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Contribution à  la protection du patrimoine culturel et à  la gestion efficiente de l'environnement en république du Congo: cas de l'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango et du domaine royal de M'bé

( Télécharger le fichier original )
par Ulrich Kevin KIANGUEBENI
Université SENGHOR - Master en développement  2011
  

Disponible en mode multipage

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Université Internationale de Langue Française
Au service du Développement Africain
Opérateur Direct de la Francophonie

CULTURE

Spécialité :
Gestion du Patrimoine Culturel

Contribution à la protection du patrimoine culturel et à la

gestion efficiente de l'environnement en République du

Congo : projet de réhabilitation de l'ancien port

d'embarquement des esclaves de Loango et du domaine

royal de M'bé

Présenté et soutenu par :

Ulrich Kévin KIANGUEBENI

XIIème Promotion : 2009 - 2011
Alexandrie

Contribution à la protection du patrimoine culturel et à la

gestion efficiente de l'environnement en République du

Congo : projet de réhabilitation de l'ancien port

d'embarquement des esclaves de Loango et du domaine

royal de M'bé

présenté par

Ulrich Kévin KIANGUEBENI

pour l'obtention du Master en Développement de l'Université Senghor
Département Culture
Spécialité : Gestion du Patrimoine Culturel
Le 15 mars 2011
Devant le jury composé de :

Christophe Euzet Président

Directeur Département Culture Université Senghor

Bruno Airot Examinateur Directeur Général du cabinet d'ingénierie BICFL Paris

Jean Yves Empereur Examinateur Directeur de recherches au CNRS, CEAlex

Remerciements

Que soient remerciés ici :

- Le professeur Albert Lourde, Recteur de l'université Senghor pour nous avoir mis dans des conditions nécessaires à la réalisation de notre Master ;

- Myriam Morel Deledalle, Ancienne Directrice de département « Culture » à l'université

Senghor, pour ses conseils et orientations dans la conception de ce mémoire ;

- Christophe Euzet, Directeur du département culture à l'université Senghor, pour ses propositions qui ont contribué à la finalisation de notre travail ;

- Vincent Negri pour avoir accepté de diriger nos recherches avec la rigueur et le professionnalisme qui le caractérisent ;

- Philippe Mairot, Professeur associé à l'université Paris I - Panthéon Sorbonne, Conservateur

en Chef, Directeur des MTCC, pour avoir accepté de nous consacrer un peu de son temps précieux et diriger notre stage;

- Diallo Abdourahamane, Chef de Bureau, Représentant de l'UNESCO en République du

Congo, pour nous avoir accueilli et encadré comme stagiaire malgré ses multiples occupations ;

- Messieurs Claude Jourdant, Maire de Salins-les-Bains et Michel Vernus, Président des MTCC pour nous avoir accordé des entretiens et fourni des informations nécessaires à notre recherche ;

- Pascal Mignerey, Conservateur régional à la DRAC de Besançon pour des discussions qui ont éclairé notre lanterne et sa vision plus que pointue des questions liées à l'inscription des sites au patrimoine mondial ;

- Toutes les équipes des MTCC et du Bureau UNESCO de Brazzaville pour leur disponibilité à nous fournir toutes les informations et toute la documentation nécessaires à nos stages, pour leur sens du travail et pour avoir facilité notre intégration dans les structures d'accueil ;

- Messieurs Célestin Akoulafoua, Directeur de cabinet ; Samuel Kidiba, Directeur du Patrimoine et des archives ; Jean Omer Ntady, Directeur des musées, Monuments et des sites historiques au Ministère de la Culture et des Arts ; tous pour avoir bien voulu nous accorder des entretiens qui ont nourri notre réflexion sur le sujet.

- Tous les étudiants de l'université Senghor, promotion 2009-2011

- Ahmed Al Yassaki, bibliothécaire à l'université Senghor pour son aide lors de mes recherches. - A toutes les autres personnes que je n'ai pas pu citer nommément ici ; je vous remercie très sincèrement.

Ulrich Kévin KIANGUEBEN

- Mon très cher père, feu KIANGUEBENI David, qui nous a quitté prématurément alors qu'on avait encore besoin de lui; pour son immense amour et ses inoubliables sacrifices afin de me voir réussir dans mes études.

- Ma mère KIANDANDA Madeleine, qui meurtrit chaque jour ses genoux pour implorer la grâce

divine afin de me voir parvenir dans mes études et pour son soutien sans faille ; merci maman - Mon oncle paternel feu BILONGO NSIETE Prospère qui a été de beaucoup dans la suite de mon cursus académique ;

- Mon oncle maternel KIANGUEBENI Daniel Didier pour ses précieux conseils et son soutien multiple ;

- Mon frère BONGA Paul pour son attention particulière pendant toutes mes études universitaires.

Résumé

La République du Congo est un Etat qui a toujours marqué son intérêt pour la protection et la valorisation de son patrimoine culturel. En effet, depuis les premières heures de son indépendance, le pays n'a cessé de mettre en place des politiques variées de développement culturel ; en mars 2008, le ministère de la culture a inscrit sur la liste indicative de l'UNESCO deux sites majeurs dans l'histoire du Congo : l'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango et le domaine royal de M'bé. Cette démarche illustre assez bien la volonté de protéger et de valoriser les potentialités culturelles et touristiques du Congo, et notre projet va dans ce sens ; il se veut une contribution à la protection du patrimoine culturel et à la gestion efficiente de l'environnement dans ces deux lieux de mémoire en vue de leur inscription au patrimoine mondial : deux actions qui, à notre égard, sont indissociables et donc intimement liées.

Ce travail, s'inscrit dans la logique d'être non seulement un moyen efficace pour la protection et la valorisation du patrimoine culturel en République du Congo mais aussi de faire bénéficier aux populations locales des retombées de leur patrimoine.

Mots dlés

Patrimoine culturel, patrimoine naturel, patrimoine mondial, gestion efficiente de l'environnement, population locale, développement local

Abstract

The Republic of Congo is a state that has always showed interest in protecting and enhancing its cultural heritage. In fact, from the early days of independence, it has not stopped setting up various policies for cultural development. In March 2008, Ministry of culture has included on the tentative list of UNESCO two major sites in the history of Congo: Loango's ancient embarkation port for slaves and the Royal domain of M'bé. This step fairly illustrates the willingness to protect and enhance Congo's touristic potentials, and our project goes in that direction; it intends to contribute to the protection of cultural heritage and to the efficient management of the environment on these two memorial sites in preparation for their inclusion on the world heritage list: two actions that, in our view, are indissociable from one another and closely linked.

The logic of this work is to be an effective means to protect and enhance Congolese cultural heritage on the one hand and to make local populations profit from its economic impact on the other hand.

Key - words

Cultural heritage, natural heritage, world heritage, local population, local development

Liste des acronymes et abréviations utilisés

ACATP : Association Comtoise des Arts et Traditions Populaires

CARG : Centre des arts et Récits de Grenoble

CICI : Commission Internationale de la Coopération Intellectuelle

CLIO : Centre de Littérature Orale de Vendôme

CO2 : Gaz Carbonique

DPA : Direction du patrimoine et des Archives

DRAC : Direction Régionale des Affaires Culturelles

ICCROM : Centre International d'Etudes pour la Conservation et la Restauration des biens Culturels ICOM : Conseil International des Musées

ICOMOS : Conseil International des Sites Monuments

MCN : Maison des Contes de Namur

MTCC : Musée des Techniques et Cultures Comtoises

OIF : Organisation Internationale de la Francophonie

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement.

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PPEMC : Préservation et Protection de l'Environnement Marin et Côtier

UA : Union Africaine

UE : Union Européenne

UICN : Union Mondiale pour la Nature anciennement Union Internationale pour la Conservation de la nature et

de ses ressources.

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture USA : Etats Unis d'Amérique

Table des matières

Remerciements 3

Dédicaces 2

Résumé 5

Abstract 4

Liste des acronymes et abréviations utilisés 7

Introduction 9

1. Problématique 13

1.1 Présentation générale des deux sites 14

1.2 États des lieux du patrimoine culturel dans les deux sites 17

1.2.1 Le patrimoine culturel du port de Loango 18

1.2.2 Le patrimoine culturel du domaine royal de M'bé 19

1.3 Les problèmes liés à la gestion des deux sites 22

1.3.1 Au port de Loango 22

b - Dégradation du fait de la nature 23

1.3.2 Au domaine royal de M'bé 23

1.4 Politique de gestion des deux sites 24

1.4.1 La Direction du Patrimoine et du Développement culturel (DPDC) 24

1.4.2 Les activités menées 25

1.5 Les résultats attendus 25

2. Revue bibliographique 26

2.1 Le patrimoine culturel : du sens commun au sens juridique 26

2.2 La gestion efficiente de l'environnement 28

2.3 Protection du patrimoine culturel et gestion efficiente de l'environnement 30

3. Méthodologie 33

3.1 La recherche documentaire 33

3.2 L'expérience du stage 33

3.3 Présentation du Musée des Techniques et Cultures Comtoises 34

3.4 Les visites de terrain 35

3.5 Les difficultés rencontrées 37

3.6 L'élaboration d'une base de données 37

4 Projet : Projet de protection et de réhabilitation de l'ancien port d'embarquement des esclaves de

Loango et du domaine royal de Mbé 38

4.1 Contexte et justification du projet 38

4.2 Objectifs du projet 38

4.3 Durée du projet 39

4.4 Gestion et mise en oeuvre du projet 39

4.5 Les activités à réaliser 40

4.5.1 Les activités au port de Loango 41

4.5.2 Les activités au domaine royal de M'bé 42

4.6 Les retombées du projet 44

4.6.1 Sur le plan culturel 44

4.6.2 Sur le plan socio-économique 45

4.6.3 Sur le plan environnemental 45

4.7 Les partenaires de financement 48

4.7.1 L'Etat Congolais 48

4.7.2 Les collectivités locales 48

4.7.3 Les institutions internationales 49

4.7.4 Les institutions de coopération bilatérale 49

4.8 Les prévisions financières 50

6 Sitographie 56

7 Liste des illustrations des deux sites 57

8 Annexes 60

« La meilleure possibilité qu'un peuple ait d'évoluer d'une manière efficace, il la tire de lui-même, de ses racines profondes, de ses liens avec sa terre et sa culture »

Jean GRAY dans Le développement au ras du sol. Ed. Entente. Paris 1978

Introduction

La République du Congo est un Etat d'Afrique centrale qui a acquis son indépendance en 1960. Après les indépendances, le Congo, tout comme la majorité des Etats Africains, s'est approprié cet objectif de protéger son patrimoine. Depuis cette date, il ne cesse d'oeuvrer pour la protection et la sauvegarde du patrimoine culturel ; les premiers textes à légitimer cet objectif étant la loi 32/65 du 12 aoQt 1965 donnant à l'Etat la possibilité de créer des organismes tendant au développement de la culture et des arts et le décret 68-45 du 19 février 1968 fixant les modalités d'application de la loi 32/65 du 12 aoQt 1965. Il est certes vrai que la mise en place des systèmes de protection du patrimoine culturel au Congo remonte à la période coloniale, mais il faut noter que pendant la période post coloniale, le pays a accordé une importance particulière aux institutions qui s'occupaient du patrimoine. De nos jours, le Congo marque toujours cet intérêt pour la protection du patrimoine par les politiques de développement culturel mises en place et par deux nouveaux textes, récemment promulgués : la loi n°8-2010 du 26 juillet 2010 portant protection du patrimoine national culturel et naturel et la loi de n°9-2010 du 26 juillet 2010 portant orientation de la politique culturelle au Congo. Cela illustre une réelle volonté de la République du Congo de s'impliquer dans la valorisation et la protection du patrimoine dans son ensemble.

Notre travail est une contribution à la protection du patrimoine culturel et la gestion efficiente de l'environnement à travers la réhabilitation de deux sites culturels ; il s'inscrit dans l'esprit de la loi 32/65 du 12 aoQt 1965, celle n°8-2010 du 26 juillet 2010 et celle n°9-2010 du 26 juillet 2010 précitées. Dans ce sens, il met en exergue la problématique de la protection du patrimoine congolais dans deux milieux particuliers : l'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango et le domaine royal de M'bé. S'inscrivant dans la logique d'être un facteur de développement et de promotion des deux sites, ce mémoire vise à révéler les potentialités culturelles matérielles et immatérielles dont regorgent les sites concernés.

Le Congo est un pays riche en patrimoine ; grâce à son passé prestigieux et historique, nous pouvons réhabiliter cette image en faisant rayonner le potentiel culturel et en contribuant en même temps au développement local. Les enjeux majeurs qui sont présentés dans la problématique visent donc une protection et une réhabilitation du patrimoine culturel dans un contexte de développement durable, prenant en compte l'homme, son environnement le plus immédiat et son patrimoine culturel.

En effet, « le patrimoine culturel est un élément, une composante de l'identité des communautés, groupes et individus, et de la cohésion sociale, de sorte que sa destruction intentionnelle peut avoir des conséquences préjudiciables sur la dignité humaine et les droits de l'homme1 »

Dans cette optique, il paraît nécessaire d'assurer la protection du patrimoine culturel car il est appréhendé comme un facteur de paix, d'union, d'entente mutuelle, un symbole identitaire puissant de la nation. La protection de l'ancien port des esclaves de Loango et du domaine royal de M'bé est d'une importance capitale et nécessite une intervention urgente ; elle va permettre de réhabiliter deux sites à travers lesquels on peut lire l'histoire d'un pays (le Congo) et d'un continent (l'Afrique) : l'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango pour avoir été l'un des importants sites du golfe de Guinée par lequel des millions d'esclaves ont été embarqués et transportés directement pour les Amériques; et le domaine royal de M'bé pour avoir été le siège des institutions du royaume Téké connu par les explorateurs Européens dès le XVème siècle sous le nom du

1 Déclaration de l'Unesco concernant la destruction intentionnelle du patrimoine culturel, Paris ,2003.

royaume d'Anzico, et plus tard c'est là que fut signé le traité entre P. S. De Brazza et le roi Makoko ; traité qui a lancé l'idée de la conférence de Berlin. En outre, il s'agit pour nous de perpétuer et d'assurer la transmission de ce patrimoine aux générations futures.

La réhabilitation de ces sites va nécessiter impérativement leur protection et leur mise en exploitation et partant, va susciter un développement local. Mais le patrimoine dans ces sites est confronté à des multiples problèmes comme la dégradation, l'effritement des traditions ancestrales et de la vie communautaire, la perte de l'identité locale, le pillage et la destruction.

C'est dans ce sens que, pour traiter notre sujet, il nous faut répondre aux questions suivantes :

- Quel état de lieux peut-on faire du patrimoine dans les deux sites ?

- Quels sont les problèmes auxquels sont confrontés les deux sites?

- Quelles solutions proposer pour leur protection ?

- Comment la protection des deux sites peut-elle contribuer à une gestion efficiente de l'environnement ?

Les réponses à ces questions nous permettront de mettre en évidence les potentialités culturelles de ces deux sites et par conséquent d'assurer une protection efficace du patrimoine. Dans ce sens, nous allons consacrer la première partie de notre travail à la problématique générale qui fait un état des lieux du patrimoine sur les deux sites ; la deuxième partie traite de la revue bibliographique qui nous permet de comprendre le cadre théorique de protection du patrimoine au Congo Brazzaville et les sources qui ont servi de références scientifiques. Quant à la troisième partie, elle met un accent sur la méthodologie adoptée afin d'aboutir aux résultats finaux. Enfin la quatrième partie est consacrée à notre projet de réhabilitation des deux sites.

Carte du Congo Source : congosite.net

Carte du Congo : vue d'Afrique

Source : www.lequotidiendecartophiles.com

1. Problématique

1.1 Présentation générale des deux sites

Cette présentation se fait à travers le cadre géographique et historique

L'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango est surplombé par l'ancienne lagune Tchibete (en voie de disparition) et situé dans la sous-préfecture de Hinda dans le département du Kouilou. Il est limité au Sud-est par la Pointe indienne, au Sud et au Sud-ouest par l'océan Atlantique, au Nord-ouest par le village Matombi et au Nord-est par le village Diosso, ancien Bwali capitale du Royaume de Loango, ancien quartier administratif du même royaume. Le Royaume de Loango faisait partie des neuf provinces que comptait le Royaume Kongo dont la capitale était « M'Banza Kongo Dia Nthotila » (Cité du roi). Très tôt, trois provinces (Ngoyo, Kakongo, et Loango) du royaume Kongo se sont érigés en royaumes indépendants et subirent de nombreuses pressions et revendications de leur puissant voisin longtemps après qu'elles s'en furent détachées. Un important groupe fit son apparition sur la côte de Loango au XIe siècle, comportant des forgerons, une puissante confrérie : celle des Bouvandji, qui, s'appuyant sur un corps de guerriers entreprenants, s'imposa aux populations locales. Leur autorité s'est étalée sur neuf rois qui ne formaient pas une dynastie cohérente, car leur autocratie fut un pouvoir de force et de lutte permanente. Compte tenu de leur comportement tyrannique, les Bouvandji furent chassés du pouvoir par une insurrection populaire2. Plus tard, avec le début du commerce triangulaire, le port de Loango fut le carrefour de tous les esclaves qui venaient d'une partie du golfe de Guinée. Il a vu embarquer plus de deux (2) millions d'esclaves venus des zones qui constituent aujourd'hui le Tchad, l'Angola, le sud du Gabon et la République Démocratique du Congo et l'actuel territoire de la République du Congo3. Toutes les tribus des zones concernées ont été impliquées dans le commerce des esclaves. Les conséquences de la déportation furent entre autres, le déracinement culturel. L'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango est l'un des plus importants sites du golfe de Guinée par lequel des millions d'esclaves ont été embarqués dans des bateaux et transportés directement pour les Amériques sans escales intermédiaires. Les Européens ont entretenu des comptoirs, dépôts, dortoirs où les esclaves appartenant aux ethnies diverses et venus par caravanes étaient casernés ou stockés en attendant l'arrivée des navires. Loango fut donc le site d'embarquement des esclaves et de débarquement des marchandises de peu de valeur qualifiées de pacotille (tissus, sels, liqueurs, fusils etc.) en échange des esclaves.

Carte du port de Loango - 1900 Source : http://congo-dechaine.info

Distance entre Pointe-Noire (A) et Loango (B) : 19 km Source : Googgle Maps

Le domaine royal de M'bé quant à lui est situé à 200 kilomètres environ au nord de Brazzaville, dans le département du Pool. Il est composé d'un ensemble de sites liés à la culture et à l'histoire du peuple Téké dont la Cité de Mbé : capitale du royaume et résidence du Makoko (roi). Elle a connu des déplacements incessants tout au long de l'histoire. La tradition culturelle Téké précoloniale exigeait le déplacement de la capitale « Mbé » chaque fois qu'un roi venait à mourir. Ce domaine royal reste ainsi ponctué d'anciens sites ayant abrité la capitale du royaume qui, par la suite, sont devenus des forêts sacrées. Il est sans aucun doute un exemple imminent de l'interaction du peuple Téké avec son environnement et constitue le maillon central d'une entité ethnolinguistique. En effet, ce domaine illustre la démarche de sacralisation de nombreuses forêts qui s'y trouvent, et qui témoignent de l'emplacement des différentes cités royales successivement abandonnées à la mort d'un Makoko (Roi), dans le but de perpétuer la mémoire du royaume. On y retrouve les évidences du système d'administration du territoire Téké par les douze (12) dignitaires qui en ont la responsabilité. En outre, chacun de ces dignitaires gère toujours un territoire jouant en même temps le rôle de sanctuaire du royaume, symbolisé par un Nkobi. Six (6) de ces sanctuaires sont encore localisés à proximité du noyau central du Domaine royal, et veillent sur les composantes essentielles du royaume, comme la forêt sacrée d'Ebala (sorte de « panthéon » Téké) et les chutes du Nkouembali. Les dignitaires de ces six sanctuaires interviennent dans la désignation des successeurs des rois4. Le Domaine royal de Mbé est associé à des croyances et des traditions vivantes qui ont permis à cette entité de résister aux continuelles mutations du monde moderne. On y pratique encore les rites liés à la désignation, à l'investiture et aux funérailles des Makoko, les épopées qui racontent la gloire, la grandeur et la généalogie des différentes familles Téké, y compris celle des Makoko. Le terme Téké qui permet de désigner les anzicos aujourd'hui est apparu entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle. C'est effectivement à cette époque que le continent africain et l'Afrique centrale en particulier ont connu un trafic intense avec l'arrivée abondante des occidentaux au point que les anzicos échangeaient les leurs contre les produits précieux (sel, fusil, verrerie...) venus d'Occident. L'esclavage et la traite des noirs ont connu à ce moment leurs plus fortes montées. En outre, le Domaine royal de Mbé est associé à un évènement majeur dans l'histoire du Congo : c'est là que fut signé le 10 septembre 1880, le Traité entre l'explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza et le Makoko Iloo 1er5. C'est ce Traité qui a lancé l'idée de la Conférence de Berlin de 1885 au cours de laquelle fut décidé le partage de l'Afrique en colonies. C'est également ce traité qui a conduit à la fondation de Brazzaville, devenue par la suite la capitale de l'Afrique équatoriale française (AEF), de la France libre pendant la deuxième guerre mondiale et aujourd'hui la capitale du Congo.

Distance entre Brazzaville (A) et M'bé (B) : 200 km Source : Google Mpas

Sites sacrés à valeurs historique et culturelle du domaine royal de M'bé Sources: CRAterre/ DPDC Congo

1.2 États des lieux du patrimoine culturel des deux sites

Il faut tout de suite noter que les deux sites présentent un patrimoine immense et notre travail se propose de les réhabiliter et les valoriser.

1.2.1 Le patrimoine culturel du port de Loango

Le patrimoine matériel

L'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango est l'un des plus importants sites du golfe de Guinée par lequel des millions d'esclaves ont été embarqués dans des bateaux et transportés directement pour les Amériques sans escales intermédiaires. Ce site qui a englouti des millions d'âmes perdues dans les horizons dévoreurs de l'Océan Atlantique, possède toujours tous les témoins de ce commerce inhumain qui a conduit à l'un des plus grands génocides de l'humanité ; on peut citer entre autres : le grand marché, les trois manguiers, l'arbre pour le rituel de l'oubli et celui pour le retour ainsi que le débarcadère en témoignent. En outre, ce site de par sa charge historique, est également le lieu où se pratiquent encore plusieurs rites d'intronisation et de funérailles de rois du royaume de Loango. Ainsi, l'ancien port d'embarquement devenu un véritable sanctuaire de par sa charge historique est un maillon clé pour la compréhension de l'histoire de l'esclavage. Il possède encore des vestiges qui traduisent le passage de ces millions d'esclaves parmi lesquels :

- La stèle qui symbolise le lieu de départ des caravanes est en même temps le grand marché de toutes les transactions. De nos jours cette stèle est devenue un sanctuaire devant lequel les populations locales viennent prier et se recueillir pour se remémorer des disparus, emportés par le commerce triangulaire.

- Le cimetière de Loango où, jadis, furent enterrés les rois et leurs dignitaires, est un monument

national, de nombreuses personnalités aussi bien congolaises qu'expatriées y reposent pour leur dernier sommeil. Aujourd'hui, les tombes de Félix Tchikaya, premier député noir à l'Assemblée Nationale Française, et de son fils Tchikaya U'tamsi l'un des plus grands écrivains congolais s'y trouvent.

- Les trois manguiers qui servaient de comptoirs avant le rituel autour de l'arbre de l'oubli. Les

esclaves enchaînés faisaient sept (7) tours de l'arbre de l'oubli pour les femmes ou les jeunes filles, neuf (9) tours pour les hommes. Et l'arbre de retour qui symbolisait un éventuel retour de l'esprit du défunt au pays une fois mort.

- Le débarcadère qui était une vasière reste représenté par une portion de terre. En effet, la baie

de Loango, peu profonde, ne permettait pas aux bateaux d'accoster. Ils attendaient à 30 Km de la rive. La liaison entre les bateaux et la rive était assurée par des pirogues.

Le patrimoine immatériel

L'importance culturelle de ce site est également perceptible à travers les complaintes toujours fredonnées par les habitants restés sur le lieu du sinistre, rappelant la nostalgie des parents qui restent à attendre les êtres chers arrachés à leur affection et qu'ils ne reverront plus jamais. Il en est de même pour certaines pratiques et cérémonies d'initiation telles que :

- Le Kikumbi ou rite prénuptial observé chez les Vili de Pointe-Noire en souvenir de cette

mythique misogynie royale. Chez les Kongo/lari, le rituel est en voie de disparition, vaincu sans doute par la chimie de la modernité. Les Vili seuls continuent à le décréter aux environs de Pointe-Noire.

- Le Lélikage qui est une danse de séduction réservée aux jeunes garçons et filles. Pendant les vacances, les jeunes se retrouvaient au village ou dans les quartiers assez reculés de la ville pour danser le Lélikage en pleine nature, uniquement éclairés par la lune ; les chants et les percussions entraînaient tout le monde dans ne transe frénétique ne s'arrêtant qu'au petit matin

- La pratique du Nkondi représentée par des statuettes chargées de significations magico religieuses ; elles sont le pont entre le monde des vivants et celui des ancêtres. Intermédiaires obligés entre les humains et les divinités surnaturelles, entre la communauté et l'esprit des ancêtres. Ces statuettes prennent le nom de "Nkondi", et doivent leur pouvoir à la charge contenue dans le reliquaire à miroir par le Nganga (féticheur).

- Le Tchinkhani, danse en l'honneur des jumeaux, effectuée devant les autels sacrés de chaque tribu. Cette danse sert de lien entre la nature et les jumeaux, qui sont considérés comme un don ; elle doit empêcher l'esprit des jumeaux de quitter le monde des humains. L'union de la femme et de l'homme est racontée sans tabous à travers le chant et la danse6.

Le site de l'ancien port d'embarquement des esclaves à Loango fait l'objet d'une protection par l'Etat et le ministère de la culture y a installé un gestionnaire du site.

1.2.2 Le patrimoine culturel du domaine royal de M'bé

Le patrimoine matériel

Le domaine royal de Mbé est composé d'un ensemble de sites liés à la culture et à l'histoire du peuple Téké dont


· La Cité de Mbé : capitale du royaume et résidence du Makoko (roi). Elle a connu des déplacements incessants tout au long de l'histoire. La tradition culturelle Téké précoloniale exigeait le déplacement de la capitale « Mbé » chaque fois qu'un roi venait à mourir. Le Domaine royal de Mbé reste ainsi ponctué d'anciens sites ayant abrité la capitale du royaume qui, par la suite, sont devenus des forêts sacrées. On peut citer :

6 Ngoîe Ngalla (D), Au royaume du Loango, les athlètes de Dieu 1880-1930, Publibook, 2010. 92 p

- Mbé-Nkoulou, (ancien Mbé) où fut effectué selon la légende le partage des pouvoirs aux différents sous-groupes Téké, au travers des Nkobi (divinités censées assurer la protection chez les Téké).

- Nko où régna le Makoko Iloo 1er et Itiele où régna Makoko Mbaïndele.

· Les lieux associés au pouvoir royal et au système politique sont :

- Le village Ngabé, résidence de la Ngantsibi (Reine) et la source royale sacrée qui procure

l'eau de boisson pour le Makoko.

- Les chutes du Nkouembali sur la rivière Léfini, lieu sacré d'où est puisée l'eau utilisée à

l'intronisation du Makoko.

- La forêt sacrée d'Itiere : lieu d'internement et d'initiation des Ngantsibi, reines gardiennes

du Nkouembali (divinité suprême, code moral, et religion traditionnelle Téké) ; la reine dans le royaume n'étant nullement l'épouse du roi est plutôt la gardienne du pouvoir en cas de vacance de celui-ci.

- La forêt sacrée d'Ebala, où furent inhumés les dignitaires Téké jusqu'au règne du Roi Iloo

1er.

· Les lieux de mémoire du Domaine royal :

- La Forêt de Ndoua, ancienne réserve alimentaire du royaume, lieu de signature le 10 septembre 1880 d'un Traité célèbre entre l'explorateur français Pierre Savorgnan De Brazza et le Roi Iloo 1er.

- La stèle d'Itiéle, symbolisant le lieu de massacre des hommes du Roi Mbaïndele par ceux de De Brazza et le lieu où a été signé l'accord de paix entre les protagonistes.

Le patrimoine immatériel.

L'une des caractéristiques du domaine royal réside dans le fait que le royaume est très présent dans l'immatériel; on y trouve une forte présence des traditions et expressions orales, des arts du spectacle (danses, transes...), des pratiques sociales, rituelles et événement festifs, des connaissances et pratiques concernant la nature et l'univers, du savoir et du savoir faire liés à l'artisanat et à la médecine traditionnelle7. On trouve des formes d'expression culturelles très variées parmi lesquelles :

- Les traditions et expressions orales : les Téké sont restés fidèles à leur langue ou dialecte

appelée le «Tio ». Elle est la principale langue de communication et de transmission. Elle est le socle de la sauvegarde de la culture Téké. La musique et la danse Téké livrent un spectacle culturel au public, mais elles véhiculent aussi des informations et des messages d'inspiration, d'édification et racontent d'une génération à l'autre l'histoire du royaume. Certaines musiques et danses, dites sacrées, sont réservées au roi et aux initiés de la Cour royale. C'est le cas de la danse « Ampiranton » qui est spécialement réservée au roi, à la reine, aux princes, aux princesses et aux initiés. La danse du roi est restée originale et ancestrale depuis le premier

7 Mouayini Opou (E), Le royaume Téké, L'Harmattan, 2005, 151p

royaume. La deuxième danse appelée « Outierako », est celle réservée aux autres membres de la cour royale et la troisième appelée « Imbalambala » est la danse populaire du Royaume.

- Les contes et les légendes Assami, vaste domaine de la littérature Téké, dans lesquels se rencontrent à la fois les hommes (Bâri), les animaux (Agnama) et des autres êtres surnaturels de l'univers comme Dieu (Ndjami), les fantômes (Afu). Les contes évoquent souvent des évènements plus ou moins imaginaires situés très loin dans le passé, au commencement du monde. A travers ceux-ci se dégagent aussi le perpétuel conflit de l'homme avec la nature et sa lutte pour l'existence.

- Les chants des griots qui sont l'expression la plus vivante de la littérature orale. Le griot (Ndjim)

est tout l'art de raconter en chantant dans la plus belle poésie. Il intervient lors des solennités (funérailles, mariages) et anoblit le personnage dont il chante les louanges. Le griot Téké est l'artiste qui atteint même les coeurs les plus insensibles. Il surprend par son improvisation, son aptitude à réciter pour tout client habitué ou nouveau, ses exploits et ses succès jusque dans les détails les plus ténus. Dans la traditionnelle explication, on dit que, dans cet art sans initiation, le griot est inspiré et qu'il bénéficie de l'assistance des esprits des ancêtres ; la plupart d'entre eux sont habités par les mânes.

- Les croyances et religions. Le peuple Téké a toujours été adorateur de Nkoué-Mbali qui est un esprit, un envoyé de Dieu sur terre venu pour mettre en place le royaume Téké et le protéger. En évoquant Nkoué-Mbali, les hommes font allusion à une philosophie morale et politique dont la préoccupation majeure serait de faire régner l'ordre parmi les habitants du royaume, les âmes des vivants et des morts ensuite : lien réel entre les mondes du visible et de l'invisible, le pouvoir mystique est une conciliation renouvelée avec les ancêtres de ladite terre.

- La sacralité des forêts qui assure la protection de la nature et l'entretien des lieux publics. En effet, la forêt est conçue comme un lieu mythique et mystique où vivent les génies, les mânes tutélaires et l'esprit des ancêtres ; c'est aussi le lieu indiqué de résidence des dieux qui sont différents du Dieu Suprême : Nzambi a Mpungu. La forêt sacrée c'est le royaume des ancêtres ; les animaux totémiques s'y trouvent. Elle peut être un ancien village où survivent les âmes des ancêtres qui ne sont pas morts ou supposés morts et qui vivent en communion avec les vivants. L'imbrication des valeurs naturelles et spirituelles fait l'originalité et l'intérêt de ces sites8.

- Le Savoir et Savoir-faire : Les Téké ont une grande connaissance de l'artisanat traditionnel

(fabrication du raphia, vannerie, poterie, forge pour la fabrication des outils aratoires, des parures du roi et de la reine, etc.), l'habitat, la chasse et la pêche.

Enfin il y a la propriété foncière qui confère un caractère sacré à la nature. En effet, il y a des surfaces sur lesquelles des familles exercent, en vertu de la coutume, un droit exclusif, non de propriété à proprement parler, mais de jouissance. Aucun étranger n'y a accès sans l'autorisation des autorités familiales compétentes et moyennant le paiement d'un droit d'accès limité et temporaire. Le clan propriétaire foncier veille à l'exploitation

8 Nkaya (M), Le Congo Brazzaville à l'aube du XXème siècle : plaidoyer pour l'avenir, Essai paru chez L'Harmattan, 2005, 49p

de son domaine, à sa protection et donc à sa conservation. Les pratiques rituelles ont un impact sur la conservation et la protection de la nature, elles peuvent être une manière d'honorer les ancêtres, elles interdisent tout abus d'abattage, de chasse, de pêche et de cueillette des produits de la brousse qui, très souvent, entraîne des sanctions du genre : perte de son chemin de retour, raréfaction du gibier, du poisson, des fruits et autres produits de la forêt. C'est ainsi que grâce à ces cultes et à la propriété foncière, on fait cesser les abus et se créent, par conséquent, des "réserves naturelles" vieilles de plusieurs centaines d'années. La forêt sacrée est donc faite d'interdits inviolables et on s'en sert décemment en pensant aux générations futures. C'est aussi elle qui préserve la santé, procure la nourriture en un mot, c'est une source de vie pour les générations d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Il y a ainsi une gestion logique intergénérationnelle et extra-générationnelle qui va au-delà de toute considération magico religieuse. En effet, chaque génération en respectant les interdits préserve le patrimoine, au profit des générations futures et ainsi de suite9. Dans ce sens les générations qui se succèdent entretiennent des liens étroits avec la nature par le respect et la crainte du Nkwe Mbali qui est considéré comme un code moral, un esprit supérieur ou tutélaire du royaume. Cet esprit recommande une justice au sein du royaume et châtie tout acte de violence et de malice. Ce qui contribue fortement à la conservation de la culture Téké qui repose sur la paix.

On observe encore un bon nombre de détenteurs de connaissances, de savoir et de savoir-faire (sachants et historiens). Ce qui pourrait faire l'objet d'un programme de « Trésors humains vivants » en République du Congo pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel présent sur toute l'étendue du territoire.

Les principales composantes physiques du domaine royal de Mbé ont gardé leurs emplacements d'origine et leur caractère sacré. Les forêts sacrées qui ont remplacé les différentes cités royales sont toujours visibles. Les rites et autres manifestations traditionnelles se sont perpétués jusqu'à nos jours ; ils se pratiquent toujours et de manière intégrale dans le domaine. Ceux-ci sont toujours régis par le code traditionnel Nkouembali. La force de ce domaine réside dans le respect de ce code qui régit non seulement les rites liés à la désignation (Oushion), à l'investiture (Lisse) et aux funérailles (Nzo a Nsuele) des hauts dignitaires, mais aussi au mode de gestion et de protection des lieux de sépulture des anciens dignitaires, des lieux de mémoire du royaume, des sanctuaires et des forêts sacrées. Toutefoi,s il convient d'indiquer que le Domaine est menacé par la pratique de la culture sur brQlis et l'exploitation illicite des forêts. Par ailleurs, l'habitat traditionnel qui caractérisait la culture Téké a disparu.

1.3 Les problèmes liés à la gestion des deux sites

De manière générale, ces sites sont dans un état de quasi-abandon ; aucune action d'envergure n'a été menée pour les protéger : ce qui fait que ces sites se dégradent de plus en plus chaque jour qui passe. Une dégradation non seulement du fait de l'homme mais aussi du fait de la nature.

1.3.1 Au port de Loango

a - Dégradation du fait de l'homme

Il s'agit des menaces qui, à terme, pourraient conduire à la disparition de ces vestiges si des mesures urgentes ne sont pas prises. On peut parler notamment :

- De la pression foncière et de l'occupation anarchique et illégale du site du fait de son abandon. En effet, pendant un certain temps, il y a eu spoliation du site. Mais ce phénomène tend à disparaître non seulement avec les mesures de protection imposée par le gouvernement (institution du site par décret 2001-521 du 19 octobre 2001 en zone de mise en défens) mais aussi avec l'hostilité de la population locale à l'égard de ce genre de pratique car ce lieu représente pour elle un lieu de mémoire. Le site est à l'abandon parce qu'il présente un danger pour les communautés ; danger dQ à l'érosion marine qui ronge chaque jour le site et par le courant marin ainsi que par les ravins qui se forment de l'autre coté du site.

- De la prolifération des projets de développement urbain avec notamment l'agrandissement de la ville de Pointe Noire. Ces projets, s'ils se multiplient vont affecter l'intégrité et l'authenticité du site.

b - Dégradation du fait de la nature

C'est principalement l'érosion marine dont les effets négatifs sont déjà perceptibles sur toute la baie de Loango et plus particulièrement sur le cimetière historique dont les deux tiers ont été emportés. En effet, il faut noter que le port de Loango est situé au bord de l'Océan Atlantique. La nature étant très conventionnelle, elle déteste changer ses habitudes et ses règles sont immuables. Par quel phénomène une côte étant faite pour recevoir des apports en matériaux est-elle devenue une côte qui en perd ? Les visites sur le terrain ont prouvé que l'érosion de la baie de Loango est la manifestation apparente d'un phénomène se produisant en amont. De nombreuses propositions sont faites pour enrayer les effets de cette érosion. Toutes visent à contrer l'effet des vagues en recherchant des systèmes de protection physique du rivage. Elles consistent à traiter les symptômes sans s'attaquer à leur cause ; c'est pourquoi, elles sont restées jusque-là inefficaces.

Cette érosion marine peut s'expliquer par plusieurs phénomènes : l'élévation du niveau de la mer, le contre effet du dragage du port de Pointe-Noire, les courants marins qui se dirigent du Sud vers le Nord, donc de Pointe-Noire vers Loango. Il faut aussi préciser que l'autre versant du site est menacé par des ravins qui se forment ; ce phénomène est provoqué par le manque de canalisation des eaux de pluie qui finissent par détruire le site.

1.3.2 Au domaine royal de M'bé

a - Dégradation du fait de l'homme

Le domaine est menacé par la pratique de la culture sur brûlis et l'exploitation illicite des forêts. En effet, il nous a été donné de constater que les paysans brûlent la savane pour plusieurs raisons : travaux champêtres, chasse... Ces pratiques contribuent fortement à la dégradation de tout le paysage et affecte le site car tous les vestiges témoignant de cette riche culture Téké sont en train de disparaître brûlés et détruits. Il arrive que le feu de brousse tourne au tragique et atteigne les bâtiments. D'autre part, il faut noter une exploitation illicite et anarchique des forèts sacrées jusqu'à une période récente ; ce qui a eu pour principale conséquence le déboisement et la disparition des forets sacrées.

Le second problème majeur qui se pose c'est l'inapplication de la législation nationale et internationale sur la protection du patrimoine culturel. En effet, les lois existent, mais se pose le problème de leur application effective sur le terrain ; nous allons nous atteler à cela. Par ailleurs, il faut faire remarquer que la plupart des détenteurs de ce savoir traditionnel (médecine, chants, contes, rites, etc.) meurent sans avoir transmis ou légué ce patrimoine ; c'est dire que la transmission n'est pas assurée. Notons aussi que, de nos jours, la tradition meurt, en partie, à cause de l'exode rural ; les jeunes abandonnent les villages, et leur identité

aussi. Cette situation demeure très préoccupante pour les communautés locales conformément à leur attachement culturel.

Enfin, l'habitat traditionnel qui caractérisait la culture Téké a disparu au profit des constructions modernes ; ceci est le résultat de la modernité et de la pression foncière car la localité de M'bé subit l'influence de la capitale Brazzaville située à 200 Km. Aussi, la disparition progressive de certains sachants locaux (détenteurs de connaissances, savoir et savoir-faire traditionnels), tels que les forgerons, potiers, tisserands, historiens/conservateurs de traditions constitue un problème à la gestion du site. A cela s'ajoute le manque d'initiatives visant la promotion du savoir-faire traditionnel.

b - Dégradation du fait de la nature

L'habitat traditionnel qui caractérise la culture Téké est un type de logement fait d'un mélange de terre battue, de bois et de paille. La nature a eu raison de ce type d'habitat car les pluies, les tornades, le vent et les insectes constituent une réelle menace pour cette architecture. En effet, l'eau est le principal ennemi de cet habitat ; elle provient essentiellement des pluies abondantes ; les murs étant en terre, ils font l'objet d'enlèvement et de déplacement. En outre, l'humidité dans les murs entraîne la perte de résistance avec pour conséquence la désintégration de l'architecture.

Aussi, il faut relever le fait que les tornades causent des dégâts par leur intensité et finissent par mettre à nu la structure des bâtiments. Les intempéries ont eu pour principale conséquence la disparition de cette architecture unique et originale.

Malgré toutes ces menaces, le royaume est resté fidèle à son mode d'organisation sociale traditionnelle et a préservé l'originalité de sa culture malgré l'influence de la religion chrétienne, de la mondialisation, du pouvoir politique et des civilisations étrangères. Cette situation nécessite des mesures de préservation et de sauvegarde urgentes afin d'assurer la viabilité de ce royaume en général, et de sa culture en particulier.

1.4 Politique de gestion des deux sites

Les deux sites sont classés et protégés au niveau national10 car ils sont inscrits sur la liste indicative de
l'UNESCO11. Par conséquent, nous allons oeuvrer avec l'organe technique du Ministère de la Culture

(la Direction du Patrimoine et des Archives) pour mener nos activités. 1.4.1 La Direction Générale du Patrimoine et des Archives (DGPA)

Elle relève du Ministère de la Culture et est chargée de valoriser et de sauvegarder le patrimoine culturel du Congo. Cet organe a pour missions entre autres :

- D'identifier les sites et les monuments historiques et d'organiser les opérations de restauration

ou de sauvegarde des collections et des monuments historiques menacés de dégradation et de destruction.

- De veiller à la présentation et à la valorisation des savoir-faire et des technologies

traditionnelles dans les domaines de l'alimentation, de la santé, de l'artisanat, de l'agriculture et des arts ;

10 Loi n°8 du 26 juillet 2010 portant protection du patrimoine national culturel et naturel en République du Congo

11 www.whc.unesco.org/fr/etatsparties/cg

- De contrôler la sortie du territoire des biens culturels, notamment par la délivrance d'une

autorisation de sortie ;

- D'appuyer les recherches et les études en ethnomusicologie et de préserver au moyen de la recherche, de la collecte et de la publication, les éléments de la tradition orale, notamment les contes, les proverbes, les légendes, les mythes, les épopées et leurs contenus, etc.

1.4.2 Les activités menées

Il sied de noter que le domaine royal de M'bé fait l'objet d'une protection traditionnelle qui sera renforcée par un classement national à l'issue de la signature très prochaine du décret portant création de la liste nationale du patrimoine immobilier.

Au niveau de l'ancien port de Loango, il faut tout de même signaler la volonté politique du gouvernement congolais à lutter contre l'érosion marine, à travers l'initiative du ministère des transports maritimes et de la marine marchande qui a initié le projet intitulé "Préservation et Protection de l'Environnement Marin et Côtier du Domaine Public Maritime" (PPEMC). Afin de garantir son intégrité, un décret présidentiel institue le site en zone de mise en défens. Ce décret est renforcé par un autre décret présidentiel instituant le comité national de la route des esclaves.

Mais il faut tout de suite noter qu'aucune action d'envergure n'a été menée par le gouvernement pour protéger réellement et effectivement ces sites ; toutes ces mesures souffrent d'une inapplication et d'un suivi réel ; d'où la nécessité d'une intervention particulière et urgente.

1.5 Les résultats attendus

Notre projet va consister en des actions urgentes pour arrêter la dégradation du fait de l'homme et du fait de la nature ; l'urgence s'explique par le fait que la menace est réelle, permanente et destructive. Si des mesures concrètes ne sont pas prises, les sites risquent d'être affectés totalement et complètement dans leur intégrité et leur authenticité ; ce qui va provoquer la disparition de toute une histoire et de toute une culture. La protection de ces sites va permettre leur mise en valeur et favoriser un tourisme culturel à long terme. C'est pourquoi dans ce projet nous comptons aboutir à :

- La promotion et la valorisation du savoir-faire traditionnel et local qui véhicule près de cinq (5)

siècles d'histoire.

- Une protection efficace du patrimoine culturel et de la nature contre toute forme de

dégradation.

- Une contribution au développement durable en accordant aux populations des moyens de protéger leur patrimoine par des formations adéquates.

- Une implication de la population locale et des autorités dans les actions à mener.

- Faire bénéficier à toutes les couches sociales des retombées du projet.

- Une fois ces résultats atteints, nous pourrons envisager le tourisme culturel durable notamment

avec l'inscription des sites au patrimoine mondial de l'UNESCO.

2. Revue bibliographique

Compte tenu du fait que notre mémoire est une contribution à la protection du patrimoine culturel et à la gestion efficiente de l'environnement, nos consultations scientifiques ont été axées sur trois concepts nécessaires à savoir :

- Le patrimoine culturel.

- La gestion efficiente de l'environnement.

- La protection du patrimoine culturel et de l'environnement.

2.1 Le patrimoine culturel : du sens commun au sens juridique

Le patrimoine est étymologiquement défini comme l'ensemble des biens hérités du père (de la famille, par extension)12. Selon le dictionnaire de politique, le patrimoine est l'héritage commun d'un groupe ou d'une collectivité qui est transmis aux générations suivantes. Il peut être de nature diverse : culturel, historique, linguistique, monumental.

Le patrimoine en tant qu'héritage est constitué par un ensemble de biens dont une personne (physique ou morale) est titulaire. Il inclut aussi les droits et actions s'y rapportant. Lors du décès d'une personne, on désigne l'ensemble du patrimoine du défunt qui fait l'objet d'un partage par le mot "héritage" ou encore par l'expression "masse successorale".

C'est le philosophe Henri Bergson qui eut l'idée d'étendre la notion de patrimoine culturel en participant en 1921 à la naissance de la Commission Internationale de la Coopération Intellectuelle (CICI), ancétre de l'UNESCO.

Au départ, l'expression patrimoine culturel désignait principalement le patrimoine matériel (sites, monuments historiques, oeuvres d'art...). L'UNESCO a établi en 1972 une liste du patrimoine mondial, composée de plusieurs centaines de sites dans le monde.

Pour aborder ce concept, nous allons retenir la définition donnée à la conférence générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, réunie à Paris du 17 octobre au 21 novembre 1972, en sa dix-septième session. En effet, l'article 1er de la convention de l'UNESCO de 1972 considère comme patrimoine culturel :

- Les monuments: oeuvres architecturales, de sculpture ou de peinture monumentales, éléments ou structures de caractère archéologique, inscriptions, grottes et groupes d'éléments, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l'histoire, de l'art ou de la science.

- Les ensembles: groupes de constructions isolées ou réunies, qui, en raison de leur architecture, de leur unité, ou de leur intégration dans le paysage, ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l'histoire, de l'art ou de la science.

- Les sites: oeuvres de l'homme ou oeuvres conjuguées de l'homme et de la nature, ainsi que les zones y compris les sites archéologiques qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue historique, esthétique, ethnologique ou anthropologique.

12 Pinoche J. 1992 et Dictionnaire de droit privé de Serge Braudo

Il désigne donc un ensemble d'éléments liés à la culture par opposition à la nature13. On peut alors noter qu'il existe plusieurs sortes de patrimoines culturels à savoir : le patrimoine culturel matériel mobilier (peintures, sculptures, monnaies, instruments de musiques, armes, manuscrits...), le patrimoine culturel immobilier (monuments, sites archéologiques...), le patrimoine culturel subaquatique (épaves de navire, ruines et cités enfouies sous les mers...), le patrimoine culturel immatériel (traditions orales, arts du spectacle, rituels...), le patrimoine naturel (sites naturels ayant des aspects culturels tels que les paysages culturels, les formations physiques, biologiques ou géologiques...).

Au fil des années, la communauté internationale a oeuvré pour la prise en compte du patrimoine culturel immatériel considéré comme partie intégrante du patrimoine culturel. Dès lors, a vu le jour une conception du patrimoine culturel prenant en compte les communautés et les groupes en tant qu'acteurs principaux de ces formes immatérielles ou vivantes du patrimoine. Ces formes englobent ainsi les traditions et expressions vivantes héritées de nos ancêtres et à transmettre à nos descendants (traditions orales, arts du spectacle, rituels, festivités, savoir et savoir faire...).

Inspirée de cette définition, la loi congolaise N°8-2010 du 26 juillet 2010 Portant protection du patrimoine national culturel et naturel définit le patrimoine national culturel comme l'ensemble des biens meubles et immeubles qui, à titre religieux ou profane, revêtent un intérêt pour l'histoire, l'art, la science et la technique14.

De nos jours, l'importance du patrimoine culturel immatériel n'est plus à prouver ; elle réside dans les valeurs intrinsèques et dans le sentiment d'appartenance à une identité qu'il confère. Ce patrimoine établi donc un lien entre la passé, le présent et le futur ; il favorise les échanges et le dialogue interculturels. Sur le plan purement socio-économique, le patrimoine culturel immatériel présente l'avantage de maintenir la cohésion sociale et le dialogue débouchant ainsi sur un développement local durable.

A contrario, il faut noter que, cette richesse immatérielle est menacée et mise en danger par des phénomènes tels que la mondialisation, l'homogénéisation culturelle, le manque de considération du patrimoine qui le rend insignifiant et le dévalorise... Dans le mème sens, sa pérennisation et sa transmission présentent des lacunes du fait de l'exode rural, de l'urbanisation ou l'extinction des sachants, dépositaires du savoir et du savoir faire. Partant de ce fait, l'UNESCO travaille, depuis 1973, à la recherche des solutions de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. En effet, la question de la protection du patrimoine culturel immatériel a été posée pour la première fois par la Bolivie en 1973. Depuis lors, l'UNESCO n'a cessé de ménager des efforts pour trouver des solutions à ce problème ; dans ce sens, elle a proclamé entre 2001 et 2005, 90 éléments du patrimoine oral et immatériel dans le but de marquer une sensibilisation internationale et protection supplémentaire à ce patrimoine. Il s'en est suivi une prise de conscience en faveur de la sauvegarde de cette immense richesse et pour couronner le tout, l'UNESCO a adopté en 2003 « la convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel » ; véritable instrument juridique obligeant les Etats signataires à un respect strict et rigoureux de ce genre de patrimoine. La convention de 2003 prévoit, à cet effet, les mesures de protection et de pérennisation du patrimoine immatériel.

Enfin, il faut avouer qu'il est incontestablement vrai que le patrimoine culturel revèt une importance capitale en
ce sens qu'il constitue une composante essentielle de la particularité des peuples et des communautés; une

13 Frier (L), Droit du patrimoine culturel, PUF, 1997, 526p

14 Article 2 de la loi N°8-2010 du 26 juillet 2010 Portant protection du patrimoine national culturel et naturel.

référence intangible à leur identité culturelle et civilisationnelle. Pour exister, chaque peuple a besoin de témoigner de sa vie quotidienne, d'exprimer sa capacité créatrice, de conserver les traces de son histoire. Le patrimoine culturel est l'instrument de ce va et vient entre le passé et le futur15. Il s'impose, de plus en plus, comme un domaine dont l'intérêt grandit à mesure que grandit la recherche de ressources économiques nouvelles. Le patrimoine vit, s'enrichit au fil du temps, se réorganise surtout, car ce qui plaît aujourd'hui n'est pas ce qui attirait hier. Dans nos pays de traditions, la formation à distance et l'utilisation des ressources numériques n'ont pas vocation à détruire le passé. Il s'agit plutôt de créer aujourd'hui ce que seront les traditions de demain, en s'appuyant sur les trésors des cultures prenant leurs racines dans la nuit des temps. Le patrimoine culturel est une composante de l'identité culturelle des communautés, groupes et individus, et la cohésion sociale, de sorte que sa destruction intentionnelle peut avoir des conséquences préjudiciables sur la dignité humaine et les droits de l'homme16.

2.2 La gestion efficiente de l'environnement

La gestion efficiente suppose un rendement permettant de réaliser un objectif avec un minimum de moyen ; ceci dans le but de produire un effet certain.

L'environnement désigne tout ce qui nous entoure; un ensemble d'éléments objectifs qui conditionnent la vie humaine17. Etymologiquement, ce mot trouve son origine dans le Grec, le Latin et le Gaulois; d'ou son caractère polysémique qui justifie de nos jours ses nombreuses acceptions. Le sens de cette expression a, en effet, connu une évolution depuis ses origines; mais de nos jours, on s'accorde à reconnaitre que l'expression environnement désigne des conditions naturelles et culturelles pouvant agir sur les êtres humains et leurs conditions de vie; d'ou la notion d'environnement naturel.

Le législateur congolais entend par patrimoine national naturel, l'ensemble des formations physiques, géologiques et biologiques qui existent indépendamment de la création humaine et ayant un intérêt du point de vue de la beauté naturelle, de la science et de la conservation, tels que les forêts, les fleuves, les chutes18. La notion d'environnement naturel, souvent désignée par le seul mot environnement, a beaucoup évolué au cours des derniers siècles et des dernières décennies. On peut aujourd'hui définir l'environnement comme un ensemble de composants naturels de la planète terre comme l'air, l'eau, l'atmosphère, les roches, les végétaux, les animaux et l'ensemble des phénomènes et interactions s'y déroulant ; c'est-à-dire comme tout ce qui entoure l'homme et ses activités19. Les Etats ont tenté de mettre en place les dispositifs nationaux et la communauté internationale essaie aussi de se mobiliser à cela. Au sommet de la Terre à Rio en 1992, 172 Etats se sont accordés sur une définition du droit au développement qui « doit être réalisé de façon à satisfaire équitablement les besoins relatifs au développement et à l'environnement des générations futures présentes »20. Le 16 février 2005, le protocole de Kyoto est entré en vigueur car, avec la signature de 141 pays, le minimum requis de 55

15 Extrait du message de l'ancien directeur général de l'UNESCO M. Koïchiro Matsuura, relatif à l'année 2002 promulguée par l'assemblée générale des nations unies - année des nations unies pour le patrimoine culturel.

16 Extrait du préambule de la déclaration de l'UNESCO concernant la destruction intentionnelle du patrimoine culturel adoptée par la conférence générale en sa 32éme session, Paris 2003).

17 Encyclopédie scientifique

18 Article 3 de la loi N°8-2010 du 26 juillet 2010 Portant protection du patrimoine national culturel et naturel au Congo.

19 www.sosenvironnement.fr

20 Principe 3 de la déclaration de Rio du 14 juin 1992

États représentant 55 % des émissions de gaz à effet de serre était réuni. Il prévoit une baisse des émissions de ces gaz entre 2008 et 2012. Ainsi, les 34 pays industrialisés qui ont ratifié l'accord sont obligés de baisser de 5,2 % en moyenne leurs émissions de CO2 et de cinq autres gaz réchauffant l'atmosphère. Les 107 pays en développement ayant ratifié le protocole ont une obligation d'inventaire des émissions polluantes.

De nos jours, la protection et l'avenir de l'environnement attirent l'attention de toute l'humanité ; en effet, les ressources environnementales sont menacées et se dégradent ; une dégradation due en grande partie à l'activité humaine. C'est ainsi que sa protection fait partie des huit objectifs du millénaire et constitue l'un des trois piliers du développement durable. Cette protection implique une gestion efficiente de l'environnement, capable de produire un rendement meilleur et des résultats qui tiennent compte de l'homme et de la nature.

En outre, il faut noter que la gestion efficiente de l'environnement à laquelle nous nous attèlerons portera une contribution au développement durable. Le développement durable est une notion qui vise l'amélioration de la condition humaine. C'est un développement qui se veut durable et pour l'être, il doit concilier l'efficacité économique, l'équité sociale et la préservation de l'environnement. En d'autres termes, il est une conciliation du social, de l'écologie et de l'économie. Selon la définition proposée en 1987 par la Commission mondiale sur l'environnement et le développement dans le Rapport Brundtland, c'est « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs »21. Deux concepts sont inhérents à cette notion :

- Le concept de « besoins » et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis à qui il convient d'accorder la plus grande priorité.

- L'idée de limitation que l'état de nos techniques et notre organisation sociale imposent sur la

capacité de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir.

Dans ce sens, l'enjeu de gérer l'environnement de manière efficiente vise à mettre en oeuvre des actions régulières pour réduire le gaspillage, limiter les nuisances et les pollutions et économiser les ressources ; ce qui conduit à dire que la gestion efficiente de l'environnement suppose une protection saine et responsable des ressources naturelles pour maintenir la vie sur la planète. Cette protection pour être saine et responsable nécessite l'implication de tous les acteurs (privés, publics) et un changement des habitudes dans l'utilisation des ressources environnementales. Ainsi, on est tenté d'affirmer que la gestion efficiente de l'environnement fait partie du vaste programme de l'Agenda 21, adopté par 173 chefs d'Etat lors du sommet de la Terre de Rio en 1992. Ce programme qui comprend 40 chapitres met un accent sur l'intégration du développement durable dans les activités des collectivités territoriales tout en formulant des recommandations dans les domaines tels que : la pauvreté, la santé, la pollution de l'air, la gestion des ressources en eau et de l'assainissement, la gestion des déchets, forèts et des montagnes... Il se traduit donc par un certain nombre d'actions visant à améliorer la condition humaine et à économiser les ressources environnementales en vue d'assurer une visibilité des collectivités territoriales. Pour assurer une gestion efficiente de l'environnement, Agenda 21 prévoit entre autres actions:

- Une politique de l'habitat appuyée sur la haute qualité environnementale, la valorisation du

parc existant et la reconquête des espaces disponibles ;

21 « Notre avenir à tous ». Rapport de Brundtland de 1987

- L'utilisation des ressources renouvelables, la maîtrise de l'énergie, le développement des

modes de transports alternatifs à l'automobile ;

- La création des activités répondant à une demande sociale locale et d'emplois durables ou de nouvelles filières d'emploi.

En somme, il faut retenir la nécessité d'intégrer les dimensions environnementales dans la conception, l'élaboration et la mise en oeuvre des projets culturels notamment les projets d'aménagement des sites culturels. Compte tenu du fait que l'environnement se dégrade chaque jour, soit du fait de l'homme, soit de la nature, il faut travailler à le protéger et donc à le gérer de façon saine. Ce qui nécessite d'adopter un comportement écoresponsable dans la gestion de l'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango et dans le domaine royal de M'bé. Deux sites dans lesquels, il sera fait obligation de prendre en compte les dimensions environnementales, de les gérer donc de manière saine et responsable afin de les préserver et les transmettre aux générations futures.

2.3 Protection du patrimoine culturel et gestion efficiente de l'environnement

Notre contribution à la protection du patrimoine culturel et la gestion efficiente de l'environnement va porter sur une interrelation, une conciliation des deux actions et qui met en exergue une interprétation, une consolidation réciproque et mutuelle entre la culture et le développement durable. La protection du patrimoine culturel et la gestion efficiente de l'environnement conduisent à une logique de développement durable.

Selon l'UNESCO, « la culture crée un monde riche et varié qui élargit les choix possibles, nourrit les capacités et les valeurs humaines, et est donc un ressort fondamental du développement durable des communautés, des peuples et des nations»22. La protection, la promotion et le maintien de la diversité culturelle sont une condition essentielle pour un développement durable. C'est dans ce sens que la culture a été reconnue, au sommet de Johannesbourg, comme l'une des composantes du développement durable au même titre que l'économie, le social et l'environnement. Si l'on reste sur cette logique toutes les composantes du développement durable doivent aller de pair, être combinées et conciliées. Il est donc évident que l'une ne peut aller sans l'autre; ces deux actions sont intimement liées. En l'espèce, le port de Loango et le domaine royal de M'bé sont des sites situés dans la nature, en plein air et les protéger suppose une gestion saine de leur l'environnement. A ce propos, la convention de l'UNESCO de 1972 fait remarquer que «les patrimoines culturel et naturel sont de plus en plus menacés de destruction non seulement par les causes traditionnelles, mais aussi par l'évolution de la vie sociale et économique qui aggravent leur situation par des phénomènes d'altération ou de destruction encore plus redoutables»23.

La conciliation de ces deux actions (protection du patrimoine culturel et gestion de l'environnement) va permettre de sauver non seulement le patrimoine culturel mais aussi la nature et l'environnement. En effet, au delà de la protection du bien lui mème, les mesures d'inscription et de classement exigent la délimitation de la zone d'inscription et de la zone tampon; ceci pour préserver le bien et son environnement le plus immédiat. En effet, pendant longtemps a prévalu l'idée que l'homme est "maître et possesseur de la nature"24 . Par son travail, l'homme domestique la nature tout en vivant d'elle. Mais, cette volonté de maîtrise provoque aussi un mouvement de recherche tourné vers la connaissance de la nature. Le respect de la nature est alors une

22 Préambule de la Convention UNESCO sur la protection de la diversité des expressions culturelles du 20 octobre 2005

23 Préambule de la Convention UNESCO de 1972 sur la protection du patrimoine mondial, naturel et culturel

24 Descartes (R), discours de la méthode 1637, réédition des Ed. Gallimard, Paris, 19876, 322p

préoccupation surtout scientifique. Au XXe siècle est apparu un nouvel enjeu : comment intégrer l'homme à la nature ? Il faut donc apprendre à connaître et à respecter les écosystèmes : c'est l'écologie. L'inquiétude pour la fragilité de l'environnement s'explique par la détérioration massive et accélérée de la planète. C'est l'ensemble de la biosphère qui se trouve menacé. Il en va de même des paysages, élevés au rang de patrimoine naturel ; il convient alors d'en assurer la protection. Dans ce sens, la convention de l'Unesco de 1972 en son article 2 définit comme patrimoine naturel :

- Les monuments naturels constitués par des formations physiques et biologiques ou par des groupes de telles formations qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue esthétique ou scientifique.

- Les formations géologiques et physiographiques et les zones strictement délimitées constituant

l'habitat d'espèces animales et végétales menacées, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation.

- Les sites naturels ou les zones naturelles strictement délimitées, qui ont une valeur universelle

exceptionnelle du point de vue de la science, de la conservation ou de la beauté naturelle.

La législation congolaise ne fait pas de distinction entre le patrimoine culturel et naturel dans leur protection. Il en est de même dans bien d'autres pays comme Madagascar. En effet, si la loi N°8-2010 du 26 juillet 2010 porte protection du patrimoine national culturel et naturel au Congo, le législateur malgache a fait de même par une ordonnance relative à la protection, la sauvegarde et la conservation du patrimoine national. (Ordonnance n°82-029 du 6 novembre 1982 relative à la protection, la sauvegarde et la conservation du patrimoine national)25 . Les législateurs congolais et malgaches ont voulu protéger communément le patrimoine culturel et naturel car il existe une interpénétration entre les deux, une relation intimement liée et, de manière logique on ne peut protéger l'un sans l'autre. En d'autres termes, on peut aisément constater que la distinction entre la protection du patrimoine culturel et celle du patrimoine naturel n'est que législative ; dans la pratique, elles sont intimement liées en raison du fait que ces patrimoines sont imbriqués et gérés par les communautés comme des entités indissociables impliquant le milieu naturel, les croyances et une intervention plus ou moins contrôlées des individus. Certains constituent des paysages culturels comportant une double dimension culturelle et naturelle26. Dans la gestion des deux patrimoines, la distinction ne peut s'imposer car l'interaction est nécessaire sinon inévitable. La protection du patrimoine naturel associe principalement deux notions :

- La notion de patrimonialité qui évoque une notion de valeur intrinsèque et un besoin de

conservation, voire de gestion restauratoire.

- La notion de nature, vivante ou morte (sous forme de patrimoine géologique, paléontologique,

etc.) et donc un principe de naturalité.

25 Negri (V), Droit et patrimoine en Afrique, Version réactualisée, Recueil de législation relatives à la protection du patrimoine culturel, Université Senghor, 2002

26 De Souza (A) : Présentation des institutions de promotion et de valorisation du patrimoine culturel au Bénin. Actes de séminaire de Praia, décembre, 1996.

C'est en 1965 aux USA (lors d'une conférence à la Maison Blanche) que l'on a eu l'idée de concilier la conservation des sites culturels et naturels. Au cours de cette conférence a été demandée la création d'une Fondation du Patrimoine Mondial pour nouer des partenariats internationaux dans le but de protéger < les lieux, les paysages et les sites historiques les plus extraordinaires pour le présent et l'avenir de toute l'humanité ». Lors de la conférence des Nations Unies sur l'environnement humain en 1972, l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), a présenté à ses membres des propositions formulées en 1968. Un texte unique concernant tous les Etats membres fut adopté lors de cette conférence et la convention sur la protection du patrimoine mondial culturel et naturel fut adoptée le 16 novembre 1972 par la conférence générale de l'UNESCO. Cette convention met en exergue l'action de cohabitation entre l'homme et son environnement le plus immédiat, une composante indispensable de leur équilibre. Ainsi, il s'agit pour nous de créer une harmonie entre les populations locales et leur environnement naturel et culturel immédiat. Il ne faut surtout pas croire que le patrimoine est une matière morte.

