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L'accompagnement financier des fournisseurs locaux de biens et services. Cas du secteur minier Burkinabé.

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par Gomgnimbou Paul Joel ADOUBE
Université Saint Thomas d?Aquin (USTA)-Université Catholique de Lille (UCL) - Master Banque Finance 2016
  

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CHAPITRE 5 : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS

L'objectif poursuivi dans ce chapitre est de réaliser d'une part l'analyse des résultats obtenus du terrain en comparaison des théories énoncées, les données de base disponibles et, de confirmer ou d'infirmer les hypothèses émises dans la problématique (6.1). D'autre part, il s'agira de formuler des recommandations à l'endroit des acteurs impliqués (6.2.).

5.1. DISCUSSIONS DES RESULTATS

Cette première partie de l'analyse des résultats part de la première unité d'analyse, précédemment définie notamment « Société Minière et Fournisseur Local ». Il ressort dans un premier temps que les motivations des entreprises minières à l'externalisation de la fourniture au niveau local sont insufflées par la communauté internationale. Ces motivations se traduisent concrètement sur le terrain par une démarche volontaire à travers la promotion de la politique RSE, qui s'inscrit ainsi dans une approche tridimensionnelle du développement ; l'économique, le social et l'environnemental. Un des aspects importants de cette politique étant le développement de l'achat local. Pour faciliter la relation mines-fournisseurs locaux. Les entreprises nationales sont encouragées à promouvoir à leur tour les valeurs RSE en leur sein et Selon Tidiane Barry12 « il est très important que les fournisseurs locaux de biens et services se hissent à ces standards pour épouser les principes de Responsabilité Sociale des Minières». Il apparait donc clairement, que le respect de valeurs RSE à travers la bonne gouvernance d'entreprise est un facteur de renforcement de la confiance dans les transactions interentreprises. Alors, la recherche de « la licence sociale d'opérer » (Bambara, Bah) devient un facteur de développement de la politique d'achat local. Néanmoins, (Daouda, 2014) pense qu'« au regard de la réalité sur le terrain, il pourrait s'avérer légitime de se demander si l'engagement des entreprises à devenir socialement responsable est sincère ». Autrement, l'on pourrait penser que la promotion de l'achat local minier apparait comme une contrainte, voire une obligation qui s'impose aux mines, étant entendu que toute entreprise évolue dans l'optique de rationalité économique et de maximisation du profit, tout chose égale par ailleurs. Cette assertion est confirmée par un logisticien qui estime que « de toutes les façons, si nous ne prenons pas le devant en promouvant l'achat local, nous y serons forcé un jour ! ». Un autre renchérie et pense que « nous sommes en terre étrangère, et on peut nous mettre à la porte à

12 Tidiane Barry, Directeur des Affaires Corporatives : « Les fournisseurs miniers se doivent d'adopter les principes d'une bonne gouvernance d'entreprise » Lefaso.net, juin 2015.

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tout moment». Les récents mouvements d'humeur des populations aux alentours de la mine de TAPARKO en avril 2016 confirment les propos de ce logisticien.

Il ressort aussi de l'étude que les fournisseurs locaux manquent de professionnalisme et cela s'explique par l'absence de culture minière, le manque de capacités techniques financières, la non maitrise des procédures d'achats des mines etc. Aussi, l'étude révèle que la prise en compte des engagements par signature notamment les cautions a première demande n'est pas systématique dans les contrats élaborés par les mines et, soumis aux fournisseurs locaux. Or, avec les fournisseurs étrangers, la pratique est différente. Le constat est fait par (Damiba, 2014) est que « pour presque toutes les commandes passées avec les fournisseurs étrangers, les compagnies minières consentent des avances à la signature du contrat et soldent le reste à la livraison ». Pourquoi alors une telle discrimination? La théorie économique pourrait fournir des éléments de réponses. En effet, dans les relations inter-entreprises, il est admis que la confiance s'apparente à la synovie, elle est alors identifiée comme étant le « ciment » relationnel qui permet d'éviter une contractualisation trop formalisée (Fattam, Paché, 2014), dans la mesure où « elle se substitue à l'information manquante du fait de l'incomplétude des contrats » (Willamson, 1993). En outre, la confiance réduit les coûts de transaction et transcende les conflits de même que les divergences entre les parties prenantes. En plus, la confiance « atténuerait les asymétries d'informations inhérentes à l'échange en permettant un partage plus ouvert et plus transparent de l'information » (Zaheer & al. 1998). En somme, la théorie économique établie une corrélation entre la confiance et les coûts de négociation. Il en résulte alors que « la confiance inter-organisationnelle et les coûts de transaction sont inversement proportionnels » (Zaheer et al, 1998).

Pour l'heure, en Afrique de l'Ouest et particulièrement au Burkina Faso, 90% de l'approvisionnement dans les sociétés minières se fait avec les fournisseurs étrangers13, pourtant dans les relations inter-entreprises, la confiance est considérée comme étant l'autre moitié d'un contrat, c'est-à-dire la substitution à l'information manquante. Alors se pose-t-on la question de savoir s'il s'agit de la même problématique de confiance que nous abordons. (Paldam, 2007) aborde dans un autre sens cette problématique à partir d'une étude sur la confiance généralisée dans 188 pays et affirme que « le niveau de confiance varie très fortement entre les pays, de presque 0 % à 70 %14 ». Il conclut alors que le niveau de confiance contient

13 L'approvisionnement local, enjeu du secteur minier Africain, Rédaction Financial Afrik, juin 2014

14 Etude de la confiance généralisée dans la World Values Survey

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un élément « culturel » dès lors que les groupes de pays se dégagent pour former des ensembles relativement homogènes. Pour résumer, (Nannestad, 2008) dégage quatre grands déterminants potentiels dans la littérature qui sont : l'explication civique, l'explication institutionnelle, l'explication culturelle et enfin l'explication par la diversité et l'inégalité. Sur le terrain, le constat est assez clair, on remarque que la majorité des entreprises minières au Burkina Faso sont de nationalité Nord-Américaine de même que notre échantillon. Paldam confirme ces résultats et affirme que le niveau de confiance est très fort en Amérique du Nord. Dans la mesure où, les groupes de pays se dégagent pour former des ensembles relativement homogènes en termes de niveau de confiance expliquerait le niveau très bas de l'approvisionnement local minier au Burkina Faso. Aussi, la bonne connaissance du secteur minier par les fournisseurs étrangers, couplée à l'historique des bonnes relations entretenues avec les mines en place leur confère un avantage comparatif par rapport aux fournisseurs locaux Burkinabé, qui sont d'ailleurs sont en apprentissage. Ces fournisseurs étrangers du fait de leurs fortes capacités et leur professionnalisme bénéficient tout naturellement de la confiance des banques au niveau international. En tout état de cause, cela leur confère la capacité de lever par conséquent des fonds au niveau international pour répondre efficacement à la demande des entreprises minières en termes d'approvisionnement en biens et services. Enfin, il faut relever que la confiance est au coeur des « institutions invisibles », avec les principes éthiques et moraux (Arrow 1974). En conclusion, nous confirmons partiellement l'hypothèse selon laquelle les coûts élevés de transactions expliquent les réticences des compagnies minières à acquérir des biens et services au niveau local.

Secondairement, les résultats de l'étude ont porté sur les déterminants de l'offre de crédit bancaire part de la seconde unité d'analyse« Banque et Fournisseur Local ». Tout d'abord, il ressort que les fournisseurs locaux à l'instar des PME ne sont pas structurés. De façon générale, nous avons pu constater que les dirigeants de ces entreprises ont un style managérial du type autocratique. Le dirigeant de l'entreprise étant pratiquement le seul à prendre les décisions. (CGA, 2012) confirme ces résultat en ce sens que le mode de management pratiqué dans les entreprises au Burkina Faso est de style autoritaire. Aussi, ce centre renchérit et ajoute que « les dirigeants de ces structures sont plus des propriétaires que des managers ». Cette caractéristique de l'entrepreneur Burkinabé résulte des rapports socio-culturels qui influencent leurs comportements et qui du même coup impactent la gestion de l'entreprise. Un tel comportement du commandant à bord de l'entreprise n'est pas sans conséquence, car de telles décisions ne peuvent échapper aux erreurs surtout lorsque s'agit de questions techniques.

