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L'aide publique au développement et la lutte contre la pauvreté: cas de la Cote d'Ivoire

( Télécharger le fichier original )
par Mahomed KOEBA
Cocody Abidjan - DESS  2011
  

Disponible en mode multipage

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Ministère de l'enseignement supérieur République de Côte d'Ivoire

Et de la Recherche Scientifique ~~~~~~.

Union-Discipline-Travail.

Université de Cocody Abidjan

.~~~~~.

UFR SEG/CIRES

~~~~~

Programme GPE

L'AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT ET

LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE : CAS DE LA

COTE D'IVOIRE

HAUTES ETUDES EN GESTION DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE

Réalisé par: Sous la direction de :

KOEBA Mahomed -PR SEKA Pierre Roche

Auditeur GPE 11 Doyen UFR-SEG

-M. GNANMIEN Kadjo Directeur du Plan

Juillet 2010

THE AFRICAN CAPACITY
BULDING FOUNDATION

PROGRAMME DE FORMATION EN GESTION
DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE
BOULEVARD LATRILLE, PRES DU LYCEE CLASSIQUE
08 BP 1295 ABIDJAN 08,
Tél.22 48 62 12
FAX : 22 48 82 84

DEDICACE

A ma fille chérie KOEBA Chirine Hafida

REMERCIEMENTS

Aux termes de cette étude, nous tenons à adresser notre gratitude à la direction du programme GPE et à l'ensemble des formateurs du programme.

Nous remercions particulièrement :

+ Professeur SEKA Pierre Roche, l'encadreur du mémoire + Monsieur GNANMIEN Kadjo, le Directeur du Plan ;

+ Monsieur N'DRI Kouakou, le Sous Directeur du Plan + Et la communauté Burkinabé de la promotion GPE11.

iii

RESUME

Cette étude consiste à analyser l'effet de l'Aide Publique au Développement (APD) sur la pauvreté en Côte d'ivoire, au regard de la croissance de l'incidence de la pauvreté et la controverse qui entoure de nos jours cette forme de financement de l'économie ivoirienne.

L'analyse descriptive a montré que l'aide publique au développement de la Côte d'ivoire a eu plusieurs composantes et plusieurs sources, mais elle a connu une baisse considérable suite à la crise sociopolitique que connaît le pays depuis septembre 2002. Cette situation n'a pas permis certainement jà l'APD d'atteindre le volume escompté par les autorités et nécessaire pour assurer une croissance, même si en 2009 l'on a constaté son augmentation. Par ailleurs, l'analyse descriptive révèle que la pauvreté depuis 1993 n'a fait que s'aggraver. Elle est passée de 18,6% de la population à 48,9% en 2008, soit un ivoirien sur deux est frappé par la pauvreté en 2008.

L'analyse économétrique a été utilisée pour apprécier l'effet de l'APD sur la réduction de la pauvreté. Pour ce faire, il a été mis en relation, l'APD et l'indice de développement (IDH). Cette analyse économétrique a consisté à faire un certain nombre de tests économétriques, notamment l'estimation d'un modèle VAR, l'analyse impulsionnelle, la décomposition de la variance, les tests sur les résidus. A l'issue des tests économétriques appliqués au cas ivoirien, les résultats suivants on été obtenus.

L'estimation du modèle VAR montre que L'APD est liée positivement à l'IDH, affirmant ainsi l'hypothèse de départ.

L'analyse impulsionnelle a révélé qu'un choc sur l'APD a un effet non seulement sur l'IDH, mais aussi sur l'ensemble des autres variables. L'effet du choc de l'APD sur IDH s'inscrit dans la durée. Par ailleurs, l'impact de l'APD sur l'IDH est conforté par les résultats de la décomposition de la variance qui montrent une influence importante de l'APD sur l'IDH.

Cette relation positive entre l'IDH et l'APD qu'affichent les résultats du modèle vient confirmer la position prise par certains auteurs à l'égard de l'APD quand à sa capacité à lutter contre la pauvreté dans les pays en voie développement en général, lorsqu'elle est surtout accompagnée d'une bonne gouvernance.

Compte tenu des résultats de l'étude, un certain nombre de recommandations ont été formulées pour un effet substantiel sur la lutte contre la pauvreté en Côte d'ivoire.

Sigles et abréviations

APD : Aide Publique au Développement

BAD : Banque Africaine de Développement

CAD : Comité d'Aide au Développement

CEE (UE) : Communauté Economique des Etats (Union Européenne)

DSRP : Document de la Stratégie de Réduction de la pauvreté

FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine

FMI : Fond Monétaire International

GPE : G estion de la Politique Economique

IDH : Ind ice de Développement Humain

MEF : Ministère de l'Economie et des Finances

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PIB : Produit Intérieur Brut

PMA : Pays les Moins Avancés

iv

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

V

Liste des graphiques

Figure 1: Composante De L'apd Entre 1990- 2009 16

Figure 2: Evolution Globale De L'APD (en milliards de FCFA) Entre 1990-2009 17

Figure 3: Evolution de l'APD par nature 18

Figure 4: Répartition de l'APD par secteur de 1990-2009 19

Figure 5: Contribution de l'APD au PIB par année 20

Figure 6: Evolution de l'incidence de la pauvreté de 1993- 2008 22

Liste des tableaux

Tableau 1: Analyse De Corrélation Entre Les Variables 25

tableau 2: Résumé des tests de stationnarité 26

Tableau 3: Retard optimal selon les critères d'information 26

Tableau 4: Extrait des résultats de test de causalité de l'annexe 8 27

vi

Sommaire

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE I: FONDEMENTS THEORIQUES 6

CHAPITRE II: ANALYSE DE L'APD ET DE L'EVOLUTION DE LA PAUVRETE EN COTE D'IVOIRE 14

CHAPITRE III : L'EFFET DE L'APD SUR L'IDH : UNE ANALYSE ECONOMETRIQUE

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 31

Bibliographie 33

ANNEXES vii

Table des matières xx

INTRODUCTION GENERALE

1-Contexte et problématique

Les pays africains accédant aux indépendances dans les années 1960, se voient confier la destinée de leurs Etats. C'est parmi tant d'autres responsabilités, l'appropriation des africains eux-mêmes de leur politique économique. Ils sont désormais donc les responsables de leur futur désiré. Animés par l'esprit nationaliste, les nouveaux dirigeants africains vont oeuvrer tous à asseoir leur économie. Ils se lancent donc dans des grands projets d'investissement, notamment la construction d'habitats et des routes, la création des sociétés d'Etat~En somme, on assiste à la réalisation d'un ensemble d'objectifs de croissance accélérée qui nécessite la mise en place des investissements en infrastructures. En dépit de leur bonne volonté, force est de reconnaître que tout ce chapelet de projets ne sera réalisable qu'avec des ressources financières conséquentes. La question du financement de ces projets se pose aux Etats africains. Ils vont dans leur grande majorité alors se tourner vers l'extérieur pour le financement de leurs projets. Comme le plan Marshall1 en Europe, les africains bénéficient des sommes importantes de l'extérieur pour assurer la construction de leurs économies.

Cela a suscité de grands espoirs dans de nombreux pays dans la première décennie des indépendances. Un pays comme la Côte d'Ivoire a enregistré à cette période une croissance économique à deux chiffres, avec un niveau infrastructurel acceptable. C'était la période dite du « miracle économique ivoirien ». Cependant, il ne faut pas manquer de noter que cette période (les années 1970) était aussi marquée par un niveau intéressant des cours des produits agricoles (cacao et café) qui ont contribué substantiellement au miracle ivoirien.

Les années 80 sont marquées par le début des crises économiques récurrentes en Afrique. On assiste à une croissance économique trop faible des pays d'Afrique subsahariens, accompagnée de la faiblesse des revenus, qui ne leur permet pas de dégager des capacités financières suffisantes pour un développement. Le besoin de financement devient criard. Le recours aux capitaux extérieurs s'avère plus que

1

1 Plan annoncé par le général Marshall le 5 juin 1947 après la deuxième guerre mondiale pour permettre la reconstruction de l'Europe par l'obtention de dons

nécessaire pour le financement des économies. Les pays vont donc faire appel aux bailleurs de fonds. C'est ainsi que dans la majorité des cas, les pays ont pu bénéficier, au titre de l'aide publique au développement (APD), des appuis du Fond Monétaire International (FMI), de la Banque Mondiale et d'autres partenaires. Les aides étaient destinées essentiellement soit à combler des déficits budgétaires devenus chroniques, résoudre des problèmes alimentaires ou de santé et bien d'autres. Ces aides sont le plus souvent conditionnées par la mise en oeuvre de politique économique. Elles sont souvent qualifiées d'« aides liées » lorsqu'elles sont subordonnées à des achats aux pays qui les accordent. Aussi faut-il noter que les aides proviennent de plus en plus des Organisations Non Gouvernementales qui souvent interviennent directement au profit des populations.

En progression dans les années 80, les montants alloués à l'aide n'ont cessé de se réduire pendant les années 90, même si ce mouvement s'est stabilisé au début des années 2000 (Komon, 2005). Cette tendance à la baisse s'explique par certains facteurs. Dans les pays donateurs, certaines opinions demandent la suppression de l'aide parce qu'elle est jugée inefficace. Dans les pays bénéficiaires, la baisse de l'aide s'explique par le fait que son octroi est de plus en plus soumis à un nombre impressionnant de contraintes et d'exigences des bailleurs qui poussent les pays concernés à en réduire la demande. Il s'agit, notamment, des conditions de bonne gouvernance. Cette dernière vision est partagée par de nombreux auteurs avertis2 de l'économie du développement qui font une rétrospection sur l'évolution des économies et les appuis financiers reçus, comparativement à d'autres économies, notamment les pays asiatiques et l'Amérique du sud où l'amélioration de niveau économique permet de faire un lien avec une bonne gestion de ces fonds alloués à ces Etats.

En effet, en 1991, chaque africain recevait en moyenne 40 dollars pour 10 dollars au sud-américain et 5 dollars à l'asiatique .De nos jours, 40% de l'aide publique au développement est destiné à l'Afrique contre 10% pour l'Amérique latine et 12% pour l'Asie de l'Est. En Afrique, l'aide a connu une augmentation continuelle à la mesure des échecs de la politique de développement. Pendant que l'Asie enregistre des résultats probants en termes de développement.

2

2 Burnside et Dollar, (2000) affirment que l'aide n'est utile et efficace que dans les pays à faibles revenus qui pratiquent de bonnes politiques économiques et disposent d'institutions de qualité

Il faut rappeler qu'en 1960, économiquement, le poids du Ghana et de la Corée du Sud était identique (le Produit National Brut de ces deux pays se situait à 230 dollars américains. En 1992, celui du Ghana n'avait guère évolué (345 dollars américains) alors que celui de la Corée du Sud avait atteint 5200 dollars américains. Ce quasi statuquo de la situation économique du Ghana est l'image de la plupart des pays africains. Face à cela, on est en droit de penser que l'aide internationale n'a donc pas profité à l'Afrique en quête de son décollage économique. Cette situation des Etats africains, est attribuée par de nombreux africains à la mauvaise utilisation des ressources. A ce sujet, la sociologue camerounaise Axelle Kabou dira « l'argent disponible dans les années 1970 a été dépensé n'importe comment ». Dans la plupart des pays de l'Afrique au Sud du Sahara, force est de constater que les fonds provenant de l'aide ont souvent été gérés par des organisations bureaucratiques hypertrophiées, et peu soucieuses des principes économiques élémentaires. Dans un tel contexte, il est difficile d'apprécier l'apport réel de l'aide qui reste influencé par des pratiques inadéquates.

La Côte d'Ivoire, à l'instar des pays de la sous région a bénéficié de ces appuis financiers que constitue l'aide publique au développement. Cette aide accompagne la Côte d'Ivoire dans la mise en oeuvre de ses politiques de développement. En effet, l'Etat ivoirien devant les difficultés financières et poussée par la volonté d'assurer le développement, n'a cessé de solliciter les financements extérieurs à travers l'aide publique au développement.

Après les programmes d'ajustement structurel, qui ont occasionné le recentrage du rôle de l'Etat à travers des politiques telles que les privatisations des sociétés d'Etat, il est désormais question de lutter contre la pauvreté. Les institutions de Brettons woods et les autres partenaires techniques et financiers dans leur ensemble, s'étant rendu compte des limites des politiques d'ajustement, ont désormais orienté leurs aides pour des politiques ciblées sur la réduction de la pauvreté. En fait, la prise de conscience du problème de la pauvreté dans les pays en développement est l'aboutissement d'un long processus de maturation initié dès la fin des années quatre-vingt. Les Nations Unies, notamment l'UNICEF et le PNUD, qui ont mis en avant les conséquences sociales des politiques d'ajustement structurel, ont joué un rôle précurseur dans ce domaine. La Banque Mondiale a accompagné ce mouvement progressif de recentrage des politiques de développement sur la

question de la pauvreté. Il s'agit de mener des actions allant dans le sens d'un accès plus facile aux services sociaux de base, en faveur de la population et aussi de relever le niveau de leurs revenus. Ainsi a-t-on qualifié l'aide d'« aide à visage humain ». C'est une aide qui se préoccupe de plus en plus du bien-etre de l'Homme. Pour ce faire, en 2000 des objectifs appelés les « objectifs du millénaire pour le développement3 » sont fixés pour orienter l'APD jusqu'en 2015.

En Côte d'Ivoire, la proportion des pauvres ne fait que s'amplifier au fil du temps, malgré les différents appuis financiers reçus cet effet. Cet état des faits se manifeste par la persistance des inégalités de niveau de vie de la population, notamment la difficulté d'accès aux secteurs sociaux de base pour une frange de la population. Hormis la période 2002 à 2006, où la Côte d'ivoire a vu ses appuis diminuer substantiellement, elle a continué à bénéficier l'APD pour booster son économie et réduire ainsi la pauvreté4. La persistance de la pauvreté en dépit des multiples efforts financiers consentis par les partenaires techniques et financiers, amène à s'interroger sur la pertinence de l'aide. Autrement dit l'aide est-elle réellement à mesure de réduire la pauvreté ? Son action sur la pauvreté serait-elle inhibée par certaines pratiques inadéquates? Pour donner quelques éléments de réponse à une telle préoccupation, il s'avère utile de formuler le sujet suivant : « Aide Publique au Développement et lutte contre la pauvreté : cas de la &(16,11311YRiL6 ».

2- Intérêt de l'étude

Au sujet de l'aide publique au développement (APD), plusieurs études ont certes fait le tour de la question. Ces études, pour ce qui concerne la Côte d'ivoire se sont le plus souvent appesanties à établir le lien entre l'APD et la croissance économique qui n'assure pas forcement la réduction de la pauvreté. Il faut noter que la croissance économique qui garantit la réduction de la pauvreté est celle qui est accompagnée d'un politique de redistribution de revenus. Au-delà cet aspect, une autre étude n'est jamais de trop, pour plusieurs raisons. Tout d'abord la lutte contre pauvreté est actuellement au centre de toute politique économique, vue son ampleur. Ensuite, le

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Les objectifs sont au nombre de huit : réduire l'extr~me pauvreté et la faim, assurer l'éducation primaire pour tous, promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies, préserver l'environnement et mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

4

4 Le dernier acte majeur en faveur de la lutte contre la pauvreté en Côte d'Ivoire est l'obtention en 2009, du point de décision de l'initiative Pays Pauvres Très Endettés et qui va procurer une somme de près de 115 milliards de FCFA dans les caisses de l'Etat de Côte d'Ivoire. Ce sera de l'argent frais non remboursable qui devra aider à relancer l'économie ivoirienne. Surtout les entreprises privées. Cela va aider à créer des emplois.

débat sur l'APD ne finit pas de susciter de vifs questionnements sur son efficacité en Afrique. En fin, cette étude par sa démarche quantitative (analyse économétrique) vient contribuer à enrichir et actualiser la littérature sur l'éventuel rôle que L'APD pourrait jouer dans l'amélioration du bien être de la population ivoirienne.

En somme, face à la pauvreté grandissante de la population en dépit du volume de l'APD, une étude sur l'apport de l'APD à la lutte contre la pauvreté en Côte d'ivoire, doit intéresser plus d'un.

3- Objectif de l'étude

L'objectif général de l'étude est d'analyser et d'apprécier l'aide publique au développement en termes de contribution à la réduction de la pauvreté en Côte d'Ivoire. Il s'agit spécifiquement :

1' d'analyser les composantes de l'APD ;

1' d'analyser l'évolution de l'APD ;

1' d'analyser le lien entre la pauvreté et l'APD.

Il faut pour ce faire, formuler des hypothèses

4- Hypothèses

La fixation de ces objectifs conduit à émettre les hypothèses suivantes : 1' H1 : l'APD améliore le bien-être de la population ivoirienne ,

1' H2 : une allocation optimale de l'APD accélère le processus de réduction de la pauvreté.

L'élaboration de ce travail ne sera appréciée sans la mise en place d'une démarche, d'où l'option d'une méthodologie de travail.

5- Méthodologie

La présente étude se base essentiellement sur une recherche documentaire. Pour ce faire, il a été collecté des données secondaires émanant d'institutions nationale et internationale sur l'aide publique au développement et aussi sur la pauvreté en Côte d'Ivoire.

Après le traitement des données, il sera question de faire les analyses de résultats des modèles économétriques qui permettront de tirer une conclusion et faire des recommandations.

6

Le travail s'est articulé autour de trois chapitres comme suit : + CHAPITRE I : FONDEMENTS THEORIQUES

Il s'agit dans ce chapitre de pouvoir cerner les concepts relatifs à cette présente réflexion et d'énoncer quelques fondements en la matière.

+ CHAPITRE II : ANALYSE DE L'APD ET L'EVOLUTION DE LA PAUVRETE EN COTE D'IVOIRE

Il s'agira de voir l'évolution de l'APD, ses différentes composantes et l'évolution de la pauvreté en Côte d'ivoire.

+ CHAPITRE III: L'APD ET L'EVOLUTION L'IDH EN COTE D'IVOIRE : ANALYSE ECONOMETRIQUE

Il s'agit des analyses suivies des interprétations de la corrélation qui existe entre l'APD et l'indice de développement humain, Ce qui permet de pouvoir apprécier la capacité de l'APD à lutter contre la pauvreté en Côte d'ivoire.

CHAPITRE I: FONDEMENTS THEORIQUES

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Il s'agit dans ce chapitre de faire un tour d'horizon sur les définitions pour se familiariser aux différents concepts qui seront développés dans les prochains chapitres. Aussi, il sera passé en revue les différentes réflexions, les analyses et les controverses des auteurs sur l'aide publique au développement.

I-1 Définitions et fondements théoriques de L'APD

I-1-1 Définition et importance de l'Aide au Développement

L'aide internationale est l'ensemble des ressources, publiques ou privées, transférées à l'échelle internationale, dans le but de favoriser le progrès économique et social des pays bénéficiaires.

Le concept « Aide Publique au Développement » peut être appréhendé comme tous les apports de ressources qui sont fournis par les pays développés ou les institutions internationales aux pays en voie de développement. Ces aides émanent d'organismes publics, y compris les Etats et les collectivités locales, ou d'organismes agissant pour le compte d'organismes publics.

L'Institut pour le Développement Durable, définit l'APD comme étant le budget alloué à la coopération au développement par les vingt deux (22) pays du Comité d'Aide au Développement (CAD) suivant trois canaux de distribution : la coopération bilatérale directe, la coopération bilatérale indirecte et la coopération multilatérale5.

Il faut noter qu'aux côtés des acteurs étatiques, on trouve, de plus en plus, des collectivités locales au titre de la « coopération décentralisée » et des acteurs privés (organisations non gouvernementales (ONG), fondations). Ces derniers entrent en contact direct avec les populations à travers des organisations de la société civile ou élus locaux.

L'importance théorique de l'APD pour une économie en besoin de financement remonte aux travaux sur le « big push » de Rosenstein-Rodan6. Cet auteur souligne en substance que des apports massifs en capitaux extérieurs doivent permettre aux pays pauvres de financer leurs investissements et de brûler des étapes préalables au décollage. L'idée clé est qu'il faut réaliser, de façon simultanée, un grand nombre d'industries qui se tiennent mutuellement par leurs clientèles, de telle sorte que la demande existe et soit suffisante. L'Etat y assure non seulement la

5 L'aide publique au développement (APD) comprend, selon la définition du Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE, les dons et les prêts préférentiels prévus au budget et transférés des pays développés vers les pays en voie de développement

6Source: Malam Maman NAFIOU, Impact de l'aide publique au développement sur la croissance économique du Niger

8

promotion des industries, mais doit aussi faire en sorte que l'économie dans son ensemble profite des effets externes. Toutefois, Nurske (1953) nuance en soulignant le risque de voir l'aide détournée vers la consommation au lieu de la production. Plus tard, Hirschman (1964) émet des doutes sur la possibilité de développer une économie au moyen d'investissements massifs et simultanés étrangers dans tous les secteurs, sans améliorer les qualifications des populations. Il soulève à ce niveau le faible impact des capitaux étrangers sur la croissance économique si le nombre de personnes qualifiées du pays aidé est insuffisant. Il met l'accent sur la croissance déséquilibrée, car pour lui, l'aide extérieure accroît les investissements et la capacité de production. Si l'économie se développe pour employer suffisamment cette capacité, le revenu supplémentaire créé par la hausse de cette capacité va entraîner une augmentation de l'épargne, et par conséquent de nouveaux investissements. Par ailleurs, un autre apport théorique a été celui de Harrod (1939, 1942) et Domar (1946). Pour ces auteurs, l'APD accroît l'investissement et à la suite la croissance économique.

Dans leur analyse, lorsque l'épargne intérieure est insuffisante, on est à mesure de déduire le montant d'épargne étrangère nécessaire pour atteindre un taux d'investissement compatible avec le taux de croissance désiré. Le retard d'un pays s'explique par une insuffisance de capital et le rattrapage est bien possible. Ces premiers travaux considéraient la possibilité de rattrapage et acceptaient les hypothèses d'analyse néoclassique, notamment l'hypothèse de rendements décroissants du capital et un progrès technique exogène.

En définitive, l'objectif assigné à l'APD est d'accompagner les pays en voie de développement dans le financement des investissements publics en l'occurrence les infrastructures. De ce point de vu, l'APD complète une épargne locale qui du reste est insuffisante pour soutenir l'effort d'équipement, base de la promotion du développement

I-1-2 Critiques de quelques auteurs sur l'APD

Plusieurs contributions vont accepter l'hypothèse de rendement croissant du capital et d'un progrès technique endogène. Elles conditionnent l'efficacité de l'aide à la bonne gouvernance et aux institutions saines. Les pays aidés doivent alors avoir de bonnes institutions pour que l'aide améliore le bien-être de leurs populations. D'une manière générale, les nouvelles approches (Banque Mondiale, 1998 ; Svensson,

1999 ; Burnside et Dollar, 1997, 2000 ; Kaufmann et al, 2003 ; Jacquet, 2006) insistent sur les problèmes d'appropriation, de sélectivité, de la bonne gouvernance et de durabilité de l'aide, aussi bien à l'échelle locale qu'au niveau de la gouvernance et des politiques nationales.

I-2 Définitions du concept « Pauvreté »

La pauvreté est un concept multidimensionnel, elle revêt plusieurs approches (Pauvreté de potentialités ou de « capacités, Pauvreté des conditions de vie ou « d'existence et Pauvreté économique. Toutes ces approches renvoient à l'idée de manque ou de privation, tant physiologique que sociale, du bien être de l'être humain.

La pauvreté monétaire par exemple exprime l'Insuffisance de ressources engendrant une consommation insuffisante (expression d'un niveau de bien-être trop faible). Sa mesure s'appuie soit sur le revenu, soit sur la consommation, traduite en valeur monétaire. On définit un seuil monétaire (ligne de pauvreté) en deçà duquel on est considéré comme pauvre (mode de calcul en annexe 9).

Au delà de l'aspect monétaire, la pauvreté peut s'exprimer à travers les difficultés d'accès aux services sociaux de base. L'accès aux services sociaux se résume généralement à l'accès à l'éducation à la santé et à l'eau potable. Aussi Il est important de souligner que la pauvreté peut se manifester autrement tel le manque de liberté, l'exclusion sociale etc.

I-3 Mesures de lutte contre la pauvreté

La lutte contre la pauvreté est un objectif important de la politique économique. Les économistes du développement ont cependant souvent des approches différentes. Ainsi, des débats sur les mesures de lutte contre la pauvreté, trois principales approchent se dégagent selon Vero (2003) :

· Rawls (1971) défend qu'il est question d'offrir aux individus certaines ressources de base qu'il appelle « biens premiers sociaux ». Chacun devra ensuite utiliser ces ressources selon ses préférences. Il faudrait donc à travers les politiques chercher à établir une équité dans la détention des « biens premiers ».

· Sen (1985) soutient également l'idée d'égalité mais cette égalité doit plutôt porter sur les opportunités réelles de fonctionnement qu'il qualifie de « capabilités de base ». Ainsi selon Sen, l'évaluation du bien-être et donc de la pauvreté repose sur

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une base d'informations des capabilités de base. La conception de la pauvreté relève alors d'un manque d'opportunités réelles de fonctionnement.


· Fleurbaey (1995) en restant dans la logique d'égalité, se focalise sur les réalisations de certaines actions jugées pertinentes pour apprécier le niveau de pauvreté. Pour lui, la lutte contre la pauvreté passe nécessairement par la création de conditions favorables à ces réalisations pour l'ensemble de la population.

Ces trois approches suggèrent que les individus puissent être responsabilisés pour être en mesure de se prendre en charge.

I-4 Efficacité de l'Aide en termes de réduction de la pauvreté

Longtemps le débat sur l'efficacité de l'aide s'est toujours focalisé sur son impact sur la croissance. De plus en plus la relation entre l'aide et la réduction de la pauvreté revêt une grande importance.

Pour comprendre l'effet de l'aide sur la réduction de la pauvreté, certains auteurs ont évoqué son impact sur la croissance économique Selon eux, si l'aide contribue à la croissance et que la croissance contribue à la réduction de la pauvreté, alors l'aide permet de lutter contre la pauvreté. Cependant, ce raisonnement repose sur l'hypothèse que l'aide n'a pas d'effet direct sur la pauvreté et que son effet passe essentiellement par la croissance. Cette approche est remise en cause par les résultats d'un certain nombre d'études, qui soulignent un effet direct de l'aide sur des indicateurs de développement humain, ou encore un effet indirect qui passe par d'autres canaux que celui de la croissance. Ainsi par exemple, Burnside et Dollar (1998) analysent l'effet de l'aide sur la baisse de la mortalité infantile, un indicateur de bien être des populations très fortement corrélé aux niveaux de pauvreté et dont les données sont disponibles pour de nombreux pays. Leur étude économétrique suggère que dans un bon environnement de politiques économiques, l'aide permet de réduire la mortalité infantile7. Gomanee et al. (2003) mettent en évidence une influence positive de l'aide sur l'indicateur de développement humain et sur la réduction de la mortalité infantile, effet qui passe par le financement de dépenses publiques favorables aux plus pauvres. Il faut toutefois rappeler que des résultats sensiblement différents ont été mis en évidence par Mosley et al. (1987) et Boone

7 Toutefois, l'analyse de Hudson et Mosley (2001) suggère au contraire que la contribution marginale de l'aide a la réduction de la mortalité infantile est plus importante dans un mauvais environnement de politiques économiques.

(1996), dont les analyses économétriques suggèrent l'absence d'effet de l'aide sur la mortalité infantile. Enfin, Kosack (2003) souligne que l'aide n'a d'effet sur l'indicateur de développement humain que dans les régimes démocratiques.

En définitive, l'on retient de ce qui précède que les auteurs s'accordent dans une moindre mesure l'impact positif de l'aide sur la réduction de la pauvreté, même si cela n'est pas direct et exige qu'il y ait une bonne gouvernance.

I-4-1 Aide et la géographie dans la lutte contre la pauvreté

Collier et Dollar (2001, 2002) développent un modèle d'allocation d'aide dont l'objectif est de maximiser la réduction de la pauvreté. Leur modèle se fonde sur deux idées : (i) l'aide a un effet positif sur la croissance dans les pays ayant mis en place de bonnes politiques économiques (Burnside et Dollar, 1997, 2000) ; et (ii) la croissance entraîne une réduction de la pauvreté (Ravallion et Chen, 1997 ; Dollar et Kraay, 2000). Le coeur de leur analyse réside alors dans l'idée suivante : « pour maximiser la réduction de la pauvreté, l'aide devrait etre allouée aux pays ayant de graves problèmes de pauvreté et de bonnes politiques économiques » (Collier et Dollar, 2002 : 1482).

L'allocation géographique de l'aide qui permet de maximiser la réduction de la pauvreté est identifiée par les auteurs en égalisant, pour tous les pays receveurs, le nombre de personnes sortant de la pauvreté grace à un dollar supplémentaire d'aide. Pour procéder à cet exercice de maximisation de la réduction de la pauvreté par l'allocation d'aide, Collier et Dollar ont mesuré d'une part l'effet marginal de l'aide sur la croissance et d'autre part l'effet de la croissance sur la réduction de la pauvreté.

1-4-2 Mesure de l'effet de la croissance sur la réduction de la pauvreté

Pour calculer l'allocation de l'aide qui maximise la réduction de la pauvreté, des mesures du niveau de pauvreté et de l'élasticité de la pauvreté par rapport à la EMITEMMIdEIreMEE sont nécessaires. Collier et Dollar mesurent la pauvreté par la proportion de la population vivant avec moins de 2$ par jour. Ils font d'autre part l'hypothèse d'une élasticité constante de la pauvreté par rapport à la croissance, identique pour tous les pays et égale à 2 (la valeur médiane de l'élasticité obtenue par Ravallion et Chen (1997) pour les pays de leur échantillon)8. L'hypothèse

8 Collier et Dollar testent la sensibilité de leurs résultats par rapport à la mesure de la pauvreté et à la valeur de l'élasticité
qu'ils retiennent, en utilisant d'autres mesures de la pauvreté et des élasticités propres à chaque pays. Toutefois, ils
obtiennent des allocations optim ales très corrélées quelles que soient les mesures retenues. Beynon (2003) remarque toutefois

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d'élasticité constante et égale à 2 pour tous les pays est toutefois simplificatrice et tend à favoriser les pays très inégalitaires (Beynon, 2003) - dont les taux de pauvreté sont plus élevés pour un niveau de revenu par habitant donné. En effet, certains auteurs ont mis en évidence que la valeur absolue de cette élasticité dépend positivement du revenu par habitant et négativement de l'inégalité initiale des revenus (Bourguignon, 2000 ; Heltberg, 2001). Or, si l'élasticité de la pauvreté par rapport à la croissance est plus faible dans les pays très inégalitaires, ceux-ci devraient recevoir relativement moins d'aide, puisqu'alors l'aide est moins efficace en matière de réduction de la pauvreté. En outre, l'analyse de Collier et Dollar fait l'hypothèse que l'élasticité de la pauvreté par rapport à la croissance ne dépend pas de l'aide elle-même et que l'aide n'a pas d'effet direct sur la pauvreté. C»est-à-dire que l'aide est neutre en termes de distribution des revenus. Or il peut sembler paradoxal de chercher à réduire la pauvreté en allouant l'aide sur la base d'une méthode retenant l'hypothèse que l'aide n'a pas d'effet propre sur la distribution des revenus et sur la pauvreté, autre que celui qui passe par la croissance des revenus. Ce point est souligné par Guillaumont (1999, 2000).

I-4-3 Controverse sur l'efficacité de l'aide

Au vu de la littérature sur l'aide, les points de vue des uns et des autres conduisent à affirmer que l'efficacité de l'aide est fonction de l'environnement dans lequel elle est appliquée. Autrement dit l'aide atteint ses objectifs précomptés si certaines conditions sont réunies. Ainsi, d'aucuns soulèveront la question de la gouvernance et la gestion des institutions comme préalable à l'efficacité de l'APD. D'autres auteurs s'attardent sur le volume de l'aide qui doit être consistant pour voir son effet substantiel sur la pauvreté. Un troisième groupe d'économistes a pu remarquer l'apport de l'aide dans les zones de grave pauvreté. C'est ainsi que Ravallion et Chen, (1997) ; Dollar et Kraay (2000) résument en ces termes : « Pour maximiser la réduction de la pauvreté, l'aide devrait être allouée aux pays ayant de graves problèmes de pauvreté et de bonnes politiques économiques ».

I-4-4 L'APD : quelles orientations en faveur des PMA ?

que les corrélations élevées entre les différents schémas d'allocation sont en partie liées au grand nombre de zéros présents dans les allocations optimales de l'aide.

Il est difficile d'évaluer exactement l'effet de l'aide publique au développement sur l'amélioration de la situation dans les pays aidés. Les pays les moins avancés (PMA) ne disposent souvent pas des instruments statistiques permettant d'obtenir des indicateurs satisfaisants. Certains spécialistes remettent en cause l'aide publique au développement sous sa forme actuelle.

L'adoption des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) au début des années 2000, a incité les bailleurs de fonds à réhabiliter l'APD comme outil de développement à condition que celle-ci soit plus efficace. Les Nations unies estiment que le montant de l'APD devrait doubler en 2009 afin de remplir les huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Les pays développés devraient consacrer 0,7 % de leur revenu national brut à l'aide publique au développement en 2009.

Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) insistent sur l'importance de l'aide publique au développement et militent pour le respect des recommandations onusiennes9. Elles soulignent toutefois qu'une partie importante de cette aide n'a pas de portée effective : les annulations de dette, par exemple, gonflent les chiffres de l'APD.

L'économiste hongrois Peter Thomas Bauer (1972) a également été un critique ardent du principe de l'aide publique au développement. Il estime qu'il était abusif d'appeler aide au développement les flux de capitaux transférés du Nord vers le Sud à ce titre, alors qu'il s'agit selon lui d'une entrave au développement qui tend à maintenir les pays sous-développés dans leur condition.

William Easterly, professeur à l'Université de New York et ancien collaborateur de la Banque Mondiale, estime que la plus grande partie des aides apportées depuis cinquante ans ont été inefficaces. L'une des raisons serait le manque de contrôle sur les personnes chargées de gérer cette aide.

La richesse de la littérature sur l'APD, conforte tout un chacun sur non seulement l'importance de la question de l'aide, mais aussi la complexité de l'analyse de son effet sur la croissance ou la pauvreté. Les arguments sur la capacité de l'aide vont difficilement dans le même sens.

9 Les pays développés devraient consacrer 0,7 % de leur revenu national brut à l'aide publique au développement

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Pour répondre à ce qui parait comme un handicap à l'action de l'APD, une nouvelle orientation est donnée lors de la déclaration de Paris.

I-4-5 Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide au développement

La déclaration de Paris en 2005, peut être vue comme une prise de conscience des bailleurs de fonds de « l'inefficacité », ou du moins du faible impact de l'APD dans les pays en voie de développement. C'est aussi la manifestation de la volonté des bailleurs d'être plus regardants dans l'octroi de l'aide, mais aussi et surtout une responsabilisation des bénéficiaires de l'APD. Il est question dorénavant de traiter les bénéficiaires de l'APD comme des « partenaires », d'où la nouvelle appellation des bailleurs de fonds désormais par le terme « partenaires techniques et financiers ».

La Déclaration de Paris comprend cinq principes (Annexe 10) autour desquels sont articulés les engagements pris conjointement par les donateurs et les pays partenaires en matière d'efficacité de l'aide

Dans le cadre de ces principes, la Déclaration de Paris prévoit dans son paragraphe 38 que les pays partenaires s'engagent à progresser dans la mise en place d'institutions et de structures de gouvernance propres à assurer une bonne gestion des affaires publiques et à garantir à leur population protection sécurité et accès équitable aux services sociaux. Cette déclaration est venue pour répondre à certaines critiques portant sur l'APD. Ces critiques sont parmi tant d'autres, il y a l'absence de responsabilisation des bénéficiaires et le manque de concertation entre les différents bailleurs pour un meilleur ciblage des projets à soutenir dans les pays bénéficiaires. Qu'en est-il de l'évolution de l'APD et la pauvreté en Côte d'ivoire ?

CHAPITRE II: ANALYSE DE L'APD ET DE L'EVOLUTION DE
LA PAUVRETE EN COTE D'IVOIRE

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Il sera question dans ce chapitre d'analyser les différentes aides dont a bénéficiées la Côte d'ivoire depuis 1990 à nos jours. Ce récapitulatif de l'APD est relatif aux appuis budgétaires que la Côte d'ivoire a eu recours durant les vingt (20) dernières années de la part de ses différents partenaires techniques et financiers. Cette démarche permettra de voir non seulement les composantes de l'APD, mais aussi d'apprécier l'évolution de celle-ci. Par ailleurs, il s'agira d'appréhender l'APD en termes de soutien à la réduction de la pauvreté en Côte d'ivoire.

II-1 Les composantes de l'aide publique au développement

L'aide étrangère se répartit, selon le type de donateur en trois grandes catégories : l'aide bilatérale qui s'effectue entre deux Etats ; l'aide multilatérale ou aide des institutions internationales et l'aide des organisations non gouvernementales ou l'aide privée

En fonction de la nature ou de la condition, il y a les dons ou aides non remboursables et les prêts ou aides remboursables. Toutefois l'aide publique au développement englobe à la fois les dons et les prêts comportant un élément don d'au moins 25 %.

Selon la forme, la nomenclature du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) distingue six catégories : la coopération technique autonome, la coopération technique liée à des projets d'investissement, les projets d'investissement, l'aide budgétaire ou appui budgétaire, l'aide alimentaire et l'assistance et les secours d'urgence.

Pour ce qui est du cas spécifique de la Côte d'ivoire, elle a reçu des aides multilatérales, des aides bilatérales, des dons projets, des dons programmes et des prêts projets.

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FIGURE 1: COMPOSANTE DE L'APD ENTRE 1990- 2009

Source : Ministère de l'Economie et des Finances

L'APD de la Côte d'ivoire est largement dominée par les aides multilatérales avec un taux de 41%. Dans cette composante on y trouve essentiellement la Banque mondiale, le FMI, la BAD et la CEE (UE).

Au niveau des aides bilatérales, c'est la France, le partenaire traditionnel qui vient de loin en tête des pays qui appuient financièrement la Côte d'ivoire.

II-2 Analyse quantitative sur la période 1990-2009 II-2-1 Tendances globales

Dans les années 1990 le volume mondial de l'aide connaît une contraction due au souci des partenaires au développement de voir l'Etat se désengager de plus en plus des secteurs productifs. Comme énoncé précédemment, cela a été suivi par une kyrielle de privatisations des entreprises publiques.

En Côte d'Ivoire, on peut retenir que durant la période, l'aide a évolué en dents de scie, mais avec quelques points saillants qui sont les témoins des événements qu'a connus la Côte d'ivoire.

Tout d'abord la baisse de l'aide en 1990 a continué jusqu'en 1993. C'est au lendemain de la dévaluation du CFA en 1994 qu'on a enregistré une hausse substantielle de l'aide qui atteint 684,5 milliards de FCFA. Après cette date le volume de l'aide a continuellement chuté jusqu'en 1997. Entre 1997 et 2003, l'aide a véritablement évolué en dents de scie en alternant baisse et croissance d'une année à une autre.

Entre 2003 et 2008, le volume l'aide resté très bas comparativement à l'ensemble de la période. Cette situation pourrait s'expliquer par les effets de la crise militaropolitique que traverse la Côte d'ivoire. Cette crise a occasionné la suspension de la coopération de certains partenaires techniques et financiers avec la Côte d'ivoire.

L'année 2009, s'illustre par une reprise du volume de l'aide qui est aussi liée à la reprise à nouveau de la coopération entre la Côte d'ivoire et ses partenaires techniques et financiers.

Néanmoins, on note que globalement le volume de l'APD a connu une croissance moyenne de 0,73% sur la période.

FIGURE 2: EVOLUTION GLOBALE DE L'APD (EN MILLIARDS DE FCFA) ENTRE 1990-2009

Source : Ministère de l'Economie et des Finances

II-2-2 Tendance de l'aide par nature

Toutes les aides ont suivi quasiment le même comportement durant la période.

L'aide multilatérale est restée la plus élevée sur la période. Durant la période 2003- 2006, la Côte n'a bénéficié d'aucune aide bilatérale.

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FIGURE 3: EVOLUTION DE L'APD PAR NATURE

Source : Ministère de l'Economie et des Finances

II-2-3 L'apport de l'APD aux secteurs sociaux de base de 2000 à 2009

L'analyse du soutien de l'APD à quelques secteurs permet d'apprécier le poids de la contribution de l'APD à l'épanouissement de ces derniers. De 2000 à 2009, le niveau de l'aide (dons et emprunts) en soutien des domaines ci-dessous est resté faible dans leur ensemble. L'éducation prise dans sa globalité (enseignement supérieur, enseignement technique et l'éducation primaire), n'a bénéficié que de 11% de l'APD de la période. La santé, un secteur très déterminant dans la lutte contre la pauvreté, a bénéficié seulement de 5% de l'APD.

Le niveau de la part de l'APD au profit des secteurs sociaux de base (essentiellement la santé et l'éducation) est faible. On a enregistré que sur la période, les secteurs santé et éducation (Enseignement supérieur, enseignement Technique et l'enseignement Primaire) ont reçu 16% de l'APD. Par ailleurs, l'agriculture le pilier de l'économie ivoirienne, a été soutenue à hauteur de 14%.

FIGURE 4: REPARTITION DE L'APD PAR SECTEUR DE 1990-2009

Source : Ministère de l'Economie et des Finances II-2-4 Analyse du Ratio APD sur PIB

Le ratio du PIB réel sur APD est resté très bas sur la période 2000-2009.En moyenne sur la période, le ratio est de 4%. L'année 2002 s'est illustrée, car on a enregistré un pic de 7,61%. De 2003 jusqu'en 2008, le ratio n'a jamais excédé 3%. En 2009 le ratio connaît une nette hausse comparativement aux années précédentes avec un taux de 6,51%.

Partant de l'hypothèse selon laquelle pour accélérer la croissance dans les pays les moins avancés, un pourcentage minimum de 30% d'APD par rapport au PIB alloué à la formation du capital fixe est nécessaire (SEVERNO, 2002), on constate que la Côte d'ivoire est loin du ratio de référence. Ce qui montre que des d'efforts restent à faire de la part des partenaires techniques et financiers en faveur de la Côte d'ivoire.

20

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FIGURE 5: CONTRIBUTION DE L'APD AU PIB PAR ANNEE

Source : Ministère de l'Economie et des Finances

II-2 La pauvreté en Côte d'ivoire

La pauvreté émane de plusieurs sources et connaît une évolution. II-2-1 Les déterminants de la pauvreté en Côte d'ivoire

Le DSRP qui est le document d'orientation en matière de lutte contre la pauvreté, explique les causes multiples et multiformes de la pauvreté de la Côte d'ivoire. Cette pauvreté affecte les populations différemment selon les régions et se situe à plusieurs niveaux : économique, démographique, culturel et social et autres.

Au niveau économique Il y a :

· les causes internes qui sont liées à la faiblesse des politiques publiques à assurer les services de base, au coût élevé des prestations sociales (éducation, santé) ;

· Les causes institutionnelles et la gouvernance, liées à la faiblesse
institutionnelle (difficultés d'accès aux institutions juridiques et administratives) et à la mauvaise gouvernance ;

· les causes externes qui sont des situations et des chocs externes contribuent à appauvrir également le pays et ses populations (la fluctuation des cours du dollar et du pétrole la chute drastique des cours mondiaux des produits de rente que sont le coton, le café et le cacao...)

Au niveau démographique,

La pauvreté s'explique par un taux de croissance démographique élevée due à une forte fécondité et des migrations importantes.

Au niveau socio-culturel

La pauvreté est liée au poids des traditions et des pesanteurs sociologiques. Les autres facteurs sont d'ordre historique (esclavage, colonisation), naturel (sécheresse, érosion des sols), technologique (faibles capacités technologiques des industries locales).

II-2-2 Evolution de la pauvreté en côte d'ivoire

La Côte d'ivoire qui avait un taux de pauvreté inferieur à 10% au recensement de 1985, Connait une croissance régulière de la pauvreté depuis les dernières décennies. En effet, en 1993 le taux de la pauvreté analysé par rapport au seuil de pauvreté était de 18,60%. Ce taux est passé en 2008 à 48, 9 %.10 L'on constate une dégradation continue de la situation de la population avec la détérioration du bien-être de cette dernière. Cette situation a pour corolaire :

· les difficultés d»accessibilité de la population aux secteurs sociaux de base,

· les difficultés d'alimentation ;

· la baisse du niveau du cadre de vie ;

· les inégalités deviennent très notoires.

Sur la période 1993-2008, la pauvreté connait un taux de progression de 6,66%. Cela exprime non seulement le terrain que gagne la pauvreté au fil des années, mais aussi fait penser à l'impossibilité d'atteindre le premier Objectif du Millénaire pour le Développement qui consiste à réduire la pauvreté de moitié d'ici à 2015. Même les objectifs de 33,6 % d'ici à 2013 et de 16,2 % d'ici à 2015 fixés par le DSRP semblent hors de portée.

10 Le seuil de pauvreté se situe à 661 FCFA par habitant par jour

FIGURE 6: EVOLUTION DE L'INCIDENCE DE LA PAUVRETE DE 1993- 2008

Source : Banque Mondiale et DSRP de Côte d'ivoire

La tendance haussière de la pauvreté, conduit à porter une analyse de la contribution de l'APD à la réduction de la pauvreté. Cela pourrait se faire par le biais d'une analyse économétrique.

CHAPITRE III : L'EFFET DE L'APD SUR L'IDH : UNE ANALYSE
ECONOMETRIQUE

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L'APD occupe une place importante dans le dispositif du financement de l'économie de la Côte d'ivoire. Une étude économétrique permet d'apprécier l'incidence sur l'amélioration des conditions de vie de la population. Cette étude permet d'affirmer ou infirmer nos hypothèses de départ.

III-1 Spécification du modèle

Le modèle se fonde sur les travaux de KOSACK (2003). Il établit une relation entre l'aide et l'Indice de Développement Humain (IDH), reconnu comme étant une bonne mesure du niveau du bien-être. Le modèle de KOSACK a été repris par Pasteur E. AKPO (2006). Dans ses travaux, il s'appuie sur l'indice de pauvreté humaine comme variable dépendante. Le concept gouvernance est le facteur déterminant dans l'atteinte de l'efficacité de l'aide dans le pays bénéficiaires. La contrainte de disponibilité des données sur la gouvernance (l'indice de la corruption), a conduit à l'abandon de cette variable dans l'estimation de notre modèle pour cette présente étude. L'objectif essentiel étant de pouvoir mettre en relation l'aide publique et l'indice de développement humain. Pour cette étude, une modification importante a été portée au modèle initial. Le modèle comporte quatre variables explicatives et l'indice de développement (IDH) est les variables à expliquer comme suit :

Analyse des variables

L'équation à estimer pour mesurer l'effet de l'APD sur l'IDH est la forme suivante:

Où :

ESPVI est l'espérance de vie à la naissance, exprimée en nombres d'années. C'est un indicateur qui est dans la détermination du niveau sanitaire dans un pays. C'est un important indicateur du niveau de développement.

PIBHB désigne le produit intérieur brut par habitant. Il est exprimé en dollar Américain. Il Permet d'apprécier l'évolution du niveau de revenu de la population et qui a un effet sur le niveau de vie de la population, donc sur l'amélioration du bienêtre.

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APDHB est l'aide publique au développement par habitant, exprimée en dollar Américain qui théoriquement a un impact sur la réduction de la pauvreté. Cela pourra se traduire par son effet positif sur l'IDH.

INDINST désigne l'indice d'instruction, exprimé en pourcentage. Il est obtenu en prenant le taux brut de scolarisation (1/3) additionné au taux d'alphabétisation (2/3). Il permet d'apprécier l'accès à l'éducation.

, désigne la constante. (i= . . ..4) représentent les coefficients des variables

exogènes. Il exprime le poids de chaque variable dans le modèle.

, représente les perturbations aléatoires.

III-2 DONNEES

La série de l'indice de développement humain (IDH) provient de plusieurs sources. Il y a non seulement les différents rapports du PNUD, mais les différents travaux antérieurs sur la question de développement en Côte d'ivoire. Par ailleurs, par la méthode de la moyenne mobile, on est parvenu à combler les données manquantes.

Les autres variables sont calculées ou obtenues directement à partir de la base de données de la Banque Mondiale (World Development Indicators, 2007). Pour certaines variables, il a été fait recours aux données de certaines études existantes.

Aussi, afin d'actualiser les variables calculées ou obtenues, étant donné que la base se limite à l'année 2005, il a été procédé à une projection des différentes variables pour obtenir une série qui va jusqu'en 2009.

La période de l'étude porte sur vingt (20) ans, allant de 1990 à 2009. L'année 1990 correspond à l'année de la parution de l'indicateur IDH, sous la houlette du PNUD. Le traitement des données est fait par le logiciel EVIEWS.5

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TABLEAU 1: ANALYSE DE CORRELATION ENTRE LES VARIABLES

Source : par l'auteur à partir de EVIEWS.5

Le tableau ci-dessus montre que l'APD est corrélée positivement à l'IDH. C'est à dire l'aide publique et l'IDH évoluent dans le même sens. Autrement dit une action qui tend à augmenter l'APD va faire augmenter aussi l'IDH. Aussi le PIBHB est positivement corrélé à l'IDH.

Par contre les autres variables (ESPVI et INDINST) sont négativement corrélées à l'IDH.

III-3 Application du modèle

Dans le souci de minimiser le risque d'erreurs sur la valeur des variables utilisées dans l'estimation du modèle, il est utilisé le logarithme népérien de chaque variable du modèle. Le modèle devient alors :

III-3-1 Test de stationnarité

La théorie recommande de voir les tendances des variables avant de procéder au test. Le test de stationnarité de Dickey-Fuller Augmenté donne les résultats suivants sachant que la règle décision est :

- si la valeur ADF est inferieure à la valeur critique, alors la série est stationnaire ;

- si la valeur ADF est supérieure à la valeur critique, on conclut que la série n'est pas stationnaire.

Le tableau suivant résumé les résultats du test de stationnarité qui se trouve à l'annexe 1.

TABLEAU 2: RESUME DES TESTS DE STATIONNARITE

Source : par auteur à partir des resultats de EVIEWS.5

Il ressort de l'analyse qu'aucune variable n'est stationnaire à niveau. Les variables sont stationnaires en différence première et en différence seconde. Elles sont donc stationnaires à des ordres différents. Pour ce faire, nous utiliserons le modèle VAR pour cette estimation.

III-3-2 Détermination du nombre de retard optimal

TABLEAU 3: RETARD OPTIMAL SELON LES CRITERES D'INFORMATION

Décalage

AIC

SCH

1

-3,17

-2,87*

2

-3,06

-2,72

3

-3,19

-2,81

4

-2,96

-2,54

 

Source ; calcul de l'auteur sur Eviews 5

Le choix du retard optimal est fondé sur le critère d'information à minimiser, notamment les critères d'information d'Akaike, de Schwarz.

Les résultats du tableau ci-dessus ne donnent pas un minimum par ces deux critères au même moment. Le choix est porté sur le critère de Schwarz (noté SCH sur le tableau). Ici il se fera donc le choix d'un VAR à un retard puisque le minimum du critère de Schwarz est -2,87, situé à un retard d'une période.

III-3-3 Estimation du modèle VAR

L'estimation du VAR est donnée par le tableau de l'Annexe 7.

Le tableau de l'estimation montre que l'APD par habitant (APDHB) retardée d'un an explique significativement et positivement la valeur de l'IDH. Par contre, les autres ne sont pas significatives au seuil de 5%.

L'équation de l'estimation est :

D(LIDH) = - 0.57618555*D(LIDH(-1)) - 1.2981007*D(LINDINST(-1)) + 0.0219632*D(LAPDHB(-1)) - 0.093168961*D(LESPVI(-1)) + 0.00011463311*D(PIBHB(-1)) - 0.00053583859

On retient de l'estimation du modèle qu'il y a un lien positif entre l'APD retardée et l'IDH, mais le coefficient reste très faible. L'estimation du modèle montre qu'une augmentation de l'APD de 10% entraine une augmentation de l'IDH de 0,21%.

III-3-4 Estimation de la relation de causalité au sens de Granger

L'analyse de relations causales entre les variables économiques permet une meilleure appréciation des phénomènes économiques. Elle permet une prédiction de la valeur d'une variable connaissant la valeur passée d'une autre variable.

TABLEAU 4: EXTRAIT DES RESULTATS DE TEST DE CAUSALITE DE L'ANNEXE 8

DLIDH does not Granger Cause DLAPDHB

1
7

0.69871238307

0.516368230

DLAPDHB does not Granger Cause DLIDH

 

2.97162766012

0.089470539

DLINDINST does not Granger Cause DLESPVI

1
7

2.8088980037

0.099856884

DLESPVI does not Granger Cause DLINDINST

0.33672475894

0.720640126

 

Source ; par l'auteur à partir de EVEWS.5

Le tableau de l'annexe 8 montre qu'au seuil de 5% aucune variable ne cause l'autre, car toutes les probabilités sont supérieures à 5%. Mais si on analyse au seuil de 10% (tableau ci-dessus), on constate que l'aide publique au développement cause l'indice de développement humain. Ce qui signifie que connaître les valeurs passées et présentes de l'APDHB, permet de prédire le niveau de l'IDH au seuil de 10%.

III-3-5 Analyse Impulsionnelle

Cette analyse représente une simulation que l'on peut faire sur une variable pour apprécier son effet sur d'autres variables. Elle permet de voir dans quel sens va varier la variable, suite à une augmentation ou diminution d'une autre variable.

Pour cette étude analyse, on s'intéresse à la réponse d'un choc de l'APD sur les variables du modèle.

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L'analyse de l'annexe 2 montre qu'un choc positif ou négatif sur l'APD produit ses effets dès l'instant I0 L'action de l'APD sur l'IDH est beaucoup plus perceptible durant les quatre (4) premières années. Celle-ci diminue au fur et à mesure, avant de s'équilibrer autour de la dixième année.

L'effet du choc de l'APD sur l'indice d'instruction est immédiat et très important dans les trois premières années. Après trois ans l'effet diminue brutalement pour s'annuler vers la cinquième année.

Quant à l'effet sur L'espérance de vie à la naissance, on constate que l'effet n'est pas immédiat. Il devient important à partir de la deuxième année. Mais il reste assez court car l'écart des différents chocs (positif et négatifs) diminue vite.

Aussi, au choc de l'APD, l'effet n'est pas immédiat, sur le PIB par habitant. C'est à la deuxième année qu'on constate un écart très important suite au choc. Mais toute fois, l'effet diminue très vite les années suivantes. On assiste à une tendance au retour vers l'équilibre à la dixième année.

III-3-6 Décomposition de la variance de l'erreur

La décomposition de la variance de l'erreur de prévision a pour objectif de calculer pour chacune des innovations sa contribution à la variance de l'erreur en pourcentage.

Le résultat de la décomposition de la variance se trouve sur le tableau de l'Annexe 6. Le tableau indique que :

+ La variance de l'erreur de prévision de l'IDH est due à 72.17% par ses propres innovations et à 23,24% aux innovations de l'APD par habitant. Cela montre que l'APD influence assez fortement le niveau de l'IDH en Côte d'ivoire.

+ La variance de l'erreur de prévision de l'APD est due à 92,30% par ses propres innovations et 5,35% par celles de l'IDH. On peut conclure de ce qui précède qu'un choc sur l'APD a donc plus d'impact sur l'IDH que l'impact d'un choc de l'IDH en a sur l'APD.

+ La variance de l'erreur de prévision de l'indice de l'instruction est due à 72,35% par ses propres innovations et à 17,80% aux innovations de l'APD, Seul l'APD influence substantiellement le niveau de l'instruction.

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.. La variance de l'erreur de prévision du PIB par habitant est due à 87,40% par ses propres innovations et à 9,41% aux innovations de l'APD par habitant. Comparativement aux autres variables, l'APD influence largement le PIB.

.. La variance de l'erreur de prévision de l'espérance de vie à la naissance est due à 60,78% par ses propres innovations et à 33,03 % à celles de l'indice de développement humain.

III-3-7 Les tests sur les résidus

Il s'agit de tester la normalité, l'hétérocedasticité et l'autocorrelation des résidus.

III-3-7-1 Test De Normalité Des Résidus

L'hypothèse de normalité des résidus joue un rôle essentiel car elle va préciser la distribution statistique des estimateurs. C'est donc grace à cette hypothèse que l'inférence statistique peut se réaliser. Ce test est effectué à l'aide du test de Jacques et Bera qui suit une loi de Khi-deux à deux degrés de liberté au seuil de 5%. La probabilité étant supérieur à 5% ; on conclut que les variables suivent une loi normale (Annexe 3).

III-3-7-2 Test de l'hétérocedasticité

Il s'agit de voir si les séries sont homocedastiques afin de s'assurer d'avoir de meilleurs estimateurs. Le tableau (Annexe 5) montre que les résidus sont homocesdastiques car la probabilité de 0,3092 est supérieur à 5% qui est la référence.

III-3-7-3 Test d'autocorrelation

Il s'agit de voir si les erreurs ne sont pas autocorrelées. Dans le cas de cette étude, il y a absence d'autocorrelation car la probabilité associée (0,9598) est supérieure à 5%( Annexe 4).

III-3-8 Interprétations

L'analyse impulsionnelle a révélé qu'un choc sur l'APD a un effet important non seulement sur l'IDH, mais aussi sur l'ensemble des autres variables. Cela traduit le rôle déterminant de l'aide publique au développement dans le comportement de ces différentes variables. L'effet du choc de l'APD sur l'IDH s'inscrit dans la durée, montrant ainsi qu'elle ne joue pas seulement ponctuellement sur l'IDH.

Par ailleurs, l'impact de l'APD sur l'IDH est conforté par les résultats de la décomposition de la variance qui montrent une influence de l'APD sur l'IDH.

Cette relation pourrait s'expliquer par le fait que l'aide publique au développement en Côte d'ivoire a servi à soutenir les éléments qui entrent dans l'amélioration de l'indice de développement. Cette aide a certainement contribué à la construction des infrastructures éducatives, et de santé permettant ainsi l'amélioration des indicateurs de santé et de l'éducation. Aussi, cette aide a été sollicitée dans d'autres investissements qui sont source d'amélioration du niveau des revenus de la population.

Cette relation positive entre l'IDH et l'APD qu'affichent les résultats du modèle vient confirmer la position prise par certains auteurs à l'égard de l'APD quand à sa capacité de lutter contre la pauvreté dans le pays en voie de développement en général.

Les études empiriques ont dans l'ensemble montré que l'APD participe à la réduction de la pauvreté, tout en émettant des réserves en cas d'absence d'une bonne gouvernance dans un pays bénéficiaire. Certes la prise en compte de cet aspect pourrait donner encore une meilleure visibilité de sa contribution à la lutte contre la pauvreté à travers l'augmentation de l'IDH. Car Selon KOSACK (2003), c'est à cette condition que l'aide peut lutter contre la pauvreté.

Même si l'étude a montré que l'aide contribue à l'amélioration de l'IDH en Côte d'ivoire, il faut reconnaître que cette contribution n'est pas forte (le coefficient est faible) et cela pourrait s'expliquer par la qualité de la gouvernance.

32

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Depuis les indépendances, la Côte d'ivoire a bénéficié d'énormes appuis financiers de l'extérieur sous forme d'aide publique au développement, en vue d'amorcer une croissance économique et donc d'assurer le bien-être sa population. En dépit de ces appuis financiers importants, la pauvreté continue de s'aggraver d'année en année.

For de ce constat, il était question dans cette étude de s'intéresser à la corrélation qui existe entre l'APD et la lute contre la Pauvreté. Pour cela il a fallu apprécier le rapport ou l'action de l'APD sur l'indice de développement Humain(IDH) qui est un indicateur qui permet d'apprécier l'état de la pauvreté en prenant en compte aussi bien les aspects monétaires que les aspects non monétaires de la pauvreté.

Par le modèle économétrique (ici la méthode VAR) on est parvenu à établir une relation entre l'aide publique au développement et l'IDH. En effet, les différentes démarches entreprises dans ce travail ont permis d'affirmer que l'Aide publique au développement affecte positivement et significativement l'Indice de Développement Humain, Ainsi l'APD contribue à l'amélioration de l'IDH de la Côte d'ivoire. De ce fait, l'APD contribue à la lutte contre la pauvreté en Côte d'ivoire. C'est dire que l'APD peut être utilisée comme un moyen pour relever le niveau de bien-être de la population ivoirienne.

Au regard du rôle que peut jouer l'APD en Côte d'ivoire, quelques recommandations sont nécessaires pour amplifier son action sur la lutte contre la pauvreté :

v' mettre en place un observatoire de suivi et évaluation de l'APD en Côte d'ivoire.
Cet observatoire sera compétant pour se prononcer sur l'affectation de l'APD ;

v' renforcer la capacité (les matérielles, formations des cadres, encouragement pécuniaires) de toutes institutions intervenant dans le processus d'acquisition de l'APD, afin d'assurer des conditions de travail pour des résultats probants ;

v' renforcer la lutte contre la corruption pour permettre que l'aide atteigne aux réels bénéficiaires et aussi donner une confiance aux différents partenaires techniques et financiers auprès de qui l'aide est collectée ;

v' oeuvrer à élargir l'horizon des partenaires techniques et financiers afin d'augmenter le volume d'aide dans de meilleures conditions ;

V' associer de plus en plus la société civile ivoirienne dans les instances décisionnelles sur l'APD pour une bonne circulation de l'information et une bonne appropriation des différentes politiques en matière de développement en général.

Ces recommandations pourraient répondre en partie aux deux préoccupations dont soulève l'APD en général: celle des canaux de transmission et celle de la qualité des institutions.

Bibliographie

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CAPO Amah Vinyo (2004), TOGO : Aide exterieure, dette publique et croissance economique

DOUCOURE Fodiyé Bakary (2008), Methodes econometriques + programme cours applications de logiciels : EVIEWS, STATA et SPSS

GNAMOY Gnamoy Elisée Borid Barnard, La politique budgetaire et la lutte contre la pauvrete en Côte d'Ivoire, Université d'Abomey Calavi

GUEYE Fatou (2007), L'aide publique au developpement (APD) : Cas du Senegal

JACKY Amprou et LISA Chauvet (2004), Efficacité et allocation de l'aide : revue des debats, Agence Française de Développement

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SEVERINO Jean-Michel et Pierre Jacques (2002), L'aide au développement : une politique publique au coeur du développement durable et de la gouvernance de la mondialisation, Revue d'Economie Financière, n°661

SOUMARE Sylli (2009), Solde budgetaire et commercial et la croissance économique en Côte d'ivoire : une analyse de la causalite au sens de GRANGER

ZOUNGRANA Salifou (2007), L'agriculture de contre-saison : une alternative pour la reduction de la pauvrete des menages ruraux au Burkina, 2007

ANNEXES

Annexe 1 : le test de stationnarité

1. Test en Niveau

ix

Tes en diffrence première

xi

.

3- Test en difference séconde

Annexe 2 : analyse impulsionnelle

Annexe 3 : test de normalité

Annexe 4 : test d'autocorrelation

xiv

Annexe 5 : test d'hétérocedasticité

Annexe 6 : Décompositions de la variance d'erreur

Variance Decomposition of D ( LIDH)

Period

S.E.

D(LIDH)

D(LINDINST)

D(LAPDHB)

D(LESPVI)

D(PIBHB)

1

0.030764057

100

0

0

0

0

 

1799

 
 
 
 
 

5

0.045453668

72.21885340

3.72112402251

23.217782051

0.10314112299

0.739099395014

 

4887

84

 
 

5

 

10

0.045473332

72.17014864

3.72448129017

23.245847053

0.11715388784

0.742369121909

 

0311

64

 

7

 
 

Variance Decomposition of D(LINDINST):

Period

S.E.

D(LIDH)

D(LINDINST)

D(LAPDHB)

D(LESPVI)

D(PIBHB)

1

0.007749312

6.213400709

93.7865992909

0

0

0

 

2658

09

 
 
 
 

5

0.010129696

8.284259355

72.4510614829

17.791512800

1.20472955684

0.268436804979

 

3426

 
 

3

 
 

10

0.010139424

8.341344835

72.350864518

17.800856360

1.23570132745

0.271232958967

 

5471

35

 

2

 
 
 

Variance Decomposition of D(LAPDHB):

Period

S.E.

D(LIDH)

D(LINDINST)

D(LAPDHB)

D(LESPVI)

D(PIBHB)

1

0.855598459

0.32861915652

0.37607990148

99.295300942

0

0

 

014

3

6

 
 
 

5

0.926643101

5.3514496691

0.84417603103

92.3215213633

0.3446216542

1.138231282

 

179

 

9

 

01

35

10

0.926979189

5.3554975552

0.84576545013

92.3034078035

0.3562402017

1.139088989

 

541

 

1

 

3

46

Variance Decomposition of D(LESPVI):

Period

S.E.

D(LIDH)

D(LINDINST)

D(LAPDHB)

D(LESPVI)

D(PIBHB)

1

0.020860985

20.8840247278

0.00782958886

1.95464267068

77.153503012

0

 

6374

 

576

 

7

 

5

0.032379247

31.8095381074

2.93994503156

2.70443867743

62.291823725

0.254254458

 

0261

 
 
 
 

661

10

0.033199173

33.0373133185

2.80709246987

3.11669317398

60.786748603

0.252152434

 

1559

 
 
 

5

127

Variance Decomposition of D(PIBHB):

Period

S.E.

D(LIDH)

D(LINDINST)

D(LAPDHB)

D(LESPVI)

D(PIBHB)

1

32.51477281

1.433250561

0.04895654590

7.86821155984

0.7398035224

89.90977781

 

87

 

82

 

49

08

5

38.89992177

1.59622000976

0.93449120127

9.44350722846

0.5670193646

87.45876219

 

26

 

8

 

1

59

10

38.95534635

1.59872375327

1.00663140915

9.41861425937

0.5727187949

87.40331178

 

73

 
 
 

46

33

Ordering: D(LIDH) D(LINDINST) D(LAPDHB) D(LESPVI) D(PIBHB)

 

Annexe 7 : Estimation du modèle VAR

Aide Publique au Développement et lutte contre la pauvreté: cas de la Côte d'ivoire

xvi

Annexe 8 Test de causalité

Annexe 9 Les indicateurs de la pauvreté

Pour appréhender la pauvreté, trois principales mesures tirées d'une formule générique proposée par Foster, Greer et Thorbecke en 1984 et connues sous le nom d'indices FGT sont souvent utilisées. La formule générique proposée est construite à partir du revenu des individus, du seuil de pauvreté et d'un paramètre á, et s'exprime comme suit :

Où :

- n représente la taille de la population ; - q le nombre de pauvres ;

- z le seuil de pauvreté ;

xviii

- Yi le revenu du ième individu ;

- á le degré d'amplification de l'indice

Les trois mesures sont obtenues en attribuant à, la valeur 0 ; 1 ou 2. Ainsi, pour on obtient l'indice, pour on obtient et pour on obtient.

· L'indice P0 est appelé « incidence de la pauvreté ». Il représente la proportion de personnes pauvres dans l'ensemble de la population. Cet indice n'appréhende que le nombre de pauvres sans tenir compte de la gravité de leur pauvreté.

· L'indice P1 est appelé « profondeur de la pauvreté ». Il correspond à la distance moyenne qui sépare les personnes pauvres du seuil de pauvreté. Cette mesure prend aussi bien en compte l'importance des pauvres que la gravité de leur situation.

· L'indice P2 est appelé « sévérité de la pauvreté ». Il représente la moyenne pondérée du carré des distances par rapport au seuil de pauvreté et est exprimée par rapport à ce seuil. Cette mesure tient surtout compte des inégalités entre les pauvres en accordant plus de poids au plus.

Aussi faut noter qu'à partir de 1990, le PNUD à mit place une nouvelle mesure de la pauvreté qui l'indice de développement humain (IDH). Cet indicateur permet de prendre en compte l'aspect non monétaire de la pauvreté. Sur cette base la mesure de l'IDH, le PNUD fait le classement des pays chaque année. En 1997 le PNUD renforce les instruments de mesure de la pauvreté par l'indice de pauvreté humaine.

Annexe 10 : Les principes de déclaration de Paris

1 ; Appropriation : Les pays partenaires exercent une réelle maîtrise sur leurs politiques et stratégies de développement et assurent la coordination de l'action à l'appui du développement.

1. Alignement : Les donneurs font reposer l'ensemble de leur soutien sur les stratégies nationales de développement, les institutions et les procédures des pays partenaires. Dans la continuité du principe d'appropriation, l'alignement demande que les pays bénéficiaires soient les véritables acteurs de leur développement.

2. Harmonisation : Les actions des donneurs sont mieux harmonisées et plus transparentes, et permettent une plus grande efficacité collective. Il s'agit de réduire la complexité des procédures d'octroi et de gestion de l'APD.

3.

xix

Gestion axée sur les résultats : Les ressources sont gérées et le processus de décision amélioré en vue d'obtenir des résultats.

4. Responsabilité mutuelle : Les donneurs et les pays partenaires sont responsables des résultats obtenus en matière de développement. Ce principe entend concrétiser un lien réel de partenariat entre les bailleurs de fond et les pays bénéficiaires.

Table des matières

DEDICACE i

REMERCIEMENTS ii

RESUME iii

Sigles et abréviations iv

Liste des graphiques v

Liste des tableaux v

Sommaire vi

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE I: FONDEMENTS THEORIQUES

I-1 Définitions et fondements théoriques de L'APD 7

I-1-1 Définition et importance de l'Aide au Développement 7

I-1-2 Critiques de quelques auteurs sur l'APD 8

I-2 Définitions du concept « Pauvreté » 9

I-3 Mesures de lutte contre la pauvreté 9

I-4 Efficacité de l'Aide en termes de réduction de la pauvreté 10

I-4-1 Aide et la géographie dans la lutte contre la pauvreté 11

1-4-2 Mesure de l'effet de la croissance sur la réduction de la pauvreté 11

I-4-3 Controverse sur l'efficacité de l'aide 12

I-4-4 L'APD : quelles orientations en faveur des PMA ? 12

I-4-5 Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide au développement 14

CHAPITRE II: ANALYSE DE L'APD ET DE L'EVOLUTION DE LA PAUVRETE EN COTE

D'IVOIRE

II-1 Les composantes de l'aide publique au développement 15

II-2 Analyse quantitative sur la période 1990-2009 16

II-2-1 Tendances globales 16

II-2-2 Tendance de l'aide par nature 17

xxi

II-2-3 L'apport de l'APD aux secteurs sociaux de base de 2000 à 2009 18

II-2-4 Analyse du Ratio APD sur PIB 19

II-2 La pauvreté en Côte d'ivoire 20

II-2-1 Les déterminants de la pauvreté en Côte d'ivoire 20

II-2-2 Evolution de la pauvreté en côte d'ivoire 21

CHAPITRE III : L'EFFET DE L'APD SUR L'IDH : UNE ANALYSE ECONOMETRIQUE

III-1 Spécification du modèle 23

III-2 DONNEES 24

III-3 Application du modèle 25

III-3-1 Test de stationnarité 25

III-3-2 Détermination du nombre de retard optimal 26

III-3-3 Estimation du modèle VAR 26

III-3-4 Estimation de la relation de causalité au sens de Granger 27

III-3-5 Analyse Impulsionnelle 27

III-3-6 Décomposition de la variance de l'erreur 28

III-3-7 Les tests sur les résidus 29

III-3-7-1 Test De Normalité Des Résidus 29

III-3-7-2 Test de l'hétérocedasticité 29

III-3-7-3 Test d'autocorrelation 29

III-3-8 Interprétations 29

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 31

Bibliographie 33

ANNEXES vii

Table des matières xx






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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite