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Les femmes criminelles dans le film noir américain de 1940 à  1960

( Télécharger le fichier original )
par Fanny Pira
Université Sciences Humaines et Arts de Poitiers - Master histoire contemporaine 2007
  

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Chapitre V : Typologie et portraits des femmes

criminelles.

1) Portrait des femmes criminelles.

« Entraîneuse de bar, chanteuse de night-clubs, maîtresse richement entretenue ou tout simplement épouse ambitieuse et atteinte de spleen, elle vit dans l'excès et s'habille loin des normes de la modestie, en soulignant son allure garçonne ou en accentuant sa féminité. Elle représente le mythe éternel de la femme, menace pour l'homme et agent de destruction. Elle incarne la mort. Le film noir célèbre la femme dans tout l'éclat de sa beauté, images idéalisées qui expriment la haine de l'homme contre cette incarnation d'une sexualité insatiable. Le héros répond aux premières avances et sa vie devient un cauchemar. Qu'elle soit une force positive ou négative, la femme est le passé de l'homme. Les apparences sont trompeuses, le dédoublement de la personnalité (ange ou démon ?) et le jeu du mensonge sont symbolisés par les portraits et les miroirs dont le film noir fait grand usage et qui signifient un monde fragmenté, oscillant sans cesse entre l'apparence et la réalité. »105

Maintenant que les fantasmes des hommes et l'impact de leurs émotions ont été cernés, il semble nécessaire de faire le point sur les personnages des femmes criminelles étudiées dans de travail de recherche.

Dans l'ouvrage de Michel Cieutat, il est intéressant de remarquer qu'il dresse le portrait des femmes selon leur apparence physique, et en particulier la couleur de leurs cheveux.

Pour la « brune », il cite plusieurs exemples dont :

« (...) Gene Tierney dans Leave Her to Heaven... Sa chevelure évoque le noir de la nuit, la nuit des coucheries satanesques, les ténèbres de l'immortalité et de la mort. »106

Pour la « blonde », il mentionne :

« Blonde comme les blés, blonde comme le soleil, (...), la femme blonde est un paradis
terrestre, (...). La blonde n'échappe pas à l'inséparabilité des contradictoires. Dans les années

trente, elle devient platinée, trop blonde pour être vrai, au blond proche du blanc, couleur usuelle de l'innocence, mais qui, ici, renvoie plutôt à la mort (...). Avec le film noir de la décennie suivante, la blonde devint beaucoup plus pernicieuse, comme Barbara Stanwyck (Double Indemnity), Lana Turner (The Postman Always Rings Twice), Gaby Rodgers (Kiss Me Deadly), Rita Hayworth (The Lady From Shanghai) : toutes essayèrent de détruire ceux qu'elles approchaient et à plusieurs reprises y parvenaient. L'action maléfique de ces femmes à la blondeur aveuglante ne se limita à cette époque tourmentée (...) ; Marilyn Monroe dans Niagara. (...). La blondeur peut donc être traîtresse et le coup en est d'autant plus dur pour les Américains qui ont toujours été fascinés par les effets de soleil auroral et de lumière divine.»107

Le film noir prend un certain plaisir à pousser un trait de caractère à l'extrême dans chacun de ses personnages féminin.

C'est pourquoi, les femmes criminelles, sont souvent manipulatrices, violentes, cruelles, voir cupides.

D'ailleurs, il faut noter que femmes criminelles et femmes fatales sont souvent mises en corrélation.

Hors, les femmes fatales ne sont pas forcément des femmes criminelles, comme par exemple Gene Tierney dans Laura et Rita Hayworth dans Gilda.

Dans des deux films, les actrices poussent l'érotisme à son comble (surtout dans Gilda), mais elles ne sont pas criminelles, et ne sont donc pas comparables à une Marilyn Monroe dans Niagara ou à une Barbara Stanwyck dans Assurance sur la mort.

Alors que les femmes criminelles, quant à elles sont toujours des femmes fatales.

Il semble important de dresser un portrait de chaque femme criminelle des films étudiés dans ce travail de recherche.

Pour cela, il est intéressant de procéder par ordre chronologique.

Mary Astor, dans Le faucon maltais de John Huston, brune, les cheveux courts, est une femme très belle, et même si elle met sait mettre son corps en valeur dans des robes particulièrement collantes, elle reste tout de même assez sobre.

Elle est tres maligne et calculatrice, et fait preuve d'audace et de culot en mentant à un si haut point à l'homme qu'elle engage comme détective.

Elle sait user de son regard pour troubler et les hommes, et semer le doute. C'est une femme forte, une femme de tête qui s'avère être l'investigatrice de l'affaire.

Elle va tellement loin dans la séduction, que le détective Sam Spade va tomber amoureux d'elle, mais à la différence d'autres hommes, il saura rester terre à terre en ne suivant pas que ses émotion.

« La tenue vestimentaire et le maintien de Brigid O'Shaugnessy dans ce plan du Faucon maltais (1941) indiquent son origine sociale. Une étole de fourrure drape ses épaules cependant qu'un ravissant chapeau est posé sur ces cheveux soigneusement ondulés. Les doigts de la main gauche négligemment posée sur la table révèlent des ongles parfaitement manucurés. Plus grande que Spade (Humphrey Bogart) et que la secrétaire assise (Lee Patrick), Brigid domine le cadre. Sa domination est renforcée par le fait que les regards du détective et de sa secrétaire soient dirigés vers elle. Mais si l'on note le visage amical et le sourire de la jeune femme, reflété par celui, plus discret de la secrétaire, c'est surtout l'attitude de Bogart qui est révélatrice : la bouche entrouverte, le regard légerement dévié, il s'interroge et cherche à deviner la jeune femme. Son expression annonce la nature de leur relation marquée par le labyrinthe de mensonges dans lequel elle l'entraînera. »108

Gene Tierney, dans Shanghai de Joseph von Sternberg, est également brune, mais elle a les cheveux longs.

Elle tient son premier rôle de façon magistrale.

Elle ne sourit pas souvent, son visage est fermé, mais cela n'empêche pas qu'elle soit magnifique, c'est une beauté froide.

« Gene Tierney, dont c'est le premier grand rôle, crée une Poppy inoubliable. Il faut la voir pleurer, tempêter devant la porte d'Omar, faire mine de partir, puis revenir et s'effondrer contre la paroi. Omar, confortablement renversé sur un fauteuil, les pieds sur la table, écoute avec une indifférence attentive les supplications de Poppy, en fumant une longue cigarette. Enfin, lorsqu'il la sent brisée, il se lève lentement, ouvre la porte, et, sans mot dire, tend ses bras. »109

Elle semble forte et parfois désinvolte, effrontée (sans doute de part son origine sociale aisée, qui la rende hautaine) alors qu'en fait elle est plus que fragile.

Cela se remarque à plusieurs reprises.

108 Alain Silver, James Ursini, Les mille yeux du Film Noir, op. Cit, p. 114.

109 Raymond Borde, Etienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953), op. Cit p. 44.

Par exemple à partir du moment où elle commence à jouer aux jeux, elle ne peut plus s'arrêter et devient « à fleur de peau ».

Dans le début de sa relation avec Victor Mature (Omar), elle paraît distante, mais sûre d'elle, et alors que plus le temps passe, et plus elle devient esclave de son amour pour lui, et fait preuve d'une grande jalousie, d'une possessivité exacerbée, parfois à la limite de l'hystérie.

Barbara Stanwyck, dans Assurance sur la mort de Billy Wilder, quant à elle, est blonde, et également très belle.

Elle joue le rôle d'une femme perfide, prête à tout pour tuer son mari et récupérer de l'argent. Ce n'est même plus de la méchanceté, c'est toute une psychologie criminelle, qui font d'elle une prédatrice, une manipulatrice.

Ce rôle l'a évidemment élevé au rang de femme fatale.

« L'attitude de Phyllis Dietrichson (Barbara Stanwyck) dans Assurance sur la mort (1944) est à la fois enjouée et menaçante. Confortablement installée dans un fauteuil, elle sourit et son visage ne montre aucun signe de tension. Ses bras pendent de chaque côté du fauteuil - comme une invite à l'embrasser. L'une de ses mains tient négligemment une cigarette. Sa jambe gauche, tendue vers Walter Neff (Fred Mc Murray), est ornée à la cheville d'une fine chaînette d'or. Alors que la jeune femme, vêtue de blanc, est pleinement éclairée, Walter est recouvert par l'ombre, ce qui amoindrit sa position dans le plan. Il se trouve (littéralement) au bord du bras rembourré d'un siege mais également « au bord du désastre ». Même le mur derriere lui, bien que strié par l'ombre des stores vénitiens, est plus lumineux. La surprise se lit sur son visage tandis qu'il tient la jambe offerte par Phyllis. Cette position résume la dynamique de leur relation. Phyllis ne cesse en effet de défier le cynique Walter qui, fasciné par son érotisme exacerbé, accepte de la suivre sur la voie du meurtre et de la trahison. Leur manière identique de tenir leur cigarette, elle dans la main gauche, lui dans la main droite, exprime l'affinité qui les unit. »110

110 Alain Silver, James Ursini, Les mille yeux du Film Noir, op. Cit, p. 90.

Joan Crawford, dans Le roman de Mildred Pierce de Michael Curtiz, est une femme d'origine modeste. Mais même si Joans Crawford l'actrice principale, ce n'est pas elle qui va commettre un meurtre.

Mais sa fille Veda, joué par Ann Blyth.

« Afin d'entretenir Veda (Ann Blyth), sa fille égoïste et capricieuse, elle se lie avec son meilleur ami Wally Fay (Jack Carson), puis avec Monte Beragon (Zachary Scott), dilettante et débauchée.(...) Elle épouse Monte pour donner un vrai statut social à Veda, puis découvre que l'homme et sa fille ont une liaison. »111

Gene Tierney, dans Péché mortel de John Stahl, est Ellen.

« Le personnage principal est une femme, Ellen, qui rappelle par, ses allures, les héroïnes d'Emily Brontë. (...) Ellen, visage typique de film noir, fait de cette oeuvre plus qu'un essai psychologique : sure d'elle, d'une féminité éclatante, prête à tous les excès pour conserver son amour. La caméra a su filmer en plongée son long corps souple, inanimé au bas des marches. Magnifiquement incarnée par Gene Tierney, elle est digne de figurer dans l'étincelante galerie des charmeuses fatales. »112

Lana Turner, dans Le facteur sonne toujours deux fois de Tay Garnett, comme il a été vu précédemment, sans cesse habillé de blanc.

Cela la rend pure, mais seulement en façade.

Toutefois, elle ne révèle son caractère criminelle qu'à partir du moment où elle trompe son mari.

« Or Tay Garnett n'a pas cherché à retrouver la sensualité perfide de Barbara Stanwyck dans Double Indemnity. Il a fait de son héroïne une personne fraîche et détendue, aussi peu ténébreuse que possible, et dont les aspirations semblent bien légitimes : éliminer un vieux mari, épouser un beau garçon et gagner quelque argent. »113

111 Olivier Caïra, Hollywood face à la censure, Discipline industrielle et innovation cinématographique 1915- 2004, op.cit, p. 96.

112 Raymond Borde, Etienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953), op. Cit p. 59.

113 Ibid, p. 86.

Rita Hayworth, dans La dame de Shanghai d'Orson Wells,

« Le spectateur la voit avec les mêmes yeux que le narrateur, tout au moins au début, c'est-àdire comme victime de la suspicion et de la nature corrompue de son mari infirme. Elle apparaît ici dans une chaise longue, au premier plan. Elle est vêtue de blanc (est-elle donc « blanche comme neige ». Son expression est triste et méditative, son regard fixé hors-champ. Comme Pearl, ses cheveux encadrent son visage d'une couronne de boucles blondes. Comme Lily, sa bouche est légèrement ouverte et la peau que laisse entrevoir sa chemise, ses jambes dénudées jusqu'aux genoux peaufinent l'érotisme du personnage. »114

Et pour Raymond Borde et Etienne Chaumeton,

« La jeune femme elle-même est parfaitement mystérieuse. Ses intrigues secrètes n'affectent pas la sérénité de son visage. Quel jeu joue t-elle ? (...) Un autre centre d'intérêt de ce « thriller » exemplaire est son érotisme assez particulier : La dame de Shanghai révèle une Rita Hayworth aux cheveux courts, à la matité marmoréenne, irradiante et cependant hors de portée. Telle scene où l'associé la guette, avec des jumelles, allongée presque nue sur un récif, offerte au vent du large et intouchable, est bien symbolique à cet égard. Et l'on n'oubliera pas sa fuite au sein de la nuit menaçante, emplie des pincements de mandolines, dans les bas-quartiers de Mexico : une femme en robe du soir, étincelante de blancheur, court dans les ruelles sordides peuplées d'ombres immobiles, (~). »115

Marilyn Monroe dans Niagara de Henry Hathaway, est une femme splendide et provocante, habillée en permanence de façon osée et attrayante.

C'est ce que l'on pourrait appeler vulgairement une garce.

Lorsqu'elle sort de sa chambre d'hôtel pour aller mettre un disc, elle a une façon de marcher très suggestive, et tous les hommes, accompagnés ou non, se retournent sur son passage.

Jean Simmons, dans Un si doux visage d'Otto Preminger, est une jolie jeune femme brune, à la peau extrêmement blanche.

Elle ressemble presque à une poupée, tant par sa plastique, que par sa fragilité.

Mais derrière cette apparence si parfaite, se cache un être rempli de haine et de mauvaises intentions.

114 Alain Silver, James Ursini, Les mille yeux du Film Noir, op. Cit, p. 89.

115 Raymond Borde, Etienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953), op. Cit p. 75.

Gaby Rodgers, dans En quatrième vitesse de Robert Aldrich, joue le rôle de Lili

Carver.

C'est encore une femme blonde, aux cheveux courts qui lui donnent un aspect androgyne, séduisante, mais également menaçante.

C'est une femme indépendante, autoritaire et provocante.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway