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Valorisation en agriculture des apports organiques contenus dans les déchets urbains:qualité des matières organiques et service écosystémique

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par Marie Virginie FALINIRINA
Ecole supérieure des sciences agronomiques Antananarivo - Doctorat en sciences agronomiques 2010
  

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3.4. Discussion

3.4.1. Minéralisation du carbone organique

L'apport des matières organiques exogènes dans le sol a induit un dégagement de CO2 significativement supérieur à celui produit par un sol sans aucun apport organique. Les matières organiques exogènes contiennent une concentration en C organique facilement dégradable qui permet le développement de l'activité microbienne du sol provoquant un surplus de dégagement de CO2. Les courbes de CO2 respiré par des sols avec ou sans apport de produits organiques, conformes à celles obtenues par de nombreux auteurs avec des expérimentations similaires (Levi-Minzi et al., 1990; Parnaudeau et al., 2004; Pedra et al., 2007; Thuriès et al., 2002; Tognetti et al., 2008), présentent un pic de flux de CO2 au deuxième jour d'incubation qui correspond à un « flush » de minéralisation liée à l'apport des produits organiques et à l'humidification du mélange sol et matière organique (Hermann et Witter, 2002 ; Bernal et al., 1998 ). Ce flush de minéralisation, observé pour les trois matières organiques, est significatif à partir des doses d'apport 0.5, 1 et 1.5 respectivement pour les matières organiques terreau, compost et fumier. En revanche, quelque soit la matière organique apportée, le flush de minéralisation se situe au même niveau pour les doses les plus

élevées. On a donc dans un premier temps pour des apports faibles en terme de C organique une limitation liée à la qualité de la matière organique puis si l'on augmente la quantité de C organique une limitation du flux journalier de CO2 qui n'est pas déterminée par le type de matière organique, avec un effet de seuil pour des matières organiques du type compost ou terreau. Il est admis qu'au cours d'une incubation in vitro, le premier pic de CO2 entre 0 et 48h est une réponse à la décomposition de composés solubles facilement décomposables (sucre simple, acide aminé, phénol soluble...). Un autre processus qui n'est pas pris en compte est le priming effect tel que le décrive Fontaine et al (2004) qui est une accélération de la minéralisation de la matière organique native par l'apport à la suite de l'apport de composés riches en énergie potentiellement exploitable par les microorganismes. Par ailleurs, un substrat comportant plusieurs sources de carbone stimule plus la communauté microbienne qu'un substrat composé d'un seul composé organique. En d'autre terme, ce ne serait pas la quantité de carbone organique qui serait mis en jeu au début de l'incubation mais bien la diversité des sources de carbone organique (Meli et al., (2003).

La différence dans la composition biochimique entre fumier d'une part et compost et terreau d'autre part se situe surtout sur la proportion du compartiment HEM et CEL qui est largement plus élevée pour fumier et quasiment absent de terreau. Le compartiment HEM considéré comme faisant partie des composés facilement minéralisables (Thuriés et al, 2002) expliquerait la différence de dynamique entre les trois matières. La quasi absence de composés dans le compartiment HEM et CEL dans le terreau, et une diversité moindre des sources organiques expliqueraient le faible flush de minéralisation avec l'apport de terreau à dose faible.

Avec les doses d'apport organique élevées, les quantités de composé facilement minéralisable augmentent. Or, le flux CO2 apparaît être limité même pour des apports conséquents. Ceci indiquerait une limitation de l'activité microbienne. Plusieurs hypothèses explicatives peuvent être émises. La minéralisation des matières organiques serait limitée par les microorganismes eux-mêmes, ne pouvant notamment pas fournir suffisamment d'exoenzymes nécessaires à la dégradation des composés organiques. Manzoni et Porporato (2007) ont montré l'intérêt d'introduire dans les modèles mathématiques de minéralisation de la matière organique à la fois un facteur intrasèque de décomposabilité des matières organiques mais également un coefficient simulant une limite de cette décomposabilité par la biomasse microbienne. Ceci est, selon ces auteurs, d'autant plus important pour une simulation de la dynamique à des petites échelles de temps et d'espace. La disponibilité en nutriments est nécessaire au développement de la biomasse microbienne. L'azote est le nutriment le plus pris en compte dans les modèles de dynamique des matières organiques. Le fumier et le terreau contiennent très peu d'azote minéral, ce qui peut contraindre la croissance microbienne. En revanche, le compost comparativement au terreau est plus riche en azote minéral pouvant ainsi accompagner le développement des microorganismes bien que ces deux matières présentent

une qualité organique proches notamment dans les composés les plus difficilement minéralisables. L'effet de l'apport « massif » de matières organiques a pu modifier les interactions entre les matières organiques apportées et le sol. On peut ainsi émettre l'hypothèse que l'augmentation des apports organiques accentuerait le phénomène de priming effect. Ainsi, après un certain seuil d'apport, les quantités de composés organiques riches en énergie seraient alors suffisantes pour enclencher une activation de la biomasse microbienne s'attaquant à la matière organique native du sol, et de manière concomitante les flux de CO2. Il est également possible que les microorganismes contenus dans les matières organiques apportées pourraient prendre de l'importance et interagir avec ceux issus du sol. Fontaine et Barot (2005) ont montré l'importance de la prise en compte de la diversité microbienne dans les modèles de dynamique des microorganismes du sol. Enfin, les conditions environnementales dans le mélange sol et matière organique ont pu agir sur la minéralisation du carbone organique. Notamment l'apport d'un composé riche en éléments non organiques comme terreau a pu changer les conditions d'humidité du mélange et agir sur l'activité microbienne.

Au-delà du deuxième jour, les flux de CO2 ont diminué et se sont maintenus à un niveau pratiquement constant jusqu'au 60ème jour d'incubation quelque soit le sol incubé et la matière importée. Cependant quelque soit la matière organique, le flux de CO2 est supérieure au flux mesuré avec le sol sans apport. Avec fumier, il existe une corrélation positive entre le flux de CO2 et la quantité de matière organique apportée, alors que pour les autres matières organiques, l'effet dose sur le flux de CO2 est limité. Cette période au cours de l'incubation permet l'établissement d'un équilibre entre microorganismes et matières organiques du sol plus ou moins utilisables (Kuzyakov et Bol, 2006). Le fumier est la matière qui contient les proportions les plus importantes de composés minéralisables (HEM et CEL) qui peuvent maintenir un flux de CO2 relativement élevé, et proportionnel à la quantité de matières présentes. Le compost et le terreau apportent proportionnellement plus de composés difficilement minéralisables, ce qui accélèrerait le déclin de l'activité microbienne.

Taux de minéralisation de carbone

Dans cette étude, deux observations concernant l'évolution du taux de minéralisation en fonction de la quantité de carbone organique apportée ont été faites.

· A la dose la plus faible (0,5), les taux de minéralisation sont identiques quelque soit le type de matière organique.

· Puis si on augmente la dose d'apport, et quelque soit la matière organique, le taux de minéralisation diminue avec les quantités apportées ; les matières les plus stables présentant des diminutions du taux de minéralisation les plus importantes.

Si l'on considère que le taux de minéralisation est lié à la quantité de carbone facilement minéralisable, et que cette part facilement minéralisable soit effectivement totalement minéralisée, on devait s'attendre à ce que le taux de minéralisation soit constant quelque soit la quantité apportée. Or, les résultats ont montré, bien que les quantités de CO2 dégagées augmentent, le taux de minéralisation diminuent en fonction de la quantité de matière organique apportée quelque soit le type d'apport organique. On a donc un déficit de minéralisation au fur et à mesure que la quantité de matière organique apportée augmente. Busby et al (2006) ont obtenu des résultats similaires dans le cas de déchets d'ordure ménagère non compostées et associées à un sol riche en carbone et en azote organique, comparativement à des déchets organiques compostées ou si les matières organiques sont apportées à un sol avec une faible teneur en matière organique native. Pour ces auteurs, l'augmentation de la matière organique implique des besoins croissants en azote, qui s'ils ne sont pas en quantités suffisantes limiteraient la croissance microbienne et la minéralisation du carbone organique. La minéralisation des matières organiques est un processus qui met en jeu des microorganismes qui sont consommateurs d'une ressource organique. Cette ressource leur apporte de l'énergie (liaison carbonée) et des éléments minéraux (par exemple l'azote), dans un environnement qui peut influencer sur les vitesses de réaction chimique (humidité, température, pH).

Dans cette expérimentation, l'activité microbienne est un facteur limitant la respiration à un certain seuil malgré l'augmentation de la matière organique minéralisable. Pour manure, la quantité de biomasse microbienne apportée par la matière (1577 ug biomasse C. g sol-1) est suffisante pour dégrader le carbone organique quelque soit la quantité de carbone organique apporté mais l'activité microbienne est extrêmement limitée par la disponibilité d'azote minéral. Pour le terreau, la quantité de biomasse microbienne apportée par la matière est faible (30 ug biomasse C. g sol-1), par ailleurs, pour les deux matières compostées, (terreau et compost) les composées organiques sont humifiées, la croissance microbienne est limitée par la disponibilité des sources carbonées.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille