Hygiène des mains auprès des infirmiers
en activités des soins Enquête menée dans quelques
hôpitaux de référence de Kinshasa
Nsobani L.D. (*), Mfunyi C. (**), Tshitadi M.A.
(**)
(*)CEllule pour la Promotion des Pratiques d'HYgiène,
Institut Supérieur en Sciences Infirmières (ISSI-CEPPHY)
(**) Sections techniques de laboratoire et Sciences
infirmières, Institut Supérieur des Techniques Médicales
de Kinshasa
Résumé
Le présent travail a eu pour objectif
l'évaluation du niveau d'hygiène des mains et les raisons non
observance de cette pratique dans les services de Chirurgie, Pédiatrie
et Gynéco-obstétrique de quatre hôpitaux de
référence de Kinshasa dans le cadre du projet initié par
l'ISSI sur « amélioration de l'hygiène hospitalière
et communautaire de Kinshasa et du Bas-Congo », par le mise en place de la
CEPPHY. Pour ce faire, 94 infirmiers ont été observés et
interviewés suivant le questionnaire préétabli et 44
échantillons ont aussi été prélevés sur les
mains et les bagues des infirmiers ayant accepté.
L'analyse a montré qu'au total de 12 services de quatre
hôpitaux, 55,3% ont l'eau courante, 71,3% ont des robinets dans les
services mais, tous non adaptés ; 74,5% ont des lavabos
réservés pour le lavage des mains, aucune poubelle
réservée pour recueillir les serviettes à usage unique et
23,4% des services ont des protocoles affichés sur l'hygiène des
mains. En outre, seulement 38,3% des infirmiers se lavent les mains (contre
61,7% qui ne se lavent) avant l'administration des soins avec le pain de savon
(en brique), 64% et 60% des staphyloccus aureus ont été
isolés respectivement sur les mains et sur les bagues de ces infirmiers.
La solution hydro-alcoolique est encore méconnaissable dans ces
hôpitaux. Pour ces infirmiers, les raisons de non observance sont les
suivantes : port de gants (59,6%), négligence et absence de la SHA
(57,4%) et la distance au point d'eau (50%).
Sur un total de 94 infirmiers, d'abord, 71,3% sont du sexe
féminin, 25,5% sont dans les tranches de 34 ans et de 34 à 38 ans
avec un écart-type de 7,6 ans mais (à l'ge > 44 ans, IC
à 95%, p0,00) ; 27,7% sont dans la tranche d'ancienneté de 12
à 18 ans avec un écart-type de 6,8 ans ; 48,9% ont un niveau
d'instruction A2 ; 83,3% ont suivi une seule fois la formation en
hygiène et 30,9% se servent de l'aide pour se verser de l'eau pour le
lavage de mains en cas d'usage de la bassine. Ensuite, le statut privé
(oil la gestion n'est pas à 100% de l'Etat) est influencé sur les
hôpitaux de l'Etat (OR : 6,22 ; IC 95% [1,49-29,89] ; p=0,007) et le
niveau A3 (OR : 11,67 ; IC 95% [0,88+331,63] ; p=0,04). Enfin, les infirmiers
ont de bonnes connaissances et affichent une bonne attitude sur
l'hygiène mais la pratique est mauvaise (IC à 95%, p=0,027).
En conclusion, nos résultats suggèrent
qu'à Kinshasa, en dépit des connaissances que les
infirmières ont sur l'hygiène des mains, leur niveau de pratique
de l'hygiène des mains est défectueux et les bagues constituent
un réservoir microbien.
Mots-clés : Hygiène des mains,
hôpitaux de référence, Kinshasa. Introduction
Le concept d'hygiène des mains est un processus du
traitement des mains par un savon liquide non médicamenteux ou par un
produit (savon ou gel ou solution) ayant un spectre d'activité
antimicrobien ciblé sur les micro-organismes de la flore cutanée
(surtout) transitoire afin de prévenir leur transmission"[1].
L'hygiène des mains est avant tout une politique visant à
prévenir l'infection nosocomiale (IN) car, le manuportage est un facteur
déterminant dans la transmission de l'IN (50 à 85% des IN sont
manuportées). Et c'est un aspect important des précautions «
standard » dites jadis universelles. Le lavage des mains, suite aux
travaux de Semmelweis, est reconnu depuis plus d'un siècle comme une
mesure efficace de prévention des infections. De nombreuses
épidémies hospitalières dues à la contamination par
les mains traduisent bien son importance [2].
Ainsi, l'hygiène des mains constitue le premier moyen
de lutte contre l'IN sur les plans historique et de l'efficacité. C'est
la barrière déterminante pour limiter les IN à
transmission interpersonnelle. Il doit intervenir chaque fois que des soins
sont effectués successivement d'un patient à l'autre. Ceci
suppose aussi un effort pour
modifier les habitudes architecturales et mettre à la
disposition du personnel, dans chaque chambre, le matériel
nécessaire pour la réalisation de l'hygiène des mains [2].
L'émergence des infections du site opératoire et le manque de
quasi-totalité des intrants et des moyens dans les hôpitaux pose
la problématique l'hygiène des mains en termes apocalyptiques.
Le propre de la main, c'est d'tre souvent sale. La main
récolte (abrite une flore transitoire et une flore résidente, en
l'absence de lavage des mains, cette flore peut atteindre un stade critique
inquiétant) et transmet les germes. Aussi, la main comme le premier
instrument du soin, elle touche, intervient, soigne, nettoie. Cette main qui
entretient est un vecteur élevé et potentiel de microorganismes,
mrme si paradoxalement, c'est bien elle qui secourt ou qui guérit.
L'hygiène des mains se fait par lavage (eau+savon) et par friction avec
une solution hydro-alcoolique (SHA) [3-4].
Dans cette problématique, les hôpitaux de
Kinshasa présentent une dimension tout à fait particulière
manquant presque tout (eau courante, savon liquide, robinet, serviette à
usage unique, poubelle appropriée, protocoles et la solution
hydro-alcoolique).
Cette enqu~te a été menée en vue
d'évaluer concrètement le niveau d'hygiène des mains dans
les hôpitaux de référence de la ville de Kinshasa en
partenariat avec la CEPPHY, projet sur l'amélioration de
l'hygiène hospitalière et communautaire de Kinshasa et du
Bas-Congo.
Matériel et méthodes
1. Sites et type d'étude
Cette enquête avait ciblé les services de
gynécoobstétrique, chirurgie générale et
pédiatrie de quatre établissements de référence de
la ville de Kinshasa, à savoir : Centre Hospitalier Roi Baudouin
1er de Masina, Centre Hospitalier de Kingasani II, Centre de
Santé Mère et Enfant de Ngaba et la Clinique Emeraude. Celle-ci
était une étude CAP (connaissances, attitude et pratique).
2. Données collectées
La collecte des données était menée par
une équipe de deux enquêteurs et entre les mois de novembre 2008
au février 2009. Le travail des enquêteurs consistait à
noter le fruit de leur observation et interview, ainsi que les réponses
aux questions fournies par les infirmiers rencontrés sur les lieux
ciblés suivant un formulaire de collecte préétabli. Cette
enqu~te était constituée d'un échantillonnage non
probabiliste de convenance de 94 infirmiers et 44 échantillons
prélevés sur les mains (pour les enqu~tés ayant
accepté pendant qu'ils étaient pr~ts à administrer les
soins). Ainsi, les tubes stériles à usage unique, les
écouvillons stériles, l'eau physiologique à 0,9%, bon de
prélèvement, tampon d'ouate et alcool à 70°,
seringues et aiguilles stériles, gants, un stylo, marqueur pour
l'identification, cellulose stérile pour s'essuyer les mains et
boîte isotherme pour le transport des échantillons ont
utilisés.
Pour l'identification des germes, la galerie Api était
utilisée car, elle est très performant et très fiable,
facile à manipuler et grâce à ses divers caractères
biochimiques et elle parvienne à identifier plusieurs microorganismes en
24 heures. Les milieux des cultures utilisés : milieu de transport de
type Swabs, milieu d'enrichissement bouillon au Coeur Cervelle, Mac
Conkey-gélose, Mannitol Salt Agar (MSA), Trypcase-soja-gélose,
Hektoen-gélose et Columbia-gélose. Les analyses ont
été effectuées à l'aide du logiciel Excel 2007 et
EPI-INFO version 6 et SPSS version 13.0. Les tests de Khi-carré et de
Fisher (p bilatérale) ont été appliqués à
l'Intervalle de Confiance (IC) de 95%.
Résultats
1. Profil des hôpitaux et des
enquêtés
Au total de 94 infirmiers, 71,3% sont du sexe féminin,
25,5% sont dans les tranches de 34 ans et de 34 à 38 ans avec un
écart-type de 7,6 ans mais (à l'ge > 44 ans p=0,00) ; 27,7%
sont dans la tranche d'ancienneté de 12 à 18 ans avec un
écart-type de 6,8 ans ; 48,9% ont un niveau d'instruction A2, (et pour A
3 à 15,8%, p=0,00) ; 83,3% ont suivi une seule fois la formation en
hygiène et 30,9% se servent de l'aide pour se verser de l'eau pour le
lavage de mains en cas d'usage de récipient. Au total de
12 services de quatre hôpitaux, 55,3% ont l'eau
courante, 71,3% ont des robinets dans les services mais, tous non
adaptés ; 74,5% ont des lavabos réservés pour le lavage
des mains, aucune poubelle réservée pour recueillir les
serviettes et 23,4% ont des protocoles affichés sur l'hygiène des
mains.
2. Pratique de l'hygi~ne des mains
Tableau I : Répartition des effectifs pratiquant
et définissant de l'hygi~ne des mains
Lavage de mains Avant les soins 36
38,3
Que signifie hygiène des mains ?
|
Lavage de mains 63 67,0
Désinfection mains 27 28,7
Lavage
/désinfection 4 4,3
|
Tableau II : Répartition des effectifs selon le
type de
savon et techniques et moyens du
séchage
En brique 43 45,7
Liquide 27 28,7
En poudre 23 24,5
Aucun savon 1 1,1
Par frottement 58 61,7
Par tamponnement
36 38,3
Serviette collective à
usage multiple 41 43,6
Air libre 30 31,9
Serviette à usage
14 14,9
unique
Serviette individuelle 9 9,6
Quel type de savon est-il disponible dans le
service ?
Technique de séchage des mains
Quel moyen utilisé pour sécher les mains
après
lavage ?
Tableau III : Raisons de la non-observance de l'hygi~ne
des mains
Port de gants 56 59,6
Par négligence 54 57,4
Absence de la SHA 54 57,4
La distance au point d'eau 47 50
Pas de volonté Pas de materiel Pas d'initiative
Par Oubli
Par fatigue Beaucoup à faire
41
|
43,6
|
38
|
40,4
|
37
|
39,4
|
33
|
35,1
|
31
|
33,0
|
26
|
27,7
|
Tableau IV : Corrélation entre niveau de
connaissances, attitude et pratique (n=94)
NIVEAU
|
ATTITUDE
|
PRATIQUE
|
CONNAISSANCES
|
0,142
|
0,001
|
|
(p=0,171)
|
(p=0,989)
|
ATTITUDE
|
1
|
0,228
|
|
|
(p=0,027)
|
Tableau V : Répartition des germes isolés
sur les mains (pulpes des doigts) des enquêtés
(n=25)
GERMES
|
Fce
|
%
|
Staphylococcus aureus
|
16
|
64
|
Staphylococcus epidermidis
|
10
|
40
|
Candida albicans
|
10
|
40
|
Alcaligenes Spp
|
9
|
36
|
Klebsiella pneumonae
|
9
|
36
|
Micrococcus Spp
|
9
|
36
|
Staphylococcus saprophyticus
|
8
|
32
|
Moraxella Spp
|
8
|
32
|
Staphylococcus hominis
|
7
|
28
|
Bordetella Spp
|
7
|
28
|
Enterobater cloacae
|
6
|
24
|
Shigella Spp
|
6
|
24
|
Flavimonas oryzila
|
4
|
16
|
Senatia
|
4
|
16
|
Kocuria varians
|
3
|
12
|
Germes non identifiés
|
3
|
12
|
Culture stérile
|
2
|
8
|
Tableau VI : Répartition des germes
isolés sur les mains (anneaux et alliances) des enquêtés
(n=20)
GERMES
|
Fce
|
%
|
Staphylococcus aureus
|
12
|
60
|
Candida albicans
|
8
|
40
|
Klebsiella pneumonae
|
7
|
35
|
Micrococcus Spp
|
7
|
35
|
Staphylococcus saprophyticus
|
6
|
30
|
Moraxella Spp
|
6
|
30
|
Bordetella Spp
|
5
|
25
|
Enterobater cloacae
|
5
|
25
|
Shigella Spp
|
5
|
25
|
Flavimonas oryzila
|
4
|
20
|
Senatia
|
3
|
15
|
Kocuria varians
|
2
|
10
|
Germes non identifiés
|
2
|
10
|
Culture stérile
|
1
|
5
|
DISCUSSION
Cette enquête a montre que le sexe feminin est plus
represente avec 67 infirmiers soit 71,3%. Les autres auteurs avaient trouve 51%
de sexe feminin dans leur etude [5]. Cette realite atteste que la profession
infirmière est à predominance feminine. Par ailleurs, un auteur a
trouve le contraire soit 66% du sexe masculin. L'étude de ce dernier a
concerné l'ensemble de tous les professionnels de sante [6]. Les
tranches d'Kge les plus dominantes sont celles allant de moins de 34 ans et de
34 à 38 ans soit 25,5% avec une moyenne de 38 + 7,6 ans. Ces resultats
montrent que leur personnel est apte à pratiquer l'hygiène car,
l'hygiène reste l'affaire de tous et à tout âge.
Pour l'ancienneté, la tranche de 12 à 18 ans
avec 27,7% est plus importante avec une moyenne de 11 + 6,8 ans. Il y a eu
aussi une prédominance du niveau d'instruction A2 avec 46 cas soit
48,9%. Alors que d'autres auteurs ont trouvé la tranche d'anciennete de
0 à 10 ans avec 45% [5].
En plus, ces mêmes auteurs ont trouve dans leur etude
que 35% des infirmiers sont du niveau A1. Cela s'explique par le fait que ces
hôpitaux prefèrent les A2 pour de raison
d'efficience-efficacite.
Il apparaît que 78 infirmiers soit 83,3% n'ont pas suivi
une formation sur l'hygiène. Et 19 professionnels de santé sur 29
soit 65,5% n'ont pas suivi un cours sur l'hygiène hospitalière
[6]. Or, la formation de base ne suffit pas car, les effectifs dans les
auditoires ne facilitent ni l'assimilation ni la pratique d'hygiène
surtout qu'il n'y a pas un cours d'hygiène dans le programme du niveau
A1 alors que la formation continue permet d'améliorer [3]. Nous avons
constate que 56 sujets soit 59,6% affirment que le port de gants les dispense
du lavage de mains. Cependant, le port de gants n'exclut pas le lavage de mains
car, les gants protègent le soignant et aussi les patients [3].
Dans notre etude, voici les raisons de non observance de
lavage des mains envoquees par les infirmiers. : la distance avec 50% des cas,
la fatigue avec 33,0%, l'oubli avec 35,1%, la negligence avec 57,4%, le manque
de motivation materiel avec 40,4% et le manque de la volonte avec 43,6%.
Tandisque les facteurs influençant sur le respect des règles
d'hygiène recommandees pour les mains sont nombreux, à savoir [3]
:
Facteurs de risque observes induisant un respect insuffisant
des règles : travailler dans une situation de surcharge en soins,
travailler en semaine (par rapport au week-end), porter des tabliers/des gants,
presence de robinet automatique, sous-effectifs (rapport patients/soignants
trop eleve), multiplication des opportunités à l'hygiène
des mains, ~tre médecin (par rapport aux infirmiers).
Facteurs evoques par les soignants : les lavabos mal places ou
insuffisants ; manque de savon, de serviettes ; besoins des patients consideres
comme prioritaires, interference dans la relation entre le patient et le
soignant, manque de connaissances des recommandations et des protocoles, oubli,
pas de modèle parmi les collègues ou les superieurs, scepticisme
quant à l'efficacité de l'hygiène des mains, desaccord
avec les recommandations, manque d'informations scientifiques démontrant
le lien entre l'amélioration de l'hygiène des mains et la
réduction des infections liees aux soins.
Obstacles supplémentaires à l'hygiène des
mains tels qu'ils sont perçus : participation insuffisante à la
promotion de l'hygiène des mains sur les plans individuel et
institutionnel, priorite insuffisante donnee par l'institution jà
l'hygiène des mains, sanctions administratives insuffisantes à
l'encontre de ceux qui ne respectent pas les règles, absence de
recompenses pour ceux qui les appliquent et l'institution dans son ensemble ne
prte pas suffisamment d'attention à la sécurité. Il a
constate que les facteurs humains qui influencent la pratique de
l'hygiène des mains touchent 47% des infirmiers [8].
En pratique, 36 infirmiers soit 38,3% ne se lavent pas les
mains avant l'administration de soins. Celui-ci a constate que 40%, 66,6% et
66,6% respectent cette pratique de lavage des mains entre deux patients
respectivement au
Centre Médical de la Mongala, Centre Hospitalier
Monkole et au Centre Médical de Kinshasa [8]. Il a été
relevé que 23,1% se lavent les mains après les soins. Cette
différence est due à la politique de chaque institution [9].
Pour promouvoir une hygiène des mains efficace, il est
essentiel de mettre à la disposition des soignants des SHA, en
particulier dans les endroits où il n'y a pas d'eau courante.
L'introduction de ce type de produits a eu pour résultat
d'améliorer le respect des règles d'hygiène chez les
soignants et a diminué le nombre des infections liées aux soins
[7]. Et en mettant en place des programmes de prévention, on pouvait
éviter 30% de ces infections. En organisation une campagne sur
l'hygiène des mains, les consommations de SHA et de savon ont
augmenté de 56% et 24% respectivement, et le taux d'attaque des MRSA
acquis à l'hôpital a chuté de 36% pour revenir à
des taux similaires à ceux observés en 2001[10].
Cette enqu6te a révélé qu'un
hôpital ne dispose la SHA alors que les résultats de son
utilisation ont prouvé un très bon rapport
efficacité/efficience. Le recours très fréquent au lavage
des mains est un facteur important d'irritation cutanée (25% de mauvaise
tolérance cutanée). Pour eux, l'utilisation de SHA
améliore autant la sécheresse cutanée mesurée
objectivement [10].
Nous avons aussi trouvé que 45,7% des infirmiers
utilisent le savon en brique. 61,7% sèchent les mains après
lavage par frottement avec 43,6% cas sur une serviette collective à
usage multiple. Et 73% utilisent l'essuie-main pour sécher les mains. Un
sérieux problème dans ces hôpitaux [5]. Si 67%
présument que l'hygiène des mains est synonyme au lavage de
mains, ils ont trouvé que 78% des infirmiers ont des connaissances sur
la différence entre le lavage des mains et la désinfection des
mains [5].
Les études récentes rapportent une
amélioration significative, grIce à l'instauration de cette
technique (SHA), de l'observance de l'hygiène des mains et même la
diminution concomitante de l'incidence des IN et des bactéries
multi-résistantes [11].
Les hôpitaux avec statut privé et le niveau
d'instruction A3 influencent respectivement le niveau de connaissances avec
p=0,01 et 0,02. Les services influencent le niveau d'attitudes avec p0,02. Il
n'y a aucune influence des services quand bien mrme qu'il a travaillé
avec les services suivants : salle d'observation, dispensaire, bloc
opératoire, soins intensifs pédiatrique, hospitalisation
pédiatrique, maternité, médecine interne,
réa-urgence [8]. Même dans les unités de
soins intensifs et réanimation les mieux dotées, 25 % des
patients admis contractent des infections liées aux soins.
La fréquence élevée des infections
liées aux soins dans les pays en développement est
expliquée par l'état de santé précaire de la
population, le manque de ressources humaines et techniques. Bien que les
estimations sur les infections liées aux soins évitables varient,
elles pourraient atteindre voire dépasser une proportion de 40% dans les
pays en développement [7].
L'indicateur «SHA»a permet donc d'accompagner et
d'inciter à l'usage des produits. Les équipes
opérationnelles d'hygiène hospitalière (comités
d'hygiène) doivent coordonner les grandes actions de mise en place de
ces produits dont l'usage est encore relativement nouveau même si les
premières SHA sont apparues en France au début des années
80. Ces actions reposent sur : l'importance de la tolérance
conditionnant l'acceptabilité et donc l'observance de la technique ; la
surveillance des phénomènes d'intolérance
éventuelle aux produits en lien avec la médecine de travail ; la
formation des professionnels sur le bénéfice de l'utilisation
(rapidité, M efficacité, tolérance ) et le bon usage des
produits [10]. Il y a plus de 150 ans, Ignace Philip Semmelweiss avait
montré à Vienne que la désinfection des mains par une
solution de chlorure de chaux permettait de réduire la mortalité
par fièvre puerpérale. Depuis cette époque, plusieurs
autres publications ont confirmé le rôle majeur de
l'hygiène des mains dans la prévention des infections
liées aux soins [12].
En l'absence de souillures visibles des mains par les liquides
biologiques, la SHA est préférable à l'eau et au savon
(liquide) car, le pain de savon ou savon en brique sèche la peau, se
craquèle et devient ainsi « des niches » à germes) du
fait de leur efficacité supérieure, de leur meilleure
tolérance cutanée et de leur facilité d'utilisation [13,
14].

Avant la friction
des mains
avec
SHA
Après
la friction
des mains avec SHA
Le niveau de connaissances de l'hygiène des mains a
évalué directement et 78% avaient de bonnes connaissances [5]. Le
niveau de pratique de lavage de mains est en moyenne de 57,5% chez les
infirmiers [8].
Les hôpitaux avec statut privé et le niveau
d'instruction A3 influencent respectivement le niveau de pratique avec p=0,007
et 0,04. Aucune école ne forme encore des infirmiers de ce niveau A3. Et
une remise à niveau est préconisée à cette
catégorie du personnel pour l'amélioration de leur pratique. La
tranche d'ges de plus de 44 ans ainsi que la tranche d'ancienneté de
plus de 18 ans influencent très significativement le niveau de pratique
avec p0,00. Le niveau d'attitude est significativement lié au niveau de
pratique avec un p=0,027. Cet état des choses reflètent la
réalité des congolais, c-à-d ils ont beaucoup de
connaissances sur bien des domaines entre autre l'hygiène des mains
mais, ils affichent une mauvaise attitude et pratique. Bref, ils sont plus
théoriques que pratiques. Même dans la formation
infirmière, il y a plus de temps consacré à la
théorie que de pratique.
Le staphylococcus aureus est le germe le plus isolé
avec 64% et 60% sur les pulpes des doigts et les bagues des soignants. En
plus de cela, certains germes isolés ont un
habitat oro-fécal. Le port de bijoux ou anneaux au niveau
de doigts constituent un réservoir. D'où, il doit rtre En
comparant les différents germes trouvés par les autres auteurs,
la réalité est que les soignants avec des mains souillées
vont aussi contaminer les poignées de porte et ils sont responsables des
infections croisées. Aucun hôpital ne dispose un comité
d'hygiène fonctionnel et dynamique.
Conclusion
L'homme reste le réservoir de germes le plus important,
naturellement colonisé par une grande quantité des
micro-organismes, le corps humain est colonisé par 105
milliards de bactéries dans le tube digestif, 103 milliards
sur la peau, sans compter les champignons et les virus. Donc, l'homme porte,
cultive, essaime et transmet. D'où l'importance primordiale de
l'hygiène des mains effectuée selon une technique correcte pour
réduire le manuportage [4].
Bien que les hôpitaux mettent en place des
stratégies de lutte contre les infections nosocomiales, certaines
difficultés persistent. Bon sens, créativité et
volonté de changement, associés à des moyens financiers et
humains, seront les atouts primordiaux pour mener des actions efficaces dont le
résultat correspondra à une assurance-qualité pour rompre
le maillon de transmission des maladies transmises par le manque d'observation
des règles élémentaires d'hygiène.
Au terme de nos analyses, nos résultats
suggèrent qu'à Kinshasa, en dépit des connaissances que
les infirmières ont sur l'hygiène des mains, leur niveau de
pratique de l'hygiène des mains est défectueux. Les alliances
constituent un réservoir des germes (le portebijoux semble salutaire).
Nous espérons mener ultérieurement une enquête
auprès de ces même infirmiers après une série
d'actions mises en place par la CEPPHY à savoir : la formation, mise sur
pied des protocoles, le matériel (savon, SHA, serviette à usage
unique, citerne d'eau) pour améliorer cette pratique de l'hygiène
des mains.
Notre étude est loin d'tre exhaustive car, elle n'a pas
abordé tous les aspects de l'hygiène des mains en milieu
hospitalier. Nous n'avons pas enqu~té dans tous les services. Cette
étude préliminaire a néanmoins mis en exergue des points
défaillants dans le respect des normes des précautions dites
« standard » dans les hôpitaux de référence et
elle suscite une attention auprès des décideurs en vue d'une
amélioration.
Bibliographie
1. BRÜCKER G. Hygiène des mains, Guide de
bonnes pratiques, 3ème Edition, C.CLIN ParisNord/2001,
page 10.
2. CHRISTIAENS et al. REVUE MEDICALE DE LIEGE,
Hygiène des mains : première mesure pour la maîtrise
des infections nosocomiales, 2006, 61 :31-36
prohibé.
3. BUREAU N., Hygiène hospitalière,
module de formation continue du personnel soignant, ISSIMonkole, Projet FISC,
2005, 99p
4. LE HEURT et al, Hygiène, Nouveaux Cahiers de
linfirmière, 2ème Edition, MASSON, 1995, Paris,
202 p
5. NTOBU ILUNGA et NDAYA CITUKA, Evaluation des
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hôpitaux de Références de Kinshasa, ISSI-Monkole,
2009, page 29
6. N'SONGO A LONGO, Recherche des germes sur les mains
des professionnels de santé, cas de l'hôpital Saint Luc de
Kisantu, 2008, travail inédit, ISTM-Kisantu,
7. OMS, Alliance mondiale pour la sécurité
des patients, recommandations OMS pour l'hygiène des mains au cours de
soins (version avancée) : des mains propres sont des mains sûres,
2005, pages 22-23
8. BISUMBULA KAMONI, Le lavage des mains dans la pratique
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Monkole et de Kinshasa, travail inédit, ISSI, Kinshasa, 2001, pages
32-34
9. MULUMBA MADISHALA et al. CONGO MEDICAL, Niveau actuel
de biosécurité dans treize hôpitaux de
référence de Kinshasa, septembre 2005, Vol. IV-N°1,
pages 44-49
10. MARTINE et al, Place de l'hygiène des mains et
des produits hydro-alcooliques dans les infections associées aux soins :
argument scientifique ; SFHH, 2008 pages 45-46
11. GIROU et al, Hand hygiene compliance significantly
reduces nosocomial bacterema and methicillin-resistant staphylococcus aureus in
a French hospital, 44th HYGIENES, 2006,
EscarresDésinfection-Détergence, 2004, Volume XIV-n°3-
ISSN 1249-0075, Revue Officielle de la Société Française
d'Hygiène Hospitalière
12. PITTET, Hand hygiene and patient care: pursuing the
Semmelweis legacy. Lancet Infect Dis: 2006, 96-20
13. BOYCE, KEHILLER et VALLANDE, (), Skin irritation and
dryness associated with two hand-hygiene regimens : soap-and-water hand washing
versus hand antiseptic with an alcoholic hand gel, Infect Control Hosp
Epidemiol, 2000, 21: 442-448
14. GIROU et al., Efficacy of handrubbing with an
alcool-based solution versus standard handwashing with an antiseptic soap. A
randomosed clinical trial, 2002, BMJ 325: 362-366

PROTOCOLE DU LAVAGE SIMPLE DES MAINS
0 1
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2
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Se débarrasser de tout bijou et ouvrir le
robinet
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Mouiller les mains sous l'eau courante jusqu'au
poignet
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Prendre une dose de savon liquide
au distributeur
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3 4
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5
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Frotter paume gauche contre paume droite
|
Frotter dos (main droite) contre paume (main
opposée) et vice versa
|
Frotter les doigts entrelacés
(espaces interdigitaux)
|
6
|
7
|
8
|
Frotter dos des doigts dans la
paume opposée
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Frotter pouce et pulpes des doigts par rotation
contre paume opposée
|
Frotter le rebord cubital contre paume, vice versa
puis les poignets
|
9 10
|
11
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Rincer abondamment à l'eau les doigts au
dessus des poignets.
|
Rincer abondamment à l'eau les
poignets.
|
Sécher avec serviette à usage unique
par tamponnement
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12 13
|
14
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Fermer robinet avec dernière
serviette
|
Jeter à la serviette dans poubelle
|
Vous avez des mains propres
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PROTOCOLE DE FRICTION OU DÉSINFECTION DES
MAINS AVAC SOLUTION HYDRO-ALCOOLIQUE
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0
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1
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2
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Déposer 3 ml de SHA sur la paume de la
main
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Frotter la paume droite contre la paume
gauche
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Paume de la main gauche sur le dos de la main droite
et vice versa
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|
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3
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4
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Doigts entrelacés (Friction des espaces
interdigitaux
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Dos des doigts contre paume opposée avec les
doigts emboités
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Friction en rotation du pouce
droit enchâssé dans la paume gauche et vice
versa
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6'
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6''
|
|
7
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Friction en rotation avec les doigts Friction en
rotation avec les doigts Friction du poignet droit et gauche
joints sur la paume gauche joints sur la paume droite
par des mouvements de rotation
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