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L'étude révèle aussi que les informations financières transmises par les fournisseurs locaux dans le cadre de la demande de crédit notamment les états financiers annuels ne sont pas crédibles. Ce manque de crédibilité des états financiers annuels trouvent son explication d'une part dans les décisions spontanées de l'entrepreneur Burkinabè, la non maitrise de l'activité minière à parfaire etc. D'autre part « les PME sont des structures qui s'offrent difficilement une assistance, du fait de leur faible capacité financière » (CGA, 2012). En définitive la question de la transparence dans la gestion des affaires financières dans ces entreprises se pose avec acuité, car il ressort que les fournisseurs locaux sont enclins à dissimuler l'information financière. En plus, (Leffileur, 2009) pense que « les entrepreneurs peuvent trouver un intérêt à diffuser une information financière très restreinte, voire erronée, afin d'échapper à la fiscalité ». Toutefois, cette absence de transparence ne peut que renforcer l'asymétrie informationnelle entre banque et fournisseurs locaux.

Il ressort ensuite de l'étude que les fonds propres des fournisseurs locaux sont faibles. En effet, il nous est revenu des enquêtes que, la majorité écrasante des entreprises burkinabé qui offrent des biens et services aux mines ne sont pas enclines à recapitaliser leur entreprise pour renforcer leur fonds propres. Pourtant, l'étude réalisée par (Derreumaux, 2009) montre que la faiblesse généralisée des fonds propres des PME constitue une des premières préoccupations pour les banques dans la décision de financement. Dans tous les cas, les études soutiennent que l'individualisme en matière de gains est remarquable chez les opérateurs économiques Burkinabè. Ainsi, (Bayala. 2002) illustre bien cet état d'esprit qui prévaut en politique dans la société Burkinabé et qui se ressent dans le milieu des affaires. Il illustre cela par le concept du «Tuuk Guili15 », qui signifie « s'accaparer de tout ! ». Le dirigeant d'entreprise veut tout pour lui seul. Ainsi, « une ouverture de capital entraînerait une perte certaine de certains avantages dont jouit le dirigeant, car il sera désormais astreint à une obligation de transparence » ajoute-t-il. Ce caractère individualiste se retrouve également chez des fournisseurs locaux qui demeurent sceptiques quant à l'ouverture du capital de leurs entreprises, surtout avec des réponses du genre l'ouverture du capital de l'entreprise «dépendra avec qui et dans quelles conditions », donc un problème de confiance. Enfin, au regard de ce qui précède, les ingrédients réunis renforcent le contexte de forte asymétrie d'information entre banques et fournisseurs

15 L'expression provient d'une des langues nationales du Burkina Faso : le Mooré, signifie «s'accaparer de tout».

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locaux. Toutefois, ce contexte altère le capital confiance, considéré selon (Fattam, Paché 2014) comme un vecteur pour « cimenter » dans une relation. Une fois renforcée, celle-ci devient un réducteur de coût de transaction et de conflit entre les organisations. En conséquence, la faible transparence de l'information financière limite l'accès des fournisseurs locaux au crédit par signature

Enfin troisièmement, le contexte de forte asymétrie d'information impose aux banques une gestion rigoureuse des risques associés à l'offre de crédits par signature aux fournisseurs locaux surtout quand on sait que la banque est par excellence un milieu très risqué, et se présente comme une réponse naturelle à l'information asymétrique (Leland et Pyle, 1976). En effet, l'octroi d'une caution à premier demande sera assujetti à la présentation de garanties réelles que les fournisseurs locaux satisfont difficilement. Ainsi, la question suivante se pose. Pourquoi le système bancaire n'assouplie pas ses conditions de financement aux fournisseurs locaux afin de s'adapter à nouvelle économie porteuse? Nous pensons qu'il y a un déficit de confiance entre la banque et fournisseurs locaux. Toutefois, (Willamson, 1993) donne une interprétation économique de la confiance. Il affirme que du fait de l'incomplétude des contrats, la confiance entre individus se substitue à l'information manquante. (Zaheer et al, 1998) abondant dans le même sens et concluent que « la confiance inter-organisationnelle et les coûts de transaction sont inversement proportionnels ». Ainsi, à mesure que le capital confiance entre banques et fournisseurs locaux s'enracine, les coûts de transactions se réduisent et limite ainsi les conflits.

Aussi, on constate que les banques ont des difficultés dans la réalisation des garanties bancaires. Ces difficultés sont aussi inhérentes à l'environnement juridique, malgré les progrès de l'OHADA sur le recouvrement des créances. Les limites du système judiciaire Burkinabè rendent difficile la récupération de créances en souffrances à cause des délais trop long, notamment la lenteur administrative, les possibilités de renvois des audiences etc... Selon (SAMB. 2012) « les établissements bancaires estiment aussi que les magistrats n'ont pas une formation spécialisée en matière bancaire et financière, ce qui ne leur permet pas de comprendre les spécificités de ce secteur ». Néanmoins, nous pensons que les procédures d'octroi de crédits ne sont pas adaptées aux informations financières modestes des fournisseurs locaux. De plus, les banques ont une faible capacité d'innovation en termes de garanties acceptables, malgré la création de valeur et la contribution du secteur minier Burkinabé à travers la fourniture locale. L'étude montre aussi que des mécanismes de garanties existent notamment le F-GARI mise en place par la CEDEAO et le fonds SOFIGIB au niveau local etc. et se

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présentent comme des alternatives de financement pour les fournisseurs locaux. Malheureusement le constat est tout autre. Le taux d'utilisation des fonds garantie est faible et « la profession bancaire au travers de la Fédération des Associations Professionnelles des Banques et Etablissements Financiers est consciente des efforts à accomplir pour mieux diffuser les techniques de garantie existantes et améliorer l'offre de garantie » (Horus et Oseo, 2011). En conséquence, les résultats de l'étude confirment l'hypothèse 3 selon laquelle les mécanismes de garantie ne sont pas utilisés de façon optimale pour sécuriser les créances des fournisseurs locaux.

Somme toute, pour renforcer la confiance entre les acteurs impliqués dans la problématique suscitée, le secteur minier Burkinabé au regard de sa jeunesse doit s'inscrire dans une dynamique d'apprentissage organisationnel. En effet, l'apprentissage organisationnel se définit comme « un processus collectif d'acquisition et d'élaboration de connaissances et de pratiques participant au remodelage permanent de l'organisation » (V-Inès de La Ville, 1998). Il faut noter que sur le terrain minier Burkinabé, il y a d'une part, les vastes enclaves territoriales à fortes capacités qui évoluent selon des normes et standards internationaux et d'autre part, un État et des communautés locales à faibles capacités qui, d'ailleurs apprennent progressivement des multinationales. Selon cette théorie, les différentes configurations de l'apprentissage organisationnel sont résumées en deux points possibles. Il s'agit de la source d'apprentissage ainsi que l'élément déclencheur de l'apprentissage (Fréderic Leroy, 2000). Ces configurations sont fonction de l'environnement, de l'entreprise et du partenaire.

Dans le cas de notre étude, les parties prenantes telles l'Etat Burkinabé, les sociétés minières, les fournisseurs locaux, les banques, etc. tirent leurs sources d'apprentissage mutuelles de l'environnement économique, technologique, concurrentiels etc. Elles apprennent aussi par elles-mêmes en fonction de leur propre expérience, de l'innovation, des erreurs passées etc... l'apprentissage peut enfin se faire d'un partenaire, par des alliances, des fusions, des acquisitions, des transferts de technologie, des clients, des fournisseurs etc.

Les éléments déclencheurs de l'apprentissage organisationnel s'expliquent, d'une part, par les changements dans l'environnement notamment l'implantation d'entreprises du type nouveau : les minières jouissant d'une expertise dans l'exploration et l'exploitation minière dans le paysage des entreprises Burkinabé. Ils s'expliquent aussi par les mauvaises performances, les répétitions et dysfonctionnements, l'absence d'innovation, enregistrés par les acteurs locaux impliqués dans la chaine d'approvisionnement. D'autre part, par une différence organisationnelle entre les acteurs, les compétences visées avec les entreprises minières.

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