générations futures.

- L'idée d'équité inter et intra-générationnelle est mise en avant explicitement par John Pezzey (1989) en ces termes : le développement durable sera d'utilité non décroissante par tête en raison de son évidente affinité avec les critères d'équité entre génération. Le même rapport met l'accent sur la préservation de la biodiversité pour son rôle d'assurance face à l'incertitude des conditions futures. « la perte des espèces végétales et animales peut grandement compromettre les avantages des générations futures, aussi le développement soutenable nécessite la protection des espèces animales et végétales ».

Pour qu'il y ait développement durable, R. Lélé dans un article de synthèse (1991,611) énumère quelques objectifs. Il s'agit :

- La reprise de la croissance ;

- La modification de la qualité de la croissance ;

- La satisfaction des besoins essentiels en ce qui concerne l'emploi, l'alimentation, l'énergie, l'eau, la salubrité ;

- La maîtrise de la démographie ;

- La réservation mise en valeur de la base de ressources ;

- La réorientation des techniques et gestion des risques, et il ajoute un neuvième, à savoir « rendre le développement plus participatif », considère : « cette formulation peut dès lors être considérée comme représentant le « moinstream » de la pensée du développement durable56(*).

I.3.4. Les acteurs du développement

Pour que le développement ait lieu de façon harmonieuse, il faut des acteurs qui sachent saisir l'opportunité des conditions au développement et les monnayer pour provoquer ce dernier ou le poursuivre afin de lui donner tout son visage intégraliste : croissance économique, développement égal, changement (égal, transformation des mentalités, des structures et habitudes, ...) et progrès (= diffusion du bien-être) tel que compris par F. PERROUX.

Il existe donc des acteurs des développements. Ceux-ci peuvent être formels ou informels. Un individu dont le comportement est de l'ordre à favoriser le développement. Qu'ils soient formels ou informels, ces acteurs du développement peuvent se retrouver au niveau national ou international.

Dans le premier cas, ils vont de l'Etat un appui institutionnel du développement partenaire incontournable mais redoutable du développement, et de secteurs publiques (ministères entreprises) aux autres institutions (ONG, Syndicat, organisation patronale, parti politique, groupes sociaux, ...) voire à la population et aux personnes physiques. Dans le second cas, il s'agira dans les acteurs internationaux et transnationaux (organisations intergouvernementales : gouvernements étrangers et même des firmes internationales)57(*)

Dans un article, le professeur MAFIKIRI TSONGO identifie huit acteurs intervenant en interaction sur le marché...dans les régions ciblées par lui à savoir : l'Etat, les ONG, les groupements paysans, les populations locales, les pays donateurs, les institutions internationales, les institutions régionales, les courtiers du développement, les entreprises privées58(*).

Les acteurs de développement sont multiples et les associations des jeunes, les mutuelles familiales de la ville de Butembo en sont parmi.

I.4. CONCLUSION DU CHAPITRE

Ce premier chapitre a tourné autour de la présentation des concepts de base. Il comporte trois sections dont la première tourne autour du concept solidarité en épinglant les différentes définitions, les différents types de solidarité et tant d'autres notions.

La deuxième section quant à elle présente les notions autour du mot famille en insistant sur les définitions, la famille comme système, la nuance entre famille et ménage, la parenté, ...

Enfin, la troisième section présente un bref aperçu sur les notions de développement.

Chapitre deuxième
PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE ET LES LIENS THEORIQUES ENTRE LA SOLIDARITE ET LE DEVELOPPEMENT

II.1. PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE

II.1.1. Aperçu historique de la ville de Butembo

Avant l'installation de la minière des grands lacs (MGL) dans la localité, cette partie du territoire de Lubero était une brousse parsemée de quelques cafiers et formée des plusieurs petits villages.

Butembo est connu en ce temps sous le nom de LUSANDO petit village où résidait l'ancien chef de YORA du groupement BUYORA.

Le mot « BUTEMBO » ne serait venu qu'après par altération linguistique de « MUTEMBO » un arbre géant qui se trouvait dans la cours de la parcelle d'un vieux papa. C'est de cet arbre que dérive le nom de Butembo qui donnera naissance au nom de toute l'agglomération indigène.

A l'arrivée de l'homme blanc au Congo, il sera créé des centres dont le rôle primordial sera la gestion des terres dites domaniales. Cette stratégie entraînera par voie de conséquence, non seulement la désagrégation des unités structurelles, mais aussi l'instauration de deux régimes fonciers.

D'une part, les terres indigènes gérées suivant : la coutume d'autre part, les terres vacantes soumises au droit court.

L'installation, en 1928 de la MGL, actuellement SOMINKI ; Butembo offrait l'avantage de faciliter l'approvisionnement et la distribution du matériel dans la partie Ouest du territoire de Lubero et en territoire de Beni.

Au demeurant, il se constituera un centre administratif et de négoce à Butembo.

Familiarisés à l'économie du marché, les ouvriers de la MGL, retraités ou licenciés, éprouvent de la peine à réintégrer leur milieu coutumier. Il en va de même des employés des colons et des « capita-vendeurs » des commerçants grecs. A la suite de la demande pressante de la population, l'Administrateur du territoire de Lubero autorisera celle-ci à s'installer sur ce lieu. Il s'en suivra la création de la cité indigène par l'arrêté du ministère des colonies du Congo Belge et du Rwanda-Burundi  N°21/503 du 23 Septembre 1949. L'ordonnance N° /138 du 15 mai 1956 soumettra la dite cité au régime de l'urbanisation

Son premier chef est : Romain MATOKEO MUSAVULI dans le but d'attirer plus des populations et soucieux d'ériger Butembo en une entité autonome, distribuera gratuitement des parcelles à la population. Cette pratique attirait la population périphérique ainsi que les commerçants grecs installés ou chef-lieu du territoire (45 Km).

En 1958, le centre de Butembo accède au statut de centre extra coutumier. En 1987, Butembo est reconnue comme cité moderne parmi les citées créées par les ordonnances présidentielles N° 87/238 du 29 juin 1987 portant création de 83 cités en République du Zaïre.

En 1999, la cité de Butembo se voit dotée d'un statut d'une ville par l'arrêté N°01/001 bis/CAB/GP-MK/99 du 29 septembre 1999 portant création des villes de Beni et de Butembo en province du Nord-Kivu, par les autorités rebelles du RCD/K-ML qui avaient choisi Beni comme siège de leur institution politique lors de la 2ème guerre dite de libération qui a éclaté le 2/08/1999 en RDC.

En 2001, le président du RCD/K-ML signe en date du 22 décembre le décret N°2001/038 portant création et délimitation de la ville de Butembo et ses communes en province du Nord-Kivu.

En 2003, le président de la République Démocratique du Congo, le Général major Joseph KABILA signe le Décret N°042/2003 en date du 28 mars portant création d'une ville pour hisser Butembo en ville après la réunification du territoire nationale.

II.1.2. Situation géographique

Butembo est une ville localisée à l'Est du pays en Province du Nord-Kivu à 19 Km de l'équateur vers le Nord, elle loge sur la route Bunia-Goma, la nationale N°4 et constitue la limite centre Nord entre le territoire de Beni et celui de Lubero.

La superficie estimée à 190 km2 englobe une population d'environ 57245459(*) soit une densité de 3070 habitants au kilomètre carré. Butembo compte quatre communes dont les appellations et superficies approximatives sont les suivantes :

- Bulengera : 55,18 km2

- Kimemi : 42,25 km2

- Vulamba : 52,61 km2

- Mususa : 40,30 km2

II.1.3. Situation démographique

La démographie signifie étymologiquement la description de la population ou du peuple. Elle étudie aussi son état et sa variation, c'est également une étude quantitative d'une population donnée60(*).

Une ville qui croit est une ville qui grandit, elle est comparable à un organisme vivant, disent les sociologues. C'est le cas de la ville de Butembo. Il est vrai que l'augmentation d'une population peut être à la base de sa croissance économique.

Certains auteurs économistes notamment THOMAS ROBERT MALTHOS qui préconisait la limitation des naissances afin d'éviter l'augmentation de la population car celle-ci, disait-il, n'évoluait pas proportionnellement à l'augmentation des substances, d'autres auteurs prétendent le contraire.

WILLIAM PAYER, un réformateur théologien dit : la baisse de la population est le pire des maux que puisse subir un état et l'on doit s'efforcer, quoi qu'il arrive d'y remédier en priorité à tout autre objectif.
Petit Jeune quant à lui, déclare qu'« il est évident qu'un individu enrichit son pays en conservant des enfants même s'ils devenaient miséreux ».

En général, la ville de Butembo a une population homogène, l'ethnie YIRA communément appelée NANDE, représente la majorité de la population qui est constituée d'autres ethnies en provenance du Kivu même des autres provinces de la RDC et des étrangers. Cette population connaît en général une croissance démographique rapide ; certaines raisons pouvant être à la base de cette augmentation rapide sont :

- l'exode rural dû au prestige que présente la ville

- les naissances indésirables dues à la prostitution des jeunes filles et garçons

- la présence des rescapés de guerre ;

- la non réglementation des naissances dans les foyers, raison pour laquelle nous présentons le tableau que voici :

II.1.3.1. Tableau récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo61(*)

Tableau N° 1 : Tableau récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo en 2005

COMMUNES

HOMMES

FEMMES

GARCONS

FILLES

TOTAL

KIMEMI

37 944

40 639

34 456

36 593

149 632

MUSUSA

39 919

43 535

31 405

37 476

152 335

VUMAMBA

44 105

47 218

32 265

34 525

145 113

BULENGERA

22 003

22 631

11 290

11 680

67 604

TOTAL

143 971

154 023

109 416

120 274

527 684

Source : Rapport annuel ville de Butembo 2005

Tableau 2 : Tableau récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo en 2006

COMMUNES

HOMMES

FEMMES

GARCONS

FILLES

TOTAL

KIMEMI

38 960

41 991

35 902

38 221

155 074

MUSUSA

40 563

44 101

31 813

37 859

154 336

VUMAMBA

44 398

47 613

32 569

34 911

199 491

BULENGERA

22 781

23 377

11 942

12 276

70 376

TOTAL

146 702

157 082

112 226

132 267

539 277

Source : Rapport annuel ville de Butembo 2006

Tableau N° 3 : Tableau récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo en 2007

COMMUNES

HOMMES

FEMMES

GARÇONS

FILLES

TOTAL

Kimemi

40650

44219

32811

38781

156461

Mususa

44867

48257

33006

35331

161461

Vulamba

23156

23731

12433

12848

72168

Bulengera

40812

44092

38981

41628

165513

TOTAL

149485

160299

117231

128588

555603

Source : Rapport annuel ville de Butembo 2007

Tableau N° 4 : Tableau récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo en 2008

COMMUNES

HOMMES

FEMMES

GARÇONS

FILLES

TOTAL

Kimemi

41497

45106

34273

40107

160983

Mususa

46008

49374

33602

35805

164789

Vulamba

23275

24094

13330

13939

74638

Bulengera

41886

46354

40962

43842

172044

TOTAL

152666

163928

122167

133693

572454

Source : Rapport annuel ville de Butembo 2008.

Comme on peut le constater, les 4 tableaux ci-haut témoignent que la population de la ville de Butembo évolue de 531233 habitants (en 2004) à 572454 habitants (en 2008), soit une augmentation de 51221 habitants.

Tableau N° 5 : Taux d'accroissement de la population de Butembo

Sexe

Années

HOMMES

FEMMES

GARÇONS

FILLES

TOTAL

2005

143971

154023

109416

120274

527684

2006

146702

157082

112226

132267

539277

2007

149485

160299

117231

128588

555603

2008

152666

163928

122167

133693

572454

= 0,0275x100

= 2,75%3%

Nous constatons que le taux d'accroissement de la population de Butembo est d'environ 3 %.

II.1.4. Milieu socio-économique

L'économie comprend trois secteurs essentiels : le primaire, le secondaire et le tertiaire.

II.1.4.1. Le secteur primaire

Ce secteur occupe la plupart des activités de la population de Butembo qui sont essentiellement l'agriculture et l'élevage.

a) L'agriculture

Elle occupe une grande partie de la population de Butembo. Elle est traditionnelle et vivrière et elle constitue une source de revenue pour une certaine catégorie des personnes qui vivent d'une part de la production de leur champ (haricot, maïs, pomme de terre, patate douce, manioc, banane et toutes sortes de légumes, ....) et d'autre part, des produits de l'industrie destinés à l'exportation (café, thé, quinquina, ...).

Suite à l'urbanisation, les lopins de terres cultivables sont occupés par des maisons. Alors les cultivateurs parcourent des longues distances pour pratiquer l'agriculture. D'où la ville est alimentée en produits agricoles venant essentiellement des milieux ruraux périphériques  (Muhangi, Mangina, Maboya, Isale, Kalunguta, Luotu, Masereka, Kipese, Muhila,...)

b) Elevage

L'élevage de petit bétail est pratiqué au centre de Butembo, il s'agit de l'élevage des caprins, lapins et porcs, Elevage de gros bétail représenté par les bovins et pratiqué en dehors du centre de Butembo par les commerçants surtout ceux qui y ont investi. Cependant, depuis un certains temps, celui-ci est bloqué et ralenti par la dévastation causée par la guerre au profit des forces de résistance (rébellion).

II.1.4.2. Secteur secondaire

Ce secteur englobe les activités industrielles et artisanales.

II.1.4.2.a. L'industrie

Cette activité est encore au stade embryonnaire dans la ville de Butembo. Les différentes entreprises industrielles existantes sont les suivantes :

- Compagnie des Boissons du Kivu (COBKI) : pas fonctionnelle pour le moment.

- La Menuiserie Industrielle de Butembo (MENUIBO) : pas fonctionnelle pour le moment.

- La Savonnerie Industrielle de Butembo (SAIBU).

- L'huilerie et l'Industrie de la Craie : pas fonctionnelle pour le moment

- Autres industries des traitements du café, thé, palmier à huile, vins de banane, vins Takengo

- Industrie de Matelas (Mousse de Butembo)

Il convient de signaler que l'absence du courant électrique, l'insuffisance de la matière première au marché constitue un obstacle au développement harmonieux.

En plus, la plupart de ces industries sont mise en veilleuse suite à la guerre dite de libération.

II.1.4.2.b. L'artisanat

Il assure la survie d'un bon nombre de la population de Butembo. Cette activité englobe plusieurs métiers tels que la cordonnerie, les maisons de beauté, de diffusion musicale, de divertissement public, des spectacles, des bijouteries, de photocopieuses, de stencileuses, des studios photos et musicales, d'architecture, ....

II.1.4.3. Le secteur tertiaire

Les activités observées dans ce secteur sont multiples et variées.

II.1.4.3.a. Le commerce

Depuis l'époque coloniale, Butembo a toujours été un centre qui se veut commercial. Cette pratique a vu le jour par le biais des employés, des colons, des capita-vendeurs, des grecs et des ouvriers retraités ou licenciés de M.G.L. qui tous étaient déjà familiarisés à l'économie du marché.

Ainsi, du centre de négoce on est arrivé au complexe économique d'aujourd'hui. Par ailleurs, sa position géographique est tellement stratégique que l'évolution de commerce est facile.

En effet, cet asile se situe sur la voie routière qui lui permet d'échanger avec les pays de l'Est et qui l'ouvre à l'océan Indien par le port maritime de Mombasa pour ainsi atteindre l'Orient.

Par ces contacts commerciaux, Butembo s'institue en géant économique au centre des trois provinces en l'occurrence : Sud-Kivu, Nord-Kivu, province Orientale.

Butembo en 2006 est une ville enviée de toutes les villes du Congo et où les activités économiques vont bon trait par rapport aux autres villes de la RDC, en cette période de post-conflits.

La ville de Butembo est un centre à caractère commercial et industriel, mais le caractère industriel est le plus dominant. Sur terrain, le commerce se manifeste par la présence des magasins d'articles divers, les boutiques tout au long des rues, les mouvements d'import et export ; la fréquentation quotidienne des succursales (Banques, coopératives, micro finances, ...). Les journées de lundi et jeudi sont caractérisées par la vente des articles. En effet, durant ces deux jours de la semaine, Butembo accueille les gens qui viennent de tous les coins du Congo. Mercredi et samedi sont les jours où les habitants de la campagne viennent vendre leurs produits agricoles et s'approvisionner à ceux des premières nécessités. A part le marché central d'autres petits marchés périphériques sont inondés des gens faisant leurs transactions.

II.1.4.3.b. Les services

Butembo réunit à son sein le service essentiel à l'administration et fonction publique, affaire foncière, mine et énergie, hydrocarbure, le tribunal de grandes instances et autres services délégués à la REGIDESO, SONAS, OFIDA, à la voirie urbaine, aux institutions bancaires,..., les secrétariats publiques, service d'Internet, ... (Sociétés étatiques, para-étatiques...).

II.1.4.3.c. Le secteur d'enseignement

Butembo est une ville intellectuelle avec des écoles de grande réputation (écoles primaires, secondaires, supérieures et universitaire).

Actuellement, elle dispose d'une division et d'une sous division pour coordonner les activités de l'EPSP. A ce propos, Butembo regorge de plusieurs écoles primaires et secondaires reparties dans les différentes communes de la ville.

- 13 institutions supérieures publiques et privées

- 6 universités publiques et privées agréées par le pouvoir public

- Plus de 110 centres de formation professionnelle et métiers.

II.1.4.3.d. Voies de communication

Les routes sont les voies de communication les plus utilisées à Butembo. Malheureusement, suite au manque d'entretien et des pluies diluviennes continuelles, elles sont souvent en mauvais état.

En plus des routes, il dispose de l'aérodrome qui reçoit seulement des petits porteurs à Rughenda avec une piste de 880 m. Cette piste accueille des petits avions comme LET 410 qui assurent le transport des personnes et des marchandises à destination des pays voisins ou d'autres villes de la RDC.

Par ailleurs, les communications épistolaires et téléphoniques sont assurées par l'office congolais de poste et télécommunication. Les réseaux ZAIN, VODACOM, CCT et TIGO et autant des services privés, les cybers-café (Internet), fax, phonie, ...

Enfin, la communication auditive est assurée par les radios locales. Ici, on a 10 stations de radio (Public & privée).

II.1.4.3.e. Secteur culturel

Dans le domaine de la culture et Art, la ville de Butembo regorge d'une multitude des divers artistes : sculpteurs, peintres, cachetteries, courtiers, bijouteries, menuiseries, coiffeurs, réparateurs, mécaniciens, cordonniers, ferrailleurs, ....

Il existe des laboratoires pour nettoyage photos, des photocopieuses, des imprimeries, des secrétariats publics, des discothèques, vidéothèques, centre de formation, art culinaire.

Concernant les maisons de culture, nous avons des salles de cinéma, bibliothèques, des salles polyvalentes, stadium de basket-ball, football, des buvettes, bars, et hôtels. Pour la culture documentaire, il y a lieu de citer celle de l'Université Catholique du Graben et du scolasticat assomptionniste Bulengera et bien d'autres bibliothèques.

II.1.4.3.f. Secteur sanitaire

Le département de la santé dispose en ville de Butembo le siège du district sanitaire de Butembo qui assure le relais entre les zones de santé et l'inspection provinciale de la santé publique sous la coordination du médecin chef de district sanitaire.

Sur le plan structurel, deux zones de santé fonctionnent en ville de Butembo, il s'agit de :

- La zone de santé de Butembo supervisant les structures sanitaires des communes de KIMEMI et VULAMBA

- La zone de santé de Katwa supervisant les structures sanitaires des communes de BULENGERA et MUSUSA.

* La zone de santé de Butembo comprend à son sien un hôpital général de référence à KITATUMBA, 15 centres de santé, une cinquantaine des postes de santé et des dispensaires, trois centres de soins ophtalmologiques, des laboratoires d'analyses médicales et plusieurs dizaines d'officines pharmaceutiques reparties dans les 19 aires de santé62(*).

* La zone de santé de Katwa est constituée de 36 structures sanitaires et 27 aires de santé. Elle renferme un hôpital général de référence et 153 formations sanitaires, centres de santé, centres médico-chirurgicaux, dispensaires, cliniques, laboratoires, ...63(*).

II.1.4.3.g. Statut juridique.

A l'instar d'autres villes de la RDC, la ville de Butembo est une entité administrative décentralisée (EAD) créée d'abord par arrêté 01/001/BIS/CABGP-NK/99 du 23 septembre 1999 du Gouverneur de la province du Nord-Kivu à la personne de KAYISAVERA MBAKE puis, après réunification, par décret présidentiel N° 042/2003 du 28 mars 2003 du Président de la République, Son Excellence Monsieur Joseph KABILA KABANGE.

II.2. LA SOLIDARITE COMME MODE DE DEVELOPPEMENT

Le sujet de notre thème étant «  solidarité, famille et développement socio-économique », nous voulons à présent voir s'il existe une interaction et le développement à Butembo.

Instruit par l'observation et par l'histoire de notre peuple, nous constatons que les hommes sont organisés en famille, tribus ou ethnies, et qu'ils vivent ainsi en ville comme à la campagne, soudés par un même principe moteur à savoir : la solidarité.

Notre société YIRA est régie donc par cette valeur communautaire fondamentale, la solidarité, en tant que principe de cohésion ou mieux d'organisation sociale, comprise comme modèle de vie, c'est-à-dire de communication et de production. La solidarité peut alors être posée ici comme fondement éthique à priori du comportement extracorporel. En celui qu'elle peut vraisemblablement se refléter dans l'économie : celle-ci étant compris comme « visualisation » programmée au couple besoins-moyens de satisfaction ou mieux de la double dimension affectivité et discursivité.

Les implications de la solidarité classique dans l'économie actuelle mènent à une réévaluation du sens et de contre sens. En allant de l'Ethique solidaire à l'économie solidaire, la contemporanéité de nos citoyens se retrouve déséquilibrée. Les hommes en rupture ou plus précisément en tension avec ce que DIDIER appelle leur « étant central fluctuant »64(*), se surprennent finalement en quête d'un ailleurs pouvant panser, comme dit FLEM65(*), leur indenté meurtrie.

Comment alors concilier les exigences du développement avec celles d'une survie culturelle authentique, c'est-à-dire pondre sur une superficie morale

Il faut, pensons-nous, envisager un renversement de la situation par une inversion du schéma habituel qui a conduit enfin de compte à un désoeuvrement massif et parasitaire des ressources humaines endogènes. En ce sens que les exigences réelles et présentes de la vie économique concrète influent sur la façon de comprendre et de vivre les relations sociales veut permettre aux membres de la société YIRA de produire et de répartir leur bien d'une manière telle que le bien ou le mieux-être soit possible et renouvelable, souhaitable et poursuivable.

Aujourd'hui, il convient d'entasser le compte à rebours vers le point de départ logique et chronologique, c'est-à-dire vers la « capitalisation »de l'Astre « qui selon Homère, vient à l'arrière-saison et dont les feux éblouissants éclatent au milieu des étoiles sans nombres, en plein coeur de la nuit »66(*) cet astre dont parle Homère dans le XXIIe chant de l'Iliade, c'est bien entendu l'homme, et tout homme, ceci pose justement comme nécessaire, la restitution de l'initiative aux individus, seuls capables d'engendrer leur avenir.

Lorsque les individus renoncent à leurs charges historiquement humaines, à savoir celle de cultiver la création, plus rien ne sera à sa place. C'est ainsi que la crise (ou le chaos souverain) vient à signifier pour un peuple, sinon l'incapacité, tout au moins l'impossibilité de « savoir créer de nouvelles richesses »67(*) où les gens ne sont pas à leur place. Les besoins sont aussi déplacés et se faisant les moyens d'y parvenir ou mieux littéralement disqualifiés.

La solidarité est sûrement distancée par la rigueur des conditions de vie actuelles. C'est ainsi que du rôle pacifique et intégrateur qu'elle jouait, elle est passée à celui des déstabilisateur social des foyers : elle bloque l'organisation rationnelle de la gestion tant publique que privée. C'est le sens que l'on peut donner aujourd'hui à certaines pratiques sociales encore en vigueur dans le comportement de nos citoyens : tribalisme, régionalisme, sectarisme, etc. Ce sont là quelques exemples types d'une solidarité, avertie, stérile et figée. En découle le parasitisme, ou la loi du moindre effort. On en est arrivé à une fossilisation sociale évidente que complète qui retarde le développement. La démission la porte ou le manque d'initiative collective et l'essoufflement de quelques hommes et femmes jusque là producteurs, voilà la crise, c'est-à-dire, l'anti-création ou le contre développement.

Cette impasse fait obstacle à toute « traversée » pourtant la solidarité a résisté à l'usure et a survécu au modernisme envahissant. Il se pose donc, pour notre peuple à la fois un problème d'adaptation et de création. En d'autres termes, notre histoire « se faisant » pour emprunter l'expression de Raymond Aron plaide pour un dialogue des cultures d'une part entre tradition et temps moderne et d'autre part entre authenticité et exotisme.