Dans le cadre de notre travail, il nous a été donné de consulter les sources scientifiques ; celles-ci ont été d'un apport considérable, mais il faut faire remarquer que la protection du patrimoine culturel doit intégrer le cadre du développement durable. Aujourd'hui, la ceinture verte court bien de risques de disparition parce qu'en partie, les dimensions culturelles ne sont pas prises en compte. Aussi, tout est culturel ; le commerce, l'économie, le sport, l'habitat, la nourriture... ont chacun un fond culturel indiscutable. Il paraît alors indispensable d'assurer la protection des patrimoines culturel et naturel qui sont des traces de la mémoire collective. Dans le cas d'espèce, si rien n'est fait le port de Loango et le domaine royal de M'bé vont disparaître. Nous entendons par notre projet non seulement entretenir et perpétuer cette civilisation aussi remarquable mais aussi contribuer à l'amélioration des conditions de vie des populations locales, détentrices de ce patrimoine.

Les patrimoines naturel et culturel forment donc un ensemble faisant partie des biens précieux non seulement pour une communauté mais pour l'humanité tout entière. La convention de 1972 est en effet, l'un des rares documents qui abordent les liens entre ces deux types de patrimoine à l'intérieur du même document. La perte d'une de ces valeurs constitue la perte d'une partie de notre environnement culturel et naturel. Il devient alors indispensable d'élaborer des stratégies visant à assurer un équilibre entre le développement de nos sociétés et la conservation des ressources culturelles et naturelles. Ce qui permet de déterminer l'impact que les différents chantiers peuvent avoir sur l'environnement et le patrimoine culturel ou naturel. À cet effet, la convention invite les états signataires < à assurer la mise en valeur et la transmission aux générations futures du patrimoine culturel et naturel situé sur son territoire » par :

- L'adoption d'une politique générale visant à assigner une fonction au patrimoine culturel et

naturel dans la vie collective, et à assigner la protection de ce patrimoine dans les programmes de planification générale.

- L'institution sur leur territoire d'un ou plusieurs services de protection, de conservation de mise

en valeur du patrimoine culturel.

- La prise de mesures juridiques, scientifiques, techniques, administratives et financières

adéquates pour l'identification, la protection, la conservation, la mise en valeur et la réanimation de ce patrimoine pour favoriser la création ou le développement de centres nationaux ou régionaux dans ce domaine et encourager la recherche scientifique.

D'une manière générale, la vie dans les communautés est marquée par une relation dynamique entre l'homme et son environnement car l'homme consomme, utilise, transforme les éléments composant son environnement immédiat pour assurer sa survie. En somme, la qualité de la vie est sujette au comportement de l'homme face à son environnement.

3. Méthodologie

Pour mener à bien ce travail, nous avons opté pour une démarche méthodique faisant la synthèse de la recherche documentaire, de la collecte des données sur les sites et de l'expérience du stage. Par ailleurs, nous mentionnerons les difficultés rencontrées dans notre démarche.

3.1 La recherche documentaire

Elle a consisté en une consultation de tous les documents ayant abordé, de près ou de loin, notre sujet de mémoire. Cette consultation a été menée à la bibliothèque de l'université Senghor, à la Bibliotheca d'Alexandrie, au centre de documentation des MTCC et au Bureau UNESCO de Brazzaville où nous avons passé un stage complémentaire, au Ministère de la Culture et des Arts ainsi que par la consultation des personnes ressources. Elle nous a permis non seulement d'assimiler les concepts de protection du patrimoine et de gestion efficiente de l'environnement mais aussi de pouvoir comprendre la corrélation entre ces deux notions. Aussi, nous avons eu recours aux sites Internet spécialisés pour une analyse théorique des concepts clés utilisés dans notre mémoire. Ceux-ci ont été d'un apport considérable pour notre projet professionnel.

C'est donc dire que la consultation des documents écrits a constitué l'essentiel de nos références bibliographiques.

3.2 L'expérience du stage

Le stage nous a été indispensable et bénéfique sur deux principaux points :

- La mise en situation professionnelle car il nous a permis de nous inspirer de l'expérience des

MTCC pour en faire une interprétation dans notre pays, d'être en contact de la gestion d'un réseau de onze (11) sites. Ce stage a été un véritable moyen d'échanges d'expériences respectives que ce soit au niveau de la gestion des ressources humaines qu'à celui de la gestion de l'ensemble des structures du réseau. Il nous a permis de comprendre les mécanismes de fonctionnement (travail fait en amont de l'inscription du site) et les différentes étapes pour l'inscription d'un site au patrimoine mondial de l'UNESCO. Dans le même temps, il nous a permis d'obtenir des contacts nécessaires à cet effet, d'avoir une vue globale sur la gestion d'un réseau de onze (11) établissements (musées et écomusées), de rencontrer des professionnels du patrimoine et des personnes (physiques et morales) pouvant soutenir notre projet professionnel.

- L'amélioration de notre projet professionnel et notre de mémoire. En effet, notre contribution à

la protection du patrimoine culturel et à la gestion efficiente de l'environnement porte sur deux
sites qui sont sur la liste indicative de l'Unesco en vue de leur inscription au patrimoine
mondial. Les MTCC ayant dans leur réseau un site classé au patrimoine mondial (les Salines),

nous nous sommes imprégnés de tout le travail qui a été fait en amont de l'inscription du site et de toute la problématique liée à la gestion d'un site classé patrimoine mondial.

En outre, notre stage a été une contribution aux MTCC dans la mesure où nos interrogations et notre regard extérieur sur la politique de recherche scientifique appliquée aux projets du réseau ont permis, non seulement, de faire un état des lieux de la recherche au sein des MTCC, mais aussi de faire un état de besoins accompagné des préconisations sous forme de fiche action sur le sujet.

3.3 Présentation du Musée des Techniques et Cultures Comtoises

Les musées de techniques et cultures comtoises en leur forme actuelle sont nés d'une structure qui a vu le jour en 1978 à l'initiative de l'Etat et du Conseil Régional de Franche-Comté : l'Association Comtoise des Arts et Traditions populaires (ACATP) ; celle-ci était en charge du développement de la culture en Franche-Comté.

Dans le souci de bien mener sa politique de développement culturel, l'association a vu ses activités s'élargir ; dans ce sens, elle a mis l'accent sur la recherche et la sauvegarde du patrimoine industriel ainsi que la culture technique de l'ensemble des musées placés sous sa responsabilité.

Avec l'arrivée de Philip Mairot à la tête du réseau en 1988, les MTCC se sont agrandis et ont accueilli des nouveaux sites partenaires. Aujourd'hui, l'institution compte onze sites : musées, écomusées et entreprises en activité, répartis dans toute la Franche-Comté ; onze lieux témoins de l'industrialisation d'une région à dominante rurale qui racontent l'histoire du pays comtois27.

Ainsi, de manière générale, les MTCC participent à l'aménagement du territoire de Franche-Comté par le renforcement des activités culturelles en milieu rural. Plus concrètement, ils fixent les grandes lignes de la politique à mener dans l'ensemble du réseau après approbation de l'assemblée générale et du conseil d'administration. L'équipe professionnelle est chargée d'exécuter cette politique.

Ce réseau, à la fois régional et thématique, constitue un modèle unique en France, comparable en Europe à deux régions de modèle similaire : la Westphalie en Allemagne et la Catalogne en Espagne28.

L'association des Musées des techniques et cultures comtoises, s'est fixée deux objectifs : connaître et faire connaître son patrimoine auprès de tous les publics sans distinction. Elle intervient dans de nombreux domaines : conservation et mise en valeur des collections, programmes de recherche, aménagement et développement des sites, sensibilisation des publics, promotion et diffusion du patrimoine. Le réseau des MTCC est reparti sur toute la Franche-Comté qui comprend quatre départements : le Jura, le Doubs, la Haute-Saône et le territoire de Belfort. Il comprend donc les sites suivants : les Salines de Salins-les-Bains, le musée de la boissellerie de bois d'Amont, la Taillanderie de Nans sous-sainte Anne, l'écomusée du pays de la cerise à Fougerolles, le musée de la mine de Ronchamp, la forge-musée d'Etueffont, le musée Frédéric Japy de Beaucourt, les forges de Syam, le musée de la lunette de Morez, le musée du jouet de Moirans en montagne, la verrerie-cristallerie de la Rochère. Cependant, il faut noter que tous les sites restent autonomes et disposent, à cet effet, d'une structure juridique

27 _ Mairot (P), Patrimoine industriel en Franche comté, in Patrimoine et tourisme, Ena mensuel juillet- août 1995, P 21- 22

28 www.musees-des-techniques.org

propre ; mais ils sont placés sous la responsabilité légale du conservateur des MTCC. Une charte d'engagement est signée par chaque site à l'adhésion et le réseau constitue une véritable fédération29. Parmi ces sites, il y a :

- six (6) qui font partie du réseau des musées de France, répondant à des critères scientifiques et culturels précis. Cette appellation réservée aux établissements qui en font la demande constitue désormais un label clairement identifiable par le public (écomusée du pays de la cerise, Forge musée de Etueffont, musée Japy de Beaucourt, les Salines de Salins-les-Bains, le musée de la lunette, le musée du jouet)

- cinq (5) sont classés monument historique, et qui sont à ce titre classés ou inscrits comme tel afin d'être protégé, du fait de leur intérêt historique, artistique et architectural. Le classement est le plus haut niveau de protection; il concerne l'édifice extérieur, intérieur et ses abords (écomusée du pays de la cerise, forge-musée d'Etueffont, Taillanderie de Nans-sous-SainteAnne, forges de Syam, Salines de Salins).

Ceci illustre l'importance du réseau dont l'intérêt se justifie aussi bien par des avantages économiques dont bénéficie chaque site que par la valorisation et l'amélioration de l'offre culturelle des sites adhérents.

3.4 Les visites de terrain

Celles-ci se sont révélées très enrichissantes dans la mesure où elles nous ont permis d'avoir des entretiens et de discuter avec des professionnels de la culture et du tourisme, des élus locaux et des gestionnaires des sites.

Ce stage nous a donc donné l'opportunité d'être en contact avec les hommes de terrains et les professionnels ; ce qui nous a permis d'assimiler le travail fait en amont de l'inscription des Salines au patrimoine mondial et de toute la problématique liée à la gestion d'un site classé patrimoine mondial. A ce niveau, il nous a été donné de remarquer que tous les partenaires (élus locaux, professionnels de la culture, populations locales, propriétaires...) ont un rôle important à jouer dans la protection, la valorisation et la gestion des sites. Par conséquent, Ils doivent être associés à tous les projets culturels les concernant et doivent s'investir pour leur réussite.

Aussi, les visites de terrains ont relevé que l'inscription d'un site au patrimoine mondial engendre des obligations dans la gestion de la structure ; on peut ainsi citer : la mise en place du plan de gestion, le besoin de répondre aux exigences du label UNESCO, et l'amélioration des prestations. Et c'est au cours de nos entretiens qu'il nous a été donné de comprendre comment les Salines apportent des solutions aux problèmes majeurs qui peuvent surgir dans la gestion d'un site classé par l'UNESCO. Ainsi, pour faire face à cela, il faut :


· une étroite collaboration avec les autres sites sur la base :

- Des enjeux spécifiques environnementaux, de sauvegarde et de développement.

- Des outils réglementaires de protection efficace car les deux salines (Arc et Senans, les

Salines de Salins) sont protégées au titre de monuments historiques et sont, à ce titre,

dotées d'un arsenal juridique et législatif important.

29 Mairot (P), Le réseau des MTCC, in Patrimoine de l'industrie, 2006, p 45 - 52

- de la recherche d'une véritable synergie entre les deux salines dans une volonté de développement culturel, patrimonial et économique.


· Un contrôle de la satisfaction afin d'améliorer la qualité des services proposés en fonction des remarques et suggestions des publics. Aussi, depuis l'inscription du site au patrimoine mondial, il a fallu recruter beaucoup de guides touristiques pour satisfaire la demande qui devient de plus en plus croissante.

D'autre part, les visites des différents sites du réseau et particulièrement des Salines de Salins-les-Bains nous ont permis de réaliser l'importance des travaux à effectuer pour la valorisation et la protection d'un site culturel ; qu'il s'agisse aussi bien du dossier scientifique que des travaux d'aménagement et de restauration portant sur le bien lui même.

L'expérience des Salines de Salins-les-Bains nous a permis d'avoir des éléments nécessaires et importants non seulement pour notre mémoire mais surtout pour la protection, la valorisation et la gestion du port de Loango et du domaine de M'bé. Notre contribution à la protection du patrimoine culturel et à la gestion efficiente de l'environnement se veut être un instrument de rappel de la mémoire collective et de revalorisation des cités jadis florissantes. Elle permettra aux populations locales de contribuer à reconstituer leur passé et à le transmettre aux générations futures.

Outre le stage aux MTCC, nous avons effectué un autre complémentaire au Bureau UNESCO de Brazzaville. Ceci pour trois objectifs :

- Faire un état de lieux du terrain d'investigation et collecter les sources documentaires

nécessaires pour la constitution d'une base de données adéquates sur les sites.

- Effectuer des rencontres avec les partenaires de l'UNESCO associés au processus d'inscription des deux sites sur la liste du patrimoine mondial afin de recueillir les données nécessaires pour la compréhension des enjeux.

- Collecter les informations relatives à l'état d'avancement du dossier d'inscription des deux sites

sur la liste du patrimoine mondial.

Le stage effectué au Bureau UNESCO de Brazzaville nous a permis de comprendre :

- Qu'il n'existe pas de documentation spécifique traitant des deux sites.

- Que le gouvernement Congolais (à travers le Ministère de la Culture) et le Bureau UNESCO de Brazzaville ainsi que leurs partenaires respectifs manifestent un intérêt à vouloir inscrire les sites au patrimoine mondial. Une démarche perçue par les populations locales comme le seul moyen efficace pour protéger les sites.

- Que le processus d'élaboration du dossier de soumission des sites au patrimoine mondial n'a pas encore débuté. En effet, il sied de noter qu'aucun travail concret n'a été réalisé jusque là ; les sites de Loango et de M'bé restent sur la liste indicative sans plus. Et, les dossiers étant restés sur la liste indicative, ils n'ont fait l'objet d'aucun rapport ou avis de la part des experts de l'UNESCO.

menée sur le terrain. D'où l'imminence d'entreprendre des travaux relatifs à l'élaboration du dossier final de soumission et d'amorcer les travaux d'aménagement et de protection des sites.

3.5 Les difficultés rencontrées

La collecte des informations spécifiques sur l'ancien port de Loango et le domaine royal de M'bé n'a pas été aisée. En effet, hormis le dossier qui a été constitué et déposé par le ministère de la culture pour l'inscription des deux sites sur la liste indicative de l'UNESCO, aucune étude majeure n'a été faite. Mais cela n'a pas, pour autant constitué un handicap à notre recherche ; bien au contraire. Pour compenser cela, nous avons effectué un stage complémentaire au Bureau UNESCO de Brazzaville afin d'être sur le terrain, de rencontrer des personnes ressources (physiques et morales) afin de recueillir des données nécessaires à notre recherche. Pour ce qui est des informations relatives l'état d'avancement du dossier d'inscription des sites au patrimoine mondial, aucun travail concret n'a été réalisé jusque là ; les sites de Loango et de M'bé restent sur la liste indicative sans plus. Ce qui pose encore plus le problème de la documentation.

3.6 L'élaboration d'une base de données

L'une des difficultés rencontrées dans nos recherches a été l'absence d'une documentation spécialisée pour les deux sites. D'où la nécessité d'élaborer des outils afin de constituer une base de données regroupant toutes les informations relatives au patrimoine (matériel et immatériel) que l'on peut trouver au port de Loango et au domaine de M'bé.

La première partie de ce travail a été constituée lors de nos recherches d'informations et de documentations en vue d'enrichir notre mémoire. Ces recherches se sont effectuées à la bibliothèque de l'université Senghor, en stage aux MTCC, au Bureau UNESCO, au Ministère de la Culture et des Arts à Brazzaville ainsi que lors de nos différentes visites sur le terrain.

La seconde va s'effectuer sur les deux sites après notre formation à l'université Senghor car elle va nécessiter des enquêtes ethnologiques, un travail de terrain intense, des collectes de témoignages et récits des personnes ressources ayant une connaissance approfondie des sites et de leur histoire. Il s'agit donc, pour nous, de procéder à un inventaire supplémentaire pour informatiser toutes les données et enquêtes ethnologiques selon le modèle de l'inventaire proposé par « Joconde » sur le site du Ministère Français de la Culture30. Ceci pour constituer une base de données consultable ainsi qu'une banque d'images.

4 Projet : Réhabilitation de l'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango et du domaine royal de Mbé

4.1 Contexte et justification du projet

La réhabilitation des deux sites est une contribution à la protection du patrimoine culturel et à la gestion efficiente de l'environnement sur le port de Loango et le domaine royal de M'bé. Notre choix de proposer cette contribution se justifie par le fait que nous avons voulu non seulement sauver ces vestiges du passé qui vont vers la disparition, mais aussi contribuer au bien être de la population. La mise en valeur de ces sites permettra un développement communautaire car les populations locales seront les premiers bénéficiaires de ce projet. Toutefois, il faut noter que le projet de protection va s'exécuter alternativement sur les sites ; l'un après l'autre en fonction de l'urgence et des priorités du gouvernement.

D'autre part, la protection de ces sites va permettre de sauvegarder et de léguer aux générations futures une civilisation vieille plus cinq de siècles : celle des royaumes Loango et Téké, deux cités royales jadis florissantes. Une fois ces sites protégés, on pourra envisager leur exploitation, leur mise en valeur afin d'en faire des musées de la nature ou en plein air. Ce qui permettra de créer des sources de revenus pour les localités concernées. Notre projet contribuera donc au rayonnement de ces sites car une fois le projet exécuté, ils seront un véritable miroir pour la culture Congolaise. Tout laisse à croire que les sites possèdent un certain nombre de potentialités qui permettraient, si elles sont soigneusement mises en oeuvre, de développer un tourisme culturel respectueux de l'environnement. La marche à suivre est simple ; il ne suffit pas seulement de protéger le patrimoine culturel mais aussi et surtout d'y intégrer l'avenir de l'environnement dans son exploitation ; donc tenir compte des politiques environnementales dans la gestion du patrimoine culturel.

Pour la réalisation de ce projet, nous allons nous associer au Ministère de la Culture dans sa mission de protéger le patrimoine et de contribuer à son développement en partenariat avec le ministère de l'environnement et bien d'autres structures et ONGs.

4.2 Objectifs du projet

Compte tenu de l'importance du patrimoine culturel des sites et de l'histoire qui y est rattachée, notre projet va s'appuyer sur l'organe technique du Ministère de la Culture à savoir la Direction du Patrimoine et des Archives, le Bureau Unesco en République du Congo, les populations locales, les ONG, les institutions nationales et internationales qui oeuvrent dans le même sens. L'objectif à atteindre est double : assurer la protection du patrimoine culturel des sites ainsi que de leur environnement, et améliorer les conditions de vie des populations locales par un tourisme culturel, prenant en compte tous les aspects de la préservation de l'environnement. Pour cela, il faut :

- Préserver les éléments culturels et naturels des deux sites dans le but de créer un musée de plein air.

- Assurer une protection effective des sites selon les normes nationales et internationales de protection du patrimoine culturel et naturel.

- Contribuer au développement des localités abritant ces sites et à l'amélioration des conditions

de vie des populations locales.

- Former un personnel local capable de prévenir les catastrophes et d'intervenir en cas

d'urgence tout en assurant un retour à la normale.

- Mettre en place un partenariat entre les Ministères de la Culture, de l'Environnement et du

Tourisme en vue de protéger communément le patrimoine culturel et l'environnement de manière plus efficace ; ceci en vue d'aménager le site pour son exploitation touristique. Ce qui va nécessiter une transversalité, une concertation, un dialogue et un travail en réseau.

Pour cela, nous allons travailler avec le Ministère de la Culture et ses partenaires à agir dans une logique de développement durable, à intégrer cette logique au coeur des politiques du ministère afin d'adopter un modèle de protection basé sur la promotion des aspects environnementaux dans les politiques de protection du patrimoine culturel.

La réalisation de nos objectifs apparaît comme obligatoire car elle va permettre de sauver et de mettre en valeur les potentialités culturelles et environnementales des sites d'une part, et d'assurer la transmission de cette richesse pour l'avenir.

4.3 Durée du projet

Au regard de l'importance des travaux à réaliser, les activités s'étaleront sur dix-neuf (19) mois pour chaque site. Il est à noter que la population locale va constituer l'essentiel de la main d'oeuvre dans l'ensemble des travaux à réaliser ; c'est dire que sa participation sera indispensable.

4.4 Gestion et mise en oeuvre du projet

Étant donné que les deux sites bénéficient d'une protection nationale31, nous allons nous appuyer sur la Direction du Patrimoine et des Archives pour mettre en place notre projet. Cet organe technique du Ministère de la Culture sera notre relais entre les populations locales, les institutions intergouvernementales et les ONGs de développement.

En effet, le renforcement de la protection de l'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango et du domaine royal de M'bé est assuré par les lois n°8 et 9/2010 du 26 juillet 2010. Le premier texte a le mérite de prévoir le classement et l'inscription à l'inventaire les deux sites au patrimoine national (article 7), et de les protéger à ce titre (article 8)). Le second a pour principales incidences de les développer et les promouvoir (article 2), de créer dans tous les chefs-lieux de département et de district et dans chaque commune ou arrondissement, un centre culturel sous forme d'un établissement public en vue d'assurer une protection de proximité. Dans ce sens, le projet va se dérouler en quatre (4) phases :

- La première phase va consister à sensibiliser tous les partenaires (population locale,

collectivités territoriales, ONG, partenaires financiers...) sur l'importance du projet en vue de sa réussite et à la mise en place des partenariats avec les ONG nationales et internationales oeuvrant dans le même sens. Cette action doit rester permanente pour que tous les partenaires s'imprègnent du projet et y portent un intérêt.

31 Loi n°8 du 26 juillet 2010 portant protection du patrimoine national culturel et naturel au Congo

- La deuxième consistera à mettre en place une équipe chargée de mener le projet. Cette équipe sera composée des spécialistes en gestion du patrimoine culturel, en environnement, des formateurs et des représentants de la population locale.

- La troisième portera sur une formation en restauration et en conservation préventive du personnel local qui sera chargé d'assurer les travaux de protection des sites et de leur suivi. La formation sera dispensée par les professionnels des ONG nationales ou internationales avec lesquelles des partenariats seront mis en place.

- La quatrième phase sera celle de l'identification et de la collecte du patrimoine ainsi que de

l'exécution des travaux de protection, de réhabilitation, de conservation des sites et de leur patrimoine. Elle va aussi porter sur la mise en place d'un système de gestion des deux sites pour son exploitation. Il convient de noter que notre projet va mettre un accent particulier sur la mise en place d'un cadre de concertation et de sensibilisation entre les différents partenaires (population locale, ministère de tutelle, ONG, partenaires financiers...). Cette phase nous parait être la plus importante en termes d'activités à mener ; c'est pourquoi elle nécessitera davantage de temps.

4.5 Les activités à réaliser

L'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango et le domaine royal de M'bé sont deux sites très vastes ; il convient avant tout de délimiter les zones sur lesquelles vont porter les activités de réhabilitation et de protection en fonction des priorités. Une fois les sites délimités, il sera nécessaire d'assurer une large diffusion des normes juridiques sur la protection du patrimoine culturel et naturel dans les deux sites. Dans ce sens, il convient d'amener les autorités politiques nationales, départementales et locales à faire une application effective des textes réglementaires et de mettre en place un véritable cadre juridique de protection du patrimoine. Parmi ces textes, on peut citer :

· Au niveau national :

- La loi 32/65 du 12 aoüt 1965 donnant à l'Etat la possibilité de créer des organismes

tendant au développement de la culture et des arts.

- Le décret 68-45 du 19 février 1968 fixant les modalités d'application de la loi 32/65 du 12

août 1965.

- La loi n°8-2010 du 26 juillet 2010 portant protection du patrimoine national culturel et

naturel ;

- La loi n°9-2010 du 26 juillet 2010 portant orientation de la politique culturelle en

République du Congo.

· Au niveau international

- La convention de l'UNESCO du 21 novembre 1972 sur la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel.

- La charte de la renaissance culturelle africaine du 24 janvier 2006.

- La convention pour la protection et la sauvegarde du patrimoine immatériel du 17 octobre 2003 qui est en voie d'être ratifiée par la République du Congo.

- La recommandation de l'UNESCO sur la sauvegarde de la culture traditionnelle et populaire du 15 novembre 1989.

- La recommandation concernant la sauvegarde des ensembles historiques ou traditionnels et leur rôle dans la vie contemporaine du 26 novembre 1976.

- La recommandation concernant la préservation des biens culturels mis en péril par les travaux publics ou privés du 19 novembre 1968.

- La convention UNIDROIT sur les biens volés ou illicitement exportés du 24 juin 1995.

- La convention pour la protection des biens culturels en cas de conflits armés du 14 mais 1954. En effet, les biens culturels en période de conflit armé sont placés sous le régime de protection consacré par les normes juridiques internationales. Les plus pertinentes sont les suivantes :

- Le Règlement de La Haye, la convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé de mai 1954 et son Protocole, le Deuxième Protocole relatif à la convention de mai 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé ;

- La Résolution sur la Conférence intergouvernementale sur la protection des biens culturels

en cas de conflit armé du 14 mai 1954.

Fort malheureusement, le constat en République du Congo n'est guère satisfaisant. En effet, le Congo n'est partie à aucun de ces instruments juridiques internationaux susmentionnés qui sont pourtant les fondements de la protection des biens culturels en période de conflits armés. Autrement dit, le Congo n'a ni signé, ni ratifié lesdits textes. Le droit positif congolais n'offre donc pas de garantie de protection aux biens culturels en cas de conflits armés. Il faut donc amener les autorités à ratifier ces instruments sans lesquels le patrimoine congolais restera soumis à la destruction ou à la disparition en cas de guerre ou de conflits armés. La démarche consiste à adopter des mesures de sauvegarde et de respect indiquées aux articles 3 et 4 de la convention de 1954, mesures laissées à la discrétion des Etats. Dans la mise en oeuvre de ces dispositions, on garde à l'esprit que les normes elles-mêmes prévoient les conditions dans lesquelles un Etat ou une partie en conflit peut déroger à l'obligation de protéger tous les biens culturels notamment dans le cas d'une « nécessité militaire impérative. ». Il s'agit donc d'une protection renforcée. D'autre part, il convient d'établir un système efficace de répression basé sur la responsabilité de l'Etat et de l'individu.

4.5.1 Les activités au port de Loango

Un inventaire du patrimoine est nécessaire sur les deux sites car « on ne protège bien que ce que l'on connaît bien » disait Albert Lucas, président de la Société pour l'Etude et la Protection de la Nature en Bretagne dans les années 1960. Pour mieux protéger un patrimoine, il faut le connaître, c'est pourquoi un inventaire du patrimoine culturel s'impose sur les deux sites. Cette action a pour but de recenser, d'étudier et de faire connaître le patrimoine. La loi congolaise relative à la protection du patrimoine national culturel et naturel est claire à ce propos ; elle oblige une inscription à inventaire pour assurer la protection du patrimoine national32. La méthodologie mise en oeuvre va consister à constituer pour chaque pratique une masse documentaire homogène comprenant des dossiers descriptifs, des plans, des photographies et une bibliographie au moyen d'une grille d'analyse et de vocabulaires normatifs. Aussi, il sied de préciser qu'il est nécessaire, avant

32 Articles 8 à 10 de la loi 8-2010 du 26 juillet 2010 portant protection du patrimoine national culturel et naturel

l'exécution de tout travail, de procéder à une délimitation de la zone à inscrire et de la zone tampon de façon à circoncire le bien à inscrire sur la liste du patrimoine mondial.

Le port de Loango est fortement menacé du fait qu'il borde la mer ; il est donc rongé par l'érosion marine. La cause principale de l'érosion actuelle est due, selon toute probabilité, au blocage du transit sédimentaire du sable du Sud vers le Nord par le port de Pointe-Noire et les activités de dragage qui y sont menées. Pour lutter contre cela, la solution la plus évidente (et pas forcément la plus coûteuse si elle était possible) sera donc de réinjecter de façon bien étudiée le sable, en suivant l'axe depuis la Pointe indienne jusque devant le site et audelà.

En même temps, il faudra rétablir le transit littoral à partir du port de Pointe-Noire en réinjectant les sables dragués au niveau du port (tous les ans ou tous les deux ans) dans une zone de reprise du sable au Nord. Il s'agit d'opérations courantes pour les spécialistes du dragage ; d'où la nécessité d'ériger un important cordon littoral et contrer les effets des vagues par de lourdes chaussées. Il conviendra donc de mettre en place une ceinture de sécurité physique pour sauver Loango. Pour cela, il faudra protéger le littoral par des enrobements tout le long de la baie et mettre en place des épis perpendiculaires entre les deux rangées.

D'autre part, il s'agira de réparer le débarcadère et d'aménager la zone portuaire ; ce qui constituera une opération assez simple si déjà l'érosion marine est stoppée. Sur le site même, il est à noter que la stèle qui est la place symbolique du départ des caravanes nécessite d'être restaurée ; il en est de même pour les sentiers des esclaves. Ces travaux seront exécutés par la population locale qui aura subi la formation en restauration et conservation.

Le cimetière de Loango, quant à lui, a presque disparu de moitié à cause des éboulements provoquant des ravins ; il faut donc entreprendre des actions urgentes qui consisteront à remblayer les ravins et à canaliser les eaux de pluies pour qu'elles n'atteignent plus le site de manière violente.

En outre, avec la collaboration des autorités administratives locales et des propriétaires fonciers, des mesures seront prises au niveau communautaire pour renforcer les textes juridiques déjà existants : il s'agira donc d'amener les autorités locales à prendre des arrêtés ou d'autres dispositions contraignantes afin d'assurer une protection supplémentaire du site et de définir les zones tampons afin d'avoir une meilleure protection des biens culturels. Dans le même sens, il conviendra de réglementer les projets de développement urbain afin que ceux-ci n'affectent pas l'intégrité et l'authenticité du site. Par ailleurs des travaux d'assainissement seront entrepris pour rendre le site plus accueillant, plus accessible et plus visible.

4.5.2 Les activités au domaine royal de M'bé

Ce domaine est menacé par les feux de brousse qui parfois tournent au tragique lorsqu'ils atteignent l'habitat. En effet, les paysans pratiquent encore la culture sur brûlis qui détruit sérieusement le site dans son authenticité. D'autre part, il faut souligner le déboisement des forêts sacrées par les populations locales ; mais il faut tout de suite préciser que ces pratiques tendent à disparaître avec l'entrée en vigueur du code forestier interdisant l'abattage des arbres et la culture sur brOlis. En effet, pour ce qui est des feux de brousse et les incendies de forêts, l'article 138 du code forestier dispose que : « quiconque aura, par imprudence, négligence, inattention ou inobservation des règlements pris en application de la présente loi, causé un incendie dans le domaine forestier permanent, sera puni d'une amende de 20.000 à 200.000 FCFA, d'un emprisonnement d'un an maximum ou

d'une de ces deux peines seulement »33. L'article 140 du même code stipule que « quiconque aura déboisé ou entrepris de déboiser, par quelque moyen que ce soit, une parcelle de forêt en violation des dispositions de l'article 31 ci dessus ou des règlements pris en application de la présente loi, sera puni d'une amende de 100.000 à 500.000 FCFA et/ou d'un emprisonnement d'un à six mois34 ».

L'essentiel des activités va donc consister à sensibiliser la population locale sur les méfaits de la pratique de culture sur brûlis et du déboisement qui, non seulement détruisent l'environnement, mais aussi appauvrissent le sol. Il conviendra d'organiser des séances d'informations de façon régulière afin de développer la conscience environnementale de la population locale sur la gestion des feux et de renforcer l'application de la loi n°16-2000 du 20 novembre 2000 portant code forestier. Toutefois, il faut souligner que les résultats de l'entrée en vigueur de cette loi se font déjà ressentir.

Aussi, il nous a été donné de constater que l'habitat traditionnel qui caractérisait la culture Téké a disparu. Des recherches visant à comprendre le mode d'occupation et d'organisation de l'habitat traditionnel vont être initiées dans le but de le réintroduire. Les restaurations seront donc réalisées avec des techniques traditionnelles de construction sur la case royale et les autres édifices encore existants, présentant un intérêt architectural ; notre intervention va porter sur :

- La restitution des façades de l'époque et leur maintien dans l'état où elles se trouvent afin de

rétablir l'unité du bátiment orignal ; ce qui va nécessiter la consolidation des sous bassements et des charpentes existantes.

- La consolidation des structures qui va consister en un renforcement des éléments défaillants sans rien détruire, dans le respect de l'intégrité du système structural original. Il conviendra pour cette opération d'utiliser des matériaux et des techniques traditionnelles.

- La prise et la mise en application des mesures de conservation sur l'ensemble du site tant au niveau local qu'au niveau national (arrêtés municipaux et préfectoraux).

- La reconstruction des parties manquantes sur les édifices sélectionnés en respectant au mieux possible les matériaux d'origine.

Cependant, il faut noter que les études techniques préliminaires seront menées par un cabinet d'experts spécialisé en architecture traditionnelle pour garder l'authenticité du bâti et ne pas dénaturer les vieilles constructions. Il faudra donc s'appuyer sur une documentation historique pour procéder aux restaurations. Dans ce sens, avec la collaboration du Gouvernement, des populations locales et du pouvoir royal, il conviendra d'étudier la mise en place de pratiques culturales alternatives qui permettront de mieux protéger les forêts et l'habitat traditionnel du domaine royal. De plus, la mise en application effective de la loi 16-2000 du 20 Novembre 2000 portant Code forestier en République du Congo va permettre de réduire fortement l'abattage des arbres dans le domaine royal.

En tout état de cause, qu'il s'agisse du domaine royal de M'bé ou de l'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango, il convient de mettre en place une véritable politique de conservation préventive car les biens restaurés doivent être entretenus de manière professionnelle par la suite afin qu'ils puissent résister à la dégradation naturelle et humaine.

33 Article 138 de la loi n°16-2000 du 20 novembre 2000 portant code forestier en République du Congo

34 Article 140 de la loi n°16-2000 du 20 novembre 2000 portant code forestier en République du Congo

Pour ce qui est du patrimoine immatériel sur les deux sites, Il nous appartiendra donc d'en assurer la collecte, la conservation, la diffusion et la valorisation afin de le transmettre aux générations futures. Ce travail se fera par la mise sous support (cassettes, écrits, CD, films...), la constitution des archives et les enquêtes ethnologiques pour recueillir cette tradition orale et populaire, la pérenniser et la perpétuer. Pour cela, nous allons procéder par :

- L'utilisation des supports d'informations modernes : disques compacts, bandes magnétiques ;

- Des techniques de restauration des supports d'informations modernes détériorés ou endommagés.

Ce travail va être mené en collaboration avec des structures dynamiques de sauvegarde et de promotion du patrimoine immatériel qui est une composante essentielle de la culture et donc de l'identité locale. Dans ce sens, nous allons nous inspirer de l'expérience des structures comme le Centre des Arts et du Récit de Grenoble (CARG), le Centre de Littérature Orale de Vendôme (CLIO) en France ; la Maison des Contes de Namur (MCN) en Belgique, l'Institut du Patrimoine Culturel et le Musée de la mémoire vivante au Québec. Il s'agira donc de nouer des partenariats avec ces structures.

Les Téké disposent d'une grande connaissance de la nature et de l'univers. C'est le cas de la médecine traditionnelle (traitement des diverses maladies, la chirurgie traditionnelle, l'immunisation du corps, etc.), la fabrication du sel, la fabrication des médicaments traditionnels à partir des ressources forestières, etc. Il convient donc d'assurer une transmission du savoir et du savoir-faire Téké notamment l'artisanat traditionnel et la tradithérapie dans le domaine royal de M'bé. Dans ce sens, il convient de former les jeunes à la fabrication du raphia et de la peinture ainsi qu'à la production des fixateurs pour la teinture à base des ressources naturelles.

4.6 Les retombées du projet

Notre projet sera rentabilisé par la mise en place d'un tourisme culturel durable. A cet instant, on pourra escompter des retombées au plan culturel, socio-économique et environnemental.

4.6.1 Sur le plan culturel

Il s'agit pour nous de protéger et d'assurer la transmission aux générations futures de ce patrimoine qu'est le port de Loango et le domaine royal de M'bé. Nous voulons aussi assurer le rayonnement et la diffusion de la valeur universelle exceptionnelle des sites au niveau international par leur inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO bien qu'étant déjà sur la liste indicative. En outre, une fois le site aménagé et ouvert aux visites, nous envisageons un brassage des cultures. C'est l'occasion de faire du tourisme une opportunité de rencontres, d'échanges, de dialogue, de brassage inter culturel et de cohésion sociale. Par ailleurs, le projet vise à sensibiliser la population locale à réserver un accueil chaleureux aux touristes qui doivent à leur tour respecter les us et coutumes de la localité: respect des normes sociales, culturelles et religieuses des sites par les touristes. Aussi, ce projet est un moyen pour la population locale de se réapproprier sa mémoire collective tout en perpétuant le savoir-faire local. Le tourisme permettra la modernisation des mentalités, le développement de nouvelles aptitudes, la valorisation culturelle, le maintien de la culture. Dans ce sens, les sites vont bénéficier d'un rayonnement tant au plan national qu'international à travers le tourisme.

4.6.2 Sur le plan socio-économique

Nous pensons mettre en place une politique d'emplois liée à la protection des sites ; la population locale sera le premier bénéficiaire non seulement du projet, mais aussi des emplois générés par le projet et qui leur seront accordés en priorité. En effet, celle-ci va constituer l'essentiel de la main d'oeuvre pour la réalisation des travaux de réfection, de réaménagement, d'assainissement, de protection des espaces naturels et culturels et de reconstruction qui seront effectués dans les sites. Ceci en vue de freiner le départ massif des jeunes vers les villes et de faire revivre les localités qui abritent ces sites. En outre l'inscription de ces sites au patrimoine mondial permettra d'envisager des retombées économiques encore plus importantes avec notamment l'affluence des touristes. Le tourisme sera créateur d'emplois avec une main d'oeuvre essentiellement locale. Ici, il s'agira de mettre l'accent sur le fait que la population locale soit le premier bénéficiaire de ce projet dans le cadre de la main d'oeuvre. En même temps, il faut préciser que notre projet va favoriser le développement de l'économie locale par le réinvestissement des ressources générées par le tourisme dans d'autres projets communautaires comme la construction d'écoles, des centres de santé, fontaines publiques ; ceci afin d'améliorer le niveau de vie des populations locales. Dans ce sens, la population locale sera amenée à commercialiser ses savoirs-faires locaux ; ce qui nous permettra de lui faire bénéficier des retombées touristiques; les artisans locaux vont faire évoluer la conception de leurs produits artisanaux pour les adapter aux goûts de leurs nouveaux clients.

4.6.3 Sur le plan environnemental

Notre travail est une contribution à la protection du patrimoine culturel et à la gestion efficiente de l'environnement. Dans ce sens, nous envisageons une politique de protection de l'environnement au sein duquel se trouvent le port de Loango et le domaine de M'bé. En effet, le tourisme et l'exploitation irresponsables du site et de son patrimoine peuvent engendrer une dégradation du bien. Pour éviter cela, des mesures de précaution, compensatoires et conservatoires seront mises en oeuvre et évaluées pour limiter et compenser les impacts du tourisme sur la qualité de vie des populations locales et sur l'environnement. Notre projet de protection et de valorisation fera application des trois indicateurs composites définis par l'OMT et qui sont particulièrement bien adaptés à la mesure des coûts et avantages écologiques de l'écotourisme. Il s'agit de :

- L'indicateur de capacité de charge qui permettra de déterminer le nombre maximum de

touristes par site en tenant compte de l'intensité d'utilisation en période de pointe.

- L'indicateur de perturbation de site qui permettra de réaliser une mesure composite des

niveaux d'impact sur le site compte tenu des particularités naturelles et écologiques.

- L'indicateur d'intérêt écologique qui sera un outil devant permettre de mesurer les

particularités écologiques du site qui le rendent attrayant pour l'écotourisme et qui peuvent

changer avec le temps et la fréquentation touristique.

Ces indicateurs ont pour rôle principal d'établir une surveillance des sites et de leur patrimoine sur le plan écologique et environnemental35. Pour y arriver, il faut donc sensibiliser la population résidente à un effort d'assainissement en encourageant le développement d'initiatives privées entrepreneuriales de traitement d'ordures et de déchets. En amont, un accent sera mis sur l'information des touristes quant à l'interdiction de l'utilisation des déchets nocifs et toxiques dans et autour du site. De même seront encouragés les visites guidées

35 Compte rendus d'ateliers sur les indicateurs de l'OMT - www. unwto.org

pédestres, le réseau de véloroutes et voies vertes afin de réguler l'accès des touristes, de préserver l'intégrité des sites et de limiter les dégâts environnementaux.

Cependant, il faut noter la nécessité pour les deux Ministères (Culture et Environnement) de travailler en transversalité afin que tous les aspects soient pris en compte.

Tableau 1 : Déroulement des activités sur 19 mois pour chaque site.

Nature des activités

Durée

Recherche de financement

3 mois

Sensibilisation des communautés locales, des autorités locales et
administratives

Permanente

Identification des représentants des communautés, des détenteurs du savoir et
du savoir-faire traditionnels, des personnes ressources

1 mois

Formation et mise en place de l'équipe chargée de piloter le projet

2 mois

Identification et collecte du patrimoine culturel dans le site

3 mois

Formation de la main d'oeuvre

2 mois

Achat de matériel

1 mois

Exécution des travaux de restauration et de protection

7 mois

Suivi et évaluation des activités

Permanente

 

Il sied de noter qu'un accent particulier sera mis sur la sensibilisation de la population locale en vue de la réussite du projet. Il conviendra pour nous de mettre d'accord tous les concernés et de convaincre les plus sceptiques pour éviter les retards dans l'exécution des travaux et dans le financement. Cette sensibilisation doit être permanente et elle va consister à expliquer à tous le bien fondé du projet. Ainsi, une fois tous les partenaires associés, nous pouvons envisager de mettre en oeuvre notre projet.

Cependant, il faut préciser que ces travaux doivent ètre exécutés en vue de l'inscription des sites au patrimoine mondial de l'UNESCO. Pour cela, notre travail va contribuer à l'élaboration du dossier final qui sera présenté à l'UNESCO pour l'inscription des sites au patrimoine mondial. Le travail d'élaboration du dossier final portera sur le bien à inscrire lui-même ; il faudra donc procéder, pour les deux sites à :

· L'identification pour donner une description géographique du pays et de la région et de la localité dans lesquels se situe le bien ainsi que la délimitation de la zone d'inscription et de la zone tampon évaluée en hectare. Elle est accompagnée des cartes, plans et nom du bien.

· La description du bien pour faire un état :

- Des conditions géologiques exceptionnelles et des enjeux économiques, humains et politiques indispensables dans la vie quotidienne d'antan.

- De l'historique et du développement mettant en relief l'historique des sites et son état

actuel ;

· La justification de l'inscription pour exposer :

- Les critères selon lesquels l'inscription est proposée. En effet, le domaine royal de M'bé est

sur la liste indicative selon les critères (v) et (vi) et l'ancien port de Loango l'est selon le critère (vi). Le critère (v) exige que le site soit « un exemple éminent d'établissement humain traditionnel, de l'utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer, qui soit représentatif d'une ou des cultures, ou de l'interaction humaine avec l'environnement, spécialement quand celui-ci est devenu vulnérable sous l'impact d'une mutation irréversible ». Le critère (vi) mentionne que le site « doit être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des oeuvres artistiques et littéraires ayant une signification exceptionnelle universelle. L'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango possède, à ce jour, les principaux vestiges qui témoignent encore de l'importance du site comme point d'embarquement des millions d'esclaves. Le domaine royal de M'bé quant à lui illustre un exemple imminent de l'interaction du peuple Téké avec son environnement, un mode de vie ayant résisté à toutes les mutations.

- Le projet de déclaration de valeur universelle exceptionnelle qui expose l'importance que

revêt le site ; une importance d'amplitude chronologique au cours de laquelle a perduré les deux cités royales. Cela est illustré pour le port de Loango par le fait qu'il a été témoin de ce commerce inhumain qu'est la traite de nègres et pour le domaine de M'bé par des croyances et traditions vivantes qui ont permis à cette entité de résister aux continuelles mutations modernes.

- L'analyse comparative en référence à d'autres sites déjà classés patrimoine mondial ; en l'espèce le port de Loango peut être comparé à la route de l'esclave de Ouidah au Bénin et le domaine de M'bé aux palais royaux d'Abomey toujours au Bénin.

- L'intégrité et /ou l'authenticité du site qui doit faire ressortir l'état original actuel des sites et

détermine si ceux-ci ne sont pas affectés, menacés de destruction ou de disparition.

· L'état de conservation du bien pour constater la conservation actuelle et les facteurs affectant le bien. Il faut, en effet noter, que le port de Loango est menacé par l'érosion marine et le domaine de M'bé par la culture sur brUlis et la déforestation.


· La protection et la gestion du site est, à notre avis, le point sur lequel un accent particulier sera mis ; celle-ci devra faire mention :

- Du droit de propriété dont dispose les communautés locales, renforcé par les différentes

protections de l'Etat depuis leur inscription sur la liste indicative.

- De la mise en place des Zones de Protection du Patrimoine qui délimitent un périmètre de protection patrimoniale devant servir à l'élaboration de la zone tampon et de la zone à inscrire pour l'UNESCO.

- De la protection des sites à titre de patrimoine national (loi n°8 et 9 du 26 juillet 2010

précitées) et leurs différents inventaires supplémentaires à ce titre. Les moyens d'application des mesures de protection devant se référer à la législation en vigueur tant au plan national qu'international. Aussi, il conviendra de mettre en oeuvre un plan de gestion du bien, de tenir compte des enjeux de sauvegarde du patrimoine, de développement et de l'environnement.

- Des compétences requises pour la conservation, la protection, la valorisation et l'entretien

du site qui relèveront des services de l'Etat qui en assureront le contrôle.

- De l'appel à partenariat dans le cadre du financement en vue d'obtenir l'engagement de tous les partenaires.

- Des aménagements dans le site en vue non seulement d'améliorer les conditions générales d'accueil des publics (panneaux de signalisation routière, espace de stationnement, circuit et parcours touristiques...) mais aussi l'accueil en hébergement et restauration autour des sites (hôtels, chambres d'hôtes, gîtes, camping...).

4.7 Les partenaires de financement

Au niveau national

L'imminence de protéger et de mettre en valeur les deux sites n'est plus à prouver vu l'état de délabrement dans lequel ils se trouvent ; elle s'impose même. Pour réaliser notre projet, nous aurons comme partenaire de financement : l'Etat Congolais (à travers le Ministère de la Culture et plus précisément la Direction du Patrimoine et des Archives), les collectivités locales, les institutions internationales et les institutions de coopération bilatérale.

4.7.1 L'Etat Congolais

Les sites sur lesquels nous travaillons bénéficient d'une protection nationale; c'est donc dire que le projet sera, pour une large part, financé par l'Etat Congolais à travers le Ministère de la Culture. Notre projet va ainsi s'inscrire sur les axes prioritaires compte tenu de l'urgence des travaux à réaliser et dans l'optique de l'inscription des sites au patrimoine mondial.

4.7.2 Les collectivités locales

développement de leur contrée. Il s'agit aussi d'amener les autorités locales à axer leur politique de développement sur le patrimoine culturel et partant sur le tourisme. A coté des autorités locales, il y a les membres de la cour royale de M'bé et de Loango qui sont des partenaires incontournables et doivent être impliqués dans le projet.

Au niveau international

4.7.3 Les institutions internationales

Les institutions intergouvernementales

L'appel à collaboration et au financement sera lancé auprès des institutions comme :

- L'UNESCO et le Centre du patrimoine mondial dans le cadre du projet « La route de l'esclave », lancé en 1994.

- Le PNUD, l'Union Européenne (UE) à travers « le Programme culture » qui vise à encourager la connaissance et la préservation des biens culturels.

- L'Union Africaine (UA), la Banque Mondiale.

Les ONG internationales

- La Fondation Getty

- L'ICOMOS

- L'ICROM - France et le Bouclier Bleu

4.7.4 Les institutions de coopération bilatérale

L'Ambassade de France au Congo à travers le Fonds Social de Développement (FSD), outil de mise en oeuvre locale permettant le financement des microprojets de développement au plus près des populations.

- L'Ambassade des USA au Congo

- La coopération Allemande

- Le Musée des Techniques et de Cultures Comtoises - La coopération Chinoise.