Dégeler l'impasse signifiera alors : compter d'abord sur soi en tant que sujet investi de créativité et ensuite, sur l'écoute du monde tant traditionnel que moderne, aussi bien endogène qu'exogène.

Ce qui est mis en relief, à ce niveau, c'est l'impact évident de la solidarité d'un côté et de l'autre la nécessité de tenir compte de cet impact pour opérer et expliquer aujourd'hui des changements sociaux en égard des exigences du croisé espace-temps. Ce sont là autant d'agréments qui militent pour une reconsidération du sens ou, pour ainsi dire, de l'au-delà de cette solidarité dans l'intérêt de son meilleur réinvestissement en société car tout en étant informelle, la solidarité réside à la mise en forme de nos besoins, dans leur effective (satisfaisante). En cela, comme structure théorique sociale, elle est une arme pour le Développement de notre peuple.

II.2.1. La solidarité comme mode de communication

Autrement dit, ce que la solidarité entraîne dans l'organisation de l'action socio-économique c'est qu'il s'agit là d'abord d'un mode de communication ; la composition, c'est-à-dire l'unification et la complicité qu'elle suscite dans le rassemblement des membres, finissent par faciliter aussi l'échange d'informations et de renseignements utiles au sein de la communauté : on échange ainsi des rêves, des gestes, des faits, etc.

Par ailleurs, le sentiment d'appartenance qu'elle crée avec le temps, se révèle fondationnel à la dynamique de la vie sociale. Elle soude finalement les différentes expériences au point de provoquer la réalisation d'une identité référentielle commune chez les membres. En outre, sur le plan de la socialisation des individus, elle facilite sans contrainte la canalisation des biens privés en émoussant l'égocentrisme ou l'individualisme.

Il n'est pas dit que la solidarité est un instrument de communication ; elle est plutôt un mode en tant qu'espace nécessairement et toujours déjà plural. Si on admet ici que le langage est un produit social résultant inévitablement d'une rencontre des consciences questionnantes. En cela aussi, la solidarité devient une arme pour la paix ; car en tant qu'ouverture sur « l'autre » et donc sur le monde, elle fait disparaître ou atténue, chez les sujets invités ou face-à-face, la violence originaire : convertissant ainsi l'affrontement en confrontation.

II.2.2. La solidarité comme mode de protection et de gestion

Du premier aspect découle le second que les gens aient la même foi dans les sens de leur avenir, cela signifie qu'ils sont ensemble. Qu'ils composent. Ils sont prédisposés en principe du moins ; à associer leur efforts pour construire ensemble : c'est-à-dire « pour aller au-devant de l'avenir » 68(*).

Une production collégiale implique une répartition équitable des biens. Pour cela aussi ; la solidarité à une vertu communautaire.

Partant, c'est justement cet aspect qui, en elle, éclate et sait parvenir au point de rendre ce mode à la production et à la distribution inefficace. Ce qui est rétribué dans la vie du travailleur n'étant ni son clan, ni sa tribu mais seulement son effort individuel, la répartition des biens en société change dés cors de logique. La survie du clan cesse de défendre objectivement du seul revenu de l'oncle ou du frère commerçant, fonctionnaire etc. car, cette espèce de vie « en remorque » ne fait que freiner la marche vers le mieux-être. De même qu'on ne saurait superposer des navires les cens sur les autres pour traverser avec succès l'Atlantique, il est pour ainsi dire absurde de concevoir un développement individuel ou communautaire dans une société ou tout un village nourrit la prétention et des illusions de s'enrichir avec le salaire d'un seul homme. De même, aucun oiseau ne pouvait naturellement réussir un vol, avec toute la colonie sur son dos.

La sagesse proverbiale recommande donc une certaine rationalisation des besoins et des moyens de les satisfaire comme repaire indispensable d'humanité, la solidarité est à récupérer d'abord, à purifier ensuite et à réemployer enfin. Il faut pour cela renverser en elle ce qu'il y a de déclin : l'attentisme, le moindre effort.

Le parasitisme, bref, le désoeuvrement collectif.

II.2.3. Comment amener un redressement national?

La mésintelligence de la solidarité a conduit à un mauvais usage de celle-ci. La crise économique comprise, cette optique est en manifestation irrécusable « d'erreur de priorités »69(*) ; due à un fondement théorique inadapté, résiduel.

Cependant, bien qu'en bute à la vitesse de changement, cet à priori ne cesse pas de régenter la vie communautaire des congolais en général et des bubolais en particulier. Reste à présent à savoir comment revaloriser cet « incontournable » comme elle fait appel au grand nombre, la solidarité peut être pensée comme une « fenêtre » sur le développement.

II.2.3.1."Capitaliser" l'homme et tout homme

Le développement est une affaire publique dès qu'il touche une population, une communauté, il intéresse tout le monde. De même sa lutte devra être collective et concertée, contribution des forces vives de la nation à l'effort de construction suppose d'abord que les citoyens aient compris ce qu'ils veulent et qu'en suite, ils préfèrent du « cru » ou « <cuit » car, dira Finkielkraul 70(*) le don est toujours déjà « prédateur » il aliène, avilit, assujettit et donc, il déshumanise.

Cette entreprise exige un préalable : réhabiliter l'homme, « la ressource la plus rare ». D'après LINDER71(*), l'investissement humain est posé comme préface obligée à tout progrès, le développement doit se concevoir, pensons-nous, comme autoposition incessamment renouvelée.

La question n'est donc pas de recourir aux « corrigés » remède d'hier et ou d'ailleurs, c'est-à-dire donner à chaque homme et à chaque femme la possibilité d'une mise en oeuvre de son énergie tant physique qu'intellectuelle.

Il s'agit au fond d'éviter deux types d'inclination complaisante : ici le mimétisme qui se traduit facilement par un snobisme effréné et identifiable par l'accumulation gratuite et insensée de « prêt-à-porter », du « prêt-à-manger » bref, du « prêt à consommer ». On évitera là aussi, la reproduction « intemporelle » et « impersonnelle » des réponses naguère performantes, mais aujourd'hui hors d'usage.

Néanmoins, le problème d'adaptation et d'invention n'exclut nullement le maintient du traditionnel ni encore moins l'apport de l'étranger. Le tout est bien sûr question de savoir doser. C'est-à-dire de savoir choisir et le choix est logiquement fonction de l'information reçue et détenue.

II. 2.3.2. Instruction ou éducation

La responsabilisation des citoyens est une condition nécessaire. Il en faut une autre cependant, comme suffisante, afin de rendre effective la prise en charge tant individuelle que collective de la question du développement. Il s'agit de l'instruction. Le savoir est un pouvoir et au fait DERIOT affirmait déjà à propos de la puissance d'ISRAEL que « les meilleurs armes pour gagner la guerre sont celles des prévisions et de l'information parce qu'elles conditionnent la mise en oeuvre des autres moyens72(*). Il s'agit d'améliorer les citoyens à penser à leur développement afin de les aider à vivre autrement et mieux.

Instruire, c'est armer non pas contre soi, mais plutôt contre l'ignorance, les misères, les maladies, l'esclavage et toute sorte de bassesses et de maux. Il s'agit d'accroître en chacun la capacité du travail et la maîtrise de soi et de son environnement naturel et social. La nécessité d'équiper tout le monde s'explique donc par le souci de rendre l'initiative de création à tous les hommes et à toues les femmes valides. Car, voir et savoir par soi-même et faciliter le choix et l'engagement. Bref, l'instruction cherche à rendre tous les citoyens libres, maîtres d'eux-mêmes, responsables de son devenir et de celui de la communauté. Et cela, c'est également une preuve de respect et d'amour envers les autres. Ce faisant, l'accumulation intellectuelle devient aussi une condition « extra économique, nécessaire au développement 73(*).

La valorisation du capital humain se révèle être seul grand problème resté jusqu'alors résolu. Valoriser et réhabiliter les ressources humaines impliquent un remodelage des structures mentales et sociales. Ce qui est rendu possible par l'instruction contemporaine, une véritable synthèse pouvant nous permettre de faire sauter les blocages, tout en sauvegardant la solidarité comme fondement éthique traditionnel.

L'éducation de la population est indispensable non seulement pour récuser le modèle traditionnel de la solidarité classique, mais aussi pour lui insouffler un feu d'esprit critique, en ce sens que les idées étant un investissement, leur bouillonnement finira par répandre au sein de la société congolaise un état d'esprit logique, un certain rationalisme, base de tolérance intellectuelle selon MONTENAY 74(*). Ainsi, la préparation culturelle doit enfanter sinon le développement proprement dit, tout au moins ses intuitions, c'est-à-dire sa préoccupation. Comme la croissance économique a également l'éthique pour fondement, il est clair que l'essentiel du développement est culturel, pourtant, il convient de considérer l'éducation en tant qu'antériorité logique de toute action dans ce domaine, comme priorité.

II.3. CONCLUSION DU CHAPITRE

Notre deuxième chapitre porte sur la présentation du milieu d'étude et les liens théoriques entre la solidarité et le développement.

Pour la présentation du milieu d'étude (la ville de Butembo) nous esquissons d'abord un aperçu historique de la ville de Butembo, sa situation géographique, démographique et socio-économique.

Concernant la solidarité comme mode de développement, nous avons examiné la solidarité comme mode de communication, de production, de gestion et comme moyen de redressement.

Chapitre troisième
ANALYSE DE LA SOLIDARITE FAMILIALE FACE AU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE EN VILLE DE BUTEMBO

Ce troisième chapitre est consacré à l'analyse de la solidarité en décelant sa contribution au développement local et surtout son impact sur l'économie.

Nous présentons successivement les points suivants : la brève description de l'échantillon, la contribution de la solidarité familiale au développement des activités économiques, les formes de solidarité en ville de Butembo et enfin les motifs de la création de différentes mutualités. Avant d'en là arriver, présentons de prime abord une brève description de l'échantillon.

3.1. BREVE DESCRIPTION DE L'ECHANTILLON

Rappelons que cet échantillon est constitué de 100 familles, 100 membres de ces foyers et 100 commerçants de Butembo. Les questions se rapportant aux familles étaient adressées aux chefs de ces différents ménages dont les caractéristiques sont présentées dans le tableau suivant.

Tableau N° 6 : Profil des chefs des familles enquêtées

Modalités

Différentes possibilités

Effectifs

Pourcentage

Ages

de 50 - 60 ans

22

22

de 60 - 70 ans

59

59

de 70 - 80 ans

19

19

plus de 80 ans

-

-

Sexe

Masculin

100

100

Féminin

-

-

Profession

Agriculteurs

35

35

Commerçants

26

26

Agents de la fonction publique

18

18

Artisanat

21

21

Source : Nos enquêtes.

La majorité des chefs de famille ont l'âge compris entre 60 et 70 ans et voici leur profil dans le tableau ci-dessous :

Tableau 7 : Profil des membres des familles

Modalités

Différentes possibilités

Effectifs

Pourcentages

Ages

de 20 - 30 ans

3

3

de 30 - 40 ans

10

10

de 40 - 50 ans

61

61

de 50 - 60 ans

21

21

de 60 - 70 ans

4

4

de 70 - 80 ans

1

1

80 ans et plus

-

-

Sexe

Masculin

100

100

Féminin

-

-

Profession

Agriculteurs

48

48

Commerçants

15

15

Agents de la fonction publique

13

13

Artisanat

22

22

Chômeurs (sans emploi)

2

2

Source : Nos enquêtes.

61 % des membres des familles qui ont été enquêtés ont l'âge situé entre 40 et 50 ans sont tous des hommes. En effet, les mutualités familiales masculines sont toujours séparées des mutualités familiales féminines dans plusieurs familles de Butembo. La plupart des membres sont des agriculteurs ou des commerçants.

Tableau N° 8 : Profil des commerçants enquêtés

Modalités

Différentes possibilités

Effectifs

Pourcentages

Ages

de 20 - 30 ans

21

21

de 30 - 40 ans

30

30

de 40 - 50 ans

42

42

de 50 - 60 ans

4

4

de 60 - 70 ans

2

2

de 70 - 80 ans

1

1

80 ans et plus

-

-

Sexe

Masculin

98

98

Féminin

2

2

Source : Nos enquêtes.

Nous avons plus rencontré les jeunes commerçants. Dans ce travail, est appelé commerçant, toute personne qui effectue régulièrement l'opération d'achat et de vente de différents biens : les produits manufacturés, les vivres, les médicaments, ...

3.2. CONTRIBUTION DE LA SOLIDARITE FAMILIALE AU DEVELOPPEMENT DES ACTIVITES ECONOMIQUES

3.1.1. Fonds mobilisés par différentes mutualités par mois

Dans notre problématique, nous avons cherché à connaître s'il existe un lien entre solidarité familiale et développement économique à Butembo. Nous avons d'abord demandé à nos enquêtés s'ils trouvaient qu'il existe un lien entre solidarité (mutuelle familiale) et commerce. Ensuite, nous avons cherché à connaître quelle place ils accordent à leurs familles dans l'exercice de leurs activités.

A. Sources de financement

Les sources de financement des mutualités familiales sont les cotisations des membres et quelque fois une activité lucrative de toute la famille.

Le tableau suivant présente les différentes sources de revenu de ces mutualités

Tableau N° 9 : Sources principales des fonds des mutuelles familiales

Différentes sources

Effectifs

Pourcentages

Cotisation des membres

80

80

Activité Autofinance

5

5

Autres sources

15

15

Source : Nos enquêtes.

De ce tableau, il ressort que 80 de mutuelles familiales ont comme sources de financement les cotisations ; une faible proposition des membres des entreprises autonomes (5) et 15 tirent leurs finances des autres sources comme les dons.

a) Cotisations des membres.

Dans les familles où les cotisations constituent la source principale, les membres versent la valeur des cotisations mensuelles et les fonds mobilisés se présentent, par mois, en moyenne comme suit :

Tableau N° 10 : Fonds mobilisés mensuellement par les mutuelles (en moyenne)

Tranche en $

Centre xi

Effectif ni

%

xini

ni

10-20

15

10

12,5

150

2250

20-30

25

66

82,5

1650

41250

30-40

35

2

2,5

70

2450

40-50

45

1

1,25

45

2025

50-60

55

1

1,25

55

3025

TOTAL

 

80

100

1970

51000

Source : Nos enquêtes et calculs.

La variance : V(x) =

=

= 31,109375

L'écart-type :

= 5,58

Le coefficient de variation : CV =

=

Nous constatons que la moyenne mensuelle de fonds mobilisés par les mutuelles familiales est de 24,625 $ avec un écart-type de 5,58$. Nous constatons aussi que la dispersion autour de la moyenne est petite autour de la moyenne est petite car le CV = 22,66% < 30%.

Aussi, ce tableau révèle que la majorité des mutualités mobilise 20 à 30 $ par mois en moyenne. Peu de membres seulement ont une ressource mensuelle autour de 50 $. Les cotisations mensuelles fixées par membre sont présentées dans le tableau suivant.

Tableau 11 : Cotisations mensuelles

Tranche en $

Centre xi

Effectif ni

%

xini

ni

1-10

5,5

45

56,25

247,5

1361,25

10-20

15

14

17,5

210

3150

20-30

25

15

18,75

375

9375

30-40

35

4

5

140

4900

40-50

45

2

2,5

90

4050

50-60

55

0

0

0

0

TOTAL

 

80

100

1062,5

22836,25

Source : Nos enquêtes et calculs

Variance = V(x) =

= 109,06

Ecart-type =

CV =

La contribution mensuelle est de = 13,28 $ avec un écart-type de 10,44$. La dispersion autour de la moyenne est grande car CV = 78,63%>30%.

Dans plus de 50 % des familles, les cotisations par individu varient entre 1 et 10 $. La faiblesse de ces cotisations est expliquée par l'insuffisance du revenu mensuel pour la majorité de la population de Butembo.

Signalons que nos enquêtes ont relevé le problème d'irrégularité de cotisation dans la plupart de familles. Les membres libèrent difficilement leurs parts alors que la valeur mensuelle à payer est fixée en collégialité. Ainsi, l'on se rend compte que les contributions restent la charge des membres qui ont un revenu relativement élevé ou ceux qui sont sensibles aux problèmes familiaux. Ces derniers se trouvent de ce fait très surchargés car l'irrégularité des autres les oblige de cotiser au-delà de la valeur mensuelle fixée. Etouffées par des problèmes familiaux, leurs épargnes sont menacées tel qu'il est indiqué plus loin dans les désavantages de la solidarité.

b) Activités d'autofinancement

Comme nous l'avons indiqué, 5 % de famille tirent leurs ressources de différentes activités suivantes

Tableau 12 : Activités d'autofinancements des familles.

Activités

Elevage

Maison mise en Location

Taxis motos

Total

Effectifs

1

1

3

5

Pourcentages

20

20

60

100

Source : Nos enquêtes.

20 % de ces familles pratiquent l'élevage familial de choix sur leur terre coutumière en vue d'alimenter la caisse familiale. Certains décident de mettre leur maison en location, pour cette fin et d'autres se sont procuré des taxis-motos. Dans toutes ces familles, les cotisations ne constituent pas la source principale d'autofinancement : elles sont réalisées occasionnellement en cas d'urgence. Toutefois la source principale de l'élevage et des taxis-motos constituent des cotisations volontaires des membres. La maison mise en location est souvent le fruit de l'héritage.

c) Les Autres sources

Les 15% des familles indiquées dans ce travail tirent leur financement principal des dons. Ce sont des familles dans lesquelles l'on retrouve une personne de rang très élevé : les ministres, les prêtres de haut rang, les politiciens, les fils ou filles vivant en Europe, ... qui suppléent à tous les problèmes posés par la famille. Des réunions familiales sont faites tout simplement pour échanger les idées. Les cotisations individuelles ne constituent pas leurs préoccupations comme ils ont déjà un sponsor.

B. Affectations des Ressources des Mutualités.

Comme surgit le problème d'absence de documents écrits dans la plupart de cas, ce travail présenté les affectations qui ont été réalisées par nos enquêtés, la dernière année(2008).

Tableau 13 : Informations sur les affectations des ressources des mutuelles

Affectations

Effectifs des familles

Pour-

centages

Moyenne sommes tirées de la caisse familiale

Mariages

23

15,8

405 $

Deuil

58

39,8

633,2 $

Maternité

19

13

168,4 $

Scolarisation des enfants

6

4,1

120,5 $

Accorder le Capital Financier aux membres

15

10,2

302 $

Prêts aux membres

21

14,4

177 $

Dons accordés

4

2,8

29 $

Total

146

100

1533 $

Source : Nos enquêtes.

Précisons que le total au-delà de 100 (effectif de l'échantillon) est expliqué par plusieurs sortes de cotisations par la même famille dans différentes mutuelles enquêtées car une même famille finance parfois le mariage, le deuil, la maternité, ...

Le tableau ci-haut indique que la grande partie des ressources des mutualités familiales a été affectée respectivement aux deuils, puis aux mariages, au financement des activités des membres, aux prêts, aux frais de maternités, ...

Dans ces familles, à part les contributions individuelles, ces sommes ont été décaissées à partir des caisses familiales dont l'importance varie en fonction des éléments suivants :

- l'effectif des membres réguliers dans les cotisations lorsqu'elles constituent la source principale ;

- la valeur de la cotisation ;

- le niveau de revenu des membres, c'est-à-dire le rang social des membres de famille ;

- le degré de sensibilité des membres aux problèmes familiaux.

- la part octroyée régulièrement par le sponsor (dans les familles qui en ont )

- la bonne gestion des ressources

Au vu du résultat contenu dans le tableau ci haut, malgré les inconvénients attribués à la solidarité familiale, il est clair qu'elle contribue, tant soit peu, à l'activité économique du milieu, surtout au niveau de la microéconomie familiale. Elle permet de financer les grosses dépenses de mariages, des deuils, des maternités ; d'octroyer les capitaux financiers et les prêts. Dans certaines familles (surtout pauvres), les enfants sont scolarisés grâce aux ressources mobilisées par toute la famille. D'où l'hypothèse de départ qui est confirmée partiellement.

C. Système de gestion des mutualités familiales.

L'information obtenue à ce propos est contenue dans le tableau suivant.

Tableau N° 14 : Informations sur la gestion des mutualités familiales.

Modalités

Ont des documents de base

N'ont pas de document

Ont un compte dans l' IMF

N'ont pas de compte

Effectifs

18

82

5

95

Pourcentages

18%

82%

5%

95%

Total

100%

100%

Source : Nos calculs.

La majorité des familles (82%) n'ont pas de documents écrits. L'oralité prime sur l'écrit ; ce qui est dangereux pour la gestion. Seules les cotisations sont actées. Les affectations sont connues en tête, selon nos enquêtes. Ceci peut pourtant conduire à l'arbitraire. Le faible niveau d'instruction des membres dans diverses familles peut expliquer ce fait, ainsi qu'un degré élevé de confiance mutuelle. 95% gardent leur argent à domicile. Selon les concernés, c'est pour que l'argent soit toujours plus disponible. Ils évitent d'aller à la banque tous les jours. Pour cela, ils fabriquent des caisses «tire-lire» gardés par une personne et la clé par une autre pour plus de sécurité. Cette pratique n'est pas rassurante pour la bonne gestion des mutualités familiales.

3.1.2. Solidarité et commerce en ville de Butembo.

Donner à la famille un rôle dans le commerce a de quoi surprendre, cependant cette dernière joue un rôle très important dans le commerce à Butembo.

Nous avons pu demander à nos enquêtés (100 commerçants), quel était le rôle de la famille dans leur commerce. Ainsi, nous avons obtenu les résultats suivants :

Tableau 15 : Rôle de la famille dans le commerce

Votre famille

Effectifs

Pourcentages

Vous a encouragé

30

30

Vous a été indifférente

10

10

Vous a aidé

40

40

Vous a déconseillé

10

10

Sans réponse

10

10

TOTAL

100

100

Source : Nos enquêtes.

Les encouragements des membres de la famille représentent 30 % des commerçants de Butembo pour le démarrage de leurs activités commerciales. La proportion de l'indifférence présente 10 % alors que les aides représentent 40 % et que 10 % sont les familles qui ont déconseillé leurs membres à ne pas entreprendre une activité personnelle (10 % sans réponses).

L'environnement affectif du créateur est donc important et le suivi de ses préoccupations aussi. Le créateur est de moins en moins isolé seul face à son projet.

Les commerçants ou les entrepreneurs donnent de l'importance à leur famille et aspirent à la réussite dans les affaires car ils ont à côté d'eux des gens qui peuvent les aider, les stimuler ainsi les relations sociales constituent une source exploitable par les entrepreneurs. Pour améliorer et accroître leur avoir économique, les entrepreneurs (riches) soignent bien leurs relations sociales qui sont à la fois considérées comme un bien individuel et collectif.

Dire « Bonjour » à son voisin ou prochain, tous les jours, est un bon moyen d'enrichir son capital social car, en cas de difficultés, ce dernier pourra apporter de l'aide et intervenir efficacement.

Les propriétés du capital social ou des relations interindividuelles sont les mêmes que celles du capital physique.

Le commerçant ou l'entrepreneur fait tout son mieux pour concilier ces deux types de capitaux.

Des liens très subtils sont aussi tissés entre le capital social et le capital humain. Etre dans un réseau de relations sociales est donc primordial (associations, mutuelles).

La famille apporte la main-d'oeuvre, les capitaux, le marché et les conseils à l'entrepreneur. Or le commerçant est propriétaire de son entreprise, laquelle se confond d'une manière générale avec son patrimoine privé, familial.

Bien avant, le commerce de Butembo était intégré dans la famille ? L'entreprise était tenue par les membres de famille et sa gestion totale pour l'avantage de ces membres.

Les familles avaient une décision à prendre concernant l'entreprise. Actuellement, la donne a changé. Par crainte de faillite, les commerçants ont pris les choses au sérieux. Ils ont mis la famille d'un côté et le commerce d'un autre. Ils ont ainsi respecté le premier principe de la comptabilité générale stipulant que : « L'entreprise est une personne distincte de l'entrepreneur »75(*).

Toutefois, ils engagent les membres de leur famille et ces derniers doivent travailler comme des salariés ; ils ne doivent pas confondre la famille et l'entreprise. Une fois s'ils travaillent très mal, ils sont révoqués, licenciés ou affectés à des petits postes. Ils quittent la fonction de commandement et de décision pour celle d'exécution.

Les commerçants nous ont révélé, dans un entretien, qu'en débutant leurs activités commerciales, ils ont commencé grâce aux aides de la famille, et surtout à l'agriculture dans les concessions familiales ou faire paître leurs bêtes dans les pâturages de la famille76(*).

La plupart cultivait le café et des produits maraîchers ; ils ont évolué grâce au Kihingirane. Comme récolter le café était un lourd travail, on recourait à la main d'oeuvre familiale. Après la récolte, on était chercher un marché qui est bien rentable. Comme dans l'ancien temps c'est l'Etat qui faisait la commercialisation du café, ils pratiquaient la fraude (aller chercher les marchés en Ouganda en faisant la traversée de la SEMULIKI appelée Kalemba, rivière qui se trouve dans le Rift Vally d'Irungu).

Ils transportaient le café sur la tête pour sa commercialisation en Ouganda ; après vente on revenait avec du sel, des étoffes, des tôles et d'autres produits de première nécessité pour les revendre à Butembo.

Voilà comment nos grands commerçants ont évolué grâce à la solidarité familiale. C'est cette raison qu'ils étaient obligés de prendre soins des membres de leurs familles et contribuaient ainsi au développement socio-économique.

« Quand on donne à nos frères, cousins, cousines ou membres de la famille de petites sommes qu'on a cotisées, eux aussi font directement le commerce des produits que nous vendons nous-mêmes et nous aident à évacuer nos dépôts en vendant les résignols. On leur cède la marchandise à moindre coût puis ils la revendent à un prix plus élevé, comme lieu de vente ils utilisent le devant des portes de nos magasins. C'est une façon de les aider77(*) ».

Bien avant l'organisation des réunions familiales des problèmes cruciaux surgissaient entre les petits frères et les aînés, des grands commerçants. Les premiers réclamaient des seconds une portion des biens ; et quand on la leur octroyait, ils étaient souvent incompétents et faisaient faillite puis ils recouraient encore aux aînés. Les réunions familiales sont venues mettre fin à cette situation.

La richesse de Butembo est basée d'abord sur l'union familiale car le plus souvent quand on se départage, il y a toujours des faillites. C'est ainsi que la plupart des entreprises sont familiales ainsi que des sociétés à responsabilité limitée dont les membres de la famille sont des associés (enfants du patron, frères, soeurs, ...).

Quant aux commerçants qui refusent leurs frères et soeurs, mère et père (bref, les membres de sa famille), ils n'évoluent pas normalement.

3.3. FORMES DE SOLIDARITE EN VILLE DE BUTEMBO

En remontant dans l'histoire de la culture nande, un peuple qui habite en majorité dans la ville de Butembo, on se rend compte que l'apparition de solidarité ou de mutuelle n'est pas un récit fictif. Comme le dit Jean Pierre Olivier de SARDAN78(*), « les sociétés paysannes ont toutes une histoire de l'animation rurale, de la vulgarisation agricole des coopératives, du parti unique, des micro-projets, des macro-projets, des groupements des producteurs, de la création des mutuelles, associations de ressortissants, etc. ».

En Afrique, il existe beaucoup d'expressions populaires qui révèlent que, face aux difficultés de la vie, l'individu seul .est bien faible, mais qu'en s'engageant dans une forme de coopération, il devient puissant pour les affronter. On connaît par exemple les difficultés de construction des habitats ; ces travaux ne se réalisent qu'en groupe de travail solidaire, véritable association dont le but est d'aider, à tour de rôle, les membres de la famille ou des communautés79(*).

Pour ce qui concerne la R.D. Congo et plus précisément la ville de Butembo, habitée en majorité par les Nande, on peut distinguer les formes des solidarités ou mutuelles traditionnelles et modernes.

3.3.1. Les formes des solidarités, mutuelles traditionnelles80(*)

Avant la colonisation, il existait déjà des mutuelles (solidarités) primitives : c'est au cours de cette période qu'on peut énumérer certaines pratiques qui ont existé chez le peuple NANDE.

- Le Kirimba et le Lusumba sont des solidarités dont l'origine est la pratique de regroupements des jeunes en initiation à la vie communautaire.

La première pratique était appropriée aux filles, alors que la seconde était un rite d'initiation des jeunes garçons. Au départ, cette initiation renforçait les liens de solidarité, car grâce à elle, l'individu sortait de la lignée familiale pour créer d'autres liens avec les jeunes de sa génération. Elle s'est transformée aujourd'hui en ressource monétaire et non monétaire. Dans le cadre de la solidarité, la pratique va ainsi se transposer même chez les garçons. On rencontre actuellement les mêmes types de tontine, les Kirimba. Il s'agit d'une association ou encore mieux une mutuelle de solidarité basée sur les affinités et sur la confiance entre les membres du groupe. Les membres s'entraident et s'octroient des crédits mutuels, tour de rôle.

- Le Kirimba ou Kirimya est une pratique d'exécution de grands et lourds travaux champêtres ainsi que de construction observée encore aujourd'hui en milieu rural. Ces travaux se font en commun, à tour de rôle, entre les membres qui ont souscrit à la même pratique. Cette pratique présente l'avantage également de renforcer les liens entre les membres du groupe. Cependant, elle recèle également des limites. En effet, c'est une mutuelle ou firme de solidarité souvent ouverte à tous sans précisions sur le nombre et la qualité des membres qui la composent. L'expérience démontre que lorsque le nombre augmente, la mutuelle devient inefficace pour satisfaire tous les membres dans la satisfaction des membres. Sur le plan agricole, par exemple, étant donné que le groupe consacre toute la journée à travailler dans un seul champ d'un membre, plus on est nombreux, plus il va falloir des jours pour boucler le cercle alors que le calendrier agricole a aussi ses exigences. Par ailleurs, l'homme étant un facteur de production avec des moyens et capacités limités (sa force est limitée), il n'est pas sûr de cultiver de cultiver toutes de manière identique les étendues des champs tour à tour.

Du point de vue météorologique, les membres sont obligés d'obéir aux aléas du climat. Quand il pleut, le travail doit être interrompu. Une autre limite qui peut être évoqué est l'acheminement d'un membre (malade ou autres) qui bouleverse énormément le calendrier des travaux. Bien entendu, les membres peuvent prendre des compromis pour éviter ces désagréments. Malheureusement, ces compromis n'ont pas souvent des bases solides.

- Le KIGHONA ou grainier en français a été dans le temps une pratique par laquelle la communauté constitue une banque agricole de la récolte obtenue dans le but d'utiliser la quantité collectionnée à des fins circonstancielles, mariage, deuil, disette, prévoyance de semence81(*).

La Banque Agricole est souvent constituée des céréales.

- Le O'VURUMA et le O'VUTSURA sont de véritables associations des consommateurs. Les membres s'offrent tour à tour de la bière ou autre chose suivant une périodicité et un rythme de verre en fonction des participants. Ces deux types des mutuelles de solidarité se composent des membres « fondateurs » et « non-fondateurs ». Les membres fondateurs peuvent inviter un ami (appelé omuhekwa) et lui offrir sa part pendant la consommation et ce dernier n'est pas automatiquement redevable étant donné qu'il n'a pas qualité. Ces pratiques témoignent des formes traditionnelles de mutuelle et solidarité. C'est pour cette raison que Christian KAPARAY di « l'exécution commune et à tour de rôle des travaux.... Constitue une des formes primitives de la coopérative »82(*)

Dans l'analyse de KAKULE MUWIRI et KAMBALUME KAHINDO83(*), on a constaté que la conception de l'association chez les NANDE part du principe que l'individu est au service non seulement de la communauté parentale mais aussi au service de la communauté tout entière. La communauté parentale est celle ou existe le lien de consanguinité. Dès lors, les membres ou individus qui la composent vivent sous la même loi, celle de la prohibition des rapports sexuels. La communauté villageoise, comporte nécessairement deux dimensions sociales. Cette caractéristique lui confère un double statut ; il est membre d'un groupe familial qui la détermine et en même temps membre ou citoyen de l'entité politico-administrative où il habite.

Le premier statut le présente comme membre d'une mutuelle, communauté familiale donnée et le second comme membre d'une mutuelle, communauté de territoire.

Chaque adulte suivant les obligations liées à son sexe, est tenu de prendre part au combat, aux rites agraires et aux travaux collectifs. Il est convié à assister aux séances de la justice (palabre traditionnelle) surtout si un membre de la communauté est concerné.

Il doit aussi prendre activement part aux activités nécessaires lors de la célébration d'un mariage du membre Kyaghanda.

En outre, au niveau des activités d'entraide, un individu ou membre de la communauté bénéficie du concours des autres, notamment dans le Kyaghanda familial : c'est un objectif culturel qui donne de sérieux indices d'être un support de sa vision sociale de la famille.

Avant d'épiloguer sur ses caractéristiques qui donnent à croire qu'il est chez les Nande le support de cette autre vision, il convient d'abord de présenter le Kyaghanda de façon générale, afin de mieux distinguer celui qui est dit « familial ».

Il existe chez les Nande cinq types de maisons de forme circulaire, à deux entrées opposées et sans portes, réservées aux seuls hommes. Pour toutes ces maisons, on s'y repose, on échange, on mange, on fume et on y boit de la bière traditionnelle. Mais leurs différences résident notamment dans leurs caractères (sacré ou non sacré), la qualité des personnes conviées à les fréquenter ainsi que leurs fonctions. Chacune de ces « maisons » est appelée Kyaghanda. Il en existe pour la communauté du village, pour le chef politique, pour certains groupes familiaux ou lignées, pour les pourvoyeurs de nourritures et pour l'individu si les quatre personnes ont un caractère sacré. Néanmoins, ils diffèrent également sur beaucoup de points qui soulignent leurs spécificités

Le Kyaghanda familial, objet, institution

Comme le Kyaghanda qui nous intéresse est celui qui est attribué à un groupe familial ou lignée, nous voulons déjà, à présent, en résumer les caractéristiques qui ressortirent dans sa présentation.

Le Kyaghanda familial est une « maison » attribuée à un groupe familial, plus exactement à une lignée déterminée. Cette maison répond aux caractéristiques suivantes :

- Elle est une maison obligée, c'est-à-dire, une maison dont la construction tient d'une obligation.

- Son emplacement est révélé

- Le matériau est obligé

- La durée de construction est soumise à un délai.

- La conduite des travaux est soumise à un rite

- Les personnes habilitées à le fréquenter sont les hommes de la lignée, les membres de la communauté villageoise, des personnes connues et inconnues

- Ses fonctions : se reposer, échanger, manger, boire, s'abriter, fumer, conduire certains rites.

- Elle est sacrée car sujette à certains interdits tels que :

Ne pas s'y disputer, ne pas y échanger des paroles aigre-douces, ne pas s'y livrer à des injures où à des bagarres, ne pas y trancher des palabres, ne pas y pisser.

Les femmes n'y sont pas acceptées à cause des même raisons qui font qu'on doit périodiquement les oublier : les règles en dehors de ces moments, elles y entrent pour y chercher du feu à la cuisine, y apporter de la nourriture, saluer les visiteurs. Les tout petits enfants n'y sont pas également acceptés pour leur épargner les désagréments liés au fait d'y pisser.

La consommation de la viande de porc et du poisson frais y est interdite. Pour les fumeurs, il est contre-indiqué d'y sécher au feu les feuilles vertes du tabac fraîchement cueillies, on ne peut y prendre comme boisson que de la boisson traditionnelle, en respectant certaines conditions.

Le Kyaghanda familial est un objet culturel du fait qu'il « in-firme » le comportement des membres du groupe culturel. Il est en même temps un objet, institution puisqu'il s'impose dans l'existence de la lignée à travers les âges.

Après l'exposé sommaire de ces caractéristiques, nous allons à présent passer à sa description. C'est cette description bien menée qui pourra mettre à découvert les indices révélateurs de la vision familiale que nous cherchons à appréhender.

Origine et Objet

Le Kyaghanda familial date des premiers ancêtres, Sokulu NGURU ; il leur fut révélé par les envoyés de l'Etre suprême, avalindi ou avalemberi les Esprits tutélaires, comme lieu de rencontre ovuvananiro. Il est le lieu de rencontre entre les êtres surnaturels et les hommes, entre les membres du groupe familial, et entre ces derniers et les autres indistinctement.

Ce substantif ovuvananiro, mot dérivé, comporte une connotation révélatrice que ne rend malheureusement pas le terme « rencontre ». Aussi pour mieux faire ressortir son sens, nous allons confronter le sens du verbe erivanana d'où il dérive avec les sens des trois autres verbes impliqués dans le même champ lexical, celui de la « rencontre ».

Voici ces verbes :

- erivandana : se rencontrer de façon fortuite.

- erihindana : se rencontrer de façon fortuite, se retrouver au lieu de rendez-vous.

- erisungana : se rencontrer délibérément avec des intentions pacifiques.

Ainsi, cette rencontre implique-t-elle deux choses : une action délibérée et ensuite une action mue par des intentions pacifiques. A la lumière de ces données, cet endroit se veut-il être un « lieu de rencontre délibéré entre les personnes aux intentions pacifiques », entre les êtres surnaturels et les naturels, entre les membres du groupe familial et les autres indistinctement.

Le Kyaghanda familial appartient d'abord à l'Etre Suprême Nyamuhanga, car c'est lui qui décida de son institution. Dans sa volonté de subvenir aux besoins des hommes, il confia aux ancêtres de certaines familles, des missions à accomplir en faveur de la nourriture. C'est à ces ancêtres choisis qu'il fut révélé d'ériger des Vyaghanda, lieux de rencontre, les tâches liées à ces missions étant héréditaires, c'est pourquoi certaines familles ont des rites à accomplir au bénéfice de la communauté et possèdent des Vyaghanda familiaux.

Bref sur le Kyaghanda ; il est un lieu de communication totale et lieu de rencontre entre les descendants d'un même ancêtre paternel.

Il reste le lieu où les familiaux se retrouvent plus facilement pour échanger sur la marche du groupe de la famille.

Enfin, voici d'autres pratiques traditionnelles qui montrent les vrais lienx de solidarité dans les anciens temps chez les Nande. On peut citer ici :

- Le pacte de sang : le pacte de sang rend unifie les contractants. Ceux-ci deviennent non comme des frères mais comme une seule personne. Leurs rapports sont soumis à des interdits : par exemple ne pas médire du mal de l'autre, ne pas le courtiser. Le pacte ne peut se pratiquer qu'entre les membres des groupes non apparentés ;

- L'union matrimoniale sans contraintes d'appartenance ou de rang social. Se considèrent comme « un », les groupes familiaux unis par des alliances matrimoniales ;

- Culture de la communauté villageoise : appartenance de l'individu d'abord à la communauté villageoise, organisation des travaux et des loisirs par sexe et classe d'âges, participation obligatoire à certains travaux et événements importants survenus dans la vie d'un membre de la communauté villageoise, vengeance collective, climat familial exigé de tous ;

- Différents types d'échanges : il existe certains types d'échange qui stimulent l'esprit de camaraderie, de vraie solidarité, en invitant les gens qui s'y engagent à faire preuve de loyauté. Il s'agit de :

- Erihukulirana : s'échanger de la nourriture qu'on a préparé : les mères de famille qui ont eu à apprêter assez tôt le repas familial du soir en apportent aux autres familles voisines. Les bénéficiaires se font le devoir de ne pas retourner les récipients vides.

- Eriheker'embene : « transporter pour une chèvre » pratique consistant à apporter à une famille de son choix une quantité réglementaire de paniers de vivres ou de calebasses de bière. A la fin de l'opération, le bénéficiaire donne en contrepartie une chèvre.

- Erikokya avagheni : « accueillir des hôtes » : tous les amis et voisins du visité participent à la réception des hôtes. Ils s'entretiennent avec ceux-ci et leur apportent de la nourriture.

- Erilira'haghuma : « manger ensemble » : les hommes du village prennent leur repas ensemble dans le « Kyaghanda » du village. Certains soirs, les enfants du village, au rythme de leur chanson : « ebengele », passent de porte à porte pour recueillir de la nourriture. Ils se la partagent à la fin du jeu.

- Eriyawanako : « apporter les uns aux autres du réconfort moral » : toute famille éprouvée reçoit le réconfort moral de la part de la communauté. A cette occasion elle reçoit un soutien matériel en bois de chauffage, nourriture et en animaux. Il y a en plus, pour le village, suspension de tous les travaux lourds et champêtres pour deux jours.

- Eriyalembera : « rendre visite au nouveau-né » : tout nouveau-né est objet de sollicitude de la part de la communauté. Lui rendre visite est un devoir social. A l'occasion, sa mère a droit à des congratulations, appuyées des dons. L'annonce de la naissance du nouveau-né à ses grand-parents maternels de même que leurs visites obéissent à un cérémonial couvert par ces deux verbes : « eriyaghembya » et « erisumbukya ».

- Eriyaghembya : « annoncer aux beaux-parents la naissance du nouveau-né » : l'annonce se fait en apportant un cadeau aux grand-parents maternels de l'enfant. A cette occasion, ceux-ci se font couper quelques touffes de cheveux dans la partie frontale. C'est cet acte de couper les cheveux que traduit le sens étymologique du verbe, car il signifie « aller faire couper les cheveux ».

- Erisumbukya : « rendre visite au nouveau-né ». Après l'annonce ritualisée de la naissance du bébé, sa grand-mère maternelle lui rend alors visite. Le cadeau offert au grand-parent maternel est la condition pour celui-ci de bercer le bébé.

- Eriya mbululi : « aller à la quête des informations ». Aller s'enquérir de nouvelles sur les événements malheureux survenus chez les autres. Le mot mbululi vient du verbe erivalinya qui veut dire « demander des informations au sujet de ».

- Eritwala o'ghundi : « accompagner l'autre » : lorsqu'un membre du village est convoqué ou se déplace pour une affaire d'une certaine importance sociale, il est toujours accompagné de quelques personnes (=des hommes surtout) qui seront témoins de ce qui se passera.

Après ces formes de la solidarité dans la tradition, on peut dire un mot sur les formes de la solidarité moderne.

3.3.2. Les formes des solidarités, mutuelle moderne

Actuellement la solidarité revêt plusieurs formes : il peut s'agir d'organisations non gouvernementales, des coopératives, des sectes, des églises, des institutions de formation et d'éducation, des organisations d'épargne et de prêt formel et informel, des fédérations associatives, des associations confessionnelles, des mutualités des jeunes, des vieux, des femmes, des mutualités des ressortissants, des mutualités des familles,... Cette situation montre la diversité des formes modernes des solidarités.

3.4. MOTIFS DE LA CREATION DES MUTUELLES FAMILIALES

Cette section va nous permettre de connaître les motifs ou les raisons qui poussent la population de Butembo de se réunir chaque fois en famille.

Ainsi, à la question de savoir quels sont les mobiles qui motivent les réunions familiales, nous pouvons dresser le tableau ci-dessous :

Tableau 16 : Motifs de la création des mutuelles familiales

Motifs

Effectifs

Pourcentages

Insuffisance ou manque des capitaux

10

10

Gestion des conflits ou querelles familiaux

20

20

Renforcement de la cohésion familiale

40

40

Lutte contre l'inceste

10

10

Entraide

20

20

Total

100

100

Source : Nos enquêtes.

Nous constatons que les familles de Butembo recourent ou créent des mutuelles familiales pour plusieurs raisons dont l'insuffisance des capitaux (10% des enquêtés), la gestion des conflits ou des querelles interfamiliales (20%), le renforcement de la cohésion familiale (40%), la lutte contre l'inceste (10%) et l'entraide (20%).

Il est opportun d'analyser chaque élément pour connaître son contenu.

3.4.1. Insuffisances ou manque des capitaux

Certaines familles ont comme mobile, de combler les insuffisances des moyens financiers de leurs membres. Un membre de famille qui a besoin de financement peut solliciter des fonds et demander des conseils aux plus expérimentés dans un domaine quelconque et une capacité de financement pour démarrer une activité économique. La famille devient alors une source de financement et de création de nouvelles entreprises ou activités.

Notons que ces prêts familiaux sont parfois non remboursables (dons ou aides) et s'ils doivent être payés, ils ne tiennent pas compte des intérêts. La garantie n'est pas exigée car les membres de famille sont des témoins attitrés.

3.4.2. Gestion des conflits

Les réunions familiales sont un lieu privilégié et approprié pour gérer les conflits entre les membres de famille.

Rappelons que là où il y a des hommes, il y a aussi des problèmes dit-on. Ainsi, les différends qui opposent certains (quelques) membres de famille sont réglés à l'amiable dans la famille, au lieu de les porter au tribunal devant le juge car traîner deux personnes de la même famille devant un tribunal est une surprise puisque des solutions intermédiaires selon les enquêtés existent et ne demandent pas trop de fonds mis à part quelques biens en nature (poule, chèvre) qui sont remis par les deux protagonistes.

3.4.3. Renforcement de la cohésion familiale

« L'union fait la force », dit-on. Telle est la devise de certaines familles. Au lieu de s'isoler dans les affaires ou de résoudre seul ses problèmes, il est important de s'unir pour trouver ensemble des solutions durables.

Ce qu'ARISTOTE, dans sa politique, nous a dit : « il est difficile de s'imaginer un solitaire heureux, car l'homme est un être inachevé. Il est contraint de s'associer aux autres pour sa pleine réalisation »84(*).

La cohésion familiale facilite plusieurs choses que ne saurait réaliser un individu seul. Ainsi, en cas de deuil, mariage, dot, baptême,...il n'est pas étonnant de voir les membres de la famille donner leur contribution pour la circonstance.

Selon d'autres, les réunions familiales permettent d'établir un équilibre entre les riches et les pauvres d'une même famille. Tous ont la chance de se réunir et ainsi parler un même langage sans tabou, sans tenir compte de la fortune de chacun.

3.4.4. Lutte contre l'inceste

L'inceste est le fait que des frères et soeurs d'une même famille se marient, chose qui est contre la morale et même considérée comme un péché grave.

Pour lutter contre ce problème, on cherche à réunir tous les membres de la famille pour qu'ils se connaissent et ainsi éviter de se marier.

Pendant les réunions familiales il existe toujours une étape de présentation où tous les membres de la famille s'identifient. Ainsi, on diminue les risques d'inceste ou de bagarre faveur de la solution fraternelle ou amicale qui, dans notre société est un signe et un grand symbole des bonnes relations.

Les réunions familiales permettent de conserver l'idéologie de la famille.

3.4.5. L'entraide mutuelle

L'entraide est aussi un des motifs qui pousse les gens à se réunir en famille. Notons que cette entraide peut être financière, matérielle ou morale selon le cas. Elle intervient surtout lors de différentes cérémonies telles que le deuil, le mariage, la maladie, scolarisation des enfants d'un familier et tant d'autres.

Voilà en bref les différents motifs qui poussent la population de Butembo à créer des mutuelles familiales. C'est ainsi que la cohésion familiale, l'entraide et la gestion des conflits sont les principaux motifs d'entraide d'après 80% des déclarations de nos enquêtés.

Ces différents motifs constituent les fondements de la création et de la pérennité des mutualités familiales. Ces motifs peuvent être regroupés en ordre économique, social, culturel.

a) Les motifs ou facteurs économiques

- la recherche des capitaux ;

- la recherche d'emploi

b) Les motifs ou facteurs sociaux

- le renforcement de la cohésion familiale ;

- l'entraide mutuelle (conseils, ...) ;

- éviter l'exclusion sociale ;

- la gestion des conflits ;

- etc.

c) Les motifs culturels

- Conserver l'idéologie de la famille ;

- Lutter contre l'inceste.

Après l'analyse des motifs de création des mutuelles familiales maintenant nous analysons les avantages et inconvénients de la solidarité familiale.

3.5. AVANTAGES ET INCONVENIENTS DE LA SOLIDARITE FAMILIALE.

La solidarité bien que créée pour des motifs qui sont pertinents comporte aussi des avantages et des inconvénients.

3.5.1. Avantages de la solidarité familiale

Les différents avantages que nos enquêtés tirent de leurs réunions familiales sont décrits dans le tableau ci-dessous :

Tableau 17: Avantages de la solidarité familiale

Avantages

Effectifs

Pourcentages

Entraide

40

40

Sources de financement

20

20

Sécurité morale

10

10

Source d'emploi

30

30

Total

100

100

Source : Nos enquêtes.

Il ressort de ce tableau que l'entraide, les sources de financement, la sécurité morale, l'emploi constituent quelques avantages dont profitent les membres des mutuelles familiales.

- Concernant l'entraide, nous avons signalé que celle-ci est importante lors de différents sinistres comme : le décès d'un membre de la famille, la maladie,...et d'événements prévus tels que la dot, le mariage, la scolarisation des enfants... bref, des circonstances heureuses ou malheureuses. Elle est soit financière morale, matérielle, ou alors le tout à la fois.

- De même, les mutuelles constituent une source de financement pour leurs membres (20% des enquêtés) surtout, comme nous l'avons déjà expliqué, avec les travaux collectifs pour lancer une entreprise lucrative, etc.

- Pour ce qui est de la sécurité morale, le membre de la mutuelle de la famille se sent en toute sécurité parce qu'il est confiant en cette solidarité et en cas de problèmes, ses droits à l'appartenance au groupe seront respectés et il sera moralement bien assisté. Exemple en cas de deuil, les différentes charges sont partagées entre les membres de la mutuelle pendant que le plus concerné reste assis à la maison pour recevoir les doléances diverses.

- Enfin, les mutuelles familiales sont sources d'emplois pour les membres car on trouve normal de donner du travail à quelqu'un de la famille avec qui on se réunit chaque jour avec qui on entretien certains liens estiment 30% des enquêtés.

Nous voyons donc que les mutuelles familiales ou mieux la solidarité familiale a des avantages pour les membres.

Qu'en est-il des désavantages.

3.5.2. Inconvénients de la solidarité familiale

Les mutuelles familiales ont aussi des inconvénients. C'est ainsi que nos enquêtés ont enregistré comme inconvénients ce qui suit :

Tableau 18 : Inconvénients de la solidarité familiale

Inconvénients

Effectifs

Pourcentages

Frustrations de ceux qui n'ont assez de revenus pour des contributions régulières

40

40

Surcharges des budgets familiaux

60

60

Total

100

100

Source : Nos enquêtes.

- Au vu de ce tableau, nous constatons que dans les mutuelles familiales, 40% des membres sont frustrés du fait qu'ils n'ont pas suffisamment de moyens pour s'acquitter régulièrement de leurs cotisations.

- Ainsi 60% des effectifs enquêtés estiment que les mutuelles familiales constituent une source des dépenses supplémentaires. Mises à part les charges de sa famille restreinte, le membre a l'obligation d'apporter sa quote part pour seconder la famille élargie, en lieu et place des indigents ; ainsi les contributions régulières et irrégulières ont une incidence certaine sur les revenus des membres aisés.

3.6. CONCLUSION DU CHAPITRE

Ce troisième chapitre a tourné autour de l'analyse de la solidarité familiale face au développement économique en ville de Butembo. Il comporte cinq sections dont la première tourne autour d'une brève description de l'échantillon en décrivant leurs modalités, âge, sexe, profession et en soulevant différentes possibilités, effectifs, pourcentages.

La deuxième section quant à elle, présente la contribution de la solidarité familiale au développement des activités économiques.

La troisième section traite des formes de solidarité plus développées dans son aspect de « mutuelles traditionnelles » qui a un impact dans les familles et spécialement dans le développement de la ville de Butembo depuis son origine, alors que la vision de « mutuelle moderne » n'est qu'une affaire, de différentes solidarités contemporaines à cette période de mondialisation.

La quatrième section nous a plongé dans les mobiles de la création des mutuelles familiales, bases incontestables des solidarités légendaires du munande lors des sinistres ou des événements heureux et de sa sociabilité envers les autres.

Enfin la cinquième section qui termine ce chapitre effleure les avantages et désavantages ou inconvénients de cette solidarité familiale en appuyant l'adage qui stipule que « toute oeuvre humaine n'est jamais parfaite en elle-même car elle contient des imperfections à purifier ».

CONCLUSION GENERALE

Nous voici au terme de notre travail de mémoire dont le thème est : « la solidarité, famille, développement socio-économique en ville de Butembo ».

L'objectif principal était de déterminer les facteurs de la dynamique de la solidarité familiale en ville de Butembo, de voir s'il existe une interaction entre cette solidarité et le développement des activités économiques et d'analyser les facteurs explicatifs de la dynamique des mutualités.

Nous avons donc analysé les relations probables entre la solidarité familiale, le développement socio-économique en ville de Butembo dont les motivations d'ordre économique et socio-culturel seraient à la base de cette dynamique de solidarité familiale.

Après avoir récolté, analysé et traité statistiquement nos données, nous les avons interprétées et avons constaté que des liens énormes et importants existent effectivement entre la solidarité et l'économie en ville de Butembo

Concernant les formes de solidarité, base également de l'économie de Butembo, nous avons distingué les formes traditionnelles qui ont plus le développement du commerce dans cette ville et des formes modernes de solidarité venues tardivement.

Nous avons démontré également que pendant la dernière année, les mutualités familiales ont assisté financièrement des activités socio-culturelles dans la ville de Butembo.

La plupart de ces avantages reconnues aux membres des mutualités notamment l'accès aux sources de financement, de la sécurité morale, la cohésion familiale, ...constituent les facteurs explicatifs des réunions familiales, malgré certains inconvénients dus à la frustration de ceux qui n'ont pas assez de revenu pour s'acquitter de leurs contributions..

Le constat global de notre étude a été tel la solidarité est un moyen important pour la microéconomie familiale, malgré une gestion non soutenue par les documents écrits dans la plupart de mutualités familiales.

Eu égard à tout ce qui précède, nous suggérons :

- Une gestion soutenue par les documents écrits (statuts, R.O.I., ...) pour éviter l'arbitraire ; et que l'argent soit gardé à la banque pour plus de sécurité ;

- L'encouragement de toutes afin de créer des mutualités familiales pour sauvegarder la solidarité, une valeur africaine ; et que tous les membres respectent leur engagement.

- Nous suggérons aussi que les familles riches ne se limitent pas seulement à aider leurs co-frères. Pour former une forte solidarité, il faut qu'ils aident d'autres familles pauvres, par exemple sélectionner les enfants qui sont très intelligents pour les faire étudier à l'étranger dans le but de développer notre milieu en particulier et notre pays en général.

Enfin, nous pensons qu'une réflexion et des investigations portant sur la formalisation de la solidarité familiale aideront à rendre cette « vertu » à être plus porteuse du développement socio-économique à Butembo et en Afrique.

BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES

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SITE INTERNET

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REVUES

Enticelle, Revue, N°11, février 2004.

Revue philosophique, 90, 1921.

Parcours et initiatives, Revue, 2006.

Mouvement Solidarité Français

THESES

KAKULE KAPARY Christian, Finance populaire et Développement durable en Afrique au Sud du Sahara, application à la région Nord-Est de la R.D.C., thèse de doctorat en Sciences Sociales : Développement, Population et Environnement, UCL, PI CIACO, Louvain-La-Neuve, 2006.

KAMBALE MIREMBE, O., Echanges transnationaux, réseau informel et développement local, Ed. Harmattan, Bruxelles, 2005.

TFC & MEMOIRES

KAMBALUME, K., Histoire du centre ville de Butembo, 1949-1958, mémoire, Lubumbashi, 1972-1973.

KANZA MASIKA, L'industrie et son rôle dans le Développement socio-économique de Butembo, TFC, UCG Butembo, 1993-1994.

MUSONGORA SYASAKA, E., (2007-2008), Mouvement associatif et dynamique de développement au Nord-Kivu. Cas des associations de tendance religieuses en territoire de Beni-Lubero, UCL.

MWAKA TSHOBO, Réflexion sur la notion de la solidarité africaine : Théorie et pratique, mémoire de licence en relations internationales, Lubumbashi, UNAZA, 1979.

COURS

MAFIKIRI TSONGO, A., Syllabus d'économie d'environnement, inédit, L2 Economie de Développement et Economie rurale, U.C.G.-Butembo, 2008-2009.

KAMBALUME KAHINDO, Cours de démographie, G2 UCG, Butembo, Année Académique 2005-2006.

MATUMO, J.B., Economie de Développement et Planification de développement, cours inédit, U.C.G.-Butembo, 2008-2009.

DICTIONNAIRES

DREMOND et alii, Dictionnaire économique et social.

La Rousse universel 2.

AUTRES DOCUMENTS

Archive du code civil Français.

Archives de la zone de santé de Butembo.

Archives de la zone de santé de KATWA.

Banque Mondiale, Qualité de la connaissance, Bruxelles, De Boeck, Université, 2002.

Décret du 9 décembre 1925 au Congo Belge.

Etat civil de Butembo, 2005, 2006, 2007, 2008.

Rapport de District Sanitaire de Butembo.

CONFERENCES, ENTRETIENS ET DISCOURS

Conférence Episcopale du Congo (Zaïre), fonctions et tâches de la famille chrétienne dans le monde contemporain, contribution des Evêques, Kinshasa, secret, Gen de la CEZ, 1984.

Entretien à Butembo avec des grands commerçants de Butembo.

Entretien à Butembo avec Mzee TSONGO.

Entretien a Butembo en juillet avec les grands commerçants

MALLOUM, F., Discours à l'occasion du XV è anniversaire de l'O.U.A., Khartoum, 1978.

LISTE DES TABLEAUX

Tableau N° 1 : Tableau récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo en 2005 44

Tableau 2 : Tableau récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo en 2006 44

Tableau N° 3 : Tableau récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo en 2007 45

Tableau N° 4 : Tableau récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo en 2008 45

Tableau N° 5 : Taux d'accroissement de la population de Butembo 45

Tableau N° 6 : Profil des chefs des familles enquêtées 59

Tableau 7 : Profil des membres des familles 60

Tableau N° 8 : Profil des commerçants enquêtés 60

Tableau N° 9 : Sources principales des fonds des mutuelles familiales 61

Tableau N° 10 : Fonds mobilisés mensuellement par les mutuelles (en moyenne) 62

Tableau 11 : Cotisations mensuelles 63

Tableau 12 : Activités d'autofinancements des familles. 64

Tableau 13 : Informations sur les affectations des ressources
des mutuelles
65

Tableau N° 14 : Informations sur la gestion des mutualités familiales. 66

Tableau 15 : Rôle de la famille dans le commerce 67

Tableau 16 : Motifs de la création des mutuelles familiales 79

Tableau 17: Avantages de la solidarité familiale 83

Tableau 18 : Inconvénients de la solidarité familiale 84

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE i

DEDICACE ii

SIGLES ET ABREVIATIONS iii

REMERCIEMENTS iv

INTRODUCTION 1

1. PROBLEMATIQUE 1

2. HYPOTHESES DU TRAVAIL 2

3. CHOIX ET INTERET DU SUJET 3

4. METHODE ET TECHNIQUE UTILISEES 3

4.1. Méthodes 3

4.2. Les techniques 4

5. DELIMITATION DU SUJET 5

6. SUBDIVISION DU TRAVAIL 5

7. DIFFICULTES RENCONTREES 5

Chapitre premier : APPROCHES CONCEPTUELLES 6

I.1. AUTOUR DU MOT SOLIDARITE 6

1.a. Définition 6

1.b. Notion juridique du terme 8

1.c. La solidarité sociale. 8

1.d. Historique de l'analyse sociologique du terme 9

1.d.1. Utilisation politique du terme. 10

I.1.e. La solidarité africaine 11

I.1.f. Des cadres d'expression de la solidarité Africaine 14

I.1.e. Notion sur le solidarisme 16

I.1.g. La philosophie solidariste 17

I.1.h. L'impact du solidarisme sur la mutualité 18

I.1.i. Le solidarisme d'extrême droite 19

I.2. AUTOUR DU MOT FAMILLE 19

I.2.1. Sociologie de la famille 20

I.2.2. Définition de la famille 21

I.2.3. Famille comme système 23

I.2.4. Famille et ménage. 23

I.2.5. La filiation 24

I.2.6. Parenté 26

I.2.7 Le mariage 27

I.3. AUTOUR DU MOT DEVELOPPEMENT 33

I.3.1. Développement économique 37

I.3.2. Développement social 38

I.3.3. Développement durable 38

I.3.4. Les acteurs du développement 39

I.4. CONCLUSION DU CHAPITRE 40

Chapitre deuxième PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE ET LES LIENS THEORIQUES ENTRE LA SOLIDARITE ET LE DEVELOPPEMENT 41

II.1. PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE 41

II.1.1. Aperçu historique de la ville de Butembo 41

II.1.2. Situation géographique 42

II.1.3. Situation démographique 43

II.1.4. Milieu socio-économique 46

II.2. LA SOLIDARITE COMME MODE DE DEVELOPPEMENT 51

II.2.1. La solidarité comme mode de communication 54

II.2.2. La solidarité comme mode de protection et de gestion 54

II.2.3. Comment amener un redressement national? 55

II.3. CONCLUSION DU CHAPITRE 58

Chapitre troisième ANALYSE DE LA SOLIDARITE FAMILIALE FACE AU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE EN VILLE DE BUTEMBO 59

3.1. BREVE DESCRIPTION DE L'ECHANTILLON 59

3.2. CONTRIBUTION DE LA SOLIDARITE FAMILIALE AU DEVELOPPEMENT DES ACTIVITES ECONOMIQUES 61

3.1.1. Fonds mobilisés par différentes mutualités par mois 61

3.1.2. Solidarité et commerce en ville de Butembo. 67

3.3. FORMES DE SOLIDARITE EN VILLE DE BUTEMBO 70

3.3.1. Les formes des solidarités, mutuelles traditionnelles 71

3.3.2. Les formes des solidarités, mutuelle moderne 78

3.4. MOTIFS DE LA CREATION DES MUTUELLES FAMILIALES 79

3.4.1. Insuffisances ou manque des capitaux 79

3.4.2. Gestion des conflits 80

3.4.3. Renforcement de la cohésion familiale 80

3.4.4. Lutte contre l'inceste 81

3.4.5. L'entraide mutuelle 81

3.5. AVANTAGES ET INCONVENIENTS DE LA SOLIDARITE FAMILIALE. 82

3.5.1. Avantages de la solidarité familiale 82

3.5.2. Inconvénients de la solidarité familiale 84

3.6. CONCLUSION DU CHAPITRE 84

CONCLUSION GENERALE 86

BIBLIOGRAPHIE 88

LISTE DES TABLEAUX 91

TABLE DES MATIERES 92

ANNEXE I

ANNEXE

I. Aux commerçants et aux membres des familles enquêtés

1. Pendant combien de temps exercez-vous l'activité commerciale ?

2. Les sources de financement sont-elles provenues de votre effort personnel ou de la famille ?

3. Au démarrage de vos activités votre famille vous :

a) encouragé

b) déconseillé

c) soutenu

4. Etes-vous membre d'une mutualité familiale ?

a) Oui

b) Non

5. La solidarité est-elle bénéfique ou un obstacle pour votre entreprise ?

6. Quel rôle attribuez-vous à votre famille dans vos activités ?

a) Client de l'entreprise

b) Financier

c) Contrainte à l'entreprise

7. Quels sont les inconvénients des réunions familiales ?

8. Quels sont les avantages des réunions familiales pour votre entreprise ?

9. Quels sont les motifs qui vous poussent à adhérer aux réunions familiales ?

10. En cas de deuil ou mariage dans votre famille, quelle est la contribution qui provient de votre entreprise ?

11. Pouvez-vous un jour abandonner votre mutuelle familiale ?

II. Aux chefs de familles

1. Avez-vous une mutualité familiale ?

2. Si oui, de combien des membres ?

3. Leurs professions ?

4. Leur contribution mensuelle ?

5. Combien avez-vous obtenu ?

6. Comment les avez-vous obtenus ?

7. Comment les avez-vous affectés ?

8. Quelles difficultés avez-vous ?

9. Avez-vous des documents écrits et un compte à la banque ?

* 1 Revue, Enticelle, N°11, février 2004, p 16.

* 2 PLATON, La République texte établi et traduit par E.CHAMBRY avec introduction de A. DIES, 3 vol., Paris, 1992-1994.

* 3 ARISTOTE, Politique, nouvelle tradition par J. TRICOT et alii, librairie philosophique, J. VRIN, Paris, 1982, p 29.

* 4 Idem.

* 5 PINTO et GRAWITZ, Méthode de recherche en science sociale, Paris, Dalloz, 1977, p. 508.

* 6 La Rousse universel 2.

* 7 BOUCLE, C., Notes sur les régimes chrétiens du solidarisme dans des métaphysiques et de morale, 1906.

* 8 MPASE MSELENGE MPETI, L'évolution de la solidarité traditionnelle en milieu rural et urbain au Zaïre, Kinshasa, PUZ, 1974.

* 9 Article 1200 (Archive) du code civil Français.

* 10 Idem.

* 11 CHARLES GIDE, La solidarité, 1932.

* 12 EMILE DURKHEIM, De la division du travail social, 1893.

* 13 Eléments par une généalogie du concept de solidarité (Archive), Bruno KARSENTI, in Futur antérieur n°41/42, 1997, La solidarité historique d'une idée Marie-CLAUDE, BLAIS, 2007, Gallimard.

* 14 EMIL DURKHEIM et alii, Op. cit.

* 15 J.C. de WILDE, Expérience de développement agricole en Afrique tropicale, Tendances Actuelles, Paris, 1968, p. 54.

* 16 M. DIA, Contribution à l'étude mouvement coopératif en Afrique, Paris, Présence Africaine, 1981, p. 5.

* 17. MWAKA TSHOBO, Réflexion sur la notion de la solidarité africaine : Théorie et pratique, mémoire de licence en relations internationales, UNAZA, Lubumbashi, 1979, p. 4.

* 18 MPASE, M.M., Op. cit., p. 25.

* 19 MULUMBATI NGASHA et alii, Systèmes politiques africains, Lubumbashi, Ed. Africa, 1984, p. 75.

* 20 Ibidem, p. 75.

* 21 C.YOUNG, Introduction à la politique congolaise, Kinshasa, Lubumbashi-Kisangani, Bruxelles, Ed. Universitaire du Congo, 1965.

* 22 MWAKA TSHOPO, Op. cit.

* 23 F. MALLOUM, Discours à l'occasion du XV è anniversaire de l'O.U.A., Khartoum, 1978.

* 24 MWAKA TSHOPO, Op. cit., cf. aussi G. CHALIAND, Lutte armée en Afrique, Paris,
Ed. F. Maspero, 1967, p. 133.

* 25 Léon Bourgeois, Fonder la solidarité de Serge Audier, Ed. Michalan.

* 26 Ce document provient de : « http://fr.wikipedia./wiki/solidarisme ».

* 27 Revue, Mouvement solidariste Français tiré dans le site http://fr.wikipedia, Op. cit.

* 28 Revu, Op.cit.

* 29 Conférence Episcopale du Congo (Zaïre), fonctions et tâches de la famille chrétienne dans le monde contemporain, contribution des Evêques, Kinshasa, secret, Gen de la CEZ, 1984, p. 11.

* 30 Ibidem, p. 12.

* 31 Conférence Episcopale du Congo (Zaïre), fonctions et tâches de la famille chrétienne dans le monde contemporain, contribution des Evêques, Kinshasa, secret, Gen de la CEZ, 1984, p. 11.

* 32 CLAUDE LEVI- STRAUSS, Textes de et sur Lévi-Strauss, Coll. Gallimard, Paris, 1979.

* 33 LEVIS-STRAUSS, Op. cit.

* 34 EMILE DURKHEIM (1892), «La famille conjugale», Extrait de la revu philosophique, 90, 1921, p. 2.

* 35 Dremond at alii, Dictionnaire économique et social.

* 36 BREMOND et alii, Op. cit.

* 37 GOUREVITCH, J.P., L'économie informelle. De la faillite de l'Etat à l'explosion des trafics, Les Prés aux clercs, 2002, p. 42.

* 38 THOYER, S. et TUBIANA, L., Art. cit., p. 155.

* 39 Idem, p.157.

* 40 BAILLY. A.S. et alii, Stratégies spatiales : comprendre et ma...l'espace, Montpellier, éd., GIP Reds, 1995, p. 80.

* 41 De SEQUEIRA CARVLHO. J.A., La dynamisation des initiatives locales. Une force synergique de développement, Paris, éd., L'Harmattan, Montrea/L'Harmarttan, Inc, 1997, p. 30.

* 42 SEN, A.K, Un nouveau modèle économique, Développement, justice, liberté, Traduction de l'anglais par MICHEL BESSIERES, éd. Oldile Jacob, Paris.

* 43 HUART, J.M., Croissance et Développement, Breal, 2003, p. 78.

* 44 KAMBALE MIREMBE, O., Echanges transnationaux, réseaux informels et Développement local, Ed, Harmattan, 2005, p. 81.

* 45 ENGELHARD, P., Op. cit., p. 28.

* 46 GALBRAITH, J. K., Pour une société meilleure, un programme pour l'humanité, Paris, éd, Seuil, 1997, p. 38.

* 47 Banque mondiale, Qualité de la connaissance, Bruxelles, De Boeck, Université, 2002, p. XVI.

* 48 BRUNEL, Le sous-développement, Paris, PUF, 1996, p. 14.

* 49 KAMBALE MIREMBE, O., Op. cit., p. 82.

* 50 KASONDWA, K., Cité par KANZA MASIKA, L'industrie et son rôle dans le Développement socio-économique de Butembo, TFC, UCG Butembo, 1993-1994, p.14.

* 51 KASONDWA, K., Cité par KANZA MASIKA, Op. cit., p.14.

* 52 F. PERROUX, Op. cit.

* 53 GOFFAUX, J., Problèmes de développement, CRP, Kinshasa, 1986, p. 132.

* 54 GOFFAUX, J., Op. cit., p. 180.

* 55 DJERE, T., Op. cit., p. 16.

* 56 MAFIKIRI TSONGO, A., Syllabus d'économie d'environnement, inédit, L2 Economie de Développement et Economie rurale, U.C.G.-Butembo, 2008-2009.

* 57 MATUMO, J.B., Economie de Développement et Planification de développement, cours inédit, U.C.G.-Butembo, 2008-2009, p. 65.

* 58 MAFIKI TSONGO, A., « Analyse du marché du développement dans les régions déshéritées de l'Afrique subsaharienne du Nord-Kivu (R.D.C.) » dans Parcours et initiatives, 2006, p. 12.

* 59 Rapport de District Sanitaire de Butembo.

* 60 KAMBALUME KAHINDO, Cours de démographie, inédit, G2 UCG, Butembo, 2005-2006.

* 61 Source : Etat civil de Butembo, 2005, 2006, 2007, 2008.

* 62 Source, zone de santé de Butembo.

* 63 Source, zone de santé de KATWA.

* 64 Cf. DIDIER, J.V., Biologie des passions, Odice Jacob/Seuil, Paris, 1986, p. 545.

* 65 FLEM, La vie quotidienne de Freud et des ses patients, Hachette, Paris, 1986, p. 59.

* 66 HOMERE, L'Iliade, chant XXII, cité par SOLLER, Ph., Théorie des exceptions, Gallimard, Paris, 1986, p. 9.

* 67 PISAR, S., La ressource humaine, Paris, Jean-claude Lattès, 1983, 379 p.

* 68 PISAR. S., Op. cit.

* 69 PISANI, E., La Main et l'outil, Le développement du tiers monde et l'Europe, Robert Laffont, Paris, 1984, p. 7.

* 70 FINKIELRAUTA, A., La sagesse de l'amour, Essal, Paris, Gallimard, 1984, p. 11.

* 71 LINDER, S.B. cité par OLSON M., Grandeur et décadence des nations, croissance économique stagflation et rigidités sociales, Bonnel, Paris, 1983.

* 72 BERIOT, L., L'invasion de l'espionnage économique à celui de la vie privée, Paris, ALBIN MICHEL, 1971, p. 17.

* 73 Cf. MONTENAY, Y. Cie, Le socialisme de tiers monde, ALBIN MICHEL, Paris, 1983, p. 295.

* 74 Cf. MONTENAY, Y. Cie, Op. cit.

* 75 Entretien du 14 juin 2009 à Butembo avec un des grands commerçants de Butembo.

* 76 Ibidem..

* 77 Entretien à Butembo avec Mzee TSONGO.

* 78 OLIVIER DE SARDAN, J.M., Anthropologie et Développement Essaie en Socio-anthropologie du changement social.

* 79 MONDJANAGNI, A., « Structures sociales et Développement rural participatif en Afrique » in Mondjanangi, A.C., Participation populaire ou développement en Afrique noire, Institut panafricaine pour le développement, APD-KARTHALA, Paris, 1984, pp. 21-22.

* 80 KAKULE MUWIRI et KAMBALUME KAHINDO, Identité culturelle dans la dynamique du développement, Academia, Bruyalant/Presses de l'Université, UCL, Louvain-La-Neuve, 2002, 332 p.

* 81 MUSONGORA SYASAKA, E., (2007-2008), Mouvement associatif et dynamique de développement au Nord-Kivu. Cas des associations de tendance religieuse en territoires de Beni-Lubero, UCL, Bruxelles.

* 82 KAKULE KAPARY, C., Finance populaire et Développement durable en Afrique au Sud du Sahara, application à la région Nord-Est de la R.D.C., thèse de doctorat en Sciences Sociales : Développement, Population et Environnement, UCL, PI CIACO, Louvain-La-Neuve, 2006.

* 83 KAMBALE MUWIRI et KAMBALUME KAHINDO, Identité culturelle dans la dynamique du Développement, Academia, Bruyalant/Presses de l'Université, UCL, Louvain-La-Neuve, 2002, p. 332.

* 84 ARISTOTE, Op. cit., p. 29.






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