4.8 Les prévisions financières

Tableau 2 : Prévisions budgétaires pour chaque site

Désignation

Coût total en
CFA

Partenaires
financiers
(77%)

Collectivités
locales (20%)

Populations
locales

(3%)

Travaux de protection et de
Restauration

6.000.000

5.000.000

1.000.000

0

Formation de la main d'oeuvre et de
l'équipe dirigeante

1.600.000

1.000.000

320.000

280.000

Achat matériel

3.000.000

2.400.000

600.000

0

Salaires prévisionnels

1.650.000/Mois
x 19 mois de
travaux
=3135000

25.327.000

6.080.000

0

Total A

38.630.000

33.727.000

8.000.000

280.000

Imprévus (10% de total A)

3.863.000

3.372.700

800.000

28.000

Total général

42.493.000

37099000

8.800.000

308.000

Total général 42.493.000

Le budget prévisionnel est arrêté à la somme de quarante-deux millions quatre cent quatre-vingt treize mille (42.493.000) francs CFA soit soixante quatre mille sept cent soixante quinze (64.775) euros. Il sera supporté en grande partie par l'Etat Congolais dans sa politique de protection, de revalorisation, de diffusion et de développement du patrimoine culturel ainsi que par les partenaires internationaux. Ce budget reste approximativement le même pour les deux sites compte tenu du fait que les travaux à réaliser sont de même nature : formation de la main d'oeuvre, aménagement, restauration, protection...

Ce tableau illustre une répartition de financement selon les différents partenaires ; ainsi, les partenaires internationaux et l'Etat participent à hauteur de 77%, les collectivités locales à 20%, et les populations locales à 3% sur l'ensemble du budget.

Conclusion

Dans le cadre de la politique de protection du patrimoine culturel mise en place par le Congo, notre mémoire se présente comme un élément à la contribution de la réussite de cet objectif. Au terme de ce travail, nous pouvons dire que le port de Loango et le domaine de M'bé sont des sites qui présentent des véritables potentialités culturelles ; lesquelles favoriseront un tourisme durable si elles sont exploitées en tenant compte des aspects environnementaux.

Dans ce sens, notre projet va contribuer non seulement à la protection de ces sites mais aussi à l'amélioration des conditions de vie des populations locales qui seront prises en compte dans l'exploitation et la valorisation des sites. Mais, malgré ces potentialités, les sites rencontrent des problèmes de protection ; d'où leur dégradation. Ce constat nous a amené à faire une proposition de contribution à la protection du patrimoine culturel et à la gestion de l'environnement. Notre travail fait une restitution partielle de la situation des deux sites et propose un projet de valorisation et de protection.

En effet, la République du Congo s'est approprié l'objectif d'assurer la protection et la promotion de son patrimoine culturel dès la sortie des indépendances, les premiers textes y relatifs étant la loi 32/65 du 12 août 1965 et le décret n°68/45 du 19 février 1968. L'article 1er de ce décret dispose que : «la sauvegarde du Patrimoine Culturel et Artistique Congolais est un devoir national. Les témoins de l'héritage collectif de la Nation congolaise doivent être préservés de la destruction volontaire ou de la destruction naturelle. Un témoignage rare et représentatif de cet héritage doit être obligatoirement conservé au Congo ». Ces deux textes sont le point de départ de la politique culturelle congolaise post indépendance. Depuis cette période la législation sur la protection du patrimoine culturel a pris tout son sens car le pays a multiplié les textes et aujourd'hui les professionnels du patrimoine culturel disposent d'outils de protection assez riches et variés pour assurer une protection adéquate. Le problème reste cependant l'application effective des ces mesures ; c'est pourquoi notre projet met un accent sur une sensibilisation et une large diffusion des normes juridiques de protection du patrimoine culturel et naturel dans les sites concernés d'une part et sur leur inscription au patrimoine mondial d'autre part. Pour en arriver là, nous nous sommes inspirés de l'expérience acquise en stages tant aux MTCC qu'au Bureau UNESCO de Brazzaville. Ces stages nous ont permis :

- De prendre connaissance de tout le travail effectué en amont de l'inscription d'un site au

patrimoine mondial.

- De débattre sur la problématique liée à la gestion d'un site classé par l'UNESCO après son

inscription.

- De rencontrer des professionnels du patrimoine culturel capables de soutenir notre projet ou

d'y apporter toute autre forme d'expertise.

- De prendre connaissance des mécanismes de fonctionnement de la procédure d'inscription des sites par l'UNESCO.

Certes, il faut reconnaître que la mise en place du projet n'est pas aisée en raison de l'ampleur des travaux à réaliser, mais notre détermination et notre conviction sont telles que le doute n'est pas permis. L'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango et le domaine royal de M'bé sont des sites qui présentent autant de potentialités culturelles qui n'attendent qu'à ètre valorisées.

La culture est un vecteur de paix et de stabilité ; elle constitue un élément d'identification d'un peuple. Mais sa valorisation doit tenir compte de l'environnement. De ce fait, nous pouvons dire que la protection du patrimoine culturel doit supposer celle de l'environnement ; en effet, les deux actions doivent être liées pour profiter aux générations futures ; ce qui permet d'intégrer le développement durable dans notre démarche. Si le développement durable est « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » (Rapport Brundtland de 1987), nous devons faire intervenir et mettre en avant la capacité de mieux gérer le patrimoine culturel en vue de le de transmettre par la suite.

Notre projet envisage une interaction entre les deux pour faire profiter à la population détentrice des sites des retombées du projet. Il vise donc un développement local avec une valorisation des savoirs et des savoirs-faires traditionnels.

En réalité, nous sommes partis du fait selon lequel le patrimoine culturel est une richesse et une richesse exploitée à bon escient entraine un développement des conditions de vie de la population locale. C'est pourquoi, le père de la négritude, Léopold Sédar Senghor disait « la culture est au commencement et à la fin du développement36 ».

L'ancien port d'embarquement des esclaves et le domaine royal de M'bé sont des témoins de l'histoire Congolaise et voire même Africaine en ce sens où le premier a vu embarquer, pour les Amériques, des millions d'africains et le second a su résister aux mutations et changements du temps. Il s'agit donc pour nous de revaloriser ces sites avec la nécessité d'assurer la protection du patrimoine culturel et de l'environnement.

36 Cité par Gaston Agboton in culture des peuples, Paris présence africaine, 1997, p11

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Avis, Rapports, Orientations, Recommandations et Conventions

Avis de l'ICOMOS sur le dossier d'inscription des Salines de salins les Bains au patrimoine mondial en extension à la saline royale d'Arc - et - Senans.

Conservation et recommandations de l'UNESCO relatives à la protection du patrimoine culturel, réédition de 1987.

Conservation et recommandations de l'UNESCO relatives à la protection du patrimoine culturel, réédition de 1987.

Convention de l'Unesco pour la sauvegarde du patrimoine immatériel du 17 octobre 1972.

Convention de l'Unesco sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé (protocole de 1954 et de 1999).

Convention de l'Unesco sur la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel du 16 novembre 1972.

École nationale du patrimoine. Patrimoine culturel, patrimoine naturel. Colloque Paris 12 et 13 décembre 1994. Édition La Documentation française 1995. 311 pages.

ICOMOS - UNESCO « évaluation des biens culturels x 33ème session ordinaire de l'UNESCO 22 - 30 juin 2009 Séville - Espagne.

ICOMOS France - Actes de la conférence « Accueil, Aménagement et gestion dans les grands sites x, Arles - France mars 1999.

Orientations devant guider la mise en oeuvre de la convention du patrimoine mondial. Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO. 2008

Rapport de Brundtland publié en 1987 par la Commission mondiale sur l'environnement et le développement des Nations Unies.

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6 Sitographie

- www.unesco.org consulté le 5 janvier 2010

- www.icom.org consulté le 20 février 2010

- www.icomos.org consulté le 20 février 2010

- www.pnue.org consulté le 10 mars 2010

- www.culture-gouv.fr consulté le 5 janvier 2011 - www. icrom.org consulté le 22 février 2011

- www.international.icomos.org consulté le 10 mars 2011 - www.royaumeloango.org consulté le 22 décembre 2009 - www.bateke.com consulté le 02 novembre 2009

- http://congo-dechaine.info consulté le 23 juin 2010

7 Liste des illustrations des deux sites Illustrations : images des sites en leur état actuel L'ancien port de Loango

Illustration 1 : La baie de Loango menacée par l'érosion marine et la stèle place symbolique du départ des caravanes et le grand marché de toutes les transactions.

Illustration 2 : le sentier emprunté autre fois par les esclaves pour embarquer et le cimetière de Loango disparu de moitié à cause de l'érosion marine

Illustration 3 : le site de Loango (vue de loin) et les trois manguiers qui servaient de comptoirs avant le rituel autour de l'arbre de l'oubli.

Le domaine de M'bé

Illustrations 4 : Habitat traditionnel Téké

Illustration 5: La stèle de M'bé symbolisant le lieu où les hommes de Brazza ont massacré ceux de Roi Mbaïndele et le feu de brousse : véritable menace du site.

Sources : http://cooperationaucongobrazzaville.midiblogs.com http://www.congopage.com/Sauvegarde-du-patrimoine-La-baie Bureau UNESCO de Brazzaville.

8 Annexes

Décret n° 68/45 du 19 février 1968 fixant les modalités d'application de la loi 32/65 du 12 aout 1965. Congo (Brazzaville)

Décret n° 68/45 du 19 février 1968 fixant les modalités d'application de la loi 32/65 du 12 août 1965 LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L'ETAT

Sur la proposition du Ministre de l'Information, chargé de la Jeunesse et des Sports,

de l'Education Populaire, de la Culture et des Arts ;

Vu la Constitution du 8 décembre 1963 ;

Vu la loi 32/65 fixant les principes généraux de l'Enseignement, notamment en son article 5 alinéa 2 relatif à la création d'organisme tendant au développement de la Culture et des Arts, notammen t des Musées ;

Le Conseil des Ministres entendu ;

DECRETE :

CHAPITRE I - DISPOSITIONS GENERALES

Article 1er : La sauvegarde du Patrimoine Culturel et Artistique Congolais est un devoir national. Les témoins de l'héritage collectif de la Nation congolaise doivent être préservés de la destruction volontaire ou de la destruction naturelle. Un témoignage rare et représentatif de cet héritage doit être obligatoirement conservé au Congo.

Article 2 : Les témoignages de l'héritage culturel et artistique national dont la conservation doit être assurée sont non seulement des objets d'art et d'artisanat, les objets rituels, mais aussi tous les objets, documents et sites évoquant l'ensemble de la vie des sociétés congolaises du passé.

CHAPITRE II - MUSEE NATIONAL

Article 3 : Il est créé un Musée sis à Brazzaville.

Article 4 : Le Musée National est un service d'Etat, fonctionnant selon les règles de droit public et ayant à sa tête un Conservateur placé directement sous l'autorité de la Culture et des Arts. Le Conservateur dispose pour remplir ses fonctions des services spéciaux dirigés par des Conservateurs- adjoints.

Article 5 : Lorsque les conditions le permettront, le Musée National pourra créer des annexes régionales.

Article 6 : Le Musée National a pour mission d'assurer la collecte, la conservation, l'interprétation des témoignages du passé. Il exerce également les fonctions de recherche dans les domaines de l'archéologie, de l'histoire, de l'anthropologie culturelle et autres, et une mission d'éducation par les moyens d'exposition.

Article 7 : Le Conservateur est responsable de la préparation du projet du budget qui comporte les dépenses de fonctionnement des services, l'achat des collections, l'aménagement des expositions, la publication des brochures, les frais de missions de collecte et de recherche. Le Musée National peut recevoir des donations et échanger des pièces.

Ulrich Kévin KIANGUEBENI - Université Senghor 2011 CHAPITRE III - CONSEIL SUPERIEUR

Article 8 : Il est créé un Conseil Supérieur du Musée National, qui assiste le Ministre de ses avis sur toutes les questions concernant le Musée. Le Conservateur assiste aux réunions avec voix consultative. Le Directeur de la Culture et des Arts est le Secrétaire Permanent du Conseil Supérieur.

Article 9 : La liste des membres du Conseil Supérieur du Musée National est publiée au journal officiel.

Article 10 : Les administrateurs doivent jouir de leurs droits civils et politiques et n'avoir encouru aucune condamnation à peine afflictive ou infamante. Tout membre qui perd la qualité en raison de laquelle il a été désigné ou au mandat duquel il est mis fin par l'autorité qui l'a désigné doit être remplacé dans les 3 mois.

Article 11 : Le Conseil Supérieur du musée National est présidé par le Ministre chargé de la Culture et des Arts ou son représentant.

Le Conseil est composé des personnalités choisies à raison de leur compétence artistique ou culturelle et désign ées comme suit sur la proposition des organismes qu'ils représentent:

1 membre désigné par le Président de la République, chef de l'Etat 1 membre désigné par le Bureau Politique

1 membre désigné par le Ministre de la Culture et des Arts 1 membre désigné par le Ministre de l'Education Nationale 1 membre désigné par le Ministre de la Justice

1 membre désigné par le Ministre du Travail

1 membre désigné par le Ministre chargé de l'Industrie

1 membre désigné par le Ministre des affaires étrangères 1 membre désigné par le Ministre de la Santé Publique

1 membre désigné conjointement par la CSC et l'Union Révolutionnaire des femmes congolaises

1 membre désigné par la Municipalité de Brazzaville

1 membre désigné conjointement par l'ORSTOM et IRSC

1 membre désigné par le Centre d'Enseignement Supérieur de Brazzaville

1 membre désigné par la Commission Nationale de l'UNESCO 1 membre désigné par l'Union Nationale des Artistes congolais.

Article 12 : Les membres du Conseil Supérieur sont nommés par arrêté du Ministre chargé de la Culture et des Arts. Le Conseil se réunit obligatoirement deux fois par an en juin et en décembre. En outre le Conseil se réunit chaque fois qu'il est utile sur la convocation de son Président et chaque fois que la demande en est faite par la moitié au moins de ses membres. Un membre du Conseil peut se faire représenter par un autre membre par procuration.

Article 13 : La présence de 8 Administrateurs au moins est nécessaire pour que le Conseil puisse délibérer valablement. Si cette condition n'est pas remplie, le conseil supérieur est à nouveau convoqué dans un délai qui ne peut être inférieur à 3 jours ni supérieur à 10 jours. Dans cette seconde réunion, les délibérations sont valables, quel que soit le nombre des présents, mais elles ne peuvent porter que sur les questions mise à l'ordre du jour de la première réunion. Les délibérations sont prises à la majorité des membres présents ou représentés. En cas de partage, la voix du Président est prépondérante. Les délibérations sont constatées par les procès-verbaux inscrits sur un registre spécial et signés par le Président et le secrétaire Permanent.

CHAPITRE IV - POUVOIRS

Article 14 : Proposition de nomination ou de révocation du personnel autre que celui relevant directement du conservateur :

Préparation de la réglementation des conditions générales de vente d'oeuvres artistiques à l'intérieur de la République et application de cette réglementation directement ou avec le concours d'agents de l' Etat ;

Propositions d'Etablissement des Musées Régionaux ;

Préparation de la réglementation de la protection d'objets présentant un caractère historique et ancestral et application de cette réglementation directement ou avec le concours d'agents de l'Etat ;

Préparation de la réglementation de l'exportation d'objets culturels et artistiques ; Examen du projet de budget;

Article 15 : L'exportation ou la destruction de tout objet historique est interdite. Les contrevenants qui auront emporté ou détruit volontairement un objet à caractère historique ou ancestral seront punis d'un emprisonnement maximum de 10 jours, d'une amende de 5000 à 36000 francs ou les 2 à la fois. Toutefois, l'exportation d'objets à caractère culturel ou artistique ne présentant aucun caractère ancestral ou historique pourra être autorisée. Cette autorisation résultera de l'apposition d'une estampille du Musée National.

CHAPITRE V - LE CONSERVATEUR

Article 16 : Le Conservateur doit être à la fois un scientifique spécialisé dans la discipline autour de laquelle s'organise le Musée, un muséologue au courant des méthodes et

techniques muséales, un administrateur gérant des biens et du personnel.

Il est nommé par décret sur la proposition du Ministre de la Culture et des Arts. Il propose aux autorités compétentes la nomination et la révocation du personnel.

Il assure sous sa responsabilité, la direction des divers départements du Musée. En cas d'absence ou d'empêchement du Conservateur, ses attributions sont exercées par le Conservateur-Assistant.

Article 17 : Lorsque des Musées régionaux seront créés dans des centres tels que Pointe-Noire, et Dolisie, la direction sera assurée par un Conservateur-Assistant Principal placé sous l'autorité du Conservateur du Musée National.

Article 18 : Le Ministre chargé de la Culture et des Arts, le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et du travail, le Ministre de l'Education Nationale, le ministre des Finances, du budget et des Mines, sont chargés chacun en ce qui le concerne de l'exécution du présent décret qui sera enregistré et publié au Journal Officiel.

Fait à Brazzaville, le 19 février 1968

Loi n° 8 - 210 du 26 juillet 2010 portant protection du patrimoine national culturel et naturel en République du Congo.

Loi n° 9 - 2010 du 26 juillet 2010 portant orientation de la politique culturelle en République du Congo.






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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery